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Amartya Sen: "le Multiculturalisme Doit Servir La Liberté"


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Le multiculturalisme doit servir la liberté

par Amartya Sen, Le Monde, 30 août 2006

Il ne faut pas confondre d'une part la liberté culturelle, élément fondamental de la dignité de tous les peuples, et d'autre part, la défense et la célébration de toutes les formes d'héritage culturel, sans chercher à savoir si les individus concernés choisiraient effectivement ces pratiques s'ils avaient la possibilité d'en faire l'examen critique. La liberté culturelle bien comprise, c'est de savoir résister à l'approbation systématique des traditions passées, quand les individus voient des raisons de changer leur mode de vie.

Tout a commencé au Canada. Et sous les meilleurs auspices. En 1971, le Canada fut le premier pays du monde à faire du multiculturalisme une politique officielle. Comme s'en glorifie le site Internet du Patrimoine canadien, "le Canada a proclamé la valeur et la dignité de tous les Canadiens et Canadiennes, sans égard à leurs origines raciales ou ethniques, à leur langue ou à leur confession religieuse".

La plupart des Etats membres de l'Union européenne ne tardèrent pas à suivre le mouvement, avec la Grande-Bretagne en fer de lance. Le multiculturalisme devint le grand concept en vogue dans le monde entier. Cet âge d'or appartient aujourd'hui au passé, en Europe en particulier. Le Danemark et les Pays-Bas ont déjà inversé leurs politiques officielles ; la Grande-Bretagne est traversée de sérieux doutes ; l'Allemagne et la France sont sceptiques. Où est donc le problème ? Il tient sans doute à un mauvais raisonnement.

Il ne faut pas confondre d'une part la liberté culturelle, élément fondamental de la dignité de tous les peuples, et d'autre part, la défense et la célébration de toutes les formes d'héritage culturel, sans chercher à savoir si les individus concernés choisiraient effectivement ces pratiques s'ils avaient la possibilité d'en faire l'examen critique. La liberté culturelle bien comprise, c'est de savoir résister à l'approbation systématique des traditions passées, quand les individus voient des raisons de changer leur mode de vie.

Si, en Grande-Bretagne, une jeune femme issue d'une famille immigrée conservatrice souhaite sortir avec un jeune Anglais, elle fait un choix quasi irréprochable en termes de liberté multiculturelle. En revanche, la tentative faite par ses proches de l'en empêcher est une réaction très peu multiculturelle, car elle dénote une volonté de maintenir les cultures isolées les unes des autres sous ce que l'on pourrait appeler une forme "monoculturelle plurielle". Or, de nos jours, c'est bien la position des parents qui semble avoir les faveurs des "multiculturalistes" zélés.

L'histoire du multiculturalisme en Grande-Bretagne est très intéressante à cet égard. Après une phase positive d'intégration multiculturelle, est venue une phase de séparatisme et de confusion. La Grande-Bretagne postcoloniale avait fait de son mieux pour intégrer les immigrés grâce à un traitement non discriminatoire en matière de sécurité sociale et même de droit de vote.

Le Commonwealth, idée visionnaire et multiculturelle avant la lettre, permet en effet à tous les citoyens de cette communauté de nations résidant au Royaume-Uni - dont la quasi-totalité de la population immigrée non blanche - de participer aux élections britanniques.

Au regard de l'histoire profondément inégalitaire de l'immigration en Allemagne, en France et presque partout ailleurs en Europe, il faut saluer la volonté de la Grande-Bretagne d'accorder le plus rapidement possible aux immigrés en situation régulière les droits économiques, sociaux et politiques qui leur reviennent. Cette posture avait bien sûr des points faibles, comme l'ont montré les émeutes de 1981 à Brixton et à Birmingham.

Autre initiative visionnaire, on s'efforça de les prendre en compte. Lord Scarman dirigea une enquête sur ces émeutes et les attribua aux "préjugés raciaux inhérents à la vie britannique". Les problèmes identifiés alors n'ont certes pas tous disparu (la race reste un élément discriminant, au même titre que la classe sociale ou le sexe), mais le pays a fait preuve, bien avant que "multiculturalisme" ne devienne un mot à la mode, d'un engagement constant en faveur du traitement égalitaire de tous les Britanniques, quelle que soit leur origine.

