Aller au contenu

Pourquoi Je Ne Crois Pas En La Flat Tax


Ronnie Hayek

Messages recommandés

Posté

Beaucoup de libéraux considèrent que l'instauration d'une flat tax constituerait un réel progrès. Pour ma part, je n'en suis pas si certain. Car, d'abord, cette proposition sert surtout à faire rentrer plus d'argent dans les caisses de l'Etat (dans le même ordre d'idées que la trop célèbre courbe de Laffer). Or c'est le contraire qui devrait se produire. Ensuite, l'uniformisation de l'impôt conduirait à supprimer les déductions fiscales, qui permettent au citoyen de conserver un peu de son argent.

A ce propos, voici une recension critique d'un bouquin de Steve Forbes favorable à la flat tax:

http://www.mises.org/story/2112

Posté

Tout d'abord, je crois que ce problème illustre la difficulté pour les libéraux (comme pour n'importe quelles autres personnes visant un profond changement social) de trouver des propositions de transition vers leur but, même lorsque celui-ci est clairement conceptualisé. Il n'est en effet pas du tout évident qu'une "flat tax" soit la panacée.

Au delà des difficultés que ce genre d'exercice suppose en général, il y a quelque chose de curieux dans cet engouement particulier des libéraux pour la "flat tax". Un argument standard de l'école dite du "public choice" est tenu pour évident dans les cercles libéraux au fait de leur héritage intellectuel: plus le financement de privilèges obtenu par des groupes de pression est réparti dans la population, plus la résistance des contributeurs est affaiblie. Autrement dit, plus les coûts sont diffus, moins la tendance à l'expansion du budget de l'Etat est limitée. Or, c'est précisément ce que doit faire le passage à une flat tax, puisqu'il implique d'élargir l'assiette de la taxation. Il est donc curieux que la plupart des "think-tanks libéraux" prônent avec enthousiasme la flat tax.

Cf. cet article de Sheldon Richman et Roy Cordato tiré d'un vieux numéro du Journal of Libertarian Studies http://www.mises.org/journals/jls/8_1/8_1_6.pdf

A mon avis, la confusion chez les libéraux provient de l'observation de ce qui se passe dans les pays qui ont quelque chose ressemblant à une flat tax. Les taux sont bas par rapport à ce qu'on observe "chez nous", si bien qu'un lien de cause à effet est supposé entre "flat tax" et une imposition modérée (relativement).

Mais premièrement "flat tax" ne veut pas dire faibles impôts mais "taxe proportionnelle à taux unique sur tous les revenus" (dans la version la plus pure, il faut inventer un équivalent monétaire à des revenus non-monétaires, ce que les économistes aiment bien faire, pour s'assurer que toute activité est bien taxée de la même manière). On peut bien avoir un taux unique avec l'assiette la plus large possible dans un pays et une imposition très progressive dans un autre pays avec une assiette plus étroite, sans qu'il soit exclut que tout contribuable net paie plus dans le premier que le second.

Et surtout, quel que soit le point de départ, l'argument classique du "public choice" indique que la "dynamique" de la flat tax implique moins de freins à l'expansion de l'activité étatique qu'autrement.

Bref, si l'imposition est globalement plus modérée dans les pays à flat tax, ça ne serait pas grâce à mais malgré la flat tax.

Moralité: en prônant chez nous la flat tax pour avoir une imposition plus faible plutôt que de prôner simplement la baisse des impôts, on risque de gagner la flat tax sans la baisse globale des impôts, c'est-à-dire finalement d'aider les gouvernements à instaurer un système fiscal plus efficace, du point de vue de la collecte (je ne serais pas étonné que l'introduction d'une quasi-flat tax en Russie ait eu quelque chose à voir avec les difficultés que le gouvernement avait à prélever l'impôt, la flat tax simplifiant vraisemblablement la tâche).

Posté

Simple question : la progressivité de l'impôt n'est-elle pas autrement plus destructrice qu'un impôt du type flat tax ?

Posté

Merci de ta réponse très complète, cher Xara.

Je suis heureux de constater que mes intuitions ne sont donc pas infondées. Pour corroborer ton propos, je suis souvent frappé par l'invocation de la plus grande transparence bureaucratique pour justifier la flat tax. Mais ses défenseurs omettent de préciser que si "transparence" il advenait, elle serait au bénéfice de l'administration fiscale et au détriment du contribuable !

