Chitah Posté 5 février 2005 Signaler Posté 5 février 2005 Ce n'est pas un n-ième débat sur le déclin, le passage que je vous propose de commenter est en gras, et propose une thèse tout à fait intéressante, et que je vais peut-être faire mienne. Les associations telles que LC, etc… pourraient enfourcher ce cheval-là. Déclin ? Peut-être. Régressions ? Certainement !Le débat sur le thème lancinant du déclin de la France s'est terminé en queue de poisson. On pouvait s'en douter. Le mot est trop chargé d'émotivité pour ne pas inviter à toutes les digressions, à toutes les esquives et, finalement, pour ne pas aboutir à un non-lieu ! Reste l'énorme problème posé par la persistance de phénomènes régressifs, aggravés par le fait qu'ils ne sont pas toujours perçus pour tels. Le moment semble arrivé de les regarder à neuf. Les repères habituels ne permettent plus de s'y retrouver. Hervé Gaymard, à peine installé à Bercy, a décidé d'avancer de deux mois la procédure d'élaboration du budget 2006. La mise en vigueur à partir du 1er janvier de l'année prochaine d'une présentation entièrement nouvelle pousse à cette anticipation. Le nouveau budget ne sera plus le décalque du précédent. Enfin une solution de continuité ! Si seulement nos ministres osaient faire table rase de leurs errements passés ! Encore faudrait-il qu'ils prennent toute la mesure négative des actions menées au nom de l'emploi par les pouvoirs publics et mises sur le dos du contribuable. Toutes nuances (ou allégeances) confondues, la majorité et le gouvernement semblent accrocher leurs espoirs à la continuation, voire à l'élargissement de la politique d'allégement du coût du travail (en tout cas pour les bas salaires), sans oublier la prime pour l'emploi. La caution donnée à ce genre d'initiative par certains économistes d'outre-Atlantique ne change rien au fond de l'affaire. Ce n'est pas à l'Etat de compléter la rémunération des plus mal payés de nos salariés. 9 millions d'entre eux reçoivent une (maigre) PPE. Si les ayants droit sont si nombreux, la raison la plus importante en est que le cadre général (fiscal, juridique, etc.) dans lequel les petites et moyennes entreprises exercent leur activité comporte encore trop d'obstacles à leur déploiement. Vainement, l'Etat tente de corriger les dysfonctionnements de l'appareil d'Etat résultant de l'énormité des charges d'assistance de tout poil qu'il assume indûment. La PPE, qui vient d'être augmentée – ce n'est qu'un début ! –, a enclenché un processus régressif dangereux pour la société française. Le capitalisme français est déchargé de toute responsabilité quant à l'augmentation urgente du niveau de vie des ménages les plus modestes. Les parlementaires allemands avaient compris cela il y a une dizaine d'années. Plus fondamentalement, chercher à obtenir une meilleure « compétitivité » des entreprises en abaissant, sur une échelle plus ou moins large, le « coût du travail » confine à l'absurde. Le coût du travail, c'est le revenu de Français. Et diminuer ce coût, ce n'est pas autre chose que réduire, dans le partage de la valeur ajoutée, la part revenant aux salariés au profit de celle qui est distribuée sous forme de profits et d'intérêts aux apporteurs de fonds qui fournissent aux entreprises les ressources dont elles ont besoin. Mais ces profits et ces intérêts font aussi partie intégrante du coût de production entendu au sens économique du terme. La vérité est qu'on est en plein brouillard. Malgré l'assouplissement (qui devrait être cette fois sérieux) des 35 heures, le Medef tient aux subventions compensatoires. Mais quel chef d'entreprise digne de ce nom peut tolérer longtemps que sa rentabilité dépende d'un régime d'exception ? Il est vrai que la question se pose en termes différents pour une entreprise en particulier. La dispense de payer les charges sociales pourra être le facteur déclencheur d'une embauche. Mais cela n'indique qu'une chose. Les gouvernements successifs se sont fourvoyés dans leur politique dite sociale. Leur intervention a consisté à augmenter par voie d'autorité le salaire minimum afin de réduire l'écart avec la moyenne des salaires. Une authentique politique économique favoriserait les conditions générales