Dardanus Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Ce n'est en effet, pas le programme qui importe mais la manière dont le programme est traité. Le fait que l'enseignant ait une culture générale qu'il entretient régulièrement. Certains profs (une majorité ?) ne lisent jamais rien d'autre que les manuels et la presse (Le Monde et Libération, Télérama en gros).
Général Stugy Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Certains profs (une majorité ?) ne lisent jamais rien d'autre que les manuels et la presse (Le Monde et Libération, Télérama en gros). Rappelons que prof dans l'educnat est un sacerdoce. Bon d'accord y'a les vacances. Mais pour le reste, c'est pas Byzance. Pas de bureau. C'est quand même le seul patron qui oblige ses salariés à se payer eux-mêmes un PC, outil de travail indispensable. C'est vrai, y'en a 1 dans la salle des profs… Un vieux … Pour 30 profs … Qui sert une fois par trimestre pour rentrer les notes dans le système. Donc le bureau c'est la salle des profs. Super. On y cause (pour préparer la révolution et commenter la retraite de Zidane), on y fume aussi. L'espace de stockage c'est le famaux casier. On y met un ballon de foot au maximum. Certainement pas les oeuvres complètes de Bastiat. Lesquelles oeuvres ne sont pas au CDI (la bibliothèque en langage Educnat …). Ah le CDI ! Quel bonheur ! 3 bouquins qui se battent en duel sur les étagères. Faut dire le la documentaliste doit faire avec ses moyens, rares, pour répondre aux besoins de ses "clients" : les élèves (BD, magazines culturels, comme "jeune & jolie" et "motocross mag"), les profs de français et les collègues (qui lisent surtout l'équipe, en vrai). Alors, évidemment, le prof, il est pas fou, dès que ses heures de cours sont finies, il se sauve ! Il file chez lui, où il a 2 perspectives : - bosser dans son bureau, aménagé, à ses frais, dans son sous-sol, garni de bouquins pas tous offerts par les éditeurs (ouh la non !), et en veillant bien à conserver les factures au cas où l'administration fiscale lui chercherait des crosses car il est aux frais réels; - glander, s'occuper de sa maison, de ses enfants etc. Sachant que le système n'incite pas vraiment les profs à bien faire … Ceci n'excuse pas celà, c'est vrai. Mais il ne faut pas exiger des profs qu'ils soient de saints hommes (et saintes femmes dans une majorité des cas ). L'educnat, c'est décourageant des fois …
Le Clown Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Il ne faudrait pas oublier qu'il n'y a pas un enseignement des SES, mais autant d'enseignements que de profs. Et puis, je crois que si l'on s'intéresse vraiment, qu'on accepte de travailler un peu à côté, on peut faire des choses intéressantes. Je me rappelle avoir fait des tas de calculs sur l'investissement, avoir étudié le marché du travail à travers utilité-désutilité, la critique de Keynes par Friedman, les théorèmes classiques du commerce international …Pour l'histoire, ma prof était une bourdivine marxiste finie, mais elle faisait toujours l'effort de nous présenter correctement les théories libérales (encore une fois pour ceux qui faisaient le travail demandé, ce qui était une minorité de 2 ou 3 dans ma classe, y compris pour faire du Marx ou du Bourdieu) avant, bien sûr, de nous asséner les "réfutations". Le but de l'enseignement des SES au lycée n'est pas de former des économistes comme dans les grandes écoles ou à la fac, tout simplement parce que la plupart ne poursuivront pas dans l'économie, mais d'initier aux concepts de base revenu, épargne, investissement, marché … Je ne veux pas défendre à tout prix les SES, mais je ne les crois pas plus "pourries" que l'histoire ou même, bien pire mais pas pour des raisons "politiques", la philo. J'insiste que le problème ne vient pas tant des programmes que des professeurs et des manuels. Je suis d'accord avec ça. Tout dépend effectivement de l'enseignant, et d'ailleurs certains d'entre eux n'hésitent pas à prendre quelques libertés avec le programme "officiel". Moi-même, j'ai eu deux profs différents de SES en première et en terminal et je dois dire qu'ils m'ont tous les deux plutôt marqués (positivement) Leurs cours m'ont fait sérieusement m'intéresser aux sciences sociales et m'ont incité à poursuivre dans cette