Vilfredo Posté 6 avril Signaler Posté 6 avril On a besoin de plus d’études comme ça—enterrer le paradigme chomskyen. Schlenker et Chemla ont aussi documenté l’existence de formes de compositionalité chez certains primates
Vilfredo Posté 8 avril Signaler Posté 8 avril Un truc que je n'arrive pas à comprendre dans l'étude, c'est que les constituants d'un "call" composite soient plus proches les uns des autres, dans le "similarity space" sémantique, que ceux de "calls" (ou de "call types", mais n'est-ce pas un peu circulaire de postuler une différence typique, i.e. de signification, sous ce prétexte?) différents: Citation The meaning of combinations was closer to that of their constituents at the repertoire level: A likelihood ratio test detected a difference between the full model and its reduced version (i.e., the model without the relationship variable) (F19,95 = 2.13, p < 0.01). Specifically, posthoc analyses revealed that, for four combinations, the distance separating the combination from its constituting call types was smaller than the distance separating the combinations from call types that do not constitute it (p. 3) ça n'est clairement pas le cas dans aucun langage humain: il n'y a aucune contrainte sémantique sur les mots qu'on peut mettre ensemble pour composer une expression. (NB je n'ai aucune idée précise de ce que la qualification "at the repertoire level" veut dire). Ce n'est pas juste un problème local: si la compositionalité ne s'exerce qu'au sein d'un "similarity space" sémantique, on n'a juste pas de syntaxe, contrairement à ce que l'article semble vouloir dire. C'est la définition même de la syntaxe de pouvoir être indifférente à l'identité sémantique des constituants. Le rapport avec la compositionalité triviale ou pas (e.g. le cas des adjectifs intersectifs et non-intersectifs, puisque c'est celui qu'ils donnent) n'est pas évident: rien ne dit qu'il y ait une plus grande proximité sémantique entre les constituants de "mauvais danseur" (i.e. "mauvais" et "danseur") qu'entre ceux de "danseur blond": c'est vrai qu'être un mauvais danseur, c'est être mauvais pour un danseur, mais de même, être un mauvais cuisinier, c'est être mauvais pour un cuisinier, et donc il y a un type qui est: être mauvais pour un x, et eu égard à ce type, on ne peut pas dire qu'il y ait une plus grande proximité sémantique entre les adjectifs intersectifs et non-intersectifs. En d'autres termes, ce ne sont pas des constituants ayant a priori une proximité sémantique avec d'autres qui sont préférablement recrutés dans une expression composée en cas de compositionalité triviale (i.e. par exemple, des adjectifs intersectifs), ce sont, au contraire, des constituants ayant a priori aussi peu de proximité sémantique que d'autres qui sont arbitrairement recrutés (e.g. "mauvais", ou "blond"), et qui, a posteriori seulement, acquièrent une valeur contextuelle, ou pas, suivant ce contexte même, ce qui veut aussi dire qu'il doit y avoir des relations de priorité sémantique qui surviennent en fait sur la syntaxe, à savoir: l'adjectif modifie la tête de la phrase nominale, pas l'inverse (e.g. "mauvais pour un danseur", mais pas "blond pour un danseur", et ce en vertu de la signification de "danseur"). Les bonobos semblent faire les choses à l'envers: la similitude sémantique sert de contrainte sur le search space; nous faisons les choses autrement: la similitude sémantique est un produit de la compositionalité. Donc, en gros, il s'agirait de ne pas confondre une forme non-triviale de compositionalité (qui modifie contextuellement la signification lexicale des constituants, de façon "gestaltiste", comme dirait Recanati), et un exercice restreint de la compositionalité (dans un espace sémantique (contextuellement?) prédéfini). Pour le dire vulgairement, on n'a pas, a priori, une signification "riche" "être mauvais pour un danseur" encodée de façon cachée dans une partie de la signification lexicale de l'adjectif "mauvais", et qui serait ce qu'on vient chercher, comme un concept ad hoc, pour former une expression non-intersective comme "mauvais danseur": c'est absurde! Au contraire, c'est seulement une fois combiné avec "danseur" que la signification lexicale "mauvais pour un danseur" (le concept ad hoc) est activée dans "mauvais" (le concept général, car il y a un concept général). Eh bien j'ai l'impression qu'un mécanisme de cette généralité n'est nullement présent chez les bonobos--ce qui ne serait d'ailleurs pas un scoop. Apparemment, ils font l'inverse. Une question qui est intéressante: est-ce qu'on commence, ontogénétiquement et/ou phylogénétiquement, par acquérir des concepts situationnels, ad hoc, et construit des concepts (plus) généraux sur cette base, ou l'inverse? Pour une défense de "l'inverse" dans l'ontogenèse. Ce n'est pas une critique de ce papier par ailleurs fascinant, c'est plus une question de compréhension que j'aimerais bien poser aux auteurs. 3
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