Apollon Posté 23 juin 2008 Signaler Posté 23 juin 2008 Je ne connaissais pas ce réquisitoire. Splendide. +1, d'autant plus excellent que ça nous vient d'outre-tombe. "Hélas, hélas, hélas, 20 ans plus tard, comme les imbéciles et les morts, Siné n'a toujours pas changé d'opinion." ça marche toujours !!!
walter-rebuttand Posté 23 juin 2008 Signaler Posté 23 juin 2008 Moi non plus je ne connaissais pas. Quelle virulence! Quel style!
Harald Posté 23 juin 2008 Signaler Posté 23 juin 2008 Ah, je savais bien que tu étais pour l'euthanasie. Ce n'est pas de l'euthanasie mais de la salubrité publique, nuance.
Ash Posté 23 juin 2008 Signaler Posté 23 juin 2008 Ce n'est pas de l'euthanasie mais de la salubrité publique, nuance. nuisance ! Sur l'état actuel de Charlie Hebdo : La véritable scission de l’Internationale satiriqueCOUP DE BOULE / mercredi 11 juin par Arthur L’avalanche de réactions suscitées par mon « coup de boule » sur Philippe Val me contraint à une mise aux poings historique, à l’attention des jeunes générations. Lesquelles se demandent – parfois avec raison – pourquoi ces bisbilles de cours de récréation quand gronde l’orage sarkoziste. Alors faisons un peu d’histoire en abandonnant pour une fois le second degré. Prolongeant le succès du mensuel « bête et méchant » Hara-Kiri, l’hebdo Hara-Kiri devenu Charlie-Hebdo en novembre 1970 à la mort de De Gaulle suite au fameux « bal tragique à Colombey », réunissait la plus formidable panoplie de talents satiriques, autour du tandem de vrais potes Cavanna-Professeur Choron. On y trouvait – excusez du peu –, les noms de Reiser, Gébé, Cabu, Willem, Wolinski, Fournier, Isabelle Cabut, DDT, rejoints plus tard, dans le milieu des années 1970 par Siné, Manchette, Berroyer, Sylvie Caster, Arthur, Nicoulaud, Soulas, Carali et autres puis Coluche et Desproges. Que du beau monde ! (Sauf Arthur). Mais cet hebdo irrévérencieux qui tapait tous azimuts, gauche et droite confondues, avec l’humour pour seul viatique, qui vendait 150 000 exemplaires en 1974, à la mort de Pompidou, qui avait déblayé le terrain pour Mitterrand, (un moindre mal), a perdu ses lecteurs en 1981 pour tomber à 30 000 exemplaires. Voulant épargner son mensuel, Choron, qui nous payait malgré dettes et procès, a mis fin à l’hebdo, ce qui donna lieu à la plus belle émission télé-alcoolisée de TF1 (« Droit de Réponse » de Polac). En 1990, une relance fut tentée par un éditeur courageux, Jean-Cyrille Godefroy : La Grosse Bertha, titre inventé par Gébé, à la veille de la guerre du Golfe. On y trouvait de nouvelles signatures, Lefred-Thouron, JJ Péroni, Frédo, Kafka, quelques anciens de Charlie et un chansonnier en rupture de MJC, le dénommé Philippe Val, complice de Patrick Font. A la surprise générale, dont la mienne, PV ne tarda pas à prendre le pouvoir, se faire nommer « rédacteur en chef » d’une équipe de libertaires ( !) et imposer une « ligne » avant, n’y arrivant pas, de quitter la Grosse pour relancer Charlie avec l’aide du chanteur Renaud. C’est de là que date la véritable scission de l’internationale satirique et – au-delà des querelles idéologiques –, c’est ce que l’on peut reprocher le plus à Val : avoir séparé une bande de copains sans hiérarchie, rigolards, pour en arriver aux procès où le pauvre Choron – qui voulait garder son titre de « Charlie » – fut traité d’escroc par l’avocat de son ami Cavanna, alors qu’il avait nourri toute la bande pendant plus de vingt ans ! Choron tenta de relancer ensuite Hara-Kiri Hebdo avec sa bande (dont Vuillemin et Berroyer) mais en vain. Les soutiens médiatiques étaient de l’autre côté. Pendant ce temps, à Charlie, Val multipliait les exclusions et encourageait les départs sous les yeux complices de Cabu et indifférents de Cavanna. La liste est longue : Lefred-Thouron, Boujut, Fajardie, Corcuff, Camé, Cyran et j’en oublie. Ayant connu Val à la Grosse, j’avais décliné l’offre de Gébé de rejoindre Charlie et DDT puis Caster ont fait long feu. Val était enfin le seul maître à bord, avec ses éditos bobos dans le vent socialo, pénibles digressions moralisatrices et sans humour truffées de citations. Voilà pourquoi Charlie n’est plus Charlie et pourquoi les anciens lecteurs ne le lisent plus. Les jeunes ignorant l’histoire ne peuvent pas savoir. Bénis soient-ils ! Internautes, à vos tomblons : feu à volonté ! J’ai le cuir épais ! Mais au moins vous êtes informés. Quant à Val, promis : plus jamais ça ! Je tire la chasse. http://www.bakchich.info/article4061.html Aux armes, Philippe Val !Coup de boule / vendredi 6 juin par Arthur C’est la curée, c’est l’hallali ! Après Le Monde 2, après les mensuels CQFD et Le Plan B, après Daniel Mermet sur Inter, après les Grolandais de Canal, voilà que mon site internet préféré (Bakchich) tourne en dérision l’immense, le colossal, le « Marne de la pensée » (il habite Champigny), le Kim-Il-Sung de l’édito, j’ai nommé Philippe Val de Charlie-Hebdo. Il est donc temps de voler au secours de ce géant attaqué par des nains, encore que Val et ses Valets (ses jeunes affidés du journal) soient de taille à se défendre tout seuls. On sait que le petit Val, dans la boucherie paternelle, a été très tôt familiarisé avec le goût du sang, ce qui l’a puissamment aidé à manager son équipe avec la délicatesse d’un André Breton. La liste des impudents qui furent victimes de ses oukases ferait concurrence à celles des monuments aux morts de 14-18 ! Personne ne devait faire de l’ombre à cette réincarnation de Voltaire, Montaigne et Zola réunis. Était-ce d’ailleurs possible ? Lorsqu’il entrait aux réunions de la Grosse Bertha en 1990, où j’ai eu le privilège de le voir penser avant de démissionner rapidement, l’ombre portée de ce cerveau considérable obscurcissait les murs. Il avait, à l’époque, tourné le dos à son avenir de chansonnier (le fameux duo Font et Val) et répudié les Maisons des (très) Jeunes et de la Culture où sa carrière avait commencé. C’est là, en 