antietat Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Evidemment il ne peut pas rivaliser avec les Mao, Staline et Hitler…. mais ils lui doivent beaucoup ! Non ! Ce n'est pas Pétain ! Non ! Ce n'est pas De Gaulle…. mais ils lui doivent beaucoup ! Et maintenant attention mesdames et messieurs ce petit prodige c'est…. Raymond Poincaré ! Que j'accuse tout simplement d'avoir transformé délibérément un conflit local entre L'autriche-Hongrie et la Serbie en conflit internationnal. Vous ne me croyez pas ? Alors vous pouvez consulter le lien ci dessous : http://classiques.uqac.ca/classiques/dupin…are_guerre.html l'auteur du "panégyrique" est pacifiste (comme tout le monde dans l'entre deux guerres) a un style bien à lui franchement hilarant par moments : http://www.dicoperso.com/term/adaeaead5f60a25e5c,,xhtml
Taranne Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Je suis assez d'accord, avec une réserve toutefois: Poincaré ne sortait pas de nulle part, il était le produit et l'incarnation de l'idéologie revancharde alors majoritaire dans le pays et qui formait à peu près le seul point commun entre la droite et la gauche (enfin, une partie de la gauche) Je ne pense pas que les choses auraient tourné autrement avec un autre président. Il fallait crever l'abcès, le seul problème est que l'on ait attendu trop longtemps.
antietat Posté 26 avril 2006 Auteur Signaler Posté 26 avril 2006 Je suis assez d'accord, avec une réserve toutefois: Poincaré ne sortait pas de nulle part, il était le produit et l'incarnation de l'idéologie revancharde alors majoritaire dans le pays et qui formait à peu près le seul point commun entre la droite et la gauche (enfin, une partie de la gauche) Je ne pense pas que les choses auraient tourné autrement avec un autre président. Il fallait crever l'abcès, le seul problème est que l'on ait attendu trop longtemps. Ce qui est fascinant dans le bouquin c'est de voir l'auteur démonter toutes les manoeuvres de Poincaré, débusquer les erreurs dans la présentation des documents, relever les falsifications, mettre en évidence les contradictions en rapprochant différents textes. Dissimulation d'info, escamotage de document, mensonges caractérisés tout y passe. On voit clairement que c'est Poincaré qui menait la danse. Qu'il a trompé Georges V, instrumentalisé les serbes et fait pression sur l'entourage de Nicolas II. Tout cela pour régler ses comptes avec l'Allemagne au moment même ou les Alsaciens Lorrains avaient déclarés qu'ils ne voulaient pas d'une guerre. Et le pire c'est que l'on voit Guillaume II et Nicolas II correspondre pour essayer de faire en sorte que rien d'irréversible n'arrive. Ce qui est intéressant c'est le décalage avec la présentation habituelle de l'affaire qui met la plupart du temps en avant la mécanique infernale des alliances qui aurait entraîné les hommes dans la guerre contre leur gré. Tu parles ! La malédiction a un nom elle s'appelle Poincaré.
Etienne Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Et le pire c'est que l'on voit Guillaume II et Nicolas II correspondre pour essayer de faire en sorte que rien d'irréversible n'arrive. Ces télégrammes familiaux entre Guillaume II et Nicolas II sont un petit régal : ils s'y appellaient par leurs petits noms ("Niki" pour Nicolas, par ex.) Sinon, on a souvent présenté les causes de la WWI comme l'issue de l'affrontement impérialiste entre l'Autriche-Hongrie et la Russie. Alors la première continuait une poussée vers le Sud sur les ex-Ottomans, notamment pour accroitre ses accés sur l'Adriatique, tandis que la seconde cherchait le contrôle de la Mer Noire et des détroits (Bosphore, Dardanalles), alors forcément, à terme, ça ne pouvait que péter. Il y aurait eu guerre de toute façon, mais elle n'aurait été peut-être pas été mondiale, enfin, européenne.
