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Heureux Comme Un Cycliste à Paris


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C'est moche?

Les piliers prennent la place d'une rue? (a moins qu'au sol, les véhicules et les piéton apprennent à slalomer)

Sinon, ce n'est pas bête du tout.

Excusez, j'oubliais: le nombre de "mes" pilliers. Coome vous le savez ( pour ceux qui ont déjà vu un télépherique) ils peuvent être assez rares, assez espacés. Si on veut à tout prix y "slalomer"… il faudra appeller ça du Super-Super-G !

Qui plus est, ils peuvent servir pour y planter, au sommet, des antennes ( radio, telephonie, etc)

PS. Et les passagers auraient enfin des vues panoramiques de la ville, depuis de nombreux angles ! Super, pour attirer les touristes !

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Ou alors ça :

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http://www.atsltd.co.uk/media/pictures/

PRT still involves stations, but they would be smaller and more closely spaced than in traditional transit systems. Instead of big trains or buses, passengers would board small, driverless pods, for one to four people, which would travel along narrow tracks or elevated rails. The stations would not lie on the main line, but on bypasses, allowing pods to proceed directly to their final destination without any stops. It is the stuff of science-fiction films: carefree passengers whizzing effortlessly around in gleaming, automated capsules, without any fear of traffic jams, pickpockets or breakdowns.

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L'intérêt de l'automobile, c'est que cela me permet de me déplacer d'un point A à un point B, dans de bonnes conditions. Je n'ai pas à supporter des stations sales et odorantes, la promiscuité d'individus à l'hygiène et à la courtoisie douteuses, le sardinage des heures de pointe, les sempiternelles rengaines des mendigots professionnels qui invariablement viennent de sortir de prison où se retrouvent sans resources avec trois enfants en bas âge. […]

Appréciant de marcher, je supporte encore pas trop mal la saleté repoussante du métro, qui me permet de me dégourdir les jambes sur quelques dizaines de mètres (voire quelques centaines de mètres si je sors quelques stations plus tôt). C'est précisément pourquoi j'affectionne de le prendre aux heures les plus creuses, où la promiscuité est très faible, avec musique (ou conférence) dans les esgourdes ou livre dans les mains pour oublier les professionnels de la mendicité. Le seul problème, c'est l'idée que je paie trois fois mes trajets : une fois pour acheter un billet, une deuxième avec mes impôts, et une troisième via la sécu. Sans nul doute, si les trajets pouvaient n'être payés qu'une seule fois, plein pot, un grand nombre de gêneurs odorants ou bruyants seraient exclus et le métro n'en serait que plus agréable.

  • 4 weeks later...
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Vous vous rappelez cette tribune anti-verte de

Claude Lanzmann?? Eh bien le maire écolo du IIème arrondissement, Jacques Boutault lui a fait une gentille réponse très respectueuse et argumentée:

A Paris, libérons l'espace urbain au profit des humains !

On ne peut faire évoluer une ville sans susciter des conflits. Pour répondre à votre tribune, Claude Lanzmann (Le Monde daté 1er-2 avril), il faut du culot. Car vous êtes un pape - dans votre domaine et dans celui d'avoir tenté de suivre Sartre sur toutes ses brisées. Enfin, presque. Mais hors cela point de salut : vous n'êtes pas un expert en institutions publiques ni en circulation. Ni semble-t-il en politique puisque vous ne voyez pas plus loin que l'horizon du boulevard Saint-Germain.

Un expert en amalgames, vous l'êtes. Un expert en confusion aussi. Une collectivité territoriale et l'Etat, pour vous, c'est pareil. De sorte que vous assimilez la Mairie de Paris au ministère de l'intérieur. Il y a trop de policiers ? C'est la faute à ces « écologistes intégristes qui règnent à Paris sans partage ». Vous êtes tout de même un peu pitoyable, M. Lanzmann. Plus moyen de tourner à droite rue de Seine quand on roule boulevard Saint-Germain ? Contre cette infamie, que fait la « vraie gauche » ? Rien. Alors vous appelez à la rescousse « les candidats à la candidature socialiste » (rien de moins que MM. Hollande, Jospin, Strauss-Kahn et Fabius) et accessoirement la « candidate désignée ». Leur mutisme les rend complices.