Je crois que l'argument central, devant être dit et répété inlassablement auprès des libéraux, est celui-ci:

Un argument standard de l'école dite du "public choice" est tenu pour évident dans les cercles libéraux au fait de leur héritage intellectuel: plus le financement de privilèges obtenu par des groupes de pression est réparti dans la population, plus la résistance des contributeurs est affaiblie. Autrement dit, plus les coûts sont diffus, moins la tendance à l'expansion du budget de l'Etat est limitée. Or, c'est précisément ce que doit faire le passage à une flat tax, puisqu'il implique d'élargir l'assiette de la taxation. Il est donc curieux que la plupart des "think-tanks libéraux" prônent avec enthousiasme la flat tax.
Posté
Simple question : la progressivité de l'impôt n'est-elle pas autrement plus destructrice qu'un impôt du type flat tax ?

Si j'ai fait allusion à un impôt progressif plus haut, c'était justement pour dire qu'il y a des critères plus importants que le degré de progressivité pour juger des déprédations de la fiscalité, comme le "niveau général" d'imposition. Je crois que c'est le moment de citer Rothbard:

While the progressive principle is certainly highly destructive of the market, most conservative, pro-free-market economists tend to overweigh its effects and to underweigh the destructive effects of proportional taxation. Proportional income taxation has many of the same consequences, and therefore the level of income taxa­tion is generally more important for the market than the degree of progressivity. Thus, society A may have a proportional income tax requiring every man to pay 50 percent of his income; society B may have a very steeply progressive tax requiring a poor man to pay 1/4 percent and the richest man 10 percent of his income. The rich man will certainly prefer society B, even though the tax is progressive—dem­onstrating that it is not so much the progressivity as the height of his tax that burdens the rich man.

Incidentally, the poor producer, with a lower tax upon him, will also prefer society B. This demonstrates the fallacy in the common conservative complaint against progressive taxation that it is a means “for the poor to rob the rich.” For both the poor man and the rich man have, in our example, chosen progression! The reason is that the “poor” do not “rob the rich” under progressive taxation. Instead, it is the State that “robs” both through taxation, whether proportional or progressive.

(http://www.mises.org/rothbard/mes/chap12c.asp)

Posté

Ce n'est pas la première fois que je vois Ronnie être contre la flat tax.

Qu'elle ne soit pas la panacée pour tous, pourquoi pas, mais ce serait bien souvent à cause de sa mise en œuvre imparfaite.

Mais pae contre il me semble que les libéraux devraient au moins s'entendre de la soutenir sur ses avantages marquants que sont l'égalité de tous devant l'impôt et sa facilité de perception qui permet de facto - dans la mesure où bien sur, on va au bout de sa logique - de diviser par 10 le nombre des fonctionnaires du Trésor chargés de sa collecte. Donc moins d'état et de pression fiscale mécaniquement.

Si dans le même temps les aides "sociales" étatiques étaient distribuées par une seule et unique administration, cela non seulement éviterait aussi les escroqueries dont il est question actuellement, mais serait plus juste, diminuerait là encore le personnel de l'état, donc nos impôts et rejoindrait la finalité de la lutte libérale.

Il semble à chaque fois que j'entends les libéraux en débattre, que ces points - pourtant capitaux - ne semblent pas être abordés et la barrière psychologique - non dite bien souvent - est soit la question de savoir ce que l'on fait de ces milliers de fonctionnaires devenant sans travail ou alors au mieux on ne les prend pas en compte dans les économies de cet impôt et de ce fait il n'y a plus la même pertinence.

Sauf erreur de ma part, quand Margaret Thatcher a supprimé le contrôle des prix en GB, le même jour elle a supprimé l'emploi de milliers de fonctionnaires et vendu les immeubles où ils travaillaient. Y a-t-il d'autres moyens d'actions quand on veut "véritablement" changer les choses. Certains et l'Histoire nous l'a montré ont brulé leurs vaisseaux de façon à ce que le retour en arrière impossible rende la marche en avant inéluctable. En France, en particulier il ne me semble pas y avoir d'autres chemins.

Posté

Il n'y a pas de relation logique entre instauration de la flat tax et suppression de postes de fonctionnaires. D'autant plus que l'argent collecté permettrait d'en recruter encore plus !