1990, que lui vint sa vocation de maître-penseur. L’humour étant, par définition, allergique à toute analyse politique manichéenne, l’ex-petit Val s’engagea résolument aux côtés des damnés de la terre à la brasserie Lipp et au Flore, où ce porte-coton cauteleux se lia d’amitié sincère avec BHL, et autres Joffrin, éditorialistes comme lui, mais d’une moindre envergure toutefois. Son pote Jean-Luc Hees lui ouvrit les micros de France-Inter où ses diatribes au premier degré concurrencent celles du regretté Savonarole ! Dans l’affaire, évidemment, Charlie-Hebdo perdit illico sa réputation de journal satirique pacifiste « qui se rit du malheur des autres ». Mais Val que nous appellerons PV, veillait à ce que l’humour desprogien et choronesque n’entre pas dans ces pages militantes. PV défendit les justes guerres dans les Balkans et en Irak, les armes (dialectiques seulement, le guerrier est fragile) à la main ! Mourrez, nous écrirons le reste ! Mieux : devait-il réserver la puissance de ses fulgurances à un petit hebdo ? Non ! PV accoucha alors d’un manuel de savoir-vivre à l’usage des lycéens (Traité de savoir-survivre par temps obscurs) qu’un infâme Christophe Donner assassina dans Le Monde 2. Où s’arrêtera la vindicte de ces asticots qui rongent les ailes de cet albatros ? Depuis ce massacre, PV a perdu le goût de l’effort intellectuel. À quoi bon écrire pour ces sagouins ? On le voit errer en regardant dans son dos pour éviter les entartages de Noël Godin. Auto-proclamé héros de la liberté d’expression depuis l’affaire des caricatures islamiques (récupérée avec à propos alors que c’est France-Soir qui les avait sorties le premier), PV se contente de dîner en ville avec les colosses à sa taille. Son journal piétine certes dans les mauvais tirages. Mais l’espoir demeure : Jean Daniel a plus de 80 berges et une place sera bientôt vacante au Panthéon des comiques involontaires. Courage, mon petit PV, nous sommes derrière toi : les occasions de rigoler sont si rares de nos jours !
Rincevent Posté 24 juin 2008 Signaler Posté 24 juin 2008 Et ben voilà, je viens d'apprendre que j'ai écritn 'importe quoi : le whisky est toujours kasher. Youpi Vivement un kiddouch sur du whisky (ou de la vodka, ça marche aussi). Sinon, Siné a toujours représenté pour moi ce que Charlie Hebdo pouvait faire de pire. edit: ah ben oui, on ne peut pas dire le mot qui commence par B. [tentateur] Même en interposant une paire de balises à l'intérieur du mot ? Même dans un champ code ? [/tentateur]
Blondie Posté 24 juin 2008 Signaler Posté 24 juin 2008 Ce qui m'enerve le plus c'est la presentation systematique des religions comme equivalente, alors que bien entendu, elle n'ont pas les meme valeurs, la meme histoire, les meme fideles.
Poil à gratter Posté 24 juin 2008 Signaler Posté 24 juin 2008 L'ancienne génération ne valait guère mieux. Simplement, ils jouaient aux rebelles minoritaires dans une société encore bourgeoise. Aujourd'hui que leurs idées triomphent, tout le monde ou presque pense comme eux. Choron avait au moins le sens de l'autodérision.
Jiplasse Posté 24 juin 2008 Signaler Posté 24 juin 2008 Ce qui m'enerve le plus c'est la presentation systematique des religions comme equivalente, alors que bien entendu, elle n'ont pas les meme valeurs, la meme histoire, les meme fideles. C'est le seul moyen de critiquer une religion sans la comparer avec les autres, parce que là inévitablement ça froisserait des susceptibilités et entrainerait des débats sans fin.
Taranne Posté 16 juillet 2008 Signaler Posté 16 juillet 2008 Siné s'est fait virer de Charlie Hebdo, non pour la charmante diatribe qui ouvre ce fil, mais pour s'en être pris à… Jean Sarkozy. Le caricaturiste Siné renvoyé de Charlie HebdoPhilippe Val, directeur de la publication de l’hebdomadaire satirique, reproche au caricaturiste d’avoir tenu dans une chronique des propos antisémites liés au futur mariage de Jean Sarkozy. AFP LIBERATION.FR : mercredi 16 juillet 2008 Le caricaturiste Siné, accusé d’avoir tenu dans une chronique des propos antisémites liés au projet de mariage de Jean Sarkozy, a été renvoyé de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, a indiqué hier le directeur de la publication, Philippe Val. Dans une chronique publiée le 2 juillet par Charlie Hebdo, Siné ironisait sur une éventuelle conversion au judaïsme de Jean Sarkozy avant son mariage annoncé par la presse avec la fille du fondateur des magasins Darty. «Je suis rarement d’accord avec ce que Siné raconte mais il y a une latitude à Charlie pour exprimer des opinions différentes des miennes» et «cette latitude est bordée par une charte qui proscrit notamment tout propos raciste et antisémite dans le journal», a ajouté le directeur de la publication. «Siné a dépassé cette limite», selon lui. Dans un communiqué qui sera publié dans Charlie Hebdo daté d’aujourd’hui, Philippe Val écrit: «Les propos de Siné sur Jean Sarkozy et sa fiancée, outre qu’ils touchaient la vie privée, colportaient la fausse rumeur de sa conversion au judaïsme. Mais surtout ils pouvaient être interprétés comme faisant le lien entre la conversion au judaïsme et la réussite sociale et ce n’était ni acceptable ni défendable devant un tribunal.» Contacté, l’Elysée ne souhaitait pas faire de commentaire mardi soir. Jean Sarkozy n’a pu être joint. «Val voulait des excuses auprès de Jean Sarkozy et de la famille Darty. Je lui ai demandé s’il ne se foutait pas de ma gueule. Je préfère me couper les roubignolles», a déclaré pour sa part Siné, qui collabore à Charlie Hebdo depuis la relance du titre en 1992. Il avait également participé à l’ancienne formule. «Je reproche à Jean Sarkozy de se convertir par opportunisme. S’il s’était converti à la religion musulmane pour épouser la fille d’un émir, c’était pareil. Et (la fille d’)un catholique, pareil, j’ai jamais fait de cadeau aux catholiques», a expliqué le dessinateur et chroniqueur, âgé de 79 ans.