La pollution, vous ne vous en fichez pas, bien entendu. L'effet de serre non plus. Désormais, c'est entendu, nous sommes tous écolos. D'ailleurs vous faites du vélo le dimanche. Mais modifier vos habitudes ? Vous déplacer autrement ? C'est la fin de la liberté ! Désolé de vous importuner avec la Plèbe, mais ne vous est-il pas venu à l'esprit que la majorité des Parisiens et des banlieusards, celle qui prend le bus, le métro et (de plus en plus) son vélo approuve ? Bien sûr, cette majorité ne dispose pas de votre notoriété, ni de votre capital intellectuel, ni de votre accès aux médias, ni de votre pouvoir d'achat. Elle est donc négligeable.

AVEUGLEMENT ET MAUVAISE FOI

C'est que, coincé dans votre auto, vous ragez de voir le petit peuple vous filer sous le nez, certes tassé dans son bus, mais glissant à bonne vitesse dans un couloir à lui réservé. Et vous l'imaginez vous narguant. Réfléchissez : peut-être que cela, et simplement cela, sonne le glas de la gauche de salon qu'on appela jadis caviar.

Ce qu'il y a de nouveau et surprenant pour le nanti que vous êtes, c'est que les Verts disent ce qu'ils vont faire. Puis le font vraiment. Vous étiez habitué, sans doute, aux promesses d'un soir électoral. Faire ce pourquoi l'on est élu, c'est assurément le lot de « dangereux bureaucrates » ! Non, de « technocrates aveugles ». Et puis, tiens, les deux : de « technobureaucrates » ! Car, bien sûr, ces élus parisiens qui vous emmerdent viennent de nulle part, ne sont pas désignés par le suffrage universel ni d'ailleurs vraiment écolos. Ni bien entendu de gauche.

Je m'étonne de votre aveuglement et surtout de votre mauvaise foi qui n'a d'égal que votre ego surdimensionné. Vous avez les moyens, cher monsieur, de vous offrir « un taxi aux heures de pointe » ? Vous êtes un bourgeois que le métro dégoûte ? Qu'à cela ne tienne, dites-le sans ambages et allez au bout de votre raisonnement. Offrez-vous donc un abonnement avec code d'accès privilégié ! Puisque vos propos sentent la haine à plein nez, offrez-vous donc ce luxe : dites que le métro pue aux heures de pointe et l'on aura enfin compris qu'il n'est pas pour vous.

Comme toutes les capitales un peu à l'avant-garde, ce que nous avons cherché à faire, c'est soulager Paris, non pas des voitures, mais de l'infernale pollution qu'elles produisent, devenue insupportable aux enfants, aux vieillards et aux personnes de santé fragile, pollution générant beaucoup plus d'ennuis graves de santé que prendre le métro. A libérer un peu de cet espace urbain confisqué aux humains par ces millions de cockpits de métal et de feu lâchés dans nos rues.

Cela ne vous semble pas d'utilité publique ? Visiblement pas. Le bien commun ne paraît pas vous préoccuper. Il s'arrête au vôtre de bien-être, circonscrit au cadastre germanopratin… Las, il vaut mieux en rire. Mais la fraternité non plus ne semble guère vous effleurer : « Des SDF aux trognes moyenâgeuses », cela aussi transpire la hargne et le mépris. J'en connais au moins un, si ce n'est une, qui se retournera désormais dans sa tombe lorsque vous traverserez la place qui porte leur nom, devant Les deux magots.

Diable, M. Lanzmann, c'est vous qui parlez de « maladie » lorsque vous croisez un SDF ? Vous voulez évoquer une contagion sans doute ? C'est vous qui écrivez ça ? Cela sent mauvais, de forts remugles d'un autre temps. J'ai du mal à vous lire et à croire que vous êtes l'auteur de ces lignes. Vous voyez, cela me gêne presque davantage que votre « poupin Baupin », « poupin écolo », « poupine cervelle » et autres « tueur de voitures ».

Mais tout de même « poupin Baupin »… Cela résonne étrangement. Et l'analyse sémantique serait fort justement hors jeu. Elle réduirait votre texte à une peau de chagrin, alors qu'il est plein de savoureuses contre-vérités qui fondent sa démagogie. Simplement, on a tous le visage du hasard, celui de ses parents, de sa lignée, de son poids sur nous. Et, M. Lanzmann, n'importe quel visage vaut bien le vôtre.