Posté
Si j'ai fait allusion à un impôt progressif plus haut, c'était justement pour dire qu'il y a des critères plus importants que le degré de progressivité pour juger des déprédations de la fiscalité, comme le "niveau général" d'imposition. […]

(http://www.mises.org/rothbard/mes/chap12c.asp)

On ne peut qu'être d'accord avec Rothbard lorsqu'il précise que le niveau général d'imposition est plus important que la progressivité. Je ne vois pas, néanmoins, le problème qu'il peut y avoir à défendre à la fois une baisse du niveau général d'imposition ainsi que la flat tax (d'autant plus que la flat tax, à mon sens, incite plutôt à maintenir un taux d'imposition relativement bas, des taux de 50% étant inacceptables pour les plus défavorisés…)

Quant au problème relatif à la plus grande efficacité de la flat tax, même pour un anarcho-capitaliste partisan de la stratégie du pire, je n'y vois pas d'inconvénients : 1) il me semble qu'il est préférable de payer un impôt "sûr" plutôt que de devoir jouer au chat et à la souris avec l'Etat 2) en principe, seul un gouvernement libéral - au moins économiquement - pourrait faire passer un impôt du type flat tax, les interventionnistes étant attachés au principe de proportionnalité.

Posté

Bon, j'avoue avoir eu la flemme de lire les gros paragraphes, et je vais faire court :

  • Les niches fiscales sont de l'interventionnisme ; la flax tax est "neutre" si on applique le même taux partout
  • La flat tax permet de voir combien l'Etat prend réellement, combien de gens en France connaissent le montant réel de tous les impôts qu'ils subissent ?
  • C'est la disparition des taxes progressives qui sont la pour "punir les riches"
  • Ca économise les heures (qu'on aurait pu consacrer à autre chose) qu'on passe habituellement à remplir ses impôts (réduction de l'esclavage étatique), et ça économise aussi des fonctionnaires

Posté
Je ne vois pas, néanmoins, le problème qu'il peut y avoir à défendre à la fois une baisse du niveau général d'imposition ainsi que la flat tax (d'autant plus que la flat tax, à mon sens, incite plutôt à maintenir un taux d'imposition relativement bas, des taux de 50% étant innaceptables pour les plus défavorisés…)

Le principal point que j'ai soulevé, la différence décisive d'une flat tax par rapport aux autres systèmes, traitait justement d'incitations, me semble-t-il. L'idée était précisément que la flat tax n'incite pas à maintenir une faible imposition (à supposer qu'on parte de là). Je te renvoie à mon post initial et surtout au lien que j'ai posté.

Posté
Le principal point que j'ai soulevé, la différence décisive d'une flat tax par rapport aux autres systèmes, traitait justement d'incitations, me semble-t-il. L'idée était précisément que la flat tax n'incite pas à maintenir une faible imposition (à supposer qu'on parte de là). Je te renvoie à mon post initial et surtout au lien que j'ai posté.
Cela peut dépendre de certaines modalités. Si l'on fait une flat tax avec paiement mensuel à la source par exemple, je suis tout à fait d'accord. Il me semble cependant que si la flat tax était payée annuellement, psychologiquement, ce n'est pas la même affaire : de ma propre expérience, à une époque où j'étais travailleur indépendant, le fait de "sortir" l'argent précédemment encaissé provoque une résistance psychologique aux taxes. Par ailleurs, un effet de la flat tax serait peut-être, comme Toast l'a rappelé précédemment, de limiter les impôts à ce que les pauvres peuvent payer sans se révolter.
Posté
Par ailleurs, un effet de la flat tax serait peut-être de limiter les impôts à ce que les pauvres peuvent payer sans se révolter.

C'est bien à quoi je faisais allusion lorsque je disais que la flat tax incite à ne pas fixer un taux d'imposition trop élevé. L'hypothèse d'une flat tax à 50% comme le suppose Rothbard est irréaliste.

Posté
C'est bien à quoi je faisais allusion lorsque je disais que la flat tax incite à ne pas fixer un taux d'imposition trop élevé. L'hypothèse d'une flat tax à 50% comme le suppose Rothbard est irréaliste.

Je suis également favorable à la Flat Tax: cela permettrait d'éviter certaines clientèles électorales, celles qui demandent toujours une augmentation des impôts, ceux d'autrui bien évidemment.

On pourrait ajouter une dose de proportionnelle volontaire, pour la même catégorie de gens précitée, celle toujours prompte à demander une augmentation des taxes…

Cela dit, l'argument de RH tient la route: une flat tax étant fiscalement plus efficace qu'un impôt progressif, il y a fort à parier que les dépenses repartiraient à la hausse et que les clientèles électorales défaites par l'impôt universel qu'est la flat tax, se reconstituent par le biais de "redistributions".

