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Petite réflexion au sujet du libéralisme


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J'ai eu bien souvent l'occasion de lire ici comme contre-argument à une action politique le fait que l'individu est le seul à pouvoir décider ce qui est le mieux pour lui même.

Or on se rend compte rapidement que la plupart des hommes politiques pensent savoir ce qui est le mieux pour les individus (c'est leur discours) et souhaitent leur imposer (c'est leur action).

Il y a donc une contradiction, une opposition naturelle entre une certaine vision du libéralisme centrée sur l'individu, et la politique.

Il me semble que cette réflexion appelle deux nécessités :

-d'une part, la nécessité de mettre en évidence ce caractère omniprésent de la politique

-d'autre part, la nécessité idéologique de défendre la supériorité de la liberté (d'un point de vue moral comme d'un point de vue utilitaire).

Tant que les individus dans leur grande majorité accepteront comme naturel le fait que la politique consiste à imposer aux autres ce qu'on pense être le meilleur, le libéralisme ne pourra s'imposer en politique.

Posté
J'ai eu bien souvent l'occasion de lire ici comme contre-argument à une action politique le fait que l'individu est le seul à pouvoir décider ce qui est le mieux pour lui même.

Or on se rend compte rapidement que la plupart des hommes politiques pensent savoir ce qui est le mieux pour les individus (c'est leur discours) et souhaitent leur imposer (c'est leur action).

Il y a donc une contradiction, une opposition naturelle entre une certaine vision du libéralisme centrée sur l'individu, et la politique.

Il me semble que cette réflexion appelle deux nécessités :

-d'une part, la nécessité de mettre en évidence ce caractère omniprésent de la politique

-d'autre part, la nécessité idéologique de défendre la supériorité de la liberté (d'un point de vue moral comme d'un point de vue utilitaire).

Tant que les individus dans leur grande majorité accepteront comme naturel le fait que la politique consiste à imposer aux autres ce qu'on pense être le meilleur, le libéralisme ne pourra s'imposer en politique.

L'homme politique "fonctionne" parce qu'on lui donne les outils pour que ses promesses fonctionnent (i.e. que le fait de faire des promesses puisse déclencher l'effet "vote pour lui") :

- le pouvoir d'user de la force

- la dilution de la responsabilité

Enlève ça, et l'homme politique disparaît.

Posté
Le libéralisme, c'est la dépolitisation de la société.

Probablement, et arriver à convaincre les individus que cette dépolitisation peut être bénéfique, ou tout simplement nécessaire, c'est à mon avis la nécessité de toute action libérale, mais ce type de discours est loin d'être dans les esprits.

Posté

"Tout est politique", voilà qui est bien ancré dans les esprits, en France.

Posté
Pire que ça. Les rouge pensent sincèrement qu'il faut élargir le champ du politique en France, lui redonner tout son sens, blabla. Yerk…

Donc chez l'anus s'appelle champ du politique!

Posté
l'individu est le seul à pouvoir décider ce qui est le mieux pour lui même

Je m'interroge tout de même sur la généralisation de cette proposition, qui suppose que chaque individu est omnicient. Dans tout sorte d'action humaine, on fait confiance à un autre individu/groupe d'individu pour qu'il décide à notre place ce qui est mieux pour nous: comment justifier l'existence des médecins, des avocats, des architectes, des ingénieurs, etc… ??

Qu'un garagiste sache mieux que moi ce qu'il faut faire pour réparer ma voiture m'est indispensable, je ne vais pas me dire qu'il faut éliminer les garagistes parce qu'ils décident à ma place ce qui est mieux pour ma voiture.

Posté

Ton exemple du garagiste est le bon : tu es le mieux placé pour choisir un garagiste pour toi même. Tu n'as pas besoin de quelqu'un qui te force à travailler avec tel ou tel garagiste (ce que veut faire l'industrie poliitque… enfin, pas encore (tellement) pour les garagistes mais pour beaucoup de domaines et surtout souhaitant arriver à le faire dans toujours plus de domaines (les garagistes n'y échapperon pas, fais moi confiance, si on continue à lui céder du terrain en se disant "jusqu'ici c'est pas trop grave" à l'instar du bonhomme qui a sauté du 20ème étage en passant devant le 19ème étage)).

Posté
Je m'interroge tout de même sur la généralisation de cette proposition, qui suppose que chaque individu est omnicient. Dans tout sorte d'action humaine, on fait confiance à un autre individu/groupe d'individu pour qu'il décide à notre place ce qui est mieux pour nous: comment justifier l'existence des médecins, des avocats, des architectes, des ingénieurs, etc… ??

