William White Posté 15 juin 2008 Signaler Posté 15 juin 2008 PARIS (AFP) — Il n'y a "pas d'autre solution" pour sauver le traité européen de Lisbonne qu'un nouveau vote des Irlandais, mais celui-ci pourrait avoir lieu après une "adaptation" du texte pour ce pays, a déclaré samedi le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet."Il faut que le processus de ratification aille jusqu'à son terme (…) et pendant ce temps-là laisser le temps de la réflexion aux Irlandais, savoir si moyennant quelques médiations ou une demande de leur part ils peuvent revoter", a déclaré M. Jouyet à Europe 1. Il n'y a "pas d'autre solution" pour permettre au traité d'entrer en vigueur, a-t-il souligné. "Il est trop tôt pour savoir ce qu'ils (les Irlandais) vont nous demander", a-t-il ajouté, ajoutant qu'un conseil européen prévu les 19 et 20 juin pourrait être l'occasion pour le Premier ministre irlandais de faire part de son "analyse". L'hypothèse de cette "médiation", qui interviendrait "au terme du processus de ratification" des 26 autres pays membres de l'UE, est que l'on "se met d'accord avec les Irlandais sur une demande a minima qui ne rouvre pas" le dossier des institutions, a dit le secrétaire d'Etat. "Les Irlandais ont un statut neutre, ils peuvent demander d'être exonérés par exemple véritablement de ce qui est la politique européenne de sécurité et de défense dans le cadre du nouveau traité", a-t-il suggéré. Ce serait "une adaptation marginale qui ne concerne que les seuls Irlandais", a-t-il souligné. "Soit ils revotent au terme d'une médiation, soit nous continuons à travailler dans le cadre actuel. On peut très bien s'orienter aussi vers ce type de modèle européen, un modèle coopératif dans le cadre du traité actuel", a-t-il estimé. Le cadre européen existant permet en effet "à un certain nombre de pays, qui souhaitent avancer plus vite que les autres, de nouer des coopérations spécifiques", a-t-il dit, citant "la défense, la gestion des flux migratoires, la politique économique". Or, la priorité, est de "faire fonctionner" les politiques "qui répondent aux aspirations des citoyens", a poursuivi M. Jouyet, reconnaissant que le non irlandais illustrait "un décalage entre les aspirations des peuples à court terme et le projet européen". Dans ce cadre, "les priorités de la présidence française (de l'UE) ne sont en aucun cas remises en cause", selon lui. "La présidence française a une formidable opportunité de montrer (…) que l'on peut développer des politiques communes en matière écologique, d'immigration, en matière agricole et alimentaire, et bien sûr en matière de défense", a-t-il dit. Le président Nicolas Sarkozy a estimé samedi qu'il fallait faire en sorte "que l'incident irlandais ne devienne pas une crise", tout en jugeant qu'il fallait "changer notre façon de faire l'Europe".
Nick de Cusa Posté 15 juin 2008 Signaler Posté 15 juin 2008 Pour résumer dans les gosses lignes: à peu près chaque fois qu'on demande aux gens ils disent non et à chaque fois qu'on demande à leurs "représentants" ils disent oui. Cherchez l'erreur.
Tremendo Posté 15 juin 2008 Signaler Posté 15 juin 2008 Les irlandais ont arrêté d'être bénéficiaires nets de l'union européenne depuis un bon moment il me semble, tout comme l'Espagne, et c'est quand elles ont arêté d'être bénéficiaires nets qu'elles ont réalisé les meilleurs perforances de croissance…
Silhouette Posté 15 juin 2008 Signaler Posté 15 juin 2008 Waow, tout le monde semble plus ou moins d'accord ! Ca fait combien de temps qu'il n'y a pas eu de fil de plus d'une page qui ne tourne pas à la baston sur ce forum ? Leur constitution les y oblige, donc il n'est pas impossible qu'il y ait un second vote.Je ne connais pas la constitution Irlandaise. Qu'est-ce qui les oblige au référendum en fait ? Le fait que le traité oblige le peuple irlandais à se défaire d'une partie de sa souveraineté ?Il faut aussi faire gaffe à ce que si le parlement a toute autorité sur la constitution, comme en Françe : il pourait alors l'amender pour se passer de référendum. C'est possible ça ?
