Nicolas Azor Posté 2 avril 2011 Auteur Signaler Posté 2 avril 2011 Les concepts avec lesquels nous pensons présupposent largement l'existence d'autrui. La question n'est pas tant l'existence d'autrui, mais plutot leur équivalence en termes ontologiques. Autrement dit, je pourrais très bien imaginer être le seul être au monde doté d'une âme, capable de percevoir des sensations etc. Car en vérité c'est la seule réalité pour laquelle j'ai une expérience directe. Je pourrais imaginer que mes congénaires ne sont que des robots de chair, certes très sophistiqués et capables d'exprimer tout l'éventail humain des émotions, mais qui seraient tout de même différents de moi dans la mesure où il n'y aurait "personne à l'intérieur".
romaric Posté 2 avril 2011 Signaler Posté 2 avril 2011 "Je n'ai aucune expérience d'un monde dans lequel je suis John Ross. Pourtant, j'ai toutes les raisons de penser qu'un tel monde existe. John Ross ici présent pourra le confirmer, mais on devra le croire sur parole. Il n'existe aucun moyen de le prouver" John Ross et vous, Nicolas Azor partagez le point de vue sur la couleur de ce texte: il est rouge ( manque de bol si l'un des deux est daltonien ). Cela suffit pour dire qu'il n'est pas vous et que vous n'êtes pas lui.
Chitah Posté 2 avril 2011 Signaler Posté 2 avril 2011 La question n'est pas tant l'existence d'autrui, mais plutot leur équivalence en termes ontologiques. Autrement dit, je pourrais très bien imaginer être le seul être au monde doté d'une âme, capable de percevoir des sensations etc. Car en vérité c'est la seule réalité dont j'ai une expérience directe. Je pourrais imaginer que mes congénaires ne sont que des robots de chair, certes très sophistiqués et capables d'exprimer tout l'éventail humain des émotions, mais qui seraient tout de même différents de moi dans la mesure où il n'y aurait "personne à l'intérieur". Tu ne trouves pas que cela fait un peu réflexion d'un enfant de 5 ans qui découvre qu'il existe?
Nicolas Azor Posté 2 avril 2011 Auteur Signaler Posté 2 avril 2011 Tu ne trouves pas que cela fait un peu réflexion d'un enfant de 5 ans qui découvre qu'il existe? A la vérité c'est tout à fait vrai. C'est typiquement le genre de réflexion qu'on se fait vers cet âge (enfin j'aurai plutôt dit 10 ans, mais bon…) Mais c'est seulement récemment que j'y ai vu un lien avec la mécanique quantique. "Je n'ai aucune expérience d'un monde dans lequel je suis John Ross. Pourtant, j'ai toutes les raisons de penser qu'un tel monde existe. John Ross ici présent pourra le confirmer, mais on devra le croire sur parole. Il n'existe aucun moyen de le prouver"John Ross et vous, Nicolas Azor partagez le point de vue sur la couleur de ce texte: il est rouge ( manque de bol si l'un des deux est daltonien ). Cela suffit pour dire qu'il n'est pas vous et que vous n'êtes pas lui. Je n'ai aucun doute sur le fait que je suis moi et que je ne suis pas lui. Mon propos consiste à dire que je n'ai aucun moyen de savoir avec certitude que John Ross voit ce paragraphe en rouge de la même manière que moi, je le vois. Je ne peux que le croire sur parole.
john_ross Posté 2 avril 2011 Signaler Posté 2 avril 2011 "Je n'ai aucune expérience d'un monde dans lequel je suis John Ross. Pourtant, j'ai toutes les raisons de penser qu'un tel monde existe. John Ross ici présent pourra le confirmer, mais on devra le croire sur parole. Il n'existe aucun moyen de le prouver"John Ross et vous, Nicolas Azor partagez le point de vue sur la couleur de ce texte: il est rouge ( manque de bol si l'un des deux est daltonien ). Cela suffit pour dire qu'il n'est pas vous et que vous n'êtes pas lui. Pour moi la couleur c'est RGB (100,0,0) ou color="red" mais rouge je ne sais pas ce que c'est.
