Dardanus Posté 31 mai 2008 Signaler Posté 31 mai 2008 Pire : tu as oublié le célèbre "référentiel bondissant" ! EDIT : grillé par Harald. Si j'en crois un de mes collègues d'EPS, le terme n'est plus utilisé. Il faudra donc songer à la mise à jour des lieux communs anti EdNat.
Fredo Posté 31 mai 2008 Signaler Posté 31 mai 2008 Je l'ai pourtant entendu dans la bouche d'enseignants auprès desquels j'intervenais en formation continue.
Sous-Commandant Marco Posté 31 mai 2008 Signaler Posté 31 mai 2008 Pour éviter les accusations de discrimination envers les référentiels non-bondissants rigides (p.ex. les boules de pétanque), le terme a officiellement été remplacé par "sphéroïde plastique à dilatation gazeuse", plus précis et plus consensuel.
MMorateur Posté 31 mai 2008 Signaler Posté 31 mai 2008 Pour éviter les accusations de discrimination envers les référentiels non-bondissants rigides (p.ex. les boules de pétanque), le terme a officiellement été remplacé par "sphéroïde plastique à dilatation gazeuse", plus précis et plus consensuel. Je ne vois pas ce qu'il y a de sensuel là dedans.
José Posté 1 juin 2008 Signaler Posté 1 juin 2008 Le réalisateur Laurent Cantet est membre de Réseau Emigré Sans Frontière aussi non? Comme quoi personne n'est jamais tout à fait mauvais.
Ash Posté 29 juin 2008 Signaler Posté 29 juin 2008 « Ça m'énerve qu'on parle autant du film avant sa sortie. » François Bégaudeau, Ouest France, 30 mai 2008.A contretemps… L’an dernier, un collègue m’a prêté Entre les murs. Il m’a recommandé sa lecture dans les termes suivants : « Je ne me suis pas senti trahi. » Moi non plus, je ne me suis pas senti trahi ; par contre, qu’est-ce que je me suis fait chier ! J’ai rarement mis autant de temps à venir à bout d’un livre aussi mince (271 pages, grands caractères, beaucoup de dialogues et de sauts de ligne). Cet ennui provenait en partie du fait que Bégaudeau évoquait une expérience professionnelle qui ressemblait à la mienne et dont, avec une honnêteté que comme lecteur j’ai trouvé bien rigide, il ne se privait pas de souligner la part de terne routine, répétition indéfinie des mêmes faits, des mêmes mots. Mais mon peu d’enthousiasme tenait aussi à ses partis pris d’écriture. Fidèle à son projet de restituer, au ras du réel, le quotidien d’une classe, en s’abstenant de toute fioriture et de tout commentaire, il se refusait à évoquer son environnement et même, de façon plus générale, à fournir aucun détail concret (hormis les inscriptions lisibles sur les sweat-shirts des filles) : je ne pouvais me faire pratiquement aucune idée de ce à quoi pouvaient bien ressembler le collège ou la salle de classe qui servaient de cadre à tous les faits relatés, je ne voyais pas les visages ni les corps de ces adolescents pour qui Bégaudeau témoignait par ailleurs de la plus totale sollicitude, je n’avais pas le plus petit indice sur la personne du narrateur, etc. Si bien que les situations et les faits rapportés me paraissaient flotter dans une sorte d’éther. Le concentré de vécu que l’auteur avait voulu nous livrer me paraissait fortement dilué de rien, et cette dilution annihilait pour moi l’aspect documentaire qui était censé constituer le point fort de l’ouvrage, aux dires de l’intéressé lui-même et d’une critique enthousiaste. Je ne comprenais pas comment on pouvait évoquer de cette façon une profession dont les praticiens sont en permanence agressés par un réel dense et bruyant. Bien sûr, il serait imbécile d’exiger de Bégaudeau qu’il relève le défi d’un projet littéraire qui n’est pas le sien, de réclamer de lui des descriptions balzaciennes de la peinture craquelée et du néon qui clignote au-dessus de son tableau vert poussiéreux. Bégaudeau a, je crois, respecté de façon scrupuleuse