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L'hypothèque Gordon Brown Pèse Sur La Relance Institutionnelle De L'union


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Dans quelques jours, Gordon Brown devrait remplacer Tony Blair à la tête du gouvernement britannique. Après des années d'europhilie avec Tony Blair comme premier ministre, le futur premier ministre a déjà donné son opinion sur l'UE.

"L'Euope ne sert à rien." Gordon Brown (au moins il ne fait pas dans la nuance)

Les 21 et 22 juin, Tony Blair participera à Bruxelles à son dernier Conseil européen. Cinq jours plus tard, il quittera le pouvoir et laissera sa place à Gordon Brown. Un premier ministre britannique proeuropéen sera remplacé par un homme connu pour sa réserve, voire sa méfiance, envers Bruxelles et ses institutions. Cette concomitance entre le passage de relais à Londres et la tenue d'un sommet européen promis à une relance institutionnelle forte attire l'attention sur les incertitudes britanniques envers le projet de traité en cours de négociation.

La Grande-Bretagne est-elle prête à souscrire à un texte simplifié comme celui proposé par Nicolas Sarkozy pour remplacer la Constitution ratifiée par dix-huit pays mais rejetée par les Français et les Néerlandais ? M. Brown est-il disposé à défendre un tel traité ensuite face à l'opinion, à l'opposition conservatrice, et à une presse populaire de droite foncièrement eurosceptique ? "Nous voulons un traité traditionnel modifié qui améliore les règles de fonctionnement de l'Europe. Nous l'approuverons par voie parlementaire", déclarait Tony Blair au Monde, il y a six semaines.

MEILLEUR RENDEMENT

Autrement dit, Londres acceptera un texte dépourvu de toute nature constitutionnelle, qu'il n'aura pas besoin, de ce fait, de soumettre à un référendum très périlleux. A priori, M. Brown partage cette position de principe. Le futur premier ministre veut à la fois éviter un référendum et pouvoir expliquer facilement qu'une telle consultation populaire n'est plus juridiquement nécessaire.

Favorable de longue date à un meilleur rendement de la machine européenne, la Grande-Bretagne devrait approuver sans problème les principales innovations institutionnelles : la présidence stable du Conseil européen élue pour deux ans et demi et renouvelable ; le ministre des affaires étrangères de l'Union, baptisé de préférence d'un autre nom ; la modification du système de vote pour prendre en compte la population (double majorité), qui augmentera le poids du Royaume-Uni.

Sur deux autres dossiers, Londres est plus réservé. Les Britanniques n'aiment pas tout ce qui tend à réaffirmer la personnalité juridique de l'Union, c'est-à-dire, surtout, sa capacité à conclure des traités, et qui semble remettre en cause le caractère intergouvernemental de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). Le Royaume-Uni a, d'autre part, toujours rejeté la Charte des droits fondamentaux de crainte qu'une jurisprudence européenne le contraigne à revenir sur les réformes du droit du travail, notamment celles réglementant ou limitant le droit de grève, opérées sous le règne de Margaret Thatcher. Une simple référence à la Charte dans le traité devrait surmonter ses réticences.

La plus sérieuse objection britannique concerne l'extension du vote à la majorité qualifiée, autrement dit la renonciation au droit de veto, notamment en matière de justice et d'immigration. Londres veut éviter que cette concession ne ressemble à un transfert de souveraineté qui permettrait aux conservateurs d'exiger un référendum. Lors de la négociation du traité constitutionnel, Londres avait cependant déjà tracé des "lignes rouges" excluant du vote à la majorité qualifiée des domaines sensibles, comme la fiscalité, l'emploi ou la défense.

Quelle que soit l'issue du prochain Conseil, deux choses sont sûres. Primo, Tony Blair ne compliquera pas la tâche de son dauphin en prenant des engagements que ce dernier ne pourrait pas tenir. Secundo, Gordon Brown, devenu premier ministre, continuera de promouvoir sa vision d'une Europe invitée à réformer son marché de l'emploi, son modèle social et sa politique agricole.

Jean-Pierre Langellier

Qu'en pensez-vous?

Moi personnellement je trouve ça vraiment formidable, enfin un retour aux positions traditionnelles britanniques (positions de Churchill et Thatcher). On s'est tué dans le passé à démontrer dans le forum que l'UE et l'Europe politique sont anti-libérales, mais rien à faire, tout le monde considère l'UE comme une institution "ultra-libérale". Du coup quand on défend le démantèlement de l'UE, on passe soit pour des nationalistes, soit pour des communistes. Un retour vers plus d'euroscepticisme en GB serait peut-être l'occasion pour les libéraux de montrer par l'exemple que l'UE est anti-libérale, non?

Vive la GB! Vive la décentralisation!

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"L'Euope ne sert à rien." Gordon Brown (au moins il ne fait pas dans la nuance)

Il a aison. On peut ien en faie.

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Tout d'abord, on ne peut pas taxer Tony Blair d'"europhile".

Même s'il s'est montré plus ouvert que Margaret Thatcher sur la construction européenne, cela ne veut pas dire pour autant qu'il soit le "VGE anglais".