Nicolas Azor Posté 2 avril 2011 Auteur Signaler Posté 2 avril 2011 Pour moi la couleur c'est RGB (100,0,0) ou color="red" mais rouge je ne sais pas ce que c'est. Haha, voyez: il vient d'échouer à un test de Turing! C'est une machine en fait, je le savais: il n'a pas d'âme
POE Posté 2 avril 2011 Signaler Posté 2 avril 2011 J'ai un peu de mal à percevoir dans ce fil une problématique précise. Idem, mais à vrai dire, c'est le cas bien souvent. Sinon c'est un très bon livre pour le commun des mortels en matière de physique quantique au delà des questions religieuses qui en définitive ne forment qu'un pretexte à la quête de savoir. Cependant la charge à l'encontre des dogmes fondateurs des grandes religions monothéistes et bel et bien là et elle est lourde d'un point de vue théologique: "la création spontanée est la raison pour laquelle il existe quelque chose plutôt que rien, pourquoi l'Univers existe, pourquoi nous existons. Il n'est nul besoin d'invoquer Dieu pour qu'il allume la mèche et fasse naître l'univers." Quelle charge en effet ! La création spontanée est la raison pour laquelle il existe quelque chose plutôt que rien, c'est cet argument là qui serait censé faire vaciller la théologie ? Non, soyons sérieux, cet argument n'en est pas un.
romaric Posté 2 avril 2011 Signaler Posté 2 avril 2011 Idem, mais à vrai dire, c'est le cas bien souvent.Quelle charge en effet ! La création spontanée est la raison pour laquelle il existe quelque chose plutôt que rien, c'est cet argument là qui serait censé faire vaciller la théologie ? Non, soyons sérieux, cet argument n'en est pas un. Ce n'est pas un argument c'est une conclusion ! C'est peut-être pire…
POE Posté 2 avril 2011 Signaler Posté 2 avril 2011 Sinon, pour revenir au sujet, il me semble qu'il existe bien une analogie entre la physique quantique et la métaphysique : c'est l'observateur qui fait que le monde est déterministe, et par analogie si un individu est capable de cesser d'être un observateur, il est théoriquement capable de ne plus être déterminé (c'est à dire qu'il cesse d'être quelqu’un pour être simplement).
Lancelot Posté 2 avril 2011 Signaler Posté 2 avril 2011 La question n'est pas tant l'existence d'autrui, mais plutôt leur équivalence en termes ontologiques. Autrement dit, je pourrais très bien imaginer être le seul être au monde doté d'une âme, capable de percevoir des sensations etc. Car en vérité c'est la seule réalité pour laquelle j'ai une expérience directe. C'est bien cette équivalence ontologique qui est présupposée par le langage (du moins une partie conséquente du langage). Ne serait-ce que la notion de "langage", par exemple, présuppose qu'il existe des personnes en dehors de moi avec lesquelles je peux communiquer. Sans ce présupposé qui s'impose à moi, je serais incapable de la concevoir. C'est pourquoi je mets l'existence d'autrui dans le panier des "expériences directes". Il me semble que j'avais lu tout ça dans ce bouquin, mais j'ai la flemme de retrouver le passage exact donc il faudra me croire sur parole… Je pourrais imaginer que mes congénaires ne sont que des robots de chair, certes très sophistiqués et capables d'exprimer tout l'éventail humain des émotions, mais qui seraient tout de même différents de moi dans la mesure où il n'y aurait "personne à l'intérieur". Capillotracté, mais admettons. Ces robots de chair ne sont pas apparus spontanément. Il a bien fallu que quelqu'un les programme, quelqu'un capable d'appréhender les émotions humaines. Même là, il est nécessaire qu'il y ait un autrui quelque part.
