Taranne Posté 20 avril 2008 Signaler Posté 20 avril 2008 Germaine Tillon, pionnière de l'ethnologieNOUVELOBS.COM | 19.04.2008 | 18:15 Réagissez à l'article 2 réactions Voici un portrait de l'ethnologue Germaine Tillion, décédée samedi 19 avril à Saint-Mandé (Val-de-Marne).Grande résistante, intellectuelle indépendante, cette femme inclassable, aux engagements radicaux, a été une pionnière de l'ethnologie dans les années 30. "Il était une fois l'ethnographie" Née le 30 mai 1907 à Allègre (Haute-Loire) dans une famille d'intellectuels catholiques, père bourguignon, mère auvergnate, elle est l'élève de Marcel Mauss, sociologue et ethnologue, qui transmet à ses étudiants une éthique de l'enquête et une méthode de travail non dogmatique. En 1934, l'apprentie-ethnographe part enquêter sur le terrain dans le massif montagneux des Aurès (sud-est algérien), se déplaçant à cheval, accompagnée d'un mulet portant son matériel. Pour mener ses observations sur la population berbère chaouia, elle campe seule dans les douars les plus pauvres, à 70 km de la première route. Elle effectuera quatre missions jusqu'en 1940. Ses cahiers de notes et manuscrits de thèse, emportés à Ravensbrück après son arrestation en 1942, seront perdus au camp. L'ethnologue publiera néanmoins en 1966 "Le Harem et les cousins", son livre majeur, un essai sur le mariage endogame des femmes au Maghreb, considéré comme pionnier. Plus tard, elle rassemblera ses souvenirs dans un livre à la fois drôle et savant, "Il était une fois l'ethnographie" (2000). "Réseau du Musée de l'Homme" Dès son retour de mission en juin 1940, Germaine Tillion, révulsée par le discours du maréchal Pétain annonçant l'armistice, co-fonde le "Réseau du Musée de l'Homme", le tout premier mouvement de Résistance. Dénoncée, elle est arrêtée en 1942, détenue à Fresnes, puis déportée à Ravensbrück où sa mère Emilie, qui la rejoindra, ne survivra pas. Ce violent chagrin, Germaine Tillion le portera toute sa vie. Au camp, elle reste ethnographe, s'employant à disséquer "l'incroyable société" où elle est plongée. Auteur en 1946 d'un des premiers témoignages sur la condition de déportée ("A la recherche de la vérité"), l'ethnologue l'avait actualisé en 1973 puis 1988 sous le titre "Ravensbrück", soulignant notamment les finalités économiques du phénomène concentrationnaire. Avec Geneviève De Gaulle et Anise Postel-Vinay, elle se fait "l'animatrice d'une sorte d'opération survie", réussissant à écrire, cachée dans une caisse, une opérette cocasse sur l'enfer des prisonnières, pour distraire ses compagnes. "Le Verfügbar aux enfers" sera publié en 2005 et créé en juin 2007 au Théâtre du Châtelet à Paris. "Les ennemis complémentaires" En 1955, l'ethnologue renoue avec l'Algérie à la demande du gouvernement Pierre Mendès France, empêtré dans la crise algérienne. Elle crée les Centres sociaux pour les ruraux musulmans déplacés dont elle dénonce la "clochardisation" ("L'Algérie en 1957"), analyse les dysfonctionnements de la société coloniale ("Les ennemis complémentaires"), enquête sur la torture et les lieux de détention. En 1957, en pleine bataille d'Alger, elle réussit à obtenir pour quelques semaines l'arrêt des attentats, après une rencontre secrète avec le chef militaire de la région d'Alger Yacef Saadi. A la fin de sa vie, cette petite femme ronde, au regard aigu et au franc-parler, reçoit de très nombreux hommages. Jean Lacouture lui consacre une biographie ("Le Témoignage est un combat"). Une école de Saint-Mandé (Val-de-Marne) où elle résidait porte son nom et celui de sa mère. Elle était une des rares femmes à porter la Grand'Croix de la Légion d'honneur.
LaFéeC Posté 21 avril 2008 Signaler Posté 21 avril 2008 RIP "L'humanité se compose de deux minuscules minorités : celle des brutes féroces, des traîtres, des sadiques systématique d'une part, et de l'autre celle des hommes de grand courage et de grand désintéressement qui mettent leur pouvoir, s'ils en ont, au service du bien.Entre ces deux extrêmes, l'immense majorité d'entre nous est composée de gens ordinaires, inoffensifs en temps de paix et de prospérité, se révélant dangereux à la moindre crise."
Sous-Commandant Marco Posté 21 avril 2008 Signaler Posté 21 avril 2008 RIP. Cette p…sse de Dominique Voynet a eu le culot d'associer Germaine Tillon et Aimé Césaire dans le bataillon des collectivistes.
Invité jabial Posté 21 avril 2008 Signaler Posté 21 avril 2008 RIP"L'humanité se compose de deux minuscules minorités : celle des brutes féroces, des traîtres, des sadiques systématique d'une part, et de l'autre celle des hommes de grand courage et de grand désintéressement qui mettent leur pouvoir, s'ils en ont, au service du bien.Entre ces deux extrêmes, l'immense majorité d'entre nous est composée de gens ordinaires, inoffensifs en temps de paix et de prospérité, se révélant dangereux à la moindre crise." Tellement vrai…
Rincevent Posté 21 avril 2008 Signaler Posté 21 avril 2008 Tellement vrai… C'est sensiblement ce que dit mon grand-père.
Invité jabial Posté 21 avril 2008 Signaler Posté 21 avril 2008 A la relecture, je changerais quelque chose, mais ce serait nettement moins beau.
h16 Posté 21 avril 2008 Signaler Posté 21 avril 2008 C'est sensiblement ce que dit mon grand-père. Eh oui, mais c'est pas une femme, il ne s'appelle pas Germaine et personne ne le connaît comme Tillon. C'est parfois dur, la vie.
Rincevent Posté 22 avril 2008 Signaler Posté 22 avril 2008 Eh oui, mais c'est pas une femme, il ne s'appelle pas Germaine et personne ne le connaît comme Tillon. C'est parfois dur, la vie. Ceci dit, il est Germain de naissance.
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