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Révolution au Moyen-Orient


Invité rogermila

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Vu sur fessebouc :

  Citation

Les nahdhaouis [NdChitah : militants du parti Ennhada] qui étaient à la manif d'hier étaient apparemment payés et transportés dans les anciens bus de Ben Ali (vous savez avec écrit dessus "Hidaya min syiédet el raïs zine el abidine ben ali lel ma3ou9ine"). Les responsables avaient une liste des noms des "manifestants" et faisaient l'appel pour s'assurer qu'ils ne s'étaient pas échappés pour visiter la capitale au lieu de manifester.

Posté
  Le 11/02/2013 à 16:46, Tremendo a dit :

On dirait bien que Farage a humilié un peu plus Holande.

http://youtu.be/fpf01u0JjnI

 

+1

 

Excellente analyse de Nigel Farage. Incapables de juguler la crise avec leurs politiques collectivistes, nos élites socialisantes, en sont réduites, à se lancer dans d'improbables guerres, dans le seul espoir d'endormir l'opinion et de gagner du temps :pleur:

Posté
  Le 10/02/2013 à 08:28, Chitah a dit :

Parlons aussi de pensée magique.

Raccourci douteux (présence non démontrée d'une volonté) et pensée magique (Ennhada fait ci, Ennhada fait ça, tel un être agissant.

 

 

Pensée magique plus raccourci douteux.

Pensée magique.

 

Rions un peu.

 

Je suis Margaret Thatcher, je déclare dissoute l'armée républicaine irlandaise. Abracadabra.

 

J'ai dit ABRACADABRA, l'IRA EST DISSOUTE. :(

 

Bah ça marche pas! :(

 

J'ai dû louper un épisode. En décembre tu t'alarmais du fait que "ces sales flics n'ont toujours pas été soumis" parce qu'ils avaient laissé faire, sans bouger, la prise d'assaut d'un congrès du principal parti d'opposition par une milice islamiste.

 

Tu as posté cet article, cité aussi par moi plus haut :

http://www.liberte-algerie.com/international/des-islamistes-assiegent-des-opposants-a-djerba-tunisie-191248

 

Pour rappel, l'article mentionnait une volonté manifeste des autorités :

Les contestataires ont ensuite franchi le cordon policier, pénétrant dans l'hôtel et envahissant la salle où se tenait la réunion forçant le parti à annuler la rencontre.

Le plus étonnant, selon les mêmes sources, est que la police est restée en retrait.

“C'est un véritable scandale. Nous avons contacté le ministre de l'Intérieur (Ali Larayedh) et le ministre des Droits de l'homme Samir Dilou mais ils refusent d'intervenir”.

 

Faut-il en conclure que tu faisais preuve de pensée magique à ce moment, ou bien que tu as changé d'opinion entretemps?

 

D'autre part, s'il n'y a aucune collusion ni complicité entre Ennahda et les exactions desdites milices, peut-on savoir pourquoi ce parti vient de publier un communiqué appelant à la libération des assassins de Lotfi Nagdh? Ce qui revient à dire que Ennahda fait aussi preuve de pensée magique en tentant de contrarier le cours de la justice.

 

http://www.tunisienumerique.com/tunisie-un-communique-dennahdha-suscite-la-colere-a-al-massar-et-au-pr/163452

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J'apprécie guère la position interventionniste de Lugan sur le dossier malien exprimée dans d'autres chroniques, mais les solutions qu'il apporte me semble très bonnes.

  Citation

Quelques semaines après le début de l’intervention française au Mali, deux grandes leçons peuvent être tirées :

1) Il y a à peine plus d’un siècle, entre 1880 et 1900, l’armée française était déjà engagée là même où se déroule aujourd’hui l’Opération Serval. Le long du fleuve Niger les colonels Gallieni et Archinard détruisaient les sultanats jihadistes, libérant ainsi les populations noires sédentaires des raids esclavagistes cependant que, dans la boucle du fleuve, le colonel de Trintinian repoussait les Touaregs vers le massif des Iforas. Faite au profit des vaincus de l’histoire locale, cette colonisation libératrice bouleversa en profondeur les rapports de force régionaux. Les événements d’aujourd’hui en sont la conséquence directe car les nordistes ne veulent plus être soumis aux Etats post-coloniaux dirigés par les sudistes. Le fondamentalisme islamique n’est donc pas la cause de la septicémie sahélienne, mais la simple surinfection d’une plaie ne pouvant être refermée que par le retour au réel ethnique.

