CMuller Posté 30 avril 2008 Signaler Posté 30 avril 2008 Je trouve pas le texte tellement cohérent. Si vraiment le but de la sanction est uniquement le dédommagement alors qu'un criminel échappe à son jugement car la victime n'existe plus et qu'elle n'a pas d'héritier ne pose pas de problème, pas besoin de s'échiner à trouver malgré tout un mécanisme. Bien sur l'enjeu c'est la protection de ces personnes mais on rentre dans une logique de justice protectrice (et donc pénale) et plus seulement réparatrice.Et si on rentre dans un système pénal classique je ne suis pas du tout convaincu que la logique assurantielle suffise. Votre remarque, si je la comprends bien, m'agrée tout à fait. Mais cela rejoint un peu ce que je disais, le texte est cohérent si l'on accepte ses prémisses (justice = réparation et réparation = restitution matérielle ou monétaire). Mais établissez donc ce système, et vous verrez se déclencher toutes sortes de violences et de vengeances privées, émanant de personnes ayant une vision différente de la justice, s'estimant instatisfaites de la seule dimension réparatrice et matérielle. C'est un sujet intéressant, parce que cette question de la violence est au coeur d'une réflexion moderne ayant mené à l'Etat (le Léviathan de Hobbes comme réponse à la guerre de tous contre tous) ou au capitalisme (le doux commerce de Montesquieu comme défouloir des pulsions agressives).
LaFéeC Posté 30 avril 2008 Signaler Posté 30 avril 2008 Certes pour le premier point, mais la science ne prétend pas réformer la société : le "toutes choses égales par ailleurs" désigne des paramètres que l'on juge non-pertinents pour une expérience donnée. Si l'homme est un paramère non-pertinent pour l'expérience libertarienne, il suffit de le préciser au départ. L'Homme est au coeur. Sur le second point, tout dépend ce que vous appelez le "monde de demain" : par définition, le monde de demain sera une évolution du monde actuel, et si demain désigne une ou deux générations, je crains fort que cela ne suffise pas à liquider l'Etat (ni les penchants que l'Etat flatte). J'ai beaucoup plus d'imagination que ça. Et j'ai peu d'espoir à court terme Mais le fait est que l'on tend pour le moment vers la privatisation et l'individualisation. On tend plutôt vers la soc-dem, "le je est aux autres" non ?
CMuller Posté 30 avril 2008 Signaler Posté 30 avril 2008 (…)On tend plutôt vers la soc-dem, "le je est aux autres" non ? En France, on tend toujours vers le pire, je crois que c'est devenu notre tropisme national A l'échelle mondiale, j'incline à penser que les civilisations nouvellement gagnées par la modernité technique et marchande vont connaître une évolution comparable à celle que nous avons connue, c'est-à-dire plutôt favorable à l'émergence de l'individu, au respect de sa vie privée, de ses opinions, de ses rapports privés, etc.
Invité jabial Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 Je l'ai lu. Je rencontre un problème que j'ai souvent avec les textes libéraux, libertariens en fait, à savoir une vision très cohérente, parfaitement logique, mais totalement déconnectée de la réalité. Tu en est bien sûr? Ne serait-ce pas plutôt "déconnecté de mes préjugés sur le sujet" ?
Ronnie Hayek Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 Je l'ai lu. Je rencontre un problème que j'ai souvent avec les textes libéraux, libertariens en fait, à savoir une vision très cohérente, parfaitement logique, mais totalement déconnectée de la réalité. Avec beaucoup de conditionnels, le système est parfait : si tous les hommes étaient rationnels, si tous les hommes raisonnaient par intérêt et non aussi par valeurs, symboles, croyances, désirs, émotions, pulsions… si les individus étaient tous autonomes au lieu de goûter parfois le confort physique et mental de l'hétéronomie, etc., alors ce système serait le plus juste et plus libre. Mais à moins de modifier la nature humaine - ce qui est un ordre du jour possible des décennies à venir -, je ne vois pas que ce système soit vraiment adapté aux humains version 1. (Enfin… Homo sapiens est plutôt la version 7, 8 ou 9, les palélontologues ne sont pas d'accord sur le nombre d'espèces humaines antérieures). Le problème de l'anthropologie libertarienne n'est pas tellement différent de celui de l'anthropologie libérale, il en découle. On y parle sans arrêt de l'Homme (ou de l'Individu), mais les hommes sont considérés comme devant suivre la théorie et lui obéir, alors que celle-ci devrait plus modestement veiller à respecter la nature humaine (et donc ses limites). Voilà qui nous permet de revenir au sujet du fil, entre parenthèses.
