Aller au contenu

Vos questions sur la monnaie


Zax

Messages recommandés

Posté

En tant que non spécaliste, je me dis tout de même qu'en cas de cessation de paiement des créanciers d'une banque ayant 10 ou 20 fois moins d'actifs sous forme de fonds propres que sous forme de reconnaissances de dette, il y a comme un os … car une reconnaissance de dette, si elle a une valeur tant que la dette est remboursable, peut voir celle-ci annulée du jour au lendemain si l'emprunteur n'est pas solvable … Pour être franc, j'ai du mal à trouver une quelconque honnêteté ou bon sens dans ce mécanisme de création monétaire, puisqu'une banque est amenée à prêter déraisonnablement plus que ce qu'elle est en mesure de perdre, même si elle ne prête pas n'importe quoi à n'importe qui. C'est une des raisons pour lesquelles je me suis lancé dans l'édition de ce document même en ayant de maigres connaissances en économie au départ.

En revenant sur l'emploi du terme 'encourager', j'admets que ce n'est pas clair dans ma phrase. Cependant vous dites "La demande de monnaie dépend uniquement des emprunteurs", puis, une ligne en dessous "Le niveau de la demande des emprunteurs dépend du taux" … donc la demande de monnaie dépend finalement du taux fixé arbitrairement par la BC … Si la BC veut encourager la création monétaire (et donc les acteurs du marché à emprunter et les banques à prêter encore plus), elle baisse son taux directeur, la demande augmente, et la quantité de monnaie augmente …

Je reconnais de toutes façons que mon texte est relativement ambigu et propose donc la modification suivante :

Et comment est-elle créée, cette monnaie ? Juste en imprimant des billets ?

La monnaie ne peut être imprimée "comme ça", à partir de rien … Le principal moyen de créer de la monnaie est le prêt bancaire : les banques sont en effet autorisées à prêter beaucoup plus d'argent qu'elles n'en ont en réserve, en échange de "reconnaissances de dettes" (le contrat signé lors de l'emprunt). Elles créent ainsi de la monnaie scripturale qui n'est matérialisée que par des chiffres sur des relevés de compte … [La monnaie fiduciaire (pièces et billets) ne peut être imprimée qu'en cas de demande d'argent liquide par une banque, et ceci contre des titres ou obligations.]

(ce qui est entre crochets ne sera ajouté que si j'arrive à faire de la place … de plus la transition avec la suite serait un peu bancale …)

Posté
Les banques commerciales ont, me semble-t'il, une certaine latitude dans la création monétaire même si elle devrait être "tenue en laisse" par les banques centrales, non ?

Les banques commerciales créent de la monnaie au nom de la Banque Centrale. Juridiquement, les banques commerciales ne créent donc aucune monnaie. La banque commerciale émet de la monnaie sur ordre de la Banque Centrale, au nom de la Banque Centrale. Sur chaque euro est imprimé le nom de la Banque Centrale. Le nom de la banque commerciale n'apparait pas. Les "unités monétaires" sont créées sur ordre de la Banque Centrale par la banque commerciale. La banque commerciale ne crée pas de monnaie en son nom.

Lorsque j'écris "juridiquement", je ne me réfère pas à telle législation de tel pays. Je requalifie délibérément les règles administratives étatiques en contrat de fait. Le vocabulaire administratif ne rend pas compte des réalités économiques. La "régulation des banques commerciales" n'est rien d'autre que le contrat, imposé par la Banque Centrale aux banques commerciales.

Cette requalification juridique en contrat est nécessaire pour revenir à la réalité juridique des mécanismes bancaires. Cette nécessaire requalification contribue à dissiper l'obscurité sur la nature de monnaie. Cette obscurité monétaire est un des moyens de cette illusion délibérée entretenue par l'État.

Cette requalification juridique montre que la création monétaire par la banque commerciale provient d'un ordre de faire, certes automatique, donné par la Banque Centrale. Cet ordre automatique n'est pas une autorisation d'émettre donné à la Banque commerciale. C'est un ordre de faire sous condition d'exécution. Ces différences juridiques sont importantes.

Ainsi, il est juridiquement inexact d'affirmer que les banques commerciales créent la monnaie. C'est la situation d'un industriel donneur d'ordre qui sous-traite à un sous-traitant. Le sous-traitant fabrique les objet et y appose l'étiquette indiquant le nom de l'industriel. Juridiquement, pour les tiers, c'est l'industriel qui a fabriqué et non pas le sous-traitant. Pour les tiers, c'est la Banque Centrale qui crée la monnaie, et non pas les banques commerciales.

La Banque Centrale impose les règles de fonctionnement pour savoir dans quels cas la banque commerciale aura l'ordre automatique de la Banque Centrale pour émettre la monnaie.

Car la banque centrale dépend des bilans et des chiffres que les banques communiquent, et rien de plus obscur que le fonctionnement d'une grande banque commerciale.

En requalifiant les règlements administratifs en contrats, la nature de la monnaie apparaît clairement un titre financier ordinaire, c'est à dire un contrat unilatéral. Dès lors, la complexité d'une banque est analogue à la complexité des autres industries.

Par exemple, dans l'affaire Kerviel, si j'en crois Wikipedia (oui, je sais pas top comme source), il semblerait bien que la SG a cré ex nihilo quelque milliards qui n'apparaissent nul part.

Le terme "monnaie créée ex nihilo" ne convient pas. La monnaie est créée au moment où l'emprunteur signe sa reconnaissance de dette. Le métier du banquier est de vérifier que l'emprunteur remboursera le prêt bancaire. Le seul cas où la monnaie serait créée "ex nihilo" est le cas où la reconnaissance de dette n'a pas de valeur. L'emprunteur sait, au moment au prêt, qu'il ne remboursera pas. C'est évidemment de la fraude au détriment de la banque. Et si l'employé de banque prête sachant que l'emprunteur ne remboursera pas, il est complice de cette fraude.

Posté
Les banques commerciales créent de la monnaie au nom de la Banque Centrale. Juridiquement, les banques commerciales ne créent donc aucune monnaie. La banque commerciale émet de la monnaie sur ordre de la Banque Centrale, au nom de la Banque Centrale. Sur chaque euro est imprimé le nom de la Banque Centrale. Le nom de la banque commerciale n'apparait pas. Les "unités monétaires" sont créées sur ordre de la Banque Centrale par la banque commerciale. La banque commerciale ne crée pas de monnaie en son nom.

Lorsque j'écris "juridiquement", je ne me réfère pas à telle législation de tel pays. Je requalifie délibérément les règles administratives étatiques en contrat de fait. Le vocabulaire administratif ne rend pas compte des réalités économiques. La "régulation des banques commerciales" n'est rien d'autre que le contrat, imposé par la Banque Centrale aux banques commerciales.

Cette requalification juridique en contrat est nécessaire pour revenir à la réalité juridique des mécanismes bancaires. Cette nécessaire requalification contribue à dissiper l'obscurité sur la nature de monnaie. Cette obscurité monétaire est un des moyens de cette illusion délibérée entretenue par l'État.

Cette requalification juridique montre que la création monétaire par la banque commerciale provient d'un ordre de faire, certes automatique, donné par la Banque Centrale. Cet ordre automatique n'est pas une autorisation d'émettre donné à la Banque commerciale. C'est un ordre de faire sous condition d'exécution. Ces différences juridiques sont importantes.

Ainsi, il est juridiquement inexact d'affirmer que les banques commerciales créent la monnaie. C'est la situation d'un industriel donneur d'ordre qui sous-traite à un sous-traitant. Le sous-traitant fabrique les objet et y appose l'étiquette indiquant le nom de l'industriel. Juridiquement, pour les tiers, c'est l'industriel qui a fabriqué et non pas le sous-traitant. Pour les tiers, c'est la Banque Centrale qui crée la monnaie, et non pas les banques commerciales.

La Banque Centrale impose les règles de fonctionnement pour savoir dans quels cas la banque commerciale aura l'ordre automatique de la Banque Centrale pour émettre la monnaie.

En requalifiant les règlements administratifs en contrats, la nature de la monnaie apparaît clairement un titre financier ordinaire, c'est à dire un contrat unilatéral. Dès lors, la complexité d'une banque est analogue à la complexité des autres industries.

Le terme "monnaie créée ex nihilo" ne convient pas. La monnaie est créée au moment où l'emprunteur signe sa reconnaissance de dette. Le métier du banquier est de vérifier que l'emprunteur remboursera le prêt bancaire. Le seul cas où la monnaie serait créée "ex nihilo" est le cas où la reconnaissance de dette n'a pas de valeur. L'emprunteur sait, au moment au prêt, qu'il ne remboursera pas. C'est évidemment de la fraude au détriment de la banque. Et si l'employé de banque prête sachant que l'emprunteur ne remboursera pas, il est complice de cette fraude.

L'analogie de la relation au sous-traitant est assez large, parce que dans le cas du système bancaire, la Banque Centrale ne dit pas aux banques commerciales "bon, aujourd'hui, vous allez me faire X milliards de prêts personnels, X milliards de prêts aux entreprises, et X milliards de position en produits dérivés".

Je ne vois donc pas la Banque Centrale comme un donneur d'ordre, mais plutôt dans les faits, comme un assureur et préteur de dernier ressort des banques commerciales. Les banques commerciales peuvent créer de la monnaie scripturale tant qu'elles restent dans les ratios imposés par la banque centrale, et si une banque commerciale va mal, la banque centrale créera de la monnaie de base pour la reliquider. Donc plutôt que de voir les banques commerciales soumises à la banque centrale, je verrais plutôt les banques commerciales profiter du privilège que leur offre la banque centrale, qui y met quelques restrictions afin, officiellement, que les banques commerciales ne fassent pas couler tout le système.

Posté
L'analogie de la relation au sous-traitant est assez large, parce que dans le cas du système bancaire, la Banque Centrale ne dit pas aux banques commerciales "bon, aujourd'hui, vous allez me faire X milliards de prêts personnels, X milliards de prêts aux entreprises, et X milliards de position en produits dérivés".

Il me semble nécessaire de requalifier les relations administratives qui existe entre la Banque centrale et les banques commerciales. Cette requalification affirme que les relations économiques et juridiques réelles sont des relations contractuelles. Le schéma contractuel que je propose ci-dessus est une manière parmi d'autres manières de requalifier ces relations entre la Banque Centrale et les banques commerciales. Pour celui qui admet la nécessité de cette requalification juridique, d'autres schémas contractuels sont envisageables.

Je ne vois donc pas la Banque Centrale comme un donneur d'ordre, mais plutôt dans les faits, comme un assureur et préteur de dernier ressort des banques commerciales. Les banques commerciales peuvent créer de la monnaie scripturale tant qu'elles restent dans les ratios imposés par la banque centrale, et si une banque commerciale va mal, la banque centrale créera de la monnaie de base pour la reliquider. Donc plutôt que de voir les banques commerciales soumises à la banque centrale, je verrais plutôt les banques commerciales profiter du privilège que leur offre la banque centrale, qui y met quelques restrictions afin, officiellement, que les banques commerciales ne fassent pas couler tout le système.