la feuille de route qu’il s’est définie. Le problème est que celle-ci ne mène nulle part. Son projet n’est pas intéressant. J’entendais aussi qu’il y avait dans Entre les murs un « travail sur le langage », mais je n’arrivais pas à comprendre en quoi consistait ce travail. S’il s’agissait de relever que les enfants des milieux populaires parlent une langue différente de celle de leurs enseignants, une langue laide mais efficace car réduite à peu de choses près à la fonction phatique d’un cri, on était assez loin, à mon sens, d’une découverte sensationnelle. Bref, j’avais rendu le livre à son propriétaire en le remerciant poliment, et un peu plus tard, c’est sans surprise excessive que je l’avais vu recueillir le prix France Inter – Télérama – Le Nouvel Obs – Radio Nova – Les Inrocks – Paris Première – On vit dans le cinquième et on vous emmerde. A ces grands consommateurs d’autofiction, une dose même très faible de réalité avait fait l’effet d’un shoot de première force. Normal. La véritable surprise était venue, pour moi, du projet annoncé d’adapter Entre les murs au cinéma. Comment vont-ils bien pouvoir faire ? me demandais-je. Je n’aurais pas dû me poser ces questions. François Bégaudeau est chroniqueur aux Cahiers du cinéma. Dès septembre 2006 il avait déclaré, dans une interview au site Le Web pédagogique : « Le langage des ados est scandé, corporel, ponctué de mouvements de bras : il se donne à voir et à entendre. De ce point de vue, le livre court après le cinéma, je cours derrière L’Esquive. » (Et je comprenais alors que ce que j’avais pris pour un roman n’était en fait qu’un script bancal.) J’aurais bien vu un film réalisé par Noémie Lvovski, où Valeria Bruni-Tedeschi aurait joué le rôle d’une prof à la dérive et Laura Smet, celui d’une élève de troisième frondeuse mais bourrée de talent. On l’aurait appelé Enseigne-moi. Dans sa critique, Eva Bettan -de France Intêêêr- aurait parlé d’une « fable acide et pleine de tendresse, filmée au plus près de la souffrance sociale ». Ce serait tout simplement un long-métrage de plus, larmoyant et médiocre, comme la France en a produit beaucoup depuis au moins quinze ans. Mais Bégaudeau, tout de même, est d’une autre trempe. C’est Laurent Cantet qui l’a spontanément contacté pour lui proposer l’aventure d’une adaptation. Et Laurent Cantet, c’est un cinéaste pour qui (je cite de mémoire les propos tenus par l’auteur au moment où le projet était encore embryonnaire) « les conditions dans lesquelles on tourne un film déterminent en partie sa valeur. » Ils commencèrent donc par chercher un collège et ils ouvrirent aux élèves volontaires des ateliers de jeu dramatique –enfin, d’improvisation, plutôt : on n’allait pas leur faire mémoriser le monologue d’Hamlet, à ces jeunes au langage « scandé, corporel, ponctué de mouvements de bras. » Et de toute façon, on ne voulait pas d’Hamlet. On les voulait, eux, sincères et bruts de décoffrage. Et comme il fallait aussi un prof, c’est l’auteur lui-même qui s’y colla, avec son charisme de rock star (« Un rocker, c’est toujours un mélange d’immense arrogance et de grande fébrilité. Moi aussi. » Télérama, 28 mai 2008 ; voir aussi, dans Le Monde du 27 mai, l’article « Le making of d'Entre les murs. ») Acteur principal, scénariste, dialoguiste, vraisemblablement impliqué aussi dans le casting de ses jeunes partenaires/élèves : Bégaudeau a posé une empreinte profonde sur ce film. Il a donc pu y faire passer ses idées. Si véhément qu’il soit en effet dans la dénonciation de « tous ces livres de profs qui se réduisent à des essais au ton apocalyptique », qui « filtrent la réalité pour la faire correspondre à leurs a priori idéologiques », l’auteur d’Entre les murs a en effet martelé ses propres convictions