Harald Posté 16 juillet 2008 Signaler Posté 16 juillet 2008 79 ans et toujours aussi con. Belle constance.
LeSanton Posté 16 juillet 2008 Signaler Posté 16 juillet 2008 Les idées de Siné ont été remplacées au journal par celles de Fourest: c'est aussi cela la modernité.
Legion Posté 16 juillet 2008 Signaler Posté 16 juillet 2008 Quand je pense que le Charlie Hebdo de Choron avait fait un article suggérant de rouvrir Austwitsch pour résorber le chômage… j'en aurais presque de la peine pour Siné tiens… (presque)
melodius Posté 17 juillet 2008 Signaler Posté 17 juillet 2008 Je ne vois pas trop ce que permet à ces Messieurs-Dames d'incriminer l'intolérance musulmane si le simple fait de porter des vêtements qui leur déplaisent suffit à déclencher de violentes crises d'hystérie. Vache de tolérance. Et on constate une fois de plus que cet islamophobie n'est rien d'autre que la dernière incarnation de l'anticléricalisme que j'apprécie tant.
Ash Posté 17 juillet 2008 Signaler Posté 17 juillet 2008 Tout en gardant une anti-juiverie typique du socialisme.
Taranne Posté 17 juillet 2008 Signaler Posté 17 juillet 2008 Tout en gardant une anti-juiverie typique du socialisme. Sauf que l'une est passible de renvoi et l'autre pas. On fait difficilement mieux dans le genre double standard. En même temps c'est bon pour les affaires: plus l'antisémitisme gagne du terrain dans les milieux musulmans ("regarde, ils sont traités mieux que nous") plus l'image de Charlie Hebdo et de son Grand Timonier comme ultime rempart contre l'obscurantisme en sort renforcée. La self-fulfilling prophecy dans toute sa splendeur.
Invité jabial Posté 17 juillet 2008 Signaler Posté 17 juillet 2008 79 ans et toujours aussi con. Belle constance.
Apollon Posté 17 juillet 2008 Signaler Posté 17 juillet 2008 Siné s'est fait virer de Charlie Hebdo, non pour la charmante diatribe qui ouvre ce fil, mais pour s'en être pris à… Jean Sarkozy. Reste à savoir sous quelle identité Val intervient sur ce forum.
Legion Posté 17 juillet 2008 Signaler Posté 17 juillet 2008 Reste à savoir sous quelle identité Val intervient sur ce forum. On lance un sondage ?
Taranne Posté 19 juillet 2008 Signaler Posté 19 juillet 2008 Siné viré, Charlie Hebdo en deuil, Philippe Val dans la tourmentePar Augustin Scalbert | Rue89 | 17/07/2008 | 10H37 Derrière les récents "dérapages", la crise que traverse le journal satirique met en lumière les contradictions de son directeur. Charlie Hebdo est "en deuil", selon l'expression du dessinateur Charb. Le départ de Siné, dessinateur de presse depuis la IVe République, a sonné le bourdon dans la rédaction. Dans le numéro du 2 juillet, celui que Pierre Desproges avait traité -dans ce qui pouvait passer en 1982 pour une quittance d'indépendance- de "seul gauchiste d'extrême droite en France", a écrit une brève que l'on peut qualifier, au minimum, de très ambiguë: "Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le parquet (encore lui!) a même demandé sa relaxe! Il faut dire que le plaignant est arabe! Ce n'est pas tout: il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit!" La brève de Siné parue dans Charlie le 2 juillet. A Charlie, personne n'a tiqué avant ou après publication: Siné est connu pour son athéisme ultra-militant, particulièrement à l'encontre des trois religions du Livre. En juin non plus, nul n'avait moufté quand il avait écrit ceci: "J’avoue que, de plus en plus, les musulmans m’insupportent et que, plus je croise les femmes voilées qui prolifèrent dans mon quartier, plus j’ai envie de leur botter violemment le cul!" Michel Polac: "Il n'y a plus de presse libertaire" C'est le journaliste du Nouvel Observateur Claude Askolovitch qui a le premier qualifié le texte sur Jean Sarkozy d'"antisémite", le 8 juillet sur RTL, en évoquant "un article antisémite dans un journal qui ne l'est pas". "Sous-entendu, pour faire du chemin dans la vie, vaut mieux être juif", commentait Askolovitch. La direction de Charlie Hebdo demande alors à Siné de s'excuser. Après quelques tractations, il finit par accepter de signer ce texte. Mais renonce quand il apprend qu'il sera publié à côté de celui-ci, où la rédaction réprouve "unanimement" sa chronique. La rédaction de Charlie n'était effectivement pas unanime. Michel Polac, par exemple, se dit "furieux qu'on puisse taxer Siné d'antisémitisme. Et je suis bien placé pour parler d'antisémitisme" (Polac est juif, ndlr): "Siné a écrit dix fois des choses énormes, c'est un énergumène. Dire qu'il n'a pas sa place à Charlie, c'est dire qu'il n'y a plus de presse libertaire." Bilan: Siné, 79 ans, prend la porte, comme l'a confirmé Philippe Val à l'AFP. Le directeur de la publication se justifie, dans les colonnes du numéro de ce mercredi, en assumant n'avoir pas lu l'article incriminé, en rappelant que la conversion de Jean Sarkozy au judaïsme est "une fausse rumeur", et en expliquant que "le lien" entre cette conversion et la réussite sociale n'était "ni acceptable ni défendable devant un tribunal". La famille de Jean Sarkozy n'envisage plus de procès, selon un collaborateur Le patron de Charlie Hebdo, ainsi que d'autres journalistes contactés par Rue89, redoutent de voir le nom de leur journal accolé au terme "antisémite". Philippe Val l'assure: "La famille Sarkozy va porter plainte contre nous. Ce n'est pas qu'ils l'envisagent: ils vont le faire." Val tient cette certitude de Claude Askolovitch. Ce dernier explique pourtant n'avoir pas dit à Val que les Sarkozy "vont" porter plainte, mais "qu'ils envisagent de le faire", selon ce que lui auraient dit "des proches" de