Largo Winch Posté 18 janvier 2005 Signaler Posté 18 janvier 2005 Voici un exemple typique de l'inefficacité étatique et de l'incurie des fonctionnaires, qui aurait pu faire sourire si les conséquences n'étaient aussi tragiques. http://fr.news.yahoo.com/050117/202/482fy.html Indonésie: les rescapés du tsunami submergés par la bureaucratie MATA'IE (AFP) - Après avoir survécu aux vagues meurtrières qui ont balayé leur village côtier, Busriadi et des milliers d'autres sans abri se retrouvent confrontés à la bureaucratie indonésienne. "Pour bénéficier de l'aide, nous devons remplir des formulaires mentionnant notre numéro (d'identité) et nous devons obtenir des tampons du chef de notre hameau, du chef de notre village et du responsable de la circonscription urbaine, or toutes ces personnes ne sont plus de ce monde", déplore Busriadi, un pêcheur rescapé du tsunami. Les raz-de-marée qui ont rasé sa maison ont emporté tous ses papiers d'identité. Ses anciens voisins sont dans la même situation, confrontés à un problème kafkaïen dans un pays connu pour sa bureaucratie envahissante. "C'est comme si nous n'existions pas. Nous avons été frappés de plein fouet par la catastrophe, avons tout perdu et mourrons de faim," ajoute Busriadi, assis sous une tente à Mata'ie où sont entassées 35 personnes. C'est là désormais qu'il survit dans le dénuement le plus total, à huit kilomètres de son ancien hameau de Tenggiri, qui faisait partie du village de Ule Lhee, près de Banda Aceh, la grande ville au nord de l'île de Sumatra. "Où sont les vêtements, la nourriture et les autres aides que nous voyons à la télévision affluer à Aceh ?", interroge le pêcheur, un des 174 survivants du bourg qui en comptait 629. Pour lui et ses compagnons d'infortune, recevoir de l'assistance du gouvernement local s'apparente à un casse-tête et leur dignité en prend un coup. "Sans ces tampons, nous ne pouvons obtenir quoi que ce soit. Nos uniques possessions aujourd'hui proviennent de ce que nous parvenons à grappiller et des dons des particuliers, et non du poste de secours (gouvernemental)", dénonce-t-il. Il montre sa maigre réserve de riz, de nouilles déshydratées et d'huile de cuisine empilée dans un coin de la tente. Wawan, un autre pêcheur, a perdu toute sa famille lors du tsunami et représente le groupe de rescapés sur place. Il assure qu'il a dû harceler pendant des jours le chef survivant du sous-district de Meuraxa, qui englobe Ule Lhee. Ce n'est que 19 jours après la catastrophe que l'officiel a fini par leur rendre visite, muni d'une faible quantité de ravitaillement. "Deux sacs de riz, une bouteille d'huile à cuisiner et quatre d'eau minérale: voilà l'ensemble des aides que nous avons reçu de sa part, lui qui est un responsable gouvernemental", regrette Wawan. Ils ont gâché leur temps à mendier de l'aide aux fonctionnaires et à aller d'un endroit à un autre pour essayer de mettre leurs papiers en ordre. Les résultats sont inchangés: l'aide est inexistante. Deux hommes du poste de secours le plus proche de la tente de Busriadi confirment que les aides sont distribuées seulement si les formulaires sont dûment remplis, avec les tampons requis. "Pas de lettre, rien pour eux", lance un des employés. Amrun Daulay, un responsable du ministère des Affaires sociales, souligne que les documents administratifs constituent un impératif. "Nous devons nous assurer que les aides ne sont pas détournées par des gens qui n'en ont pas besoin", dit-il. Tout y est ! - absence totale de réactivité : incapacité de gérer les situations d'urgence - absence totale de flexibilité : incapacité de prendre des initiatives face à des événements imprévus - absurdité bureaucratique : le règlement prime sur l'individu (quitte à le faire crever) (La justification de tout ce système, dans le dernier paragraphe, est d'ailleurs particulièrement gratiné !)
foxxbat Posté 18 janvier 2005 Signaler Posté 18 janvier 2005 Voici un exemple typique de l'inefficacité étatique et de l'incurie des fonctionnaires, qui aurait pu faire sourire si les conséquences n'étaient aussi tragiques.http://fr.news.yahoo.com/050117/202/482fy.html Tout y est ! - absence totale de réactivité : incapacité de gérer les situations d'urgence - absence totale de flexibilité : incapacité de prendre des initiatives face à des événements imprévus - absurdité bureaucratique : le règlement prime sur l'individu (quitte à le faire crever) (La justification de tout ce système, dans le dernier paragraphe, est d'ailleurs particulièrement gratiné !) <{POST_SNAPBACK}> C'est vraiment révoltant. Toujours sur le même sujet, j'ai entendu il y a peu un repinsable d'ONG à la radio qui expliquait qu'il fallait se méfier des promesses de don faites par les Etats : dans le cas d'Haiti, seule un tiers des sommes promises a été versé. Ca m'étonnerait que MSF (même financée à 40% par les pouvoirs publics) se permette ce genre d'écarts.