Ce qui est tragique, c'est que, au fur et à mesure que s'imposait le slogan multiculturaliste, la confusion autour de ses exigences allait elle aussi croissant. Il s'agit essentiellement de deux confusions. La première est un amalgame entre conservatisme culturel et liberté culturelle. Le fait d'être né dans une communauté donnée n'est pas en soi une preuve de liberté culturelle, car ce n'est pas un choix actif. En revanche, la décision de rester fermement attaché au mode de vie traditionnel peut être un exercice de liberté, si tant est que ce choix ait été fait après examen des autres options. De même, la décision de prendre ses distances (que ce soit de façon subtile ou radicale) avec les comportements traditionnels, décision prise après réflexion et raisonnement, est également un acte de liberté multiculturelle.

La seconde confusion consiste à ignorer le fait que, si la religion peut être un important critère identitaire pour les individus (en particulier quand ils peuvent choisir librement d'embrasser ou de rejeter les traditions héritées ou adoptées), il existe aussi d'autres adhésions et affiliations - politiques, sociales, économiques - auxquelles ils sont en droit de tenir. Sans compter que la culture ne se résume pas à la religion. La formule des Canadiens renvoie ainsi explicitement, outre à la religion, à la langue ; il est bon de rappeler par exemple que les Bangladais aujourd'hui rangés dans la catégorie "musulmans britanniques", sont issus d'un peuple qui a obtenu son indépendance de haute lutte (en 1971) non pas sur des bases religieuses, mais au nom de la liberté linguistique et de la laïcité.

Les responsables politiques britanniques ont pris l'habitude de traiter chaque groupe de coreligionnaires comme une "communauté" à part entière devant fonctionner selon des coutumes propres - à condition, bien sûr, que leur pratique reste "modérée". Les porte-parole religieux des populations immigrées semblent jouir de la part des autorités britanniques d'une reconnaissance (et d'un accès aux salons du pouvoir) d'une ampleur inédite. De nouvelles "écoles de la foi" sont créées avec la bénédiction et les encouragements du gouvernement. Apparemment, on se soucie davantage de l'"équilibre" religieux plutôt mécanique souhaité par ceux qu'on appelle les "leaders communautaires" que d'enseigner aux enfants les savoirs de base et l'apprentissage de la raison.

Les écoles séparées, phénomène de cloisonnement qui, en Irlande du Nord, n'a fait que creuser le fossé politique entre catholiques et protestants, sont désormais autorisées et même encouragées de facto pour d'autres franges de la population britannique. Là encore, elles seront facteur de division.

Ce qu'il faut aujourd'hui, ce n'est pas abandonner le multiculturalisme, ni renoncer à l'objectif d'égalité "quelles que soient les origines raciales ou ethniques, la langue ou à la confession religieuse", mais dissiper ces deux confusions qui ont déjà fait tant de mal. C'est impératif, non seulement parce que la liberté doit être prise en compte, mais aussi pour éviter la révolte des plus défavorisés, comme dans les banlieues françaises. Ainsi, on luttera contre la menace croissante des pensées communautaristes violentes, qui progressent en Grande-Bretagne et qui risquent de déboucher sur des actes d'une brutalité barbare.

Il est important de reconnaître que les premiers succès du multiculturalisme en Grande-Bretagne étaient liés aux efforts faits par le pays non pas pour séparer, mais pour intégrer. En se focalisant sur les communautés, on n'a pas rendu service aux libertés multiculturelles. Bien au contraire.

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© Traduit de l'anglais par Julie Marcot.

Amartya Sen, Prix Nobel d'économie en 1998, est professeur à l'université Harvard.

Jeudi 31 Août 2006

Articles | Ouvrages | Entretiens | Références | Tribunes

http://www.communautarisme.net/Le-multicul…berte_a810.html

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Ce texte me semble trés bon d'un point de vue libéral, sauf en ce qui concerne- mais la nuance est de taille- les écoles.

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C'est un texte très intéressant en ce qu'il traduit une évolution des esprits dans les milieux "progressistes".

J'approuve son analyse pour l'essentiel, mais je trouve qu'elle ne va pas assez loin. La problématique de l'égalité n'est pas abordée. Il n'oppose pas l'égalité en droit des individus et l'égalité en droit des communautés. Pour un homme qui passe pour le plus grand théoricien mondial de l'égalité, ce silence c'est un peu surprenant.