Peut-être faudrait il fixer un budget maxi qui irait en décroissant d'année en année. Le surplus fiscal éventuel allant au remboursement de la dette?

Posté
Cela dit, l'argument de RH tient la route: une flat tax étant fiscalement plus efficace qu'un impôt progressif, il y a fort à parier que les dépenses repartiraient à la hausse et que les clientèles électorales défaites par l'impôt universel qu'est la flat tax, se reconstituent par le biais de "redistributions".

D'où l'idée de "revenu universel" :icon_up:.

Posté
Cela dit, l'argument de RH tient la route: une flat tax étant fiscalement plus efficace qu'un impôt progressif, il y a fort à parier que les dépenses repartiraient à la hausse et que les clientèles électorales défaites par l'impôt universel qu'est la flat tax, se reconstituent par le biais de "redistributions".

C'est fort possible, mais cette situation est même préférable à celle que l'on connait aujourd'hui. Entre payer un impôt relativement faible mais qui sert à quelque chose (bien que le marché fasse mieux dans tous les cas) et payer un impôt relativement élevé pour un résultat proche de zéro, j'ai vite fait mon choix.

Bien entendu, l'idéal (en dehors du zéro impôts) est à la fois un taux d'imposition faible (principalement) et peu ou non progressif (secondairement), cela va de soi.

Posté
Si l'on fait une flat tax avec paiement mensuel à la source par exemple, je suis tout à fait d'accord. Il me semble cependant que si la flat tax était payée annuellement, psychologiquement, ce n'est pas la même affaire : de ma propre expérience, à une époque où j'étais travailleur indépendant, le fait de "sortir" l'argent précédemment encaissé provoque une résistance psychologique aux taxes.

Il me semble que c'est une variation sur le même problème d'une résistance plus ou moins forte aux taxes. Tu pointes du doigt un autre exemple des pièges de la réforme fiscale que je pourrais résumer ainsi: "Attention à la simplification!" Ca peut en effet être une façon de rendre moins visible l'impôt et donc de diminuer la résistance des contribuables ou, pour employer une terminologie marxiste, leur "conscience de classe".

Cependant, je ne vois pas que cela ait spécialement quelque chose à voir avec la flat tax. Le prélèvement à la source peut s'appliquer avec ou sans flat tax.

Posté
Tout d'abord, je crois que ce problème illustre la difficulté pour les libéraux (comme pour n'importe quelles autres personnes visant un profond changement social) de trouver des propositions de transition vers leur but, même lorsque celui-ci est clairement conceptualisé. Il n'est en effet pas du tout évident qu'une "flat tax" soit la panacée.

Je suis d'accord, cela reste à discuter, l'objectif est la diminution de l'impot, et même la suppression de l'impot.

Reste à déterminer comment, et quand, on va pouvoir accomplir ce but.

Certains disent que la trajectoire à adopter passe par la flat tax. Je n'ai pas de religion sur le sujet, mais de grâce, ne nous replions pas sur un débat concernant l'étape numéro 233949 avant d'avoir parlé de l'étape 1, et de l'étape 2, et de l'étape 3, etc….

Moralité: en prônant chez nous la flat tax pour avoir une imposition plus faible plutôt que de prôner simplement la baisse des impôts, on risque de gagner la flat tax sans la baisse globale des impôts, c'est-à-dire finalement d'aider les gouvernements à instaurer un système fiscal plus efficace, du point de vue de la collecte (je ne serais pas étonné que l'introduction d'une quasi-flat tax en Russie ait eu quelque chose à voir avec les difficultés que le gouvernement avait à prélever l'impôt, la flat tax simplifiant vraisemblablement la tâche).

Certes, mais simplifier la tâche du gouvernement revient à diminuer le coût de collecte, ce qui signifie in fine la diminution du nombre de collecteurs, et donc la diminution du nombre de fonctionnaires, ce qui signifie enfin la baisse de certaines dépenses de l'Etat.

Encore une fois, je n'ai pas de religion sur le sujet.

Cela dit, l'argument de RH tient la route: une flat tax étant fiscalement plus efficace qu'un impôt progressif, il y a fort à parier que les dépenses repartiraient à la hausse et que les clientèles électorales défaites par l'impôt universel qu'est la flat tax, se reconstituent par le biais de "redistributions".