Qu'un garagiste sache mieux que moi ce qu'il faut faire pour réparer ma voiture m'est indispensable, je ne vais pas me dire qu'il faut éliminer les garagistes parce qu'ils décident à ma place ce qui est mieux pour ma voiture.

J'ai décidé de soumettre au vote le choix du garagiste de la voiture de Saxval, je vote pour mon beau-frère.

Saxval en cas de victoire de mon beau-frère parti, vous serez tenu de faire réparer votre voiture chez mon beau-frère. En cas de refus vous vous exposez à une contravention, en cas de récidive à une peine de prison.

Comparons ce qui est comparable S.V.P.. vous êtes libre de choisir SEUL votre garagiste, médecin, avocat etc.. pas votre député, maire, président et que sais-je.

Et pour rebondir, il vous parait probablement complètement idiot de soumettre le choix de votre garagiste au vote, pourquoi devrait-il en être différent du législateur ?

edit : grillé par Nick de Cusa

Posté
Ton exemple du garagiste est le bon : tu es le mieux placé pour choisir un garagiste pour toi même. Tu n'as pas besoin de quelqu'un qui te force à travailler avec tel ou tel garagiste (ce que veut faire l'industrie poliitque… enfin, pas encore (tellement) pour les garagistes mais pour beaucoup de domaines et surtout souhaitant arriver à le faire dans toujours plus de domaines (les garagistes n'y échapperon pas, fais moi confiance, si on continue à lui céder du terrain en se disant "jusqu'ici c'est pas trop grave" à l'instar du bonhomme qui a sauté du 20ème étage en passant devant le 19ème étage)).

La liberté totale de choisir un garagiste est tout de même limitée: je ne peux choisir que ceux qui existent pas très loin de chez moi… Et pas sûr que je trouve mon bonheur dans le tas, tout au plus puis-je espérer que le marché sélectionne de bons garagistes, mais le "bon" collectif sanctionné par le marché sera t'il bon pour moi individuellement ?

Posté
La liberté totale de choisir un garagiste est tout de même limitée: je ne peux choisir que ceux qui existent pas très loin de chez moi… Et pas sûr que je trouve mon bonheur dans le tas, tout au plus puis-je espérer que le marché sélectionne de bons garagistes, mais le "bon" collectif sanctionné par le marché sera t'il bon pour moi individuellement ?

Si vous voulez un garagiste compétent près de chez vous, il vous suffit d'aller habiter à côté de votre garagiste préféré.

La solution ne vient pas toujours des autres et ici on ne vous promettra pas le paradis.

Posté
Si vous voulez un garagiste homme politique compétent près de chez vous, il vous suffit d'aller habiter à côté de votre garagiste dans votre minarchie préférée.

La solution ne vient pas toujours des autres et ici on ne vous promettra pas le paradis.

Posté
La liberté totale de choisir un garagiste est tout de même limitée: je ne peux choisir que ceux qui existent pas très loin de chez moi… Et pas sûr que je trouve mon bonheur dans le tas, tout au plus puis-je espérer que le marché sélectionne de bons garagistes, mais le "bon" collectif sanctionné par le marché sera t'il bon pour moi individuellement ?

Mais si je préfère ne pas avoir de garagiste que d'avoir un mauvais garagiste, je n'ai pas besoin d'abandonner ma maison et mes amis.

Si un deuxième garagiste arrive, moins cher, il ne doit pas combattre le premier dans un concours de popularité pour avoir le droit d’être le seul garagiste de mon quartier, chacun peut aller voir son garagiste, sans déménager.

Si le dernier garagiste d’un quartier pars a la retraite sans héritier, les garagistes des quartiers voisins ne viendront pas tuer mes enfants avec des bombes pour m’imposer un garagiste, parce que sinon, horreur, ca serait l’anarchie.

Posté

J'ai déjà mis les voiles figurez-vous. Ca ne m'empêche pas de compatir au sort de mes compatriotes.

Le fait qu'il n'y ai pas de garagiste compétent près de chez vous n'a rien à voir avec liberté. le droit au garagiste compétent n'existe pas.

En revanche le gouvernement français porte constemment atteinte aux droits de personnes qui me sont chères. Le fait qu'il soit soutenu par la majorité ne le légitime pas pour autant.

