xxc Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Je pèse aujourd’hui vingt fois plus qu’à ma naissance. En termes de cellules, il n’y a donc au plus aujourd’hui que 5 % de ce que j’étais à la naissance. Mais, et c’est la question que je pose aux biologistes du forum, reste-t-il encore dans ce que je suis aujourd’hui (j’ai 38 ans) quelques cellules originelles ou bien tout a-t-il été renouvelé ? Et aussi : au bout de combien de temps, le renouvellement cellulaire s’effectue-t-il ? Au bout de combien de temps est-on entièrement renouvelé ? (J’ai mis ces petites questions dans ce forum parce qu’incidemment cela peut poser la question de ce qu’est un individu : comment puis-je être moi si je ne suis plus, en terme de matériau cellulaire, celui que j’étais il y a un an ou dix ans ? Si le matériau change, ne suis-je pas en fait que de l’information ?)
Rincevent Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Réponse d'ingénieur : ça dépend. Les hématies, par exemples, se renouvellent tous les 120 jours. Les neurones, ayant rarement l'occasion de se multiplier par mitose, restent beaucoup plus longtemps. Les cellules de la peau, c'est quelques jours, mais la kératinisation elle-même les fait mourir. Autre question, encore plus intéressante : au sein de chacune de ces cellules, quel pourcentage de matière se renouvelle chaque jour ou chaque mois ? Ca ne m'étonnerait pas que, statistiquement, j'aie gardé moins d'une centaine d'atomes de mon moi-quand-je-suis-né. A vérifier, donc.
antietat Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Je pèse aujourd’hui vingt fois plus qu’à ma naissance. En termes de cellules, il n’y a donc au plus aujourd’hui que 5 % de ce que j’étais à la naissance. Mais, et c’est la question que je pose aux biologistes du forum, reste-t-il encore dans ce que je suis aujourd’hui (j’ai 38 ans) quelques cellules originelles ou bien tout a-t-il été renouvelé ? Et aussi : au bout de combien de temps, le renouvellement cellulaire s’effectue-t-il ? Au bout de combien de temps est-on entièrement renouvelé ?(J’ai mis ces petites questions dans ce forum parce qu’incidemment cela peut poser la question de ce qu’est un individu : comment puis-je être moi si je ne suis plus, en terme de matériau cellulaire, celui que j’étais il y a un an ou dix ans ? Si le matériau change, ne suis-je pas en fait que de l’information ?) J'ai lu quelque part que tout était renouvelé au bout de 7 ans. Mais je ne peux pas te citer la source. Avec ton information génétique on pourra vraisemblablement un jour confectionner un clone parfait. Mais ce ne sera pas tout à fait toi car une partie de ta personnalité est le fruit d'une histoire personnelle (interaction entre ton phénotype et ton environnement) qu'on ne pourra pas transmettre à ton clone. Cela dit je ne suis pas un spécialiste c'est uniquement ma vision des choses.
Patrick Smets Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 J'ai lu quelque part que tout était renouvelé au bout de 7 ans. Mais je ne peux pas te citer la source. Idem. Mais je crois que les neurones ne se renouvellent pas. Par contre les connexions synaptiques qui déterminent la pensée sont en continuelle réorganisation.
Punu Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 La majorité des neurones ne se renouvellent pas, mais ils ne sont pas tous là à la naissance (et dans l'hippocampe entre autres, ils sont produits toute la vie durant). Depuis 5 ans, certains travaux tendent à montrer que la production de neurones s'effectue en deux étapes : la première lors de l'embryogenèse et la deuxième vers 14-16 ans. Concernant ta question entre parenthèses, si tu pars du principe que ton corps ayant changé, tu n'es plus ton corps, tu dois appliquer ce raisonnement à ton esprit, car lui aussi a fortement évolué depuis tes premières sensations - qu'y a-t-il encore de l'esprit de xxc foetus dans l'esprit de xxc vieux schnoque ? Dirais-tu pour autant que tu n'es plus toi ? Et que tu n'es ni matière ni information ?