CMuller Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 Tu en est bien sûr? Ne serait-ce pas plutôt "déconnecté de mes préjugés sur le sujet" ? C'est bien possible. Mais pour se défaire de ses préjugés, je ne vois pas d'autres méthodes qu'observer le monde autour de soi d'une part, lire des livres d'histoire, d'ethnologie, de sociologie, de biologie, de psychologie d'autre part. A ce jour, ni mes observations ni mes lectures ne m'ont fait rencontrer une société d'hommes rationnels calculant leur meilleur intérêt individuel et construisant tous leurs rapports sociaux sur ce calcul. On tend peut-être vers cela, note bien. Mais plutôt que de rétro-fonder cette direction sur une anthropologie idéaliste faite de Robinsons sur leur île, mieux vaut reconnaître la pluralité des motivations humaines, montrer que le rationalité y est préférable, montrer que la rationalité par intérêt doit primer sur la rationalité par valeur, suggérer que les logiques de groupe sont un héritage dépassé et contreproductif de notre passé primate, etc. Bref, ne pas essayer de naturaliser une vision partielle de l'humain, plutôt la problématiser au sein du répertoire cognitif-comportemental plus vaste des humains. (Cela répond aussi à Ronnie)
Invité jabial Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 une société d'hommes rationnels calculant leur meilleur intérêt individuel et construisant tous leurs rapports sociaux sur ce calcul. Je ne vois aucun rapport entre ça et la praxéologie de Mises et Rothbard. Ca ressemble plutôt, sans vouloir vous vexer, à une mauvaise carricature des théories économiques d'Adam Smith. C'est pour cela aussi que je parle de préjugé : j'ai l'impression que l'esprit dans lequel vous lisez l'EdL, si toutefois vous le lisez intégralement (ce que j'ignore), est celui d'un homme dont l'idée est déjà faite.
WALDGANGER Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 Je ne vois aucun rapport entre ça et la praxéologie de Mises et Rothbard. Ca ressemble plutôt, sans vouloir vous vexer, à une mauvaise carricature des théories économiques d'Adam Smith. C'est pour cela aussi que je parle de préjugé : j'ai l'impression que l'esprit dans lequel vous lisez l'EdL, si toutefois vous le lisez intégralement (ce que j'ignore), est celui d'un homme dont l'idée est déjà faite. Quand Rothbard écrit: "Praxeology, the basis of economic theory, differs from psychology, however. Psychology analyzes the how and the why of people forming values. It treats the concrete content of ends and values. Economics, on the other hand, rests simply on the assumption of the existence of ends, and then deduces its valid theory from such a general assumption. It therefore has nothing to do with the content of ends or with the internal operations of the mind of the acting man." Il expulse la psychologie de sa théorie, mais effectivement sans pour autant la remplacer par une hypothèse simplificatrice. Le problème c'est qu'en pratique on ne peut rien construire là dessus. Cela voudrait dire que quelques soient les buts d'un individu et sa façon de les atteindre, cela n'impacterait pas la théorie.
Domi Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 Même si ma connaissance du sujet est faible, je me permets de formuler une remarque qui peut intéresser Charles Muller. Il faut bien distinguer, chez Rothbard ce qui découle de la théorie du droit naturel de ce qui découle de la méthode praxéologique. En effet, l'idée de loi naturelle a une longue tradition depuis au moins le moyen-âge ( de plus érudits que moi pourront en préciser l'origine exacte), tandis que la praxéologie a été fondée par des auteurs autrichiens au début du XXème siècle. C'est Ludwig Von Mises ( 1882 - 1973) qui s'inspirait de Carl MENGER, qui a véritablement donné les lettres de noblesse à cette méthodologie et lui a, je crois, donné son nom. Du point de vue de la praxéologie, Rothbard est un peu l'héritier de Mises. Or Mises était un pur utilitariste qui rejetait toute idée de droit naturel. Il n'y a donc pas de raison d'associer a priori méthode praxéologique et droit naturel.