Mon pays est dirigé par une bande de bureaucrates mafieux, et bien qu'ayant changé de crèmerie, je continu à m'en émouvoir.

PS : Je vous aiderai à passer à l'ouest le jour venu.

Posté

S'il existe des hommes politiques au sein des associations humaines, c'est aussi parce qu'ils répondent à une attente, à savoir s'occuper des arrangements généraux et des règles communes nécessaires à la coexistence pacifique de toutes les conduites et activités qui les composent. Quoiqu'on en dise, il s'agit d'une activité autonome, répondant à des qualifications et des vertus particulières, et s'informant et fonctionnant en vertu de connaissances propres, comme toutes les activités humaines. En conséquent, si l'homme politique qui prétend interférer substantiellement sur les conduites individuelles au nom d'une conception essentialiste du bien outrepasse largement ses droits, l'activité politique elle-même n'a pas à être remise en cause.

Pour reprendre l'exemple du garagiste, le politique se posera plutôt la question en termes généraux (ou architechtonique, pour les fans d'Aristote et de musique contemporaine) : quels sont les conditions nécessaires pour que les activités individuelles (mais aussi les attentes diverses et variées des citoyens) ne dégénèrent pas en guerre de tous contre tous, que les conflits se règlent pacifiquement, que l'implantation d'un garage ne menace pas la propriété ou la tranquilité d'autrui ? Bien entendu, c'est un idéal type de l'activité politique, mais c'est ce qu'on devrait attendre a minima des édiles qui nous ponctionnent, euh, qui nous gouvernent.

Posté

Encore faudrait il que les politiques remplissent ce prétendu minima. Je veux dire que l'impression que les ressources sont gaspillés dans des choses inutiles (jusque là, on doit être tous d'accord) et qu'on laisse l'essentiel (la justice, la protection des citoyens) complètement négligé.

Posté
S'il existe des hommes politiques au sein des associations humaines, c'est aussi parce qu'ils répondent à une attente

L'attente tout à fait naturelle et humaine que d'autres soient forcés de faire certaines choses à ta place et pour ton compte.

Que ce soit un instinct naturel de l'homme de dépouiller ou dominer son voisin ne le rend pas juste pour autant.

Posté
La liberté totale de choisir un garagiste est tout de même limitée: je ne peux choisir que ceux qui existent pas très loin de chez moi… Et pas sûr que je trouve mon bonheur dans le tas, tout au plus puis-je espérer que le marché sélectionne de bons garagistes, mais le "bon" collectif sanctionné par le marché sera t'il bon pour moi individuellement ?

Et vlan, encore une porte ouverte enfoncée et une comparaison liberté et capacité. Eh oui, d'un coup, tous les garagistes du Monde ne sont pas directement accessibles. C'est la vie. Ca n'a rien à voir avec la liberté.

Posté
L'attente tout à fait naturelle et humaine que d'autres soient forcés de faire certaines choses à ta place et pour ton compte.

Comme j'attends de mon garagiste qu'il me répare ma voiture à ma place pour mon comte si je le paie pour ça…

PS : Je vous aiderai à passer à l'ouest le jour venu.

Inutile, je suis à l'est depuis toujours :icon_up:

Posté
S'il existe des hommes politiques au sein des associations humaines, c'est aussi parce qu'ils répondent à une attente, à savoir s'occuper des arrangements généraux et des règles communes nécessaires à la coexistence pacifique de toutes les conduites et activités qui les composent. Quoiqu'on en dise, il s'agit d'une activité autonome, répondant à des qualifications et des vertus particulières, et s'informant et fonctionnant en vertu de connaissances propres, comme toutes les activités humaines. En conséquent, si l'homme politique qui prétend interférer substantiellement sur les conduites individuelles au nom d'une conception essentialiste du bien outrepasse largement ses droits, l'activité politique elle-même n'a pas à être remise en cause.

Pour reprendre l'exemple du garagiste, le politique se posera plutôt la question en termes généraux (ou architechtonique, pour les fans d'Aristote et de musique contemporaine) : quels sont les conditions nécessaires pour que les activités individuelles (mais aussi les attentes diverses et variées des citoyens) ne dégénèrent pas en guerre de tous contre tous, que les conflits se règlent pacifiquement, que l'implantation d'un garage ne menace pas la propriété ou la tranquilité d'autrui ? Bien entendu, c'est un idéal type de l'activité politique, mais c'est ce qu'on devrait attendre a minima des édiles qui nous ponctionnent, euh, qui nous gouvernent.

