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Enfermement sans fin


Messages recommandés

Invité Arn0
Posté
Non, justement, c'est tout sauf facile surtout lorsque l'on se retrouve face à ce genre de crime.

Il y a une très nette différence entre les exemples que j'ai cité et un crime "simplement" crapuleux. Cette différence s'appelle le mal et elle est loin d'être à négliger. Un truand qui surine un type parce qu'il avait une vengeance à assouvir, un magot à rafler ou je ne sais quoi d'autre est mû par un mobile qui certes vaut ce qu'il vaut mais qui a l'avantage d'avoir un sens. L'assassinat gratuit lui est l'expression d'une envie de faire le mal pour lui-même. On sort du champ strictement humain pour se diriger vers quelque chose d'une autre nature.

Loin de moi l'idée de nier le fait qu'il existe des purs pervers, ni même que certains le resteront toute leur vie. Ce que je conteste c'est qu'il soit possible de déterminer ce second point, sans risque de se tromper, dès la condamnation.

La perpétuité sans possibilité de libération de conditionnelle (qu'il faut absolument distinguer de la loi sur la rétention de sureté) repose sur la négation de ce qu'il y d'humain chez un condamné, sur la négation même d'un possible retour à l'humanité. C'est, à ce titre, un "traitement inhumain et dégradant".

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Loin de moi l'idée de nier le fait qu'il existe des purs pervers, ni même que certains le resteront toute leur vie. Ce que je conteste c'est qu'il soit possible de déterminer ce second point, sans risque de se tromper, dès la condamnation.

Je crois que l'enquête doit donner une idée du type de criminel. Pas de mobile et des actes cruels = gros malade. Ils ne sont pas nombreux, heureusement, mais pourquoi les traiter comme n'importe quel assassin ?

Si tu as envie de prendre le risque de le relâcher, moi pas (j'imagine des villes privées avec des contrats stipulant qu'un ancien criminel n'y est pas le bienvenu).

Après, je vais pas plaindre un sadique criminel, il avait qu'à réfléchir avant, il assume ses actes, c'est sa responsabilité.

Et les parents des victimes, eux, vivent la perpétuité de leur douleur.

Posté
Non, justement, c'est tout sauf facile surtout lorsque l'on se retrouve face à ce genre de crime.

Il y a une très nette différence entre les exemples que j'ai cité et un crime "simplement" crapuleux. Cette différence s'appelle le mal et elle est loin d'être à négliger. Un truand qui surine un type parce qu'il avait une vengeance à assouvir, un magot à rafler ou je ne sais quoi d'autre est mû par un mobile qui certes vaut ce qu'il vaut mais qui a l'avantage d'avoir un sens. L'assassinat gratuit lui est l'expression d'une envie de faire le mal pour lui-même. On sort du champ strictement humain pour se diriger vers quelque chose d'une autre nature.

Voilà.

Loin de moi l'idée de nier le fait qu'il existe des purs pervers, ni même que certains le resteront toute leur vie. Ce que je conteste c'est qu'il soit possible de déterminer ce second point, sans risque de se tromper, dès la condamnation.

La perpétuité sans possibilité de libération de conditionnelle (qu'il faut absolument distinguer de la loi sur la rétention de sureté) repose sur la négation de ce qu'il y d'humain chez un condamné, sur la négation même d'un possible retour à l'humanité. C'est, à ce titre, un "traitement inhumain et dégradant".

Mais tu sembles louper quelque chose : le fait qu'il change reste parfaitement possible. Le problème est que même une fois changé, son crime a été commis et il n'est plus possible de revenir en arrière. Même si, par miracle (car là, on touche à l'inexplicable miracle), un type ayant réalisé de telles horreurs, se rend subitement compte qu'il a commis un acte horrible et se repent, pour exactement la même raison, on ne peut pas le relâcher : si c'est arrivé dans un sens, ça peut arriver dans l'autre (i.e. il redevient barge).