Serge Posté 15 juin 2008 Signaler Posté 15 juin 2008 Il faut aussi faire gaffe à ce que si le parlement a toute autorité sur la constitution, comme en Françe : il pourait alors l'amender pour se passer de référendum. C'est possible ça ? Tiens, je connaissais la Fraônce mais pas la Françe
Invité Arn0 Posté 15 juin 2008 Signaler Posté 15 juin 2008 Waow, tout le monde semble plus ou moins d'accord ! Ca fait combien de temps qu'il n'y a pas eu de fil de plus d'une page qui ne tourne pas à la baston sur ce forum ? Je ne connais pas la constitution Irlandaise. Qu'est-ce qui les oblige au référendum en fait ? Le fait que le traité oblige le peuple irlandais à se défaire d'une partie de sa souveraineté ? Il faut aussi faire gaffe à ce que si le parlement a toute autorité sur la constitution, comme en Françe : il pourait alors l'amender pour se passer de référendum. C'est possible ça ? Le droit européen prime sur la constitution irlandaise. Puisque la constitution ne peut être modifié que par référendum la cour suprême en a conclu que tout traité modifiant substantiellement l'Union Européenne doit être aussi logiquement ratifié par référendum. Enfin si j'ai bien compris.
LeSanton Posté 15 juin 2008 Signaler Posté 15 juin 2008 La constitution oblige aux référendums…jusqu'au "oui".
Sous-Commandant Marco Posté 15 juin 2008 Signaler Posté 15 juin 2008 En 2002, les Irlandais votèrent une seconde fois au sujet du traité de Nice, qu'ils avaient refusé l'année précédente. Hé bien, cette fois-ci, ils l'entérinèrent. La voie est donc toute tracée pour Super-Sarko-président de l'Europe: il suffit de quelques modifications mineures, de quelques pressions amicales et les Irlandais devraient changer d'avis.
Rincevent Posté 15 juin 2008 Signaler Posté 15 juin 2008 J'adore surtout le "les irlandais ne comprenaient pas ce qui leur était demandé". Entendu plusieurs fois sur France Culture. Ne voulant pas massacrer en représailles les gens qui partageaient mon bus, j'ai éteint la radio.
Sous-Commandant Marco Posté 15 juin 2008 Signaler Posté 15 juin 2008 J'adore surtout le "les irlandais ne comprenaient pas ce qui leur était demandé". C'est en effet une excellente raison de voter contre. La moindre des choses, quand on demande quelque chose à quelqu'un qui ne vous demande rien, c'est de se rendre intelligible.
Saucer Posté 19 juin 2008 Signaler Posté 19 juin 2008 Sarkozy veut faire revoter l'IrlandeLe chef de l'État participe ce soir à Bruxelles au dernier Conseil européen avant le début de la présidence française de l'UE. «Jamais deux sans trois.» Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on invoque les précédents de 1993 et 2001, lorsque les Irlandais avaient revoté les traités de Maastricht et de Nice, pour faire valoir que l'histoire n'est pas encore écrite. En clair, les Irlandais, qui ont refusé à près de 54 % de ratifier le traité de Lisbonne lors du référendum du 12 juin, pourraient être amenés à se prononcer à nouveau, positivement cette fois. Tel est l'option privilégiée par Nicolas Sarkozy et qu'il s'efforcera de favoriser lors du Conseil européen de Bruxelles, jeudi et vendredi. À Paris, on est conscient qu'un pays qui a voté non en 2005 ne peut se permettre de donner des leçons. La prudence est de rigueur : «Donner du temps au temps, mais pas trop» ; «laisser les idées se décanter», les métaphores fleurissent pour souligner que le temps de la réflexion sera laissé aux Irlandais. Pas trop tout de même, car si aucune solution n'est trouvée en 2009, les élections au Parlement européen se feront sous le régime du traité de Nice, moins favorables à la France en terme de sièges (72 contre 74 selon Lisbonne). Autour de leur dîner bruxellois, ce soir, les Vingt-Sept écouteront le premier ministre irlandais Brian Cowen leur exposer son interprétation des tenants et aboutissants du vote de ses compatriotes. «Aucune recette miracle n'est à attendre vendredi soir, les solutions doivent être apportées par les Irlandais eux-mêmes», livrait-t-on à Paris ces jours derniers avec des airs de chattemite. À Bruxelles, toutefois, Nicolas Sarkozy dira clairement que le processus de ratification doit se poursuivre, comme le pensent d'ailleurs la plupart des dirigeants européens. www.lefigaro.fr/international/2008/06/19/01003-20080619ARTFIG00026-minitraite-sarkozy-veut-faire-revoter-l-irlande.php
alex6 Posté 19 juin 2008 Signaler Posté 19 juin 2008 Entendu plusieurs fois sur France Culture. En meme temps, a France culture ils savent de quoi ils parlent pour ce qui est de ne rien comprendre…
walter-rebuttand Posté 19 juin 2008 Signaler Posté 19 juin 2008 Le "OUI" anglais sans réferendum n'a pas provoqué de tollé en Grande-Bretagne?