Contre-attaque du Vieux Lion (qui pour le coup, remonte sérieusement dans mon estime)

Un maire "Vert" de rage

Prétendant répondre à l'article dans lequel je dénonçais les excès et les méfaits de la politique de la Ville, mise en oeuvre par Denis Baupin en matière de circulation urbaine, Jacques Boutault, maire (Vert) du 2e arrondissement de Paris, vante comiquement le "culot" (sic) qu'il a dû mobiliser pour oser s'attaquer au "pape" que je suis. Le culot, j'en conviens, n'était pas de mon fait, je n'ai eu que du courage, car s'en prendre aux Verts, je m'en avise aujourd'hui, est un crime de lèse-majesté.

M. Boutault s'étouffe d'une verte rage, se montre incapable de lire, cite de travers, n'argumente pas et n'a d'autre ressource que les insultes et les contre-vérités. Avec une grosse ironie, il circonscrit mes déplacements à "l'espace germanopratin" parce que j'ai parlé du danger qu'il y a à tourner à droite vers les rues de Seine et de l'Odéon lorsqu'on roule boulevard Saint-Germain. Il y a bien d'autres voies dans Paris où le même danger existe : la statistique des accidents graves engendrés par le nouvel ordre urbain peut être aisément consultée, malgré tous les artifices pour les nier. Autre exemple : j'avais écrit : "Je suis cycliste et je roule dans Paris quand il ne pleut pas et ne fait pas trop froid. Les autobus me frôlent la jambe à toute berzingue dans notre couloir commun (…)." Sous la plume de M. Boutault, cela donne : "D'ailleurs vous faites du vélo le dimanche !"

Notre élu Vert devrait savoir que les autobus sont fort rares le dimanche. Non, M. Boutault, je roule en semaine, et si j'évite de le faire par grand froid ou grande pluie, c'est simplement parce que j'ai 81 ans bien sonnés, ce que j'ai en effet omis de confesser. C'est également la raison pour laquelle, quand je parlais de personnes aux bronches fragiles à qui les courants d'air du métro sont médicalement interdits, c'est à moi que je faisais allusion.

Mais j'en connais d'autres qui se trouvent dans la même situation. Je ne suis ni un "nanti", comme vous l'écrivez sans rien savoir de moi, ni un "bourgeois que le métro dégoûte" parce que je me plains de ne pas trouver un taxi aux heures de pointe, je ne jouis d'aucun privilège et j'attends, en hiver, pendant de longues minutes, un autobus qui tarde à venir, ce qui me coûte trois bronchites par saison. Quand je parlais des SDF qui se réfugient sous les abribus, "y installant avec raison leurs cartons", vous supprimez malhonnêtement, dans la citation que vous faites, le "avec raison" et inférez à partir de là que je méprise et hais la "plèbe" (c'est votre langage, pas le mien), les pauvres, le peuple, etc.

Et, plus ignoblement, sans vous rendre compte que ce sont vos propres fantasmes qui s'expriment, vous me prêtez la crainte d'être contaminé par les SDF, ajoutant : "Cela sent mauvais, de forts remugles d'un autre temps (…)." Ce propos, concernant l'auteur de Shoah, est abject. Ce n'est pas le métro qui pue, comme vous voulez me le faire dire, c'est que cette idée soit née en vous : les SDF déparent sûrement votre belle ville, mais les électeurs ont le droit de penser que leurs deniers et leurs voix eussent été mieux employés si le problème politique et social des sans-abri était passé avant la réforme des couloirs d'autobus, la refonte des trottoirs ou la création d'espaces verts. Rendre la ville aux humains, dites-vous : à quoi bon, si le vert et le rutilant se paient du rejet de certains dans la sous-humanité ?

Il se confirme après cela que les Verts, comme jadis les cocos, sont des fanatiques avec lesquels il est impossible de discuter et qui ne répondent aux arguments que par l'injure. Espérons que les électeurs en tireront les conséquences l'an prochain et que Boutault retournera à ses chères études.