antietat Posté 26 avril 2006 Auteur Signaler Posté 26 avril 2006 Ces télégrammes familiaux entre Guillaume II et Nicolas II sont un petit régal : ils s'y appellaient par leurs petits noms ("Niki" pour Nicolas, par ex.) Sinon, on a souvent présenté les causes de la WWI comme l'issue de l'affrontement impérialiste entre l'Autriche-Hongrie et la Russie. Alors la première continuait une poussée vers le Sud sur les ex-Ottomans, notamment pour accroitre ses accés sur l'Adriatique, tandis que la seconde cherchait le contrôle de la Mer Noire et des détroits (Bosphore, Dardanalles), alors forcément, à terme, ça ne pouvait que péter. Il y aurait eu guerre de toute façon, mais elle n'aurait été peut-être pas été mondiale, enfin, européenne. Peut être, mais ce qui est bizarre c'est que l'historiographie officielle désigne clairement des responsables pour certains conflits (Bismark en 1870 et Hitler en 39) pour 1914 c'est officiellement la faute à pas de chance. Or à mon avis les historiens spécialisés savent parfaitement à quoi s'en tenir mais on n'est pas prêt de voir officiellement sortir la chose pour une raison bien simple, c'est que Poincaré était le président d'une démocratie. Et qu'il soit directement à l'origine d'une catastrophe de cette ampleur, ça c'est très très gênant. Depuis que je sais cela, il y a des choses que je m'explique mieux. Dans l'entre deux guerres les anglais ont été beaucoup plus conciliants avec les Allemands que les Français. J'ai d'abord mis ça sur le compte de l'ancestrale rivalité franco anglaise qui, je me disais, reprenait ses droits. Ensuite la France étant alors la seule puissance militaire sur le continent j'ai pensé que les anglais voulaient rééquilibrer le rapport de forces. J'ai aussi pensé que les destructions étant quasiment nulles sur leur territoire il leur était plus facile d'être conciliant etc… Maintenant s'il s'avère qu'ils se sont fait rouler dans la farine par Poincaré, alors là cela change pas mal de choses. Leur attitude dans les années 30 qui leur avait valu le surnom de "gouvernante anglaise" par la presse française trouve peut être son origine là. Ce sont eux d'ailleurs qui ont déclaré la guerre à l'allemagne, laissé à lui même je ne crois pas que Daladier l'aurait fait. Ce n'est qu'après avoir été littéralement sommé de le faire qu'il s'y est résolu dans l'après midi. La morale de toute cette histoire c'est qu'il ne faut surtout pas qu'on se retrouve avec un chef d'état ayant du caractère et un projet politique clair en tête car avec Bismark, Poincaré et Hitler on a vu ce que cela donne, démocratie ou pas démocratie.
Taranne Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Peut être, mais ce qui est bizarre c'est que l'historiographie officielle désigne clairement des responsables pour certains conflits (Bismark en 1870 et Hitler en 39) pour 1914 c'est officiellement la faute à pas de chance. Or à mon avis les historiens spécialisés savent parfaitement à quoi s'en tenir mais on n'est pas prêt de voir officiellement sortir la chose pour une raison bien simple, c'est que Poincaré était le président d'une démocratie. Et qu'il soit directement à l'origine d'une catastrophe de cette ampleur, ça c'est très très gênant. Sans aller jusqu'à dire que c'est la faute à pas de chance, on peut dire que 14-18 repose davantage sur des responsabilités partagées que sur des responsables identifiés. Je ne nie pas que Poincaré à facilité et empiré les choses mais encore une fois, il fut plus un deus ex machina qu'un initiateur; cette guerre comme la suivante furent avant tout l'expression d'une maladie européenne articulée autour de l'opposition entre démocraties et régimes autoritaires. Il est donc difficile de postuler un coupable, même si à la base rien ne serait arrivé sans un fils de p*** de c******* de serbe à la gachette facile. Maintenant s'il s'avère qu'ils se sont fait rouler dans la farine par Poincaré, alors là cela change pas mal de choses. Leur attitude dans les années 30 qui leur avait valu le surnom de "gouvernante anglaise" par la presse française trouve peut être son origine là. Ce sont eux d'ailleurs qui ont déclaré la guerre à l'allemagne, laissé à lui même je ne crois pas que Daladier l'aurait fait. Ce n'est qu'après avoir été littéralement sommé de le faire qu'il s'y est résolu dans l'après midi. Moui. Chamberlain a beaucoup trainé des quatre fers lui aussi. Là encore les opinions publiques ont joué un rôle déterminant - cette fois dans le sens inverse de 14-18 mais tout aussi néfaste.
Harald Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 La morale de toute cette histoire c'est qu'il ne faut surtout pas qu'on se retrouve avec un chef d'état ayant du caractère et un projet politique clair en tête car avec Bismark, Poincaré et Hitler on a vu ce que cela donne, démocratie ou pas démocratie. S'il ne s'agit que de cela, alors nous avons l'homme providentiel:
antietat Posté 26 avril 2006 Auteur Signaler Posté 26 avril 2006 Sans aller jusqu'à dire que c'est la faute à pas de chance, on peut dire que 14-18 repose davantage sur des responsabilités partagées que sur des responsables identifiés. Je ne nie pas que Poincaré à facilité et empiré les choses mais encore une fois, il fut plus un deus ex machina qu'un initiateur; cette guerre comme la suivante furent avant tout l'expression d'une maladie européenne articulée autour de l'opposition entre démocraties et régimes autoritaires. Il est donc difficile de postuler un coupable, même si à la base rien ne serait arrivé sans un fils de p*** de c******* de serbe à la gachette facile. Moui. Chamberlain a beaucoup trainé des quatre fers lui aussi. Là encore les opinions publiques ont joué un rôle déterminant - cette fois dans le sens inverse de 14-18 mais tout aussi néfaste. C'est à peu près ce que je pensais avant d'avoir lu le bouquin. Pour ma part je crois de moins en moins au dérapage systémique et de plus en plus aux responsabilités individuelles des dirigeants et pas seulement pour 1914 d'ailleurs. Demain, je vais essayer de trouver quelques passages qui répondent plus précisément à tes observations.
antietat Posté 26 avril 2006 Auteur Signaler Posté 26 avril 2006 S'il ne s'agit que de cela, alors nous avons l'homme providentiel: Oui, on ne connait pas notre bonheur. Lui c'est le genre de quidam qu'on trouve habituellement en face ou dans l'entourage de la triplette dont j'ai parlé précédemment. L'imbécile heureux que les autres se plaisent à manoeuvrer. Si Poincaré vivait encore il s'appellerait Viviani.