Sinon, pour le texte cité, j'y vois une contradiction assez importante: en clair, Gordon Brown s'oppose à la remise en cause du caractère inter-gouvernemental de la PESC mais pas à la création d'une sorte de "Ministère des affaires étrangères de l'UE".

Enfin, je rappelle que Gordon Brown n'est pas vraiment opposé à l'instauration de l'euro dans son pays:

http://cervepas.univ-paris3.fr/articles-et…e-champroux.pdf

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"L'Euope ne sert à rien." Gordon Brown (au moins il ne fait pas dans la nuance)

Qu'en pensez-vous?

I love you Gordon ! :doigt:

Un retour vers plus d'euroscepticisme en GB serait peut-être l'occasion pour les libéraux de montrer par l'exemple que l'UE est anti-libérale, non?

Au contraire moi je fait tout mon possible pour montrer que tout ce qu'il n'aiment pas est du à l'Europe.

Délocalisations en explicant les avantages du libre échange.

La hausse des prix due à l'inflation en explicant que c'est normal.

Possibilité d'avoir une assurance maladie en expliquant que c'est trés bien.

Liste non exaustive.

Bref tout ce qu'il faut pour semer la confusion. :icon_up:

  • 2 weeks later...
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Petite bio de Gordon Brown.

GORDON BROWN SUCCEDE A TONY BLAIR A LA TETE DU PARTI TRAVAILLISTE

A Downing Street, dans l'allée du pouvoir, quelques enjambées séparent le numéro 11 du numéro 10, la résidence du chancelier de l'Echiquier et celle du premier ministre. Gordon Brown aura mis dix ans à les franchir. Dimanche, il succède à Tony Blair à la tête du Parti travailliste, puis, mercredi 27 juin, il s'installera dans le saint des saints. Ce moment de joie, que l'on imagine intense, Gordon Brown en rêve depuis bien plus longtemps. Depuis près de vingt-cinq ans qu'il "existe" en politique, celui qui passe aujourd'hui pour le meilleur ministre des finances de la Grande-Bretagne moderne brûle de cette quête obsédante : diriger tôt ou tard le gouvernement de Sa Très Gracieuse Majesté. Le destin de Gordon Brown est d'abord l'histoire d'une longue patience au service d'une ardente ambition.

C'est surtout le récit d'un désir contrarié. En 1991, alors que Gordon Brown et Tony Blair sont les étoiles montantes du Parti travailliste, le premier, qui se voit déjà un avenir radieux, confie, à propos de son complice : "Tony pourrait bien un jour devenir chef du Labour, après moi." On sait ce qu'il en sera. L'ambition de Blair renversera la chronologie de leurs deux destins.

Victime à l'origine des circonstances et de lui-même, puis de l'irrésistible élan de son meilleur ami en politique devenu son pire rival, Gordon Brown devra donc attendre son heure. Tenace, habile et secret, il connaît les affres du coureur de fond solitaire. Avec ses heures de doute, ses bouffées d'amertume et ses explosions de colère. L'intimité mitoyenne de Downing Street ravive souvent ses tourments. Etre si près du but, et encore si loin… Il préfère le plus souvent habiter son appartement personnel, dans un quartier voisin. Dans quelques jours, il poussera enfin la porte du numéro 10, en maître des lieux.

FILS DE PASTEUR, UN ENFANT "ENNUYEUX"

Gordon Brown naît le 20 février 1951 dans un quartier de Glasgow en proie au chômage. Son père, John, est un pasteur presbytérien de l'Eglise d'Ecosse, qui écrit ses homélies après le dîner et officie trois fois le dimanche. Lorsque Gordon a 3 ans, sa famille s'installe à Kirkcaldy, une ville industrielle sur le déclin au nord d'Edimbourg. Quand une usine ferme, des ouvriers mendient à la porte des Brown, où ils reçoivent bon accueil. John, Gordon et Andrew, les trois "fils du presbytère", découvrent la pauvreté et la solidarité.

Le pasteur Brown, homme instruit et respecté, aurait pu devenir professeur. En bon samaritain, il préfère aider les gens modestes. Intègre et énergique, il transmet à ses fils ses principes et ses convictions, son sens du devoir, son jugement du bien et du mal. "Il m'a appris à traiter chacun de la même façon", dira le futur ministre. Il donne à Gordon sa "boussole morale" et sa conscience sociale. Il lui inculque aussi la volonté de réussir. Ses enfants savent qu'il vote travailliste, même s'il ne le leur a jamais dit. Le dimanche, ils achètent en cachette les journaux que leur père, respectueux du repos sabbatique, ne lira que pendant la semaine. Un recueil de seize sermons du pasteur, édité par ses fils, figurera en bonne place dans le bureau du chancelier. Le petit Gordon est précoce. A 4 ans, il récite par coeur des contes pour enfants. A 10, il est admis dans une filière pour élèves surdoués dans un collège de Kirkcaldy, où avait étudié Adam Smith (économiste des Lumières et philosophe, 1723-1790). Il y restera six ans et gardera de cette expérience "ridicule" un mauvais souvenir - "Nous étions des cobayes" - qui le braquera contre toute sélection à l'école.