Invité Arn0
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Et les parents des victimes, eux, vivent la perpétuité de leur douleur.

D'abord les criminels aussi ont des parents (on s'imagine qu'un de ses enfants se fasse tuer par un pervers mais jamais qu'il soit lui même pervers, alors que statistiquement c'est à peu près aussi peu probable) parfois tout à fait respectable et qui vivent aussi un drame. Pour le reste je me demande ce que cela change au problème.

Posté
D'abord les criminels aussi ont des parents (on s'imagine qu'un de ses enfants se fasse tuer par un pervers mais jamais qu'il soit lui même pervers, alors que statistiquement c'est à peu près aussi peu probable) parfois tout à fait respectable et qui vivent aussi un drame. Pour le reste je me demande ce que cela change au problème.

Enfin la douleur ressentie n'est pas la même. Il n'est pas rare de voir des parents renier leurs enfants dès lors qu'ils sont devenus des criminels.

Il a commis l'acte de tuer, il doit donc assumer la prison et cela peu importe la peine de prison.

Posté
D'abord les criminels aussi ont des parents (on s'imagine qu'un de ses enfants se fasse tuer par un pervers mais jamais qu'il soit lui même pervers, alors que statistiquement c'est à peu près aussi peu probable) parfois tout à fait respectable et qui vivent aussi un drame. Pour le reste je me demande ce que cela change au problème.

Il y a une différence entre le bourreau et la victime.

Invité Arn0
Posté
Mais tu sembles louper quelque chose : le fait qu'il change reste parfaitement possible. Le problème est que même une fois changé, son crime a été commis et il n'est plus possible de revenir en arrière.
Pour le coup j'en ai parfaitement conscience au contraire. Le fait qu'il soit en prison ne réparera pas le meurtre, la prison à une autre fonction.
Même si, par miracle (car là, on touche à l'inexplicable miracle), un type ayant réalisé de telles horreurs, se rend subitement compte qu'il a commis un acte horrible et se repent, pour exactement la même raison, on ne peut pas le relâcher : si c'est arrivé dans un sens, ça peut arriver dans l'autre (i.e. il redevient barge).
D'abord cela n'a rien du miracle. Même dans les crimes par perversité (genre Lucien Léger) la récidive est l'exception et non la règle. Alors maintenant oui "cela peut toujours arriver" qu'il redevienne barge, mais c'est vrai pour tout le monde et non uniquement les anciens criminels.
Posté
Pour le coup j'en ai parfaitement conscience au contraire. Le fait qu'il soit en prison ne réparera pas le meurtre, la prison à une autre fonction.

L'empêcher de récidiver doit en faire partie.

D'abord cela n'a rien du miracle. Même dans les crimes par perversité (genre Lucien Léger) la récidive est l'exception et non la règle. Alors maintenant oui "cela peut toujours arriver" qu'il redevienne barge, mais c'est vrai pour tout le monde et non uniquement les anciens criminels.

Youpi. Enfermons tout le monde.

Invité Arn0
Posté
Youpi. Enfermons tout le monde.

Je suis ravi que tu te rendes compte des conséquences de tes principes, moins que tu t'en réjouisses.

Posté
Je suis ravi que tu te rendes compte des conséquences de tes principes, moins que tu t'en réjouisses.

Je me réjouis de voir que, tout gluant de mauvaise foi, tu cherches à me prêter des propos qui ne sont pas les miens et à fuir la responsabilité des tiens.

Pouah pouah pouah.

Bouh.

Invité Arn0
Posté
Je me réjouis de voir que, tout gluant de mauvaise foi, tu cherches à me prêter des propos qui ne sont pas les miens et à fuir la responsabilité des tiens.

Pouah pouah pouah.

Bouh.

C'est l'hôpital qui se moque de la charité !
Posté
Je suis ravi que tu te rendes compte des conséquences de tes principes, moins que tu t'en réjouisses.