Apollon Posté 26 avril 2006 Signaler Posté 26 avril 2006 Tout ça c'est la faute du Figaro Il a ouvert un boulevard à Poincaré en organisant la diffamation de Joseph Caillaux qui avait déjà désamorcé une fois le conflit. Sa femme était allée flinguer le patron du figaro gaston calmette… Il en a perdu le pouvoir. <troll>Au fait pkoi cette haine du figaro contre caillaux. Est-ce parce qu'il est l'initiateur de l'impot sur le revenu ?</troll>
melodius Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Pétain mérite sa petite place; s'il n'y avait eu un De Gaulle pour rattraper la mayonnaise, la France aurait occupé sa juste place à la Libération; parmi les vaincus.
Ronnie Hayek Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Si Poincaré vivait encore il s'appellerait Viviani. Je ne comprends pas le sens de cette remarque : Viviani était le président du Conseil (socialiste…) en juillet 1914.
L'affreux Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Pétain mérite sa petite place; s'il n'y avait eu un De Gaulle pour rattraper la mayonnaise, la France aurait occupé sa juste place à la Libération; parmi les vaincus. En même temps "la France" méritait autant de baffes que l'Allemagne.
Dardanus Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Petit mot de Conrad von Hötzendorf (Autriche) à Moltke (Allemagne) en mars 1914. Le programme de la Russie et de la France est clair ; elles ne sont pas encore prêtes et attendent une entière disponibilité. De même les peuples des Balkans se renforcent et en particulier la Serbie. Qu'attendons-nous ? Hötzendorf souhaitait depuis longtemps une guerre préventive contre la Serbie. François-Joseph y était favorable, contrairement à François Ferdinand !!! En mai 1914, Moltke juge qu'il est nécessaire de "décider les préparatifs politico-militaires contre la Russie et la France". Dans un conseil de guerre en présence de l'Empereur le 8 mai 1912 Moltke avait souligné que la guerre était inévitable et l'été 1914 lui paraissait le meilleur moment. Le diplomate autrichien Baerreither écrit en décembre 1914 : La guerre devait venir, telles que les choses se présentaient du fait des fautes de la diplomatie allemande et autrichienne. L'Allemagne a saisi l'assassinat de Sarajevo par les cheveux et su utiliser l'occasion qui lui était fournie par l'Autriche. Quelques exemples qui ont servi autrefois à démontrer la responsabilité majeure des Empires centraux dans le déclenchement de la guerre. Il en va de même pour Poincaré. En réalité, on le voit, nombreux étaient ceux qui avaient intérêt à la guerre en 1914. Poincaré n'a pas été le Deus ex machina mais un de ceux qui ont contribué au déclenchement du conflit. Guillaume II n'avait pas la réalité du pouvoir en Allemagne et les mots avec le Tsar (Nicki, Willy) c'est bien gentil mais très anecdotique. J'ajoute que les responsabilités de Poincaré n'ont jamais été dissimulées : on lui a toujours reproché de n'avoir rien fait (bien au contraire) pour retenir la Russie. Le débat sur les causes et les origines n'a cessé d'agiter le monde des historiens. Un historien faisait remarquer qu'une vie ne suffirait pas pour lire les livres consacrés aux origines de 14-18 ! J'ajoute que la guerre était attendue depuis longtemps mais en même temps son déclenchement a surpris (le dernier conflit important remontait à 1870-1871) car d'autres crises s'étaient dénoués sans guerre générale. Je crois que dans ce fil, on voit l'histoire par le petit bout de la lorgnette. Je ne comprends pas le sens de cette remarque : Viviani était le président du Conseil (socialiste…) en juillet 1914. Il a d'ailleurs fait voter l'impôt sur le revenu cher à Caillaux.
Ronnie Hayek Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 J'ajoute que les responsabilités de Poincaré n'ont jamais été dissimulées : on lui a toujours reproché de n'avoir rien fait (bien au contraire) pour retenir la Russie. Du reste, n'est-ce pas la Russie qui a été la première à mobiliser (le 30 juillet) ?
Messer Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 En passant, le père Clémenceau se réjouissait aussi à l'idée de taper sur la tronche de l'Allemagne lors de la WWI. Tout le monde en France ou presque la souhaitait cette guerre, c'était absolument inévitable.
Dardanus Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 En passant, le père Clémenceau se réjouissait aussi à l'idée de taper sur la tronche de l'Allemagne lors de la WWI. Clemenceau
alex6 Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Je propose l'instauration d'une note qui pourrait être donnée pour chaque post (orthographe et grammaire seulement…) Cette tâche reviendrait éminemment au professeur Dardanus
melodius Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Clemenceau figure lui aussi assez haut sur la liste des hommes politiques français les plus catastrophiques. S'il n'avait pas fait le Jacques à Versailles, peut-être le deuxième guerre mondiale eût-elle pu être évitée. Son refus des propositions de paix séparée de l'Autriche-Hongrie n'est pas mal non plus dans le genre crapuleux. Enfin, comme vous le constatez, vous n'avez que l'embarras du choix !