"Si, en Grande-Bretagne, une jeune femme issue d'une famille immigrée conservatrice souhaite sortir avec un jeune Anglais, elle fait un choix quasi irréprochable en termes de liberté multiculturelle. En revanche, la tentative faite par ses proches de l'en empêcher est une réaction très peu multiculturelle, car elle dénote une volonté de maintenir les cultures isolées les unes des autres sous ce que l'on pourrait appeler une forme "monoculturelle plurielle". Or, de nos jours, c'est bien la position des parents qui semble avoir les faveurs des "multiculturalistes" zélés."

Il n'est pas sûr que l'attitude de cette famille soit "très peu multicurelle", si le multiculturalisme contient une défense acharnée de la diversité. Pour certaines communautés, les mariages inter-culturels peuvent être le chemin le plus sûr vers la disparition. Q'u'on n me dise pas qu'il s'agit de fantasmes ultra-conservateurs. Ce point de vue est abondamment documenté dans la communauté juive, y compris chez un libéral comme Sorman. Il faudrait donc que le multicuralisme, renonçant au dogme de la diversité, accepte l'idée de disparition possible de certaines communautés. Ce n'est pas à exclure, mais nous n'en sommes pas là.

D'autre part revenons à cette jeune femme , disons musulmane (Sen ne le dit pas, mais on peut l'imaginer). Sa famille, si elle veut lui imposer le mariage avec un musulman fait fi de sa liberté. Ce n'est pas une grande découverte. Il aurait pu ajouter qu'elle a une attitude discriminatoire, cela aurait été plus piquant. Maintenant qu'en est-il de la même jeune femme si, sans ucune influence de sa famille, elle choisit un musulman malgré de nombreux prétendants anglais ? Et si elle choisit un anglais malgré de nombreux prétendants musulmans? Plus de problème de liberté. Mais n'y-a-t-il pas là aussi de la discrimination ? C'est dans cette direction qu'il aurait du approfondir sa réflexion.

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Ce texte me semble trés bon d'un point de vue libéral, sauf en ce qui concerne- mais la nuance est de taille- les écoles.

Oui, mais je crois que c'est dans ce domaine le secular humanist qui parle, et non le libéral.

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Ce texte me semble trés bon d'un point de vue libéral, sauf en ce qui concerne- mais la nuance est de taille- les écoles.

Hum… désolé mais je ne vois pas trop ce qu'il y a d'anti-libéral avec les écoles. Bien au contraire, c'est par la volonté de décentraliser l'école que la conservation de la culture a pu se faire en GB. On l'a déjà dit dans un autre topic (voir débat sur le libéralisme et le conservatisme), ça fait partie en quelque sorte de la tradition conservatrice de la GB qui ne souhaite pas saper en permanence les liens sociaux. Donner le droit à l'enfant de ne pas être trop bouleversé entre la culture qu'il reçoit à la maison et celle qu'il reçoit à l'école est un droit élémentaire. Ca permet d'éviter les crises d'identité telles qu'on en voit en France.

Bonsoir Libérus! (ça fait toujours plaisir de vous retrouver ici!)

Alors en ce qui concerne le multiculturalisme, là par contre je suis relativement bien calé sur la question (étant un passionné de l'ethnologie américaine), je vous avais d'ailleurs conseillé il y a longtemps dans le forum de LC un super livre synthèse sur la question (Claude Lévy, Les minorités ethniques aux Etats-Unis, édition Ellipses collection Civilisation anglo-saxonne). Disons que les 10 premières pages suffisent pour avoir une idée globale sur la question, les USA ayant déjà plus de 100 ans d'expérience.

Pour votre exemple, au fond ce n'est qu'une critique sociétale sans relation avec le pouvoir, et heureusement (ou malheureusement selon les personnes), on ne peut pas y faire grand chose car le problème de la jeune femme de l'exemple n'est qu'un problème parmi d'autres du problème de la pression sociale. Le papa musulman interdit à sa fille d'épouser un Anglais non-musulman, jusqu'ici après tout pourquoi pas, il y a des situations qui sont bien pires. Le problème commence à être intéressant lorsque le papa passe concrètement à l'acte pour interdire à sa fille d'épouser l'Anglais en question, comment va t-il s'y prendre et quels seront les recours possibles à la justice? Si le papa entrave le mariage de manière physique, la question que vous vous posez c'est est-ce que l'Etat défend le multiculturalisme en protégeant le père, ou défend t-il les intérêts individuels de la fille? La réponse libérale est évidente aujourd'hui, l'Etat doit défendre la fille, mais en défendant la fille, ça ne veut pas nécessairement dire qu'on lutte contre l'idée de multiculturalisme!

