Domi Posté 13 décembre 2010 Signaler Posté 13 décembre 2010 Je vais essayer de corriger et d'affiner ce que j'avais précédemment énoncé dans mon précédent message. En 1946, il y avait en gros trois positions africaines s'exprimant politiquement : 1°) L'intégration pure et simple. 2°) La position de Senghor. Un fédéralisme avec une union verticale entre la france et l'afrique et une union horizontale entre africains. 3°) Autour d'Ouphoüet Bouagny, un projet d'émancipation dans un cadre français. Ces courants étaient d'abord représentés dans les partis français (Senghor à la SFIO, Bouagny au PC) avant de s'africaniser. Il y avait deux grands partis : - le RDA ( rassemblement démocratique africain), - l'OIM ( plutôt centriste et auquel participait senghor) Suite à la victoire du RDA à des élections au milieu des années 1950, a été conçue la loi cadre Deferre de 1956. Cette loi s'appuyait sur les territoires auxquelles elle donnait les institutions leur permettant à terme d'être indépendant. Je ne saurai dire si l'objectif de cette loi était de préparer l'indépendance ou de donner un os à ronger pour l'éviter mais la perspective d'une indépendance était clairement préparée. Pierre Messmer, directeur de cabinet de Gaston Deferre au moment de l'élaboration de la Loi a expliqué au mensuel "jeune afrique" au milieu des années 90 qu'il ne croyait pas à une indépendance fondée sur les grandes entités qu'étaient l'AOF et l'AEF et que le choix des territoires avait été fait en conséquence. Concernant les leaders africains, ceux-ci avaient des positions diverses : 1°) Senghor était fédéraliste, comme je l'ai expliqué plus haut. 2°) Sekou Touré (futur président de la Guinée) l'était également car il s'estimait capable de peser sur un grand ensemble, 3°) Ouphouët Boigny était favorable aux territoires car il estimait que la côte d'Ivoire aurait une chance de s'en sortir si elle était seule et n'avait pas à soutenir l'ensemble. C'est donc le choix des territoires qui a été fait. En 1958, c'est le projet de communauté, approuvée partout, sauf en Guinée. Rien n'annonçait donc l'imminence des indépendances. Néanmoins, compte tenu des nouvelles institutions, il était facile de mettre en place l'indépendance. En fait sans que celles-ci aient été réclamées explicitement, les prérogatives laissées à la France, notamment sur les questions diplomatiques ont été contestées, ce qui vidait la communauté de sa substance. Le Bénin et le Burkina-Faso se sont détachés de la fédération du Mali qui comprenait également le Sénégal et le Soudan français (actuel Mali). Il y a eu ensuite un effet d'entrainement des territoires qui ont demandé leur indépendance les uns à la suite des autres. C'est un résumé d'un article de Lugan dans la NRH.
Invité rogermila Posté 14 décembre 2010 Signaler Posté 14 décembre 2010 Le troisième tour électoral se prépare. France Telecom a déjà rapatrié ses salariés. Laurent Gbagbo a refusé d'admettre sa défaite après dix ans de pouvoir. Il s'était lui-même emparé du pouvoir il y a dix ans en recourant à la rue .Son rival, Alassane Ouattara, actuellement retranché à l'hôtel du Golf, protégés par des casques bleus de l'ONU, s'est décidé à faire appel à la rue. A Bouaké, située au centre géographique du pays, la population été invitée par le porte-parole des rebelles, Issa Doumbia, à marcher vers le Sud sur une ville située à l'intérieur de la zone tenue par le gouvernement Gbagbo pour exiger la prise de fonctions de Ouattara. Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) prévoit une marche sur les bâtiments du gouvernement . Pour sa part, Laurent Gbagbo dispose du contrôle de l'armée, de la police et des miliciens du mouvement des Jeunes patriotes; aussi les risques d'affrontements sont réels. http://fr.news.yahoo.com/4/20101214/tts-co…op-ca02f96.html
Invité rogermila Posté 16 décembre 2010 Signaler Posté 16 décembre 2010 Lamentable. La journée du jeudi 16 décembre s'annonçait tendue en Côte d'Ivoire : le camp d'Alassane Ouattara, l'un des deux présidents proclamés, avait demandé à ses partisans de marcher sur la télévision d'Etat, faisant craindre un affrontement sanglant avec les forces de son rival, Laurent Gbagbo.Dès la fin de la matinée, l'AFP annonçait que quatre personnes avaient été tuées par balles à Abidjan, au moment où les forces de l'ordre dispersaient des manifestants partisans d'Alassane Ouattara. L'agence Reuters faisaient état de tirs nourris d'armes automatiques et de fusils dans les rues. Des détonations auraient été entendues près du quartier général d'Alassane Ouattara. http://www.lemonde.fr/afrique/article/2010…tor=AL-32280308 Et le blah-blah franchouillard habituel et insignifiant pour éteindre un incendie….. qu'on a contribué à allumer. La ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a confirmé que Paris n'avait pas l'intention d'intervenir militairement en cas de violences. Dans ce cas, s'interposer, "c'est le devoir de la communauté internationale. L'ONU à travers l'Onuci, c'est-à-dire les forces internationales, sont là pour essayer d'éviter la violence", a-t-elle dit.