Hamster ancap Posté 2 avril 2011 Signaler Posté 2 avril 2011 Les concepts avec lesquels nous pensons présupposent largement l'existence d'autrui. +1 Tout ceci ne sont que des modèles, des bases de travail, l'identité elle même n'est qu'une pure convention…Que nombre d'entre nous finissent par classer dans le domaine des faits. Pourtant, j'ai toutes les raisons de penser qu'un tel monde existe. Peut être commencer par définir "exister" de façon rigoureuse et non circulaire…
Nicolas Azor Posté 3 avril 2011 Auteur Signaler Posté 3 avril 2011 Peut être commencer par définir "exister" de façon rigoureuse et non circulaire… Non je n'ai pas besoin de le définir. Mon monde existe car j'en fait l'expérience directe. Je le sais. "Je pense, donc je suis", comme dirait l'autre. Disons que c'est là ce que j'entends pas "exister". Le monde de John Ross, par contre, je ne sais pas s'il existe au même titre que le mien. Je ne peux que le présumer. PS. hum… tout bien réfléchi, je comprends mieux ton objection. Si je dis "je pense donc je suis", on comprends ce que je veux dire. Donc on peut comprendre ce que je veux dire quand je dis que mon monde existe. Par contre, ce que je veux dire quand je dis que je ne sais pas si le monde de John Ross existe, c'est ceci: Quand John Ross dit "je pense, donc je suis", le dit-il réellement pour les mêmes raisons qui font que moi je peux le dire, ou est-ce juste un pieu mensonge énoncé par un robot qui cherche à imiter le comportement humain ?
Ultros Posté 3 avril 2011 Signaler Posté 3 avril 2011 J'avais commencé par ça sur internet, à 15 ans, le coup de la réfutation ultime. "Oui mais qu'est ce qui me prouve que l'existence n'est pas une projection de l'esprit? Tu sais que comme projection tu fais pâle figure?" Descartes sur une épaule, Kant sur l'autre, comme deux corbeaux dialectiques au service de mon noir essor dans le monde éthéré des forums. Ensuite j'ai réalisé que c'était drôle mais juste un moment, vu que: 1: cette pensée est sans issue. 2: psychologiquement néfaste de par sa nature circulaire. 3: constitue la négation du débat. 4: confère une haleine de chacal.
Nicolas Azor Posté 3 avril 2011 Auteur Signaler Posté 3 avril 2011 J'avais commencé par ça sur internet, à 15 ans, le coup de la réfutation ultime. "Oui mais qu'est ce qui me prouve que l'existence n'est pas une projection de l'esprit? Tu sais que comme projection tu fais pâle figure?" Descartes sur une épaule, Kant sur l'autre, comme deux corbeaux dialectiques au service de mon noir essor dans le monde éthéré des forums.Ensuite j'ai réalisé que c'était drôle mais juste un moment, vu que: 1: cette pensée est sans issue. 2: psychologiquement néfaste de par sa nature circulaire. 3: constitue la négation du débat. 4: confère une haleine de chacal. Tu interprètes mal mes propos. Je ne nie pas le concept d'existence dans une sorte d'attitude nihiliste ou un truc du genre. Je dis que les doutes concernant l'existence de l'âme d'autrui sont de même nature que ceux concernant l'existence des autres résultats possibles d'une mesure quantique. M'enfin bon, je ne vais pas me répéter éternellement. Je pense que ça suffit maintenant. Mon idée est couchée par écrit, j'en suis débarassé désormais.
Lancelot Posté 3 avril 2011 Signaler Posté 3 avril 2011 Tout ceci ne sont que des modèles, des bases de travail, l'identité elle même n'est qu'une pure convention… Que nombre d'entre nous finissent par classer dans le domaine des faits. Tiens, je me suis fait cogiter moi même hier soir et j'en suis arrivé à me dire ceci : en vérité, tous nos concepts présupposent un partage social pour avoir du sens. On ne peut dire qu'une chose est réelle, dans le fond, sans faire appel à la notion de preuve, qui est dépendante de quelqu'un d'autre : l'objectif de toute preuve (dans le domaine scientifique, évidemment, mais aussi en métaphysique) est de faire en sorte qu'un autre puisse partager une expérience similaire à la notre et en tirer les mêmes conclusions. Du coup, l'intuition de l'existence d'autrui fait partie des plus fondamentales, au même titre que celles du temps et de l'espace (pour rester avec Kant).