2) Après des décennies de mensonges et de désinformation concernant la colonisation, après de masochistes campagnes de repentance[1], voilà la France qui intervient à nouveau, et toujours pour sauver des Bambara, Soninké, Malinké ou Songhaï une nouvelle fois menacés par leurs séculaires adversaires nordistes, maures ou touareg. Mais, paradoxe, la gauche française qui jusque là n’avait pas de mots assez durs pour dénoncer une « Françafrique » fantasmée, est aujourd’hui engagée avec enthousiasme dans une sorte de reconstitution de l’ancienne AOF...L’historien non-conformiste ne boudera donc pas le plaisir de cette éclatante revanche remportée sur les cuistres de la pensée dominante…

Pour autant, la France doit-elle demeurer dans la région?

Rien n’est moins certain. La précédente colonisation avait en effet assuré la paix, mais comme elle fut vouée aux gémonies par la bien-pensance, il serait donc souhaitable d’y regarder à deux fois avant d’aller plus avant. D’autant plus que si nous voulons assurer la paix au Sahel, c’est bien une véritable recolonisation que nous devons entreprendre puisque, en plus de garantir la paix, il nous faut construire l’Etat malien.

Devant la démission des Européens et des Américains, la France est-elle donc condamnée à porter à elle seule « le fardeau de l’homme blanc » et à considérer les Etats sahéliens comme de fragiles pupilles sur lesquels elle doit éternellement veiller?

Si l’Opération Serval a pour seul but de permettre au sud Mali de recommencer à coloniser le nord Mali, rien ne sera réglé car, dès les troupes françaises parties, la guerre reprendra. Le non règlement de la question touareg ne ferait en effet que reporter le problème tout en l’amplifiant. Or, rien n’a été décidé quant à la nécessaire réorganisation administrative du Mali après la reconquête de ses villes du nord par l’armée française.

Le problème à résoudre est pourtant simple :

- Bamako veut établir son autorité sur le nord, mais ne peut le faire sans l’armée française,

- Les Touareg qui sont à l’origine de la guerre actuelle demandent une très large autonomie en échange de quoi il serait possible, sous strict contrôle, de leur confier la police des Iforas.

La question touareg ne pouvant être évacuée, un écueil doit cependant être évité, et il est de taille. Ceux qui, il y a encore quelques semaines niaient le fait touareg lui accordent aujourd’hui une importance territoriale démesurée. Or, et je ne cesse de le dire depuis le début de la guerre, les Touareg ne peuplent pas tout le Sahara malien, mais seulement une partie, tout l’ouest de l’Azawad étant effet une zone arabe ou arabisée.

L’Azawad est humainement composé de trois principaux ensembles à l’intérieur desquels les subdivisions sont nombreuses:

- Les Touareg qui sont des Berbères vivent dans sa partie nord-est ;

- Les Maures, Berbères arabisés ou descendants des tribus arabes hilaliennes (de Beni Hilal), vivent dans sa partie ouest, établissant un continuum ethno-politique avec les tribus de Mauritanie ;

- Les Songhaï, les Peuls et certains Touareg vivent dans la région du fleuve Niger.

La solution du problème malien dépend du règlement en profondeur d’une question qui est à la base de tout et qui a constamment été niée par les universalistes dévots de la religion du « village-terre » et de l’homme « citoyen du monde ». Cette question s’énonce elle aussi d’une manière claire: comment faire vivre dans un même Etat les agriculteurs noirs sédentaires du sud et les nomades berbères ou arabes du nord quand le contentieux qui les oppose s’inscrit dans la nuit des temps ?