Invité rogermila Posté 16 décembre 2010 Signaler Posté 16 décembre 2010 Enfin les Etats-Unis prennent les choses en main. Pauvre Françafrique…. avec ses accords de Marcoussis ! Laurent Gbagbo dispose d'un "temps limité" pour céder le pouvoir à Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire et il en est conscient, a affirmé aujourd'hui un haut responsable américain. "Nous avons des raisons de penser qu'il reçoit le message", a déclaré ce responsable parlant sous couvert de l'anonymat. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/12/…-sur-gbagbo.php
Invité rogermila Posté 17 décembre 2010 Signaler Posté 17 décembre 2010 Sarko l'ouvre. Quel courage ! Il a attendu que les Américains haussent le ton pour prendre position, alors que ces derniers jours, MAM suivait les directives et s'aplatissait devant Gbagbo «En violation de la volonté du peuple ivoirien, qui avait déjà été privé d'élection pendant dix ans, M. Gbagbo se maintient au pouvoir, ses partisans tirent, il y a eu des morts dans les rues d'Abidjan hier, c'est un scandale», a martelé le président français. «Il n'y a pas d'autre possibilité pour M. Gbagbo que de quitter à bref délai un pouvoir qu'il usurpe», a conclu M. Sarkozy.http://www.lefigaro.fr/international/2010/…-le-pouvoir.php
Domi Posté 17 décembre 2010 Signaler Posté 17 décembre 2010 rogermila en roue libre.Sympathique. Maurice B n'est pas seul (mais lui n'aurait pas dit du mal de Nicolas …).
free jazz Posté 17 décembre 2010 Signaler Posté 17 décembre 2010 Dimanche dernier, alors que j'allais au théâtre, il y avait une manif de qqs centaines d'ivoiriens excités devant la Comédie Française. Tout en criant des slogans hostiles à Sarko, ils déployaient des banderoles avec des slogans amusants et contradictoires: "La France aux français, la Côte d'Ivoire aux ivoriens" "Non à la Françafrique, le peuple ivoirien avec Gbagbo" "Intervention militaire" Je me suis aussi beaucoup amusé des contorsions du PS et de Jack Lang sur Gbagbo, membre emminent de l'internationale socialiste.
Invité rogermila Posté 18 décembre 2010 Signaler Posté 18 décembre 2010 Maintenant on est carrément dans le discours haineux et menaçant anti-français. Qu'est-ce qu'on est allé foutre dans ce guépier ? Espérons que les quelques Français, restés en mission pour leurs entreprises, ne seront pas pris pour cible. Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes" et ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo demande " à tous les Ivoiriens de s'apprêter à livrer le combat, on va libérer totalement notre pays", a-t-il dit. "La récréation est terminée !", a-t-il ajouté.Un rassemblement des "jeunes patriotes" est prévu cet après-midi dans le quartier de Yopougon à Abidjan, afin de nous "mettre en ordre de bataille à travers tout le pays", a-t-il annoncé. "Gbagbo n'est pas le sous-préfet de Sarkozy", et celui-ci "devra passer sur nos corps pour s'attaquer à Gbagbo", a ajouté Charles Blé Goudé. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/12/…a-combattre.php Et l'escalade verbale. "Le président de la République de Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo vient de demander le départ immédiat du territoire ivoirien de l'Onuci et des forces françaises ", indique la porte-parole du gouvernement Gbagbo, Jacqueline Lohouès Oble. "le gouvernement ivoirien considère que l'Onuci a largement failli à sa mission en posant des actes qui ne sont pas conformes à son mandat" http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/12/…a-combattre.php
Invité rogermila Posté 23 décembre 2010 Signaler Posté 23 décembre 2010 Face à la situation pourrie qui règne en Cote d'Ivoire après ces élections, et les 173 morts déjà dénombrés, la France a-t-elle vocation à intervenir sur le terrain ? Le camp Ouattara a franchi un cap en appellant la communauté internationale à faire usage de la force contre Gbagbo. Guillaume Soro, premier ministre du président élu Alassane Ouattara, ne voit plus d'autre solution pour déloger celui qu'il qualifie de «dictateur» du pouvoir. http://www.lefigaro.fr/international/2010/…-a-la-force.php