voie. Donc, effectivement, tout n'est pas à jeter. Mais comme le dit Dardanus, le problème c'est que certains profs ont une culture gé limité et que surtout, ils ne "s'actualisent" plus sur le plan académique. C'est d'ailleurs pour ça qu'existent les agrégations internes : permettre à des profs certifiés qui ne lisent plus la littérature "scientifique" de pouvoir évoluer en mettant en avant leur expérience "pédagogique". Je ne crois pas que cela soit l'approfondissement théorique qui soit lacunaire, c'est plutôt l'effort de synthèse. En sciences dures, en maths par exemple, on n'étudie jamais les écrits de Pythagore, d'Euclide, de Pascal, de Leibniz, de Bernstein, de Gallois, de Schwartz, de Dieudonné. On ne cherche pas à comprendre leur trajectoire intellectuelle, on ne cherche pas à faire l'exégèse de leurs écrits. On synthétise le tout sous la forme de manuels, de cours, de leçons, qui permettent d'acquérir, pour un domaine donné, un ensemble de savoir. Par exemple, en arithmétique, et plus spécifiquement dans le domaine des nombres premiers, on sait que c'est Euclide qui le premier a démontré qu'ils étaient en nombre infini. Plusieurs autres démonstrations sont arrivées après, dues à Euler, Kummer, etc… L'essentiel est que pour un cours sur les nombres premiers, on ne fait pas de l'histoire, on ne parle pas des travaux d'Euclide, d'Euler ou de Kummer, mais des nombres premiers. Il me semble que pour les sciences humaines, cette habitude de la synthèse et de la capitalisation des connaissances n'existe pour ainsi dire pas du tout du tout. Je me trompe? C'est possible, mais çela vient, à mon avis, de la différence même de nature entre les sciences humaines/sociales et les sciences naturelles. Et je suis assez d'accord avec la réponse d'Eti-n : il est effectivement très difficile de réaliser une synthèse entre les différents auteurs car leurs approches sont souvent incommensurables. La seule exception, c'est peut-être pour les travaux s'inscrivant dans la théorie néo-classique pure, mais comme ils ne s'ont pas enseignés en ses… Le truc, c'est que les sciences sociales ne "progressent" pas de la même façon que les sciences de la nature. Dans ces dernières, il me semble (qu'on me corrige si je me trompe) que les connaissances évoluent de manière relativement linéaire, avec quelquefois quelque "brusque" changement de paradigmes. Quoiqu'il en soit, en tout cas pour les connaisances de base, il n'y a pas plusieurs paradigmes cohabitant simultanément. L'évolution des sciences sociales est toute autre : il y a beaucoup de détours, voire de retour en arrière, de réinterprétation d'anciens écrits et il y a, même sur les questions de base, cohabitation entre plusieurs paradigmes incommensurables. D'où, d'une part, la difficulté à capitaliser et à synthétiser les connaissances, et d'autre part, la nécessité de faire au moins un peu d'histoire des idées.
alex6 Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Ceci n'excuse pas celà, c'est vrai. Mais il ne faut pas exiger des profs qu'ils soient de saints hommes (et saintes femmes dans une majorité des cas ). L'educnat, c'est décourageant des fois … La sainteté c'est effectivement beaucoup demander… Il y a par contre un minimum qui fait défaut à bons nombres de profs (expérience perso donc non exhaustive): - Humilité par rapport à son propre savoir (surtout dans les matières non bordées par un fort déterminisme, histoire, économie etc…) - Présentation des cours sous la forme la plus neutre possible (exit les partis pris idéologique) afin que les élèves puissent se faire eux-mêmes leur idée et trouver leur "vérité" Il reste un phénomène qui m'a toujours frappé lors de discussions avec des profs de mon proche entourage, c'est cette difficulté qu'ils ont à sortir de leur rôle d'enseignant infaillible/élèves et à ne pas reproduire systèmatiquement ce rapport de force lors de discussions "hors scolaire" A force de parler des heures à des élèves sans être contredit (me suis souvent fait sortir des cours pour cela…), ils doivent en arriver à être convaincu d'avoir raison dans l'absolu, d'ou une difficulté importante à se remettre en cause et donc à s'ouvrir aux thèses opposées. L'ouverture d'esprit est sans doute la qualité principale que doit possèder tout bon enseignant.