Dardanus Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Je propose l'instauration d'une note qui pourrait être donnée pour chaque post (orthographe et grammaire seulement…)Cette tâche reviendrait éminemment au professeur Dardanus J'ai bien peur que dans nombre de cas la note varie entre 0 et 1 ! Je signale que ma correction de Clemenceau était un clin d'oeil : j'avais moi-même mis un accent indu à l'éminent Tigre lors d'un message bien antérieur, ce qui n'avait pas échappé à la sagacité d'une certaine encyclopédie humaine EDIT : Rappelons au passage que Poincaré et Clemenceau se détestaient cordialement.
alex6 Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 J'ai bien peur que dans nombre de cas la note varie entre 0 et 1 ! Vos élèves doivent vous adorer Mais la notation c'est de toute façon une mauvaise idée, trop grosse tendance de chacun à vouloir devenir "chouchou" de Dardanus (ce qui doit être difficile au demeurant…)
Taranne Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Hötzendorf souhaitait depuis longtemps une guerre préventive contre la Serbie. François-Joseph y était favorable, contrairement à François Ferdinand !!! Le pauvre n'aurait sans doute pas été du même avis s'il avait su ce qui l'attendait… J'ajoute que la guerre était attendue depuis longtemps mais en même temps son déclenchement a surpris (le dernier conflit important remontait à 1870-1871) car d'autres crises s'étaient dénoués sans guerre générale. Le Maroc, par exemple. On a vraiment été à deux doigts de la guerre - avec le recul, on se dit que ce n'était vraiment que reculer pour mieux sauter. Un de mes profs d'histoire était convaincu que la guerre aurait certainement été beaucoup moins meurtrière si elle avait eu lieu plus tôt. Pétain mérite sa petite place; s'il n'y avait eu un De Gaulle pour rattraper la mayonnaise, la France aurait occupé sa juste place à la Libération; parmi les vaincus. Le libertarianisme gaulliste existe: nous l'avons rencontré.
antietat Posté 27 avril 2006 Auteur Signaler Posté 27 avril 2006 Je ne comprends pas le sens de cette remarque : Viviani était le président du Conseil (socialiste…) en juillet 1914. Il a donné sa démission le jour de la déclaration de guerre vraisemblablement parce qu'il s'est aperçu qu'il avait été berné. Dans le cadre de ma réponse à Harald c'est un bon exemple de politicien régulièrement manoeuvré par ceux qui savent ce qu'ils veulent (qui sont fort heureusement inexistants dans la vie politique française actuelle), à l'égal de chirac il n'avait aucun caractère et aucun projet.
melodius Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Le libertarianisme gaulliste existe: nous l'avons rencontré. N'exagérons pas; j'ai du respect pour l'homme, certes, mais pas pour sa politique socio-économique.
antietat Posté 27 avril 2006 Auteur Signaler Posté 27 avril 2006 Petit mot de Conrad von Hötzendorf (Autriche) à Moltke (Allemagne) en mars 1914. Hötzendorf souhaitait depuis longtemps une guerre préventive contre la Serbie. François-Joseph y était favorable, contrairement à François Ferdinand !!! En mai 1914, Moltke juge qu'il est nécessaire de "décider les préparatifs politico-militaires contre la Russie et la France". Dans un conseil de guerre en présence de l'Empereur le 8 mai 1912 Moltke avait souligné que la guerre était inévitable et l'été 1914 lui paraissait le meilleur moment. Le diplomate autrichien Baerreither écrit en décembre 1914 : Quelques exemples qui ont servi autrefois à démontrer la responsabilité majeure des Empires centraux dans le déclenchement de la guerre. Il en va de même pour Poincaré. En réalité, on le voit, nombreux étaient ceux qui avaient intérêt à la guerre en 1914. Poincaré n'a pas été le Deus ex machina mais un de ceux qui ont contribué au déclenchement du conflit. Guillaume II n'avait pas la réalité du pouvoir en Allemagne et les mots avec le Tsar (Nicki, Willy) c'est bien gentil mais très anecdotique. J'ajoute que les responsabilités de Poincaré n'ont jamais été dissimulées : on lui a toujours reproché de n'avoir rien fait (bien au contraire) pour retenir la Russie. Le débat sur les causes et les origines n'a cessé d'agiter le monde des historiens. Un historien faisait remarquer qu'une vie ne suffirait pas pour lire les livres consacrés aux origines de 14-18 ! J'ajoute que la guerre était attendue depuis longtemps mais en même temps son déclenchement a surpris (le dernier conflit important remontait à 1870-1871) car d'autres crises s'étaient dénoués sans guerre générale. Je crois que dans ce fil, on voit l'histoire par le petit bout de la lorgnette. Il a d'ailleurs fait voter l'impôt sur le revenu cher à Caillaux. Moltke était un militaire il était donc normal qu'il élabore des plans de guerre ce n'est pas pour autant qu'il est responsable de son déclenchement. En tant que militaire il propose une action car combattre sur deux fronts les russes et les français dont il voit se préciser la menace ne l'enchante