Vous décrivez la nature des relations entre la Banque Centrale avec les banques commerciales en des termes proches de termes commerciaux, contractuels. Il est surement possible d'imaginer un contrat commercial correspondant à une fonction de "prêteur en dernier ressort". Ce serait, comme vous l'écrivez, une sorte d'assureur. Je partage donc votre analyse, même si elle est différente de la mienne. Elles sont, toutes les deux, des alternatives contractuelles qui peuvent être valables.

Les autres liens commerciaux que vous décrivez me semblent valables. Votre scénario me semble être une manière efficace de représenter une réalité des relations contractuelles entre la Banque Centrale et les banques commerciales.

Dans le cas de l'émission d'une unité monétaire, ou "billet", l'émission d'un "billet" s'analyse soit comme le résultat d'un ordre de la Banque Centrale, soit comme une autorisation d'émettre. Ce qui compte, dans un contrat, est son contenu exact, et non pas les mots par lesquels ont le désigne. C'est ainsi qu'il existe plusieurs scénarios valables, mais différents, pour partager les responsabilités mises en oeuvre par l'émission d'une unité monétaire.

Posté
En tant que non spécaliste, je me dis tout de même qu'en cas de cessation de paiement des créanciers d'une banque ayant 10 ou 20 fois moins d'actifs sous forme de fonds propres que sous forme de reconnaissances de dette, il y a comme un os … car une reconnaissance de dette, si elle a une valeur tant que la dette est remboursable, peut voir celle-ci annulée du jour au lendemain si l'emprunteur n'est pas solvable …

Vous évoquez les conséquences de la faillite d'une banque commerciale. Si l'emprunteur devient insolvable, la reconnaissance de dette ne vaut plus rien. Une reconnaissance de dettes est une "créance sur l'emprunteur". Le risque que vous mentionnez est le risque de créance douteuse. Les banquiers tiennent compte de ce risque, inhérent à leur profession. Ce risque existe et a toujours existé. Une hypothèque est un moyen de garantir la valeur d'une créance sur un emprunteur. Ce risque n'est pas, en lui-même, une cause qui invaliderait la cohérence du système monétaire actuel.

Le risque de manque de liquidité est une cause plus préoccupante de pérennité d'une banque. L'existence de ce risque rend difficile la conception d'un système monétaire solide. Parlons donc plutôt de ce risque de faillite.

Les banques commerciales sont sous-capitalisées. Et elles ont raison de faire le choix d'être sous-capitalisée car leur liquidité est explicitement garantie par la Banque Centrale. Leur besoin en fonds propres est donc limité d'autant. En effet, au cas où une banque commerciale ne parvient pas revendre ses reconnaissances de dettes, la Banque Centrale s'engage à lui prêter de la monnaie. C'est le mécanisme de "prêteur en dernier ressort".

Cette possibilité de sous-capitalisation des banques commerciales semble être un avantage du système de monnaie étatique monopolistique. Cette moindre capitalisation permet une meilleur ratio bénéfice/capital, c'est à dire une meilleure rentabilité des banques commerciales. Ce moindre coût financier permet un moindre taux d'intérêt pour leurs clients. Le risque capitalistique est ainsi reporté en partie sur l'Etat.

Les banques commerciales ont une obligation d'emprunter à la Banque Centrale, et donc, d'une certaine manière, une obligation de payer la Banque Centrale pour le service bancaire rendu. Ces versements à la Banque Centrale augmentent le coût d'exploitation des banques commerciales, et donc augmentent le taux d'intérêt pour les clients de la banque commerciale.

C'est ainsi que l'avantage économique d'un système monopolistique étatique de Banque Centrale est amoindri, voire peut-être supprimé, par son coût induit.

Revenons à un scénario de faillite d'une banque commerciale. Vous mentionnez le cas d'une banque sous-capitalisée dans un système monétaire de monopole étatique. Dans un tel cas, c'est l'Etat qui garantit la liquidité.

Dans le cas d'un système monétaire sans intervention aucune de l'Etat, les banques sont nécessairement très capitalisées. Dans le monde, il existe 1000 fois plus de capital que les montants des masses monétaires. Une banque ayant des fonds propres dix fois supérieurs à la masse monétaire émise pourra se constituer. Dès lors, ses actifs vendables lui permettent, dans tous les cas, d'obtenir rapidement des liquidités suffisantes.

Posté
Et comment est-elle créée, cette monnaie ? Juste en imprimant des billets ?

La monnaie ne peut être imprimée "comme ça", à partir de rien … Le principal moyen de créer de la monnaie est le prêt bancaire : les banques sont en effet autorisées à prêter beaucoup plus d'argent qu'elles n'en ont en réserve, en échange de "reconnaissances de dettes" (le contrat signé lors de l'emprunt). Elles créent ainsi de la monnaie scripturale qui n'est matérialisée que par des chiffres sur des relevés de compte … [La monnaie fiduciaire (pièces et billets) ne peut être imprimée qu'en cas de demande d'argent liquide par une banque, et ceci contre des titres ou obligations.]

(ce qui est entre crochets ne sera ajouté que si j'arrive à faire de la place … de plus la transition avec la suite serait un peu bancale …)

Pour le texte illustrant l'image de votre essai, je vous propose plutôt le bref commentaire suivant:

"Le banquier crée la monnaie en échange de la reconnaissance de dette de l'emprunteur. La reconnaissance de dette vaut un peu plus que la monnaie créée, du moins pour un banquier. Ainsi le banquier s'enrichit un peu à chaque prêt bancaire. Mais lorsque l'emprunteur ne rembourse pas, c'est une perte sèche pour le banquier."

Que la monnaie soit sous la forme de billet, en plastic, en papier, en métal, ou d'unité monétaire électronique dans un compte bancaire n'a aucune incidence sur la création monétaire. Ces diverses formes matérielles de la même monnaie sont parfaitement substituables.

Posté

Désolé, je n'ai pas eu le temps de répondre avant, j'ai eu une semaine chargée …

La reconnaissance de dette vaut un peu plus que la monnaie créée, du moins pour un banquier. Ainsi le banquier s'enrichit un peu à chaque prêt bancaire. Mais lorsque l'emprunteur ne rembourse pas, c'est une perte sèche pour le banquier.

J'ai du mal à voir le rapport avec l'idée que je cherche à faire passer à cet endroit du document. La question est "Comment est créée la monnaie ?" (je ne parle pas du cycle création-destruction, je dissocie les deux …). La monnaie est créée par un prêt bancaire, et ce prêt est matérialisé par le contrat d'une part (la reconnaissance de dette), et l'apparition de lignes sur le relevé de compte d'autre part. Sachant que la banque prête de l'argent qu'elle n'a pas réellement, je trouve légitime de souligner "l'abstraction" de la monnaie scripturale (comme je pourrais le faire pour toute forme de monnaie) … La banque ne pourrait par exemple pas se comporter de la même façon pour des prêts en sacs de blé, par exemple. Même si la reconnaissance de dette en sacs de blé vaut plus pour le banquier que les sacs de blés, un banquier en sacs de blés ne pourrait pas en prêter plus qu'il n'en a dans son grenier.

Posté
J'ai du mal à voir le rapport avec l'idée que je cherche à faire passer à cet endroit du document. La question est "Comment est créée la monnaie ?" (je ne parle pas du cycle création-destruction, je dissocie les deux …).

La création et la destruction de monnaie me semblent être deux mécanismes juridiques dont les logiques sont parfaitement symétriques. Comprendre l'une, c'est comprendre l'autre. Et réciproquement.

La monnaie est créée par un prêt bancaire, et ce prêt est matérialisé par le contrat d'une part (la reconnaissance de dette),

Le banquier échange des unités monétaires contre une reconnaissance de dette. Chaque unité monétaire est une créance sur le banquier émetteur. La reconnaissance de dette est une créance sur l'emprunteur. Un prêt bancaire s'analyse comme un échange de créances, créances de natures différentes.

et l'apparition de lignes sur le relevé de compte d'autre part.

Tout billet de banque, toute unité monétaire, est une obligation juridique de l'émetteur envers le possesseur de l'unité monétaire. Cette obligation du banquier peut être matérialisée, c'est à dire prouvée, par un billet, par une pièce, par une preuve électronique. Ce sont des moyens de preuves de l'existence d'une obligation du banquier. Ces moyens de preuve sont divers et parfaitement substituables entre eux. Il n'y a donc aucune pertinence à faire un distinction de nature de la monnaie selon que la preuve de l'obligation est un billet de banque en papier, une pièce en métal ou un nombre informatique sur un compte bancaire.

Sachant que la banque prête de l'argent qu'elle n'a pas réellement,

Cette phrase contient, à mon avis, le noyau dur des erreurs sur la création monétaire. Comme presque toujours dans une erreur intellectuelle, l'erreur provient de la définition des termes utilisés. Les trois mots litigieux sont "prête", "argent" et "réellement".

Le mot "prêt" a deux significations proches mais différentes. On connaît bien le mot "prêter" lorsqu'on prête un livre ou un objet qu'on possède. Le prêt bancaire doit s'analyser plus finement. Le prêt bancaire consiste à prêter une "obligation" du banquier, laquelle obligation est une unité monétaire. De même, l'emprunteur "prête" sa reconnaissance de dette au banquier. Cette utilisation du mot "prêter" est inhabituelle. Et pourtant, elle est aussi légitime que dans l'expression "le banquier prête un billet de banque". Dès l'instant où le banquier s'est engagé, la monnaie émise est une obligation du banquier. Chaque unité monétaire a alors la valeur de l'engagement du banquier.

Il est donc inexact d'affirmer que le banquier prêterait ce qu'il n'a pas. Il prête une obligation, son obligation. Cette obligation existe "réellement". Le banquier prête donc ce qui lui appartient, et qui existe réellement. Cette obligation sur le banquier a donc une valeur marchande. Cette obligation existe à l'instant exact ou elle est entre les mains de l'emprunteur. De même la reconnaissance de dette existe à l'instant où elle est entre les mains du banquier.

Un utilisateur remettra au banquier son "obligation" en échange de l'or convenu, ou de tout autre compensation. Dès lors, revenue entre les mains du banquier, l'obligation du banquier est aussitôt nulle. C'est la destruction de la monnaie(démonétisée).

Lorsque l'emprunteur a remboursé sa dette, le banquier lui restitue la reconnaissance de dette que l'emprunteur avait "prêtée" au banquier. J'utilise ici ce même terme "prêter" dans le but de bien faire comprendre à quel point les situations sont symétriques entre le banquier et l'emprunteur.

On pourrait ainsi se demander s'il faudrait faire deux définitions distinctes du mot "prêter" dans le dictionnaire de la langue française. Ou bien si ces messieurs du dictionnaire admettent qu'on peut prêter son propre engagement, prêter son obligation d'une action à faire. Ces deux usages du mot "prêter" sont au coeur de bien des confusions sur la monnaie.