Le Perroquet Libéré débattra vendredi avec le sieur Boutault dans le cadre de l'émission de France Culture "Du grain à moudre".

http://www.leperroquetlibere.com/Le-Perroq…tault_a267.html

  • 4 weeks later...
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Près de 200 cyclistes se sont réunis hier à Paris, pour la première manifestation des "vélorutionnaires". Pour l'occasion certains avaient tombé la chemise, d'autres étaient entiérement nus sur leurs deux roues. C'était leur façon particulièrement originale de montrer leur colère contre la voiture reine en ville… et aussi de la fragilité des cyclistes en milieu urbain. (…)

http://deblogablog.blog.20minutes.fr/archi…ous-a-poil.html

Je viens de tomber sur l'info. Marrant. :icon_up:

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Rien à voir avec le vélo mais article repris par le perroquet libéré. Putain ce que c'est bon !

Quand Anna Politkovskaïa analysait la gauche française et Delanoë…

Bertrand Delanoë a récemment inauguré une plaque à la mémoire de la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa. Histoire de récupérer le temps d'une photo une part de la mémoire de cette journaliste qui n'avait pas sa langue dans sa poche et qui en est morte… Etonnant quand même de la part du maire de Paris qui apprécie surtout les journalistes obéissants qui relayent ses actions de communication sans broncher (ils se reconnaîtront !).

Pour que l'hommage soit complet, Le Perroquet Libéré a jugé utile de publier la traduction française d'un article décapant d'Anna Politkovskaïa, dans lequel elle se lâchait sur Bertrand Delanoë dans des termes que d'aucuns qualifieraient d'homophobes.

Quand Anna Politkovskaïa analysait la gauche française et Delanoë…

« C'est avec une intense émotion que j'ai appris l'ignoble assassinat dont a été victime Anna Politkovskaïa. (…) Femme en colère, comme elle se nommait elle-même, elle se savait menacée mais cette journaliste engagée n'a jamais abdiqué face aux intimidations, conservant intactes sa faculté d'indignation et sa détermination à informer et à révéler. » C'est en ces termes que Bertrand Delanoë s'adresse à Dimitri Murativ, directeur de la rédaction Novaïa Gazeta, suite à l'assassinat de la journaliste de sa rédaction Anna Politkovskaïa.

Début mai, Bertrand Delanoë réitère son hommage en inaugurant un espace « Anna Politkovskaïa » à la Maison des journalistes à Paris…

A croire qu'il n'a jamais lu cet article, publié dans Novaya Gazeta n° 27 du 15 avril 2002 (original disponible dans les archives du journal sur le site: novayagazeta.ru), qui n'est pas tendre pour Lionel Jospin, ni pour lui,… et encore moins pour la gauche française qui compte beaucoup de « personnes à orientation non traditionnelle ».

UN JOSPIN ALLEGE, par Anna Politkovskaïa (15.04.02)

Quand Anna Politkovskaïa analysait la gauche française et Delanoë…

Anna Politkovskaya, correspondant spécial de "Novaya Gazeta", a passé une journée en compagnie du Premier Ministre français, Lionel Jospin. La démagogie politique française s'est avéré être pire que chez nous.

DOSSIER

17 candidats se présenteront à l'élection présidentielle en France, en 2002. C'est un record absolu pour ce pays. Parmi eux:

* Lionel Jospin, actuel premier ministre et dirigeant du Parti Socialiste ("gauche modérée", prévision: 21 % au premier tour, 52 % au second); :doigt:

* Jacques Chirac, actuel président, républicain («droite», libéral, prévision: 20% au premier tour, 48% au second);

* Arlette Laguiller («extrême gauche», leader du parti trotskiste "Lutte Ouvrière", prévision: autour de 10 %); :icon_up:

* Jean-Marie Le Pen («extrême droite», archi-nationaliste et ami de Jirinovski, prévision: autour de 11%);

* Alain Madelin (leader du parti «Démocratie libérale», «leur» Yavlinski, prévision: autour de 4%);

* Noël Mamère (leader du parti «Vert», prévision: autour de 4%); et d'autres.

D'abord, quelques mots d'explication à l'intention de nos lecteurs: pourquoi "Novaya Gazeta" a-t-elle envoyé quelqu'un en France, alors qu'il ne manquait pas de quoi faire chez nous?