L’utopie universaliste est d’autant plus crisogène que la variante africaine de la démocratie fondée sur le « one man, one vote » est d’abord une ethno-mathématique donnant automatiquement le pouvoir aux plus nombreux, en l’occurrence les Noirs sudistes, ce que les nordistes ne peuvent accepter.

La sortie de crise doit donc se faire à travers une très large autonomie donnée aux trois Azawad. Toute autre approche serait vouée à l’échec.

Bernard Lugan

09/02/13

  • 2 weeks later...
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Cette fois, le Liban est destabilisé à son tour.

 

  Citation

L’ASL a-t-elle bombardé des positions du Hezbollah au Liban ?

22/02/2013


Crise L’ultimatum de l’Armée syrienne libre au Hezbollah a expiré hier.

 

Des informations contradictoires circulaient hier quant à un éventuel bombardement de positions du Hezbollah au Liban par les rebelles syriens. La chaîne panarabe al-Arabiya a annoncé à la mi-journée que l’Armée syrienne libre (ASL) a bombardé deux positions du Hezbollah, l’une au Liban et l’autre en Syrie. Alors que le flou continuait de planer sur l’affaire jusqu’en soirée, le général Sélim Idriss, chef d’état-major de l’ASL, s’est exprimé en fin d’après-midi sur la même al-Arabiya pour confirmer le bombardement par les rebelles d’une position d’artillerie du Hezbollah au Hermel d’une part, et des positions du parti chiite à Qousseir, région syrienne proche de la frontière, située dans le Rif de Damas, d’autre part.

Le chef d’état-major de l’ASL avait en effet menacé mardi, dans une déclaration à l’AFP, de bombarder le Hezbollah au Liban dans les 48 heures suivantes, accusant le parti chiite, non seulement de combattre auprès des troupes régulières, mais de tirer sur des localités rebelles en Syrie à partir du territoire libanais.


« Ce qui est nouveau, c’est que le Hezbollah a commencé à bombarder les villages autour de Qousseir (proche de la frontière) à partir du territoire libanais et nous ne pouvons pas l’accepter », avait-il affirmé depuis la Turquie, en parlant de tirs à partir du village libanais de Zeita dans la Békaa.

« Au terme des 48 heures, c’est-à-dire jeudi, l’ASL à Qousseir répondra aux sources des tirs et nous mobiliserons aussi les combattants dans d’autres régions », avait-il averti. Il aurait même menacé nommément hier le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, dans un communiqué de l’ASL repris par les médias locaux mais dont l’authenticité n’a pu être vérifiée. « Ton ère est finie », lui aurait-il adressé, le traitant de « chef des chabbiha » et de « criminel ».


Auparavant, le dirigeant de la brigade al-Farouk de l’ASL, Taleb el-Dayekh, avait indiqué, dans un entretien avec la radio la Voix du Liban (VDL), que ses hommes ont bombardé plusieurs positions du Hezbollah, dans la région frontalière de Hawch el-Sayyed Ali au Hermel. Mais ces informations ont été démenties par la chaîne de télévision Sky News, qui s’est toutefois contentée – il faut le noter – de citer, sans autre précision, des sources au sein de l’ASL.
 
 
(Lire aussi : L’urgence de relever le défi économique face à l’afflux des réfugiés syriens)

Flou chez le parti de Dieu

 

De son côté, le Hezbollah ne s’est pas prononcé officiellement sur de prétendus bombardements de ses positions. Il a néanmoins dénoncé l’attentat à la voiture piégée à Damas hier, rappelant que « la méthode des groupes terroristes est étrangère à notre religion et à notre morale ». Si certaines sources du Hezbollah se sont exprimées dans les médias sur la question des bombardements de l’ASL, leurs propos n’ont servi ni à démentir ni à confirmer l’incident, mais à reformuler un principe d’ordre général. « Si ces bombardements par l’ASL sont vérifiés, ce sera une grave atteinte à la souveraineté du pays », aurait affirmé une source du parti de Dieu citée par la chaîne MTV. Mais là aussi, une nouvelle contradiction, qui entoure cette fois la position du Hezbollah. L’agence de presse Anatolie a rapporté en effet que « les éléments du Hezbollah sont en état d’alerte dans huit villages chiites situés aux frontières ». Selon le général Idriss, le parti chiite serait « déterminé à poursuivre son attaque contre les Syriens ».