Tout "argent" est une obligation du banquier émetteur qui a émis cette monnaie. C'est une obligation juridique. Cette obligation provient de la loi. Dans le cas de monnaie privée, chaque unité monétaire est un simple contrat commercial entre le banquier et le porteur du billet de banque. Lequel contrat commercial constitue une loi privée entre le banquier et le porteur de monnaie. Dans le cas de la monnaie étatique, cette obligation provient des lois étatiques régissant le fonctionnement de la Banque Centrale.

je trouve légitime de souligner "l'abstraction" de la monnaie scripturale (comme je pourrais le faire pour toute forme de monnaie) …

Certes, il n'est pas totalement inexact de dire qu'un engagement est une "abstraction". L'engagement de qq'un à faire qq chose a une valeur, et même une valeur marchande. C'est le cas de tous les titres financiers. Ils sont des "abstractions", c'est à dire ils sont des contrats unilatéraux très ordinaires. La monnaie est très banalement de la même nature qu'un titre financier ordinaire. C'est une obligation du banquier. Il est devenu si banal d'acheter et de vendre des titres financiers qu'on peut se demander s'il est légitime de qualifier d' "abstraction" un titre financier. Dès qu'on a compris un mécanisme "abstrait", il semble soudain très concret.

La banque ne pourrait par exemple pas se comporter de la même façon pour des prêts en sacs de blé, par exemple.

Je ne suis pas d'accord avec vous. Le banquier prête son engagement de faire qq chose. Cet engagement est tout aussi réel qu'un sac de blé. Le banquier se comporte donc de la même façon en prêtant des sacs de blé ou en prêtant son propre engagement que sont des titres financiers. Ces titres financiers peuvent être, par exemple, des unités monétaires.

Même si la reconnaissance de dette en sacs de blé vaut plus pour le banquier que les sacs de blés, un banquier en sacs de blés ne pourrait pas en prêter plus qu'il n'en a dans son grenier.

oui.

Posté
La banque ne pourrait par exemple pas se comporter de la même façon pour des prêts en sacs de blé, par exemple. Même si la reconnaissance de dette en sacs de blé vaut plus pour le banquier que les sacs de blés, un banquier en sacs de blés ne pourrait pas en prêter plus qu'il n'en a dans son grenier.

Je ne suis pas sûr de ce que tu veux dire, mais le mécanisme serait le même avec des sacs de blés. Sauf qu'à la place on aurait des sacs de blés scripturaux.

Ainsi, si quelqu'un vient te faire un emprunt de 10 sacs de blés, tu peux l'accepter, et rajouter 10 sacs sur son compte. Tant que tout le monde ne vient pas retirer ses sacs, le montant des prêts peut être supérieur au total des sacs dans le coffre de la banque.

Reste à savoir si c'est licite, mais la réserve fractionnaire marche aussi avec un système bancaire basé sur des biens "concrets".

Posté
Reste à savoir si c'est licite, mais la réserve fractionnaire marche aussi avec un système bancaire basé sur des biens "concrets".

Genre, de l'or. Historiquement, la réserve fractionnaire a avant tout marché avec des marchandises matérielles.

Posté
Je ne suis pas sûr de ce que tu veux dire, mais le mécanisme serait le même avec des sacs de blés.

Je disais à ouk que le mécanisme pour des sacs de blé est différent du mécanisme pour la monnaie moderne. Cette monnaie moderne est un obligation du banquier. Le sac de blé est une monnaie "ancienne". La valeur du sac de blé ne dépend pas d'une obligation du vendeur de sac.

Sauf qu'à la place on aurait des sacs de blés scripturaux.

Dans son exemple des sacs de blé, ouk supposait explicitement que la monnaie se limitait aux sacs de blé. Il excluait donc, à mon avis, la promesse de livrer des sacs de blé. Si la promesse de livrer des sacs de blé est une monnaie, alors, cette monnaie est alors une monnaie "moderne". Dans votre cas d'accepter une promesse comme monnaie, la monnaie est alors une obligation de l'émetteur de la promesse de livrer du blé. Et on revient à une monnaie de type "moderne".

Ainsi, si quelqu'un vient te faire un emprunt de 10 sacs de blés, tu peux l'accepter, et rajouter 10 sacs sur son compte.

oui.

Tant que tout le monde ne vient pas retirer ses sacs, le montant des prêts peut être supérieur au total des sacs dans le coffre de la banque.

oui. Dans un tel cas, certains possesseurs de promesse de sacs de blé ne seront pas satisfaits. En effet, il devront attendre qq mois avant de recevoir le blé promis. Le banquier A peut aussi revendre des créances sur qq emprunteurs à un autre banquier B. C'est le marché interbancaire. Et ainsi le blé promis par le banquier A sera versé plus rapidement aux possesseurs de promesse, c'est a dire de monnaie.

Reste à savoir si c'est licite, mais la réserve fractionnaire marche aussi avec un système bancaire basé sur des biens "concrets".

Pour savoir si "c'est licite", il suffit de se reporter au "contrat de monnaie", c'est à dire au texte exact du contrat expliquant les engagements exacts du banquier dans le cas ou un possesseur de promesse demande son blé. Le "contrat de monnaie" dira le nombre de jours maximal que s'autorise le banquier pour verser le blé. Si le banquier A ne respecte pas son contrat de monnaie, le possesseur d'une promesse de blé attrait le banquier A devant un tribunal. Ce tribunal décidera alors la liquidation immédiate de la banque.

Un contrat de monnaie peut aussi prévoir que le possesseur de monnaie attendra son blé et sera dédommagé par le versement d'un taux d'intérêt. Dans un tel cas, le tribunal vérifiera que la valeur des actifs du banquier lui permettront de respecter son engagement. Les actifs du banquier sont principalement la valeur des reconnaissances de dettes sur les emprunteurs.

Si un banquier veut donner une plus grande sécurité aux usagers de sa monnaie, il mettra dans les actifs de la banque, c'est à dire dans le capital de la banque, certains biens immobiliers. Ainsi, en cas de manque de blé, le banquier A vendra qq biens immobiliers pour obtenir du blé. Et ainsi, les utilisateurs de sa monnaie ont des meilleures garanties d'obtenir très rapidement leur blé.

Posté
La création et la destruction de monnaie me semblent être deux mécanismes juridiques dont les logiques sont parfaitement symétriques. Comprendre l'une, c'est comprendre l'autre. Et réciproquement.

Oui, je suis bien d'accord, mais les dissocier, ne serait-ce que parce que le mécanisme est séquentiel (pour un prêt donné) et que la destruction n'intervient qu'après, voire bien après (si elle intervient), ne me paraît pas incompatible avec la réalité ?

Cette phrase contient, à mon avis, le noyau dur des erreurs sur la création monétaire. Comme presque toujours dans une erreur intellectuelle, l'erreur provient de la définition des termes utilisés. Les trois mots litigieux sont "prête", "argent" et "réellement".

D'où ma tentative de métaphore avec les sacs de blés, j'essaie de préciser mes pensées ci-dessous.

Je comprends votre raisonnement sur le prêt d'obligation, mais j'ai toujours du mal à le partager (ça viendra peut-être, je suis un peu têtu mais pas borné !) et d'en concevoir la légitimité.

Tout "argent" est une obligation du banquier émetteur qui a émis cette monnaie. C'est une obligation juridique. Cette obligation provient de la loi. Dans le cas de monnaie privée, chaque unité monétaire est un simple contrat commercial entre le banquier et le porteur du billet de banque. Lequel contrat commercial constitue une loi privée entre le banquier et le porteur de monnaie. Dans le cas de la monnaie étatique, cette obligation provient des lois étatiques régissant le fonctionnement de la Banque Centrale.

Certes. Mais que penser d'une obligation, même juridique, intenable ? Si quelqu'un me fait une promesse et que la loi me dit que cette promesse sera honorée, la loi peut très bien avoir oublié (plus ou moins volontairement) que la promesse peut tout simplement ne pas être physiquement honorable !

Certes, il n'est pas totalement inexact de dire qu'un engagement est une "abstraction". […] Dès qu'on a compris un mécanisme "abstrait", il semble soudain très concret.

Qu'on l'ait compris ou non, il reste que l'emploi de monnaie est bien plus abstrait qu'une marchandise "utilisable" ayant une valeur intrinsèque, tel qu'un sac de blé (non avarié !) … D'autre part, d'un point de vue de la perception des choses (qui est fausse, je vous l'accorde), +100 euros sur un compte est plus "abstrait" qu'un billet de 100 euros …

Je ne suis pas d'accord avec vous. Le banquier prête son engagement de faire qq chose. Cet engagement est tout aussi réel qu'un sac de blé. Le banquier se comporte donc de la même façon en prêtant des sacs de blé ou en prêtant son propre engagement que sont des titres financiers. Ces titres financiers peuvent être, par exemple, des unités monétaires.
Je ne suis pas sûr de ce que tu veux dire, mais le mécanisme serait le même avec des sacs de blés. Sauf qu'à la place on aurait des sacs de blés scripturaux.

Ainsi, si quelqu'un vient te faire un emprunt de 10 sacs de blés, tu peux l'accepter, et rajouter 10 sacs sur son compte. Tant que tout le monde ne vient pas retirer ses sacs, le montant des prêts peut être supérieur au total des sacs dans le coffre de la banque.

Je suis d'accord avec vous deux si l'on considère le sac de blé comme unité monétaire … et que l'emprunteur de sacs de blés ne veut pas faire de farine, en bref, ne veut pas transformer les sacs de blé prêtés. Si, en effet, tous les emprunteurs retiraient leur blé (au sens propre :icon_up: ) pour faire de la farine (car au final lorsqu'on emprunte de l'argent - ou du blé - c'est bien pour l'utiliser, à part qu'on ne passe pas ses euros à la meule), la banque qui "crée de la monnaie" en prêtant plus de blé (donc certainement du blé scriptural !) qu'elle n'en a en stock serait dans l'impossibilité de fournir les quantités qu'elle a prêtées aux emprunteurs désirant faire de la farine … c'est ça qui me gêne, dans le mécanisme de création monétaire et destruction qui lui est associé : un prêt de 10 sacs de blés scripturaux (même en considérant que ces 10 sacs sont détruits ensuite) n'est pas lié à la récolte préalable de 10 sacs de blé.

Reste à savoir si c'est licite, mais la réserve fractionnaire marche aussi avec un système bancaire basé sur des biens "concrets".

C'est justement le principe de la réserve fractionnaire que je me permets de critiquer à travers ce document …

Pour décrire le fond de ma pensée, j'assimile le système actuel à : "On dit que j'ai 1 M d'euros sur mon compte, ce n'est pas vrai mais on fait comme si (je n'ai pas travaillé pour avoir ce M d'euros sur mon compte), donc je te fais un virement de 1M d'euros que tu peux dépenser comme tu veux et tu me fais un papier comme quoi tu me dois 1M d'euros". Ce M d'euro n'a été créé que par le "on dit que …", et non pas par un travail créant de la valeur ajoutée. D'accord il est ensuite détruit, mais pendant sa durée d'existence, ce M d'euro ne correspond pas à une création de valeur, il est "artificiel". C'est peut-être une vision trop terre à terre et typique du débutant que je suis, mais ça me chiffonne toujours, malgré vos explications détaillées. Je vais tâcher de cogiter tout ça …

Posté
Dans son exemple des sacs de blé, ouk supposait explicitement que la monnaie se limitait aux sacs de blé. Il excluait donc, à mon avis, la promesse de livrer des sacs de blé. Si la promesse de livrer des sacs de blé est une monnaie, alors, cette monnaie est alors une monnaie "moderne". Dans votre cas d'accepter une promesse comme monnaie, la monnaie est alors une obligation de l'émetteur de la promesse de livrer du blé. Et on revient à une monnaie de type "moderne".