Invité rogermila Posté 26 décembre 2010 Signaler Posté 26 décembre 2010 L'Etat Français commet un première maladresse grossière qui risque de lui couter cher. L'avion officiel du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a été bloqué à l'aéroport de Bâle-Mulhouse, où il était stationné pour un entretien technique.Le porte-parole de l'Office fédéral de l'aviation civile a, par ailleurs, confirmé les informations du journal suisse Neue Zürcher Zeitung selon lesquelles l'avion avait été immobilisé sur place à la demande de la France et d'Alassane Ouattara. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/12/…le-mulhouse.php
Invité rogermila Posté 30 décembre 2010 Signaler Posté 30 décembre 2010 Chaque camp est prêt à mettre les jeunes dans la rue et, à ce moment-là, à en découdre : "dioulas" d'Abobo contre sudistes de Yopougon, étrangers occidentaux menacés et "exfiltrés", garde républicaine, armée ou gendarmerie tirant sur des foules peut-être armées… Toutes ces hypothèses cauchemardesques risquent de se réaliser. Comme en 2000. Comme en 2004. L'issue est prévisible à Abidjan, car si même les migrants sahéliens s'alliaient dans la rue aux Ivoiriens pro-Ouattara, la population est largement acquise au président Gbagbo. Si les Occidentaux et une introuvable "communauté internationale" largement instrumentalisée par l'Elysée veulent provoquer un nouveau Rwanda, la recette est là et les suites bien connues. Car la violence ne s'arrêtera pas aux portes de la capitale. Se rend-on bien compte à Paris, Bruxelles ou Washington des conséquences des ingérences actuelles ? Si la boîte de Pandore des massacres s'ouvre cette semaine, les responsabilités historiques en seront, par avance, bien établies. Et les requiem cérémonieux à venir, dans la magnifique cathédrale d'Abidjan, n'y changeront rien : une fois de plus les grands leaders auront envoyé leurs militants au massacre, dernier moyen pour eux de négocier le pouvoir. Michel Galy, politologue et sociologue, chercheur au centre d'études sur les conflits http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/1…#ens_id=1445146
free jazz Posté 30 décembre 2010 Signaler Posté 30 décembre 2010 L'analyse que vous n'entendrez pas à la télé. L'Afrique Réelle N°12 - Décembre 2010 Editorial : En Côte d’Ivoire, le premier tour des élections présidentielles avait fait apparaître un pays coupé en trois, la coalition Kru Lagunaires de M. Gbagbo totalisant 37% des voix, le parti Baoulé 25% et l’ensemble nordiste 33%. Au second tour, M. Ouattara l’a emporté après qu’eut été reconstituée autour de sa candidature l’alliance entre Baoulé et Nordistes qui avait jadis permis au président Houphouët-Boigny de gouverner. Dans un réflexe de survie, M. Gbagbo a alors fait un coup d’Etat et mis le pays en situation de quasi guerre civile. La « communauté internationale » est la grande responsable de ce gâchis pourtant prévisible. Après la partition du pays intervenue à la suite des évènements de 2002, elle a en effet voulu, au nom de la démocratie et de la « bonne gouvernance », contraindre au dialogue, à la réconciliation, à la réunification et au partage du pouvoir des populations qui n’avaient jamais eu de passé commun. Postulant que la paix allait sortir des urnes, elle a englouti des sommes considérables dans un processus électoral bancal. Le résultat de cette cécité ethnologique et politique est catastrophique. Les positions des deux camps sont en effet inconciliables car elles sont ancrées sur des mentalités inscrites dans la longue durée. Pour les Kru du sud forestier, ensemble ethnique auquel appartient M. Gbagbo, les Nordistes forment un monde rattaché à l’univers du Sahel. Selon eux, ce vaste ensemble malinkédioula-mossi, rêve de reprendre vers le Sud une expansion bloquée durant la parenthèse coloniale. La coupure Nord-Sud entre le monde sahélien, ouvert et structuré en chefferies ou en royaumes d’une part, et le monde forestier littoral peuplé d’ethnies à la géopolitique cloisonnée d’autre part, est bien la grande réalité géopolitique régionale[1]. La priorité est désormais de tenter de circonscrire l’incendie afin d’éviter son extension à toute l’Afrique de l’Ouest, tant les imbrications ethniques y sont importantes. Le problème est que la question ivoirienne étant d’abord ethnique, sa résolution ne passe certainement pas par une artificielle recomposition démocratique à l’ « européenne », mais bien par une redéfinition de l’Etat. Comme il n’existe plus de fédérateur et que tous les dirigeants politiques sont discrédités, tout replâtrage faussement consensuel avec