 

« C’est extrêmement dangereux... », selon Hariri


Les responsables sécuritaires libanais ont démenti hier l’incident. Une source sécuritaire interrogée par L’Orient-Le Jour a affirmé ne pas détenir les informations suffisantes pour démentir l’incident ni pour le confirmer, précisant que la région en question, située aux frontières, est très proche de la Syrie. C’est pourquoi il serait difficile de repérer directement l’impact d’un prétendu bombardement. Il n’empêche que des habitants de Baalbeck et de ses environs affirmaient avoir entendu des échos d’explosion dans la région. Du côté des politiques, même mutisme sur les prétendus bombardements. Les seules déclarations prononcées hier ont porté sur les accusations de l’ASL contre le Hezbollah sur « sa participation au combat contre les Syriens à partir du Liban ». Alors que le ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour démentait hier à nouveau « toute participation du Liban dans le conflit en Syrie », lors d’un entretien à la chaîne de télévision Russia Today, l’ancien Premier ministre Saad Hariri a publié un communiqué mettant l’accent sur la gravité des accusations de l’ASL, à la lumière de « notre rejet total de l’utilisation du territoire libanais pour toute ingérence militaire dans les affaires intérieures syriennes ». « Ce qui se passe à la frontière syrienne est extrêmement dangereux et le Liban ne deviendra pas une arène pour aider l’Iran à sauver le régime (du président Bachar) Assad », a-t-il ajouté.

En attendant une prise de position officielle du gouvernement sur la question, au nom justement de la politique de distanciation, les ministres de l’Intérieur et des Affaires sociales ont présidé hier la réunion de l’unité sécuritaire chargée du suivi de la situation des réfugiés syriens. Les ministres ont fait état de mesures prises pour protéger ces réfugiés, en empêchant leur exploitation et réduisant les charges qui pèsent sur eux.

 

http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/801984/L'ASL_a-t-elle_bombarde_des_positions_du_Hezbollah_au_Liban_.html


 
 

  • 3 weeks later...
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C'est toujours 250 millions de trop (Et toujours 12 fois trop pour Israël).

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Finalement Sarko avait raison quand il disait qu'il fallait passer au kärcher dans certains quartiers, là c'est vraiment crade.

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Le contraire serait étonnant, vu la situation. Mais on ne commente pas non plus la baisse de Hollande dans les sondages, donc ce n'est pas un complot rassure-toi. 

 

Je n'ai pas vu non plus commenter l'information sur la substitution de la police égyptienne par les milices salafistes financées par la Saoudie. Il semble clair maintenant que le "modéré" Morsi a passé une alliance avec les salafistes, pourtant censés ne pas s'entendre avec les Frères.  

 

http://www.lefigaro.fr/international/2013/03/15/01003-20130315ARTFIG00587-des-milices-islamistes-apparaissent-enegypte.php

Posté

Mon frère est rentré d'Egypte hier : apparemment, il y a des quartiers où c'est le gros bordel et où des bagarres éclatent souvent et d'autres tout à fait calmes. Il a cru remarquer que des jeunes désoeuvrés (des ados) étaient payés pour foutre la merde dans certains quartiers mais il ne sait pas par qui et pourquoi.
Sinon, les flics n'ont plus d'armes à feu et n'interviennent quasiment plus. Une connaissance de mon frère s'est amusé à tirer en l'air avec un flingue. Quand mon frère lui a dit que c'était stupide et dangereux et que les flics allaient débarquer, cette connaissance a explosé de rire.

Bref, c'est pas mal le bordel mais pas l'apocalypse, non plus En gros, plus personne n'est là pour faire respecter les règles mais le peuple égyptien est moins poussé au nihilisme et à l'anomie du fait, je crois, de sa piété.