Largo Winch Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Ce n'est en effet, pas le programme qui importe mais la manière dont le programme est traité. Le fait que l'enseignant ait une culture générale qu'il entretient régulièrement. Certains profs (une majorité ?) ne lisent jamais rien d'autre que les manuels et la presse (Le Monde et Libération, Télérama en gros). Et bien, justement ! C'est l'existence même d'un programme qui permet à l'enseignant de se reposer sur ses lauriers. S'il n'y avait pas de programme hyper détaillé, et donc de manuels pré-mâchés qui suivent ce programme officiel, il serait bien obligé de se bouger le cul pour actualiser ses connaissances. Quant à la différence pédagogique entre les enseignants que tout le monde a l'air de louer ici, certes elle existe, mais elle me parait anecdotique au regard du carcan bureaucratique de l'EN : la liberté de l'enseignant reste fortement réduite, ne serait-ce que par la nature des exercices à donner aux élèves, exercices qui doivent être conformes à ce qui les attend à l'épreuve du bac.
Largo Winch Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Le but de l'enseignement des SES au lycée n'est pas de former des économistes comme dans les grandes écoles ou à la fac, tout simplement parce que la plupart ne poursuivront pas dans l'économie, mais d'initier aux concepts de base revenu, épargne, investissement, marché … Le problème est que ces concepts élémentaires ne sont même pas maîtrisés à la sortie du bac. Au lieu d'embrumer l'esprit des élèves de théories économiques, il serait bien préférable de concentrer l'enseignement sur les notions et les mécanismes élémentaires. Cela donnerait certes un cours essentiellement descriptif, mais au moins les élèves connaîtraient les notions de base, dont ils comprendraient enfin le sens, utiles pour la vie de tous les jours. J'en fais l'expérience chaque année : les bacheliers SES sont capables de sortir par coeur des choses totalement inutiles comme les conditions de la concurrence pure et parfaite, le principe de la demande effective, etc., mais incapables d'expliquer la différence entre une action et une obligation, de définir correctement le concept de rentabilité, de comprendre ce qu'est l'investissement, d'expliquer comment fonctionne le budget de l'Etat et des collectivité locales, etc. Si, comme tu le dis, le but de l'enseignement des SES au lycée n'est pas de former des économistes, alors arrêtons de les initier (de mauvaise façon) aux théories économiques.
Le Clown Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Le problème est que ces concepts élémentaires ne sont même pas maîtrisés à la sortie du bac.Au lieu d'embrumer l'esprit des élèves de théories économiques, il serait bien préférable de concentrer l'enseignement sur les notions et les mécanismes élémentaires. Cela donnerait certes un cours essentiellement descriptif, mais au moins les élèves connaîtraient les notions de base, dont ils comprendraient enfin le sens, utiles pour la vie de tous les jours. J'en fais l'expérience chaque année : les bacheliers SES sont capables de sortir par coeur des choses totalement inutiles comme les conditions de la concurrence pure et parfaite, le principe de la demande effective, etc., mais incapables d'expliquer la différence entre une action et une obligation, de définir correctement le concept de rentabilité, de comprendre ce qu'est l'investissement, d'expliquer comment fonctionne le budget de l'Etat et des collectivité locales, etc. Si, comme tu le dis, le but de l'enseignement des SES au lycée n'est pas de former des économistes, alors arrêtons de les initier (de mauvaise façon) aux théories économiques. Je suis d'accord avec ça mais ça pose alors un problème de cohérence entre ce qui est enseigné au lycée et à la fac. L'enseignement à la fac est à dominante théorique : on enseigne des théories, des concepts et leur articulation. A l'inverse, le support "empirique" est quasiment absent. On peut le regretter mais c'est comme ça. En revanche, j'ai quand même le souvenir d'avoir appris au lycée certains "mécanismes élémentaires" qui précisément ne sont pas enseignés à proprement parler à la fac. Donc, pour moi, les SES au lycée sont déjà une matière essentiellement descriptive, le problème n'est pas là je pense. En fait le souci est qu'il y a deux publics qui suivent les cours de SES : ceux qui feront des études supérieures en sciences sociales (éco-gestion, AES, socio, à la fac ou en école) et ceux qui feront autre chose (BTS, DUT, ou d'autres études universitaires). Pour les premiers, les SES ne sont pas assez théoriques, trop descriptives, trop superficielles, d'où le choc quand ces élèves deviennent étudiant en économie. Pour les seconds, c'est peut être l'inverse : la matière gagnerait à être plus orientée "pratique" et description des mécanismes de base. Mais on a alors à faire à deux cours totalement différents. Au final, la matière ne convient véritablement à personne…
Nick de Cusa Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 un collègue américain me racontait récemment comment ses deux fils, au collège (au sens français du mot) ont participé à un concours de Marketing, et un des deux avait eu un super résultat et s'apprétait à se rendre à un concours national à Dallas. Je pleure pour les collégiens et les lycéens Français. Ils n'ont aucune idée de la concurrence enthousiaste, curieuse et ambitieuse qui se prépare dans le monde entier pendant qu'ils rêvent juste de devenir indéboulonnables.