Ah voilà un point de vue qui m'a l'air un peu moins radical auquel je me ralie volontiers.

Posté
S'il existe des hommes politiques au sein des associations humaines, c'est aussi parce qu'ils répondent à une attente, à savoir s'occuper des arrangements généraux et des règles communes nécessaires à la coexistence pacifique de toutes les conduites et activités qui les composent. Quoiqu'on en dise, il s'agit d'une activité autonome, répondant à des qualifications et des vertus particulières, et s'informant et fonctionnant en vertu de connaissances propres, comme toutes les activités humaines. En conséquent, si l'homme politique qui prétend interférer substantiellement sur les conduites individuelles au nom d'une conception essentialiste du bien outrepasse largement ses droits, l'activité politique elle-même n'a pas à être remise en cause.

Pour reprendre l'exemple du garagiste, le politique se posera plutôt la question en termes généraux (ou architechtonique, pour les fans d'Aristote et de musique contemporaine) : quels sont les conditions nécessaires pour que les activités individuelles (mais aussi les attentes diverses et variées des citoyens) ne dégénèrent pas en guerre de tous contre tous, que les conflits se règlent pacifiquement, que l'implantation d'un garage ne menace pas la propriété ou la tranquilité d'autrui ? Bien entendu, c'est un idéal type de l'activité politique, mais c'est ce qu'on devrait attendre a minima des édiles qui nous ponctionnent, euh, qui nous gouvernent.

Cela c'est le rôle du droit. Pour les libéraux, la base du droit c'est le droit naturel, le politique n'a pas de légitimité particulière pour appliquer le droit naturel et compte tenu des pressions électorales, de l'interférence avec ses intérêts propres, on peut même penser le contraire.

Cela dit, ma réflexion visait davantage à mettre en évidence l'isolement des libéraux (du moins de ceux qui ont une certaine conception du libéralisme…) sur la scène politique :

-souhaitant une dépolitisation de la société, ils sont d'une certaine manière adversaires de tous les autres partis (seuls contre tous !)

-cette politisation de la société étant un phénomène particulièrement présent en France, ils rencontrent une forte résistance de la part de la plupart des individus

Seuls contre tous les hommes politiques

Seuls contre le peuple

On voit mal comment un parti authentiquement libéral pourrait émerger dans ces conditions.

Il y a donc deux axes de développement possibles:

-d'une part, convaincre les esprits qu'une dépolitisation peut être bénéfique et donc nécessaire

-d'autre part, établir des alliances avec des partis politiques plus importants afin de rendre possible une action libérale dans certains domaines

Posté
Comme j'attends de mon garagiste qu'il me répare ma voiture à ma place pour mon comte si je le paie pour ça…

Strawman

Dans la phrase de Jesrad, il y a une expression importante que tu as zappé pour construire ton homme de paille: forcé à

Ta mise en parallèle n'est donc pas valide.

J'ai l'impression que la notion d'échange n'est pas claire pour toi.

Reviens à la base des choses: la théorie subjectiviste de la valeur (LV.Mises)

Il te faut comprendre qu'un échange est mutuellement profitable (au moment de l'échange) s'il n'y a pas de contrainte qui force l'échange à avoir lieu. C'est l'absence de contrainte qui prouve qu'il est profitable. Si l'échange n'était pas subjectivement profitable pour l'une des 2 parties, alors l'échange n'aurait pas été conclu.

En présence d'une contrainte, il n'y a aucun moyen de savoir si "l'échange" est ou pas profitable.

Il est même sûrement non profitable, puisqu'il a fallu tordre le bras des 2, ou de l'un des 2, pour qu'il ait lieu !

L'usage de la contrainte détruit la valeur.

Mises: http://herve.dequengo.free.fr/Mises/AH/AH.htm

Posté
Il y a donc deux axes de développement possibles:

-d'une part, convaincre les esprits qu'une dépolitisation peut être bénéfique et donc nécessaire

-d'autre part, établir des alliances avec des partis politiques plus importants afin de rendre possible une action libérale dans certains domaines

Convaincre qu'une dépolitisation peut être bénéfique nous enferme trop facilement dans des raisonnements utilitaristes. A mon avis cette démarche a une chance de succès avec des gens réceptifs, chez qui la tentation libérale est déjà présente sans qu'ils en aient conscience. Plutôt électorat de centre droit à mon avis, assez neutre et pragmatique politiquement, assez lucide sur les errements de droite et de gauche, et touchés au portefeuille par les délires fiscaux en tous genres. C'est une approche assez économique : le libéralisme permet l'initiative individuelle, moins de chômage, l'augmentation du niveau de vie etc.