un gouvernement dit d’ « unité nationale », ne serait qu’une solution artificielle, fragile, provisoire et porteuse d’embrasements futurs. Dans ces conditions, et dans l’état actuel de la situation, la seule issue réaliste n’est-elle pas la reconnaissance de la partition entre des Nord pro-Ouattara et des Sud pro-Gbagbo ? Plus tard, peut-être, une nouvelle union pourrait naître, mais sur des bases solides, c'est-à-dire dans le cadre d’une confédération à définition clairement ethnique. Dans l’immédiat, maître du pays Kru et du cordon littoral peuplé par ses alliés Akié, Abouré et autres Lagunaires, Laurent Gbagbo contrôle la Côte d’Ivoire « utile ». Grâce aux revenus du pétrole, du café, du cacao, des ports, appuyé sur l’armée et la gendarmerie, il va tenter de contraindre les acteurs économiques internationaux à composer avec lui. Jouant la carte nationaliste il va s’opposer avec virulence au « diktat » de l’ONU et accusera tout particulièrement la France, bouc émissaire idéal. Mais dans ce très périlleux jeu du « quitte ou double », il n’est pas certain qu’il ait toujours avec lui sa chance légendaire… Quant à Alassane Ouattara, chef de l’Etat légitime mais désarmé, il n’est encore que le « roi de Bourges » d’un Nord déshérité et il risque d’apparaître bientôt aux yeux des Ivoiriens comme l’homme de l’étranger. Le temps jouant contre lui, il est donc condamné à brusquer les évènements. En a-t-il seulement les moyens ? Bernard Lugan [1] Accrochés d’une manière pathétique à leurs vieilles croyances « new age » et post-marxiste, Jean-Loup Amselle, Jean-Pierre Chrétien et Elikia M’Bokolo du CNRS soutiennent que les ethnies sont des créations coloniales. Plus encore selon Jean-Loup Amselle, la notion même de Sahel est le produit de la colonisation. Dans la même veine il serait possible de soutenir que le phénomène des grandes marées en Bretagne est une conséquence de l’occupation allemande de 1940… http://bernardlugan.blogspot.com/2010/12/l…embre-2010.html http://bernardlugan.blogspot.com/2010/12/b…e-la-crise.html
Barem Posté 30 décembre 2010 Signaler Posté 30 décembre 2010 Bernard Lugan s'était déjà positivement distingué à propos des grèves universitaires il me semble ? Article très intéressant en tout cas, merci pour le partage. On comprend mieux les propos recueillis dernièrement de Gbagbo lors d'une conférence de presse : http://english.aljazeera.net/news/africa/2…4749956378.html
Invité Arn0 Posté 30 décembre 2010 Signaler Posté 30 décembre 2010 De toute façons sur le plan des institutions on peut aussi remarquer que les régimes présidentialiste sont difficilement compatible avec la démocratie. Si à la base la constitution est viciée dans sa lettre, dans son esprit et dans ses buts alors il ne faut pas que ses résultats ne soient pas glorieux. D'ailleurs en général l'idée d'élire le président au suffrage universel en Afrique est vraiment une absurdité : c'est une institution dangereuse, qui ne peut qu'être facteur d'instabilité dans un pays qui n'a pas une tradition démocratique forte (à l'inverse de ce qui peut éventuellement se passer dans une nation qui a une tradition démocratique profonde). (Je n'affirme pas du tout qu'un régime parlementaire -avec un exécutif fort- serait la panacée, simplement que ce serait plus raisonnable).
Apollon Posté 30 décembre 2010 Signaler Posté 30 décembre 2010 De toute façons sur le plan des institutions on peut aussi remarquer que les régimes présidentialiste sont difficilement compatible avec la démocratie. Si à la base la constitution est viciée dans sa lettre, dans son esprit et dans ses buts alors il ne faut pas que ses résultats ne soient pas glorieux. D'ailleurs en général l'idée d'élire le président au suffrage universel en Afrique est vraiment une absurdité : c'est une institution dangereuse, qui ne peut qu'être facteur d'instabilité dans un pays qui n'a pas une tradition démocratique forte (à l'inverse de ce qui peut éventuellement se passer dans une nation qui a une tradition démocratique profonde). (Je n'affirme pas du tout qu'un régime parlementaire serait la panacée, simplement que c'est plus raisonnable). Mais on pourrait soutenir le contraire, à savoir que s'il n'y a pas de tradition démocratique, il faut précisément faire en sorte que les institutions démocratiques copient la structure du pouvoir autour d'un chef.