politiques dans les très nombreuses interviews où il s’agissait d’assurer le service après-vente de son best-seller. Ses idées peuvent être ramenées au nombre de deux. 1) L’école telle qu’elle existe actuellement est faite par et pour les héritiers (au sens, évidemment, de Bourdieu et Passeron). Pour que les connaissances que l’on prétend transmettre touchent un jour les enfants des familles pauvres, et en particulier ceux qui sont « issus de l’immigration », une refonte complète des méthodes s’impose. « Quand j’étais gamin, petit Blanc, fils de profs, je le connaissais le passé simple, je l’avais entendu dans la bouche de mes parents, je l’avais lu dans les livres qui s’empilaient à la maison. Me l’a-t-on vraiment enseigné ? N’ai-je pas plutôt récité ce que je savais déjà intuitivement ? Quand on se retrouve devant Ndeyé ou Khoumba, face à des élèves qui ne bénéficient pas de ce background culturel, dont les parents ne sont pas francophones, on est totalement démuni. Sans doute le passé simple n’a-t-il jamais été véritablement "enseigné", sa pédagogie reste à inventer. » (Télérama, 26 mai 2008) Quant à savoir par quelle méthode ludique et égalitaire Ndeyé apprendra je vins tu vins il vint, l’auteur ne se prononce pas. Ce n’est pas un technicien. 2) L’ignorance des élèves est plus que largement compensée par une qualité que Bégaudeau valorise par-dessus toute autre chose, d’autant qu’il la possède lui aussi, et comment ! Ils ont de l’énergie. « En tant que prof chargé de conduire ses élèves vers la réussite scolaire et professionnelle, je vois bien que le constat est négatif. En tant qu’homme et écrivain, derrière les erreurs ou les difficultés des élèves, c’est la vie que je vois, l’énergie que dégagent ces ados. Tout mon livre est construit là-dessus, je puise directement dans ces moments d’affrontement qui sont la vie même. » (Même source que ci-dessus) Cette fascination pour la vigueur adolescente détermine en bonne partie les sympathies de Bégaudeau et ses choix de casting. C’est ainsi, par exemple, qu’il décrit l’une de ses actrices : « Esmeralda est vive, boule d'énergie vitale qu'aucun système scolaire n'arraisonnerait. C'est ce qui nous a plu dès le premier atelier, et aussi son autoportrait de début d'année, qui disait tout. A la question "Qu'est ce que tu aimes ?", sa réponse fut, en effet, exemplairement duale : "J'aime les livres d'amour et taper les gens" (…). » (« Le making of d’Entre les murs, par François Bégaudeau », Le Monde, 28 mai 2008). Le même principe peut occasionnellement l’amener à tenir des propos surprenants, par exemple au micro d’un Alain Finkielkraut dont on imagine avec gourmandise l’expression et la courbe de la tension artérielle : « Une chose que l’on ne peut jamais dénier à ce mouvement-là, à ce mois, qui s’est déroulé en novembre 2005, c’est sa vitalité, c’est son énergie. Brûler une voiture, ça demande de l’énergie. Alors voilà ce qu’on dit : c’est qu’au moins là il y a une jeunesse, dont on peut regretter parfois qu’elle soit un peu apathique, un peu inerte, et donc tout le monde devrait se réjouir, d’une certaine manière, qu’elle manifeste quelque chose, et qu’elle manifeste de l’énergie. De là à savoir où nous mènera cette énergie, ça, ma foi, j’ai l’honnêteté de considérer que je n’en sais rien. Mais c’est de l’énergie, et de ça on prend acte. » (Répliques, France Culture, 24 mars 2007. Un internaute malveillant a placé cette citation sur Wikiquote.) Mais le plus important, aux yeux de Bégaudeau, est que cette énergie merveilleuse, qui imprègne la vie et les gestes des adolescents pauvres, structure aussi leur langage. Les collégiens de ZEP ne parlent pas mal : ils parlent autrement, avec leurs corps remplis de sève. « J’aime cette