la famille régnante. Mais quand on se rapproche un peu plus de Jean Sarkozy, le son de cloche est légèrement différent: "La famille n'a jamais menacé Charlie Hebdo de procès, et ne l'envisage plus depuis que le journal s'est séparé de Siné. Ni Jean Sarkozy ni sa fiancée n'ont eu de contact avec Charlie Hebdo", martèle un collaborateur du jeune héritier. En clair, si l'on en croit le principal intéressé, l'argument du procès ne tient pas pour renvoyer Siné. C'est un prétexte, ou un signe que Val a mal interprété les informations qu'il a reçues. Reste le dérapage. Siné, qui explique que sa première épouse et leur fille "sont juives", assume seulement d'avoir dépeint Jean Sarkozy en "opportuniste": "Il est prêt à tout pour épouser une femme riche, et il se trouve qu'elle est juive." Val reprend les thèses de son avocat, qui défend aussi Clearstream Dérapage antisémite ou pas, une telle polémique détonne à propos de Charlie, l'héritier de Hara-Kiri, l'hebdo des caricatures du prophète Mohammed, défendu à l'époque par Nicolas Sarkozy. Le journal, aussi, qui laissait Siné s'autocensurer -juste au-dessus de sa désormais fameuse chronique sur Jean Sarkozy- à propos du journaliste Denis Robert. La semaine précédente, le 25 juin, Philippe Val a signé l'édito qui a déclenché la crise actuelle. Sous le titre "L'avocat de Clearstream se nourrit aux OGM", Val y publiait une fiction humoristique tournant en dérision les enquêtes de Denis Robert sur la chambre de compensation luxembourgeoise. Le journaliste, qui venait de renoncer à se défendre publiquement dans cette affaire (ce que ne mentionnait pas Val), y était dépeint comme paranoïaque. Avec des arguments -Robert "a perdu ses procès"; les erreurs de son enquête en font une enquête erronée- très proches de ceux de Clearstream, dont l'avocat, Me Richard Malka, est aussi celui de Charlie Hebdo. Arguments partiaux, comme le démontre sur Agoravox le Grolandais Francis Kuntz. L'édito se concluait sur une attaque de la journaliste de Télérama Weronika Zarachowicz, coupable d'avoir écrit un article où elle rendait hommage au travail de Robert, sans préciser qu'elle avait cosigné avec lui un entretien avec Noam Chomsky, que Val fustigeait aussi, en passant. Il associait l'article de Zarachowicz, qui se terminait par un rappel des deux clientèles de Me Malka, aux Protocoles des Sages de Sion, un faux document antisémite du XIXe siècle utilisé depuis par l'extrême droite. Philippe Val se justifie: "Je voulais juste dire que c'est la même mécanique, quand les gens croient ce qui est faux car ils ont envie de le croire." Une journaliste de Télérama a "blessé" les salariés de Clearstream La journaliste de Télérama n'a pas du tout apprécié: "Ce grand défenseur de la liberté d'expression ne supporte pas qu'on questionne le fait que l'avocat de Charlie soit aussi celui de Clearstream, et ça le conduit à des associations nauséabondes." Elle lui a envoyé un droit de réponse. Val a refusé de le publier, car il était "imbécile et pas du tout dans les clous de la loi". Le journaliste, qui précise dans le même édito que les deux jobs de l'avocat n'entachent pas l'indépendance du journal, a laissé Me Malka répondre à Zarachowicz. On voit dans sa lettre que la frontière n'est pas si hermétique: "Au-delà de ma personne, vous rendez-vous compte que Clearstream, loin d'être une abstraction fantasmagorique, constitue une société dans laquelle 1500 personnes travaillent et qui, toutes, ont également été blessées d'être assimilées à des commanditaires de tueurs russes, rôle que vous attribuez aux tribunaux français." L'éditorial de Val a suscité une fronde en interne, avec menace de démission de plusieurs journalistes, finalement non suivie d'effet. Siné était en pointe de la contestation. Aujourd'hui, certains journalistes sont amers, comme Michel Polac: "Ce journal est mal parti en ce moment. Il y a un problème Philippe Val, en tous cas avec l'affaire Clearstream et l'affaire Siné." D'autres ne font "pas de commentaire." Le rédacteur en chef adjoint Charb admet que l'attaque contre Denis Robert était "disproportionnée": "Mais ce qui me sidère, c'est toutes les haines que Val concentre contre lui." ► Addendum le 17/07/2008 à 15h10: dans un communiqué envoyé jeudi par son avocat à l'AFP, Siné annonce sa décision "de déférer au tribunal correctionnel de Paris du chef de diffamation le journaliste Claude Askolovitch et tous ceux qui, en le traitant injustement d''antisémite' et d''ordure', ont provoqué son licenciement par Charlie Hebdo et ruiné l’engagement de toute une vie en faveur de la tolérance, de la liberté d’expression et de l’égalité entre les usagers de la planète Terre". ► Rectifié le 17/07/2008 à 17h19 après un appel du collaborateur de Jean Sarkozy. Il précise n'être pas son "porte-parole" comme nous l'avions écrit, et ajoute, vérification faite, que la famille a bel et bien envisagé de porter plainte contre Charlie Hebdo. Avant de renoncer, après le renvoi de Siné. Il confirme donc ce qu'expliquait Philippe Val dans Libération ce jeudi matin. ► Addendum le 17/07/2008 à 17h25: dans les commentaires et par mail, les dessinateurs se lâchent contre la décision de Philippe Val. Petit florilège. Quelques couvs vintages de l'ancien Charlie Hebdo:
Taranne Posté 19 juillet 2008 Signaler Posté 19 juillet 2008 Deux soutiens de poids (enfin…) pour le dessinateur décîmé: Gisèle Halimi: le "procès en sorcellerie" fait à Siné par ValPar Gisèle Halimi | Avocate | 18/07/2008 | 18H56 L'avocate Gisèle Halimi, qui a participé à la création de Charlie Hebdo, a publié une lettre ouverte à Philippe Val, le directeur du journal, dans laquelle elle réagit au renvoi du dessinateur Siné, en assurant qu'"un procès pour antisémitisme n'aurait aucune chance d'aboutir". A lire aussi Siné viré, Charlie Hebdo en deuil, Philippe Val dans la tourmente Bedos: "Val est à Charlie ce que Sarkozy est à la France" "Siné n'est pas ce qu'il est convenu d'appeler un ami. Sa misogynie volontairement primaire nous a tenus éloignés l'un de l'autre, malgré quelques causes communes essentielles (anticolonialisme, antiracisme, etc.). La direction de Charlie Hebdo vient de le licencier brutalement. Motif allégué: propos antisémites. A la lecture attentive de ses quelques lignes, je suis en mesure d'affirmer -en spécialiste du droit de la presse- qu'il ne s'agit que d'un prétexte; un procès pour antisémitisme n'aurait guère de chances d'aboutir. Cette opération participe donc des procès en sorcellerie qui se multiplient aujourd'hui pour maintenir une psychose du juif persécuté. Charlie Hebdo s'est toujours posé en champion de la liberté d'expression. Rappelez-vous le tonitruant procès mis en scène, filmé, supermédiatisé des caricatures de Mahomet. Aujourd'hui il porte à cette liberté un coup terrible en tentant de museler Siné-le-libertaire. J'ai participé en son temps avec Cavanna et d'autres, à la création de Charlie Hebdo. Cette aventure superbe risque de s'achever dans la honte. J'ai bénéficié jusqu'à présent d'un service de presse du journal. Arrêtez. Je ne veux plus vous entendre ni vous lire." Bedos: "Val est à Charlie ce que Sarkozy est à la France"Par Guy Bedos | Humoriste | 18/07/2008 | 13H04 L'humoriste Guy Bedos, qui soutient de longue date le journaliste Denis Robert dans la bataille de prétoires l'opposant à Clearstream, a fait parvenir à Rue89 cette lettre ouverte à Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo, dans laquelle il réagit au renvoi du dessinateur Siné. "Philippe Val, Tu es à Charlie Hebdo ce que Sarkozy est à la France. A la différence près que lui a été élu; toi, dans des conditions qui m’échappent et dont je me tape, tu as fait un coup d’Etat. Me revient une phrase que j’avais écrite à propos de certains politiques, de droite ou de gauche, et qui, au regard de ton attitude, te concerne aujourd’hui: "Ce n’est pas en crachant dans les miroirs qu’on guérit de l’eczéma. Ça les démange et ils se grattent sur la peau des autres." A lire aussi Siné viré, Charlie Hebdo en deuil, Philippe Val dans la tourmente Gisèle Halimi: le "procès en sorcellerie" fait à Siné par Val Après t’être acharné -c’était une urgence!- sur Denis Robert, dont manifestement tu ne connais ni les livres ni les films, voilà que tu t’en prends à Bob Siné, que, brutalement, tu vires pour antisémitisme. Il y a longtemps que les lecteurs attentifs de "Charlie" savent ce qui vous oppose à propos du conflit israélo-palestinien. Prétexte, donc. Antisémite, Siné? As-tu lu David Grossman et Amos Oz, écrivains israéliens qui, sans relâche, luttent, en Israël, contre l’actuel pouvoir israélien? Antisémites eux aussi? Moi, qui ai dit sur la scène de l’Olympia "je ne confondrai jamais Ariel Sharon et Bibi Netanyahu avec Anne Franck et Primo Levi", suis-je pour autant un néonazi qui s’ignore? Je pourrais te mépriser, je te plains."
Taranne Posté 20 juillet 2008 Signaler Posté 20 juillet 2008 Ils sont venus, ils sont tous là: le gratin de la gauche ultra apporte son soutien au grand dessinateur persécuté: Pétition de soutien à Siné avec près de 2.000 signatures, selon ses prochesAFP AFP - Samedi 19 juillet, 20h58 PARIS (AFP) - Une pétition de soutien à Siné, licencié de Charlie hebdo après une chronique sur une supposée conversion au judaïsme de Jean Sarkozy, a obtenu près de 2.000 signatures, selon les proches du dessinateur et chroniqueur. (Publicité) "C'est impressionnant, c'est de la folie", a commenté Siné à l'AFP. La pétition rappelle les faits reprochés au chroniqueur, "un anar", qui "dénonce seulement, avec le ton fleuri qui est sa marque de fabrique, l'opportunisme du fils du président de la République". Elle reproche au directeur de la publication de Charlie hebdo, Philippe Val, de s'être "couché devant Jean Sarkozy", et évoque la "grande gueule" de Siné, "sa violence intellectuelle, son humour et surtout sa maison ouverte à tous: Juifs, Arabes, Français, Noirs, Auvergnats, Bretons, pédés, communistes". "Nous apportons notre soutien inconditionnel à Siné", disent les signataires. Le texte est signé par nombre de dessinateurs -Willem, Pétillon, Pichon, Philippe Geluck, Desclozeaux-, des écrivains tels Gilles Perrault, François Maspero et Raphaël Confiant, des philosophes comme Michel Onfray et Daniel Bensaïd, les humoristes Guy Bedos et Christophe Alévêque, l'écrivain et cinéaste Fernando Arrabal, le réalisateur Pierre Carles, des enseignants, des journalistes -Denis Robert, Denis Sieffert…-, la comédienne Marina Vlady, le porte-parole de la LCR Alain Krivine, l'entarteur Noël Godin… Ses proches ont en outre transmis à l'AFP le texte d'une lettre de Guy Bedos à Philippe Val, qu'il accuse d'être à l'hebdomadaire "ce que Sarkozy est à la France", et une autre de l'avocate féministe Gisèle Halimi qui estime que le licenciement de Siné "participe des procès en sorcellerie qui se multiplient aujourd'hui pour maintenir une psychose du juif persécuté". Enfin ils citent une interview du dessinateur Plantu à l'Est républicain, où il souligne que Charlie Hebdo est "un journal de provocateurs (…) qui fait du bien", et que "dans la provocation il convient d'accepter les dérapages".