CMuller Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 Je ne vois aucun rapport entre ça et la praxéologie de Mises et Rothbard. Ca ressemble plutôt, sans vouloir vous vexer, à une mauvaise carricature des théories économiques d'Adam Smith. C'est pour cela aussi que je parle de préjugé : j'ai l'impression que l'esprit dans lequel vous lisez l'EdL, si toutefois vous le lisez intégralement (ce que j'ignore), est celui d'un homme dont l'idée est déjà faite. A nouveau, EdL (texte que j'ai lu, pas encore achevé, et dont je discute donc) part de prémisses me convenant très bien : une éthique de la liberté est nécessaire (car la science économique ou la philosophie utilitariste ne suffisent pas, intro) ; elle se fonde sur le droit naturel ; la nature est accessible à la raison, et ne doit pas être dictée par la coutume / l'Etat. Bref, jusqu'au chapitre 3, j'abonde plutôt ou disons que je suis intéressé par le concept de droit naturel / loi naturelle. Ensuite, cela se corse. Chapitre 4 : MR revient au terrain classique de la philosophie, fait allégeance à Locke, affirme "C’est sur cette tradition du Droit naturel libertarien que ce livre entend fonder ses développements". Mais alors, de l'aveu de l'auteur, on s'inscrit dans le registre d'une tradition particulière, au sein de la philosophie d'une civilisation particulière. Je ne vois plus rien de naturel là-dedans. Chapitre 5 : il est dit que le but de l'ouvrage est une philosophie politique de la liberté, du coup on se demande pourquoi l'éthique est revendiquée dans le titre. Mais en fait, ce chapitre est particulièrement embrouillé, il faut comprendre qu'un système de norme est nécessaire à tout ensemble social et politique, que les normes relatives à la violence sont premières. Il se conclut par "Il faut donc commencer par nous débarrasser des fantasmagories de la Wertfreiheit, du positivisme comme du scientisme. C’est à nous de mépriser les exigences impérieuses d'un statu quo arbitraire et de forger — tant pis si cela ressemble à un vieux cliché — une norme de la loi et du Droit naturels qui puissent servir de référence au sage et à l’honnête homme." C'est assez inquiétant, MR va forger une norme taillée sur mesure pour des gens comme lui (sages et honnêtes) mais se présentant comme une loi naurelle. Et ensuite vient Robinson (qui a "perdu la mémoire" sic). Cette "pastorale" permet à MR de décrire ce qu'il veut sans aucun souci de certification : cela relève évidemment de la fiction et l'on fait ce qu'on veut de son personnage. Par exemple, quand Vendredi se pointe, Robinson et lui sont éblouis par les vertus de l'échange. Manque de chance, dans ma propre fiction, Vendredi est réduit à l'état d'esclavage, car Robinson trouve beaucoup plus intéressant de lui faire faire tout le travail et Vendredi l'accepte volontiers, car il est homosexuel et amoureux fou de son maître. Dans une autre île, c'est l'inverse, Robinson est réduit à la servitude par un Vendredi qui mesure trois têtes de plus que lui (et Robinson, un peu lâche, n'ose même pas le tuer la nuit, il préfère une servitude douce). Et ainsi de suite, chaque île décrira des rapports humains différents, chaque île aura sa "loi naturelle". Bref, je suis finalement en désaccord avec les prémisses de son raisonnement comme avec sa méthode. Je trouve surtout que ce texte n'a rien de convaincant pour la raison quand elle est vide de préjugé, justement. Cela dit, je vois en effet revenir des références à la "praxéologie" et s'il y a des textes plus précis là-dessus, cela m'intéresse bien sûr.