romaric Posté 3 avril 2011 Signaler Posté 3 avril 2011 J'avais commencé par ça sur internet, à 15 ans, le coup de la réfutation ultime. "Oui mais qu'est ce qui me prouve que l'existence n'est pas une projection de l'esprit? Tu sais que comme projection tu fais pâle figure?" Descartes sur une épaule, Kant sur l'autre, comme deux corbeaux dialectiques au service de mon noir essor dans le monde éthéré des forums.Ensuite j'ai réalisé que c'était drôle mais juste un moment, vu que: 1: cette pensée est sans issue. 2: psychologiquement néfaste de par sa nature circulaire. 3: constitue la négation du débat. 4: confère une haleine de chacal. Exact ! +1 Mais parfois cela rend bien des services aussi. Cela peut permettre une sorte de création artistique émancipé des catégories de l'entendement… c'est aussi un outil qui permet de suspendre un instant la réalité, Descartes l'utilise dans son doute métaphysique. Tout ceci ne sont que des modèles, des bases de travail, l'identité elle même n'est qu'une pure convention…Que nombre d'entre nous finissent par classer dans le domaine des faits. Oui mais c'est le modèle qui marche le mieux. Il y a 90% de chance que si je t'appelle dans la rue tu te retournes. Ton identité est un modèle effectif qui fonctionne bien et qui te rend des services ( ou pas ). Puisque tu critiques le modèle qui fonde la réalité qu'a tu à proposer ? Il y à d'autres modèles qui fonctionnent relativement bien. Notamment la physique quantique et c'est là un des aspects intéressant. La physique Q. n'est pas une approche que l'on nomme "réaliste".
john_ross Posté 3 avril 2011 Signaler Posté 3 avril 2011 Tiens, je me suis fait cogiter moi même hier soir et j'en suis arrivé à me dire ceci : en vérité, tous nos concepts présupposent un partage social pour avoir du sens. On ne peut dire qu'une chose est réelle, dans le fond, sans faire appel à la notion de preuve, qui est dépendante de quelqu'un d'autre : l'objectif de toute preuve (dans le domaine scientifique, évidemment, mais aussi en métaphysique) est de faire en sorte qu'un autre puisse partager une expérience similaire à la notre et en tirer les mêmes conclusions.Du coup, l'intuition de l'existence d'autrui fait partie des plus fondamentales, au même titre que celles du temps et de l'espace (pour rester avec Kant). L'objectif de la quête d'une preuve est de se démontrer à soi même que l'on a raison ou tort. Tout le reste n'a aucune espèce d'importance. D'ailleurs quand une expérience confirme sa théorie, on s'écrie j'avais raison, et quand elle l'infirme on dit j'ai tort.
Pandi Posté 3 avril 2011 Signaler Posté 3 avril 2011 Tiens, je me suis fait cogiter moi même hier soir et j'en suis arrivé à me dire ceci : en vérité, tous nos concepts présupposent un partage social pour avoir du sens. On ne peut dire qu'une chose est réelle, dans le fond, sans faire appel à la notion de preuve, qui est dépendante de quelqu'un d'autre : l'objectif de toute preuve (dans le domaine scientifique, évidemment, mais aussi en métaphysique) est de faire en sorte qu'un autre puisse partager une expérience similaire à la notre et en tirer les mêmes conclusions.Du coup, l'intuition de l'existence d'autrui fait partie des plus fondamentales, au même titre que celles du temps et de l'espace (pour rester avec Kant). +1. Je me suis fait la même réflexion. Je pense d'ailleurs que cette intuition de l'autre (un "sens alterne"?) qui n'apparaît pas dans la philosophie kantienne est un manque pour l'édifice.
