Invité alpheccar Posté 8 janvier 2005 Signaler Posté 8 janvier 2005 L'article de Reason online : The strange philosophy of a “left libertarian”
wapiti Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Cet article aura au moins le mérite de ne pas me faire perdre mon temps avec ce bouquin si j'étais un jour tombé dessus par hasard ! Alpheccar, pourquoi disais-tu que le proviso lockéen est un faux problème ?
Invité alpheccar Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Alpheccar, pourquoi disais-tu que le proviso lockéen est un faux problème ? <{POST_SNAPBACK}> Si je l'ai formulé ainsi, j'y suis allé un peu fort. Je voulais dire qu'on y accorde trop d'importance et qu'on le considère souvent hors de son contexte. D'après l'édition online que j'ai trouvée: It being by him removed from the common state nature hath placed it in, it hath by this labour something annexed to it, that excludes the common right of other men: for this labour being the unquestionable property of the labourer, no man but he can have a right to what that is once joined to, at least where there is enough, and as good, left in common for others. Le proviso Lockéen est en gras. En lisant cette phrase on peut se dire que Locke accepte le principe de première appropriation si et seulement si il reste assez de ressources naturelles pour les autres. Mais, si on lit le reste de son traité, on découvre aussi que: 1 - Ce qui limite l'appropriation c'est le besoin. Autrement dit on ne doit pas gaspiller ; 2 - La part des ressources naturelles dans l'économie de l'époque (déjà) est faible ; 3 - Tant que ce qu'un homme puise dans la nature sert à autrui alors il n'y a pas de problème. Et c'est ce qui fonde l'échange. Je suggère donc que la véritable signification du proviso Lockéen est réellement une contrainte sur le gaspillage, sur le rendement. Interprété comme cela, le proviso n'affaiblit pas la vision libertarienne sur les Droits de propriété mais la renforce. Et c'est ce que l'auteur de John Locke Lite semble aussi penser (vers la fin du document). Autrement dit, selon Locke, la Nature impose une contrainte de non gaspillage et pas de répartition. Et on ne peut juger du gaspillage de façon individuelle mais que dans une économie d'échange. Tant que ce que je produis trouve preneur, il n'y a pas de gaspillage.
Ronnie Hayek Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Autrement dit, selon Locke, la Nature impose une contrainte de non gaspillage et pas de répartition. Et on ne peut juger du gaspillage de façon individuelle mais que dans une économie d'échange. Tant que ce que je produis trouve preneur, il n'y a pas de gaspillage. <{POST_SNAPBACK}> A mon avis, Locke ne trouverait rien à redire à ton explicitation !
wapiti Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Oui, je suis tout a fait d'accord. C'est ça le proviso lockéen. En gros que tu ne peut t'approprier quelque chose uniquement pour toi si c'est une ressource rare qui peut servir a autrui. Ceci, dit je pense que c'est un problème assez fondamental, car c'est un critère qui permet de distinguer appropriation légitime et appropriation non légitime. Certains libertariens prétendent qu'en raison de la subjectivité de la valeur, une personne peut s'approprier un bien tant qu'elle le transforme, sans avoir à se justifier de l'utilisation qu'elle en fait (personne d'autre qu'elle n'aurait à juger si cette utilisation présente un intérêt). Le proviso de Locke va à l'encontre de cette conception beaucoup trop subjectiviste. *EDIT* tiens, ça me permet de ressortir mon exemple du col entre deux vallées, tu peux te l'approprier pour y aménager un chemin et te faire payer pour l'entretien de ce chemin, tu ne peux pas te l'approprier pour y construire ta maison et en barrer l'accès.
Ronnie Hayek Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Ceci dit, je pense que c'est un problème assez fondamental, car c'est un critère qui permet de distinguer appropriation légitime et appropriation non légitime. Certains libertariens prétendent qu'en raison de la subjectivité de la valeur, une personne peut s'approprier un bien tant qu'elle le transforme, sans avoir à se justifier de l'utilisation qu'elle en fait (personne d'autre qu'elle n'aurait à juger si cette utilisation présente un intérêt). Le proviso de Locke va à l'encontre de cette conception beaucoup trop subjectiviste. <{POST_SNAPBACK}> Pourrais-tu donner quelques exemples pour clarifier ce thème qui me paraît fort intéressant (je le dis sans aucune ironie) ?