Patrick Smets Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Ce qui prouve simplement qu'il y a transfert d'information lors des modifications matérielles et que le soi ne peut exister sans mémoire. A ce sujet, il faut voir le film memento qui joue sur des troubles de la mémoire et pose des questions fondamentales sur la notion de soi.
Punu Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Un film pas très bon d'ailleurs, tout dans le spectacle et rien dans le fond.
L'affreux Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 (J’ai mis ces petites questions dans ce forum parce qu’incidemment cela peut poser la question de ce qu’est un individu : comment puis-je être moi si je ne suis plus, en terme de matériau cellulaire, celui que j’étais il y a un an ou dix ans ? Si le matériau change, ne suis-je pas en fait que de l’information ?) Même problématique que pour le renouvellement des employés d'une entreprise, tu ne crois pas ? Nous ne sommes pas seulement de l'information, mais aussi de l'organisation.
xxc Posté 20 décembre 2006 Auteur Signaler Posté 20 décembre 2006 Concernant ta question entre parenthèses, si tu pars du principe que ton corps ayant changé, tu n'es plus ton corps, tu dois appliquer ce raisonnement à ton esprit, car lui aussi a fortement évolué depuis tes premières sensations - qu'y a-t-il encore de l'esprit de xxc foetus dans l'esprit de xxc vieux schnoque ? Dirais-tu pour autant que tu n'es plus toi ? Et que tu n'es ni matière ni information ? Pour le vieux schnoque, je me vengerai ! Sinon, n'y a-t-il pas la matière à bâtir une défense devant une accusation ? « Voyez-vous, monsieur le juge, il y a huit ans, je n'étais pas moi. Mes cellules ont été renouvelées ; quant à mon esprit, eh bien toutes mes idées ont changé depuis. Comment donc pouvez-vous me tenir responsable de ce meurtre ? »
Punu Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Je crois que cela a déjà été tenté, j'en suis même certain, mais je n'ai plus la moindre idée du contexte dans lequel j'ai lu cela.
bubka Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Je pèse aujourd’hui vingt fois plus qu’à ma naissance. En termes de cellules, il n’y a donc au plus aujourd’hui que 5 % de ce que j’étais à la naissance. Mais, et c’est la question que je pose aux biologistes du forum, reste-t-il encore dans ce que je suis aujourd’hui (j’ai 38 ans) quelques cellules originelles ou bien tout a-t-il été renouvelé ? Et aussi : au bout de combien de temps, le renouvellement cellulaire s’effectue-t-il ? Au bout de combien de temps est-on entièrement renouvelé ? Quand bien même un biologiste répondait à ta question, quelle conclusion pourrais-tu en tirer ? Ce n'est pas la matière, mais l'esprit ou l'information contenue dans la matière qui importe. La vraie question serait donc plutôt : Que suis-je si tout n'est qu'impermanence, la matière comme l'esprit ? A propos, des scientifiques ont récemment mis en évidence que nous (notre cerveau) prenons des décisions avant même d'en avoir conscience. Donc, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas notre conscience qui décide. La conscience prend conscience et c'est tout (un peu à l'image d'une lampe de poche dans une pièce plongée dans le noir). Après ça, il est difficile de se définir, de définir le "moi". (J’ai mis ces petites questions dans ce forum parce qu’incidemment cela peut poser la question de ce qu’est un individu : comment puis-je être moi si je ne suis plus, en terme de matériau cellulaire, celui que j’étais il y a un an ou dix ans ? Si le matériau change, ne suis-je pas en fait que de l’information ?) Je pense qu'il n'est pas bon de mêler les questions politico-économiques et les questions métaphysiques.