Non, justement, d'où l'allusion au grenier !

Posté
Non, justement, d'où l'allusion au grenier !

Vous disiez "on considère le sac de blé comme unité monétaire". L'unité monétaire est alors le sac de blé, et non pas la promesse de livrer un sac de blé. C'est juridiquement très différent. La monnaie "un sac de blé" est nécessairement différente de la monnaie "promesse d'un sac de blé". Si l'émetteur de la promesse d'un sac de blé est honorable, cette promesse sera jugée comme équivalente par certains. Il s'agit de deux monnaies distinctes. Ceux qui connaissent l'honorabilité de l'émetteur de la promesse jugeront qu'une telle promesse d'un sac de blé a autant de valeur d'un sac de blé.

Ces deux monnaies "sac de blé" et "promesse d'un sac de blé" ont le même "sous-jacent", c'est à dire la valeur du blé. Mais ces deux monnaies sont nécessairement différentes.

Posté
Je comprends votre raisonnement sur le prêt d'obligation, mais j'ai toujours du mal à le partager (ça viendra peut-être, je suis un peu têtu mais pas borné !) et d'en concevoir la légitimité.

La difficulté que vous rencontrez, et que rencontrent certains, est purement sémantique. Elle ne concerne que l'usage d'un mot ambigu, le mot "prêter". C'est dans un but purement pédagogique que j'utilise l'expression "prêter une obligation". Je n'aime pas cette expression, que j'emploie néanmoins, faute d'imaginer un autre moyen pédagogique. C'est pour tenter de montrer que le verbe "prêter" ne convient pas parfaitement à la nature du contrat d'échange entre une reconnaissance de dette et le versement de billets de banque.

Un autre moyen pédagogique est de dire que le banquier ne prête pas de l'argent, mais "vend" des titres financiers en échange de la reconnaissance de dettes. Une autre manière de décrire cette opération est de dire qu'il s'agit d'une sorte de troc. Le prêt bancaire n'est alors plus un "prêt", mais une simple vente.

J'ignore quelle présentation saura mieux vous faire comprendre la réalité juridique de la création monétaire au moment du prêt bancaire.

Certes. Mais que penser d'une obligation, même juridique, intenable ?

C'est la responsabilité de l'emprunteur de vérifier que le banquier saura respecter son obligation. C'est la responsabilité et le savoir-faire du banquier de vérifier que l'emprunteur saura respecter son obligation.

Si quelqu'un me fait une promesse et que la loi me dit que cette promesse sera honorée, la loi peut très bien avoir oublié (plus ou moins volontairement) que la promesse peut tout simplement ne pas être physiquement honorable !

Que signifie " promesse physiquement honorable"? La qualité de la promesse dépend uniquement de la qualité de l'émetteur de cette promesse. Chacun va démontrer à l'autre, par des arguments convaincants, qu'il a les moyens d'honorer cette promesse. Si on veut utiliser des mots parfaitement exacts, il faut malheureusement s'éloigner des mots ordinaires. Il faudrait dire alors qu'il n'existe pas de prêt, mais qu'il existe seulement des ventes d'obligations de chacun. Ce serait plus exact.

Posté
Vous disiez "on considère le sac de blé comme unité monétaire".

Ok, je me suis en effet mal exprimé dans mon post initial.

La difficulté que vous rencontrez, et que rencontrent certains, est purement sémantique. Elle ne concerne que l'usage d'un mot ambigu, le mot "prêter".

Non, je pense que j'ai saisi les nuances. Ce que je ne conçois pas est résumé dans le dernier paragraphe de ce message.

C'est la responsabilité de l'emprunteur de vérifier que le banquier saura respecter son obligation. C'est la responsabilité et le savoir-faire du banquier de vérifier que l'emprunteur saura respecter son obligation.

Oui, mais je ne crois pas que plus de 1% des personnes qui souscrivent un prêt soient au courant que la monnaie qu'il emprunte va être créée, alors que le banquier, lui, le sait parfaitement …

Que signifie " promesse physiquement honorable"? La qualité de la promesse dépend uniquement de la qualité de l'émetteur de cette promesse. Chacun va démontrer à l'autre, par des arguments convaincants, qu'il a les moyens d'honorer cette promesse. Si on veut utiliser des mots parfaitement exacts, il faut malheureusement s'éloigner des mots ordinaires. Il faudrait dire alors qu'il n'existe pas de prêt, mais qu'il existe seulement des ventes d'obligations de chacun. Ce serait plus exact.

Si une banque prête 100 sacs de blé scripturaux, et qu'elle n'en a que 10 dans son grenier, alors je considère que la promesse de livrer des sacs de blé à ses emprunteurs (qui veulent probablement faire de la farine) n'est pas physiquement honorable.

Posté
Si une banque prête 100 sacs de blé scripturaux, et qu'elle n'en a que 10 dans son grenier, alors je considère que la promesse de livrer des sacs de blé à ses emprunteurs (qui veulent probablement faire de la farine) n'est pas physiquement honorable.

Le banquier A émet 100 sacs-A. Chaque sac-A est une obligation du banquier A de remettre un sac de blé a tout possesseur d'un titre de "sac-A". Le sac-A est ainsi la monnaie créée par le banquier A.

Imaginons que ce banquier possède assez d'or pour acheter 1000 sac de blé. Dans un tel cas, le banquier A pourra émettre 100 sac-A même s'il ne possède aucun sac de blé. Lorsque un porteur de billet "sac-A" viendra pour le versement du blé, le banquier A achètera qq sacs de blé. Ensuite le banquier A remettra un sac de blé au porteur de billet.

Ainsi, ce qui est important est de savoir si, oui ou non, le banquier est assez riche pour acheter suffisamment de blé. Ainsi, contrairement à ce que vous dites, la promesse du banquier A est honorable même dans le cas où le banquier ne possède pas le blé dans ses greniers. En d'autres termes, le banquier A achète, en un clic, qq sacs de blé à un stockeur de blé. Puis le banquier A remet au porteur de billet un bon de retrait d'un sac de blé chez ce stockeur de blé.

Le débat sur le fait que le banquier doive ou non posséder physiquement le sous-jacent est donc absurde. Le seul critère valable est de savoir si le banquier est suffisamment riche pour acheter le sous-jacent dans un délai indiqué dans le contrat de monnaie.

Posté
Le débat sur le fait que le banquier doive ou non posséder physiquement le sous-jacent est donc absurde. Le seul critère valable est de savoir si le banquier est suffisamment riche pour acheter le sous-jacent dans un délai indiqué dans le contrat de monnaie.

En effet, dans mes réflexions (un peu rapides, il faut l'avouer) j'ai omis le fait que le banquier ne possède, à l'origine, pas que des sacs de blé et possède probablement au moins le grenier, et que par conséquent si il ne possédait rien d'autre que 10 sacs de blé, personne ne lui emprunterait plus de 10 sacs de blé. La responsabilité des emprunteurs étant comme vous l'indiquez de vérifier que la banque est en mesure d'honorer ses obligations, et vice et versa.

Merci pour vos explications en tous cas, elles n'auront pas été vaines ! Je vais adapter mon document en conséquence.

Posté
Le banquier A émet 100 sacs-A. Chaque sac-A est une obligation du banquier A de remettre un sac de blé a tout possesseur d'un titre de "sac-A". Le sac-A est ainsi la monnaie créée par le banquier A.

Imaginons que ce banquier possède assez d'or pour acheter 1000 sac de blé. Dans un tel cas, le banquier A pourra émettre 100 sac-A même s'il ne possède aucun sac de blé. Lorsque un porteur de billet "sac-A" viendra pour le versement du blé, le banquier A achètera qq sacs de blé. Ensuite le banquier A remettra un sac de blé au porteur de billet.

Ainsi, ce qui est important est de savoir si, oui ou non, le banquier est assez riche pour acheter suffisamment de blé. Ainsi, contrairement à ce que vous dites, la promesse du banquier A est honorable même dans le cas où le banquier ne possède pas le blé dans ses greniers. En d'autres termes, le banquier A achète, en un clic, qq sacs de blé à un stockeur de blé. Puis le banquier A remet au porteur de billet un bon de retrait d'un sac de blé chez ce stockeur de blé.

Le débat sur le fait que le banquier doive ou non posséder physiquement le sous-jacent est donc absurde. Le seul critère valable est de savoir si le banquier est suffisamment riche pour acheter le sous-jacent dans un délai indiqué dans le contrat de monnaie.

Cela présuppose que les placements du banquier sont suffisamment liquides pour pouvoir être échangés à la demande contre le produit de référence dans le contrat de monnaie du banquier.

On voit en ce moment que les banquiers ont largement placés "leurs" billes dans des produits illiquides. Par ailleurs, ce qui est liquide un jour ne l'est pas forcément le lendemain.

Entre un banquier qui émet des "contrats de monnaie" échangeable contre de l'or et qui possède de l'or et un banquier qui émet des "contrats de monnaie" en or, mais qui a des CDOs de subprime et des engagements hors bilan a X fois son bilan, ça sera vite vu quel contrat de monnaie vaudra plus que l'autre. Par contre, le banquier qui propose la mauvaise monnaie pourra jouer l'illusion pendant un temps, et pourrait mettre à mal le banquier qui propose la bonne monnaie.

Maintenant, on peut supposer que ces montages tordus illiquides ne sont tenables aujourd'hui que parce qu'il y a une banque centrale derrière qui créé de la monnaie à partir de rien lorsque justement les banquiers ont trop joué au casino.

Aussi, je ne vois pas trop le rapport entre votre modèle de banque fractionnaire et ce qui est communément appelé "banque à réserve fractionnaire". Une banque à réserve fractionnaire, lorsqu'elle fait un prêt, comptablement, elle ajoute le montant du prêt au passif (où se trouve les comptes de ses clients), et met à l'actif, la créance sur l'emprunteur. Càd que la monnaie crée n'est couverte que par la promesse que le client remboursera. Votre modèle est bcp plus proche d'une réserve 100%, sauf que les actifs de la banque ne sont pas forcément dans la monnaie de référence des contrats émis par la banque.

Néanmoins, j'en reviens toujours au fait que les échanges interbancaires seront en monnaie de référence des contrats et pas en parts de bilan de la banque émettrice.

Une banque qui se met justement en pur 100% ne va pas accepter des "contrats de monnaie" d'autres banques qui font des placements tordus, elle demandera le paiement dans la monnaie de référence. à ce titre, la monnaie sera la monnaie de référence des contrats et non pas les contrats en eux-mêmes.

D'autre part, ce modèle permet aux banquiers d'engranger des profits de placement, alors que le "dépositaire" ne gagne pas grand chose à part le fait de ne pas payer des frais de garde, je trouve l'avantage bien faible vis à vis du risque d'illiquidité.

Alors sans doute aussi que ce que nous observons aujourd'hui est un excès stimulé par l'existence de la banque centrale, et que les banquiers non-100% auront quand même une bonne part de leur bilan en monnaie de référence des contrats qu'elles émettent.

Posté
Cela présuppose que les placements du banquier sont suffisamment liquides pour pouvoir être échangés à la demande contre le produit de référence dans le contrat de monnaie du banquier.