Toast Posté 18 janvier 2005 Signaler Posté 18 janvier 2005 Je me demande bien ce qu'il doit se passer pour que leur comportement (aux hommes politiques) puisse changer. Apparemment un raz de marée ne suffit pas… Je crois que Largo Winch a très bien résumé la situation : - absence totale de réactivité : incapacité de gérer les situations d'urgence- absence totale de flexibilité : incapacité de prendre des initiatives face à des événements imprévus - absurdité bureaucratique : le règlement prime sur l'individu (quitte à le faire crever) (La justification de tout ce système, dans le dernier paragraphe, est d'ailleurs particulièrement gratiné !) Le prochain qui me sort que la "solidarité" étatique est plus efficace que la charité privée il se prend une bouffe.
geo Posté 18 janvier 2005 Signaler Posté 18 janvier 2005 Je vais essayer de ressortir ça à ma prof d'anglais qui essayer de mettre le tsunami sur le dos du libéralisme…
Constantin_H Posté 19 janvier 2005 Signaler Posté 19 janvier 2005 Je vais essayer de ressortir ça à ma prof d'anglais qui essayer de mettre le tsunami sur le dos du libéralisme… <{POST_SNAPBACK}> Le complot néolibéral à l'origine de la tectonique des plaques. On n'avait pas fait mieux depuis Jevons et l'influence des taches solaires sur les cycles de l'économie. In 1875 and 1878, Jevons read two papers before the British Association which expounded his famous "sunspot theory" of the business cycle. Digging through mountains of statistics of economic and meteorological data, Jevons argued that there was a connection between the timing of commercial crises and the solar cycle. The basic chain of events was that variations in sunspots affect the power of the sun's rays, influencing the bountifulness of harvests and thus the price of corn which, in turn, affected business confidence and gave rise to commercial crises. Jevons changed his story several times (e.g. he replaced his European harvest-price-crisis logic with an Indian harvest-imports-crisis channel). However flimsy his explanations, Jevons believed that the periodicity of the solar cycle and commercial crises -- approximately 10.5 years, by his calculations -- was too coincidental to be dismissed. Needless to say, all this was a bit on the cranky end and, ultimately, the statistics did not bear him out. Nonetheless, it remains a significant piece of work as this was perhaps the first time that the phenomenon of the business cycle was identified. Economists had long been aware that business activity had its ups and downs, but not that they necessarily followed any regular pattern. They generally believed that "crises" arrived haphazardly, punctuating the smooth advance of the economy at irregular intervals. Jevons was perhaps the first economist to argue that the phases of business activity had a regular, measurable and predictable periodicity.
Punu Posté 19 janvier 2005 Signaler Posté 19 janvier 2005 C'est amusant, car j'ai eu, il y a quelques années, une idée apparentée : j'avais trouvé que l'indice du Nasdaq se comportait en corrélation avec l'ensoleillement en Belgique. Lorsqu'il y avait beaucoup de soleil, il terminait à la hausse, etc.
Constantin_H Posté 19 janvier 2005 Signaler Posté 19 janvier 2005 C'est amusant, car j'ai eu, il y a quelques années, une idée apparentée : j'avais trouvé que l'indice du Nasdaq se comportait en corrélation avec l'ensoleillement en Belgique. Lorsqu'il y avait beaucoup de soleil, il terminait à la hausse, etc. <{POST_SNAPBACK}> Comme quoi la pseudo-économie et le shamanisme ne sont pas loin. Il y a eu aussi des tentatives de rattacher les cycles de l'économie à la lune, au climat, enfin à tout ce que l'on peut imaginer de farfelu. Concernant vos prédictions boursières, toute personne quelque peu versée dans la finance, soit dit en passant, sait bien qu'en bourse est impossible de prédire le cours d'une action (ou l'évolution d'un marché) d'après ses performances passées.
Punu Posté 19 janvier 2005 Signaler Posté 19 janvier 2005 Ce n'est pas totalement vrai : même si les circonstances extérieures et les nouvelles propres à l'entreprise influent considérablement sur le cours, par exemple les actions qui ne sont pas touchées par ce type de nouvelles pendant un certain temps ont une évolution tendanciellement prévisible, car les êtres humains qui procèdent aux achats et ventes sont eux aussi prévisibles. Par exemple, beaucoup de gens ont une approche graphique lorsqu'il n'y a pas de nouvelles, et alors le cours devient prévisible (auto-réalisateur), et le cours des semaines et mois passés devient prépondérant pour l'évolution du cours.