Rincevent Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Quand bien même un biologiste répondait à ta question, quelle conclusion pourrais-tu en tirer ? Ce n'est pas la matière, mais l'esprit ou l'information contenue dans la matière qui importe. La vraie question serait donc plutôt : Que suis-je si tout n'est qu'impermanence, la matière comme l'esprit ? On peut aller plus loin : qu'est-ce qu'être, si tout n'est qu'impermanence ? Un Sémanticien Général est demandé à l'accueil… A propos, des scientifiques ont récemment mis en évidence que nous (notre cerveau) prenons des décisions avant même d'en avoir conscience. Donc, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas notre conscience qui décide. La conscience prend conscience et c'est tout (un peu à l'image d'une lampe de poche dans une pièce plongée dans le noir). Après ça, il est difficile de se définir, de définir le "moi". Ca dépend de ce qu'on appelle "choisir". Une interprétation un peu différente des mêmes données peut juste aboutir à la conclusion que nous choisissons tout à fait librement avant de prendre conscience, quelques millisecondes plus tard, du choix que l'on a pris. Ce qui est tout différent, d'un point de vue philosophique.
Punu Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Quand bien même un biologiste répondait à ta question, quelle conclusion pourrais-tu en tirer ? Ce n'est pas la matière, mais l'esprit ou l'information contenue dans la matière qui importe. La vraie question serait donc plutôt : Que suis-je si tout n'est qu'impermanence, la matière comme l'esprit ? Pour ce que j'en sais, la question du moi n'est pas abordée dans le bouddhisme originel. L'impermanence c'est simplement la constatation que tout est en mouvement et qu'il est dès lors inutile de s'attacher aux choses et aux êtres, sources de souffrance. A propos, des scientifiques ont récemment mis en évidence que nous (notre cerveau) prenons des décisions avant même d'en avoir conscience. Donc, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas notre conscience qui décide. La conscience prend conscience et c'est tout (un peu à l'image d'une lampe de poche dans une pièce plongée dans le noir). Après ça, il est difficile de se définir, de définir le "moi". Aurais-tu les références de cette étude ?
Patrick Smets Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 A ce propos, le the economist d'aujourd'hui consacre un dossier spécial au neuro-science et à la question de la conscience. Ainsi qu'un autre sur l'analyse économique du bonheur. Un numéro à ne pas rater.
bubka Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Une interprétation un peu différente des mêmes données peut juste aboutir à la conclusion que nous choisissons tout à fait librement avant de prendre conscience, quelques millisecondes plus tard, du choix que l'on a pris. Ce qui est tout différent, d'un point de vue philosophique. En quoi est-ce différent de ce que j'ai écrit ? Je n'ai pas dit qu'on ne choisissait pas librement. Je pose simplement la question du "on" : C'est qui le "on" qui prend des décisions, qui choisit (ou pas) librement ?
Patrick Smets Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Pour ce que j'en sais, la question du moi n'est pas abordée dans le bouddhisme originel. ah bon ?? J'avais cru comprendre que c'était un point fondamental du bouddhisme. C'est tardif ou c'est moi qui ai rien compris ?
bubka Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Pour ce que j'en sais, la question du moi n'est pas abordée dans le bouddhisme originel. Je pense qu'elle l'est au contraire, mais je n'en suis pas sûr.L'impermanence c'est simplement la constatation que tout est en mouvement et qu'il est dès lors inutile de s'attacher aux choses et aux êtres, sources de souffrance. "inutile de s'attacher aux choses et aux êtres" Et donc à soi-même, à son "moi".Aurais-tu les références de cette étude ? Si je me souviens bien, j'ai lu ça dans un "Science et Vie". Je vais sûrement pouvoir le retrouver, mais pas dans l'immédiat. Je te tiendrai au courant.