Invité alpheccar Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Oui, je suis tout a fait d'accord. C'est ça le proviso lockéen. En gros que tu ne peut t'approprier quelque chose uniquement pour toi si c'est une ressource rare qui peut servir a autrui. <{POST_SNAPBACK}> Ben justement, ce n'est pas ce que j'ai dit. Je m'approprie une ressource rare qui aurait pu servir à autrui mais si ce que j'en tire est plus que suffisant pour mes besoins alors le surplus doit être distribué et non gaspillé et dans ce cas l'appropriation est légitime. Corollaire : si ce que j'en tire est juste suffisant pour moi, l'appropriation serait encore légitime bien que personne d'autre n'en profite. La où elle n'est plus légitime c'est si je m'approprie plus qu'il n'est nécessaire pour mes besoins. Et c'est bien différent de dire qu'on ne peut s'approprier une ressource rare juste pour soi si elle peut servir à autrui. Par exemple: supposons qu'il ne reste presque plus d'air. C'est donc une ressource rare. Si je refuse de m'approprier, rien que pour moi, cette ressource rare qui peut servir à autrui alors je meurs. Donc, c'est moi ou les autres. Selon le proviso tel que tu l'as formulé, je dois me sacrifier. Selon ma formulation ce n'est pas nécessaire. Et dans la majorité des cas, je pense qu'il n'y aura pas de différence entre les deux interprétations. Reste le problème de définir les besoins et savoir s'il y a eu gaspillage. C'est pour cela que je préfère ne retenir que l'esprit du proviso. EDIT: Je ne prétend pas que ma formulation est la bonne. J'indique seulement que cette interprétation existe. Et que Locke a formulé les choses de façon suffisamment vague pour qu'on puisse se demander ce qu'il a réellement voulu dire.
wapiti Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Bon je n'ai en tête que des exemple qui ne sont plus vraiment valable actuellement, parce qu'il y a de moins en moins de choses rares qui peuvent être appropriées par une seule personne du fait du progrès de la mondialisation poussée du commerce, il faudrait peut-être voir du coté de l'eau pour un exemple actuel. Supposons que nous sommes sur une île qui fait peu d'échanges avec le continent, et que tout le monde se chauffe au bois. Un notable de la ville est propriétaire de quasiment toutes les forêts, qu'il utilise principalement pour chasser. Il n'a pas le droit de décider de ne plus exploiter le bois et de le laisser pourir sur place. Il n'a pas non plus le droit de vendre son bois à un prix exorbitant parce qu'il est en situation de monopole. En fait en y réfléchissant, j'ai l'impression que le problème ne se pose pas vraiment lors de la première appropriation, mais uniquement en cas de modification de l'usage que le propriétaire fait de sa propriété. Il faudrais essayer de formaliser ça un peu plus, je vais y réfléchir.