Multiculturalisme ne veut pas dire multiculturalisme forcé, ça veut juste dire liberté ou non de vivre en harmonie avec sa culture, de la perpétuer, et de vivre en communauté. Je suis un grand défenseur d'une société communautaire, mais ça ne veut pas dire pour autant que je suis communautarien. C'était la grosse erreur des libéraux de la fin du XIXe siècle aux USA qui pensaient que l'équilibre de la société ne pouvait se faire que si les communautés devaient garder de manière intégrale sans concession leur culture car la "rupture" des liens culturels était perçue comme un mal, c'était une vision trop conservatrice de la société (relativisme culturel extrémiste). Or il a été montré qu'une communauté culturelle étrangère qui viendrait se greffer dans une communauté culturelle plus large peut très difficilement garder sa stabilité, et qu'elle tendait plus ou moins (selon sa "force" culturelle) vers une "acculturation positive" en quelque sorte. Du coup le multiculturalisme est une notion tout à fait relative car un état multiculturel à un instant donné ne peut pas se conserver de manière intacte avec le temps.

Mais Claude Lévy insiste bien qu'il y a une différence entre une différence culturelle et un "réveil ethnique". Ce qu'il veut dire par là c'est que certes une communauté incrustée dans une communauté plus large s'effritait petit à petit, mais il se peut que cette communauté se réveille à nouveau plus tard dans le temps et retrouve en quelque sorte ses racines, mais ce renouvellement culturel n'est pas en soit une redécouverte culturelle mais plus comme la formation d'une nouvelle culture. C'est ce qu'il appelle un "droit à la différence". Le réveil ethnique se fait souvent à partir de la 3e génération. Mais à ce stade là on ne parle plus de pluriculturalisme, mais de pluristructuralisme, c'est-à-dire que ce n'est pas un réveil issu d'une culture à proprement parlé, mais d'un réveil d'ordre mécanique. Par exemple la re-multiplication des synagogues, l'invention du rap, la recomposition de la communauté italienne, etc. ne sont pas en soi une redécouverte culturelle.

C'est là le principal point fort de la société multiculturelle, c'est-à-dire que la société américaine est presqu'en permanence génératrice de culture par contre-culture, d'où une société très dynamique et capable de s'adapter à toutes sortes de situation. Il faut bien avouer que ce multicultaralisme est certes un peu discuté en ce moment en GB, mais en France voyons quand même la catastrophe jacobine et son idéal abstrait d'assimilation, idéal qui n'empêche pas les crises. Alors moi je suis pour une refonte totale de notre conception de l'intégration, vers une remise en cause de l'idée d'assimilation vers l'idée d'association, d'une société portrait-robot (pour reprendre les termes de Thatcher) vers une société multiculturelle. Mais de toute façon, inutile de trop paniquer pour ça, car on y est déjà un tout petit peu, c'est juste que l'Etat a du mal à s'en rendre compte et à l'accepter, aveuglé par son idéologie républicaniste à la con.

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D'autre part revenons à cette jeune femme , disons musulmane (Sen ne le dit pas, mais on peut l'imaginer).

Ca n'arrive pas que chez les musulmans et j'aurais cru, naïvement sans doute, que les participants à lib.org seraient soulagés de voir que pour une fois on ne ramène pas cette obsession lassante sur le tapis.

Sinon, s'agissant de Sen, je trouve qu'il a bien peu d'égards pour la liberté des gens. Je ne "sens" pas le libéral chez lui.

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Ca n'arrive pas que chez les musulmans et j'aurais cru, naïvement sans doute, que les participants à lib.org seraient soulagés de voir que pour une fois on ne ramène pas cette obsession lassante sur le tapis.

Sinon, s'agissant de Sen, je trouve qu'il a bien peu d'égards pour la liberté des gens. Je ne "sens" pas le libéral chez lui.

Si vous m'aviez ben lu, vous auriez vu que je parle des juifs un peu après.

Personnellement, je classe Sen comme un social-démocrate.