William White Posté 19 juin 2008 Signaler Posté 19 juin 2008 La Grande-Bretagne n'est plus ce qu'elle était.
free jazz Posté 19 juin 2008 Auteur Signaler Posté 19 juin 2008 "Sarkozy veut faire revoter l'irlande" Pourquoi ne suis-je pas surpris? Idem pour ce vieux hibou mégalo de Giscard, qui n'a toujours pas compris que les peuples ne veulent pas de son nouvel empire et pour cet étron mou de Jouyet : PARIS (AFP) — Il n'y a "pas d'autre solution" pour sauver le traité européen de Lisbonne qu'un nouveau vote des Irlandais, mais celui-ci pourrait avoir lieu après une "adaptation" du texte pour ce pays, a déclaré samedi le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet. Il est déformais « indispensable que les Irlandais revotent ». Ils ne peuvent pas « décider pour les autres », estime celui qui présidait la Convention pour l’avenir de l’Europe. VGE estime que le texte proposé au vote était « incompréhensible », « il faut regarder si on peut mieux l’expliquer », et que les Irlandais ont exprimé leurs craintes qu’il ne bouscule leur identité. « Ils ont tort. Le traité de Lisbonne donne davantage de garanties qu’aujourd’hui ». En cas de nouveau « non » irlandais, Giscard prône pour l’établissement d’un statut spécial à l’Irlande. Quant aux anglais, ils se sont couchés, moyennant des clauses d'exception sur le TME, ce qui les exempte des harmonisations en matière de droit social et de défense. La résistance est venue de Tchéquie par la voix de son président Vaclav Klaus, membre de la société du Mont-Pèlerin et dont on connaît l'activisme libéral contre le communisme et contre les khmers verts. Pour le président tchèque, le traité de Lisbonne est mort et enterré : «Toute l'Europe devrait féliciter l'Irlande pour cette victoire de la liberté et de la raison sur les projets élitistes artificiels et la bureaucratie européenne». Il tacle aussi sévèrement Sarkozy au passage et propose une Europe des libertés, par la coopération et le commerce, contre cette Europe artificielle, soviétoïde et technocratique : Prague enterre-t-il le traité de Lisbonne ? Le résultat négatif du référendum en Irlande sur le traité de Lisbonne n’était pas connu depuis dix minutes que le président tchèque Vaclav Klaus tenait ces propos : « Le sentiment européen est comme l’esperanto – artificiel et mort ». Et lundi, dans une interview, il en remettait une couche : « L’Europe entière devrait se montrer reconnaissante envers les Irlandais. » Selon lui, ils auraient en effet permis de freiner « l’orientation erronée de l’UE vers une unification encore plus grande et vers l’étouffement des Etats nations ». Le référendum irlandais aurait d’après lui parfaitement démontré ce que les « gens normaux » pensent de tout cela. " Cherchons un autre modèle européen que celui, supra-étatique, proposé par Bruxelles. " http://www.cafebabel.com/fre/article/25127…-au-traite.html Après le "non" irlandais, le président Klaus qui a toujours farouchement critiqué toute perte de pouvoir des pays-membres au profit de Bruxelles, avait estimé que le Traité de Lisbonne était "fini" et qu'il n'était "plus possible de poursuivre sa ratification".Le très eurosceptique président tchèque Vaclav Klaus s'est insurgé contre "l'européanisme", lundi, alors que le Président français