pas du tout. Selon ces plans il fallait en finir rapidement avec la France avant que la Russie ait terminé sa mobilisation. Qu'il propose un plan pareil est normal de la part d'un militaire, mais cela n'implique pas qu'il cherche la guerre, selon moi. Mais a mon sens l'essentiel n'est pas là. Tous les protagonistes (sauf l'angleterre) avaient des raisons d'en découdre… localement. Mais un seul avait intérêt à généraliser le conflit pour avoir une chance de voir ses projets se réaliser. C'est Poincaré. Il savait que la France seule face à l'Allemagne n'avait aucune chance, même avec la Russie c'était loin d'être évident et on a vu que même avec l'Angleterre l'entente est passée très près de la catastrophe (militaire). Pour ce qui est des responsabilités de Poincaré lis un peu ce que dit Dupin sur la façon dont il présente les choses. Il relate aussi comment Poincaré à acheté des journalistes français. Il parle aussi de la mobilisation dont tout le monde savait à l'époque que c'était la guerre. (Poincaré dit explicitement que la mobilisation n'est pas la guerre alors qu'il sait que c'est faux) Et plus personne ne nie à l'heure actuelle que ceux qui ont mobilisé les premiers ce sont les Russes. Quant aux français les troupes d'afrique qui faisaient partie du plan de mobilisation ont été mises en mouvement sept jours avant la mobilisation officielle. Enfin t'a dernière observation apporte de l'eau à mon moulin. Pourquoi cette crise ne s'est elle pas dénouée comme les autres ? Moi je réponds "grâce" à Poincaré. Quant à voir l'histoire par le petit bout de la lorgnette… Je pense au contraire que l'on tient à préserver la virginité de la démocratie. Tout le monde doit penser qu'il s'agit d'un systéme profondément pacifique. Je pense aussi qu'on pouvait plus facilement critiquer Poincaré avant guerre car depuis qu'on a vu la deuxième manche, déclarer comme l'a fait le parlement dans une loi en 1920 qu'il avait "bien mérité de la patrie", si l'on prend en compte la totalité des effets de sa politique, maintenant plus personne ne peut le dire.
Taranne Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Un autre point de vue: RAYMOND POINCARÉ——————————————————————————-- Raymond Poincaré : entre droite et gauche Raymond Poincaré (1860-1934) fut élu député pour la première fois en 1887 et ne quitta la scène politique française qu’en 1929, pour des raisons de santé. Avocat de profession, attaché à sa Lorraine natale, il occupa de nombreux postes ministériels, devint président de la République (1913-1920) et fut président du Conseil à trois reprises (1912-1913, 1922-1924 et 1926-1929). Il est resté dans la mémoire collective comme une figure de compétence et de stabilité, un recours républicain dans les temps de crise nationale. Les deux ministères qu’il présida durant les années 1920 furent d’une remarquable longueur pour la IIIème république et ses politiques financières et étrangères établirent un sentiment de confiance que la France ne put jamais retrouver durant la décennie suivante. Gestionnaire plus que visionnaire, incarnant l’idéal des bourgeois républicains de la IIIème république, il conserva les mêmes convictions politiques durant toute sa carrière : parlementarisme, laïcité, patriotisme, orthodoxie financière. Ce souvenir a fait de Poincaré un des principaux personnages du « panthéon de la droite ». Pourtant, son parcours politique fut loin d’être sans ambiguïté. Révéré par la droite, Poincaré ne cessa de se voir lui-même comme un homme de gauche. La Première guerre mondiale Président du Conseil en 1912 puis président de la République, Raymond Poincaré occupa des fonctions importantes dans les années précédant et durant la Première guerre mondiale. Il fut d’ailleurs longtemps brocardé par ses ennemis politiques comme « Poincaré-la-guerre », le Lorrain revanchard qui avait poussé aux hostilités avec l’Allemagne. La réalité est différente. Poincaré consolida surtout la position internationale de la France avant la guerre (soutien au service militaire de trois ans, renforcement des alliances anglaise et russe). Et si sa politique envers l’Allemagne était empreinte de fermeté, ses actions reflétaient d’abord les leçons que, jeune homme, il avait appris de la guerre de 1870 : la France devait être prête militairement, avoir des alliés solides et ne pas apparaître comme l’agresseur. Car la stratégie de Poincaré était avant tout défensive. Durant le mois de juillet 1914, en visite à Saint-Pétersbourg, il tenta ainsi de modérer les orientations du tsar. Une fois la guerre déclarée, Poincaré devint le président de l’« Union sacrée » mais ses pouvoirs constitutionnels restaient tout de même très limités. Il pouvait surtout conseiller (parfois mal comme le montra son enthousiasme pour la désastreuse offensive Nivelle de mars 1917). Son action la plus importante fut paradoxalement d’appeler son ennemi politique Georges Clemenceau à la présidence du Conseil en novembre 1917. Poincaré