Etienne Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Ben justement, ce n'est pas ce que j'ai dit.Je m'approprie une ressource rare qui aurait pu servir à autrui mais si ce que j'en tire est plus que suffisant pour mes besoins alors le surplus doit être distribué et non gaspillé et dans ce cas l'appropriation est légitime. Corollaire : si ce que j'en tire est juste suffisant pour moi, l'appropriation serait encore légitime bien que personne d'autre n'en profite. La où elle n'est plus légitime c'est si je m'approprie plus qu'il n'est nécessaire pour mes besoins. Et c'est bien différent de dire qu'on ne peut s'approprier une ressource rare juste pour soi si elle peut servir à autrui. Par exemple: supposons qu'il ne reste presque plus d'air. C'est donc une ressource rare. Si je refuse de m'approprier, rien que pour moi, cette ressource rare qui peut servir à autrui alors je meurs. Donc, c'est moi ou les autres. Selon le proviso tel que tu l'as formulé, je dois me sacrifier. Selon ma formulation ce n'est pas nécessaire. Et dans la majorité des cas, je pense qu'il n'y aura pas de différence entre les deux interprétations. Reste le problème de définir les besoins et savoir s'il y a eu gaspillage. C'est pour cela que je préfère ne retenir que l'esprit du proviso. EDIT: Je ne prétend pas que ma formulation est la bonne. J'indique seulement que cette interprétation existe. Et que Locke a formulé les choses de façon suffisamment vague pour qu'on puisse se demander ce qu'il a réellement voulu dire. <{POST_SNAPBACK}> C'est bien ce que j'avais compris également, mais wapiti a semé un trouble dans mon esprit. J'ai une question alpheccar : quelle est l'utilité de s'approprier quelque chose qui est tellement abondant que tout le monde peut en profiter? En fait, la question est mal posée : quelle est l'utilité d'une propriété exlusive pour ce type de ressources? Dans la mesure où c'est la propriété exclusive qui est notamment source d'"abus".
wapiti Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Je m'approprie une ressource rare qui aurait pu servir à autrui mais si ce que j'en tire est plus que suffisant pour mes besoins alors le surplus doit être distribué et non gaspillé et dans ce cas l'appropriation est légitime. Corollaire : si ce que j'en tire est juste suffisant pour moi, l'appropriation serait encore légitime bien que personne d'autre n'en profite. La où elle n'est plus légitime c'est si je m'approprie plus qu'il n'est nécessaire pour mes besoins. Et c'est bien différent de dire qu'on ne peut s'approprier une ressource rare juste pour soi si elle peut servir à autrui. Par exemple: supposons qu'il ne reste presque plus d'air. C'est donc une ressource rare. Si je refuse de m'approprier, rien que pour moi, cette ressource rare qui peut servir à autrui alors je meurs. Donc, c'est moi ou les autres. Selon le proviso tel que tu l'as formulé, je dois me sacrifier. Selon ma formulation ce n'est pas nécessaire. Et dans la majorité des cas, je pense qu'il n'y aura pas de différence entre les deux interprétations. Reste le problème de définir les besoins et savoir s'il y a eu gaspillage. C'est pour cela que je préfère ne retenir que l'esprit du proviso. Oui, si tu veux, je n'avais pas pensé au cas extrème où il n'y a de toutes façons pas assez de ressources pour permettre à tout le monde d'en bénéficier. Dans ce cas là en effet, il serait ridicule de dire que personne ne peut s'approprier les ressources rares, car personne n'en bénéficierait, et elle seraient donc complètement gaspillées. Reste en effet le problème de définir les besoins, et là je pense qu'on ne peut pas faire autrement que compter sur l'existence d'un consensus dans la société pour éviter les conflits.
Invité alpheccar Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Oui, si tu veux, je n'avais pas pensé au cas extrème où il n'y a de toutes façons pas assez de ressources pour permettre à tout le monde d'en bénéficier. Dans ce cas là en effet, il serait ridicule de dire que personne ne peut s'approprier les ressources rares, car personne n'en bénéficierait, et elle seraient donc complètement gaspillées. Reste en effet le problème de définir les besoins, et là je pense qu'on ne peut pas faire autrement que compter sur l'existence d'un consensus dans la société pour éviter les conflits. <{POST_SNAPBACK}> Les besoins, leur satisfaction, la réduction du gaspillage : le marché libre. C'est-à-dire l'allocation des ressources là où elles seront le mieux utilisées grâce au système des prix. C'est pour cela que je disais que le proviso Lockéen n'affaiblit pas la notion de propriété mais pourrait bien la renforcer. On a une sorte de point-fixe au sens mathématique. La notion de propriété implique un certain mode de fonctionnement des marchés. Cette notion de propriété doit être limitée par le proviso Lockéen mais ce qui permet de définir le proviso Lockéen c'est le marché.
wapiti Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Ton raisonnement me parait bien circulaire … Les prix de marché dépendent des droits de propriété.