Nicolas Sarkozy devait diriger à Prague une réunion de crise consacrée à l'avenir de l'UE après l'échec du référendum irlandais. "Laissons les gens qui vivent sur le continent européen être Tchèques, Polonais, Italiens, Danois… et ne faisons pas d'eux des Européens. C'est un projet erroné", a déclaré M. Klaus dans un entretien avec le quotidien Lidove Noviny publié lundi. "La différence entre le Tchèque, le Polonais, l'Italien, le Danois et l'Européen est la même qu'entre la langue tchèque, polonaise, italienne et danoise et l'esperanto. L'européanisme est l'esperanto: une langue artificielle, morte", a-t-il ajouté. La parution de cet entretien coïncide avec la visite à Prague de M. Sarkozy, dont le pays prend début juillet la présidence de l'UE. http://www.20minutes.fr/article/237406/Le-…uropeanisme.php http://www.lexpress.fr/actualite/monde/eur…nne_513262.htmlRépublique Tchèque: Vaclav Klaus rêve d'une Europe réduite à un grand marché Tout se jouera donc peut-être à Prague. Le très libéral président Vaclav Klaus n'a jamais fait mystère de ses réticences à l'égard du traité de Lisbonne. Thatchérien, il rêve d'une Europe réduite à un grand marché. Il s'est empressé de prononcer l'arrêt de mort du traité après le verdict du peuple irlandais. « Laissons les gens qui vivent sur le continent européen être tchèques, polonais, italiens, danois, et ne faisons pas d'eux des Européens. C'est un projet erroné », déclarait-il le 16 juin. Il est le seul des chefs d'Etat et de gouvernement à avoir pris une telle position publique. Jusqu'à présent, il s'était engagé à promulguer le traité, une fois que le Sénat l'aurait approuvé. La Chambre haute l'a envoyé à la Cour constitutionnelle, qui est en train de vérifier sa conformité. Klaus pourrait peut-être laisser faire, s'il obtenait des concessions du gouvernement dans l'actuel projet de loi sur les médias débattu au Parlement national. Enfin, si Londres et Prague tiennent, il faudra faire revoter les Irlandais, dans les deux ans qui viennent. Mais la marge de manoeuvre du Taoiseach (le titre, en gaélique, du Premier ministre irlandais) est limitée. Voilà seulement six semaines que Brian Cowen a succédé au très populaire Bertie Ahern, artisan des « dix dernières glorieuses », le miracle celtique, mais empêtré dans un scandale de corruption. Vous noterez l'expression péjorative d'une "Europe réduite à un grand marché", qui dénote la connerie du journaliste visiblement atteint de jacobinite. Précisons aussi que le traité de Lisbonne, à ma connaissance, doit être ratifié par chaque État membre avant d'entrer en vigueur. Passer outre cette procédure serait ni plus ni moins qu'un coup d'Etat à l'échelle européenne. Mais comme dans le dicton populaire, plus c'est gros plus ça passe.
LeSanton Posté 19 juin 2008 Signaler Posté 19 juin 2008 Quand on a vécu sous l'Union soviétique, on se méfie de l'Etat suprnational imposant ses lois.
Saucer Posté 19 juin 2008 Signaler Posté 19 juin 2008 Dieu bénisse les Tchèques. Une p'tite Moldau pour fêter ça. Et une c'htite modification d'avatar
Ash Posté 20 juin 2008 Signaler Posté 20 juin 2008 Quand on a vécu sous l'Union soviétique, on se méfie de l'Etat suprnational imposant ses lois. Faudrait expliquer ça au grand libéral à la tête de la Pologne.