 

Posté
  Le 17/03/2013 à 16:38, free jazz a dit :

Le contraire serait étonnant, vu la situation. Mais on ne commente pas non plus la baisse de Hollande dans les sondages, donc ce n'est pas un complot rassure-toi. 

 

Je n'ai pas vu non plus commenter l'information sur la substitution de la police égyptienne par les milices salafistes financées par la Saoudie. Il semble clair maintenant que le "modéré" Morsi a passé une alliance avec les salafistes, pourtant censés ne pas s'entendre avec les Frères.  

 

http://www.lefigaro.fr/international/2013/03/15/01003-20130315ARTFIG00587-des-milices-islamistes-apparaissent-enegypte.php

 

Je crois surtout que les Saoud essaient de déstabiliser le gouvernement Morsi, comme l'indiquent leur financement des émeutiers de Port-Saïd:

 

http://www.theamericanconservative.com/articles/gulf-states-buy-egyptian-riots-149/

  • 2 weeks later...
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Une charia sauvage se met en place dans la rue égyptienne.

 

  Citation

Lynchages publics, vendetta : la justice populaire s’impose en Égypte

 

29/03/2013 / Mustapha Amine & Hazem Ibrahim, Billet rédigé en collaboration avec Djamel Belayachi, journaliste à France 24

 

Capture d'écran d'une vidéo amateur montrant deux hommes lynchés par une foule en colère dans le village de Mahallat Ziyad, le 17 mars dernier.
 
Plusieurs villages égyptiens ont été le théâtre, ces derniers mois, d’actes de lynchage d’une extrême cruauté. Souvent, les corps sans vie des personnes accusées sont pendus par la foule dans le village. Encore sous le choc, deux Observateurs habitant dans ces zones reculées, où l’ultra-violence semble se banaliser, témoignent.
 
Le dernier acte de lynchage recensé a eu lieu dans le village de Mahallat Ziyad, dans le gouvernorat de Gharbeya, dimanche 17 mars. Deux Égyptiens accusés de vol ont été battus à mort par la foule et leurs corps ont été pendus en public. Capturés par des habitants, les deux hommes étaient accusés d’avoir tenté de kidnapper une fillette de quatre ans et, pour se faire, d’avoir volé un pousse-pousse.
 
Comme dans la plupart des actes de lynchage, cette scène a été largement filmée par les habitants. Les images, insoutenables, des corps des deux hommes ensanglantés, dénudés et exposés au public, ont fait le tour des réseaux sociaux. Nous avons choisi de n’en diffuser qu’une capture d’écran.

Capture d'écran d'une vidéo amateur montrant deux hommes lynchés par une foule en colère dans le village de Mahallat Ziyad, le 17 mars dernier.
 
Cet acte extrême n’est malheureusement pas isolé. Dans le gouvernorat d'Ach-Charqiya (dans l'est de l’Égypte), pas moins de 17 lynchages ont été recensés depuis la révolution de 2011. La vidéo de l'un d'entre eux, commis à l’encontre d’un meurtrier présumé et de son complice dans le village de Hassyniya en février dernier, a été diffusée il y a quelques jours sur Internet. Accusé d’avoir tué son cousin qu’il avait kidnappé dans le but d’obtenir une rançon, un homme et son présumé complice ont été battus à mort, brûlés et pendus par les pieds à un poteau par une foule déchaînée. On entend un homme crier : "C’est Hussein, il a tué son cousin pour de l’argent. Justice t’a été rendue mon fils, justice t’a été rendue !"
 
Captures d'écran d'une vidéo montrant le lynchage de deux hommes accusés de meurtre, en février dernier, dans la province d'Ach-Charqiya.
 
Le ministre égyptien de la Justice, Ahmed Mekki, a vivement dénoncé ces actes dans les médias affirmant que "le fait que les citoyens se fassent eux même justice face aux  'baltaguia' et aux bandits signifie la mort de l’État ".  Et d’avouer l’échec des autorités : "Un gouvernement qui ne peut pas protéger les citoyens est un gouvernement injuste ".
 