Peut-être faudrait il fixer un budget maxi qui irait en décroissant d'année en année. Le surplus fiscal éventuel allant au remboursement de la dette?

Excellent!

Une telle disposition serait tout à fait claire : tout surplus de productivité de l'administration fiscale devra être envoyé directement à la baisse générale des impots, ou au remboursement de la dette, certainement pas à l'accroissement de telle ou telle dépense.

D'un point de vue législatif, c'est très facile à faire, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, la direction du budget de Bercy ne serait pas si défavorable que cela à la baisse des budgets des différents ministeres gourmands en dotations, tel le ministere de l'éducation nationale, de la culture, etc….

Cependant, je ne vois pas que cela ait spécialement quelque chose à voir avec la flat tax. Le prélèvement à la source peut s'appliquer avec ou sans flat tax.

Cela ne s'applique qu'à ceux, très nombreux il est vrai, qui n'ont qu'une seule source de revenus. Des que tu en as deux, cela devient impossible vu la progressivité de l'impot.

Si tu gagnes 10000€ par an en loyer parce que tu loues ta résidence secondaire, comment savoir si tu gagnes 10, 20, ou 60 k€ par ailleurs en tant que salaire. Ca conduit directement à une usine à gaz avec prelevements préemptifs et remboursements correspondants…

Posté
Cependant, je ne vois pas que cela ait spécialement quelque chose à voir avec la flat tax. Le prélèvement à la source peut s'appliquer avec ou sans flat tax.

Par exemple : en Belgique, il y a prélèvement à la source, sans flat tax.

Posté
Par exemple : en Belgique, il y a prélèvement à la source, sans flat tax.

Tiens donc?

Mais l'impot est progressif en Belgique, non? Comment font-ils pour retomber sur leurs pieds si tu as deux salaires par exemple? Tu dois donner un complément en fin d'année?

Posté
Tiens donc?

Mais l'impot est progressif en Belgique, non? Comment font-ils pour retomber sur leurs pieds si tu as deux salaires par exemple? Tu dois donner un complément en fin d'année?

En général, quelqu'un qui fait des mi-temps payera moins à la source, mais sera en principe plus imposé en fin d'exercice.

Posté
En gros, quelqu'un qui fait des mi-temps paye moins à la source, mais sera plus imposé en fin d'exercice.

OK, alors je retire ce que j'ai dit, l'imposition à la source est donc bien neutre vis à vis du caractère progressif ou "flat" de la taxe dont on parle.

Posté

Moi j'ai la solution. Une flat tax non proportionnelle, mais à valeur unique.

1 euro symbolique.

Pour l'apport tout aussi symbolique de l'Etat aux individus. :icon_up:

Posté
Cependant, je ne vois pas que cela ait spécialement quelque chose à voir avec la flat tax. Le prélèvement à la source peut s'appliquer avec ou sans flat tax.
Oui, c'est tout à fait exact.

Le but de mon message était en fait simplement d'attirer l'attention sur le fait que pour juger de l'évolution d'un système fiscal et des nouvelles résistances qu'elle induit peut-être, il convient de juger ce sytème globablement : la répartition de la charge fiscale est un critère parmi d'autres, le taux de taxation et le rythme ainsi que les modalités des paiements venant évidemment immédiatement à l'esprit.

Si je devais donner un avis plus développé sur ce type de taxe : la flat tax n'est effectivement pas une solution suffisante en elle-même et un certain nombre de ses inconvénients politiques ne peuvent être niés. Il me semble cependant possible de l'inscrire dans une évolution du contexte fiscal où le point que tu soulèves est contrebalancé par le fait que l'on paye cette taxe annuellement et qu'elle remplacerait par exemple la TVA (que l'on paye à chaque achat) ou encore les différentes taxes prélevées sur les salaires (mensuellement donc). Cette réforme constituerait donc à mon avis un progrès "objectif" (moins d'impôts) et une évolution positive dans le sens d'une plus grande incitation à la modération fiscale par rapport à aujourd'hui.

Naturellement, on pourrait effectuer cette même réforme fiscale avec une taxe progressive plutôt que flat. Une telle réforme aurait l'avantage de ne pas prêter le flanc à la critique que tu formules, mais elle ne profiterait pas autant de la limitation induite par la capacité fiscale limitée des taxés les moins aisés. Il est néammoins vrai qu'il conviendrait, de la même façon que parler de flat tax sans fixer son taux est insuffisant en soi, de connaître l'échelle de progressivité pour réellement pouvoir se prononcer.