Invité alpheccar Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 C'est bien ce que j'avais compris également, mais wapiti a semé un trouble dans mon esprit.J'ai une question alpheccar : quelle est l'utilité de s'approprier quelque chose qui est tellement abondant que tout le monde peut en profiter? En fait, la question est mal posée : quelle est l'utilité d'une propriété exlusive pour ce type de ressources? Dans la mesure où c'est la propriété exclusive qui est notamment source d'"abus". <{POST_SNAPBACK}> Que veux-tu dire par propriété "exclusive" ? Elles ne sont jamais indéfiniment exclusives. Je ne peux pas répondre à ta dernière question car je ne sais pas ce que tu veux dire par "abus".
Invité alpheccar Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Ton raisonnement me parait bien circulaire … Les prix de marché dépendent des droits de propriété. <{POST_SNAPBACK}> J'ai parlé de point fixe. Cela peut ressembler à de la circularité mais cela n'en est pas. Pour prendre une autre analogie : un anneau borroméen. Une autre façon de formuler les choses c'est que par le marché on assure la distribution des droits de propriété là où les ressources seront mieux utilisées. Donc, c'est une implementation du proviso Lockéen. Je ne pense pas qu'on puisse faire mieux (sauf à céder à des illusions constructivistes). Donc, le proviso Lockéen est déjà contenu implicitement dans le concept d'appropriation. C'est un processus dynamique de limitation. Ce n'est pas quelque chose qui s'impose a priori comme des critères de restriction des Droits qu'il faudrait définir pour tous les cas possibles.
wapiti Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Je sais ce qu'est un point fixe, mais j'aimerais bien que tu détailles un peu plus le cas qui nous intéresse.
Etienne Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Que veux-tu dire par propriété "exclusive" ? Elles ne sont jamais indéfiniment exclusives. Je ne peux pas répondre à ta dernière question car je ne sais pas ce que tu veux dire par "abus". <{POST_SNAPBACK}> Par abus, j'entends notamment gaspillage Par exclusive, j'entends que la personne qui exploite une reserve/gissement se réserve le droit de l'exploiter seule, et d'évincer ceux qui souhaiteraient faire de même sur la même nappe/endroit.
Invité alpheccar Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Je sais ce qu'est un point fixe, mais j'aimerais bien que tu détailles un peu plus le cas qui nous intéresse. <{POST_SNAPBACK}> Je crains que cela soit inutile. Je n'imagine pas que l'on puisse donner une définition du proviso Lockéen qui permette de trancher tous les cas. On pourra se mettre d'accord sur le cas que tu as proposé. Mais, probablement qu'on trouvera un autre cas qui ne fonctione plus très bien ensuite. Le proviso Lockéen est trop vague, trop flou et repose sur des concepts très difficiles à définir. Et personnellement, comme je l'ai dit, je ne pense pas qu'il faille réellement le définir puisque dans l'esprit il est déjà implicitement contenu dans le système. Je le vois plus comme un principe dynamique. Mais seulement si on adopte la formulation fondé sur le "gaspillage".
wapiti Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Oui, et bien justement, j'aimerais que tu montres un peu plus précisément pourquoi le fonctionnement du marché impliquerait le respect du proviso lockéen.
Invité alpheccar Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Une petite parenthèse : Ton raisonnement me parait bien circulaire … Les prix de marché dépendent des droits de propriété. J'ai parlé de point fixe. Cela peut ressembler à de la circularité mais cela n'en est pas. C'est pour cela que je suis anarcap et toi minarchiste (Bon, je simplifie car ce n'est pas uniquement pour cela. Je ne sous estime pas les minarchistes. ). Les minarchistes voient dans la société anarcap, où le droit serait soumis au marché, un processus circulaire dont la circularité devrait-être tranchée par l'Etat minimal. Mais ce n'est pas un processus circulaire : c'est un point-fixe. EDIT : J'ai employé droit avec un d minuscule. A ne pas confondre. Je ne suis pas en train de dire que le Droit est le pur résultat d'un processus économique.
wapiti Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Je ne suis pas d'accord avec cette vision du droit, et ce n'est d'ailleurs pas en raison de ma qualité de minarchiste. Il me semble que beaucoup d'anarcaps sur ce forum n'adhèrent pas à une vision du droit comme "point fixe" d'un processus économique (à la Friedman).