Herbert West Posté 20 juin 2008 Signaler Posté 20 juin 2008 Le problème de la Pologne, c'est que c'est un pays qui a été sauvé du communisme par des socialistes…
Ronnie Hayek Posté 27 juin 2008 Signaler Posté 27 juin 2008 http://www.libertepolitique.com/public/dec…l%92Europe.html Les fortes têtes de l’EuropeRoland Hureaux* Les catholiques français encore nombreux, pasteurs en tête, selon qui il va de soi pour un chrétien d’être « pour l’Europe » [1] ne devraient pas manquer de s’étonner que les pays qui posent aujourd’hui le plus de problèmes au processus d’intégration européen soient la Pologne et l’Irlande. Certes la Pologne, qui avait l’art de multiplier les objections au temps des frères Kaszinski, s’est calmée depuis le retour des libéraux au pouvoir [2]. Mais l’Irlande, la très catholique Irlande, vient d’infliger « un camouflet à l’Europe » comme disent les éditorialistes appelés à commenter les résultats du référendum du 11 juin 2008, une consultation qui a vu ce petit pays d’à peine cinq millions d’habitants dire non au traité de Lisbonne, version revue et à peine corrigée de la défunte Constitution européenne. Que les pays notoirement les plus catholiques d’Europe soient les plus réticents à la construction européenne, aux origines de laquelle beaucoup voyaient pourtant, à tort ou à raison, la main du Vatican, est porteur d’une double leçon, à la fois sur le catholicisme et sur l’Europe. Catholicisme et résistance Beaucoup s’en tiennent au schéma classique selon lequel l’Église catholique est d’abord une organisation autoritaire, aimant les grandes structures organiques, hier le Saint-Empire, aujourd’hui l’Union européenne. La Pologne et l’Irlande sont tenues, de ce point de vue, pour deux cas spéciaux où tant l’adhésion à la religion catholique que l’esprit de rébellion s’expliquent par une histoire totalement singulière, celle de plusieurs siècles d’oppression où l’identité religieuse a servi de catalyseur à la résistance nationale. Que cette histoire ait fait des uns et des autres des « têtes dures », hostiles même à ce qu’il peut y avoir de meilleur, comme la construction européenne, soit, mais ces pays restent, dira-t-on, des exceptions. Certains ajouteraient, méprisants, que le catholicisme les ayant laissés longtemps dans l’ignorance et la superstition, qu’ils soient rétifs au progrès des Lumières incarné par le projet européen ne saurait étonner. Au risque d’oublier que la France, elle aussi de tradition catholique, mais à qui on ne saurait faire le reproche d’ignorer les Lumières, avait déjà dit « non à l’Europe » le 29 mai 2005 ! Sans parler des Pays-Bas en majorité protestants. Cette attitude méprisante n’est après tout pas différente de celles des contre-révolutionnaires français, ultra catholiques pourtant, qui se montraient réticents devant la révolution polonaise de 1830, au motif qu’il s’agissait d’une subversion de l’Europe de la Sainte Alliance et donc une entorse au principe d’autorité. Les mêmes laissèrent alors la gauche, pourtant anticléricale, soutenir la catholique Pologne. Inutile de dire combien ces conceptions sont réductrices. Nous ne pensons pas, pour notre part, qu’il faille voir dans les cas irlandais et polonais des exceptions. D’abord parce que ces pays, malgré leur situation aux marges de l’Europe (si l’on met à part la Russie, ce qui se discute), ont apporté une contribution éminente à l’histoire de l’Europe chrétienne. Sans remonter jusqu’au rôle joué par les moines irlandais dans la conservation de l’héritage latin au temps des ténèbres mérovingiennes, qui ne connaît la contribution éminente de l’Irlande à l’édification des États-Unis, aux missions outre-mer, ainsi qu’à la littérature de langue anglaise ? Quant au pays de Copernic et de Jean-Paul II, qui pourrait nier son rôle dans l’histoire européenne ? Surtout, l’histoire de ces pays n’est pas aussi exceptionnelle que l’on croit. Il s’en faut de beaucoup que l’Église catholique ait en tout temps favorisé le parti de l’ordre. Oublions son alliance précoce avec les royaumes barbares qui firent voler en éclats l’Empire romain. L’Italie du Moyen-âge, quoique centre de la chrétienté, vécut dans un désordre continuel. Les villes y étaient déjà républicaines. Les papes ne furent pas peu pour affaiblir au fil des siècles les empereurs