Invité Arn0 Posté 30 décembre 2010 Signaler Posté 30 décembre 2010 Mais on pourrait soutenir le contraire, à savoir que s'il n'y a pas de tradition démocratique, il faut précisément faire en sorte que les institutions démocratiques copient la structure du pouvoir autour d'un chef. Alors il risque de tirer sa légitimité locale non de son élection, mais du fait qu'il est le chef. Et soit l’élection ratifiera l'autorité préexistante, soit elle conduira à un conflit de légitimité. Autrement dit elle sera inutile ou nuisible. Même un premier ministre véritable dirigeant dans les faits d'un exécutif puissant et stable sera toujours symboliquement inférieur au chef de l'état qui aura la préséance sur lui : cela peut sembler idiot mais le simple fait de n'être pas l'incarnation de la nation est source de modestie. De même que le fait de n'être pas élu au suffrage universel et de pouvoir être renversé par le parlement (même difficilement). Et d'un point de vue pratique faire revoter dans les circonscriptions où la fraude à mis en doute la sincérité du scrutin c'est plus simple que de revoter pour un président : c'est moins dommageable et cela permet à la justice de s'imposer progressivement, en condamnant au départ uniquement les fraudes les plus flagrantes sans remettre en cause le résultat général et donc sans entrer trop directement en conflit avec le pouvoir en place. Après tout même en France les conditions légales d'annulations d'une élection présidentielle sont moins strictes que pour une élection législative ! Bon cela dit c'est un pansement sur une plaie dans le cas de l'Afrique.
Invité rogermila Posté 31 décembre 2010 Signaler Posté 31 décembre 2010 Lugan l'a bien expliqué. Il est absurde d'y imposer des élections pour une gouvernance à l'image de l'Europe ; où on élit des représentants agissant selon des idées émanant de partis politiques. La préférence pour un parti politique ou l'adhesion à des idées politiques, sans référence directe à l'ethnie, sont des concepts inexistants dans la plupart des pays d'Afrique. La partition du pays est souvent le moindre mal. ça sent le roussi. La France recommande le départ des familles françaises avec enfants résidant en Côte d'Ivoire et annonce le report de la rentrée scolaire dans les écoles françaises, en raison de la situation de crise dans le pays, selon un communiqué du Quai d'Orsay.http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/12/…vent-partir.php
Invité rogermila Posté 3 janvier 2011 Signaler Posté 3 janvier 2011 Une analyse lucide. les démons de la violence et de la haine hantent à nouveau la Côte d'Ivoire. Comme en 2000, le pays va se couper en deux, il va brûler comme une paille, plus rien ne peut l'empêcher. La faute à qui ? Au monde entier et d'abord et avant tout à cette fameuse communauté internationale qui n'est jamais mieux dans son rôle que quand elle rallume les incendies qu'elle est censée éteindre. …………… Formellement, ce "machin" derrière lequel se cachent les grosses griffes des Etats-Unis et de l'Union européenne ne pèse pas plus que le poids d'un arbitre. ………… Disons-le clairement : l'ONU n'a pas à décider qui est élu et qui ne l'est pas à la tête d'un pays (le cas ivoirien compte peu en l'occurrence). Le faisant, elle outrepasse ses droits, ce qui lui arrive de plus en plus ………………… La quasi-totalité des chefs d'Etat africains sont au pouvoir à la suite d'un putsch sanglant ou d'une élection truquée. Une loi non écrite permet à chacun de tuer, de voler et de tricher pour arriver au pouvoir. La nouveauté, ce sont les "scrupules" avec lesquels les grands de ce monde regardent cela. Congo, Rwanda, Somalie, jusqu'ici ils ont encouragé les trucages électoraux et les putschs et fermé les yeux sur les pires atrocités au gré de leurs intérêts. Et voilà que ces messieurs sont soudain pris d'un excès d'états d'âme ! Tierno Monénembo, écrivain guinéen, Prix Renaudot 2008 pour "Le Roi de Kahel" . http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/0…#ens_id=1445146
Tremendo Posté 3 janvier 2011 Signaler Posté 3 janvier 2011 Moi j'avoue que j'ai beaucoup de mal à comprendre la position de la "communauté internationale" en faveur de Ouattara, alors que les deux ont semble-t-il conduit l'élection à un désastre en trichant. L'ONU et la France derrière ont une part de responsabilité tout de même: en imposant des standards occidentaux, en négligeant les réalités ethniques inconciliables, et en s'interposant dans les affaires du pays sans se poser la question des conséquences éventuelles.
h16 Posté 3 janvier 2011 Signaler Posté 3 janvier 2011 Je crois surtout que la France aurait un devoir à se retirer bien vite des affaires du monde pour s'occuper des siennes qui vont plus que mal.