de l'activité économique. Le SMIC aurait dû rester ce qu'il était à l'origine : un garde-fou, pas un instrument systématique d'interférence sur le marché de l'emploi. Les entreprises les plus performantes montrent ce qu'il convient d'obtenir d'un nombre toujours croissant d'employeurs. Les salaires les plus bas qu'elles versent sont sensiblement plus élevés que le salaire minimum. Par rapport à quoi juge-t-on le « coût du travail » trop élevé ? Espérons que ce n'est pas par rapport aux salaires en Chine ou dans le Deccan ! Le raisonnement économique standard brouille irrémédiablement le sens de cette question cruciale. Soit dit en passant, ce raisonnement n'a guère changé depuis deux siècles (malgré les efforts des meilleurs et des plus consciencieux économistes !). Il s'appuie sur un préjugé qui fournit l'apparence d'une explication évidente. Tout se passerait comme si les consommateurs, en achetant biens et services, seraient les véritables pourvoyeurs de l'emploi. Accepterait-on cette façon simpliste de présenter les choses que la question resterait entière. Les consommateurs n'auraient fait que rembourser les salaires déjà versés aux travailleurs qui ont produit des marchandises déjà existantes. En réalité, l'embauche dépend directement du volant de ressources (pouvoir d'achat stocké en attente) – propres ou empruntées – dont disposent les entreprises et qu'elles veulent bien consacrer à l'entretien et à l'embauche des « travailleurs » (ouvriers, ingénieurs, informaticiens, chercheurs, etc.). Le préjugé dénoncé plus haut – l'emploi est fonction de la vigueur de la consommation – est revenu sur le devant de la scène, avec une force inégalée. Il détourne l'attention de l'incidence des pratiques du capitalisme contemporain sur une situation de l'emploi désastreuse en France, en Allemagne et d'autres pays de la zone euro, mais qui est loin d'être vécue comme vraiment satisfaisante en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis (stagnation relative des salaires et précarité accrue). Pourtant, ce dernier pays bénéficie d'un colossal transfert de pouvoir d'achat émanant de l'étranger grâce au système dollar. Sous la conduite des marchés financiers, un redoutable processus régressif est en cours dans les pays d'Occident. Les grandes sociétés rachètent leurs propres actions alors qu'il faudrait lever des capitaux frais pour donner effet au potentiel de croissance et de prospérité représenté par les millions d'hommes et de femmes qui ont renoncé contre leur gré à chercher un emploi. Le contre-exemple français illustre à l'envi l'impasse dans laquelle toute une société s'enferme à partir du moment où le travail y a cessé d'être perçu comme la source unique du progrès économique et social.
Leepose Posté 5 février 2005 Signaler Posté 5 février 2005 bonjour a vous, ce texte ne me parait pas d'une grande clareté! si ca n'est pas le cout du travail qui est trop élevé, disons au moins qu'il est mal répartit, une grosse moitié pour l'Etat et la Sécu, et une petite moitié pour le gars qui, accessoirement, s'est levé chaque matin pour créé ce revenu… c'est plus la répartition que le niveau qui déconne
Leepose Posté 5 février 2005 Signaler Posté 5 février 2005 si je poursuis un peu le raisonnement, disons qu'il y a de multiples façon de favoriser la création d'emplois, par exemple l'innovation ou les gains de productivité c'est pour ca que les économistes disent toujours "toute chose égale par ailleurs"… et bien toute chose égale par ailleurs, il vaut mieux avoir un cout du travail faible qu'élevé, du point de vue du nombre de personnes qu'on peut mettre au travail a ce tarif là
Ronnie Hayek Posté 5 février 2005 Signaler Posté 5 février 2005 Chitah, il me semble que tu as voulu aussi mettre en grasses ce passage ou je me trompe ? Mais ces profits et ces intérêts font aussi partie intégrante du coût de production entendu au sens économique du terme. La vérité est qu'on est en plein brouillard. Malgré l'assouplissement (qui devrait être cette fois sérieux) des 35 heures, le Medef tient aux subventions compensatoires. Mais quel chef d'entreprise digne de ce nom peut tolérer longtemps que sa rentabilité dépende d'un régime d'exception ?