Non, on enferme des criminels qui ont tué, pas sur des "ils peuvent devenir barges", tant qu'il n'y a pas de victime, il n'y a pas de crime, or, ceux qui sont enfermés en ont déjà commis un, irréversible.

Et je ne vois pas à quoi sert la prison si ce n'est empêcher les criminels de tuer, on devrait trouver d'autres (nombreuses) solutions pour les "délits".

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Bonjour,

Voici un post que j'aime bien dans ce topic :

Mais le danger une fois de plus, se situe sur la pente juridique prise par ces mesures prophylactiques, dans une logique de justice préventive qui implique une extension indéfinie du principe de précaution (punir des crimes qui n'ont pas encore été commis), allant jusqu'à remettre en cause les principes fondamentaux de l'Etat de droits sans lesquels il ne peut exister de justice, comme la présomption d'innocence ou la non rétroactivité.
Il s'agit donc d'un degré supplémentaire de justice collectiviste, poussant à fond la fiction du crime contre la société, quitte à nier les droits individuels les plus élémentaires
Soyons clairs, la récidive est objectivement marginale en matière criminelle, puisqu'elle concerne environ 0,5% des condamnés. Question: peut-on instaurer une justice d'exception qui s'affranchit du Droit pour traiter ces cas marginaux, qui n'existeraient d'ailleurs pas si des peines proportionnées étaient appliquées?

C'est la question que je me pose et j'ai une réponse : Sarkozy s'en fout comme de l'an 40 des multi-récidivistes, il sait très bien (comme vous, comme moi) que ce problème est un cas extrême qui ne concernent que quelques personnes (voire quelques dizaines de personnes) tout au plus en France, le ratio "effort sur résultats attendus" est très défavorable. On ferait mieux de s'occuper, au ministère de la Justice, du nombre incalculable de peines non exécutées, des procès où le justiciable ne se présente même pas, etc….

Par contre, politiquement, le bénéfice est colossal à quelques semaines des municipales : "on ne m'empêchera pas, le Conseil Constitutionnel y compris, de tout faire pour protéger nos enfants des Forces du Mal".

Et je pense sincèrement que Sarko s'en fout complétement des récidivistes.

Le sophisme des hommes de l'Etat nous place ici devant une fausse alternative : soit vous êtes avec nous du côté des victimes, soit vous êtes contre nous, du côté des bourreaux.

C'est exactement ce que je pense aussi.

Au passage et sans vraiment rentrer dans le débat, je note en tout cas que ce projet de loi et ses rebondissements font qu'on ne parle pas vraiment ni du budget famélique de la justice en France (on pourrait sans sourciller et par exemple annuler celui de la Culture pour tout reverser à la Justice), ni des conditions déplorables de détention dignes du moyen-âge par moment que les détenus lambda subissent.

Autrement dit et comme habituel pour ce gouvernement de clowns, on se focalise sur les 1% qui sont médiatiques pour oublier les 99% cachés des feux de la rampe.

C'est mieux formulé que moi, je suis d'accord, on pense bien tous les deux que cette histoire de criminels sexuels ou assassins est tout à fait marginal.

Posté
Je ne comprend pas ce raisonnement : si l'internement d'office pour raisons mentales existe aujourd'hui qu'est ce qui empêche de l'appliquer à la fin de la peine d'un détenu ? En quoi une nouvelle loi est nécessaire ?