Barem Posté 4 janvier 2011 Signaler Posté 4 janvier 2011 http://english.aljazeera.net/news/africa/2…1745317811.html Petit historique depuis 1960 de la situation en Cote d'Ivoire : The Republic of Cote d'Ivoire is a West African country split between the north and south following a 2002-03 civil war.Since the former French colony gained independence in 1960, it has experienced two coups d'etat and one civil war. The official language is French, although many of the local languages are widely used including Baoulé, Dioula, Dan, Anyin and Cebaara Senufo. The main religions are Islam (38.6 per cent), Christianity (32.8 per cent), (primarily Roman Catholic) and various indigenous religions (11.6 per cent). 1960 - Cote d'Ivoire gains independence from France on August 7. Felix Houphouet-Boigny, a parliament member who spearheaded the independence movement, becomes the country's first president. 1979 - The country prospers economically, becoming the world's leading cocoa producer, and is conspicuous for its religious and ethnic harmony under Houphouet-Boigny's leadership. 1990 - Hundreds of civil servants launch a strike, joined by students protesting institutional corruption. The unrest forces the government to support and implement a multi-party democracy. 1993 - Houphouet-Boigny passes away and his ally Henri Konan Bédié succeeds him. 1995 - Bedie sweeps a presidential re-election. After taking office, he reportedly jails several hundred opposition supporters. He institutes the word "Ivoirite", which initially referred to the cultural identity of all those living in Cote d'Ivoire. But nationalist and xenophobic ideas spread by politics and the press lead to the term referring only to the south of the country. It excludes the predominantly Muslim north, which had many immigrants from neighbouring Mali and Burkina Faso - who make up about one third of the country's population. Before the 2000 presidential elections, a law quickly passed by the government requires both parents of a presidential candidate to be born within Côte d'Ivoire. This leads to the disqualification of the presidential candidate and former prime minister Alassane Ouattara, whose parents were allegedly Burkinabe immigrants, a claim that he contested. 1999 - A group of rebel officers stage a military coup, putting General Robert Guéï in power. Bédié flees into exile in France. 2000 - Guéï claims victory over Laurent Gbagbo, leader of the Ivorian Popular Front (FPI), the opposition party in a disputed presidential election. The election sparks a public uprising that resulted in about 180 deaths and leads to Gbagbo replacing Guéï. 2002 - Northern rebels who long voiced discontent over discrimination and marginalisation launch an armed uprising against government forces throughout the country, including the main city Abidjan. France sends troops to support Cote d'Ivoire's military. Thousands are killed in the conflict. The government retains control over the south, but loses the north to the rebels as a result of the civil war. 2003 - Gbagbo and rebel leaders sign accords creating a "government of national unity" although clashes between the two sides continue. 2004 - 120 people are killed when rallying opposition supporters clash with troops, and subsequent mob violence leads to foreign nationals being expelled. 2005 - The presidential election that should have been held in 2005 is postponed until 2010. 2010 - December 3 - Preliminary results announced by the country's electoral commission shows a loss for Gbagbo in favour of his rival Alassane Ouattara, who reaped 54 per cent of the vote. The ruling FPI contests the results before the Constitutional Council, alleging massive fraud in the northern parts controlled by the rebels of the Forces Nouvelles de Côte d'Ivoire (FNCI). December 4 - The Constitutional Council declares the results of seven northern departments unlawful and that Gbagbo had won the elections with 51 per cent of the vote. These charges are refuted by international observers. The report of the poll results causes severe tension and violent incidents throughout the country. December 6 - Thabo Mbeki, the former South African president, arrives in Cote d'Ivoire on a mediation mission aimed at resolving the political crisis as fears of a resurgence of civil war escalated. December 7 - Economic Community of West African States suspends Cote d'Ivoire from all its decision-making bodies after President Laurent Gbagbo continued to ignore calls and pressure to step down. December 9 - The UN security council backs Alassane Ouattara as the