Rincevent Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Si je me souviens bien, j'ai lu ça dans un "Science et Vie". Je vais sûrement pouvoir le retrouver, mais pas dans l'immédiat. Je te tiendrai au courant. Ca a effectivement fait la une d'un S&V il y a quelques mois.
h16 Posté 20 décembre 2006 Signaler Posté 20 décembre 2006 Je pèse aujourd'hui vingt fois plus qu'à ma naissance. En termes de cellules, il n'y a donc au plus aujourd'hui que 5 % de ce que j'étais à la naissance. Mais, et c'est la question que je pose aux biologistes du forum, reste-t-il encore dans ce que je suis aujourd'hui (j'ai 38 ans) quelques cellules originelles ou bien tout a-t-il été renouvelé ? Et aussi : au bout de combien de temps, le renouvellement cellulaire s'effectue-t-il ? Au bout de combien de temps est-on entièrement renouvelé ?(J'ai mis ces petites questions dans ce forum parce qu'incidemment cela peut poser la question de ce qu'est un individu : comment puis-je être moi si je ne suis plus, en terme de matériau cellulaire, celui que j'étais il y a un an ou dix ans ? Si le matériau change, ne suis-je pas en fait que de l'information ?) J'ai effectivement lu moi aussi que tous les atomes d'un corps humain se renouvelaient en moyenne en 7 ans (et je crois que c'est Feynman qui avait fait le calcul). Mais tu n'es pas qu'un assemblage donné d'atomes. Un humain est un continuum intellectuel autant dans l'espace que dans le temps. Se limiter à considérer l'espace aboutit à des absurdités (comme celles que tu proposes avec le "c'était pas moi, c'était le moi d'il y a 8 ans"). De même que la conscience est graduelle et non un état binaire on/off, il en va de même pour toutes choses, et tout particulièrement du vivant. La notion même de vivant est difficile à cerner, sans intégrer à la fois l'espace et le temps.
Sekonda Posté 24 décembre 2006 Signaler Posté 24 décembre 2006 Aurais-tu les références de cette étude ? Premières impressions, faites par le cerveau en un dixième de seconde Les chercheurs ont constaté que si les observateurs ont plus de temps pour regarder l'image du visage, l'impression première, le jugement ne change pas. Les personnes sont simplement plus sûres de leurs réactions initiales quand les chercheurs leur donnent plus de temps pour regarder l'image.Ceci dit, Todorov avertit que ses recherches n'indiquent pas que les premières impressions ne peuvent pas être transformés par le raisonnement du cortex préfrontal, où se situent les capacités cognitives. Finalement, quand les humains commencent à mieux se connaître, ils peuvent former une véritable impression, plus équilibrée et raisonnable. Les résultats sont publiés dans le Psychological Science vol. 17. Cette étude a été financée en partie par la National Science Foundation. News@Princeton Publications de Todorov : apparement, l'article n'est pas en ligne (juste l'abstract dans le lien au dessus.) Todorov fait le lien avec les travaux de Malcolm Gladwell.
Fredo Posté 24 décembre 2006 Signaler Posté 24 décembre 2006 Aurais-tu les références de cette étude ? Frank Herbert, célèbre écrivain de SF, mais aussi psychologue analyste jungien, en parle assez bien dans la préface de Et l'homme créa un dieu (prélude à Dune).
Sekonda Posté 24 décembre 2006 Signaler Posté 24 décembre 2006 Frank Herbert, célèbre écrivain de SF, mais aussi psychologue analyste jungien, en parle assez bien dans la préface de Et l'homme créa un dieu (prélude à Dune). Parle-t-on bien tous de la même chose ? Ce dont Bubka et moi parlons est une découverte récente (et à l'interprétation encore incertaine) alors que Herbert est mort en 1986.