Parce qu'elle portera le nom de son initiateur, Sarkozy (ou Dati) et que c'est franchement la classe. Après, sur le fond, aucune importance de savoir si elle est redondante, contradictoire, etc…

Invité Arn0
Posté
Non, on enferme des criminels qui ont tué, pas sur des "ils peuvent devenir barges", tant qu'il n'y a pas de victime, il n'y a pas de crime, or, ceux qui sont enfermés en ont déjà commis un, irréversible.
Tu es pour la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle pour tous les assassins ? Si on se base uniquement sur le crime commis, et pas du tout sur la dangerosité, je vois pas ce qui justifierais un traitement différent entre le mari jaloux qui tue sa femme et celui qui en fait de même par pure perversité. Si on se base même partiellement sur la dangerosité j'affirme qu'au moment de la condamnation on ne peut pas entièrement la présumer pour l'avenir.
Et je ne vois pas à quoi sert la prison si ce n'est empêcher les criminels de tuer, on devrait trouver d'autres (nombreuses) solutions pour les "délits".
La prison à aussi un rôle dissuasif. On notera d'ailleurs que la sévérité de la sanction est probablement plus efficace dissuader les crimes "rationnels" que pour ceux purement pervers.
Posté
Tu es pour la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle pour tous les assassins ?

Où ai-je écrit ça ?

Posté

Ce qui compte surtout, c'est dans quel "état" il était et ce qu'il a fait pour arriver en prison. Après, si le criminel a réalisé des efforts notables pendant la peine…

Invité Arn0
Posté
Où ai-je écrit ça ?
J'ai jamais dit que tu l'avais écrit. De plus c'était juste une question rhétorique qu'il convient de remettre dans le contexte.
Posté
je me rappel un jour de je ne sais plus quel individu avait dit que cette douleur était tellement attroce à subir que même le dictionnaire n'en donnait pas la définition.

Oui bon enfin on va pas verser dans le mélo non plus, je sais bien que la situation où on perd son conjoint a un mot (veuf), où on perd ses parents aussi (orphelin), et qu'il n'y en a pas pour la perte d'un enfant, mais il n'y en a pas non plus pour la perte d'un frère ou d'une soeur, etc….

Si un criminel de ce genre est condamné, ce n'est pas parce que quelque part sur terre une maman pleure, c'est avant tout parce qu'il a commis quelquechose de défendu, c'est tout.

Posté
Je serais plus nuancé, de par mon expérience. […]
[…]

:icon_up: Ca me fait tout à fait penser à ce que la bande de YF a fait à IH.

Posté
Si on se base uniquement sur le crime commis, et pas du tout sur la dangerosité, je vois pas ce qui justifierais un traitement différent entre le mari jaloux qui tue sa femme et celui qui en fait de même par pure perversité. Si on se base même partiellement sur la dangerosité j'affirme qu'au moment de la condamnation on ne peut pas entièrement la présumer pour l'avenir.

Pour analyser une situation, il ne faut pas se baser sur le crime uniquement. Tu prends en compte le caractère de la personne, son passif, tu fais une *enquête* quoi. Il y a parmi les forces de l'ordre des gens très bien des enquêteurs exceptionnels.

La justice est sans doute capable de faire la différence entre un psychopathe et un mari jaloux, entre un meurtre non prémédité et un assassinat sauvage calculé froidement par un individu vicieux.

Si tu te bases uniquement sur le crime commis, tu es presque sûr de te planter. Il faut prendre en compte l'environnement et le contexte. Mais Harald saurait mieux en parler que moi.

La prison à aussi un rôle dissuasif. On notera d'ailleurs que la sévérité de la sanction est probablement plus efficace dissuader les crimes "rationnels" que pour ceux purement pervers.

Pour nombre de délits, ce qui est le plus dissuasif, c'est la promesse de devoir payer très cher (et je parle de sous).

Posté
La prison à aussi un rôle dissuasif. On notera d'ailleurs que la sévérité de la sanction est probablement plus efficace dissuader les crimes "rationnels" que pour ceux purement pervers.

C'est la probabilité de se faire choper, indépendamment de la sévérité de la sanction elle-même, qui constitue la partie dissuasive. Le but de la prison est d'abord d'écarter les gens nuisibles de la société normale. C'est aussi pour cela que les gens qui ne sont pas jugés nuisibles font du sursis.