Chitah Posté 5 février 2005 Auteur Signaler Posté 5 février 2005 Chitah, il me semble que tu as voulu aussi mettre en grasses ce passage ou je me trompe ?Mais ces profits et ces intérêts font aussi partie intégrante du coût de production entendu au sens économique du terme. La vérité est qu'on est en plein brouillard. Malgré l'assouplissement (qui devrait être cette fois sérieux) des 35 heures, le Medef tient aux subventions compensatoires. Mais quel chef d'entreprise digne de ce nom peut tolérer longtemps que sa rentabilité dépende d'un régime d'exception ? <{POST_SNAPBACK}> Tu as tout à fait raison.
Dilbert Posté 5 février 2005 Signaler Posté 5 février 2005 Mais quel chef d'entreprise digne de ce nom peut tolérer longtemps que sa rentabilité dépende d'un régime d'exception ? Risible, les grosses entreprises ne demandent que ça et s'en accommodent très bien !
Chitah Posté 5 février 2005 Auteur Signaler Posté 5 février 2005 bonjour a vous,ce texte ne me parait pas d'une grande clareté! si ca n'est pas le cout du travail qui est trop élevé, disons au moins qu'il est mal répartit, une grosse moitié pour l'Etat et la Sécu, et une petite moitié pour le gars qui, accessoirement, s'est levé chaque matin pour créé ce revenu… c'est plus la répartition que le niveau qui déconne <{POST_SNAPBACK}> Du tout du tout, le salaire de quelqu'un est très exactement égal à ce que l'on appele le "coût pour l'entreprise". Une entreprise, lorsqu'elle verse 170 de salaires, peu importe qu'elle en envoie 100 d'un côté au salarié, et 70 de l'autres aux organismes sociaux, à Mickey Mouse, ou à je ne sais qui! Ce que verse l'entrepreneur pour qu'un salarié fasse son travail, c'est son salaire, qui est de 170. Baisser le coût du travail, c'est baisser ce chiffre, qui passera de 170 à 160 par exemple, avec 100 transférés au salarié et le reste aux organismes sociaux. Conclusion: le salaire baisse lorsque le coût du travail baisse. La mauvaise façon de raisonner, c'est de dire: "le salarié coûte 100 à l'entreprise; pour des raisons de solidarité nationale, a été décidé qu'à chaque fois qu'une entreprise donnera 100 au salarié, elle paie 70 aux organismes sociaux. Ces 70 sont ce que l'on appele le coût du travail". Cette phrase est fausse, naturellement. Car en effet, ces 70 vont à la Sécu, en provenance de la poche du salarié (ou plus précisément, celui-ci, bien qu'ayant produit suffisamment pour toucher 170, ne touchera que 100, le reste étant detourné). Si ces 70 baissent, alors ce qui était volé avant, et converti de force en services sociaux, sera toujours volé, mais converti en une moins grande quantité de service (nécessairement, à moins de creuser des deficits, ce qui revient au même, ce n'est qu'un transfer temporel). Le salaire réel du salarié baisse donc, lorsque le coût du travail baisse.
Invité jabial Posté 6 février 2005 Signaler Posté 6 février 2005 Risible, les grosses entreprises ne demandent que ça et s'en accommodent très bien ! <{POST_SNAPBACK}> Ca dépend lesquelles.
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