Accusée de laxisme, la police a, elle, dénoncé un manque de moyens et d’effectifs qui l’empêchent d’accomplir ses missions, alors que le pays doit faire face à une explosion de la criminalité.
 
"J’ai peur que le pays plonge dans un véritable climat de guerre civile"

Mustapha Amine est un militant associatif qui habite à Mahallat Ziyad, village de Gharbeya où le dernier lynchage a eu lieu.
 
La police est débordée car elle doit gérer les nombreuses manifestations et marches qui secouent le pays depuis la chute de Moubarak en janvier 2011. Cette situation a favorisé une forte montée de la criminalité, une multiplication des kidnappings et des vols à main armée. Comme la police a déserté les rues, de nombreux citoyens ont récemment constitué  des groupes d’autodéfense pour se protéger, et c’est un de ces groupes qui a lynché les deux hommes à Mahallat Ziyad.
 
Je considère que le procureur général, Talaat Ibrahim, est en grande partie responsable de ce qui s’est passé dans notre village. Récemment, il n’a pas trouvé mieux que de lancer, au début du mois de mars, un appel aux citoyens pour arrêter eux-mêmes les personnes prises en flagrant délit de vol ou de vandalisme, afin de pallier l’absence des policiers qui étaient alors en grève. Il a encouragé ainsi la population à se faire justice elle-même.
 
C’est une décision catastrophique qui ouvre la porte à toutes les dérives. N’importe qui peut désormais accuser un voisin ou un collègue de travail qu’il n’apprécie pas d’un crime et inciter les gens à le tuer. D’ailleurs, qui dit que les deux hommes qui ont été lynchés à Mahallat Ziyad sont coupables ? On a raconté qu’ils avaient volé un pousse-pousse, que c’était des kidnappeurs d’enfants, mais il n’existe aucune preuve de cela. Ils ont été tués et pendus dans une place située en face d’une école où se trouvaient des enfants !
 
J’espère un retour rapide de la sécurité car si ça continue comme ça, j’ai peur que le pays plonge dans un véritable climat de guerre civile.   
 
"À Charqiya, les lynchages existaient avant la révolution mais se sont récemment multipliés"

Hazem Ibrahim vit à Zakazik, ville de la province de Charqiya qui a connu 17 lynchages en deux ans.
 

Ce type de châtiment  qui consiste à frapper à mort et à pendre les criminels sur une place publique s’appelle "al-haraba" [Ce type de punition a également cours en Arabie Saoudite mais est appliqué par les autorités après jugement et non par les citoyens, ndlr].
 
Malheureusement, quasiment tous les villages du gouvernorat d’al-Charkia sont habitués à se faire justice eux même. Les bandits sont attrapés par la population et battus, parfois à mort. [Dans des cas récents, des bandits ont frappé puis remis à la police]. Ce sont des petits patelins où tout le monde connaît tout le monde et les auteurs de vols et de viols sont donc rapidement identifiés et châtiés par la population. Ces pratiques existaient même avant la révolution et visaient surtout les auteurs de viols. Mais depuis la chute de Moubarak, les scènes de lynchage se sont multipliées. C’est une conséquence directe de la recrudescence de l’insécurité.
 
Dans la plupart des cas, la police n’intervient pas pour empêcher les lynchages car, à mon avis, elle ne souhaite pas se mettre à dos la population avec qui les relations sont devenues très tendues depuis la révolution. Des enquêtes sont ouvertes sur les derniers cas signalés mais n’ont pas encore abouti. À ma connaissance personne n’a été inculpé pour meurtre après des cas de justice populaire comme ceux là dans la région.

 

 

 

 

Posté

Cette hilarité traduirait-elle un enthousiasme pour ces formes de justice expéditive? On peut toutefois douter de son caractère liberhalal.

 

Il n'est pas sûr que les égyptiens gagnent à échanger leur Etat corrompu contre la police salafiste et leur conception dissuasive de la justice, sauf à considérer qu'après tout, elle est adaptée aux moeurs locales.

 

  Citation

 

 

 

 

Cette scène rappelle les applications orthodoxes de la loi islamique (sharia) dans certains pays du golfe comme en Arabie Saoudite où des châtiments corporels sont prévus pour les auteurs de vols ou de crimes.