Invité alpheccar Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Supposons que nous sommes sur une île qui fait peu d'échanges avec le continent, et que tout le monde se chauffe au bois. Un notable de la ville est propriétaire de quasiment toutes les forêts, qu'il utilise principalement pour chasser. Il n'a pas le droit de décider de ne plus exploiter le bois et de le laisser pourir sur place. Il n'a pas non plus le droit de vendre son bois à un prix exorbitant parce qu'il est en situation de monopole. <{POST_SNAPBACK}> Le processus de marché ne va pas entrainer la respect du proviso dans tous les cas. Je n'ai jamais prétendu cela. Mais il le fera mieux que toute règle définie a priori. Pour reprendre l'exemple ci-dessus: 1 - Le notable a le droit de laisser le bois pourrir sur place. Mais, s'il peut en tirer un revenu il serait bien stupide de ne pas le faire ; 2 - S'il a un monopôle et que ses prix sont trop élevées, pourquoi l'île continuerait à ne pas faire d'échanges avec le continent ; 3 - Comment cette situation de monopôle s'est créée ? Ne serait-ce pas un cas un peu tiré par les cheveux ? Si on veut comprendre l'effet du marché il faut regarder l'évolution dans sa totalité et voir si cette situation de monopôle aurait réellement pu apparaître ; 4 - Si le notable est suffisamment riche et n'est pas intéressé par la vente de son bois qu'il laisse pourrir. Ne serait-il pas intéressé par un travail bénévole des villageois qui pourraient le débrasser de son bois et nettoyer sa forêt qui serait donc plus agréable pour sa chasse ; etc …
Invité alpheccar Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Je ne suis pas d'accord avec cette vision du droit, et ce n'est d'ailleurs pas en raison de ma qualité de minarchiste. Il me semble que beaucoup d'anarcaps sur ce forum n'adhèrent pas à une vision du droit comme "point fixe" d'un processus économique (à la Friedman). <{POST_SNAPBACK}> Je n'ai jamais dit ça ! Je n'ai jamais dit que le droit est le résultat d'un processus économique. Reprends mon analogie des anneaux borroméen. Le droit est un des anneaux. Le marché un autre. Le troisième n'est pas l'Etat …
wapiti Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Désolé, je n'ai pas assez d'imagination pour trouver un exemple réaliste. 1 - Le notable a le droit de laisser le bois pourrir sur place. Mais, s'il peut en tirer un revenu il serait bien stupide de ne pas le faire ; Oui, les gens sont parfois stupides, ou méchants. 2 - S'il a un monopôle et que ses prix sont trop élevées, pourquoi l'île continuerait à ne pas faire d'échanges avec le continent ; Parce qu'elle est très loin, et que le coût du transport du bois reviendrait aussi cher que le prix qu'impose le notable (pas con le mec, il sait très bien que s'il impose un prix plus haut il ne vendra rien) 3 - Comment cette situation de monopôle s'est créée ? Ne serait-ce pas un cas un peu tiré par les cheveux ? Si on veut comprendre l'effet du marché il faut regarder l'évolution dans sa totalité et voir si cette situation de monopôle aurait réellement pu apparaître ; Le notable a hérité de son père qui était gentil, puis il s'est brouillé avec plusieurs villageois et a donc décidé de les emmerder. 4 - Si le notable est suffisamment riche et n'est pas intéressé par la vente de son bois qu'il laisse pourrir. Ne serait-il pas intéressé par un travail bénévole des villageois qui pourraient le débrasser de son bois et nettoyer sa forêt qui serait donc plus agréable pour sa chasse ; Il préfère l'atmosphère d'une forêt non entretenue. Oui, c'est tiré par les cheveux (pas tant que l'exemple cité dans l'article que tu as donné cependant), mais pas impossible. Et je ne trouve pas les arguments angélistes satisfaisants. Le libéralisme ne fait pas l'hypothèse que les gens agissent toujours suivant leur intérêt bien compris. Le droit existe justement pour cette raison.