énergie, c’est le corps qui parle. (…) De fait, ce qu’il y a du rap dans mon livre vient des élèves, pas de moi. Ils ont une culture du "fight", de la lutte, une économie de la parole dont le but ultime n’est pas de dire la vérité mais d’avoir le dernier mot. Il se trouve que j’aime ça aussi, dans la vie j’ai le goût de la lutte oratoire. Personne ne voulant perdre la face, ça donne les scènes un peu "musclées" que l’on trouve dans mon livre. » (Télérama) « Cette langue de la jeune génération issue des périphéries équivaut-elle à la mort du français ? Je me sens à cet égard très éloigné de la vision apocalyptique dans laquelle certains se complaisent. Dans un énoncé comme "Rousseau, j'sais pas c'est qui", se perd indéniablement un sens des articulations logiques, une certaine capacité à produire du raisonnement. Mais se gagne dans le même temps une langue plus en prise avec le corps, souvent très inventive. Ce réinvestissement du langage à partir du bégaiement des corps n'est pas une mauvaise nouvelle. Sans aller jusqu'à parler d'un fascisme de la langue, comme le soutenaient Michel Foucault ou Roland Barthes – non sans excès ! –, ses cadres peuvent malgré tout se révéler oppressifs. » (Entretien avec Luc Ferry, Philosophie magazine). Et bien entendu, il faut être à l’écoute de cette parole rénovée. C’est un impératif démocratique. Je n’ai pas vu le film de Cantet et Bégaudeau. Mais je pense que ce n’est pas nécessaire pour saisir le sens de leur démonstration. Ils sont allés à la rencontre de jeunes d’un collège difficile. Ils étaient confiants en leur talent et les ont fait tourner dans le film. Portée par cette énergie juvénile, la version cinématographique d’Entre les murs est sans doute excellente : elle fait un triomphe à Cannes, remporte la Palme d’or et attirera des centaines de milliers de spectateurs à la rentrée. Les résultats scolaires médiocres des jeunes « acteurs » n’ont rien empêché. On ne requérait d’eux aucune culture, on ne leur demandait pas de savoir quoi que ce soit, juste d’être naturel. Et naturel, ça, ils savent l’être. En jouant aux élèves, ils ont cessé d’être des élèves. Ils ont déposé le fardeau des attentes académiques pour laisser libre cours à leur énergie si belle, à leur langage si expressif. Voilà à mon avis le sens caché du dispositif où ils ont été invités. Arrêtez de les appeler des cancres : nous allons vous montrer que ce sont aussi des génies. Et les médias grand public ont enfoncé le clou, en poursuivant les jeunes prodiges pour leur demander : « Et maintenant, pensez-vous à une carrière d’acteur ? » Eux, étourdis par l'ampleur de leur succès, ils répondaient : Oui, pourquoi pas. Ça me plairait bien. Qui ne préfèrerait des ateliers d’expression dramatique et la fréquentation des festivals à l’apprentissage du passé simple ? Qui d’ailleurs a encore envie d’étudier le passé simple après une telle aventure ? Il ne faut pas brimer le génie spontané de l’adolescence en lui imposant des exercices pénibles. Il vaut mieux magnifier sa violence. Voir aussi les articles d'Elisabeth Lévy et d'Alain Finkielkraut. source
William White Posté 29 juin 2008 Signaler Posté 29 juin 2008 « Cette langue de la jeune génération issue des périphéries équivaut-elle à la mort du français ? Je me sens à cet égard très éloigné de la vision apocalyptique dans laquelle certains se complaisent. Dans un énoncé comme "Rousseau, j'sais pas c'est qui", se perd indéniablement un sens des articulations logiques, une certaine capacité à produire du raisonnement. Mais se gagne dans le même temps une langue plus en prise avec le corps, souvent très inventive. Ce réinvestissement du langage à partir du bégaiement des corps n'est pas une mauvaise nouvelle. Ça me sidère. Pauvre France.