Taranne Posté 20 juillet 2008 Signaler Posté 20 juillet 2008 Nº2280SEMAINE DU JEUDI 17 Juillet 2008 À la Une < Le Nouvel Observateur < Bal tragique à «Charlie» Siné viré pour antisémitisme… Bal tragique à «Charlie» 20 reaction(s) On lui pardonnait tout. Ses saillies, ses outrances, ses diatribes. Parce que «c'est Siné», le vétéran sulfureux de l'hebdo satirique. Pas cette fois. Son dérapage a provoqué un tollé, et son refus de s'excuser a entraîné son départ du journal Charlie Hebdo», antisémite ? Ca la fiche mal ! Ils n'arrivent pas à y croire, ce jeudi 10 juillet, les joyeux révoltés de l'hebdo satirique. La conférence de rédaction est une réunion de crise. La semaine dernière, «le vieux» a déconné : Siné, le vétéran sulfureux, a dérapé au milieu de sa chronique, tout au plaisir de faire du mal à Jean Sarkozy : «Il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée juive et héritière des fondateurs de Darty. Il fera son chemin dans la vie, ce petit !» Un peu plus loin, Siné a épinglé «l'Express», qui vient de sortir un numéro sur l'islamisme, se demandant si le journal «aurait le même culot pour s'adresser aussi violemment aux juifs»… A «Charlie», on se regarde. Un journaliste souffle : «Oui, mais c'est Siné…» C'est une antienne, à chaque énormité du vétéran. C'est Siné. Ca ne compte pas vraiment. De la déconnade Siné ! Mauvais coucheur de Paname depuis bientôt 80 berges. Anti-militariste, anti-clérical, antibourgeois, anti-tout et défourailleur universel… L'homme aux dessins faussement bâclés et aux chroniques écrites à la main, ses pattes de mouche vénéneuses, l'anar universel qui a lancé ses premières salves lors de la guerre d'Algérie… Malade, sous respirateur artificiel une bonne partie de son temps, mais n'en démordant pas ! L'autre jour, il s'en est pris aux musulmans : «J'avoue que, de plus en plus, les musulmans m'insupportent et que, plus je croise les femmes voilées qui prolifèrent dans mon quartier, plus j'ai envie de leur botter violemment le *** !» Siné était encore dans son registre admis, l'ennemi personnel des bondieusards… Là, son texte joue avec les registres magiques de l'antisémitisme, l'image du juif favorisé, riche et puissant… On est dans la veine de Bruant, ce troubadour d'il y a un siècle qui aimait le populo mais vomissait les youpins. On est du côté de Céline, de l'antijudaïsme populacier… Dans un recoin obscur du patrimoine génétique des gauches… «Si ce n'est pas Siné, Siné que je connais, évidemment, sa phrase est antisémite», reconnaît Charb, dessinateur, rédacteur en chef adjoint à «Charlie» et ami du vieux. Mais c'est Siné. «Siné sème sa zone», c'est le nom de sa rubrique. Tu parles ! A «Charlie», ils ont tous en tête une anecdote… La fois où il a insulté des anarchistes qui le tenaient pour un maître : «Vous me faites chier, vous êtes gris, vous êtes tristes !» Ou la fois où il a provoqué des convives à Jérusalem-Est - lui, le jusqu'au-boutiste de la Palestine ! «Les Palestiniens, vous êtes nuls, l'armée israélienne est extraordinaire», avait- il lancé, fin rond évidemment, un peu honteux le lendemain, «mais c'était pour foutre la merde»… C'est Siné ! Alors, jeudi 10 juillet, Philippe Val, le directeur de «Charlie», se lance. «Le «c'est Siné», ça ne passe plus. On a un problème. Ou bien on le résout, ensemble, et la rédaction condamne ce texte… Ou bien, désormais, c'est sans moi…» Sans lui ? «Charlie» sans Val, l'homme qui a redonné vie au titre en 1992 (voir encadré) ? Il ne plaisante pas. Il en a connu, des crises, mais celle-ci touche à l'essentiel. Val est un personnage à part dans la gauche culturelle. Un autodidacte à la culture livresque, aux philippiques frémissantes, qui somatise les conflits… Il a été chanteur, chansonnier, écrivain, libertaire… Par moments, à gauche toute, lançant son journal dans la lutte contre les tests ADN. Par moments, à la limite de l'atlantisme, ami des intellectuels droits-de-l'hommistes et des dissidents de l'islam, aimé des «néoconservateurs» français, pourfendant le «fascisme islamiste» et ses complices français, «les rouges-bruns»… Pro-israélien dans un milieu où la Palestine est un totem… «On ne touche pas à l'Etat d'Israël», revendique-t- il. Lycéen, il s'est passionné pour l'affaire Dreyfus. La question juive est son tabou absolu. Et Siné, qui aime tant frôler la limite, est l'antimodèle de Val… A part ça, courageux; ses combats contre l'islamisme lui valent des menaces récurrentes, et une protection policière… Et ouvert, malgré ses pulsions de maître à penser. Val accueille dans son journal toute une gauche artistique qui ne pense pas comme lui. Il subit des conflits récurrents, à géométrie variable. Quand il lance «Charlie» dans la bataille pour les caricatures de Mahomet, tout le monde approuve, au nom de l'anticléricalisme. Mais quand il milite pour le «oui» au référendum européen, il se prend des volées de bois vert… Et se fait lyncher en interne, quand il soutient les bombardements de l'Otan au Kosovo ! Il y a les pro-Val, les anti-Val. Ceux qui ont quitté «Charlie» pour dire du mal de lui. Ceux qui écrivent contre lui dans le journal. Parfois juste «pour le faire chier». Comme Siné. «Siné aime avoir un adversaire de la taille de Philippe», dit Charb… Il ne faut pas entrer dans les histoires de famille… On est presque gêné, ça ne regarde personne. Mais là, on est forcé. Car, au bout de cette histoire, Siné sera viré, et «Charlie» déchiré… Un dénouement inéluctable, puisque «Charlie» ne peut pas être antisémite, puisque Siné ne comprendra pas qu'il a eu tort et que sa diatrible pouvait détruire le journal. Tout a commencé le jour du bouclage, lundi 30 juin. Comme d'habitude, Siné envoie sa chronique par fax. Quand le texte arrive, on le montre à Val. Il y jette un oeil. Il ne voit qu'une phrase : «Concernant l'édito- lynchage de Philippe Val sur Denis