dut s’effacer devant le « Tigre ». Il adopta néanmoins un ton critique en novembre 1918, dénonçant la signature d’un armistice avant une victoire militaire plus nette. Tenu à l’écart des négociations par Clemenceau, il décrivit le traité de Versailles comme une « paix anglaise », estimant que les concessions françaises avait été trop grandes. Convaincu de la responsabilité allemande dans la guerre, il doutait des promesses d’alliance américaines et anglaises et souhaitait fixer le Rhin comme frontière afin de mieux protéger la France. L’occupation de la Ruhr Poincaré devint malgré tout le chef de file de ceux souhaitant une stricte politique d’exécution du traité de Versailles. Il fallait obtenir de Berlin les réparations financières que le traité avait accordé à la France en compensation des dommages subies pendant le conflit. Pour Poincaré, le potentiel économique de l’Allemagne lui permettait de payer. Cette position était très largement soutenue par les Français mais provoquait des tensions avec les Américains et Anglais, intraitables sur les dettes françaises mais particulièrement flexibles avec l’ancien ennemi allemand. L’Allemagne rechignant à payer, Poincaré, devenu président du Conseil, décida de redresser une situation de plus en plus défavorable à la France. Le 11 janvier 1923, l’armée française entrait dans la Ruhr pour faire pression sur Berlin. Cette décision souleva une tempête internationale, seule la Belgique étant solidaire de Paris. L’opération fut un succès militaire, économique et, jusqu’à un certain point, politique. La résistance passive allemande s’effondra rapidement et la France put prélever directement des compensations en nature dans le bassin minier et industriel rhénan. L’initiative de Poincaré obligea également les Américains et les Anglais à sortir de leur tour d’ivoire et à rejoindre la table des négociations. Une commission internationale se mit en place pour reconsidérer les réparations (elle aboutit au plan Dawes en avril 1924). Cette solution de compromis montra néanmoins à la France les limites de l’action militaire face à d’autres facteurs de puissance (notamment économiques et financiers). La Ruhr fut finalement évacuée par le gouvernement Herriot durant l’été 1925. Certains ont depuis accusé Poincaré d’avoir alimenté le nationalisme allemand et ainsi favorisé la montée en puissance d’Hitler. On peut au contraire souligner le contraste entre son action et l’immobilisme de 1936, lors d’une autre crise rhénane. Dommage en effet que la France n’ait pas eu un Poincaré durant les années 1930… Raymond Poincaré La politique du franc fort La Première guerre mondiale avait laissé la France économiquement exsangue, très endettée et financièrement fragilisée. Elle subit en conséquence une série de « crises des changes » affaiblissant la position du franc sur le marché des devises durant les années vingt. Face à ces difficultés, Raymond Poincaré est resté dans les mémoires comme le défenseur du franc. Pourtant, l’expédition de la Ruhr en 1923 et sa politique financière avaient d’abord contribué à affaiblir la monnaie française et à déclencher une nouvelles crise financière. Mais Poincaré réagit rapidement et efficacement. Dès 1924, par des mesures d’économie drastiques et des emprunts, il redressa spectaculairement la situation : ce fut le « Verdun financier ». Sous le gouvernement Herriot, la crise revint bientôt. Poincaré fut alors rappelé à la tête du gouvernement en 1926 pour sauver une nouvelle fois le franc. Il bénéficiait d’un large soutien au Parlement, dans l’opinion publique et dans les milieux d’affaires pour résoudre définitivement le problème. Nouvelles économies budgétaires, augmentation des impôts et amortissement de la dette flottante aboutirent à l’équilibre des finances publiques, stabilisant le franc en le dévaluant à un cinquième de sa valeur initiale en juin 1928. La réussite de Poincaré dans ces épreuves économiques fut incontestable. Si sa politique fut pour le moins rigoureuse, elle fut acceptée comme nécessaire par la population française et valut d’ailleurs au Lorrain une immense et durable popularité. Certes, sa politique sanctionna la perte de puissance financière de la France depuis 1914. Mais elle nourrit aussi la légende de Poincaré, l’homme qui symbolisa la reconstruction achevée et la croissance retrouvée (qu'on ne peut que contraster avec les années de grave dépression qui suivirent). Les convictions politiques Raymond Poincaré se considéra toute sa carrière politique comme un homme de gauche. Ce positionnement était surtout la conséquence de son attachement à la laïcité républicaine. Agnostique, ayant voté la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, Poincaré ne fut jamais un anti-clérical sectaire. Mais il estimait tout de même que la question de la laïcité était la ligne de division principale entre gauche et droite. Dans le même temps, les autres convictions politiques de Poincaré le plaçaient assez