Je voudrais insister sur le fait qu'avec un taux de taxation unique, ce sont ceux qui ont le moins de moyens financiers qui patissent le plus de l'impôt, une plus grande part de leur revenu étant consacré à la consommation. Lorsque tu critiques la flat taxe parce qu'elle diffuserait en quelques sorte la charge fiscale de manière trop uniforme ce qui plongerait toute résistance dans le chloroforme, je crois qu'il est possible que tu ne prennes pas assez en compte qu'un même niveau de taxation ne représente pas un même sacrifice en fonction du revenu et que cela crée une tension fiscalement limitative (ainsi d'ailleurs qu'une tension vers la réintroduction de la progressivité de l'impôt).

J'ai, à vrai dire, du mal en outre à estimer la faisabilité politique respective de ces deux réformes… J'ai tout de même tendance à considérer que la réforme avec flat tax permettrait de mobiliser électoralement de nombreuses personnes qui en "profiteraient" grandement, tout en limitant le nombre de ceux qui pourraient être désavantagés par cette réforme par rapport à la situation initiale. J'ai aussi le sentiment que la réforme avec flat tax pourrait profiter politiquement de l'effet "on remet tout à plat", "grand ménage", "plus de passe-droit", etc.

J'ai bien sûr conscience que l'abandon de la très "citoyenne" progressivité de l'impôt pose aussi des problèmes en terme politique. Une taxe peu progressive serait peut-être une solution conciliant les avantages des deux réformes, mais, à tout prendre, je préfère plaider en faveur de la flat tax qu'en faveur d'une taxe progressive, parce qu'elle me paraît moins critiquable du point de vue des principes libéraux.

Je précise que je n'ai aucune sympathie ni pour la flat tax, ni pour toute autre taxe. Je me borne ici à essayer de voir quelle réforme fiscale irait selon moi le plus dans le bon sens, laquelle serait la plus politiquement crédible et pérenne…

Posté

La complexité de la fiscalité est une manière de privilégier les activités qui sont suffisemment importantes pour rentabiliser le recours à des spécialistes en optimisation fiscale.

Je suis donc pour la simplicité parce que ça génère des économies, et tant pis si ça rapporte plus à l'Etat aussi, je n'en ai rien à cirer : je pense qu'il vaut mieux gagner 120 et s'en faire piquer 65 par le fisc que gagner 100 et s'en faire piquer 50 par le fisc.

Posté

Le principal intérêt de la flat tax est d'éviter les doubles taxations, de simplifier les déclarations d'impôt et de permettre la disparition de tous les services de l'Etat chargés de collecter tous ces petits impôts minables qui caractérisent la France. La rage taxatoire et la paranoïa de l'emploi public devraient donc nous immuniser contre ce débat pour un bon bout de temps encore.

Posté

Le petit problème c'est qu'en France la flat tax, si elle devait s'installer, viendrait s'ajouter à tout les impôts existant, et pas les remplacer. Dans d'autres pays ok elle remplace les autres impôts, et je suppose que la Belgique ne serait pas épargnée par cette tactique française du toujours plus d'impôts.

Posté

Je dois avouer que je ne comprends toujours pas pourquoi vous déduisez de l'instauration de la flat tax des suppression d'emplois publics - cela ressemble fort à du wishful thinking. D'abord, il est dans la tradition étatique qu'il existe des tas de postes redondants dans les administrations - et le fisc n'y échappe pas. Pourquoi vont-ils changer subitement leur fusil d'épaule ? Ensuite, n'oublions pas l'inventivité des hommes de l'Etat quand il s'agit de justifier le nombre d'emplois publics. Enfin et surtout, avec l'argent récolté, il n'est pas inconcevable que l'Etat recrute encore plus de personnel.

Le petit problème c'est qu'en France la flat tax, si elle devait s'installer, viendrait s'ajouter à tout les impôts existant, et pas les remplacer. Dans d'autres pays ok elle remplace les autres impôts, et je suppose que la Belgique ne serait pas épargnée par cette tactique française du toujours plus d'impôts.