Invité Arn0 Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 Chapitre 4 : MR revient au terrain classique de la philosophie, fait allégeance à Locke, affirme "C’est sur cette tradition du Droit naturel libertarien que ce livre entend fonder ses développements". Mais alors, de l'aveu de l'auteur, on s'inscrit dans le registre d'une tradition particulière, au sein de la philosophie d'une civilisation particulière. Je ne vois plus rien de naturel là-dedans.C'est un peu comme de dire que se référer à Newton c'est faire sortir la physique de l'étude de la nature pour faire triompher la vision occidentale. Le fait qu'une théorie ait une histoire, éventuellement liée à une société ou à une culture particulière, ne remet pas nécessairement en cause son caractère universelle.
CMuller Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 C'est un peu comme de dire que se référer à Newton c'est faire sortir la physique de l'étude de la nature pour faire triompher la vision occidentale. Le fait qu'une théorie ait une histoire, éventuellement liée à une société ou à une culture particulière, ne remet pas nécessairement en cause son caractère universelle. Sauf que la communauté de physiciens s'est progressivement accordée sur des procédures de validation, cerfication, falsification de ses méthodes et de ses résultats, alors que la communauté des philosophes n'en a rien fait, pas plus que celle des chercheurs en sciences sociales ou sciences humaines. A la limite, c'est secondaire. On peut se rattacher à Locke comme père de l'individualisme méthodologique, c'est peu ou prou ce que fait MR de mémoire, et considérer que l'individualisme méthodologique fait consensus (ce n'est pas vraiment le cas, mais admettons). Reste que pour forger une théorie de l'action ayant la prétention d'être objective, il faut tout de même observer la manière dont les individus se comportent. C'est là où les "évidences" de Robinson et Vendredi n'en sont pas à mes yeux.
Ronnie Hayek Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 La vérité n'est pas affaire de consensus. Toujours cette même confusion.
Roniberal Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 La vérité n'est pas affaire de consensus. Toujours cette même confusion. D'autant que comme tu l'as rappelé, notre ami agit différemment dès qu'il s'agit du réchauffement climatique. A ce sujet, peut-il nous dire pourquoi il ne met pas en lien son site climat-sceptique.com?
Ronnie Hayek Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 D'autant que comme tu l'as rappelé, notre ami agit différemment dès qu'il s'agit du réchauffement climatique. A ce sujet, peut-il nous dire pourquoi il ne met pas en lien son site climat-sceptique.com? Je ne le sais même pas, à dire vrai. D'ailleurs, j'ai même l'impression que, tant du côté des catastrophistes anxiogènes que des optimistes béats (aka les "sceptiques"), la croyance dans le consensus comme sanction ultime est dominante.
CMuller Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 La vérité n'est pas affaire de consensus. Toujours cette même confusion. Je parlais plutôt d'un consensus sur une méthode d'accès à la vérité - en fait, à des proposition vérifiables ou falsifiables. Je ne sais qui prétend encore détenir "la vérité" en ce bas monde. Vous peut-être ?
Ronnie Hayek Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 Je parlais plutôt d'un consensus sur une méthode d'accès à la vérité - en fait, à des proposition vérifiables ou falsifiables. Je ne sais qui prétend encore détenir "la vérité" en ce bas monde. Vous peut-être ? Cela faisait longtemps…
CMuller Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 Cela faisait longtemps… … (Flemme d'écrire plus, mais vous pouvez faire moins).
Ronnie Hayek Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 …(Flemme d'écrire plus, mais vous pouvez faire moins). Du genre, ce message auquel vous n'avez pas répondu ? Le problème de l'anthropologie libertarienne n'est pas tellement différent de celui de l'anthropologie libérale, il en découle. On y parle sans arrêt de l'Homme (ou de l'Individu), mais les hommes sont considérés comme devant suivre la théorie et lui obéir, alors que celle-ci devrait plus modestement veiller à respecter la nature humaine (et donc ses limites). Voilà qui nous permet de revenir au sujet du fil, entre parenthèses.