Fredo Posté 24 décembre 2006 Signaler Posté 24 décembre 2006 Même problématique que pour le renouvellement des employés d'une entreprise, tu ne crois pas ? Nous ne sommes pas seulement de l'information, mais aussi de l'organisation. Sujet intéressant. Il se trouve que j'utilise cette analogie avec le corps humain et une entreprise pour aborder les notions d'organisation, de paradoxe entre permanence et changement, dans une série de séminaires que j'anime en ce moment pour accompagner la fusion/restructuration d'une très grosse boîte. J'ai lu quelque part que tout était renouvelé au bout de 7 ans. Mais je ne peux pas te citer la source. 7 ans en effet c'est la période de renouvellement des cellules des principaux organes. Pour la peau ça va plus vite, de l'ordre de 2 à 3 semaines. Quant aux neurones, pour la plupart, ont reste sur le capital de la naissance. Bien que des travaux récents aient montré la possibilité de renouvellement de certaines parties du cervelet par ex, même chez les personnes âgées. Mais bon, c'est le câblage en effet qui compte le plus. Et celui-ci se développe encore jusque vers 20-25 ans. On comprend ainsi mieux l'immaturité des "jeunes" et notamment l'insouciance qui les caractérise parfois, ou se mettre en situation de risque, le réseau reliant le cortex préfrontal et le système limbique n'étant pas encore achevé à la majorité "légale". Retenons donc l'idée principale de changements à divers niveaux et à divers rythmes. Gregory Bateson dans son épistémologie écosystémique soulignait l'importance de bien concevoir cette opposition entre substance et forme, matière et information. A chaque inspiration des échanges moléculaires se font entre mon corps et l'environnement. La substance, le fond, le matériau en est très légèrement modifié. Idem à un degré au-dessus : je bouffe et je chie et modifie encore plus ma substance. Pourtant à une certaine échelle d'espace-temps la forme, l'organisation de mon corps reste la même d'un jour sur l'autre. Mais à une échelle au-dessus, même la forme se modifie graduellement. La bedaine apparaît, les premiers cheveux blancs, etc. Idem pour une entreprise : l'organisation reste à peu près stable une certaine durée, les départs à la retraite compensés par les embauches, les fonctions/postes restant pourvus. De micro-changements peuvent se produire dans certains services, notamment si l'entreprise croit. Mais au niveau d'organisation observé non plus sur les personnes/postes mais sur les services/départements, on aura toujours la même forme. Mais cette dernière peut aussi être remise en cause (effets de seuil) au-delà d'une certaine taille. Ou plus encore dans les cas de fusion. Là il s'agit bien de ré-organisation, de changement de forme des formes elles-mêmes. Bref un méta-changement. La résistance au changement est un phénomène bien connu, ne serait-ce que parce que la stabilité, la permanence, rassure sur un plan psychologique. Les gens préfèrent un univers plutôt prévisible. Et puis s'adapter à un environnement changeant suppose un effort, une remise en cause des acquis, des apprentissages, etc. Un facteur intéressant à souligner est le phénomène général d'accélération s'exprimant dans notre rapport aux choses, aux gens, au temps, aux lieux, aux idées, etc., amorcé par la révolution industrielle et accentué par l'ère du transistor puis du microprocesseur. Ce concept fut décrit par Alvin Toffler en 1970. L'impact de ce "Choc du futur" est sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Nous vivons aujourd'hui une révolution peut-être plus importante encore que la découverte du feu par nos ancêtres. Déjà à l'époque il indiquait un certain nombre de tendances qui émergeaint. Comme la mobilité géographique ou le changement d'emplois lors d'une carrière. C'est peut-être stressant de ne pas tout savoir ou de pas pouvoir dire si nos enfants auront les mêmes goûts, valeurs, activités, loisirs, etc., que nos parents. Les stéréotypes sociaux tendent à disparaître du réel pour n'être que des repères utiles lors d'une interaction sociale. Il y a un siècle ou deux, voire même la génération de mes