Robert, je me contenterai, prudemment, du blanc qui va suivre : autocensuré.» Val soupire. Siné le cherche ! La semaine précédente, Val a décidé de dire tout le mal qu'il pense du journaliste d'investigation Denis Robert, héros et victime de l'affaire Clearstream, icône de sa rédaction, mais dont lui, Val, pense qu'il est bidon… Siné veut défendre Robert ? Bon. «Il veut me taper, qu'il me tape», se dit Val. Il ne lit pas la suite. L'attaque contre Jean Sarkozy, la riche héritière juive… Ni la chute sur les juives religieuses «aux crânes rasés»… Le texte de Siné part dans le journal. La bombe est amorcée. Etrangement, elle va mettre six jours à exploser. Manifestement, personne ne lit Siné. Il va falloir une lectrice incongrue pour que tout sorte. Madame Marie Culioli, maman de Jean Sarkozy… Elle est alertée; et peinée. Jean Sarkozy, évidemment, n'a jamais annoncé une quelconque conversion au judaïsme. Sa fiancée est désespérée de devenir un sujet de rumeurs. La famille est excédée. Que faire ? Porter plainte ? La colère de Jean Sarkozy est rapportée à des journalistes. L'affaire éclate sur RTL. Nous sommes mardi 8 juillet. Val est chez lui dans la Drôme. Il termine un livre contant «la complaisance d'une certaine gauche envers le terrorisme, depuis la guerre d'Algérie jusqu'à l'islamisme»… Son sujet. On l'a alerté sur Siné. Il est malade. Des années à transformer «Charlie» en un outil de combat, de pédagogie au sein de la gauche… Et se voir trahi ainsi ? L'horreur absolue, ce qu'il abhorre par-dessus tout, dans «son» «Charlie» ? «J'ai perdu !» Il veut en finir. Il va écrire contre Siné dans le journal. Et que Jean Sarkozy porte plainte, tant mieux ! «J'irai au tribunal et je plaiderai coupable…» Il voudrait virer Siné ? Même pas. Pas encore. C'est injouable, pense-t-il. On ne vire pas, à «Charlie», et certainement pas un Siné, père spirituel des talents les plus méchants de la rédaction… De Paris, Val reçoit de bonnes nouvelles. La rédaction réagit bien. Charb a appelé Siné. «Tu te rends compte que tu as déconné ?» L'autre résiste. «Ils sont cons. Ce que je dis, c'est que ce type est prêt à tout pour réussir !» Puis il se calme. Il a fait une connerie. Ouais ? «Ouais.» Mercredi 9 juillet, Val rentre de sa Drôme. Le lendemain, il arrive à la rédaction, déterminé… Il se rend compte qu'il n'y aura pas de drame. On se range à ses conditions. Oui, il faut sauver «Charlie» de la honte. Oui, la rédac va bouger contre un texte «ni acceptable, ni défendable». Charb appelle Siné, une nouvelle fois. Il lui passe Val. «Tu dois t'excuser.» Siné veut bien. «Tu dois présenter tes excuses à Jean Sarkozy.» Là, non. S'excuser auprès d'un Sarkozy, jamais ! Mais Siné présentera ses excuses à ceux que ses propos ont choqués. Un texte est concocté, dosé au mauvais poil près, où le vieux se désole d'un «raccourci honteux et condamnable». Et la rédaction fera un communiqué. Et Val emballera l'affaire dans son édito. Il prendra sur lui d'écrire, directement, au fils du président. «Charlie» s'excusant, Siné disant «désolé», ce sera une première ! Mais il faut bien cela pour retrouver son honneur. Val respire. «Charlie» est donc sauvé, de la tache comme de la déchirure… Et puis patatras. Dimanche 13 juillet, Siné repart en guerre, convaincu d'avoir été piégé et humilié. Il envoie un mél à Val. L'autre le rappelle. Siné est dans un de ses grands jours. «Je ne m'excuse plus. Et je ne veux pas être désavoué par la rédaction.» Val s'arc- boute. «Siné, tu nous mets tous dans la merde. Je t'ai trouvé une sortie honorable pour que tu puisses continuer avec nous, tu avais accepté, et maintenant, tu la refuses…» Siné : «Je ne m'excuse pas. C'est toi qui me vires !» Après Val, ils seront quelques-uns à téléphoner à Siné, ce dimanche bête et méchant, pour qu'il sorte de sa bulle et se laisse aider… Mais Siné ne bougera plus. Et Val, secoué, soulagé, écoeuré, actera le départ du vieil insupportable. Finalement, il pouvait le virer. «Charlie» n'est plus antisémite, mais Siné n'est plus dans «Charlie». De «Hara-Kiri» à «Charlie» 1960. Lancement de «Hara-Kiri». 1970. Interdiction de «Hara-Kiri Hebdo» après une une sur la mort de De Gaulle. Lancement de «Charlie Hebdo». Décembre 1981. Mort de «Charlie», faute de lecteurs 1992. Relance du titre par Philippe Val, Gébé, Cabu et Renaud. «Charlie», plus politique et moins satirique, combat le racisme, l'antisémitisme et la cruauté envers les animaux. 2001. Val s'engage contre l'antisémitisme tiers-mondiste, et soutient Israël lors de la seconde Intifada. 2006. Publication des caricatures de Mahomet. 2008. L'affaire Siné. Claude Askolovitch Le Nouvel Observateur L'intéressé donne sa version des faits: SINE VIRE DE CHARLIE"Des larbins, des lèche-culs" L'humoriste Siné, renvoyé de Charlie-Hebdo après avoir été accusé de tenir des propos antisémites dans une chronique publiée par l'hebdomadaire, dénonce l'attitude de Philippe Val qui "a trouvé un spadassin pour m'assassiner". Il s'en prend à un journal de "larbins" et de "lèche-culs". Que cherchiez-vous à souligner au travers du texte paru le 2 juillet dans Charlie dans lequel vous évoquiez une conversion au judaïsme de Jean Sarkozy ? - Je souhaitais dénoncer l'attitude de Jean Sarkozy qui se convertit, selon moi, pour épouser une millionnaire. C'est un mauvais procès qu'on me fait. Et d'ailleurs l'avocat rigole bien. Surtout quand on voit la défense d'Askolovitch qui affirme reprendre des propos de Val, qui lui même aurait agi en fonction de ce que lui avait dit Askolovitch… je crois qu'on va se marrer. De toute façon, maintenant, le mec qui dit que je suis un antisémite je lui colle un procès. Cela fait 50 ans que je me bats contre toutes les formes de racisme, je ne peux pas tolérer ce genre d'accusations. Mais comprenez-vous que certains, comme d'ailleurs Claude Askolovitch, voient de