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Alors en ce qui concerne le multiculturalisme, là par contre je suis relativement bien calé sur la question (étant un passionné de l'ethnologie américaine), je vous avais d'ailleurs conseillé il y a longtemps dans le forum de LC un super livre synthèse sur la question (Claude Lévy, Les minorités ethniques aux Etats-Unis, édition Ellipses collection Civilisation anglo-saxonne). Disons que les 10 premières pages suffisent pour avoir une idée globale sur la question, les USA ayant déjà plus de 100 ans d'expérience.

Je les lirai, promis juré.

Le réveil ethnique se fait souvent à partir de la 3e génération. Mais à ce stade là on ne parle plus de pluriculturalisme, mais de pluristructuralisme, c'est-à-dire que ce n'est pas un réveil issu d'une culture à proprement parlé, mais d'un réveil d'ordre mécanique. Par exemple la re-multiplication des synagogues, l'invention du rap, la recomposition de la communauté italienne, etc. ne sont pas en soi une redécouverte culturelle.

C'est quand même inquiétant ces gens qui récupèrent des fétiches dans leurs arrière-greniers, uniquement pour défier le reste de la société.

Sur la crise du modèle américain, ma référence est le bouquin de Huntington "Qui sommes-nous?"

Cordialement,

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Bonsoir Libérus!

Ouaip, lisez juste les premières pages, c'est presque suffisant pour le débat :icon_up: Sinon vous pouvez toujours lire les autres pages (c'est pour ça que j'ai acheté livre quand même! lol), ça décrit assez bien les communauté ethniques américaines. C'est divisé par grands groupes ethniques, dans l'ordre les Amérindiens (avant Christophe Colomb à aujourd'hui), les White Etnics (Irlandais, Italiens, Juifs), les Afro-américains (de 1616 à aujourd'hui), les Musulmans Américains (immigrés et Black Muslims), les Hispaniques (Mexicains, Portoricains, Cubains, Amérique latine), et Asiatiques (Chinois, Japonais, Indochinois, Philippins, Indiens et Coréens). Pour chaque minorité ethnique un résumé de son histoire aux USA, leur place dans la société américaine et leur devenir. Un résumé aussi sur les grands groupes ethniques et leur évolution. Très bon livre, mais qui date un peu malheureusement (date de 1995-1996), donc pas mis à jour depuis 10 ans, mais ça donne quand même une vision globale assez d'actualité. Personnellement la section sur les Asiatiques est celle qui m'a le plus plu, à la fin du livre, perçue à la fois comme une communauté hermétique mais en même tant la plus exogame (entre 40% et 50% de mariage hors communautaire), la moins intégrée mais en même temps la plus riche (plus que les Blancs même), la plus discrète mais participant massivement financièrement dans la politique (le lobby asiatique ayant donné 10 millions de dollars à Clinton et 10 millions à son adversaire pour la campagne, j'vois pas l'intérêt m'enfin bon lol), bref plein de paradoxes, c'est pour ça qu'elle est amusante à analyser :doigt:

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Au fait, à propos de "Qui sommes-nous?" que vous m'avez conseillé, je m'en souviens, mais que je n'avais lu, apparemment Huntington critique le problème très politiquement incorrect de la communauté hispanique aux USA. Le livre de Claude Lévy (j'y ai relu quelques passages sur le coup) y fait référence aussi, le problème de la communauté hispanique avait un nom chez les intellectuels des années 90: le "brunissement de l'Amérique".

Il semblerait, d'après le livre que j'ai lu, que le problème asiatique se posait aussi dans les années 90, car la culture asiatique étant radicalement différente de la culture dite occidentale. Mais apparemment ce "problème" est écarté aujourd'hui par les intellectuels car les Asiatiques s'intégrent bien économiquement, et est, contrairement à l'idée reçue, très exogame.

Du coup je me demande si finalement on ne tourne pas en rond sur le problème culturel, puisque la réussite économique semble suffir pour résoudre plein de problèmes à lui tout seul. Par exemple, en lisant le programme d'AL sur l'immigration, ou en lisant les interventions d'Aurel, qui en gros se résumaient à "il suffit de garantir la prospérité économique et tout ira mieux", je trouvais ça un peu trop naïf car il y a une négation un peu facile des effets organiques, mais quand on voit ce qui se passe concrètement sur le terrain, je me dis qu'après tout la naïveté marche bien… lol Pour les problèmes d'intégration qu'il y a en France, finalement faire en sorte qu'il y ait moins de chômage et plus de prospérité suffit pour calmer les choses. J'ai l'impression des fois qu'on se casse un peu la tête pour rien lol

Vive la prospérité alors!

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