Invité Arn0 Posté 29 juin 2008 Signaler Posté 29 juin 2008 Dans la phrase "Rousseau, j'sais pas c'est qui" le pire n'est pas la forme…
MMorateur Posté 30 juin 2008 Signaler Posté 30 juin 2008 Dans la phrase "Rousseau, j'sais pas c'est qui" le pire n'est pas la forme… Il serait pourtant bon que nombreux soient ceux qui ignorent Rousseau et son "contrat" social.
h16 Posté 30 juin 2008 Signaler Posté 30 juin 2008 Ça me sidère. Pauvre France. … Bégaiement des corps… Encore une nouvelle expression à verser aux chapitres déjà touffus des encyclopédies boiteuses de la novlangue des intellos de comptoir.
Harald Posté 30 juin 2008 Signaler Posté 30 juin 2008 Le 1er commentaire du billet mis en ligne par Ash est on ne peut plus juste : La fascination de Bégaudeau pour "l'energie" n'est qu'une fascination pour la violence, la spontanéité, l'informe, l'immédiateté, c'est-à-dire le corps brut, sans règles, sans morale, sans formation, sans culture. Dans ces conditions, on ne voit même pas pourquoi il faudrait enseigner quoi que ce soit aux élèves, puisqu'ils faut avant tout qu'ils restent "eux-mêmes". De ce point de vue, le fait qu'il ait quitté l'education nationale me semble cohérent : on ne peut pas être professeur avec de telles convictions. Ce que ne comprend pas Bégaudeau, c'est que cette spontaneité est la spontaneité du vide, et loin d'être eux-mêmes, ses élèves ne sont rien ni personne tant qu'il n'ont rien appris, rien fait de leur vie, tant qu'il n'ont pas recu cette forme qui répugne tant à Beagaudeau.Il est inquiétant de voir cette fascination de certains intellectuels, quoique le mot est sans doute trop fort concernant Begaudeau, pour la violence, pour le corps, pour les voyous. Cela me fait penser à Genet. Il me semble qu'il s'agit d'une fascination pour ce qu'ils ne sont pas eux-mêmes, une sorte de mauvaise conscience d'homme cultivé. Ce phénomène n'est pas nouveau, il y avait de la fascination pour la violence et les corps virils chez les intellectuels nationaux-socialistes et fascictes. Même chose chez certains intellectuels communistes dans la fascination pour le corps et le langage de l'ouvrier. On trouve aussi cela chez Michel Foucault et d'autres intellectels des années 70, qui chantaient les louanges des blousons noirs et de leur vitalité. De nos jours, leurs successeurs vantent l'énergie des délinquants noirs ou arabes qui brulent des voitures, des bus et des écoles.
Taranne Posté 30 juin 2008 Signaler Posté 30 juin 2008 Ça me sidère. Pauvre France. En même temps, qu'attendre d'autre d'un type qui bosse aux Cahiers et cite Barthes et Foucault?