grands parents on pouvait facilement inférer les "caractéristiques" d'un paysan, d'un notable, d'un bourgeois etc. Aujourd'hui quand je vais voir un docteur, rien ne me permet de savoir (à part ce stéérotype utile qui fait que je joue le jeu de me confier à lui, même sur un plan intime car je sais que l'interaction n'engendrera pas de relation au-delà) si ce médecin écoute en privé du hard-rock ou Mozart, aime le foot et la bière etc., comme un étudiant, un artisan, un député, etc. Notre environnement est en perpétuel changement, et chose nouvelle : l'ampleur et la vitesse de ce changement accélèrent aux-mêmes. Le discours que je tiens est donc qu'il ne tient plus qu'à nous de nous remettre en question et nous bouger le cul adapter continuellement. De moins en moins de choses sont acquises. Parle-t-on bien tous de la même chose ? Ce dont Bubka et moi parlons est une découverte récente (et à l'interprétation encore incertaine) alors que Herbert est mort en 1986. L'image de la lampe qui éclaire etc. est bien reprise par Herbert. Et l'idée de la conscience comme simple témoin naviguant entre les niveaux de l'esprit et du corps se retrouve sous-jacente dans certains modèles ésotériques. Inspirée par le bouddhisme et l'hindouisme, etc., La Théosophie(*) a bien développé ce point par exemple. Bon, il est vrai que la mère Blavatsky a fait bien pire que du syncrétisme, et il y a vraiment à boire et à manger. Ceci dit, au-dessus du quternaire corporel (physique, énergétique, émotionnel et mental) on trouve la triade Atma-Buddhi-Manas qui constitue l'esprit et l'âme. Atma est le Soi, Buddhi et Manas représentent les émotions supérieures et le mental supérieur qui ont leur contrepartie dans le corps dont le fonctionnement est en grande partie automatique. Ou, pour les niveaux supérieurs, répondant à "l'intuition". La conscience ne serait que l'ascenceur qui relie tous ces niveaux, se ballade entre eux… Pas impossible que des gens aient eu l'intuition de ce fonctionnement de l'esprit avant même que les données scientifiques corroborent cette hypothèse. (*) Mais de là à prendre le modèle pour la "réalité", et croire comme certains qu'il existe des plans vibratoires correspondant à chacun de ces niveaux… Il y a un glissement dangereux que certains ont franchi…
Fredo Posté 24 décembre 2006 Signaler Posté 24 décembre 2006 On peut aller plus loin : qu'est-ce qu'être, si tout n'est qu'impermanence ? Un Sémanticien Général est demandé à l'accueil… La réponse qu'on donne en s.-g., justement, est que les questions 'métaphysiques' de ce genre n'ont pas de "sens".
Rincevent Posté 24 décembre 2006 Signaler Posté 24 décembre 2006 Frank Herbert, célèbre écrivain de SF, mais aussi psychologue analyste jungien, […] C'était un Jungien ? Ca a eu quelle influence sur ses livres ? La réponse qu'on donne en s.-g., justement, est que les questions 'métaphysiques' de ce genre n'ont pas de "sens". Rassurant, en tout cas. Il faudra que je lise Korzybski un jour… Dès que j'aurai fini les 30 000 pages qui figurent déjà sur ma liste d'attente.
Mobius Posté 30 décembre 2006 Signaler Posté 30 décembre 2006 Bon et si on transfère son cerveau dans une machine: est-ce que c'est encore nous?
Salatomatonion Posté 30 décembre 2006 Signaler Posté 30 décembre 2006 Il faudra alors que je raconte un jour ma mésaventure avec la très jeune nièce du Grand Cadi de Mayotte (qui est un fonctionnaire français de haut rang). Là c'est grave ! Je me suis permis de rigoler parce que l'issue était heureuse et que c'était vraiment drôle. Mais bon si la seconde anecdote est encore pire, je suis preneur … en Taverne évidemment pour éviter de plomber de hors-sujet ce fil que tu as ouvert. Bon et si on transfère son cerveau dans une machine: est-ce que c'est encore nous? Ca c'est la question Jackpot. Si c'était techniquement possible (dans les tourments infernaux d'une société au comble du progressisme ), cela voudrait dire que quelqu'un n'a pas respecté mes dernières volontés "laissez-moi mourir en paix et durablement". Une vulgaire machine améliorée qui sera infoutue d'utiliser ma cervelle aussi bien que moi.