Hamster ancap Posté 3 avril 2011 Signaler Posté 3 avril 2011 Tiens, je me suis fait cogiter moi même hier soir et j'en suis arrivé à me dire ceci : en vérité, tous nos concepts présupposent un partage social pour avoir du sens. On ne peut dire qu'une chose est réelle, dans le fond, sans faire appel à la notion de preuve, qui est dépendante de quelqu'un d'autre : l'objectif de toute preuve (dans le domaine scientifique, évidemment, mais aussi en métaphysique) est de faire en sorte qu'un autre puisse partager une expérience similaire à la notre et en tirer les mêmes conclusions.Du coup, l'intuition de l'existence d'autrui fait partie des plus fondamentales, au même titre que celles du temps et de l'espace (pour rester avec Kant). +1 avec Lancelot (comme souvent…)Le problème c'est que beaucoup oublient tout ceci…Cela effraie. L'objectif de la quête d'une preuve est de se démontrer à soi même que l'on a raison ou tort. Cela présuppose déja que l'on puisse avoir raison ou tort dans l'absolu ou j'ai mal compris ton propos? J'aurais dit qu'ils 'agissais plutôt de savoir dans quel contexte l'on avais raison et dans quel contexte l'on avais tord…puis de jongler avec les contextes selon ce que l'on décide de faire,de vivre,de partager,d'etre…
POE Posté 4 avril 2011 Signaler Posté 4 avril 2011 C'est le terme d'intuition qui ne me semble pas approprié même si sémantiquement correct. En effet, à mon sens, autrui, le temps, l'espace résultent d'un apprentissage effectué dans les premières années de vie, apprentissage sans lequel l'identité telle qu'on la conçoit, ne peut se développer pleinement.
Pandi Posté 4 avril 2011 Signaler Posté 4 avril 2011 Je pense qu'il est plus approprié de parler de maturation plutôt que d'apprentissage. Une graine n'apprend pas à être une plante et de la même façon l'être humain n'apprend pas le temps, l'espace et l'alterité. Ces formes de l'intuition sont consubstantielles à notre être. Un être humain dépourvu de cela est tout simplement impensable. La sinistre expérience de Frederic II illustre bien cela : un être humain sans altérité ne peut survivre.
henriparisien Posté 4 avril 2011 Signaler Posté 4 avril 2011 Je pense qu'il est plus approprié de parler de maturation plutôt que d'apprentissage. Une graine n'apprend pas à être une plante et de la même façon l'être humain n'apprend pas le temps, l'espace et l'alterité. Ces formes de l'intuition sont consubstantielles à notre être. Un être humain dépourvu de cela est tout simplement impensable. La sinistre expérience de Frederic II illustre bien cela : un être humain sans altérité ne peut survivre. + 1 ; Et d'ailleurs, il y a des hiatus dans ce développement : pour l'altérité, c'est l'autisme. La capacité à se projeter dans un futur éloigné (plusieurs mois), s'acquiert très tardivement (6 - 7 ans)…
POE Posté 4 avril 2011 Signaler Posté 4 avril 2011 Je pense qu'il est plus approprié de parler de maturation plutôt que d'apprentissage. Une graine n'apprend pas à être une plante et de la même façon l'être humain n'apprend pas le temps, l'espace et l'alterité. Ces formes de l'intuition sont consubstantielles à notre être. Un être humain dépourvu de cela est tout simplement impensable. La sinistre expérience de Frederic II illustre bien cela : un être humain sans altérité ne peut survivre. J'insiste, apprentissage me semble un terme correct. Une graine n'a pas besoin de la présence de ses parents, ou de plantes homologues pour pousser. Un petit d'homme s'il dispose du potentiel pour être un individu nécessite un apprentissage auprès d'autres individus, même si cet apprentissage n'est pas conscient de la part des parents.
Lancelot Posté 4 avril 2011 Signaler Posté 4 avril 2011 C'est le terme d'intuition qui ne me semble pas approprié même si sémantiquement correct.En effet, à mon sens, autrui, le temps, l'espace résultent d'un apprentissage effectué dans les premières années de vie, apprentissage sans lequel l'identité telle qu'on la conçoit, ne peut se développer pleinement. Je pense qu'il est plus approprié de parler de maturation plutôt que d'apprentissage. Une graine n'apprend pas à être une plante et de la même façon l'être humain n'apprend pas le temps, l'espace et l'altérité. Ces formes de l'intuition sont consubstantielles à notre être. Un être humain dépourvu de cela est tout simplement impensable. La sinistre expérience de Frédéric II illustre bien cela : un être humain sans altérité ne peut survivre. Là, nous abordons la psychologie du développement. La notion la plus adaptée pour remplacer "intuition" est peut être celle de "théorie naïve" (tiens, il n'y a pas d'article Wikipedia), ou du moins un sous ensemble de théories naïves fondamentales dont la non apparition avant une période critique entraine un développement anormal. Celle qui m'intéresse en particulier, traduction de l'intuition d'altérité, est la théorie de l'esprit.