Le contrat de monnaie indique qu'en cas de demande de remboursement, le banquier fournira telle autre monnaie, dite "monnaie de conversion". Le contrat de monnaie peut stipuler plusieurs "monnaies de conversion". Certaines de monnaies de conversion peuvent être marginales et peu pratiques. Le contrat de monnaie précise aussi le détail de la procédure judiciaire lorsque la banque ne peut pas verser ce qu'elle a promis de verser.

Une bonne gestion de patrimoine, préservant la valeur des actifs, recommande de diversifier la nature des actifs. En bon gestionnaire, le banquier choisira donc des actifs différents du sous-jacent de sa monnaie. Mais la quantité des actifs sera suffisante pour obtenir suffisamment de cette monnaie de conversion même dans les cas de grande fluctuation des cours.

Le contrat de monnaie précise toujours un délai de remboursement en cette "monnaie de conversion". Le banquier veillera à ce que la durée moyenne de vente des actifs de son portefeuille soit suffisamment faible. Le risque d'illiquidité sera ainsi plus faible.

Il existe aujourd'hui, dans le monde 1000 fois plus de capital que le montant des masses monétaires. Il est donc possible et peu coûteux qu'une banque soit "sur-capitalisée". Un banquier privé sera donc d'abord une société de gestion de patrimoine. Et la monnaie émise sera une quotité de la valeur de son patrimoine. Une émission monétaire correspondant à 10% des actifs me semble très sécurisé. Ce pourcentage de 10% correspond à une sorte de super ratio Cooke de 1000% alors que le ratio Cooke actuel est à 8%.

On voit en ce moment que les banquiers ont largement placés "leurs" billes dans des produits illiquides. Par ailleurs, ce qui est liquide un jour ne l'est pas forcément le lendemain.

Je ne suis pas entièrement d'accord avec vous. Une créance sur un emprunteur est le plus souvent illiquide. Les grosses entreprises ont parfois avantage à émettre des obligations pour financer leur dettes. Le banquier sait transformer certains actifs illiquides en actifs liquides. C'est une partie de son savoir-faire. L'innovation financière le permet, sauf lorsqu'elle est contrariée par des règlements étatiques.

Tout banque privée, comme toute société commerciale, est contrainte de prendre des risques. Une erreur de gestion nuit aux clients d'une entreprise. Une mauvaise gestion d'un monopole nuit à tous les citoyens. C'est le monopole monétaire qui est nuisible, et non pas le principe de la création monétaire. S'il n'y avait pas eu de monopole monétaire, seuls certains clients auraient été touchés par les erreurs de gestion d'une seule banque, d'une seule monnaie.

En ce qui concerne la crise monétaire de 2008, la Banque Centrale devait assurer le service de "prêteur en dernier ressort". C'est à dire qu'elle devait fournir des liquidités aux banques qui en manqueraient. Or la Banque Centrale en fut incapable. La Banque Centrale aura du régler le problème d'illiquidité en 24 heures maximum. Or elle a mis plusieurs mois car elle devait avoir le feu vert politique de l'Etat. En effet, l'État américain avait implicitement garantit pour quelques 1000 milliards de dollars de créances douteuses uniquement sur les crédits "subprime". Et la Banque Centrale n'a pas vu le risque monétaire contenu dans une telle garantie étatique irresponsable sur ces créances.

Entre un banquier qui émet des "contrats de monnaie" échangeable contre de l'or et qui possède de l'or et un banquier qui émet des "contrats de monnaie" en or, mais qui a des CDOs de subprime et des engagements hors bilan a X fois son bilan, ça sera vite vu quel contrat de monnaie vaudra plus que l'autre.

Vous comparez deux situations bancaires à des instants respectivement différents. Ces deux situations ne sont pas, à mon avis, comparables. Les banquiers ont pris conscience de l'existence de créances douteuses dans leurs actifs. Apres cette pénible découverte, il est évident qu'ils ont regretté de ne pas posséder un autre actif qui aurait conservé sa valeur. Mais vous ne pouvez pas déduire valablement de cette comparaison que la possession d'actifs en or aurait été, a priori, préférable.

Par contre, le banquier qui propose la mauvaise monnaie pourra jouer l'illusion pendant un temps, et pourrait mettre à mal le banquier qui propose la bonne monnaie.

Implicitement, vous posez la question de savoir s'il serait possible de savoir, a priori, quelle est la "bonne" monnaie et quelle serait la mauvaise monnaie. Cette question est principalement la question de mesurer la valeur des actifs hors de tout marché. Tout gestionnaire d'entreprise se pose la question d'une méthode de mesure de la valeur de ses actifs. Cette question de gestion est très technique et a plusieurs approches.

Le premier critère d'une "bonne" monnaie est que les actifs garantissant la monnaie aient une valeur supérieure à la masse monétaire émise.

Maintenant, on peut supposer que ces montages tordus illiquides ne sont tenables aujourd'hui que parce qu'il y a une banque centrale derrière qui créé de la monnaie à partir de rien lorsque justement les banquiers ont trop joué au casino.

Vous semblez dire que la titrisation des créances sur les emprunteurs serait un "montage tordu". Si c'est le cas, je ne suis pas du tout d'accord avec vous sur ce point. Lorsque c'est possible, c'est l'idéal. En effet, fondamentalement, le travail du banquier est de produire de la richesse liquide, échangeable, a partir de richesse illiquide. Ce travail de fournir de la liquidité est le premier service que rend, à ses clients, un producteur de monnaie.

Lorsque la créance sur l'emprunteur n'est pas une créance douteuse, sa valeur marchande est nécessairement supérieure à la masse monétaire émise. La création monétaire est donc, dans son principe, une opération vertueuse, intellectuellement logique et qui produit de la valeur. Un banquier ne joue pas "au casino". Mais les banquiers peuvent parfois se tromper sur la valeur de certains de leurs actifs.

Aussi, je ne vois pas trop le rapport entre votre modèle de banque fractionnaire et ce qui est communément appelé "banque à réserve fractionnaire". Une banque à réserve fractionnaire, lorsqu'elle fait un prêt, comptablement, elle ajoute le montant du prêt au passif (où se trouve les comptes de ses clients), et met à l'actif, la créance sur l'emprunteur. Càd que la monnaie crée n'est couverte que par la promesse que le client remboursera.

La règle comptable imposée par l'État au banquier est d'inscrire que la valeur de la reconnaissance de dettes est égale à la masse monétaire émise. Les gestionnaires des entreprises industrielles ont un libre choix pour valoriser la valeur de leurs achats. Elle n'est pas nécessairement la valeur d'achat. Un entrepreneur peut choisir d'affecter, à certains de ses achats, une valeur supérieure au prix d'achat.

La règle comptable d'inscrire un achat à sa valeur d'achat est néanmoins la plus fréquente. Elle a le mérite de la simplicité comptable. Mais elle est toujours économiquement fausse. Pour l'acheteur, un produit acheté 1000 euros, vaut nécessairement plus que 1000 euros. Sinon, il aurait conservé ses 1000 euros, et aurait renoncé à l'acheter. Il en est de même pour le banquier. La banquier achète 1000 euros une reconnaissance de dettes. Il facile de comprendre que la reconnaissance de dettes vaut, pour un banquier, plus que 1000 euros, puisqu'elle produit des intérêts.

Vous voyez une contradiction comptable. Elle provient uniquement d'une obligation étatique, imposée aux banques, d'évaluer certaines créances à leur valeur nominale. Elles ne peuvent pas inscrire comptablement cette créance à une estimation supérieure qui serait moins erronée. Pourtant, dire a priori, qu'une reconnaissance de dette de 1000 euros sera inscrite dans la comptabilité pour une valeur de 1100 euros pourrait être plus proche de la réalité économique, c'est à dire de la valeur marchande de cette reconnaissance de dette.

Votre modèle est bcp plus proche d'une réserve 100%, sauf que les actifs de la banque ne sont pas forcément dans la monnaie de référence des contrats émis par la banque.

Oui. Dans l'exemple que j'ai proposé à ouk, je parle même d'une réserve à 1000%. Dans le monde, le capital est mille fois plus abondant que les masses monétaires. Il est donc possible de surcapitaliser les banques à 200%, voire même jusqu'à 1000% Un tel taux de couverture à 1000% n'est pas nécessaire, mais peut être utile. Dans le cas d'une surcapitalisation à 1000%, c'est à dire un ratio Cooke de 1000%, une partie des actifs seraient très long à vendre. Et d'autres pourraient se vendre très rapidement en qq jours.

Une réserve d'actifs de 1000% de la masse monétaire annule presque le risque de spolier les utilisateurs de la monnaie. Leur risque théorique se limite alors à attendre leur versement de monnaie dans le cas où l'émetteur ne parvient pas à obtenir rapidement de la monnaie de conversion.

Néanmoins, j'en reviens toujours au fait que les échanges interbancaires seront en monnaie de référence des contrats et pas en parts de bilan de la banque émettrice.

La question des échanges interbancaires est au centre de tout système bancaire. Vous désignez peut-être par le terme "monnaie de référence du contrat de monnaie", ce que je désigne par "monnaie de conversion". Ainsi que je l'ai dit plus haut, le contrat de monnaie peut stipuler une ou plusieurs "monnaies de conversion". Une "monnaie de conversion" sera versée à l'utilisateur d'une unité monétaire souhaitant que l'émetteur le rembourse. Une "monnaie de conversion" peut avoir le même valorimètre que la monnaie du contrat. Une monnaie de conversion très médiocre, et de dernier recours, pourra être des parts sociales, ou actions privilégiées, sur la valeur de la banque émettrice défaillante.

Une banque qui se met justement en pur 100% ne va pas accepter des "contrats de monnaie" d'autres banques qui font des placements tordus, elle demandera le paiement dans la monnaie de référence.

Je ne suis pas d'accord avec votre affirmation. Une bonne gestion de patrimoine exige de diversifier la nature de ses actifs. La banque qui choisit d'avoir seulement de l'or et des créances sur les emprunteurs a uniquement deux sortes d'actifs. C'est une mauvaise gestion. Avoir deux natures d'actifs est insuffisant pour réduire le risque financier. Le risque financier de perte de la "banque 100% pur or" est donc plus important que la banque qui choisit des placements plus variés. En effet, une banque veut s'enrichir, et donc de limiter le risque de perte. Cet argument de risque patrimonial est essentiel.

Le deuxième argument réside dans la facilité d'acheter de l'or lorsqu'on possède des actifs dix fois supérieurs. C'est l'exemple que je proposais à ouk. Le risque que la valeur moyenne des actifs aussi variés s'effondre de 90% est faible. Ce risque dépend du choix de valorimètre. Si le sous-jacent du valorimètre varie beaucoup, le risque est plus grand. Ce risque dépend aussi d'un risque de calamité comme une guerre, ou une spoliation partielle par un État, autre calamité plus fréquente.

à ce titre, la monnaie sera la monnaie de référence des contrats et non pas les contrats en eux-mêmes.

Le contrat de monnaie utilise un valorimètre de monnaie. Un bon valorimètre de monnaie ne peut pas être manipulable par l'émetteur de la monnaie. L'or est un bon valorimètre de monnaie. Mais on peut inventer bien d'autres valorimètres de monnaie qui soient impossibles à manipuler. Par exemple, un panier de valeurs de produits ayant un cours mondial constituerait un autre bon valorimètre.