nettement à droite. Il se définissait comme un républicain « progressiste », fidèle à l’héritage modéré de Jules Ferry, refusant à la fois la réaction et la révolution. Il considérait le régime parlementaire de la IIIème république comme un prolongement de l’œuvre de liberté et de progrès de 1789 (mais rejetait le souvenir de la Terreur et de ses excès sanglants). La république de Poincaré était libérale et conservatrice – Adolphe Thiers était une autre de ses références politiques. Dans une société fondée sur l’ordre public et la propriété privée, le changement passait par des réformes pondérées et la promotion sociale des classes moyennes. Il était aussi un fervent patriote, marqué par la guerre de 1870 et l’action de Léon Gambetta. Sans être revanchard, il souhaitait une France respectée et une armée forte dans le cas d’une nouvelle guerre avec l’Allemagne. Logiquement, il combattit les socialistes qui remettaient en cause le régime républicain et l’unité nationale par leur discours révolutionnaire et internationaliste. Dans son dernier gouvernement, tout en faisant passer deux lois sociales très importantes sur les assurances sociales et les habitations à loyers modérés, il mena aussi une politique répressive contre le parti communiste et ses dirigeants. Poincaré et la droite Ces convictions firent de Poincaré la grande figure emblématique de la droite française dans les années 1920 – d’autant plus que la question de la laïcité avait alors beaucoup perdu de son intensité. La droite avait déjà soutenu sa candidature à la présidence de la République en 1913 contre un candidat clemenciste. Elle forma la plus grande partie de sa majorité lors de ses présidences du Conseil en 1922-1924 et en 1926-1929. Néanmoins, malgré ces soutiens, Poincaré chercha constamment à prendre ses distances avec la droite. Il refusait de conduire ses listes aux élections et gouvernait au centre sous des appellations type « Union nationale ». Même en novembre 1926, quand les radicaux quittèrent son gouvernement, Poincaré limita au maximum l’attribution de postes ministériels aux chefs de la droite et ne cessa ensuite de tenter d’élargir sa majorité à gauche. La droite devint de plus en plus mécontente de cette attitude alors qu’elle ne lui ménageait pas son soutien. Un jeune député comme Paul Reynaud devint foncièrement hostile à Poincaré. Il est d’ailleurs probable que si la maladie ne l’avait fait démissionner, la contradiction croissante entre une majorité à droite et un président du Conseil souhaitant être marqué au centre-gauche aurait fini par faire éclater le gouvernement Poincaré. Le paradoxe de la droite française A la fois rassembleur et sauveur, on conçoit aisément comment Raymond Poincaré est devenu une figure si importante dans la mémoire collective de la droite. Cependant, comme Georges Clemenceau, ce statut pose problème. La droite s'identifiait à leur action gouvernementale mais les deux hommes venaient de la gauche et restèrent jusqu’à la fin attachés à ce positionnement initial. De plus, tous deux souhaitaient par principe d’indépendance rester au-dessus des luttes partisanes et n’étaient donc pas strictement rattachés à un parti. D’une certaine façon, voilà bien résumer un des grands malheurs de la droite française au XXème siècle : un attachement à des hommes exceptionnels qui eux refusaient de s’investir en retour dans les structures de droite et se présentaient au contraire comme gouvernant au nom de la nation toute entière (on peut bien sûr ajouter le général de Gaulle à la liste). A qui la faute ? A la droite d’abord qui mit bien du temps à prendre ses distances avec sa tradition trop monarchiste et cléricale, ainsi qu’à créer des structures partisanes solides. Ce manque de modération et ces rigidités découragèrent bien des hommes politiques de centre-gauche de sauter le pas et de rejoindre l’autre moitié de l’hémicycle. Mais cette situation fut aussi propre à la Troisième république, moment politique pendant lequel les notions de gauche et de droite se déplacèrent si rapidement (avec l’effacement des monarchistes à droite et l’émergence des socialistes à l'extrême-gauche) que les modérés français tel Poincaré ne purent complètement ajuster leurs valeurs aux évolutions partisanes. Au grand détriment de la droite française. http://www.chroniques-conservateur.com/poincare.htm
Apollon Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Poincaré au moins a été oublié et passait déjà à son époque pour un neuneu. Il avait un frère scientifique fameux. Pour parler du politique, on disait "Poincaré, pas celui qui est intelligent, l'autre" Clemenceau a malheureusement plus de chance avec la postérité. Il a une belle station de métro aux Champs Elysés. Pour la petite histoire, le traité de Versailles a une version anglaise car il voulait montrer son anglophilie (je crois même que sa femme était anglaise) et c'est comme ça que l'anglais a pris la place du français pour les traités !