Taranne Posté 30 juin 2008 Signaler Posté 30 juin 2008 Le 1er commentaire du billet mis en ligne par Ash est on ne peut plus juste : Ce n'est pas l'avis de tout le monde: D'abord, les critiques de Finkielkraut et de Lévy contre la notion d'art engagé sont assez absurde. Balzac aussi décrivait la société.Sur un aspect du débat, celui de la légitimité de l'énergie par rapport au contrôle de soi dans l'expression artistique, Finkielkraut est un des hérauts de l'idée que l'art ne peut avoir partie liée qu'avec une approche intellectuelle, et qu'accomoder cette approche avec des émotions, participations du public, ne peut être que négatif. Les équivalents de Finkielkraut il y a 60 ans râlaient contre le cinéma, comme lui râle contre toute forme d'art apparue il y a moins de cinquante ans. Cette auto censure sert entre autre à exclure ceux qui n'ont pas appris à l'appliquer ; et Finkielkraut s'accomode très bien d'un monde culturel dont seraient exclu une large majorité de la population. La fascination pour l'énergie, et parfois la violence, fait partie de l'art depuis bien longtemps. Les pièces de Shakespeare sont éxtrèmement violents, les romantiques ont tenté de remettre de l'énergie dans l'art classique, etc… Assimiler cette tendance au fascisme est absurde. Cela n'implique pas d'être d'accord avec Bégaudeau sur le génie des éleves non formés. Mais l'art naît souvent des restes de cette énergie après la formation, contrairement au voeux d'un Finkielkraut. Heureusement que l'art s'interesse encore au corps, à la violence. Il deviendrait vite stérile sinon. On notera l'actualité des références (Balzac, Shakespeare…) nouvelle démonstration que les partisans de l'art "progressiste" sont souvent terriblement conservateurs.
Ash Posté 30 juin 2008 Signaler Posté 30 juin 2008 Le 1er commentaire du billet mis en ligne par Ash est on ne peut plus juste : Le 3ème est plus croustillant. C'est presque du H16 BonjourJe vais être clair : je me moque éperdumment des qualités cinématographiques de ce film dans la mesure où il est un instrument de propagande. J'avais lu le livre et je trouvais que Bégaudeau maîtrisait remarquablement bien l'art de l'ellipse, à un point qu'on ne pouvait être sûr de rien quant aux convictions profondes du professeur héros du roman. Le problème, ce sont bel et bien les déclarations de Bégaudeau aux sujets de ses élèves et de leur "énergie", de leur "langage du corps" et toutes ces autres fadaises qui me font penser très précisément à un passage du livre de Claude Duneton "Je suis comme une truie qui doute". Dans son livre, Duneton éprouve un malaise inattendu lors d'une explication de texte improvisé sur un passage de Colette ou l'auteur s'extasie sur une jeune beauté indigène au cours d'un voyage touristique dans un pays du maghreb. Le style était enlevé et apparemment ne tarissait pas d'éloges à propos de la jeune fille, mais Duneton préssentait que quelque chose n'allait pas et ce sont finalement ses élèves qui lui apporté la lumière sur l'origine de sa circonspection : "monsieur, la fille, on dirait un animal", "oui, c'est vrai ça, on dirait que l'écrivain décrit une chèvre". Et bien, c'est exactement le même écoeurement que je ressens lorsque j'entends ce pauvre type soi disant s'extasier sur ses ouailles : il en parle comme s'il était un éleveur de chiens ou de chats, c'est comme si je l'entendais dire "mes épagneuls sont des bêtes remplies d'énergie, ils ont un besoin irrépressible de se dépenser, alors moi, éleveur, j'utilise PAL pour leur donner tous les lipides et les protéines dont ils ont besoin". Et je vais vous avouer que si à certains égards j'éprouve une sorte de compassion pour l'échec de sa carrière de professeur, là en tapant mon texte, j'éprouve une sorte de rage à voir tant de mépris pour la condition d'élève si bien dissimulée.