wapiti Posté 13 janvier 2005 Signaler Posté 13 janvier 2005 Euh j'ai un peu de mal à saisir l'analogie des anneaux boroméens …
Invité jabial Posté 14 janvier 2005 Signaler Posté 14 janvier 2005 Pour moi, l'antériorité est largement suffisante pour éviter le gaspillage. Une personne devient propriétaire de ce qu'elle transforme, mais elle ne peut limiter les exploitations antérieures à son appropriation (qui ont déja été appropriées). Exemple : il y a des indiens dans une forêt, qui chassent depuis la nuit des temps. Je peux m'approprier un bout de forêt pour couper des arbres et les replanter (les indiens ne sont pas propriétaires de toute la forêt), mais je dois dédommager les indiens qui sont propriétaires d'un droit de chasse si je nuis à leur gibier.
Calembredaine Posté 14 janvier 2005 Signaler Posté 14 janvier 2005 Le processus de marché ne va pas entrainer la respect du proviso dans tous les cas. Je n'ai jamais prétendu cela. Mais il le fera mieux que toute règle définie a priori.Pour reprendre l'exemple ci-dessus: 1 - Le notable a le droit de laisser le bois pourrir sur place. Mais, s'il peut en tirer un revenu il serait bien stupide de ne pas le faire ; 2 - S'il a un monopôle et que ses prix sont trop élevées, pourquoi l'île continuerait à ne pas faire d'échanges avec le continent ; 3 - Comment cette situation de monopôle s'est créée ? Ne serait-ce pas un cas un peu tiré par les cheveux ? Si on veut comprendre l'effet du marché il faut regarder l'évolution dans sa totalité et voir si cette situation de monopôle aurait réellement pu apparaître ; 4 - Si le notable est suffisamment riche et n'est pas intéressé par la vente de son bois qu'il laisse pourrir. Ne serait-il pas intéressé par un travail bénévole des villageois qui pourraient le débrasser de son bois et nettoyer sa forêt qui serait donc plus agréable pour sa chasse ; etc … <{POST_SNAPBACK}> C'est le problème de Wapiti et de son "col" auquel il s'accroche. Il part d'hypothèses farfelues, hautement improbables et quand bien même elles se réaliseraient leur durée de vie serait forcément courte.Dans l'exemple de l'île et de son bois, en admettant qu'une situation pareille puisse se mettre en place (ce qui est très improbable), elle ne peut perdurer car 1- des habitants quitteraient l'île 2- d'autres solutions de chauffages seraient envisagées 3- au pire les habitants mourraient de froid ou tueraient le propriétaire Par ailleurs, de quoi vit le propriétaire si l'île ne fait pas d'échange avec le continent? - Il faudrait l'imaginer rentier - Pourrait-il acheter de quoi vivre sur l'île s'il refuse de vendre son bois? Enfin bref, il existe mille est une raisons pour que cette situation n'apparaissent jamais ou ne perdure qu'un infime laps de temps et je suis toujours surpris de voir Wapiti s'accrocher à ce fantasme, relent d'un étatisme latent
wapiti Posté 14 janvier 2005 Signaler Posté 14 janvier 2005 Il n'y a pas de relent d'étatisme latent, puisqu'il n'y a nul besoin d'Etat pour faire respecter ce principe, comme tu l'as dit, si le proprio fait le con, il risque fort de se faire tuer (tes autres conséquences sont soit injuste soit impossible vu le contexte). Ce qui d'ailleurs prouve à mon avis qu'une telle attitude n'est pas "juste". Si la justice protège un comportement qui a comme effet irrémédiable que tout le monde à envie de buter l'auteur de ce comportement, c'est qu'il y a un hic dans la définition de la justice. Je suis bien d'accord que ces situations sont rares (et que la plupart du temps, on sera dans la situation que Jabial mentionne). Mais ça ne change rien au fait que si une situation comme ça se présente, alors ce qui est juste n'est pas de protéger la propriété du gars qui en fait usage pour nuire aux autres.