Rincevent Posté 30 décembre 2006 Signaler Posté 30 décembre 2006 Bon et si on transfère son cerveau dans une machine: est-ce que c'est encore nous? Tu veux dire, on transplante le cerveau, ou on recopie sa structure / on copie ma conscience ? C'est très différent. Dans le premier cas, on peut dire que c'est moi. Dans l'autre cas, ce n'est clairement pas moi, puisque je ne peux pas exister en double. On voit que, puisque je suis une personne et que je reste moi, la machine équipée de mon cerveau devient par ladite opération une personne. Toutefois, dans le deuxième cas, le résultat est-il une personne ? Mais je m'éloigne du sujet.
Mobius Posté 30 décembre 2006 Signaler Posté 30 décembre 2006 Tu veux dire, on transplante le cerveau, ou on recopie sa structure / on copie ma conscience ? C'est très différent. Dans le premier cas, on peut dire que c'est moi. Dans l'autre cas, ce n'est clairement pas moi, puisque je ne peux pas exister en double. On voit que, puisque je suis une personne et que je reste moi, la machine équipée de mon cerveau devient par ladite opération une personne. Toutefois, dans le deuxième cas, le résultat est-il une personne ? Mais je m'éloigne du sujet. ca dépend des techniques envisagées: la première est effectivement la méthode "Robocop": on vire le bio et on met ca dans un superbe corps en carbofibre et myomer: le corps bio n'est plus (enfin sauf si on le cryogénise): donc effectivement la question ne se pose pas. La seconde est le remplacement du cerveau par un équivalent cybernétique façon Ghost in the Shell ( le remplacement graduel par des cyber-neurones équivalents à ceux détruit par exemple) avant le transfert dans le corp artificiel (et là on a ce qu'on appelerait une indefinite lifespan) la méthode la plus épineuse: est-ce moi sous une nouvelle forme ou un Mobius amélioré mark II vu qu'il ne partage rien avec l'original Et enfin: le mind uploading dans une machine pas de destuction de l'original; mais une copie de secours en cas d'accident (et là à mon avis; la problèmatique est plus proche du droit des clones que de la cybernétique)
Salatomatonion Posté 31 décembre 2006 Signaler Posté 31 décembre 2006 ca dépend des techniques envisagées:la première est effectivement la méthode "Robocop": on vire le bio et on met ca dans un superbe corps en carbofibre et myomer: le corps bio n'est plus (enfin sauf si on le cryogénise): donc effectivement la question ne se pose pas. Pourquoi ne se pose-t-elle pas ? J'aurais du mal à qualifier d'être humain une cervelle dont la pensée résonne dans une carcasse métallique. De plus un aspect qu'on ne mesure pas c'est l'énorme traumatisme et le rejet "mental" possible dans un cas pareil. Si je ne me trompe pas il y a de nombreux cas où l'amputation d'un seul membre perturbe énormément les patients. Idem pour les paralysies locales, une copine en médecine me racontait l'anecdote d'un gars qui hurlait la nuit car il croyait, en voyant la partie de son corps paralysée, que quelqu'un était dans son lit. On ne mesure l'impact psychologique que pourrait avoir ce type d'opérations, tant sur le patient que son entourage. Ca me pousse à te répondre à ta question initiale que non, ce ne sera plus nous. Je crois même que je vais éviter d'en causer en public ! Rappelle-moi de te raconter cette histoire si un jour on se rencontre IRL. Ca sera avec plaisir (de se rencontrer IRL évidemment, pas seulement l'anecdote) !
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