Sarvok Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Petit temoignage : lecture d'un livre de Philosophie => Avant l'unique texte de hayek du livre : […]Selon le philosophe ultra-libéral Friedrich August von Hayek, la démocratie risque de devenir une sorte de dictature si elle suit cette deuxième voie. Biographies : c. la philosophie sociale "libérale" [j'insiste sur le fait que les guillemets sont présents dans le livre][…] Tocqueville Homme politique et historien français.Originaire d'une famille ultra-royaliste, il est élu députée en 1839, puis membres de l'Assemblée constituante en 1848.[…] John Stuart Mill […]ce qui donne à son libéralisme politique une coloration sociale … par contre recherchez à Karl Marx, Engel… et vous trouverez des il a véccu dans la misère… C'est pas moi qui rêve : les adjectifs qualifiants les libéraux, la présence des guillemet à social libéral montre bien que ce livre est loin d'être objectif, n'est ce pas ? Il a été édité par Hatier.
Largo Winch Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Je suis d'accord avec ça mais ça pose alors un problème de cohérence entre ce qui est enseigné au lycée et à la fac. L'enseignement à la fac est à dominante théorique : on enseigne des théories, des concepts et leur articulation. A l'inverse, le support "empirique" est quasiment absent. On peut le regretter mais c'est comme ça. Je ne vois pas d'incohérence. Au contraire même ! Laissons enseigner la théorie par ceux qui ont de véritables connaissances pointues sur la question. Tandis que le secondaire devrait s'efforcer de donner des notions empiriques solides sans s'éparpiller dans la vulgarisation théorique (théories tellement vulgarisées qu'elles n'ont plus de sens). Si les étudiants avaient justement bénéficié aux lycées de connaissances empiriques solides, alors les théories enseignées à la Fac auraient immédiatement du sens pour eux. Par exemple, comment un étudiant peut-il porter un regard critique sur la théorie marxiste des classes qui oppose capitalistes et prolétaires, s'il ne sait pas concrètement -- c'est-à-dire de façon factuelle, sans détour théorique -- ce que signifie "être actionnaire" ? De plus, tu le disais toi-même précédemment, il me semble : une grande partie des enseignants du secondaire ne font pas l'effort d'actualiser leurs compétences et ne s'intéressent pas à l'évolution des connaissances scientifiques dans leur discipline. Comment, dans ces conditions, prétendre enseigner des théories sans s'informer régulièrement de ce que produit la recherche, c'est-à-dire en se coupant de ce qui permet d'avoir le recul nécessaire et la mise en question permanente des connaissances transmises ? Bref, on finit pas faire tout et n'importe quoi : d'un côté, on demande de plus en plus aux enseignants du supérieur de faire des cours "pratiques" (les "licences professionnelles" sont, à cet égard, une catastrophe), ce qu'ils ne savent pas faire et ce qui n'a, de toute façon, aucun sens puisque la "pratique" se développe en situation professionnelle (autant donc arrêter les études et se faire directement embaucher) ; d'un autre côté, au lycée, on prétend donner un bagage théorique à des élèves qui ont une très faible connaissance des données factuelles (c'est sans intérêt puisque ces théories ne feront pas "sens" pour eux) avec un personnel enseignant qui possède des connaissances théoriques minimales. On marche totalement sur la tête. En fait le souci est qu'il y a deux publics qui suivent les cours de SES : ceux qui feront des études supérieures en sciences sociales (éco-gestion, AES, socio, à la fac ou en école) et ceux qui feront autre chose (BTS, DUT, ou d'autres études universitaires). Pour les premiers, les SES ne sont pas assez théoriques, trop descriptives, trop superficielles, d'où le choc quand ces élèves deviennent étudiant en économie. Pour les seconds, c'est peut être l'inverse : la matière gagnerait à être plus orientée "pratique" et description des mécanismes de base. Mais on a alors à faire à deux cours totalement différents. Au final, la matière ne convient véritablement à personne… Je pense qu'ici tu fais une confusion entre connaître des théories et être capable d'abstraction. J'enseigne aux deux publics que tu as identifiés (en IAE et en IUT de gestion) et, à mon avis, ces deux publics sont confrontés à la même difficulté : leur faible capacité à raisonner de façon abstraite et structurée.Au lieu d'entraîner les lycéens à la mémorisation (le bachotage), on ferait mieux de les entraîner à la réflexion et à l'abstraction. Et il n'est pas nécessaire pour cela de passer par l'apprentissage par coeur de théories. Enseigner des méthodes pour traiter des problèmes concrets (par exemple, les problèmes que vit quotidiennement un épicier dans son activité) préparerait beaucoup mieux les lycéens à leurs futures études supérieures.