melodius Posté 14 janvier 2005 Signaler Posté 14 janvier 2005 On ne construit pas une théorie du droit en cherchant à résoudre des problèmes imaginaires qui ne se produiront jamais, de la même manière qu'on ne fait pas un droit pénal uniquement en fonction de types comme Marc Dutroux.
Invité alpheccar Posté 14 janvier 2005 Signaler Posté 14 janvier 2005 Je crois que nous sommes tous tombés dans le piège que Wapiti nous avait tendu Ses expériences de pensée sont terriblement efficaces. En l' occurence, dans l'exemple de l'île, Wapiti pose un problème moral et comme on discutait Droit cela n'avait rien à y faire. Si je prend l'exemple suivant, cela apparaîtra mieux. J'ai besoin d'une transfusion pour survivre mais il n'y a qu'un individu au monde qui a un rhésus compatible et il refuse de me donner ou vendre un peu de son sang. Son refus est parfaitement légitime même si moralement il est répréhensible. Si l'on évacue cette question morale en supposant que les gens sur l'île ne mourront pas de froid, il reste une question économique : le gaspillage. Mais qui va définir ce qu'est le gaspillage. Qui va définir ce qu'est une utilisation correcte d'un bien et une utilisation superflue. En voyant du bois pourrir, je peux penser que c'est du gaspillage et que je pourrais mieux l'utiliser. Mais c'est totalement subjectif. Il y a des tas d'activités économiques qui sont considérées par beaucoup de monde comme inutiles, frivoles, irrationnelles etc… Oui, les gens sont parfois stupides, ou méchants. De même, si quelqu'un refuse de me vendre un bien c'est légitime. Je n'ai pas à le juger. De mon point de vue cela peut sembler irrationnel mais pas du sien. Le libéralisme ne fait pas l'hypothèse que les gens agissent toujours suivant leur intérêt bien compris. Le droit existe justement pour cette raison. C'est un argument similaire qui est souvent avancé par les étatistes : les gens ne savent pas ce qui est bien pour eux on doit donc le décider pour eux. Il faut faire leur bonheur malgré eux. Ils sont stupides, ils sont méchants, ils faut donc tout gérer à leur place. La notion de gaspillage, d'utilité, de meilleure utilisation d'une ressource est subjective et liée à l'individu. C'est le marché qui permet aux individus d'apporter et concilier leurs réponses individuelles à ces questions. En résumé, mon interprétation : si le proviso Lockéen est une restriction morale il n'a rien à faire dans le Droit. Sinon, c'est juste une façon particulièrement compliquée de dire qu'il vaut mieux une économie libre qu'une économie planifiée et il est donc déjà implicitement contenu dans le droit Lockéen. Et je suis d'accord pour dire que selon les individus, il pourra apparaître que le marché n'a pas respecté le proviso Lockéen. Mais tout simplement parce que ce proviso étant fondé sur des notions subjectives il sera apprécié de façon différente selon les individus.
Invité jabial Posté 15 janvier 2005 Signaler Posté 15 janvier 2005 Si je prend l'exemple suivant, cela apparaîtra mieux.J'ai besoin d'une transfusion pour survivre mais il n'y a qu'un individu au monde qui a un rhésus compatible et il refuse de me donner ou vendre un peu de son sang. Son refus est parfaitement légitime même si moralement il est répréhensible. Selon ta morale. Selon moi, c'est le type qui considère comme scandaleux de payer pour le sang (le SANG!) de quelqu'un qui est moralement répréhensible.
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