l'antisémitisme dans votre texte ? - Ceux qui pensent cela sont soient des cons, soient des personnes de mauvaise foi. Comme je le dis toujours, on ne peut pas lutter contre la bêtise. Pour les autres… Aujourd'hui on ne peut plus dire le mot juif sans être attaqué de toutes parts. Mais, d'ailleurs, on ne peut plus rien dire, il faut trouver d'autres formules: non-voyant pour aveugle… Je pense surtout que Philippe Val n'a pas digéré le fait que je prenne la défense de Denis Robert [ndlr: journaliste qui a écrit sur l'affaire Clearstream] dans cette même chronique et que c'est pour ça qu'il veut me virer. Vous aviez déjà un différend avec Philippe Val ? - Cela fait deux ans qu'il veut me virer. Il déteste tout ce que je représente, la vraie gauche. Il n'osait pas, et hop, il a déniché un truc pour m'accuser d'antisémitisme. Il a cherché un peu et a trouvé un spadassin pour m'assassiner. Et L'Observateur, qui accueille Askolovitch dans ses colonnes, c'est vraiment un "tas de m…". Et tous les autres ont rampé. Pas un n'a moufté. Il y a vraiment des larbins, des lèche-culs quand même. A part trois qui m'ont apporté un vrai soutien et Cavanna qu'on n'avait même pas tenu au courant. Je l'ai eu au téléphone. Il est dégouté de voir ce qu'est devenu son journal. A 85 ans, il en parle avec des sanglots dans la voix. Non, c'est vraiment une crapule ce type et ce qu'il a fait va largement au-delà de ma personne. C'est une atteinte à la liberté de la presse. Quand on fait des articles contre les musulmans, alors là, ça ne lui pose pas de problème. Val pensait que ça allait bien se passer, mais, mon cul, ça va chier. On laisse entendre que je suis malade mais je n'ai jamais été aussi en forme. Il s'est dit : "c'est un vieux mourant, il ne va pas réagir". Mon cul ! Que comptez-vous entreprendre ? - Déjà demain j'envoie ma rubrique car je n'ai pas reçu de lettre de licenciement. Val ne va sans doute pas passer mon truc mais bon on verra bien. Et puis j'ai un tas de soutiens, Bedos vient d'ailleurs de m'envoyer un texte, et une pétition a été lancée qui doit être signée par tout un tas de gens dont un ancien ambassadeur d'Israël je crois. Tout ça prend de l'ampleur! Interview de Siné par Céline Lussato (le vendredi 18 juillet 2008) Philippe Val : "Cela devient trop dégueulasse"NOUVELOBS.COM | 18.07.2008 | 18:20 Réagissez à l'article 286 réactions Exclusif Le directeur de Charlie Hebdo, qui a décidé de renvoyer le caricaturiste Siné pour des propos qu'il juge antisémites, déplore "l'ampleur incroyable" qu'a pris cette affaire. "Je reçois des menaces physiques", dit-il. Philippe Val, le directeur de la publication et de la rédaction de Charlie Hebdo, déplore vendredi 18 juillet l'ampleur qu'a pris l'affaire autour du licenciement du dessinateur Siné. Le caricaturiste, accusé d'avoir tenu dans une chronique des propos antisémites liés au projet de mariage de Jean Sarkozy, a été renvoyé de l'hebdomadaire satirique, avait confirmé Philippe Val mardi. Une décision contestée par Siné qui, dans une interview à nouvelobs.com, dénonce l'attitude de Philippe Val, une "crapule" selon lui. Siné affirme que le patron de Charlie voulait "le virer depuis deux ans". "Je reçois des menaces physiques" Interrogé à son tour par nouvelobs.com, l'intéressé n'a pas souhaité s'exprimer sur ces accusations. "Je vais arrêter de répondre à tout ça", nous a-t-il dit, ajoutant : "cela devient trop dégueulasse, tellement ignoble". "Je reçois des menaces physiques, ma boîte mail est saturée de centaines de mails d'insultes. On me traite d'ordure sioniste", a-t-il déclaré. Pour Val, cette affaire a pris "une ampleur incroyable". "C'est le monde à l'envers", poursuit-il, "puisqu'on en oublie le fond de l'affaire, c'est-à-dire la tenue de propos antisémites". "Désormais, c'est moi qui suis suspecté", estime Philippe Val, pour qui cette polémique "démontre un certain état d'esprit".
Sous-Commandant Marco Posté 20 juillet 2008 Signaler Posté 20 juillet 2008 Ils sont venus, ils sont tous là: le gratin de la gauche ultra apporte son soutien au grand dessinateur persécuté: Merci, voilà qui nous fera faire des économies pour lister les personnes à fusiller lors du grand soir libéral.
LeSanton Posté 20 juillet 2008 Signaler Posté 20 juillet 2008 Gisèle Halimi qui estime que le licenciement de Siné "participe des procès en sorcellerie qui se multiplient aujourd'hui pour maintenir une psychose du juif persécuté". Cette pauvre dame cache mal son antisémitisme. …Plantu à l'Est républicain, où il souligne que Charlie Hebdo est "un journal de provocateurs (…) qui fait du bien", et que "dans la provocation il convient d'accepter les dérapages". "Pardonnez-nous nos fautes mais pas celles de ceux qui nous ont offensés".
Taranne Posté 20 juillet 2008 Signaler Posté 20 juillet 2008 Cette pauvre dame cache mal son antisémitisme. Avocate engagée dans les grandes causes qui ont secoué la France depuis la guerre d’Algérie jusqu’à nos jours, Gisèle Halimi est née en 1927 en Tunisie, d’un père berbère et d’une mère juive. http://www.lagruyere.ch/archives/2004/04.02.28/fribourg.htm
pankkake Posté 20 juillet 2008 Signaler Posté 20 juillet 2008 C'est bien connu les juifs antisémites ça n'existe pas .
Nick de Cusa Posté 20 juillet 2008 Signaler Posté 20 juillet 2008 Merci, voilà qui nous fera faire des économies pour lister les personnes à fusiller lors du grand soir libéral. Comme d'habitude, je me désolidarise de ce genre de propos.
LeSanton Posté 20 juillet 2008 Signaler Posté 20 juillet 2008 Cela n'empêche pas que sa déclaration, là où je la soulignais, fleure bon un antisémitisme similaire à celui des déclarations de Houria Bouteldja, assimilant les diverses affaires de persécution de juifs en France à de la victimologie propagée par les sionistes comme Finkielkraut.
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