Etienne Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 L'évolution des sciences sociales est toute autre : il y a beaucoup de détours, voire de retour en arrière, de réinterprétation d'anciens écrits et il y a, même sur les questions de base, cohabitation entre plusieurs paradigmes incommensurables. D'où, d'une part, la difficulté à capitaliser et à synthétiser les connaissances, et d'autre part, la nécessité de faire au moins un peu d'histoire des idées. Je pensais à une bonne image pour différencier les sciences sociales des sciences naturelles. Dans les sciences naturelles, les seuls moments complexes à gérer pour l'enseignement correspondent aux changements de paradigmes (par ex., entre le paradigme newtonien et la relativité), alors que, dans les sciences naturelles, l'enseignant doit rendre compte d'une multitude de paradigmes, comme s'il devait enseigner à la fois le géocentrisme et l'héliocentrisme, la mécanique classique et quantique, etc., sans pouvoir trancher. La seule manière de présenter une synthèse, comme le demande Chitah, peut constituer dans l'élaboration de systèmes cohérents ; néanmoins, le problème dans ces cas est que l'on prend nécessairement parti en rejetant certaines approches au profil d'autres, ce qui n'est pas, à proprement parler, l'objet d'une science wertfrei… @ Sarvok : J'avais le même livre de philosophie l'année dernière, il est dans l'ensemble plutôt mauvais, d'ailleurs… Cependant, malgré le préfixe "ultra", le texte de Hayek est loin d'être si polémique que celà et le choix de ce passage-là ne témoigne pas d'une volonté de le diaboliser.
von Hayek Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Je ne vois pas d'incohérence. Au contraire même ! Laissons enseigner la théorie par ceux qui ont de véritables connaissances pointues sur la question. Tandis que le secondaire devrait s'efforcer de donner des notions empiriques solides sans s'éparpiller dans la vulgarisation théorique (théories tellement vulgarisées qu'elles n'ont plus de sens). Si les étudiants avaient justement bénéficié aux lycées de connaissances empiriques solides, alors les théories enseignées à la Fac auraient immédiatement du sens pour eux. Par exemple, comment un étudiant peut-il porter un regard critique sur la théorie marxiste des classes qui oppose capitalistes et prolétaires, s'il ne sait pas concrètement -- c'est-à-dire de façon factuelle, sans détour théorique -- ce que signifie "être actionnaire" ? De plus, tu le disais toi-même précédemment, il me semble : une grande partie des enseignants du secondaire ne font pas l'effort d'actualiser leurs compétences et ne s'intéressent pas à l'évolution des connaissances scientifiques dans leur discipline. Comment, dans ces conditions, prétendre enseigner des théories sans s'informer régulièrement de ce que produit la recherche, c'est-à-dire en se coupant de ce qui permet d'avoir le recul nécessaire et la mise en question permanente des connaissances transmises ? Bref, on finit pas faire tout et n'importe quoi : d'un côté, on demande de plus en plus aux enseignants du supérieur de faire des cours "pratiques" (les "licences professionnelles" sont, à cet égard, une catastrophe), ce qu'ils ne savent pas faire et ce qui n'a, de toute façon, aucun sens puisque la "pratique" se développe en situation professionnelle (autant donc arrêter les études et se faire directement embaucher) ; d'un autre côté, au lycée, on prétend donner un bagage théorique à des élèves qui ont une très faible connaissance des données factuelles (c'est sans intérêt puisque ces théories ne feront pas "sens" pour eux) avec un personnel enseignant qui possède des connaissances théoriques minimales. On marche totalement sur la tête. Je pense qu'ici tu fais une confusion entre connaître des théories et être capable d'abstraction. J'enseigne aux deux publics que tu as identifiés (en IAE et en IUT de gestion) et, à mon avis, ces deux publics sont confrontés à la même difficulté : leur faible capacité à raisonner de façon abstraite et structurée. Au lieu d'entraîner les lycéens à la mémorisation (le