p.a Posté 7 octobre 2009 Signaler Posté 7 octobre 2009 Le Monde publie un article sur ce livre qui va bientôt sortir à propos de la peur de déclassement social, peur particulièrement forte en France http://www.lemonde.fr/societe/article/2009…50331_3224.html La fonction publique est à l'abri des risques de déclassement. Pourtant, la peur du déclassement y est aussi très forte. Pourquoi ? La crise de 1993 est la première à frapper la France après qu'elle a massifié son enseignement secondaire et supérieur. On assiste alors à une augmentation, limitée mais bien réelle, du chômage des diplômés. Craignant un déclassement irréversible, une génération entière de diplômés se tourne alors en masse vers la fonction publique pour sécuriser ses investissements scolaires. Dans les années qui précèdent 1993, 10 % à peine des diplômés allaient dans le public; après 1993, la proportion grimpe à 50 %. Cet afflux crée un formidable embouteillage et accroît fortement la proportion de jeunes surdiplômés dans l'administration. Face à la récession, une génération a échangé ses diplômes non pas contre une qualification, mais contre une protection. Cela portait en germe le risque d'une radicalisation, notamment parmi les classes moyennes du public. Pour quelles raisons ? Tout projet de réforme de l'Etat sera désormais perçu comme une remise en cause intolérable d'un statut légitimement et chèrement acquis. Les effets seront durables. D'abord le mouvement social de 1995 : on se trompe si on interprète ce mouvement comme le cri de détresse de personnes qui auraient perdu leur statut social. C'est au contraire la mobilisation de salariés, particulièrement de fonctionnaires, qui savent qu'ils ont atteint un objectif très précieux et qui mettent toute leur force pour défendre cet acquis. Ensuite sur la perception de la construction européenne : la clé de l'évolution du oui au traité de Maastricht, vers le non au traité constitutionnel, en 2005, réside dans le basculement des classes moyennes du public. En 1992, elles avaient majoritairement voté oui. En 2005, elles ont voté non.
Domi Posté 7 octobre 2009 Signaler Posté 7 octobre 2009 La fonction publique est à l'abri des risques de déclassement. Pourtant, la peur du déclassement y est aussi très forte. Pourquoi ? Dans les années qui précèdent 1993, 10 % à peine des diplômés allaient dans le public; après 1993, la proportion grimpe à 50 %. Si c'est vrai, c'est impressionnant.
p.a Posté 7 octobre 2009 Auteur Signaler Posté 7 octobre 2009 déjà n°2 des ventes sur amazon, entre 2 livres de recettes pour maigrir autre extrait, intéressant de la part d'un "chercheur engagé à gauche" "L'auteur, directeur d'étude à l'EHESS, montre que la France est enfermée dans un terrible cercle vicieux : "La société française a peur et cette anxiété induit des stratégies individuelles et des politiques publiques qui, en fin de compte, alimentent et entretiennent la peur."FOSSÉ PROFOND L'ouvrage fera date. Car le constat, prononcé par un chercheur engagé à gauche, est décapant : depuis quarante ans, gouvernements, syndicats et entreprises ont fait le choix, collectif, de défendre d'abord ceux qui sont les plus protégés dans la société – salariés en CDI, fonctionnaires. Au détriment des plus fragiles – précaires et jeunes. Comme le fossé entre les "insiders" et les "outsiders" n'a jamais été aussi profond, la peur de chuter n'a jamais été aussi forte dans les classes moyennes et supérieures. A travers cette description des angoisses françaises, Eric Maurin montre la profondeur des blocages de la société. Son incapacité à se réformer. En filigrane, il explicite aussi les raisons profondes de l'échec du Parti socialiste, coincé entre sa clientèle électorale et militante de "protégés" et sa volonté de toucher les précaires et les jeunes – deux discours inconciliables."
Copeau Posté 9 octobre 2009 Signaler Posté 9 octobre 2009 Il y a aujourd'hui 2 millions de fonctionnaires territoriaux, 2,3 millions de fonctionnaires d'Etat, et un million de fonctionnaires des hôpitaux. Entre 5 et 6 millions de fonctionnaires, donc, qui ont certains un conjoint, une famille, des ascendants et descendants. Ceci représente entre 15 et 20 millions de personnes directement intéressées par le maintien du statut de fonctionnaire. A titre de comparaison, il faut environ 8 à 12 millions de voix pour passer le premier tour des présidentielles, et 16 à 20 pour se faire élire au deuxième. Par conséquent, tout candidat qui ira contre l'intérêt des fonctionnaires perdra par définition les élections.
Apollon Posté 10 octobre 2009 Signaler Posté 10 octobre 2009 Il y a aujourd'hui 2 millions de fonctionnaires territoriaux, 2,3 millions de fonctionnaires d'Etat, et un million de fonctionnaires des hôpitaux. Entre 5 et 6 millions de fonctionnaires, donc, qui ont certains un conjoint, une famille, des ascendants et descendants. Ceci représente entre 15 et 20 millions de personnes directement intéressées par le maintien du statut de fonctionnaire. A titre de comparaison, il faut environ 8 à 12 millions de voix pour passer le premier tour des présidentielles, et 16 à 20 pour se faire élire au deuxième. Par conséquent, tout candidat qui ira contre l'intérêt des fonctionnaires perdra par définition les élections. D'un côté c'est pour cela qu'on peut estimer raisonnablement que le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite est la solution la plus réaliste. D'un autre côté on peut soutenir qu'une privatisation de certains services permettraient de sortir de l'équilibre de Nash dans lequel se trouve la fonction publique à savoir tout le monde qui grogne, une productivité timorée mais aussi une certaine modération salariale et la raréfaction des grèves. Mais peut-être tout cela est-il futile et le fonctionnariat est le prochain stade de l'humanité, vers lequel le précipitent les lois historiques.
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