CMuller Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 Du genre, ce message auquel vous n'avez pas répondu ?(…) Il me semble que tout mon propos y répond, justement. A savoir qu'une philosophie politique et morale a de bonnes chances de rester lettre morte si elle ne correspond pas à des penchants de la nature humaine, ou d'être inopérante si elle ne prend pas comme point de départ la diversité des penchants de cette nature. On pourrait poser la question à l'envers, de manière naïve : pourquoi donc la monde est-il si peu libéral, pourquoi les individus si rationnels persistent-ils à se réfugier avec délice dans l'étatisme, le communautarisme, le tribalisme, la socialisme, l'intégrisme, pourquoi la logique universelle des intérêts n'empêche pas en permanence le ressurgissement des conflits de valeur, des guerres de croyances, des luttes d'identité, si nuisibles aux intérêts des uns et des autres, etc. ? Mais on pourra toujours dire que c'est une question de temps, bien sûr. C'est pourquoi je préfère réfléchir dans l'autre sens, c'est-à-dire vérifier que les propriétés fondamentales de la nature humaine dont découle le raisonnement libéral existent réellement, préciser comment elles se déploient dans la condition humaine telle que nous pouvons l'observer et la modéliser. Sur le point : "respecter la nature humaine (et donc ses limites)", je suis évidemment en désaccord, l'homme se caractérise par le fait qu'il ne respecte pas l'ordre du monde, qu'il ne se plie pas à son milieu comme les autres espèces, qu'il le modifie au contraire depuis toujours par sa technique, et cela s'appliquera à terme à sa propre nature, nous ne respectons pas la maladie sous prétexte qu'elle est inscrite dans la logique de nos gènes ou de nos cellules. Bref, je pense que notre nature est de modifier notre nature, ce que nous commençons tout doucement à faire depuis que nous en comprenons les fondements matériels.
Ronnie Hayek Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 Sur le point : "respecter la nature humaine (et donc ses limites)", je suis évidemment en désaccord, l'homme se caractérise par le fait qu'il ne respecte pas l'ordre du monde, qu'il ne se plie pas à son milieu comme les autres espèces, qu'il le modifie au contraire depuis toujours par sa technique, et cela s'appliquera à terme à sa propre nature, nous ne respectons pas la maladie sous prétexte qu'elle est inscrite dans la logique de nos gènes ou de nos cellules. Bref, je pense que notre nature est de modifier notre nature, ce que nous commençons tout doucement à faire depuis que nous en comprenons les fondements matériels. C'est tout simplement du postmodernisme philosophique : "Notre nature propre est de transformer notre nature propre"…
h16 Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 C'est tout simplement du postmodernisme philosophique : "Notre nature propre est de transformer notre nature propre"… Rien que de très normal, surtout depuis qu'on sait qu'on peut se replier dans ses propres poumon, tout est à portée de la main !
Ash Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 Rien que de très normal, surtout depuis qu'on sait qu'on peut se replier dans ses propres poumon, tout est à portée de la main !
free jazz Posté 2 mai 2008 Signaler Posté 2 mai 2008 C'est tout simplement du postmodernisme philosophique : "Notre nature propre est de transformer notre nature propre"… Encore que le programme cartésien de maîtrise technique de la nature pour la transformer à des fins utiles pour l'homme, comme par exemple guérir les maladies, soit déjà présent à l'âge classique, âge rationaliste par excellence.
CMuller Posté 3 mai 2008 Signaler Posté 3 mai 2008 C'est tout simplement du postmodernisme philosophique : "Notre nature propre est de transformer notre nature propre"… Non, plutôt un darwinisme conséquent. La conscience semble un outil d'accélération de l'évolution, et non de ralentissement. Par simple jeu de l'esprit, croyez-vous vraiment que nous n'aurons rien changé de nos gènes dans 10, 100 ou 1000 générations ? Ce serait bien la première fois que l'homme a fait une découverte sur lui-même pour soigneusement l'oublier ou la mettre dans la vitrine des idées pures… PS : les travaux les plus récents montrent que les pratiques humaines depuis le Paléolithique ont déjà abouti à des évolutions génétiques rapides dans les populations, c'est-à-dire que la co-évolution gène-culture n'est pas réductible au rêve moderne de Bacon ou Descartes, plutôt le simple effet d'une rétro-action de la culture sur la survie et la reproduction différentielles, par quoi l'évolution se définit.
alex6 Posté 3 mai 2008 Signaler Posté 3 mai 2008 La genetique, la science ne sont pas la Nature de l'homme. L'homme reste constant en substance ce qui fait que les droits dits naturels sont intemporels car directement correles a la nature en soi de l'individu. Les diverses tentations que vous avez cite et qui sont tres justement des tentations a la facilite et a la domination des autres font partie de la nature humaine depuis Adam et Eve. L'homme tend a prendre la mauvaise voie, ca ne rend pas cette derniere legitime ou naturelle pour autant.