Pandi Posté 4 avril 2011 Signaler Posté 4 avril 2011 J'insiste, apprentissage me semble un terme correct. Une graine n'a pas besoin de la présence de ses parents, ou de plantes homologues pour pousser. Un petit d'homme s'il dispose du potentiel pour être un individu nécessite un apprentissage auprès d'autres individus, même si cet apprentissage n'est pas conscient de la part des parents. Le terme apprentissage ne me semble pas rendre compte du caractère indispensable de l'altérité. On peut survivre sans apprendre quelque chose. Pour en revenir à la plante, elle a besoin du soleil, mais on ne peut dire qu'il lui apprend quelque chose.Là, nous abordons la psychologie du développement. La notion la plus adaptée pour remplacer "intuition" est peut être celle de "théorie naïve" (tiens, il n'y a pas d'article Wikipedia), ou du moins un sous ensemble de théories naïves fondamentales dont la non apparition avant une période critique entraine un développement anormal.Celle qui m'intéresse en particulier, traduction de l'intuition d'altérité, est la théorie de l'esprit. Avant même la théorie de l'esprit, il y a l'empathie comme intuition constitutionnelle de l'altérité.
Lancelot Posté 4 avril 2011 Signaler Posté 4 avril 2011 Avant même la théorie de l'esprit, il y a l'empathie comme intuition constitutionnelle de l'altérité. Ce mécanisme de résonance sensori-somatique entre autrui et soi, relativement primitif sur les plans évolutif et ontogénétique (il semblerait en place dès la naissance) Ça, c'est intéressant
Ultros Posté 4 avril 2011 Signaler Posté 4 avril 2011 Un des arguments que je trouve intéressant sur la validité de la foi, c'est que les prophètes sont généralement décrits comme des gens à l'empathie exceptionnelle, qui inspirent confiance par leurs actes comme par leurs paroles. Partant du l'idée que la construction de la croyance passe en premier lieu par la confiance en un tiers, il devient cohérent de baser ses croyances fondamentales en fonction des hommes qui inspirent le plus confiance. Je ne vois pas comment on peut se construire une réalité sans passer par la perception des autres, sans communiquer, imiter et sans faire confiance. Ce qui ne signifie pas qu'il n'existe aucune perception non relationnelle de l'altérité, mais que la relationnelle préexiste dans la construction des repères cognitif à la simple observation du monde. Quoi vous l'avez déjà dit dans ce thread, et mieux que moi? Oui bon d'accord. Mais c'est tellement troll de pouvoir dire que la vérité est sociale que je ne peut résister.
Nicolas Azor Posté 4 avril 2011 Auteur Signaler Posté 4 avril 2011 Je ne vois pas comment on peut se construire une réalité sans passer par la perception des autres, sans communiquer, imiter et sans faire confiance. Ben justement, si tout le monde est d'accord pour admettre l'existence d'autrui au même titre que l'existence de soi-même, il devrait être tout aussi possible d'admettre l'existence des autres résultats de mesure quantique que ceux effectivement mesurés. C'est tout mon propos.
henriparisien Posté 4 avril 2011 Signaler Posté 4 avril 2011 J'insiste, apprentissage me semble un terme correct. Une graine n'a pas besoin de la présence de ses parents, ou de plantes homologues pour pousser. Un petit d'homme s'il dispose du potentiel pour être un individu nécessite un apprentissage auprès d'autres individus, même si cet apprentissage n'est pas conscient de la part des parents. Bon, après on peut toujours jouer sur les mots. Mais il y a - me semble-t-il une différence - entre l'utilisation d'un outil qui se fait soit par déduction naturelle soit par imitation, et certains facultés comme le langage, l'empathie ou la reconnaissance des visages qui sont un mixte entre le développement de facultés "innées" (où disons de facultés qui se développe naturellement) et les interactions avec les autres. Ben justement, si tout le monde est d'accord pour admettre l'existence d'autrui au même titre que l'existence de soi-même, il devrait être tout aussi possible d'admettre l'existence des autres résultats de mesure quantique que ceux effectivement mesurés. C'est tout mon propos. Je ne comprends pas. Une fois le paquet d'onde réduit, le photon est à cet endroit et pas à un autre. Je ne vois pas pourquoi on devrait admettre qu'il est aussi ailleurs. Il ne faut pas accorder beaucoup plus de signification à la mécanique quantique que ce qu'elle dit : c'est à dire qu'a certain moment, les particules ne sont pas des particules mais des fonctions d'ondes. C'est tout.