d’Allemagne, jusqu’à plonger ce pays aussi dans l’anarchie. Le très positif Machiavel reprocha assez à la papauté ce rôle destructeur. Au contraire, le protestantisme vint conforter le pouvoir des princes dans l’Allemagne du XVIe siècle, comme l’orthodoxie confortait l’Empire russe. En France, face à une aristocratie en majorité gagnée par la réforme, c’est la Ligue, organisation formellement dirigée par le duc de Guise mais à forte composante populaire qui défendit bec et ongles le catholicisme. La sociologie des ligueurs parisiens de 1590 préfigurait d’ailleurs largement celle des jacobins de 1792. En définitive, l’alliance de l’Église avec le parti de l’ordre, malgré les figures emblématiques de Constantin et de Charlemagne (ce dernier, si complaisamment invoqué à Bruxelles), fut dans l’histoire de l’Europe, plutôt l’exception que la règle. Exception, l’Espagne du XVIe siècle ; exception, la France du XVIIe siècle : est-ce un hasard si ces deux pays où l’alliance du trône et de l’autel avait été plus étroite que partout ailleurs, virent les plus violentes convulsions anticléricales de l’ histoire européenne : la France en 1789, l’Espagne en 1936 ? Le génie de Chateaubriand avait bien perçu, à l’encontre des réactionnaires de son temps, ce pacte multiséculaire entre le christianisme et l’esprit de liberté : « La liberté est sur la croix du Christ ; elle en descend avec lui » ; « le génie évangélique est éminemment favorable à la liberté », dit-il [3]. Face à un projet impérial Voilà pour le catholicisme. S’agissant de l’Europe, on dira : le but premier de cette entreprise, telle que la conçurent les Pères fondateurs, est de dépasser les rivalités nationales pour fonder la paix, de promouvoir des coopérations étroites pour assurer la prospérité ; est-elle donc si oppressive pour qu’un peuple aimant la liberté comme le peule irlandais puisse la refuser ? L’Europe n’est pas l’Empire britannique, elle n’est pas la « prison des peuples » russe ni, du moins on l’espère, l’expression du germanisme triomphant (ni les Irlandais, ni les Polonais ne sont des Germains et ils eurent au contraire à lutter contre des voisins germaniques). Voire ! D’abord, Jean-Jacques Rousseau l’a dit : toute entité politique géographiquement étendue est inapte à la démocratie ; celle-ci est seulement possible dans de petites républiques comme celle de Genève. « Plus l’État s’agrandit, dit-il, plus le gouvernement doit se resserrer » [4].On comprend en suivant la logique rousseauiste que, même si l’Union européenne n’a pas formellement la qualité d’empire, la démocratie y est techniquement difficile à organiser ; les gouvernants d’un si vaste ensemble risquent de s’éloigner des préoccupations des peuples qui le composent : n’est-ce pas ce à quoi nous assistons aujourd’hui ? Plutôt que de fulminer contre la faible capacité d’écoute de la commission européenne, comme le fait Nicolas Sarkozy, ne faudrait-il pas se demander si, dans un si vaste ensemble que l’Europe des vingt-sept, une telle coupure entre gouvernants et gouvernés n’est pas intrinsèque et donc irrémédiable ? D’autant que la réalité du projet européen ne manque pas de laisser planer quelques doutes sur son caractère vraiment libéral : non seulement on voit proliférer une réglementation tatillonne et ambitieuse, que déjà Margaret Thatcher et l’école de Bruges dénonçaient, mais on assiste de plus en plus à un refus ouvert de la démocratie elle-même : avec quelle suffisance les partisans de tous bords du traité de Lisbonne ne dénient-ils pas toute valeur au référendum irlandais, comme ils ont dénié toute valeur aux référendums français et néerlandais ! Ils vont jusqu’à exiger que ce pays revote jusqu’à ce qu’il dise oui – qu’il soit, si l’on ose dire « soumis à la question » jusqu’à ce qu’il avoue qu’au fond il n’est pas hostile au traité de Lisbonne ! Ce déni de démocratie de la part de ceux qui se voient, selon le schéma léniniste, comme une « avant-garde éclairée » conduisant l’Europe dans une entreprise de transformation prométhéenne, ne suffit-il pas à démontrer ce qu’a d’idéologique le projet européen, sinon tel qu’il était à l’origine, du moins tel qu’il est devenu aujourd’hui ? Ce ne sont pas seulement les peuples polonais ou tchèque qui y voient des analogies avec le projet soviétique, ce sont aussi des