bachotage), on ferait mieux de les entraîner à la réflexion et à l'abstraction. Et il n'est pas nécessaire pour cela de passer par l'apprentissage par coeur de théories. Enseigner des méthodes pour traiter des problèmes concrets (par exemple, les problèmes que vit quotidiennement un épicier dans son activité) préparerait beaucoup mieux les lycéens à leurs futures études supérieures. Tout à fait d'accord avec toi. D'ailleurs l'an dernier lorsque j'étais en terminale ES, nombreux étaient ceux de ma classe qui passait des heures à apprendre par coeur leurs cours, et toutes les théories, mais sans en comprendre les mécanismes et en étant incapable de le rattacher à quelque chose de concret. Alors que pourtant cinq minutes pouvaient suffir. Le problème est que le lycée et le bac n'est plus assez séléctif. Ainsi des personnes pourtant totalement dénuées de logique, d'esprit d'analyse et de synthèse, ainsi que de capacité d'abstraction parvienne à obtenir le bac en bachotant énormément alors qu'il ne devrait jamais l'avoir. Les conséquences sont évidentes : - Inflation du bac qui ne vaut plus rien - Surcharge d'effectif en première année d'enseignement supérieur qui conduit à de nombreux échecs - Aucun détachement par rapport à ce qui est dit dans les manuels scolaires ( notamment par rapport aux termes employés pour désigner les auteurs libéraux et a contrario marxistes comme nous le montre Sarvok ) qui entraine une haine du "libéralisme" ( essentiellement la conséquence d'une vision biaisée de ce qu'est le libéralisme).
Général Stugy Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Enseigner l'économie ! Maman, qu'ai-je fait là ! J'aurai dû faire prof de maths, l'actualité est moins remuante dans cette partie … Vous avez idée du paquet d'heures qu'il faut pour préparer un cours d'éco "up to date" basé sur des faits récents ? Un prof de sciences humaines doit autant d'heures que les autres et vous savez comme moi que la ressource rare par excellence est le temps ! Pour le coup il est facile pour les socialos-communistes de contrôler la situation, il suffit de surveiller la conception des indispensables manuels. Et d'abonner tout le monde à Alternatives Economiques …
Chitah Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Enseigner l'économie ! Maman, qu'ai-je fait là ! J'aurai dû faire prof de maths, l'actualité est moins remuante dans cette partie …Vous avez idée du paquet d'heures qu'il faut pour préparer un cours d'éco "up to date" basé sur des faits récents ? Un prof de sciences humaines doit autant d'heures que les autres et vous savez comme moi que la ressource rare par excellence est le temps ! Pour le coup il est facile pour les socialos-communistes de contrôler la situation, il suffit de surveiller la conception des indispensables manuels. Et d'abonner tout le monde à Alternatives Economiques … Attention, personne ne demande aux profs d'éco de refaire tout un cours pour expliquer la débâcle de l'Argentine, la hausse du prix du pétrole après la guerre du golfe seconde édition (avec les tensions avec l'Iran, la révolte au Nigéria, la saison des ouragans qui commence au Mexique, etc…) puisque des exemples historiques existent déjà. Pourquoi faire un cours sur la bulle Internet alors que le cas des bulbes de Tulipe en Hollande existe déjà, le cas du sur-investissement dans le rail au 19eme aussi, ainsi que pleins d'autres cas de bulles?
Mobius Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Pour rappel, en SES, les économistes abordés en Terminale sont les suivants: Smith, Ricardo, Marx, Keynes, et un peu Schumpeter. je me souviens que j'avais passé un cours avec des potes à réécrire les paroles d'un générique de Bernard minet pour en faire "Keynes, le survivant" j'essayerais de retrouver les paroles…
Mobius Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 oh coupe taux, plutot il fait exploser la croissance en dépensant sur les points vitaux
DiabloSwing Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Il fait saigner les budgets, et ça c'est gore quand même !
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