Pour nombre de délits, ce qui est le plus dissuasif, c'est la promesse de devoir payer très cher (et je parle de sous).

Oui.

Posté
La prison à aussi un rôle dissuasif.

De nos jours ? Allons !

Il fut un temps lointain où elle avait ce rôle. L'ex-taulard traînait cette flétrissure derrière lui. D'une certaine façon il était mis au ban de la société, avait toutes les peines du monde à trouver un emploi digne de ce nom et se voyait cantonné aux emplois sous-payés, aux logements minables, etc. à moins bien entendu, à force de rage contenue, de retomber dans la délinquance.

D'une manière générale, il y a toujours eu en France une certaine admiration pour les truands et les prisonniers. De Mandrin à Latude, on a composé pas mal de chansons populaires vantant les mérites pétaradants de ces Robin Hood à la française. Encore que ces derniers aient eu un certain panache et ne se soient pas révélés particulièrement meurtriers. On aimait les gentils truands/voyous/faisans au grand cœur. Depuis la fin des années 60, la donne a pas mal changé. Le taulard est devenu sexy médiatiquement parlant. Henri Charrière et Albertine Sarrazin ont été les premiers à bénéficier de ce nouvel esprit. Par la suite on a vu les foules se passionner pour l'équipée meurtrière de Mesrine au point de faire de son livre posthume un succès de librairie. On a pu voir également le tout-Paris mondain se répandre en louanges pour le sulfureux Roger Knobelspiess qui n'était rien d'autre que la petite frappe qu'il tentait de faire oublier.

Aujourd'hui, la taule fait partie du cursus honorum pour tout lascar de banlieue qui envisage un jour de devenir un caïd. Et c'est devenu possible parce qu'à un moment donné, les blaireaux 68ards se sont pris de passion pour les réprouvés et ce quel que soit ce qui leur était reproché. Ils ne voyaient en eux que de pauvres victimes d'une société conservatrice et bourgeoise et oppressive de surcroît. Lorsque sous couvert de lutte des classes et de libération des classes laborieuses on a fait de l'envie le moteur de sa vie et d'une certaine manière celui de la société, que l'on a prôné l'inversion des valeurs, il ne faut pas s'étonner de constater que la prison ne soit plus un repoussoir.

Posté
Et ça c'est pas facile ? On peut faire une liste interminable des horreurs (très représentatives de la majorité des assassinats au passage :icon_up:) que peut commettre une personne, mais cela ne change rien au fait qu'elle peut toujours changer. Le taux de récidive des condamnés à perpétuité libérés en conditionnelle le montre d'ailleurs.

Il ne s'agit pourtant aucunement de remettre en cause le principe de libération conditionnelle / anticipée. Il est évident que ces mesures sont non seulement nécessaire dans le souci d'une bonne administration des peines et de la gestion de la place dans les prisons (bref, du fait de considérations matérielles qu'on ne peut ignorer), mais aussi dans un but de réinsertion des criminels, qui sont ainsi incités à bien se comporter.

Pour autant, nous parlons ici des tarés qui ne sont pas susceptibles de se soigner, de s'améliorer, parce qu'ils n'opèrent pas un choix rationnel avant de commettre un crime. Un braqueur de banques, même multirécidiviste, garde son libre arbitre à chaque fois. Pas Heaulme ou fourniret. C'est comme çà. Il n'existe pas de médicaments pour eux.

Si on prend un cas comme ça, le gars commettra une récidive à chaque fois qu'il sera remis en liberté. Ca n'empêche pas que les criminels classiques sont peu nombreux à récidiver. C'est simplement pas le même cas de figure !

Posté
Le fait qu'il soit en prison ne réparera pas le meurtre, la prison à une autre fonction.

Les peines privatives de liberté ont de multiples fonctions. Il est trop facile de limiter leur utilité à la "réinsertion".