winner of Cote d'Ivoire's disputed presidential election after days of deliberation. December 9 - The African Union says it has suspended the country's membership until Ouattara is installed in power. December 15 - The government of Cote d'Ivoire President Laurent Gbagbo orders the United Nations and French peacekeeping missions to leave the country, which they defy. December 16 - Protests over the disputed election turn violent in Abidjan and other cities. Ouattara's camp said 30 people died in clashes while Gbagbo's spokeswoman said 20 died, including 10 police officers killed by protesters. December 17 - Raila Odinga, the Kenyan prime minister, calls for African nations to remove Gbagbo from office by force if necessary, further ratcheting up pressure on the incumbent. December 19 - The United Nations warns that it has received growing reports of human rights abuses, including hundreds of reports of abductions. The UN special envoy to Cote d'Ivoire puts the number of people killed at more than 50, with 200 injured and 270 detained. The US state department orders most of its personnel to leave, and the EU imposes a travel ban on 19 pro-Gbagbo Ivorian officials. December 20 - The UN extends the mandate for its peacekeeping force in Cote d'Ivoire, while US White House spokesman Robert Gibbs says "it is time for [Gbagbo] to go". December 21 - UN secretary general warns of a "real risk" of renewed civil war in Cote d'Ivoire. Gbagbo says he is ready to welcome a delegation of international representatives "to solve the crisis". December 22 - Gbagbo says he is "ready" for talks with rival Alassane Ouattara. December 23 - The United Nations formally recognises Alassane Ouattara as the president of Cote d'Ivoire. The UN human rights office, meanwhile, puts the number of dead in post-election violence at 173, with 114 others either missing or tortured. The Ivorian military renews its commitment to support incumbent president Gbagbo, even as the West African central bank blocks funds to him. December 24 - The West African regional bloc ECOWAS threatens Gbagbo with the use of "legitimate force" if he does not stand down. December 25 - Over 14,000 people flee to neighbouring Liberia, as fears mount that the crisis could rekindle a civil war. December 27 - The internationally recognised president Alassane Ouattara calls a nationwide general strike in protest against Gbagbo's refusal to step down. The strike is not entirely successful, as many businesses remain open. December 28 - A West African presidential delegation, representing ECOWAS, confronts Gbagbo, delivering an ultimatum to either step down willingly, or face the use of force. Gbagbo is given until January 3, the date of the next meeting, to respond. December 29 - Youssoufou Bamba, the new Ouattara-appointed Ivorian ambassador to the UN, says his country is "on the brink of genocide". After adopting a conciliatory tone during talks with ECOWAS, Gbagbo again goes on the offensive, with supporters being urged to "seize' Ouattara's headquarters at the Golf Hotel in Abidjan by January 1. December 30 - The UN alleges that pro-Gbagbo security forces are blocking access to suspected sites of "mass graves". UN secretary-general Ban Ki-Moon warns that if Gbagbo supporters storm the UN-protected headquarters of Ouattara, it could push the country into civil war. December 31 - West African military chiefs say a plan to military oust Gbagbo from power is ready, but will only be used as a "last resort", if diplomatic efforts to force him to step down fail.
Invité rogermila Posté 4 janvier 2011 Signaler Posté 4 janvier 2011 Je crois surtout que la France aurait un devoir à se retirer bien vite des affaires du monde pour s'occuper des siennes qui vont plus que mal. Visiblement Sarko 1er n'a pas écouté le conseil. "Le président de la Côte d'Ivoire s'appelle Alassane Ouattara et il a été choisi par les Ivoiriens", a indiqué Nicolas Sarkozy, lors de ses vœux aux forces armées, sur la base aérienne de Saint-Dizier (Haute-Marne), mardi 4 janvier. Le chef de l'Etat a ainsi clairement réaffirmé le soutien de la France à M. Ouattara, vainqueur du récent scrutin présidentiel en Côte d'Ivoire, http://www.lemonde.fr/international/articl…#ens_id=1445146 A force de jouer au c…, ça va finir mal.
h16 Posté 4 janvier 2011 Signaler Posté 4 janvier 2011 Visiblement Sarko 1er n'a pas écouté le conseil. Sarko est un con très moyen dès qu'on sort de la politique politicienne, comme 99% des politiciens d'ailleurs. De nos jours, les hommes d'exceptions ne sont plus dans ces honteuses professions.