Notre idée était simple: jusqu'à présent, nous ne savons toujours pas comment le président Poutine voit la fin de la guerre en Tchétchénie, aussi avons-nous décidé de l'apprendre en passant par des intermédiaires. Autrement dit, en essayant de poser les questions qui préoccupent nombre d'entre-nous aux leaders européens avec lesquels, du fait de sa fonction, Poutine entretient des relations de travail étroites. En outre, il y avait quelque chose qui militait en faveur de la France: les intellectuels et hommes politiques de là-bas, y compris le Premier Ministre, Lionel Jospin, occupaient traditionnellement une position plus radicale sur la question tchétchène que les élites des autres pays, affichaient des positions clairement antimilitaristes et aidaient de nombreux tchétchènes à s'établir en France.

Une fois tous les arrangements pris avec le service de presse de Mr. Jospin, celui-ci communiqua à "Novaya Gazeta" la date, à laquelle le premier ministre français, pendant un déplacement à Lorient, une petite ville de province sur la côte atlantique, répondrait aux questions qui lui avaient été adressées d'avance. Pas gratuitement, il est vrai, mais en contrepartie de la publication d'un reportage sur ses rencontres préélectorales à Lorient. Nous avons répondu: "Et pourquoi pas?"

…Tous les déplacements préélectoraux se ressemblent comme des écrous façonnés à la chaîne. Que ce soit chez nous ou chez eux. Le voilà, le candidat: regard errant au-dessus des têtes populaires. Fatigué, mais chargé de la gravité propre à l'homme d'Etat. Il fait semblant de comprendre tout ce qu'on lui dit. Et voilà le peuple qui, à l'occasion de la venue des chefs de la capitale, s'est paré de vêtements de travail neufs et de casques propres. Plus, la presse "flashante et mitraillante" et la mairie au grand complet.

Sur le plan de la méthode, c'est exactement ainsi que les choses se sont déroulées dans le port de Lorient, où Mr. Jospin commença sa visite. On lui montra une nouvelle barcasse de pêche dans un dock à sec, il hochait de la tête en silence au rythme des explications, puis il serra la main au "jeune ingénieur" posté au premier rang du "peuple", prit la pose pour une photo souvenir avec le maire, et…

Ce fut notre tour. Dans notre dos, le service de presse nous rappela: "Tenez-vous en strictement aux questions…".

- Monsieur le Premier Ministre, que pensez-vous de "l'opération anti-terroriste" en Russie, de la guerre en Tchétchénie? Des atteintes massives aux droits de l'homme? Avez-vous parlé avec Poutine de la fin de cette guerre? Des délais?

Le Premier Ministre français est visiblement frappé de stupeur. Une pause emplie de perplexité et d'incompréhension s'installe. Derrière ses lunettes, son regard indifférent se fait peu à peu mauvais et acéré. Que se passe-t-il?

- Oh, non, pas ça… Seigneur, tout sauf ça… - dit Jospin en jetant un regard sur la foule autour.

- Mais pourquoi - «pas ça»?

- Pourquoi me demandez-vous cela ici, à Lorient?

- Je suis une journaliste de Russie, j'ai été spécialement invitée ici par votre service de presse pour vous poser cette question…

Horreur sur le visage de Jospin. Celui de son attaché de presse se couvre de tâches.

- Non, non… Et encore une fois, non… C'est si compliqué…

- Mais, Monsieur le Premier Ministre… Dites, au moins, en quoi les relations Jospin-Poutine seront-elles différentes des relations Chirac-Poutine, si vous êtes élu président? Qu'est-ce que la Russie peut attendre, dans ce cas, de la France?

- Vous en avez des questions… Poutine… Seigneur… Oh, non… Pas ça. Aujourd'hui, je vais parler seulement de la mer. Posez-moi donc des questions sur la mer!

- Pourquoi ne veut-il pas répondre? - ai-je demandé, perplexe, aux témoins de cette étrange scène. Il a peur de Poutine?

Journalistes du pool du premier ministre, ingénieurs portuaires et ouvriers, chacun y va de son explication. La peur de Poutine n'y est pour rien. Il s'avère que l'une des traditions des hommes politiques contemporains en France est de ne pas être concrets. De s'exprimer de façon à ce que leurs pensées soient délayées et floues, pour ne pas avoir à en répondre par la suite. Des hommes politiques allégés, avec derrière eux une politique européenne ni lourde, ni contraignante, à usage général (non spécifique).