Un valorimètre de monnaie n'est pas ce que vous désignez par le terme "monnaie de référence". Dans un contrat de monnaie, il n'existe pas une "monnaie de référence". Il existe un valorimètre et des "monnaies de conversion". Par exemple, quatre banquiers A, B, C et D. Il existe une monnaie "or-A", une monnaie "or-B", une monnaie "platine-C", une monnaie "platine-D". Le valorimètre de la monnaie émise par le banquier C est le platine. Le valorimètre du banquier A est l'or. Les monnaies de conversion de la monnaie or-A sont les trois autres monnaies citées à la phrase précédente.

D'autre part, ce modèle permet aux banquiers d'engranger des profits de placement, alors que le "dépositaire" ne gagne pas grand chose à part le fait de ne pas payer des frais de garde, je trouve l'avantage bien faible vis à vis du risque d'illiquidité.

Par cette phrase, vous comparez les rentabilités de deux types de banques émettrices de monnaie. En l'absence d'intervention étatique, il n'existe aucune raison valable d'interdire tel ou tel modèle économique de production de monnaie. Les investisseurs choisiront la banque qui leur semblent le plus rentable. C'est l'avenir qui le dira.

Néanmoins, le raisonnement que j'ai exposé plus haut, tend à montrer que la banque 100% pur or sera moins rentable que l'autre type de banque que j'ai décrite. A mon avis, le type de banque "100% or" proposera des crédits plus coûteux et son risque de faillite sera plus grand. Mais c'est un débat entre investisseurs.

Certains partisans du monopole étatique justifient ce monopole en prétendant que les monnaies privées seraient nécessairement plus chères car moins rentables. Leur argument est que le capital immobilisé par une banque peut, grâce à la garantie de la Banque Centrale, être minimal. A mon avis, cet argument est fallacieux, car il consiste à reporter sur l'Etat, plutôt que sur le capital privé, le risque industriel de production de la monnaie.

Alors sans doute aussi que ce que nous observons aujourd'hui est un excès stimulé par l'existence de la banque centrale,

Seul un marché réellement libre de la monnaie permettrait de savoir s'il y a trop ou pas assez de monnaie. C'est donc une discussion sur le sexe des anges de parler d'une mesure qu'il est impossible d'évaluer objectivement. C'est ainsi, que certains observateurs ont de bons arguments pour dire une chose. Et d'autres observateurs ont de bons arguments pour analyser différemment la conjoncture.

et que les banquiers non-100% auront quand même une bonne part de leur bilan en monnaie de référence des contrats qu'elles émettent.

Comme je l'ai écrit plus haut, je subdivise votre concept de "monnaie de référence" est deux concepts différents et indépendants l'un de l'autre. D'une part le concept de "valorimètre de monnaie" et d'autre part les "monnaies de conversion".

Le choix d'une comptabilité de la banque est important. Les investisseurs veulent des règles comptables fixes afin de calculer le profit de la banque. La question du choix de l'unité de compte est une difficulté comptable. Il existera des centaines de monnaies ayant cours dans le monde. Elles circuleront librement dans tous les pays. Quelle sera alors le meilleur choix de monnaie pour établir une comptabilité? On peut imaginer plusieurs techniques comptables différentes. Elles sont à inventer.

Posté
Le contrat de monnaie indique qu'en cas de demande de remboursement, le banquier fournira telle autre monnaie, dite "monnaie de conversion". Le contrat de monnaie peut stipuler plusieurs "monnaies de conversion". Certaines de monnaies de conversion peuvent être marginales et peu pratiques. Le contrat de monnaie précise aussi le détail de la procédure judiciaire lorsque la banque ne peut pas verser ce qu'elle a promis de verser.

Une bonne gestion de patrimoine, préservant la valeur des actifs, recommande de diversifier la nature des actifs. En bon gestionnaire, le banquier choisira donc des actifs différents du sous-jacent de sa monnaie. Mais la quantité des actifs sera suffisante pour obtenir suffisamment de cette monnaie de conversion même dans les cas de grande fluctuation des cours.

Le contrat de monnaie précise toujours un délai de remboursement en cette "monnaie de conversion". Le banquier veillera à ce que la durée moyenne de vente des actifs de son portefeuille soit suffisamment faible. Le risque d'illiquidité sera ainsi plus faible.

Il existe aujourd'hui, dans le monde 1000 fois plus de capital que le montant des masses monétaires. Il est donc possible et peu coûteux qu'une banque soit "sur-capitalisée". Un banquier privé sera donc d'abord une société de gestion de patrimoine. Et la monnaie émise sera une quotité de la valeur de son patrimoine. Une émission monétaire correspondant à 10% des actifs me semble très sécurisé. Ce pourcentage de 10% correspond à une sorte de super ratio Cooke de 1000% alors que le ratio Cooke actuel est à 8%.

Je ne comprends pas ce que vous appelez une banque à réserve de 1000%.

Je ne vois pas comment économiquement cela peut fonctionner. Si une banque doit disposer de 10 fois en capital ce qu'elle prète, la rentabilité de ses fonds propres sera 10 fois inférieur au taux d'intérêt du marché. Qui alors irait investir dans ce business model ?

Le modèle actuel de réserve fractionnaire subventionnée par la banque centrale permet justement d'avoir un effet de levier important, ce qui multiplie la rentabilité des fonds propres par rapport à la rentabilité des actifs.

Je ne suis pas entièrement d'accord avec vous. Une créance sur un emprunteur est le plus souvent illiquide. Les grosses entreprises ont parfois avantage à émettre des obligations pour financer leur dettes. Le banquier sait transformer certains actifs illiquides en actifs liquides. C'est une partie de son savoir-faire. L'innovation financière le permet, sauf lorsqu'elle est contrariée par des règlements étatiques.

Connaissez-vous des exemples de transformation de maturité qui fonctionne sans support de liquidité de l'Etat ?

Les auction rate securities et les variable note debt obligation, ainsi que les structured investment vehicule ont explosé en pleins vols dernièrement, ils ont quasiment tous disparus. Ces produits transformés prétendument liquides ne le sont plus.

Vous comparez deux situations bancaires à des instants respectivement différents. Ces deux situations ne sont pas, à mon avis, comparables. Les banquiers ont pris conscience de l'existence de créances douteuses dans leurs actifs. Apres cette pénible découverte, il est évident qu'ils ont regretté de ne pas posséder un autre actif qui aurait conservé sa valeur. Mais vous ne pouvez pas déduire valablement de cette comparaison que la possession d'actifs en or aurait été, a priori, préférable.

Si le contrat de monnaie indique que la monnaie de conversion est par exemple de l'or et que la banque dispose de cette quantité d'or, alors le risque de liquidité est nul.

Je ne demande pas à mon banquier de faire des placements avec mon argent, mais de le conserver.

Aujourd'hui, le banquier place mon argent et prend le bénéfice, et vu qu'ultimement, vu son effet de levier et le risque systémique associé, si il coule, c'est l'Etat qui paye, càd qu'il fait ces placements avec mon argent tout en me faisant prendre le risque de son placement.

Implicitement, vous posez la question de savoir s'il serait possible de savoir, a priori, quelle est la "bonne" monnaie et quelle serait la mauvaise monnaie. Cette question est principalement la question de mesurer la valeur des actifs hors de tout marché. Tout gestionnaire d'entreprise se pose la question d'une méthode de mesure de la valeur de ses actifs. Cette question de gestion est très technique et a plusieurs approches.

Le premier critère d'une "bonne" monnaie est que les actifs garantissant la monnaie aient une valeur supérieure à la masse monétaire émise.

Si l'émeteur de contrat de monnaie dispose en actif la quantité correspondante à ses émissions de contrats de monnaie dans la monnaie de conversion de ses contrats, il n'y a pas de problématique de comptabilité complexe. Il a émis 1 milliards de contrat de monnaie pour 1g d'or, et il a 1 milliard de grammes d'or.

Vous semblez dire que la titrisation des créances sur les emprunteurs serait un "montage tordu". Si c'est le cas, je ne suis pas du tout d'accord avec vous sur ce point. Lorsque c'est possible, c'est l'idéal. En effet, fondamentalement, le travail du banquier est de produire de la richesse liquide, échangeable, a partir de richesse illiquide. Ce travail de fournir de la liquidité est le premier service que rend, à ses clients, un producteur de monnaie.

Je ne suis pas contre la titrisation.

Au passage, la titrisation ne créé par vraiment de la liquidité. Les opérations de titrisations sont essentiellement faite à la demande des investisseurs qui essentiellement gardent ces titres jusqu'à maturité. Le marché secondaire des produits de titrisation est très faible. Elle n'est pas devenu plus faible récemment. Le drame est simplement que des institutions qui en disposaient ont dans le même temps eu besoin d'argent, et donc ont cherché à les vendre, or, il y a très peu d'acheteurs secondaires.

Lorsque la créance sur l'emprunteur n'est pas une créance douteuse, sa valeur marchande est nécessairement supérieure à la masse monétaire émise. La création monétaire est donc, dans son principe, une opération vertueuse, intellectuellement logique et qui produit de la valeur. Un banquier ne joue pas "au casino". Mais les banquiers peuvent parfois se tromper sur la valeur de certains de leurs actifs.

Dites moi alors ce qu'est le "proprietary trading", si ce n'est du casino ?

De même, les montages d'arbitrage réglementaires (notamment via les credit default swaps) sont largement suspects, parce qu'ils consistent à échapper à une réglementation sur les fonds propres, alors qu'elle est déjà largement faible (les fameux 8%) en regard de ce que la banque centrale assume comme fonction d'assurance de liquidité (préteur de dernier ressort) dont le coût est bien entendu imputé à l'ensemble des utilisateurs forcés de la monnaie.

La règle comptable imposée par l'État au banquier est d'inscrire que la valeur de la reconnaissance de dettes est égale à la masse monétaire émise. Les gestionnaires des entreprises industrielles ont un libre choix pour valoriser la valeur de leurs achats. Elle n'est pas nécessairement la valeur d'achat. Un entrepreneur peut choisir d'affecter, à certains de ses achats, une valeur supérieure au prix d'achat.

La règle comptable d'inscrire un achat à sa valeur d'achat est néanmoins la plus fréquente. Elle a le mérite de la simplicité comptable. Mais elle est toujours économiquement fausse. Pour l'acheteur, un produit acheté 1000 euros, vaut nécessairement plus que 1000 euros. Sinon, il aurait conservé ses 1000 euros, et aurait renoncé à l'acheter. Il en est de même pour le banquier. La banquier achète 1000 euros une reconnaissance de dettes. Il facile de comprendre que la reconnaissance de dettes vaut, pour un banquier, plus que 1000 euros, puisqu'elle produit des intérêts.

Vous voyez une contradiction comptable. Elle provient uniquement d'une obligation étatique, imposée aux banques, d'évaluer certaines créances à leur valeur nominale. Elles ne peuvent pas inscrire comptablement cette créance à une estimation supérieure qui serait moins erronée. Pourtant, dire a priori, qu'une reconnaissance de dette de 1000 euros sera inscrite dans la comptabilité pour une valeur de 1100 euros pourrait être plus proche de la réalité économique, c'est à dire de la valeur marchande de cette reconnaissance de dette.