- Il y a une fonction pédagogique, dont la pertinence dépendra des personnes (une personne qui n'a même pas compris qu'elle a commis le crime, qui se ment à elle-même ne tirera aucun enseignement de sa peine de prison).

- Il y a une fonction dissuasive dont là encore, l'utilité dépendra du cas d'espèce. Une personne qui, lorsqu'elle passe à l'acte, voit le contrôle de ses actes et son discernement abolis aura beau savoir qu'elle risque d'aller en prison si elle enfreint la loi, ça l'empêchera pas de le faire le moment venu. J'ai connu des cas de personne qui étaient convaincues de leur innocence (et de choses encore bien plus ridicules… mais bon, quand on est taré, on est taré).

- Il y a une fonction de réinsertion: donner aux criminels une seconde chance en les préparant à leur vie d'après, en leur fournissant une formation professionelle, un traitement médical, etc… Là encore, ça va dépendre de qui on parle. Dans certains cas de figure, ça n'aura aucune utilité. Je doute que Bernard Tapie ait eu besoin de ça pour préparer sa réinsertion.

- Il y a, finalement, une fonction punitive qui explique que la durée, la sévérité de la peine dépende de la gravité des crimes commis que l'on mesure en fonction de valeurs subjectives de la société. Ex: la société donne une valeur quasi-sacrée à la vie des enfants. Celui qui torture ses enfants risque donc de prendre une peine plus sévère que celui qui torture son chien, ou son père. Celui qui tue (des jeunes filles handicapées) pour le plaisir sera plus sévèrement puni que celui qui tue (l'amant de sa femme) sur le coup de la passion ou que celui qui tue (un cambrioleur) en état de légitime défense - celui là n'étant en principe pas puni du tout.

Cette fonction punitive n'a aucun sens lorsque la personne n'était pas consciente de ses actes lorsqu'elle est passée à l'acte. Il n'y a pas de sens à punir quelqu'un qui a tué sous la contrainte par exemple, ou bien alors qu'il était sous l'emprise de la folie (attention, si le fait qu'il se soit trouvé dans cet état provient d'une faute de cette personne - qui s'est droguée par exemple, ou bourrée la gueule- alors la fonction punitive reprend du sens). Ce sont les cas d'irresponsabilité pénale. Cela veut-il dire qu'il faut libérer le fou irresponsable pénalement dans la nature pour autant? Je ne pense pas. Il faut lui trouver une mesure appropriée qui permette de le protéger lui et son entourage contre lui-même. Si ça passe par un enfermement, il faut le faire.

Bref, il n'y a pas, comme vous semblez le suggérer, qu'une seule fonction à la peine privative de liberté. La fonction punitive, qui dépend de la gravité de la faute, non seulement existe, mais elle est tout à fait légitime.

Du coup, si nous décidions demain que torturer et tuer des enfants est suffisament odieux pour mériter la perpétuité effective, il n'y aurait pas nécessairement de problème vis-à-vis du rôle conféré aux peines privatives de liberté. De nos jours, on dit que ça mérité trente ans, donc 20 ans effectifs la plupart du temps du fait des remises de peine automatiques. 20-30 ans, c'est pas cher payé je trouve pour certains crimes odieux. Mais après tout, c'est presque une vie entière si on est pas en bonne santé. Pourquoi 30? Pourquoi pas 10? ou 5? Après tout.

Donc tout cela est finalement ARBITRAIRE et SUBJECTIF. Mais il en est de l'essence même du droit pénal !!! Alors soit on supprime le droit pénal - y compris les peines - soit on en admet le principe une bonne fois pour toute et on assume les conséquences logiques de cette décision.

Invité jabial
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Tu pars du principe qu'il est strictement incapable d'apporter quoi que ce soit à quelque partie que ce soit de la société (y compris donc sa famille et ses amis) et qu'il est nécessairement un danger pour elle. Je vois pas comment on peut décider à un moment donné qu'un individu est absolument irrécupérable quoi qu'il puisse arriver dans le futur même des décennies plus tard.