Dardanus Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Je réponds tardivement car j'ai eu du mal à accéder au forum. Je ne vois pas ce que le souci de blanchir la démocratie vient faire là-dedans. On ne cesse sur tous les tons de dénoncer les horribles démocraties libérales qui ont colonisé à tout-va au XIX e s., signe évident de la turpitude du capitalisme. On dénonce le honteux comportement de la démocratie française pendant la guerre d'Algérie. On dénonce en permanence la politique belliciste de la démocratie américaine. Etc. Les documents que j'ai cité avait pour source un ouvrage de Fischer qui s'efforçait de démontrer l'unique responsabilité de l'Allemagne dans le déclenchement de la guerre. Le processus est le même dans le cas de Poincaré. Poincaré a toujours suscité la haine de nombreux camps : Clemenceau le détestait et n'a cessé de le discréditer, les pacifistes détestaient Poincaré-la-Guerre, la gauche détestait le grand homme de la droite. Son élection en 1913 a été perçu par tout le monde comme l'élection de l'homme hostile à tout compromis avec l'Allemagne. Nous dire : il était pour la guerre et a tout fait pour n'a donc rien d'une nouvelle bouleversante. Et ces questions sur les reponsabilités directes du conflit ne sont plus vraiment considérés comme essentielles. D'autant qur tout ceux qui ont voulu la guerre n'ont visiblement pas compris dans quel type de guerre ils se lançaient. C'est cela l'énigme de 14-18 : non une guerre sans causes (loin de là !) mais la disproportion entre les causes et les formes prises par le conflit. La question est plutôt pourquoi tout le monde a-t-il accepté finalement l'idée d'une guerre ? Pourquoi les Belges ont-ils décidé de résister aux Allemands (ce qui a surpris ces derniers) ? Pourquoi les peuples divers de l'Autriche-Hongrie ont-ils témoigné d'un étonnant loyalisme en 1914 autour de la Monarchie ? Le problème est que tout le monde s'imagine pouvoir écrire de l'histoire et surtout que l'histoire doit au service de thèses préconçus. Pourquoi la France était-elle alliée à la Russie ? Pour favoriser les joyeuses rencontres fraternelles franco-russes ou pour pouvoir faire la guerre à l'Allemagne ? Pourquoi la Russie était-elle alliée à la France ? Car il n'était pas possible de faire la guerre à l'Autriche sans affronter l'Allemagne. L'Allemagne avait l'intention de faire la guerre aussi bien à la France qu'à la Russie. La logique des alliances empêchait une guerre localisée. Il ne pouvait y avoir que deux alternatives : soit un des camps reculait (humiliation diplomatique) soit c'était la guerre entre les quatre principales puissances d'Europe continentale. Les responsabilités sont donc partagées et non univoques. Même l'Angleterre a contribué au conflit par son hésitation : l'Allemagne a cru pouvoir compter sur sa neutralité ce qui l'a d'autant plus incité à entrer dans le conflit.
Apollon Posté 27 avril 2006 Signaler Posté 27 avril 2006 Raymon Aron expliquait que le drame de l'Allemagne était d'être arrivée trop tard dans le jeu international. Je crois aux responsabilités partagées, à la mécanique des alliances et des intérêts divergents irréductibles. A la passion nationaliste. Pas au complot d'un fanatique (poincaré hein, pas princip)
antietat Posté 27 avril 2006 Auteur Signaler Posté 27 avril 2006 Sans aller jusqu'à dire que c'est la faute à pas de chance, on peut dire que 14-18 repose davantage sur des responsabilités partagées que sur des responsables identifiés. Je ne nie pas que Poincaré à facilité et empiré les choses mais encore une fois, il fut plus un deus ex machina qu'un initiateur; cette guerre comme la suivante furent avant tout l'expression d'une maladie européenne articulée autour de l'opposition entre démocraties et régimes autoritaires. Il est donc difficile de postuler un coupable, même si à la base rien ne serait arrivé sans un fils de p*** de c******* de serbe à la gachette facile. Nos positions sont très proches sur ce point. Un extrait du bouquin éclairant sur le fonctionnement des institutions "démocratiques" françaises et les "non démocratiques" allemandes. Au Kaiser, il fallut, pour signer la mobilisation générale allemande, la délibération et l'autorisation du Bundesrat, conseil fédéral des vingt-quatre Etats allemands, devant lequel le chancelier dut faire, le 1er août, un exposé de la situation. Cette assemblée autorisa l'Empereur « si la Russie refusait de suspendre sa mobilisation contre l'Allemagne, et si la France refusait de promettre sa neutralité, à déclarer à ces deux puissances qu'elles s'étaient mises en état de guerre contre l'empire allemand. » — (Et de fait, telles furent exactement les formules qui furent employées dans ce qu'on a appelé les déclarations de guerre de l'Allemagne. Elles revêtent, ou affectent si l'on veut, la forme de constat). La délibération de cette assemblée fut immédiatement rendue publique. Et ce n'est qu'après son autorisation que l'ordre de mobilisation générale fut lancé. Ici, en soi-disant démocratie, qu'avons-nous vu? Ou plutôt, que s'est-il passé? La mobilisation générale française fut faite par décret signé de Poincaré, du ministre de la Guerre Messimy et du ministre de la Marine Augagneur, sans délibération d'aucune assemblée et en l'absence du parlement! Le diplomate serbe Boghitchévitch, dans son livre Les Causes de la guerre, écrit avec infiniment de justesse : « Ce fut dans les pays dits de régime démocratique, où l'on se flattait le plus d'avoir exclu la guerre du champ des possibilités, que les parlements furent les mieux joués, et que la politique personnelle put s'exercer avec un minimum de contrôle. Les hommes d'Etat de France et d'Angleterre mirent ces pays en face du fait accompli. » Un dernier détail. Quand le Kaiser signa sa mobilisation, la Russie mobilisait officiellement contre son empire depuis deux jours. Quand Poincaré signa la mobilisation française, aucun pays n'avait encore mobilisé contre la France.
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