Cela est particulièrement inhérent aux socialistes, dont le parti est, aujourd'hui, dirigé par Jospin. Et s'agissant justement des socialistes français, ceux-ci sont carrément un cas spécial.

C'est que "la gauche modérée", les socialistes français, comptent beaucoup de personnes à orientation non traditionnelle. Mais ne pensez pas que pour les socialistes, ce soit une "moins-value" politique. En aucun cas. En France, c'est une "plus-value", donnant de bonnes chances pour la victoire, y compris au Jospin "allégé".

Je vais illustrer cela par un exemple politique éloquent de la série "dis moi qui sont tes amis…". L'un des personnages de premier plan du camp de la "gauche", par ailleurs camarade d'idées du camarade Jospin, est Bertrand Delanoé, l'actuel maire de Paris. Il est connu pour être un gay déclaré grâce à quoi il a remporté les élections (résultat: tout un quartier résidentiel pour gays a vu le jour à Paris). Pendant les élections, Delanoé a fait de belles promesses, mais à présent sa politique est assez agressive et radicale, conforme à ses propres représentations protestataires de la vie. Par exemple, Delanoé se sentant l'âme écologiste, toute la circulation est en train d'être réorganisée à Paris de façon à pénaliser au maximum les automobilistes, alors ils "se mettront au vélo" (citation de Delanoé).

Ne pensez pas qu'il s'agit d'une plaisanterie. Parler sans rien dire de concret, puis réformer et réguler tout ce qui vous tombe sous la main, c'est la substance de la "gauche" française actuelle.

C'est pourquoi, me prévenait-on, il ne faut pas trop croire à tous ces "non-non… Seigneur, tout sauf cela". Dans le jargon politique français actuel, cela signifie: aujourd'hui, Jospin est pour le radicalisme pur et dur de Poutine en Tchétchénie. Sauf qu'il ne veut pas le dire, parce que ce n'est pas conforme aux usages d'ici…

L'alma mater politique de Jospin est "l'extrême trotskisme". Il a passé près de vingt ans de sa vie d'homme mûr (de 30 à 50 ans) dans une secte politique trotskiste, clandestine et illégale, dont la principale idée est la révolution permanente: niveler tout le monde, tout confisquer aux riches et le répartir entre les pauvres, au compte-goutte. Aujourd'hui, pendant la campagne préélectorale, Jospin tente par tous les moyens de se démarquer de ce sectarisme et quand on le questionne sur son passé trotskiste, il dit des contre vérités, comme, par exemple, qu'il n'a jamais fait partie de la secte, que c'est son frère qui figure sur le liste, que seuls leurs noms sont les mêmes…

Une ruse? Ou, peut-être, n'était-ce vraiment pas lui? Nous parlons avec André Glucksman, le plus grand philosophe français actuel. Pendant de nombreuses années, il a été l'un des plus brillants représentants de la gauche française et on ne peut trouver aujourd'hui un meilleur connaisseur de ce bord de la vie politique en France. Voici sa réponse:

- Bien entendu, il s'agit bien de Lionel Jospin et pas de son frère. L'organisation dont il est question existait secrètement, dans une profonde conspiration, comme une secte. D'ailleurs, personne ne sait aujourd'hui si elle s'est dissoute. Il est fort probable qu'elle continue à exister illégalement et que Jospin en soit un membre à part entière et mette simplement en œuvre le programme correspondant.

- Alors, c'est quelque chose qui ressemble à la maçonnerie?

- Oui. L'organisation au sein de laquelle le visage politique de Jospin s'est formé est, en substance, celle de maçons trotskistes. Leur but est de pénétrer dans la structure du pouvoir et de gestion de l'Etat en conformité avec les principes de Trotski. Personne ne sait exactement si Jospin en fait toujours partie; peut-être, ses ambitions présidentielles ne sont que le plan de cette secte trotskiste.

- Mais cette secte n'est pas au moins une organisation terroriste?

- Indiscutablement non.

…Il est temps de revenir à Lorient. Dans le port que le premier ministre français, Jospin, est en train de quitter en s'en allant vers sa limousine salvatrice pour se retrouver bientôt dans le centre-ville, au Palais des Nations, où le candidat doit faire part de ses fameuses "réflexions sur la mer".