Exactement. Et ce ne serait pas une première. Ainsi, au début du XVIIIe siècle

Posté

Cela ne me surprend pas…

Cela dit je trouve curieux, voire très ambigü que des libéraux puissent soutenir une taxe, parce que faire confiance aux politiciens pour supprimer les autres c'est faire preuve d'un peu trop d'optimisme. On pourra toujours m'objecter le pragmatisme, ça fait je ne sais combien d'années que les libéraux de droite se sont prostitués et je n'y ai jamais vu l'ombre d'un libéralisme qui se soit exprimé, que ce soit sur les lois, le code du travail, ou la réduction de fiscalité.

En ce qui concerne les autres pays (europe de l'est ?), ce n'est pas comparable, ils sortaient, eux d'un vrai régime communiste, même leurs politiciens devaient comprendre qu'ils ne devaient pas jouer avec le feu, afin de ne pas se mettre la population à dos.

Ici, en France (pardonnez moi autres francophones d'autres pays), une majeure partie de la population souhaite toujours plus d'impôts, pour les raisons que vous savez tous. Les politiciens ont pour but de se faire réélire et donc de satisfaire à ce désir, un peu masochiste soit-dit en passant :icon_up:

Posté
Cela dit je trouve curieux, voire très ambigü que des libéraux puissent soutenir une taxe, parce que faire confiance aux politiciens pour supprimer les autres c'est faire preuve d'un peu trop d'optimisme. On pourra toujours m'objecter le pragmatisme, ça fait je ne sais combien d'années que les libéraux de droite se sont prostitués et je n'y ai jamais vu l'ombre d'un libéralisme qui se soit exprimé, que ce soit sur les lois, le code du travail, ou la réduction de fiscalité.

C'est exactement ce que je me disais. Il ne peut y avoir "d'impôt libéral", ni même de "réforme libérale de la fiscalité" parce que tout cela est antinomique, comme une "religion athée" ou le "socialisme libéral".

Ensuite d'un point de vue pragmatique, la question devient difficile, mais, précisément, elle devient une question stratégique. Comme le montre l'article du Mises repris par plusieurs intervenants, la meilleure solution reste à mes yeux de multiplier les déductions et niches fiscales car, pour interventionnistes qu'elles soient, elles n'en demeurent pas moins des restitutions de liberté. A court terme, la flat tax serait impossible à imposer en France car elle susciterait bien plus de rancoeurs encore que le modeste CPE.

Les solutions les plus libérales d'un point de vue éthique restent l'évasion fiscale et la "fraude", même si elles nécessitent beaucoup de courage.

Posté
Je dois avouer que je ne comprends toujours pas pourquoi vous déduisez de l'instauration de la flat tax des suppression d'emplois publics - cela ressemble fort à du wishful thinking. D'abord, il est dans la tradition étatique qu'il existe des tas de postes redondants dans les administrations - et le fisc n'y échappe pas. Pourquoi vont-ils changer subitement leur fusil d'épaule ? Ensuite, n'oublions pas l'inventivité des hommes de l'Etat quand il s'agit de justifier le nombre d'emplois publics. Enfin et surtout, avec l'argent récolté, il n'est pas inconcevable que l'Etat recrute encore plus de personnel.
C'est bien pour ces raisons que nous sommes anarcaps :icon_up:

Il me semble tout à fait clair que lorsque des libéraux soutiennent l'instauration de la flat tax, c'est en ce qu'elle se substituerait à toutes les autres taxes ou au moins à une grande partie et qu'elle ferait baisser la pression fiscale globale. La question m'avait ainsi semblé être : la tendance d'expansion permanente de l'Etat serait-elle plus amplifiée après une réforme profonde de la fiscalité avec flat tax que après cette même réforme avec taxe progressive ? Il y a effectivement, comme Xara l'a expliqué, des raisons de le penser, mais il me semble qu'il y a aussi des raisons de penser le contraire… et à mon sens, ces dernières raisons l'emportent.

Aujourd'hui, avec une taxe progressive sur le revenu et un mille-feuille d'autres taxes, le taux d'imposition moyen tourne en France autour de 50%. J'ai du mal à croire que, dans ce contexte, la création d'un nouvel impôt "flat tax" soit possible sans, au moins, qu'il remplace un certain nombre de taxes. Tu as cependant tout à fait raison d'insister sur le fait que la flat tax ne résume pas ce que doit être une réforme fiscale et qu'il ne faut pas perdre de vue le but à atteindre : moins d'impôts, moins de moyens pour l'Etat, etc.

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...