 

Des châtiments que certains députés islamistes aimeraient voir appliquer en Egypte. En avril 2012, un député salafiste proposait lors d’une séance à l’assemblée l’application du châtiment de la « haraba » aux bandits et baltaguis qui commettent des actes de violence, de vol ou des crimes de meurtre. Le député Adel Al-Azazi, membre du parti salafiste Al-Nour, avait présenté un projet de loi qui prévoyait de couper la main droite et le pied gauche à toute personne ayant commis ce genre de crimes.

 

http://blog.slateafrique.com/nouvelles-du-caire/2013/03/18/degre-zero-de-la-justice-deux-hommes-lynches-battus-a-mort-et-pendus-a-un-arbre/

Posté
  Le 03/04/2013 à 08:54, free jazz a dit :

Cette hilarité traduirait-elle un enthousiasme pour ces formes de justice expéditive?

 

Non, juste la stupidité de ta réflexion. :)

 

La loi de Lynch comme concept islamiste... Facepalm³

Posté

Je reprends le dernier passage cité par free jazz :

 

 

 

  Citation

[..]dans certains pays du golfe[..]Des châtiments que certains députés islamistes[...]En avril 2012, un député salafiste [...] Le député Adel Al-Azazi[...]avait présenté un projet de loi [...]

 

Comment peut-on accepter qu'un texte aussi vague, présentant des initiatives isolées d'un ou deux députés, puisse alimenter la réflexion?

Posté
  Le 03/04/2013 à 09:02, free jazz a dit :

Les faits sont hélas têtus.

 

Les faits sont qu'un lynchage est un massacre perpétré hors de toute procédure judiciaire.

Rien à voir avec une quelconque charia, qui est justement un encadrement judiciaire.

Je sais que tu es parano sur ce sujet, mais si tu veux débiner la charia islamique, tu peux la comparer à la législation nazie ou au système judiciaire soviétique, mais pas avec la loi de Lynch.

Les faits sont aussi que ces lynchages sont monnaie courante depuis longtemps en Égypte, comme le rappelle l'article. Et que leur recrudescence n'a strictement rien à voir avec la montée de l'islamisme, mais bien avec celle de la criminalité depuis la chute de Moubarak.

Posté
  Le 03/04/2013 à 09:06, Lucilio a dit :

Les faits sont qu'un lynchage est un massacre perpétré hors de toute procédure judiciaire.

Rien à voir avec une quelconque charia.

Je sais que tu es parano sur ce sujet, mais si tu veux débiner la charia islamique, tu peux la comparer à la législation nazie ou au système judiciaire soviétique, mais pas avec la loi de Lynch.

Les faits sont aussi que ces lynchages sont monnaie courante depuis longtemps en Égypte, comme le rappelle l'article.

 

Absence de procédure judiciaire ne veut pas dire absence de justice. Or il se trouve que la vendetta est une forme de justice, ce n'est pas à un apôtre de la justice privée que je vais l'apprendre.

 

J'ai parlé précisément de charia sauvage pour signifier que cette justice populaire se déroule en dehors du cadre légal, même si elle singe les peines infligées en Arabie.

 

Je ne vois pas l'intérêt de faire une comparaison avec le nazisme, alors que le châtiment "al-haraba" est promu par des salafistes influencés par la Séoudie et non par le IIIè Reich. L'article indique aussi une banalisation de ces châtiments, au vu et au su des autorités qui laissent faire et n'interviennent pas pour les empêcher.

Posté
  Le 03/04/2013 à 09:16, free jazz a dit :

...la vendetta est une forme de justice...

 

Et tout le monde sait que la charia était la plaie de la Sicile...

Posté
  Le 03/04/2013 à 09:16, free jazz a dit :

J'ai parlé précisément de charia sauvage...

 

...parce que tu es monomaniaque.

 

Souffrant d'une autre monomanie, on aurait pu, ainsi, parfaitement décrire ces événements comme une application de timurisme bien compris.

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