Plus j'y réfléchis et plus je tends à penser que cette approche, quoique valable et nécessaire, consiste à faire les choses en petit, ne convaincra que moyennement, et ne permettra qu'un changement marginal. Au mieux ça se traduira par une suèdisation du pays : un consensus soc-dem plus pragmatique et fonctionnel.

L'approche utilitariste suppose que les gens que vous voulez convaincre puissent adhérer à vos objectifs, et comprendre la pertinence des solutions proposées. C'est là que les choses se gâtent. La plupart des individus n'ont aucune culture politique, aucune connaissance des idées politiques. Ils se contentent de réagir en suivant beaucoup leurs émotions, et en tentant de tenir compte de leur vague appréciation morale de la situation. Ils ne se réfèrent pas à une étude sérieuse des fins et des moyens. C'est ainsi, et on y changera rien. Il est donc bien facile pour le premier démagogue venu de vendre n'importe quelle solution miracle.

La seule solution viable à mon avis consiste à se battre sur le terrain des valeurs morales. C'est plus difficile mais bien plus fiable. Personne ne lira Hayek Montesquieu Locke ou Bastiat avant de voter pour évaluer le programme des candidats. On ne se sort de là qu'en arrivant à incruster durablement dans la tête des individus que tels ou tels actes sont illégitimes, qu'on ne doit pas y recourir parce que c'est MAL.

C'est sur ce terrain que les collectivistes ont depuis longtemps gagné la partie en France : définir le bien et le mal. Pas les moyens à utiliser, mais bien les normes morales qui permettent de les évaluer. C'est ce qui permet au conservatism américain d'avoir encore une audience. C'est aussi ce qui explique la persistance de structures traditionnelles moralisantes dans notre société, et leur mutation permanente. (ll est intéressant d'analyser la vie de la société Française en observant les deux grandes institutions garantes des repères moraux dans le pays : l'église et le parti. La déchéance récente de ces deux acteurs peut donner des pistes intéressantes pour envisager la situation actuelle).

On ne s'attaquera vraiment au problème qu'en se battant réellement sur la conception du bien et du mal. Le reste, réformes économiques en tête, c'est du libéralisme tronqué et de la politique d'épicier : nécessaire, respectable, fragile, insuffisant.

Je dois dire qu'aucun parti politique libéral-compatible ne semble jouer sur ce terrain là en France. Le tissus associatif serait plus prometteur, mais je ne vois pas grand chose non plus de ce côté là, alors que pour véhiculer des valeurs douteuses les associations sont nombreuses et abattent un travail impressionnant.

Posté
Cela c'est le rôle du droit. Pour les libéraux, la base du droit c'est le droit naturel, le politique n'a pas de légitimité particulière pour appliquer le droit naturel et compte tenu des pressions électorales, de l'interférence avec ses intérêts propres, on peut même penser le contraire.

Et c'est là que nous ne sommes pas d'accord, et c'est pour cette raison que je me suis permis de vous répondre, car je pense que la politique est irréductible, y compris au droit. Si le bon fonctionnement de l'association humaine ne demandait que la simple transposition du droit naturel (prenons son acception rothbardien, qui revient plus ou moins au droit de propriété) dans le droit positif, alors effectivement, le projet de "dépolitiser" la société aurait un sens. Le droit naturel ne donne pas de solutions aux cas d'espèces, mais, comme toute loi, il ne fait que poser des principes généraux que des individus ont pour charge par la suite d'utiliser comme des règles pour trancher les litiges au mieux (en d'autres termes, pas de droit naturel sans juges et sans politiques). Je crois que l'erreur ici est de ramener la politique à la seule tambouille électorale des démocraties représentatives contemporaines (le Politique comme essence à la politique comme activité). Quelque soit le niveau, le nombre de personnes engagées ou les moyens institutionnels mis à dispositions, la politique commence là où les hommes décident de se mettre d'accord pour décider de règles collectives délibérées.