Ce risque, tu le fais prendre aux autres. Je suis désolé mais tu n'as pas ce droit. A partir du moment où quelqu'un a sauté le pas de commettre un crime de sang contre un autre être humain, c'est amplement suffisant. Le simple fait qu'on ne le tue pas est déjà une grâce qu'on lui fait. Personne n'a le droit d'imposer aux autres de prendre le risque de cotoyer de nouveau ce que je n'hésites pas à appeler un humain déchu. Les victimes, elles, n'ont pas de seconde chance.

Dans un cadre anarcap, après, si tu veux ouvrir des prisons expérimentales où les détenus sont beaucoup plus libres de leur mouvement, du moment que le monde extérieur reste protégé d'eux, c'est ton problème - et c'est à toi de trouver le moyen de le rentabiliser. L'amélioration de la vie des déchus, ça peut être une oeuvre sociale tout à fait louable. Mais pas au prix d'une seule vie innocente.

Au passage, la prison n'a rien à voir avec la réinsertion. La prison est le contraire de la réinsertion, et c'est pour ça qu'il faut largement éviter la prison pour les délits réparables - parce qu'une fois qu'on a enfermé quelqu'un, le réinsérer devient un problème. Pour moi, un voleur ou un escroc n'a rien à foutre en tôle, sauf s'il refuse d'exécuter sa peine primaire. Concernant les criminels par contre, la réinsertion n'est pas un dogme plus acceptable que l'école républicaine unique pour tous, et on peut légitimement se démander si des massacreurs ont vocation à être réinsérés. Pour moi, la réponse est clairement non.

Posté
De nos jours ? Allons !

Il fut un temps lointain où elle avait ce rôle. L'ex-taulard traînait cette flétrissure derrière lui. D'une certaine façon il était mis au ban de la société, avait toutes les peines du monde à trouver un emploi digne de ce nom et se voyait cantonné aux emplois sous-payés, aux logements minables, etc. à moins bien entendu, à force de rage contenue, de retomber dans la délinquance.

D'une manière générale, il y a toujours eu en France une certaine admiration pour les truands et les prisonniers. De Mandrin à Latude, on a composé pas mal de chansons populaires vantant les mérites pétaradants de ces Robin Hood à la française. Encore que ces derniers aient eu un certain panache et ne se soient pas révélés particulièrement meurtriers. On aimait les gentils truands/voyous/faisans au grand cœur. Depuis la fin des années 60, la donne a pas mal changé. Le taulard est devenu sexy médiatiquement parlant. Henri Charrière et Albertine Sarrazin ont été les premiers à bénéficier de ce nouvel esprit. Par la suite on a vu les foules se passionner pour l'équipée meurtrière de Mesrine au point de faire de son livre posthume un succès de librairie. On a pu voir également le tout-Paris mondain se répandre en louanges pour le sulfureux Roger Knobelspiess qui n'était rien d'autre que la petite frappe qu'il tentait de faire oublier.

Aujourd'hui, la taule fait partie du cursus honorum pour tout lascar de banlieue qui envisage un jour de devenir un caïd. Et c'est devenu possible parce qu'à un moment donné, les blaireaux 68ards se sont pris de passion pour les réprouvés et ce quel que soit ce qui leur était reproché. Ils ne voyaient en eux que de pauvres victimes d'une société conservatrice et bourgeoise et oppressive de surcroît. Lorsque sous couvert de lutte des classes et de libération des classes laborieuses on a fait de l'envie le moteur de sa vie et d'une certaine manière celui de la société, que l'on a prôné l'inversion des valeurs, il ne faut pas s'étonner de constater que la prison ne soit plus un repoussoir.

De mêmes que tout Libé et Le Monde avaient défendus "le gang des postiches", ces cambrioleurs prolos sympas qui ridiculisaient les banques et la police. Bon il y eu un mort à la fin, mais ça n'a rien entamer à la belle répute.

