Aller au contenu

Nomination Des Professeurs D'université


Messages recommandés

Posté

Je crois beaucoup à la théorie de la révolution des mentalités par les élites telle qu'exposée par Mises et Hayek et cela m'induit à me poser des questions concernant la procédure de nomination/promotion au sein de l'enseignement universitaire. Je suis belge donc le système belge m'intéresse prioritairement masi si quelqu'un peut nous parler du système français, il est largement le bienvenu.

FF

Posté

Je peux brièvement te décrire le système français.

Sur la base d'un dossier (comprenant thèse, articles, communication dans des colloques…), la section du CNU (Conseil National des Universités) de ta spécialité, prononce une "qualification" qui t'autorise à présenter ta candidature dans une université. Les règles d'attribution de la qualification peuvent varier entre les différentes sections, mais en gros, c'est avant tout la qualité scientifique du dossier qui importe.

Ensuite, la personne qualifiée postule sur des postes publiés par le ministère dans le Journal Officiel. Le recrutement est assuré au niveau de chaque université par une "commission de spécialistes" (composée de Profs et Maîtres de conférence élus et nommés). Alors là, il y a un grand flou sur les critères de recrutement décidés par la commission. Officiellement, c'est la qualité scientifique du dossier. Mais le plus souvent, c'est la "cooptation" qui prévaut.

Pour les promotions (passage de Maitre de conf. à Prof d'université), la procédure est comparable. Il faut d'abord passer une HDR (habilitation à diriger des recherches), puis procédure de recrutement…

En économie, droit, gestion, c'est un peu particulier puisqu'il faut passer un concours d'agrégation pour pouvoir postuler sur un poste de professeur d'université.

Pour passer rapidement ces étapes, il est important de bénéficier d'un réseau à l'intérieur de l'université. Autrement dit, il vaut mieux éviter d'avoir un discours trop décalé par rapport aux idées dominantes. Mais une fois nommé prof, la personne retrouve une véritable autonomie et une grande liberté de parole.

Posté
  Largo Winch a dit :
Ensuite, la personne qualifiée postule sur des postes publiés par le ministère dans le Journal Officiel. Le recrutement est assuré au niveau de chaque université par une "commission de spécialistes" (composée de Profs et Maîtres de conférence élus et nommés). Alors là, il y a un grand flou sur les critères de recrutement décidés par la commission. Officiellement, c'est la qualité scientifique du dossier. Mais le plus souvent, c'est la "cooptation" qui prévaut.

Pour préciser : il n'y a pas que les critères scientifiques qui soient retenus. C'est d'ailleurs une faute courante des candidats (je suis membre d'une commission de spécialiste) : la qualité pédagogique du dossier rentre largement en compte aussi. On chercher à savoir si la personne a déjà et veut vraiment enseigner. Bref parfoi on se retrouve avec des vrais monstres intellectuels qui savent pas parler (ils passent en audition devant nous) et on imagine bien ce que ça peut donner dans un amphi d'une 100aine d'étudiants…

D'autre part il faut aussi que le candidat montre comment il peut s'intégrer/apporter du nouveau dans les équipes/labos de recherche existants. La politique scientifique de la fac est prise en compte : on ne prend pas un "bon candidat" tout court, il faut qu'il s'intègre dans les recherches ou les perspectives scientifiques du lieu.

Enfin, suivant les facs d'autres critères peuvent être pris en compte : mobilité internationale, alternance partique/théorie (du moins en info où on peut se retrouver face à des 100% matheux comme face à des 100% hackers avec tout ce qui se trouve au milieu)…

Honêtement je dois dire que la cooptation y joue un rôle beaucoup plus faible que ce que je croyais du temps où j'ai été recruté (je ne connaissais personnelement personne à Grenoble). D'ailleurs dans ma fac il y a des critères de mobilité (on ne recrute pas un thésard qui n'a jamais bougé de Grenoble) qui ont fait grincer des dents. Mais il est clair qu'un passage obligé minimum est de faire un séminaire dans un labo où on postule : bref il faut se faire connaître, et postuler au hasard sans prendre de contacts est une perte de temps… Mais c'est comme partout je pense.

Posté

En Belgique, ca se passe un peu différement. Tu passes 6ans comme assistants à faire une thèse. Si tu as fait une thèse correcte, ton dossier se voit attribuer un numéro.

Ensuite,on lance une grande roulette et si ton numéro sort tu restes pour toute ta vie dans ton unif. Ensuite une commission se réunit et cherche dans ton dossier des éléments qui permettent de justifier ta nomination.

Posté
  Schnappi a dit :
Ensuite,on lance une grande roulette et si ton numéro sort tu restes pour toute ta vie dans ton unif. Ensuite une commission se réunit et cherche dans ton dossier des éléments qui permettent de justifier ta nomination.

Remarque dans la grèce antique les juges étaient tirés au sort parmi les citoyens… un point de vue qui se défent : tout citoyen devrait être apte à comprendre la loi à laquelle il est soumis…cf les quelques milliers d'articles des différents codes. Et puis s'il faut un bac+12 en droit pour interpréter les textes de lois ça en dit long sur la déconexion entre le droit et les régléments et la confusion qui règne entre ces deux catégories juridiques.

Evidemment pour la qualité scientifique le tirage au sort est comment dire… aléatoire ?

Posté

Il va de soi que je plaisante. L'université n'est pas assez bien géré pour agir ainsi.

Appliquer ma procédure permettrait d'économiser bcp de temps et d'énergie sans affecter le résultat. Il est donc probable qu'elle ne sera jamais ne serait-ce que prise en considération.

Posté
  Schnappi a dit :
Il va de soi que je plaisante. L'université n'est pas assez bien géré pour agir ainsi.

Appliquer ma procédure permettrait d'économiser bcp de temps et d'énergie sans affecter le résultat. Il est donc probable qu'elle ne sera jamais ne serait-ce que prise en considération.

Plus sérieusement, comment çà se passe chez nous?

Posté

Sur le papier, une commission composée de gens plus haut gradés que le candidat évaluent les dossiers proposés et fait une proposition,habituellement suivie par toutes les commissions/conseils/assemblées qui suivent dans la procédure.

En pratique, il y a un fort effet de hasard pour la raison suivante.

Un poste est ouvert en Juin de l'année X et doit être attribué pour septembre de la même année. On prend donc le meilleur candidat disponible à ce moment-là. Tant pis s'il y avait un meilleur l'année précédente ou l'année suivante. Donc, on garde des caves en années creuses et on jette les bons exédentaires en années fastes.

C'est comme en surf, si tu rates le début de la vague, tu peux pas faire le rouleau aussi bon sois-tu.

Posté

Il me semble important de préciser que le recrutement dans les universités françaises se fait à un niveau local et non pas national - en tout cas une fois que la qualification est decernée au niveau national-. Cela permet certes les arrangements à l'amiable (candidats locaux, relations extra-professionelles entre recrutant et recruté), mais évite qu'un directeur de labo se retrouve avec une personne qu'il n'a jamais rencontré (quelle boite recrute sans faire se rencontrer le candidat avec les gens avec qui il travaillera !)

Posté
  gaelsendai a dit :
(quelle boite recrute sans faire se rencontrer le candidat avec les gens avec qui il travaillera !)

Ben… les administrations publiques. :icon_up:

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...