Etienne Posté 19 janvier 2005 Signaler Posté 19 janvier 2005 Par exemple, beaucoup de gens ont une approche graphique lorsqu'il n'y a pas de nouvelles, et alors le cours devient prévisible (auto-réalisateur), et le cours des semaines et mois passés devient prépondérant pour l'évolution du cours. <{POST_SNAPBACK}> Oui, l'analyse technique, c'est une bonne blague marc-de-caféiste, mais qui "marche" un tant soit peu… Tiens, au fait puisqu'on en est venu aux cycles économiques, je me rapelle d'un cours d'histoire d'il y a très longtemps où notre prof nous avait parlé des cycles de Kondratiev; avez-vous une explication de la cyclicité de la chose?
Constantin_H Posté 19 janvier 2005 Signaler Posté 19 janvier 2005 Oui, l'analyse technique, c'est une bonne blague marc-de-caféiste, mais qui "marche" un tant soit peu…Tiens, au fait puisqu'on en est venu aux cycles économiques, je me rapelle d'un cours d'histoire d'il y a très longtemps où notre prof nous avait parlé des cycles de Kondratiev; avez-vous une explication de la cyclicité de la chose? <{POST_SNAPBACK}> Les périodes de récession sont d'après Kondratieff la conséquence d'une surcapacité de production par rapport à la demande réelle. Il s'agit d'une "période de réajustement " durant laquelle l'économie se débarasse de sa surcapacité de production. Kondratieff n'est évidemment pas le seul à parler de cycles. Mais c'est sa théorie qui est la moins fantaisiste.
Invité jabial Posté 20 janvier 2005 Signaler Posté 20 janvier 2005 Les périodes de récession sont d'après Kondratieff la conséquence d'une surcapacité de production par rapport à la demande réelle. Il s'agit d'une "période de réajustement " durant laquelle l'économie se débarasse de sa surcapacité de production. <{POST_SNAPBACK}> Les faillites sont la conséquence d'une surcapacité de production à l'échelle d'une entreprise. Les périodes de récession sont la conséquence du controle du gouvernement pour empêcher la faillite des entreprises en surproduction. En effet, il y a un effet cocotte minute : si on empêche le ménage de se faire petit à petit, un jour ou l'autre il se fait brutalement.
gem Posté 20 janvier 2005 Signaler Posté 20 janvier 2005 Oui, l'analyse technique, c'est une bonne blague marc-de-caféiste, mais qui "marche" un tant soit peu…Tiens, au fait puisqu'on en est venu aux cycles économiques, je me rapelle d'un cours d'histoire d'il y a très longtemps où notre prof nous avait parlé des cycles de Kondratiev; avez-vous une explication de la cyclicité de la chose? <{POST_SNAPBACK}> C'est ton prof de math qui a la réponse : les "cycles" correspondent à une décomposition de fourrier. Ca marcha à tous les coups : tu peux prendre n'importe quelle série de chiffres, quelque soit sa taille et sa forme (parfaitement plate, purement linéaire, ou complétement aléatoire), il est toujours possible de la décomposer en "cycle", même si le phénomène n'a aucune nature cyclique. Les meilleures décompositions font évidemment appel à des cycles de période différentes : un "cycle" long, un "cycle" moyen, un "cycle" court, un cycle "ultra-court", etc. Après, dès qu'un crétin quelconque a mis sur le marché des idées un phénomène cyclique, il suffit que des gens y croient pour que ça deviennent auto-réalisateur, comme dit plus haut. Ton prof de physique peut également te parler de théorie du signal avec retard (on voit ça en électricité, or on peut faire une analogie électrique : prix = tension, production = intensité, usine = résistance et cash flow = puissance, etc. ). C'est pertinent dans certaines industries, où les décisions d'investissements (= installation de résistances) sont prises quand les prix (= voltage) sont hauts et qu'il y a un manque de capacité de production (= résistances) , mais les investissement ne se manifestent qu'avec retard, quand plusieurs indistriels se sont lancés ; il y a alors une surcapacité productive (trop de résistance) et une baisse des prix (chute de tension), et tout ça fait un pseudo-cycle. On fait normalement ça avec des capacités (qui introduise de l'avance dans le système) et des bobines inductrices (qui induisent du retard), mais je crains que ça dépasse le niveau de ce qu'on enseigne.
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