Posté

http://www.lepoint.fr/actualites/detention-de-surete-lamanda-repete-qu-il-ne-suivra-pas-sarkozy/1037/0/226650

Détention de sûreté: Lamanda répète qu'il ne suivra pas Sarkozy

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Le premier président de la Cour de cassation,

Vincent Lamanda, a répété aux syndicats de

magistrats qu'il ne proposerait aucun moyen

juridique pour faire appliquer rétroactivement

la loi sur la rétention de sûreté, comme le

demande l'Elysée.

Le premier président de la Cour de cassation, Vincent Lamanda, a répété aux syndicats de magistrats qu'il ne proposerait aucun moyen juridique pour faire appliquer rétroactivement la loi sur la rétention de sûreté, comme le demande l'Elysée.

Cette déclaration est intervenue au lendemain de la réception à l'Elysée de plusieurs associations de victimes, qui se sont déclarées favorables à l'application de la loi aux personnes déjà condamnées. Ce texte permet de détenir indéfiniment à leur sortie de prison des criminels sur une présomption de dangerosité, ce qui est inédit en droit français.

Chargé par Nicolas Sarkozy d'une mission sur l'application rétroactive, Vincent Lamanda, plus haut magistrat de France, a dit aux dirigeants de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) et du Syndicat de la magistrature (gauche), lors d'un entretien de deux heures, qu'il était hors de question de remettre en cause la décision du Conseil constitutionnel.

Ce dernier, s'appuyant sur la Déclaration des droits de l'homme de 1789, a interdit, sauf cas très particuliers, la rétroactivité de la loi voulue par le gouvernement.

"Le premier président nous a confirmé qu'il ne s'agissait absolument pas pour lui de remettre en cause de quelque manière que ce soit la décision du Conseil constitutionnel, qui s'applique à tous les pouvoirs publics et s'impose donc à la Cour de cassation. Cette décision est définitive", a dit à la presse après l'entretien Bruno Thouzellier, président de l'USM.

La solution d'une révision de la Constitution, suggérée par certains élus UMP, semble exclue puisqu'elle supposerait de modifier la Déclaration des droits de l'homme.

LOIS EXISTANTES

Dans le cadre de sa mission, les deux syndicats souhaiteraient que Vincent Lamanda se penche sur la mise en œuvre des dispositifs existant dans la loi contre la récidive et sur l'absence de moyens de la justice pour traiter les détenus pendant leur peine de prison.

Le SM a ainsi souhaité qu'on s'intéresse au "suivi socio-judiciaire" après la prison instauré pour les condamnés il y a plus de dix ans et peu utilisé.

"Il y a des dispositifs existants, de suivi notamment en prison, qui permettent d'éviter la récidive. Pourquoi ne sont-ils quasiment jamais appliqués ? On sait qu'il y a des problèmes de moyens qui se posent et que c'est là-dessus qu'il faut mettre l'accent", a dit Bruno Thouzellier.

Les prisons françaises, qui comptaient selon les chiffres officiels au 1er février 62.094 détenus pour 50.557 places, sont pour la plupart dépourvues de personnels et d'équipements médicaux et sociaux nécessaires pour appliquer les lois et préparer les sorties des détenus.

La raison en est, selon les syndicats de magistrats, la faiblesse du budget de la justice et de l'administration pénitentiaire (2,4% du budget de l'Etat). Pour le SM, la mission Lamanda est un "piège" tendu par l'Elysée aux magistrats pour leur renvoyer la responsabilité de la récidive.

"Il s'agit sans doute, encore une fois, de faire monter la mayonnaise sur ces questions de sécurité qui, visiblement, constituent un fond de commerce pour notre président de la République, notamment en période électorale", a estimé la président du SM, Emmanuelle Perreux.

Thierry Lévêque

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