Invité rogermila Posté 5 janvier 2011 Signaler Posté 5 janvier 2011 L'analyse que vous n'entendrez pas à la télé. Si ! Lugan est passé sur i>télé en tant qu'historien specialiste de l'Afrique et son interviewer, l'inenarrable Menard (ex-reporters sans frontières) a eu droit à un beau foutage de gueule. Lugan a réitéré ses propos: affirmant qu'en Afrique, on vote pour une ethnie et non pour un parti ou des ideées politiques à la manière de l'occident et donc le vainqueur d'une election est connu à l'avance car c'est celui qui représente l'ethnie la plus nombreuse (ce que Menard ne comprend pas ). Lugan a dit que la Cote d'Ivoire n'existe plus depuis la mort d'Houphoet-Boigny; donc parler du peuple ivoirien est une stupidité .. Il a encore ridiculisé Menard quand ce dernier lui a demandé son avis sur une possible intervention militaire des pays africains pour chasser Gbagbo. Pour Lugan, les pays africains cités pour renverser mlitairement Gbagbo n'ont quasiment PAS D'ARMEE et cela doit bien faire rire Gbagbo d'entendre parler de ça ! Il ne voit que la solution d'une partition du pays. - Le nord à Ouatarra - le sud a Gbagbo
free jazz Posté 6 janvier 2011 Signaler Posté 6 janvier 2011 Si !Lugan est passé sur i>télé en tant qu'historien specialiste de l'Afrique et son interviewer, l'inenarrable Menard (ex-reporters sans frontières) a eu droit à un beau foutage de gueule. Effectivement l'analyse de Lugan est excellente, comme d'habitude. Par son réalisme, tout devient clair quand on lit la situation à partir de l'histoire longue des communautés ethniques. Il a encore ridiculisé Menard quand ce dernier lui a demandé son avis sur une possible intervention militaire des pays africains pour chasser Gbagbo. Ménard joue le faux naïf pour lisser l'analyse de Lugan qu'il sait sulfureuse dans le contexte jacobin de la politique africaine et lui permettre de ridiculiser les prétentions interventionnistes de la communauté internationale avec ses chimères progressistes. Pour ma part je lui suis reconnaissant d'inviter le seul africaniste français d'envergure.
Invité rogermila Posté 6 janvier 2011 Signaler Posté 6 janvier 2011 Extrait conférence de presse Ouattara. Un tyran veut en chasser un autre. «Laurent Gbagbo partira avant la fin du mois de janvier», «Il y a des opérations spéciales qui permettent tout simplement de prendre la personne indésirable et de l’emmener ailleurs», a fait valoir Alassane Ouattara. «J’ai toute une série de mesures en cours qui vont faire qu’il va tomber comme un fruit, pas mûr, mais comme un fruit pourri», http://www.liberation.fr/monde/01012312097…-deloger-gbagbo
José Posté 6 janvier 2011 Signaler Posté 6 janvier 2011 Un tyran veut en chasser un autre. C'est beau la démocratie.
Invité rogermila Posté 15 janvier 2011 Signaler Posté 15 janvier 2011 Sarkozy rendu responsable de la situation en Cote d'Ivoire et humilié par les propos de l'épouse de Gbagbo. Quelque 4000 personnes s'étaient réunies au Palais de la culture pour soutenir M. Gbagbo à l'appel de la coalition qui l'appuie, le Congrès national de la résistance pour la démocratie (CNRD), dont Mme Gbagbo est la secrétaire générale.Alors que l'assistance protestait quand elle commençait à citer les noms de MM. Ouattara et Sarkozy, Simone Gbagbo a dit: "Alors je vais les identifier avec un nom bien clair: Sarkozy sera le 'diable', et Ouattara sera le 'chef bandit'." "Le temps des débats sur les élections entre Gbagbo et le 'chef bandit' est passé. Notre président (Laurent Gbagbo) est vigoureusement installé au pouvoir et il travaille", a-t-elle lancé. "Le 'diable' est persévérant dans la défaite. C'est parce que le 'diable' est persévérant que notre pays est dans la tourmente". http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/01/…mone-gbagbo.php
Invité rogermila Posté 22 janvier 2011 Signaler Posté 22 janvier 2011 On attend avec impatience une réaction ferme de la France contre cette affront à la démocratie.. Dans une déclaration télévisée, le ministre congolais de la Justice Emmanuel Luzolo Bambi a lu les huit textes promulgés par le chef de l'Etat Kabila, dont l'article 71 qui stipule désormais que le président est élu à la majorité simple des suffrages exprimés et non plus à la majorité absolue au second tour.*Ces huit articles ont été adoptés le 15 janvier par le Parlement lors d'une session boycottée par l'opposition qui craint un passage en force de M. Kabila, pressenti pour être candidat à sa propre succession. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/01/…e-promulgue.php
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