dissidents reconnus de l’ancien empire soviétique comme Alexandre Zinoviev ou Vladimir Boukovski. « Il est étonnant, dit récemment ce dernier, qu’après avoir enterré un monstre, l’Union soviétique, on en construise un tout semblable, l’Union européenne », et Boukovski de souligner que l’une comme l’autre étaient ou sont dirigés par une vingtaine de personnes non élues. Tous les dissidents qui se sont exprimés ont perçu l’analogie entre le projet européen et le projet soviétique — sans qu’il faille mettre cependant une équivalence entre la répression brutale des oppositions dans le système soviétique et la disqualification insidieuse des dissidents de la pensée unique dans le système européen. L’instinct de la liberté est un, il est franc, il est clair, il ne transige pas. Il fait partie, qu’on le veuille ou non, bien plus que de mirifiques projets de dépassement des nations, du génie de l’Europe. Mais contrairement à ce qu’ont pu colporter les Lumières, le catholicisme fut historiquement plutôt l’allié, voire le ferment de cet esprit de liberté que son antithèse. Que deux pays réputés catholiques s’opposent à l’édifice de plus en plus extravagant que les instances de Bruxelles s’obstinent à échafauder est loin d’être un accident ou un phénomène périphérique. C’est au contraire l’expression de la vérité cachée du projet européen. Ceux à qui une longue expérience de l’oppression a appris à se méfier savent, mieux que d’autres, reconnaître les multiples visages qu’elle prend. En dépit de tout, ces petits peuples rebelles expriment le meilleur du génie de l’Europe : l’esprit de liberté. Notes [1] Nous ne reprenons naturellement pas à notre compte ces expressions d’usage courant. Bien au contraire, nous pensons que ce sont les adversaires de l’Europe supranationale qui défendent la civilisation européenne, fondée sur la diversité et la liberté. [2] Et même le Premier ministre polonais Donald Tusk s’est fâcheusement distingué il y a quelques jours, en se faisant le porte-voix de la Commission pour répondre avec une violence peu diplomatique aux propos de Nicolas Sarkozy. [3] Nous développons cet aspect de la pensée de Chateaubriand dans : Roland Hureaux, L’Actualité du gaullisme, chapitre II : « Aux sources du gaullisme, Chateaubriand et le libéralisme catholique », p. 49 sq., François-Xavier de Guibert, 2007. [4] Ces idées sont développées dans : Jean-Jacques Rousseau, Le Contrat social, Livre III, chapitre VIII. Les États-Unis semblent être une exception au principe énoncé par J.-J.Rousseau : pas de démocratie possible dans un trop grand ensemble. Au moins jusqu’ici…
Toast Posté 27 juin 2008 Signaler Posté 27 juin 2008 Quand on a vécu sous l'Union soviétique, on se méfie de l'Etat suprnational imposant ses lois. L'Europe telle qu'elle est aujourd'hui n'impose rien en matière de législation, le vote des directives et règlements intervenant à l'unanimité (situation il est vrai changée dans le traité de Lisbonne)
Apollon Posté 27 juin 2008 Signaler Posté 27 juin 2008 L'Europe telle qu'elle est aujourd'hui n'impose rien en matière de législation, le vote des directives et règlements intervenant à l'unanimité (situation il est vrai changée dans le traité de Lisbonne) Bien vu cependant cette unanimité ne traduit pas tant la volonté des Etats que celle de la bureaucratie européenne. Un phénomène souvent observé chez les diplomates : de représentant de leurs pays, ils deviennent souvent le représentant du pays auprès duquel ils sont détachés.
h16 Posté 29 juin 2008 Signaler Posté 29 juin 2008 le vote des directives et règlements intervenant à l'unanimité (situation il est vrai changée dans le traité de Lisbonne) Si c'était aussi simple. En pratique, c'est plutôt, via la codécision, un petit bordel cuisininternesque où les intérêts des uns sont compromis avec les intérêts des autres…
Nick de Cusa Posté 29 juin 2008 Signaler Posté 29 juin 2008 Au Zimbabwe, suite à intimidation, il n'y a qu'un candidat à la présidentielle. En Europe, quand on pense avoir le choix entre deux réponses, on se rend compte qu'en fait une seule est acceptée, sous peine d'intimidation. En France et Pays-Bas, on enterre la réponse et on fait passer le texte en tout mépris des électeurs. En Irlande on menace et on va faire revoter. J'attends la déclaration scandalisée de l'ONU.