Nicolas Azor Posté 4 avril 2011 Auteur Signaler Posté 4 avril 2011 Je ne comprends pas. Une fois le paquet d'onde réduit, le photon est à cet endroit et pas à un autre. Je ne vois pas pourquoi on devrait admettre qu'il est aussi ailleurs. Il ne faut pas accorder beaucoup plus de signification à la mécanique quantique que ce qu'elle dit : c'est à dire qu'a certain moment, les particules ne sont pas des particules mais des fonctions d'ondes. C'est tout. Ben d'une part c'est le processus de réduction du paquet d'onde qui choque l'entendement. Pas ce qui se passe après. Ensuite, comme je l'ai précisé un peu plus tard dans la file (j'aurais peut-être du le préciser depuis le début), la réduction du paquet d'onde ne se produit pas instantanément comme par magie, contrairement à ce qu'on croyait quand on en faisait un "principe". On sait maintenant que c'est un phénomène appelé décohérence, et qui a déjà été confirmé expérimentalement. Le point important est que la décohérence colle bien mieux avec l'interprétation d'Everett. Et personnellement je trouve ce cadre de conception de la méca Q plus confortable que ce qu'on appelle je crois l'interprétation de Copenhague. PS. En fait quand tu dis "le photon est à cet endroit", tu exprimes un résultat d'expérience dont toi, en tant qu'observateur, tu fais partie. L'expérience dans son ensemble comporte une autre de version de toi, observant le photon à un autre endroit. Tu es une version du chat de Schrodinger, se disant "je suis vivant". Mais l'autre version "existe" bel et bien. Supposons un photon qui peut se trouver à deux endroits: "ici" et "là". On note |ici> et |là> les deux états correspondants. Toi tu mesures la position du photon, et donc tu possèdes deux états: |Henri Parisien voyant le photon ici> |Henri Parisien voyant le photon là> Supposons que le photon soit dans l'état: alpha |ici> + beta |là> Alors juste après la mesure l'univers se trouve dans l'état suivant, combinaison linéaire de quatre produits cartésiens possibles: alpha * ici * (1- err) |Henri Parisien voyant le photon ici>|ici> + alpha * ici * err |Henri Parisien voyant le photon là>|ici> + beta * là * (1- err) |Henri Parisien voyant le photon là>|là> + beta * là * err |Henri Parisien voyant le photon ici>|là> où err est la probabilité qu'il y ait une erreur de mesure. Il n'y a aucune réduction du paquet d'onde. Celle-ci n'intervient qu'avec la décohérence, c'est à dire si d'autres particules de l'environnement interagissent, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Bon, et bien toi en tant qu'observateur, tu ne peux jamais que faire l'expérience que d'un seul de ses quatres termes. Pourtant les quatres termes sont indispensables à la description exacte de l'univers (c'est ce qu'ont montré l'expérience d'Alain Aspect je crois, et plus généralement ça colle mieux avec la manière avec laquelle on calcule en mécanique quantique). Mon propos consiste à dire qu'au lieu de parler "d'univers multiples" comme on le fait dans l'interprétation d'Everett, on devrait plutôt comparer ça à l'expérience ontologique qu'on a chacun de notre propre âme. Pour moi l'expression "Je suis John Ross" est fausse. Il n'empêche que je sais, ou plutot je suis disposé à accepter, qu'elle est vraie dans un autre point de vue de l'univers, en l'occurence celui de John Ross. Pour le photon, même si je le vois "ici", je sais que selon un autre point de vue (celui qui consiste à considérer un autre terme de la combinaison linéaire), une autre version de moi le voit "là".
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