Mais peut-être n'ai-je pas bien compris le sens que vous mettiez derrière le terme de "dépolitisation" ? A priori, je n'ai pas l'impression d'être en but à une société française particulièrement politisée (elle l'est en tout cas beaucoup moins qu'il y a vingt ans, si on donne au terme "dépolitisation" le sens de renonciation des individus à l'engagement dans la sphère publique). Autre remarque, je ne partage pas votre analyse entre "dépolitisation" et extension du libéralisme. Plusieurs libéraux, et pas des moindres, ont défendu l'engagement civique comme le pendant nécessaire à l'extension de l'égalitarisme (je pense à James Madison ou Tocqueville) et à l'idéal libéral originel de gouvernement de soi. Peut être que le problème n'est pas tant la politique que sa monopolisation par l'état (puissance publique, institutions nationales) ?

Posté
Strawman

Dans la phrase de Jesrad, il y a une expression importante que tu as zappé pour construire ton homme de paille: forcé à

Ta mise en parallèle n'est donc pas valide.

Moi je vois le garagiste forcé à executer son contrat si de mon coté j'ai rempli ma part. De même on peut toujours considérer qu'un Etat exige une rémunération pour ses services (justice, protection) à ceux qui ont décidé de s'y installer en toute connaissance de cause.

Mais bon, je crois que je ferais mieux de ne pas m'avancer plus loin sur ce terrain, parce que j'ai l'impression qu'ici il n'y a pas de place pour discuter le rôle d'un Etat modéré… si on est pas anarcap jusqu'au bout des ongles, si on passe pas son temps à cracher sur la politique et les politiciens, on est pas libéral…

Posté
Mais peut-être n'ai-je pas bien compris le sens que vous mettiez derrière le terme de "dépolitisation" ?

Je suppose qu'on parle de limiter le pouvoir politique et de porter sur les faits un regard autre que politique. Tout n'est pas politique, tout n'a pas à l'être. Et je ne suis pas sûr que l'engagement politique soit en net recul, il sous tend l'engagement de nombreuses personnes dans des activités à caractère peu politique, ou très indirectement. Voire à ce sujet le type d'action et de discours de nombreuses associations.

Posté
Mais peut-être n'ai-je pas bien compris le sens que vous mettiez derrière le terme de "dépolitisation" ?

D'une part, la disparition de la classe politique qui pour beaucoup de libéraux constitue en l'état une nuisance plus qu'un bienfait. Visiblement, là dessus vous n'êtes pas d'accord puisque vous pensez que l'homme politique a une véritable fonction et utilité, qu'il est indispensable au fonctionnement de la société.

D'autre part, la sortie du débat public d'un certain nombre de thèmes qui pour beaucoup de libéraux ne concerne pas la sphère publique mais les différents acteurs privés concernés.

Posté
Mais bon, je crois que je ferais mieux de ne pas m'avancer plus loin sur ce terrain, parce que j'ai l'impression qu'ici il n'y a pas de place pour discuter le rôle d'un Etat modéré… si on est pas anarcap jusqu'au bout des ongles, si on passe pas son temps à cracher sur la politique et les politiciens, on est pas libéral…

Et re strawman, non, ce qui n’est pas franchement le bienvenu c’est de caricaturer la position anarcap, il y a des bonnes raisons de penser que le minarchisme est plus réaliste, ou que le libéralisme classique garantie mieux les libertés, mais il ne suffit pas de représenter l’anarcapisme d’une façon caricaturale pour être libéral, non.

Et que je sache, prétendre que l’absence d’état est toujours pire que la présence d’un état, quel qu’il soit, n’est pas franchement une position traditionnelle des libéraux classiques ou des minarchistes.

Pour ceux qui se posent des vrai questions et ne cherchent pas simplement a attaquer une position sans en avoir une très claire de leur coté… Je ne cherche pas a faire disparaitre le politique, mais a limiter son pouvoir a ceux que l’individu peut lui déléguer.

Ce que je rejette, ce n’est pas le pouvoir de l’état, mais l’apparition d’un nouveau pouvoir politique dépassant qualitativement et non pas seulement quantitativement le pouvoir des citoyens.

Je doute que si tu interrogeais les anarcaps, tu en trouverai beaucoup qui ne souhaitent pas de gestion commune de la cité, mais qui n’appellent pas ça un état et de la politique.

Posté
Moi je vois le garagiste forcé à executer son contrat si de mon coté j'ai rempli ma part.

Ben non, ça c'est une conception étatique où la loi est "enforced".

Il existe d'autres moyens que le law enforcement: la réputation, la confiance, l'ostracisme.

De nombreux proverbes dans le monde disent en substance: Mieux vaut un mauvais accord qu'un bon procès…

Sur ce sujet entre autres sujets, je t'invite à regarder / écouter la dernière conférence de Christian Michel --> voir Grenoble libérale

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