Ronnie Hayek Posté 3 mai 2008 Signaler Posté 3 mai 2008 Rien que de très normal, surtout depuis qu'on sait qu'on peut se replier dans ses propres poumon, tout est à portée de la main ! Une photo de l'ami POE, prise lors de cet exercice pas banal :
CMuller Posté 3 mai 2008 Signaler Posté 3 mai 2008 La genetique, la science ne sont pas la Nature de l'homme.L'homme reste constant en substance ce qui fait que les droits dits naturels sont intemporels car directement correles a la nature en soi de l'individu. Les diverses tentations que vous avez cite et qui sont tres justement des tentations a la facilite et a la domination des autres font partie de la nature humaine depuis Adam et Eve. L'homme tend a prendre la mauvaise voie, ca ne rend pas cette derniere legitime ou naturelle pour autant. Vos propos souligent bien l'ampleur du problème dès que l'on quitte Robinson sur son île. Nous appartenons vous et moi à une certaine "élite éclairée", capable de débattre de ses positions philosophiques sur un forum Internet, ce qui n'est pas le lot commun des humains. On pourrait espérer que la raison exprime ici tout son éclat, et que des êtres raisonnables sinon rationnels parviennent à s'accorder. Or, ce n'est pas le cas : nous divergeons fondamentalement sur ce qu'il faut entendre par nature humaine et sur ce qu'il faut en déduire. Quand on en vient à des sujets plus concrets, comme le statut de l'embryon, il en va exactement de même. A l'évidence, une théorie de l'esprit et une théorie de l'action doivent tenir compte de ce genre de fait. Sinon, l'absence de "substance" constante dans le vivant en général, l'humain en particulier, est bien le scandale de Darwin, son idée la plus dangereuse dont la portée n'est généralement pas bien mesurée. S'il n'y a que de la matière, de l'énergie et de l'information en réagencement permanent sans dessein pré-établi, quelques millénaires de pensée fixiste et finaliste s'effondrent comme un château de sable.
Etienne Posté 3 mai 2008 Signaler Posté 3 mai 2008 Sinon, l'absence de "substance" constante dans le vivant en général, l'humain en particulier, est bien le scandale de Darwin, son idée la plus dangereuse dont la portée n'est généralement pas bien mesurée. S'il n'y a que de la matière, de l'énergie et de l'information en réagencement permanent sans dessein pré-établi, quelques millénaires de pensée fixiste et finaliste s'effondrent comme un château de sable. Que le finalisme ait été mis à mal - j'ai bien écrit "mis à mal" et non "invalidé", ce qui n'aurait pas de sens - par les conceptions scientifiques qui ont émergé depuis quelques siècles, ça ne fait guère de doute. Pourtant, ce qui a du plomb dans l'aile, ça n'est pas l'idée de caractères propres (ou de substance) d'une chose ou d'une autre, c'est l'idée que les choses du monde sont orientées vers un but, ce qui est somme toute assez différent. Une bille en mouvement a bien des caractères propres (forme, matériau, etc.) sans pour autant avoir un lieu naturel vers lequel tendre. De même, un homme peut être caractérisé par un certain nombre de traits - d'un point de vue biologique ou anatomique -, sans que ça pose le moindre problème. Ceci dit, c'est un peu une digression, parce que tout ceci n'est pas l'objet du droit naturel.
CMuller Posté 3 mai 2008 Signaler Posté 3 mai 2008 (…) Ceci dit, c'est un peu une digression, parce que tout ceci n'est pas l'objet du droit naturel. En êtes-vous sûr ? Je crois comprendre que pour les tenants d'un droit naturel classique, c'est un peu de cela dont il est question. Et pour les tenants du droit naturel moderne, je m'interroge (ne serait-ce que sur la conservation du mot "naturel" plutôt qu'individuel ou rationnel ou autre).
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