Valeur économique pour le banquier sans doute oui, je vous suis. Mais valeur marchande, j'en doute largement. Il faudrait pour cela qu'il se trouve des acheteurs à ce prix là.

Oui. Dans l'exemple que j'ai proposé à ouk, je parle même d'une réserve à 1000%. Dans le monde, le capital est mille fois plus abondant que les masses monétaires. Il est donc possible de surcapitaliser les banques à 200%, voire même jusqu'à 1000% Un tel taux de couverture à 1000% n'est pas nécessaire, mais peut être utile. Dans le cas d'une surcapitalisation à 1000%, c'est à dire un ratio Cooke de 1000%, une partie des actifs seraient très long à vendre. Et d'autres pourraient se vendre très rapidement en qq jours.

Une réserve d'actifs de 1000% de la masse monétaire annule presque le risque de spolier les utilisateurs de la monnaie. Leur risque théorique se limite alors à attendre leur versement de monnaie dans le cas où l'émetteur ne parvient pas à obtenir rapidement de la monnaie de conversion.

La question des échanges interbancaires est au centre de tout système bancaire. Vous désignez peut-être par le terme "monnaie de référence du contrat de monnaie", ce que je désigne par "monnaie de conversion". Ainsi que je l'ai dit plus haut, le contrat de monnaie peut stipuler une ou plusieurs "monnaies de conversion". Une "monnaie de conversion" sera versée à l'utilisateur d'une unité monétaire souhaitant que l'émetteur le rembourse. Une "monnaie de conversion" peut avoir le même valorimètre que la monnaie du contrat. Une monnaie de conversion très médiocre, et de dernier recours, pourra être des parts sociales, ou actions privilégiées, sur la valeur de la banque émettrice défaillante.

Je ne suis pas d'accord avec votre affirmation. Une bonne gestion de patrimoine exige de diversifier la nature de ses actifs. La banque qui choisit d'avoir seulement de l'or et des créances sur les emprunteurs a uniquement deux sortes d'actifs. C'est une mauvaise gestion. Avoir deux natures d'actifs est insuffisant pour réduire le risque financier. Le risque financier de perte de la "banque 100% pur or" est donc plus important que la banque qui choisit des placements plus variés. En effet, une banque veut s'enrichir, et donc de limiter le risque de perte. Cet argument de risque patrimonial est essentiel.

Le deuxième argument réside dans la facilité d'acheter de l'or lorsqu'on possède des actifs dix fois supérieurs. C'est l'exemple que je proposais à ouk. Le risque que la valeur moyenne des actifs aussi variés s'effondre de 90% est faible. Ce risque dépend du choix de valorimètre. Si le sous-jacent du valorimètre varie beaucoup, le risque est plus grand. Ce risque dépend aussi d'un risque de calamité comme une guerre, ou une spoliation partielle par un État, autre calamité plus fréquente.

Encore une fois si les actifs de la banque sont en nature, la monnaie de conversion des contrats de monnaie de la banque, alors il n'y a aucun risque. (sauf les calamités précitées, bien entendu).

Posté
Je ne comprends pas ce que vous appelez une banque à réserve de 1000%.

Une banque possède 1000 d'actifs divers, et elle émet 100 de monnaie. La monnaie est ainsi garantie par des actifs dont la valeur est dix fois plus importante que la masse monétaire émise. Par exemple, dans le cas proposé à ouk, la banque émet de la monnaie blé-or pour une valeur de 100. Et elle possède 1000 en or. Ainsi, même lorsqu'elle ne possède pas physiquement le blé, elle peut acheter aussitôt du blé grâce à son or.

L'expression "banque à réserve de 1000%" n'est peut-être pas très heureuse.

Je ne vois pas comment économiquement cela peut fonctionner. Si une banque doit disposer de 10 fois en capital ce qu'elle prète, la rentabilité de ses fonds propres sera 10 fois inférieur au taux d'intérêt du marché. Qui alors irait investir dans ce business model ?

Le capital de la banque est constitué d'actifs pour une valeur de 1000. Elle produit de la monnaie pour une valeur de 100. Le gain de la banque provient alors de deux sources de revenu. D'une part, la banque encaisse les revenus des 1000 de capital, par exemple des actions en Bourse ou autres investissements immobiliers. Et d'autre part, la banque encaisse les intérêts des emprunteurs. L'activité principale de la banque est alors d'être une société de gestion de patrimoine. Et son activité secondaire est la production de monnaie. Le gain de la banque est ainsi supérieur à une société de gestion de patrimoine. Les épargnants, qui ont confié leur patrimoine à la banque, ont accepté le risque lié à l'activité de monnaie. Ce modèle économique est nécessairement rentable.

Le modèle actuel de réserve fractionnaire subventionnée par la banque centrale permet justement d'avoir un effet de levier important, ce qui multiplie la rentabilité des fonds propres par rapport à la rentabilité des actifs.

Un problème du banquier est de savoir être liquide. En effet, produire de la monnaie, c'est transformer une reconnaissance de dettes, a priori, très peu liquide, en ce produit très liquide qu'est la monnaie. Une banque qui veut réduire ses fonds propres augmente nécessairement le risque de devenir illiquide.

Connaissez-vous des exemples de transformation de maturité qui fonctionne sans support de liquidité de l'Etat ?

Les intermédiaire financiers assurent une transformation de maturité des actifs afin de les rendre plus liquides. Je ne sais pas comment l'Etat intervient dans ce processus. J'imagine que l'Etat, c'est à dire la Banque Centrale, prête à l'intermédiaire financier dans un tel processus. Ai-je bien deviné?

En l'absence de l'Etat, la disponibilité de liquidités se poserait autrement avec des banques privées surcapitalisées.

Les auction rate securities et les variable note debt obligation, ainsi que les structured investment vehicule ont explosé en pleins vols dernièrement, ils ont quasiment tous disparus. Ces produits transformés prétendument liquides ne le sont plus.

Je ne connais pas les produits financiers que vous citez. Et en quoi ces exemples vous semblent-ils infirmer mes affirmations? Un système de monnaies privées se caractérise par une surcapitalisation des banques. Le système actuel permet une sous-capitalisation des banques. Pensez-vous que de tels produits financiers fonctionneraient d'une manière analogue dans un système de monnaies privées?

Si le contrat de monnaie indique que la monnaie de conversion est par exemple de l'or et que la banque dispose de cette quantité d'or, alors le risque de liquidité est nul.

oui.

Je ne demande pas à mon banquier de faire des placements avec mon argent, mais de le conserver.

Vous évoquez implicitement le cas d'un déposant d'or qui a donné un mandat au banquier. La gestion du banquier dépendra du contenu exact de ce mandat de dépôt d'or. Le contrat de monnaie n'est pas un mandat de gestion du déposant d'or. Un contrat de monnaie est une obligation unilatérale du banquier envers l'utilisateur du billet de banque. Un déposant d'or ne participe pas à ce contrat de monnaie.

Aujourd'hui, le banquier place mon argent et prend le bénéfice,

Non, le banquier vend ses billets de banque, ou "unités monétaires", contre des reconnaissances de dettes. Cette monnaie n'est pas "l'argent du déposant". Le déposant n'a aucun droit sur une telle monnaie. Le déposant a des droits sur le banquier. Ce qui est très différent.

et vu qu'ultimement, vu son effet de levier et le risque systémique associé, si il coule, c'est l'Etat qui paye, càd qu'il fait ces placements avec mon argent tout en me faisant prendre le risque de son placement.

De quel effet de levier parlez-vous? Dans quel contrat de monnaie vous placez-vous? Dans un contrat de monnaie où le banquier ne prête pas plus de monnaie-or qu'il ne possède d'or dans ses coffres, il n'existe aucun effet de levier. Dans un contrat de monnaie dans lequel le banquier émet de la monnaie-or au delà de ses réserves en or, la seule question qui se pose est de savoir si le banquier est assez riche pour acheter l'or pour, le cas échéant, honorer son obligation de versement d'or.

Si l'émeteur de contrat de monnaie dispose en actif la quantité correspondante à ses émissions de contrats de monnaie dans la monnaie de conversion de ses contrats, il n'y a pas de problématique de comptabilité complexe. Il a émis 1 milliards de contrat de monnaie pour 1g d'or, et il a 1 milliard de grammes d'or.

oui. Mais la question comptable d'une meilleure mesure de la valeur des actifs reste entière

Je ne suis pas contre la titrisation.

Au passage, la titrisation ne créé par vraiment de la liquidité. Les opérations de titrisations sont essentiellement faite à la demande des investisseurs qui essentiellement gardent ces titres jusqu'à maturité. Le marché secondaire des produits de titrisation est très faible. Elle n'est pas devenu plus faible récemment. Le drame est simplement que des institutions qui en disposaient ont dans le même temps eu besoin d'argent, et donc ont cherché à les vendre, or, il y a très peu d'acheteurs secondaires.

Un but de la titrisation est de rendre liquide un portefeuille de créances illiquides. Je me demande pourquoi il existerait un faible marché secondaire des produits de titrisation. En connaissez-vous la cause?

Dites moi alors ce qu'est le "proprietary trading", si ce n'est du casino ?

Les traders traduisent en achat et en vente leur travail de synthèse sur la valeur qu'auront certains actifs. Leur travail est productif de valeur pour eux. De plus chacun de leurs achats et de leur vente contribuent à influer sur le cours de la valeur. Et la connaissance de cette variation de prix est une information qui est utile à tous. Je ne vois pas de raison valable de qualifier le travail des traders de jeu de "casino".

De même, les montages d'arbitrage réglementaires (notamment via les credit default swaps) sont largement suspects, parce qu'ils consistent à échapper à une réglementation sur les fonds propres, alors qu'elle est déjà largement faible (les fameux 8%) en regard de ce que la banque centrale assume comme fonction d'assurance de liquidité (préteur de dernier ressort) dont le coût est bien entendu imputé à l'ensemble des utilisateurs forcés de la monnaie.

Dans un système de monnaies privées, les banques sont surcapitalisées. J'imagine que ce que vous dénoncez devrait donc moins se produire.

Valeur économique pour le banquier sans doute oui, je vous suis. Mais valeur marchande, j'en doute largement. Il faudrait pour cela qu'il se trouve des acheteurs à ce prix là.

Nous sommes d'accord pour dire qu'une créance sur un emprunteur vaut, pour le banquier, plus que la masse monétaire prêtée. Vous semblez bien connaître la finance. Qu'est ce que vous fait douter qu'une telle créance puisse trouver un acheteur?

Encore une fois si les actifs de la banque sont en nature, la monnaie de conversion des contrats de monnaie de la banque, alors il n'y a aucun risque. (sauf les calamités précitées, bien entendu).

Je ne suis pas certain d'avoir bien compris votre remarque. Si j'ai bien compris, vous dites que si la banque possède suffisamment de "monnaie de conversion", le risque d'illiquidité est nul. Oui, c'est évident. Mais la possession d'une "monnaie de conversion" rapporte peu.