A 11 ans, Gordon fonde avec ses frères un journal, The Gazette, dont les recettes financent une aide aux réfugiés africains. Il en est l'éditeur sportif, mène campagne contre la consommation d'alcool et de tabac et publie - joli scoop ! - un entretien avec l'astronaute américain John Glenn. A 12 ans, il glisse des tracts travaillistes dans les boîtes aux lettres. A 16 ans, après avoir été sacré "dux" - meilleur élève - de son collège, il intègre l'université d'Edimbourg, avec deux ans d'avance .

Sportif assidu, il a l'étoffe d'un champion en herbe. Jusqu'à son accident, en 1967. Un mauvais coup dans une mêlée décolle la rétine de son oeil gauche, que trois opérations ne pourront sauver, et son oeil droit aussi est menacé. Après chaque intervention, il passe plusieurs semaines sur un lit d'hôpital, immobile, dans l'obscurité, les deux yeux bandés. Il souffre surtout de ne pouvoir lire. Cette épreuve forgera un peu plus sa volonté. Il en garde des séquelles, jamais évoquées. Privé de l'usage d'un oeil, la vision de l'autre étant affaiblie, il ne peut conduire et ses discours doivent être imprimés en gros caractères. De ses séjours à l'hôpital, il conservera une gratitude envers les personnels du service de santé. Et ne touchera plus jamais un ballon ovale. "Il est un peu ennuyeux, mais très intelligent", dit alors de Gordon son frère aîné, en le présentant à un ami. D'autres s'en souviennent comme d'un garçon plutôt convivial, charmeur, amateur de bière, et dont la voix grave plaît aux filles. Un groupe d'entre elles, baptisé The Brown Sugars d'après un titre des Rolling Stones, forme la garde rapprochée dans sa première campagne, celle qui le consacre, à 21 ans, "recteur" des étudiants, une sorte de délégué en chef.

Devenu professeur d'histoire, il prend du galon dans l'appareil local du Labour. C'est un jeune homme idéaliste, pas un idéologue, un moraliste pragmatique étranger au marxisme. "Chaque matin, il semblait se demander comment rendre le monde meilleur", notera plus tard un ami. Gordon Brown exalte l'épanouissement des qualités de chacun, dans l'esprit de la parabole évangélique des talents, souvent citée par son père. Candidat à la députation, il échoue en 1979 face au raz-de-marée thatchériste. Il s'essaie au journalisme télévisé, s'immerge dans la politique, sa vraie passion, et commence à écrire sa thèse de doctorat sur le Parti travailliste écossais des années 1920.

Jean-Pierre Langellier

source: lemonde.fr

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Si j'étais amateur de théorie du complot je dirais que Tony Blair se ménage un avenir. Annonce de se faire catholique, opposition avec Brown pour soutenir Sarkozy et une position proeuropéenne.

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Si j'étais amateur de théorie du complot je dirais que Tony Blair se ménage un avenir. Annonce de se faire catholique, opposition avec Brown pour soutenir Sarkozy et une position proeuropéenne.

Marco, sors de ce corps ! :icon_up:

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Dans quelques jours, Gordon Brown devrait remplacer Tony Blair à la tête du gouvernement britannique. Après des années d'europhilie avec Tony Blair comme premier ministre, le futur premier ministre a déjà donné son opinion sur l'UE.

"L'Euope ne sert à rien." Gordon Brown (au moins il ne fait pas dans la nuance)

Qu'en pensez-vous?

Moi personnellement je trouve ça vraiment formidable, enfin un retour aux positions traditionnelles britanniques (positions de Churchill et Thatcher). On s'est tué dans le passé à démontrer dans le forum que l'UE et l'Europe politique sont anti-libérales, mais rien à faire, tout le monde considère l'UE comme une institution "ultra-libérale". Du coup quand on défend le démantèlement de l'UE, on passe soit pour des nationalistes, soit pour des communistes. Un retour vers plus d'euroscepticisme en GB serait peut-être l'occasion pour les libéraux de montrer par l'exemple que l'UE est anti-libérale, non?

Vive la GB! Vive la décentralisation!

Il suffit d'expliquer qu'il existe un nationalisme d'agression (antilibéral) et un nationalisme de libération (libéral). Ce dernier n'est qu'une autre formulation pour le principe libéral de subsidiarité. Comment pourrait-on être "ultralibéral" et s'opposer à la concurrence fiscale ?

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Il suffit d'expliquer qu'il existe un nationalisme d'agression (antilibéral) et un nationalisme de libération (libéral). Ce dernier n'est qu'une autre formulation pour le principe libéral de subsidiarité. Comment pourrait-on être "ultralibéral" et s'opposer à la concurrence fiscale ?

Ouaip, c'est clair que s'afficher souverainiste aujourd'hui en France, ça le fait pas (Chevènement, De Villiers, Le Pen, etc.). A l'époque au moins il y avait des gaullistes, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui…

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