Ash Posté 24 septembre 2008 Signaler Posté 24 septembre 2008 http://www.20minutes.fr/article/255250/Cin…seigne-plus.php
free jazz Posté 25 septembre 2008 Signaler Posté 25 septembre 2008 Je parie au contraire sur un succès de ce film auprès du grand public. D'abord à cause de son sujet : l'école, les profs, les élèves, les "jeunes de banlieue" … c'est-à-dire les principales icones médiatiques actuelles (en dehors des "people") réunis autour de cette kermesse bien-pensante, ça fait du monde. Son approche aussi : la vraie vie telle quelle, les vraies gens, pas de chichi pas de blabla, on va vous montrer la réalité toute crue, toute nue, celle qu'on vous cache, en évitant toute idéologie. Du moins est-ce là le parti pris naturaliste du film qui voudrait faire croire à du Zola transposé au cinéma, mais qui n'est évidemment pas plus neutre que tout récit de prof engagé. La mécanique est grossière, mais si le piège de la leçon de moraline se dissumulant derrière une pseudo neutralité naturaliste a fonctionné auprès des gogos du festival et de la critique, il est clair qu'un public beaucoup moins instruit et plus vil n'y verra que du feu. D'autant que le film est sournoisement orienté dans le sens de la flatterie : celle des profs, en tant que gardiens de la mixité et celle des élèves, considérés comme des "victimes" d'un système scolaire qui a renoncé à son idéal égalitaire faute de moyens. "Entre les murs" se classe en tête du box office parisien (Nouvel Obs) Free jazz : 1 - Apollon & h16 : 0
José Posté 25 septembre 2008 Signaler Posté 25 septembre 2008 "Entre les murs" se classe en tête du box office parisien (Nouvel Obs) Free jazz : 1 - Apollon & h16 : 0 [Apollon]T'aurais pas une source plus crédible que le Nouvel Obs ?[/Apollon]
h16 Posté 25 septembre 2008 Signaler Posté 25 septembre 2008 Free jazz : 1 - Apollon & h16 : 0 Tu as gagné une manche. J'attendrai sur la durée avant de m'avouer battu… Pour le moment, je lis 5000 entrées. C'est pas encore Harry Potter, hein.
Saucer Posté 25 septembre 2008 Signaler Posté 25 septembre 2008 Tu as gagné une manche. J'attendrai sur la durée avant de m'avouer battu… Pour le moment, je lis 5000 entrées. C'est pas encore Harry Potter, hein. Harry Potter a fait plus de 5000 entrées ? Dans quel monde vis-t-on…
Nick de Cusa Posté 25 septembre 2008 Signaler Posté 25 septembre 2008 Harry Potter a fait plus de 5000 entrées ?Dans quel monde vis-t-on… Manquerait plus qu'il tourne.
Ronnie Hayek Posté 25 septembre 2008 Signaler Posté 25 septembre 2008 Harry Potter a fait plus de 5000 entrées ?Dans quel monde vis-t-on… vit-on.
Saucer Posté 25 septembre 2008 Signaler Posté 25 septembre 2008 Manquerait plus qu'il tourne. Et merde… Vous êtes impitoyables sur ce forum.
Ash Posté 25 septembre 2008 Signaler Posté 25 septembre 2008 Tu as gagné une manche. J'attendrai sur la durée avant de m'avouer battu… Pour le moment, je lis 5000 entrées. C'est pas encore Harry Potter, hein. D'autant que ça concerne Paris.
Taishar Posté 25 septembre 2008 Signaler Posté 25 septembre 2008 C'eût été mieux si les bandes du film avait été broyées "entre les murs"
F. mas Posté 26 septembre 2008 Signaler Posté 26 septembre 2008 Cannes…Cannes…Cannes…c'est une ville de la French riviera, c'est ça ? Ils ont festival, vous dites ? Il y a visiblement une très belle médiathèque, qui passe de temps à autres des documentaires pédagogiques sur la vie des classes de collèges dans les banlieues dites difficiles, mais de là à dire qu'il s'agit d'un festival, faut pas pousser non plus.
Nick de Cusa Posté 26 septembre 2008 Signaler Posté 26 septembre 2008 Et merde…Vous êtes impitoyables sur ce forum. C'est pour ton bien.
Ash Posté 14 octobre 2008 Signaler Posté 14 octobre 2008 http://pierrecormary.hautetfort.com/archiv…es-encules.html
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