Blueglasnost Posté 29 juin 2008 Signaler Posté 29 juin 2008 Les Irlandais ont en tout cas bien joué et, contrairement à ce que beaucoup de journaux ont affirmé, ils ont certainement bien plus compris les enjeux que l'on veut bien le dire…
William White Posté 1 juillet 2008 Signaler Posté 1 juillet 2008 Le lundi 30 juin 2008Le président polonais refuse de ratifier le traité de Lisbonne Agence France-Presse Varsovie Le président polonais Lech Kaczynski a annoncé qu'il ne ratifierait pas le traité européen de Lisbonne, estimant qu'il est «sans objet» après son rejet par les électeurs irlandais, dans une interview publiée mardi. «Pour le moment, la question du traité est sans objet», a affirmé le président conservateur polonais au quotidien Dziennik, selon l'édition en ligne du journal. Le parlement polonais a pourtant, dès avril, approuvé la ratification du traité destiné à réformer le fonctionnement des institutions européennes. Mais, selon la Constitution polonaise, c'est le président qui ratifie en dernier ressort les traités. Aucune disposition ne l'oblige, même si le Parlement le lui a demandé. La défection de Lech Kaczynski, annoncée au premier jour de la présidence française de l'UE, porte un coup sérieux aux efforts du président français Nicolas Sarkozy qui entendait limiter à la seule Irlande le problème de la ratification. «La première priorité pour nous est de circonscrire le problème aux Irlandais» et de faire que les autres pays européens «continuent de ratifier», a déclaré lundi soir Nicolas Sarkozy dans une interview télévisée. Le refus polonais s'ajoute au problème tchèque, où la ratification est loin d'être acquise, en raison de l'euroscepticisme d'une partie de la droite libérale au pouvoir à Prague, à commencer par le président Vaclav Klaus. «Il est difficile de dire comment cela se finira. En revanche, l'affirmation selon laquelle il n'y a pas d'Union s'il n'y a pas de traité n'est pas sérieuse», a affirmé le président Kaczynski. Il a souligné que le même raisonnement avait été tenu par les partisans de la Constitution au moment de son rejet par les électeurs français et néerlandais en 2005. «Et pourtant l'Union a fonctionné, elle fonctionne et elle continuera de fonctionner», a dit le président Kaczynski, «bien sûr, elle n'est pas idéale, mais une structure à ce point compliquée ne peut être idéale». Le président polonais a également mis en garde les autres dirigeants de l'Union contre une tentation d'isoler l'Irlande. «Si on brise la règle de l'unanimité une fois, elle n'existera plus jamais. Nous sommes trop faibles pour accepter ce genre de solution», a-t-il dit. Paradoxalement, Lech Kaczynski refuse de ratifier un texte qu'il a lui-même longuement négocié avec son frère jumeau, Jaroslaw Kaczynski, alors Premier ministre et aujourd'hui chef du plus grand parti d'opposition. Mais, depuis sa cinglante défaite aux élections parlementaires de novembre, le parti conservateur des frères Kaczynski a repris de vieilles attitudes eurosceptiques. Ils ont ainsi accusé les libéraux, maintenant au pouvoir, de vouloir adopter à terme la Charte européenne des droits de l'Homme que la Pologne, comme la Grande-Bretagne, a eu le droit de ne pas intégrer dans le traité de Lisbonne. Selon les frères Kaczynski, la Charte permettrait aux Allemands de réclamer des indemnisations pour des biens abandonnés sur d'anciens territoires allemands attribués à la Pologne après la Seconde Guerre mondiale. Selon eux, elle obligerait aussi la Pologne à reconnaître des mariages homosexuels. Le traité de Lisbonne, censé rendre l'Europe plus efficace, a été rejeté le 12 juin par les Irlandais, dans un référendum, avec une majorité de 53,4% de Non. L'Irlande était le seul pays où le texte très touffu du traité de Lisbonne, qui reprend une grande partie des réformes du projet de Constitution européenne, était soumis au référendum. Les 26 autres pays de l'UE ont choisi la voie parlementaire. Lors de leur récent sommet à Bruxelles, les dirigeants européens ont affirmé que le processus de ratification se poursuit mais ont dû accepter une demande irlandaise de ne pas chercher à surmonter la crise avant le prochain sommet, dans quatre mois en octobre octobre.
Punu Posté 1 juillet 2008 Signaler Posté 1 juillet 2008 Génial ! Rien de tel pour fêter le début de la présidence française.
0100011 Posté 1 juillet 2008 Signaler Posté 1 juillet 2008 Génial ! Rien de tel pour fêter le début de la présidence française. Aux échecs on dit que les bons joueurs ont toujours de la chance, en politique la malchance est un bon indicateur de la mauvaisitude de notre cher président.
Sous-Commandant Marco Posté 1 juillet 2008 Signaler Posté 1 juillet 2008 Sarkozy le plombier français réussira-t-il à colmater les fuites du processus de ratification du traité de Lisbonne? Il m'est d'avis que la France va payer cher son arrogance dans les 6 mois qui viennent.
john_ross Posté 1 juillet 2008 Signaler Posté 1 juillet 2008 Genre 25 points de base d'augmentation du taux directeur de la BCE.
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