Le chemin de Jospin jusqu'à la tribune est entravé par une foule de ses anciens compagnons d'idées, communistes et représentants du syndicat communiste, le plus puissant en France (CGT). Drapeaux rouges; uniformes, discours par haut-parleurs, slogans : "Ne touchez pas à Alcatel". De nouveau Jospin a l'air mauvais et irrité. Sortant de la limousine, il jette un regard pourfendeur sur cette foule de "gauche" et, sans mot dire, se précipite à vive allure à l'intérieur du Palais des Nations, dont les fenêtres…. ne sont pas insonorisées. On entend dans la salle ce qui se passe dans la rue: rugissement de la foule, cris, chants communistes. Jospin fait comme si de rien n'était. Arrive l'heure des "réflexions sur la mer". Les voici:

«…La mer unit et rassemble. Elle porte en elle les valeurs de la solidarité…»

«…La mer s'inscrit profondément dans la liberté que les socialistes portent au monde au nom de l'épanouissement de l'homme…»

«…La mer est sans frontières, elle est ouverte à tous les vents du libéralisme le plus dur, à commencer par les dépotoirs sur les côtes et en terminant par les marins livrés à eux-mêmes…»

«…Conduire une politique de la mer, cela signifie rejeter les dérives libérales …»

«…Nous voulons éviter les écueils sous-marins d'une libéralisation excessive».

Et enfin: «Sauvons la mer des flux et des reflux du libéralisme».

Cette phrase, Jospin la prononce comme sa "réflexion" de choc "sur la mer". La substance et le noyau de sa politique. S'il existait un livre des records Guiness sur les spécialistes en matière de démagogie politique, cette dernière phrase arriverait en tête.

Un éclaircissement s'impose: de quoi donc parle Jospin, si l'on traduit le français politique dans l'autre français, plus simple? Qu'entend-il par "sauver du libéralisme dur", "rejeter les dérives libérales"? Il s'agit d'une pierre - cette fois encore originale et très française - lancée dans le jardin de Jacques Chirac, le président-libéral, le principal compétiteur de Jospin aux élections. En le critiquant de cette façon métaphorique, Jospin n'a pas une seule fois cité son nom directement, cependant, il s'avère que selon les règles locales, il s'agit d'une critique «gonflée»! Et nous qui voulions parler de la Tchétchénie…

Le final fut simple, joué sur les notes de tout final préélectoral. Les derniers "flux et reflux" de la tribune se muèrent en ovation. «Jos-pin - pré-si-dent! Jos-pin - pré-si-dent!» - scandaient les premiers rangs sur le rythme de "Spar-tak! cham-pion!" Une minute plus tard, afin d'éviter tout échange désagréable avec le "peuple", on fit sortir l'orateur par la porte de derrière.

Sur le chemin de retour à Paris, très tard le soir, dans l'avion de Jospin, mis à sa disposition par la compagnie d'aviation privée "DarTa", il régnait une atmosphère très remontée, comme il peut arriver après une journée de travail réussie. On servit du vin d'assez bonne qualité et l'équipe des communicants jospinoviens entonna joyeusement ses chansons préférées. D'abord, plusieurs fois une chanson sur "le commandante Che Guevara". Puis, le chant des partisans italiens. Enfin, "Motivé", une chansonnette des communistes français. (…) Le secrétaire de presse de Jospin, un jeune homme aux manières de jeune fille, donnait personnellement le "la" avec entrain. ¨Pendant toute l'heure de vol jusqu'au Bourget, l'aéroport de l'aviation privée en banlieue parisienne, il ramenait l'équipe sur son orbite: "Che Guevara", "Bela Chao", "Motivé", "Che Guevara", "Bela Chao"….

Anna POLITKOVSKAYA, correspondant spécial, "Novaya Gazeta" , Lorient-Paris

15.04.2002

http://www.leperroquetlibere.com/Quand-Ann…idnl=22593&

Posté
Rien à voir avec le vélo mais article repris par le perroquet libéré. Putain ce que c'est bon !

[… ]

Je pense que le qualificatif "orientation non-traditionnelle" s'applique aussi à Jospin et n'a donc rien à voir avec l'orientation sexuelle mais plutôt avec l'aspect bobo de la gauche française.

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