Par exemple, certaines monnaies émettent une monnaie dont elles garantissent la stricte équivalence avec le dollar US. La question se pose du choix des actifs. Des obligations en dollars US qui rapportent peu? ou bien un portefeuille diversifié?

Posté
En effet, dans mes réflexions (un peu rapides, il faut l'avouer) j'ai omis le fait que le banquier ne possède, à l'origine, pas que des sacs de blé et possède probablement au moins le grenier,

Vous dites que le banquier ne possède pas que des sacs de blé. Dois-je comprendre que le banquier possède aussi d'autres biens, tel, par exemple, des biens immobiliers?

et que par conséquent si il ne possédait rien d'autre que 10 sacs de blé, personne ne lui emprunterait plus de 10 sacs de blé.

oui. Dans ce cas que vous évoquez, la monnaie est le "sac de blé", et non pas la "promesse de remettre un sac de blé". En effet, la "promesse de remettre un sac de blé" est une monnaie différente de la monnaie "sac de blé". La qualité de la monnaie "promesse de remettre un sac de blé" dépend de la qualité de l'émetteur de cette promesse. Deux promesses provenant de deux émetteurs différents sont deux monnaies distinctes.

La responsabilité des emprunteurs étant comme vous l'indiquez de vérifier que la banque est en mesure d'honorer ses obligations, et vice et versa.

oui. La monnaie moderne est une promesse, et non pas un bien physique. La qualité de la monnaie moderne dépend de la qualité de celui qui promet. La nature de chaque "monnaie moderne" est tout entière incluse dans le texte exact du contrat de monnaie. En d'autres termes, la monnaie moderne est un titre financier, et uniquement un titre financier. Tout émetteur de titre financier fournit des informations pour convaincre les acheteurs de lui faire confiance.

Posté
Vous dites que le banquier ne possède pas que des sacs de blé. Dois-je comprendre que le banquier possède aussi d'autres biens, tel, par exemple, des biens immobiliers?

oui, c'est ce que je veux dire. Si le banquier n'a que 10 sacs de blé dans son "grenier" et en prête 100, il doit posséder l'équivalent de 90 sacs de blés en biens convertibles en sacs de blé.

Posté
oui, c'est ce que je veux dire. Si le banquier n'a que 10 sacs de blé dans son "grenier" et en prête 100, il doit posséder l'équivalent de 90 sacs de blés en biens convertibles en sacs de blé.

Il n'est pas exact de dire que le banquier prête 100 sacs de blé qu'il ne possède pas. Ce serait bien évidement impossible. Le banquier prête donc des "promesses d'un sac de blé". La monnaie n'est alors pas un "sac de blé", mais la "promesse d'un sac de blé". La monnaie "sac de blé" est une monnaie différente de la monnaie "promesse d'un sac de blé". La monnaie émise par le banquier est la "promesse d'un sac de blé". Vous dites que le banquier possède des biens "convertibles" en sacs de blé. Si le banquier peut vendre ces biens "convertibles" pour acheter des sacs de blé, alors ce mécanisme monétaire fonctionnera bien.

Un prêt bancaire s'analyse comme une vente, et non pas comme un prêt. Ou plutôt, le "prêt bancaire" s'analyse comme deux ventes simultanées. Le banquier vend ses billets. Et l'emprunteur vend sa reconnaissance de dette. Il est préférable de ne pas utiliser le mot "prêt" pour expliquer le mécanisme du prêt bancaire. Seul le mot "vente" est économiquement et juridiquement pertinent.

Posté
Il n'est pas exact de dire que le banquier prête 100 sacs de blé qu'il ne possède pas. Ce serait bien évidement impossible. Le banquier prête donc des "promesses d'un sac de blé". La monnaie n'est alors pas un "sac de blé", mais la "promesse d'un sac de blé". La monnaie "sac de blé" est une monnaie différente de la monnaie "promesse d'un sac de blé". La monnaie émise par le banquier est la "promesse d'un sac de blé". Vous dites que le banquier possède des biens "convertibles" en sacs de blé. Si le banquier peut vendre ces biens "convertibles" pour acheter des sacs de blé, alors ce mécanisme monétaire fonctionnera bien.

Un prêt bancaire s'analyse comme une vente, et non pas comme un prêt. Ou plutôt, le "prêt bancaire" s'analyse comme deux ventes simultanées. Le banquier vend ses billets. Et l'emprunteur vend sa reconnaissance de dette. Il est préférable de ne pas utiliser le mot "prêt" pour expliquer le mécanisme du prêt bancaire. Seul le mot "vente" est économiquement et juridiquement pertinent.

Il faudrait éviter de tout ramener aux billets, parce que la plupart des échanges économiques n'ont pas lieu avec des billets, mais en monnaie de banque commerciale (via virements ou carte de paiement).

Pour généraliser, je pense que l'on peut parler de "titre de créance sur la banque", un peu comme une obligation/bon de trésorerie, mais avec une maturité a priori nulle, reconductible indéfiniment.

Posté
Il faudrait éviter de tout ramener aux billets, parce que la plupart des échanges économiques n'ont pas lieu avec des billets,

Le mot "unité monétaire" est meilleur que "billet". Le terme "unité monétaire" est un terme général qui regroupe les billets, les pièces en métal, les nombres sur un compte bancaire en un seul et même concept. Mais ce terme "unité monétaire" peut sembler abscons à certains.

Pour répondre à ouk, j'ai préféré utiliser le mot "billet". En effet, il s'agissait ici d'un exemple de monnaie fictive composée de "promesses de sac de blé". Chaque promesse est alors matérialisée par un billet de banque en papier, signé de la main du banquier.

mais en monnaie de banque commerciale (via virements ou carte de paiement).

Chaque unité monétaire libellé en euro est une obligation de la Banque centrale Européenne, la BCE. La BCE est donc le seul et unique émetteur de monnaie. Le terme "monnaie de banque commercial" est un abus de langage. Lorsqu'elle émet un euro au nom de la BCE, la banque commerciale agit comme une employée obéissante de la BCE. Cet abus de langage "monnaie de banque commerciale" est justifié dans certains cas. Mais il induit des confusions intellectuelles dans la description du mécanisme de la création monétaire.

Pour généraliser, je pense que l'on peut parler de "titre de créance sur la banque", un peu comme une obligation/bon de trésorerie, mais avec une maturité a priori nulle, reconductible indéfiniment.

Oui, chaque euro est un titre de créance sur la BCE. Non seulement ce titre de créance est "comme" une obligation, mais ce titre de créance est uniquement une obligation de la BCE. Un euro est une obligation de la BCE. La nature exacte de cette obligation est précisée par des lois et des règlements.

Au 18eme siècle, chaque billet de banque émis par une banque écossaise était un contrat unilatéral, un contrat commercial ordinaire. Ensuite, l'État a remplacé le contrat commercial par une obligation légale. Dans ces deux cas de monnaies, une unité monétaire est une obligation de l'émetteur de l'unité monétaire.

Posté
Vous dites que le banquier ne possède pas que des sacs de blé. Dois-je comprendre que le banquier possède aussi d'autres biens, tel, par exemple, des biens immobiliers?

oui. Dans ce cas que vous évoquez, la monnaie est le "sac de blé", et non pas la "promesse de remettre un sac de blé". En effet, la "promesse de remettre un sac de blé" est une monnaie différente de la monnaie "sac de blé". La qualité de la monnaie "promesse de remettre un sac de blé" dépend de la qualité de l'émetteur de cette promesse. Deux promesses provenant de deux émetteurs différents sont deux monnaies distinctes.

oui. La monnaie moderne est une promesse, et non pas un bien physique. La qualité de la monnaie moderne dépend de la qualité de celui qui promet. La nature de chaque "monnaie moderne" est tout entière incluse dans le texte exact du contrat de monnaie. En d'autres termes, la monnaie moderne est un titre financier, et uniquement un titre financier. Tout émetteur de titre financier fournit des informations pour convaincre les acheteurs de lui faire confiance.

Si la monnaie des banques sont des titres, avec quoi achète-t-on ces titres ?

Il n'y a plus de monnaie dans votre modèle ?

Posté
Chaque unité monétaire libellé en euro est une obligation de la Banque centrale Européenne, la BCE. La BCE est donc le seul et unique émetteur de monnaie. Le terme "monnaie de banque commercial" est un abus de langage. Lorsqu'elle émet un euro au nom de la BCE, la banque commerciale agit comme une employée obéissante de la BCE. Cet abus de langage "monnaie de banque commerciale" est justifié dans certains cas. Mais il induit des confusions intellectuelles dans la description du mécanisme de la création monétaire.

Je parlais dans le contexte de votre modèle, et non celui ayant cours aujourd'hui. Point de BCE ici.

Par ailleurs, comme vous en parlez, la relation entre BCE et banque commerciale est bcp plus indirecte que ce que vous laissez entendre.

La BCE ne dit pas aux banques commerciales de combien de créance sur monnaie de BCE elles doivent créer, ni à qui elles doivent préter.

Je verrais plutôt le contraire d'ailleurs. La BCE offre aux banques commerciales d'utiliser le privilège du monopole monétaire, mais bien entendu, elle pose en même temps quelques limites à cet usage, comme le taux de réserve et le ratio prudentiel sur les fonds propres.

Plutôt que de voir de pauvres banques soumises à la BCE, je vois au contraire des intérêts privés bénéficiant d'un privilège d'Etat.

Au même titre que je ne vais pas plaindre les syndicats des "contraintes" que leur impose l'Etat, je ne vais pas non plus plaindre les banques des "contraintes" que la BCE leur impose.

Oui, chaque euro est un titre de créance sur la BCE. Non seulement ce titre de créance est "comme" une obligation, mais ce titre de créance est uniquement une obligation de la BCE. Un euro est une obligation de la BCE. La nature exacte de cette obligation est précisée par des lois et des règlements.

Au 18eme siècle, chaque billet de banque émis par une banque écossaise était un contrat unilatéral, un contrat commercial ordinaire. Ensuite, l'État a remplacé le contrat commercial par une obligation légale. Dans ces deux cas de monnaies, une unité monétaire est une obligation de l'émetteur de l'unité monétaire.

Je ne vois pas quelle est l'obligation de la BCE à partir du moment où le billet de la BCE n'est pas convertible.

Posté
Si la monnaie des banques sont des titres, avec quoi achète-t-on ces titres ?

Dans le modèle monétaire de ouk, la monnaie est une "promesse de donner un sac de blé". Cette promesse est un titre financier. Cette monnaie est une créance sur l'émetteur du titre. Le "titre", c'est a dire ici le billet de banque, est un contrat par lequel l'émetteur promet de donner un sac de blé en échange du billet en papier qu'il a signé de sa main. Ces titres ne sont donc créés qu'au moment d'un "prêt bancaire". C'est à dire que la monnaie est créé en échange d'une reconnaisance de dette. La totalité de la monnaie qui circule provient de l'existence préalable de la dette d'un emprunteur.

Ainsi, il existe deux manieres d'obtenir ces billets de banques. Soit en empruntant aupres du banquier. Soit par les échanges commerciaux.

Il n'y a plus de monnaie dans votre modèle ?

Dans ce "modele ouk", la monnaie est la "promesse de donner un sac de blé". Le sous-jacent de cette monnaie est le sac de blé.

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...