ReLocke Posté 5 mai 2011 Signaler Posté 5 mai 2011 Bonsoir à tous, Ayant lu avec intérêt (sans tout comprendre, loin de là) l'œuvre de Rober Nozick, Etat, Anarchie et Utopie, je me suis intéréssé à cette célèbre citation de l'auteur: "Toute chose, quelle qu’elle soit, qui naît d’une situation juste, à laquelle on est arrivé par des démarches justes , est elle-même juste". Et depuis, parce que tout en la trouvant très vraie et sûrement très utile lors de débat, je m'interroge: comment affirmer que nous sommes de nos jours dans une citation juste, et que, partant, toute forme de redistribution serait illégitime ? Comment affirmer que le processus historique qui nous mène à notre sitaution actuelle a été juste ? Sans tomber dans les analyses marxistes qui diraient que la situation comtemporaine est profondément injuste toussa toussa, il est clair que tout le monde n'a pas usé de moyens justes et légitimes pour arriver à sa place maintenant, que certains ont fraudé, d'autres ont triché, contraint, volé, tué etc. Donc en somme, ce qui m'ennuie, c'est cette partie de la citation de Nozick " à laquelle on est arrivé par des démarches justes" , parce que je ne vois pas comment la vérifier et / ou la falsifier. Je suis bien consciens que je ne suis pas tout à fait clair, et je me ferais un plaisir de m'expliquer si on le réclame. Merci de votre aide, et surtout, bonne nuit ! ReLocke PS: si la question a déjà été posée, je vous prie de m'excuser.
Rincevent Posté 5 mai 2011 Signaler Posté 5 mai 2011 "Toute chose, quelle qu’elle soit, qui naît d’une situation juste, à laquelle on est arrivé par des démarches justes , est elle-même juste".Et depuis, parce que tout en la trouvant très vraie et sûrement très utile lors de débat, je m'interroge: comment affirmer que nous sommes de nos jours dans une citation juste, et que, partant, toute forme de redistribution serait illégitime ? Comment affirmer que le processus historique qui nous mène à notre sitaution actuelle a été juste ? C'est bien là le problème de Nozick, et d'une manière générale de toutes les théories "automatiques/analytiques" de la justice : leur mineure est fausse. Ben oui, ça ne me fait pas plus plaisir qu'à toi, mais la situation actuelle n'est pas juste ; et c'est d'ailleurs par ce trou que Franz Oppenheimer défendait une redistribution (dans le sens d'une dernière redistribution des cartes, chez lui). A ceci, je vois tout de même deux grands arguments. D'une part, à partir d'une situation injuste, il se pourrait bien que des démarches justes finissent par rapprocher le résultat de la justice ; l'injustice est au moins en partie soluble dans le temps et dans l'oubli, et à défaut d'être intellectuellement rassasiant, cet argument, plutôt conservateur, a le mérite d'avoir les pieds fermement ancrés dans la réalité historique. D'autre part, une bonne intention ne peut pas complètement racheter un acte injuste comme l'est la "redistribution", l'idée de donner la richesse d'un homme qui l'a mérité à un autre qui ne l'a pas mérité, sans que le premier ait son mot à dire ; de même qu'assassiner un meurtrier ne pourra jamais faire revenir ses victimes (et je ne parle même pas de la possibilité de se tromper de cible). Tl;dr : Ne pas faire le mal pourrait bien suffire, et tenter de faire le bien fera probablement empirer les choses.
Calvin Posté 6 mai 2011 Signaler Posté 6 mai 2011 ** regarde sa montre : 1h50 ! ** Bon, puisque je ne dors pas, je donne ma vision. Le point de départ est rarement juste, en ce sens que, soit, il est difficile d'avoir une situation équitable à l'origine, soit, n'ayant pas les tenants et les aboutissants de l'ensemble des facteurs, une répartition ne peut être juste. Mais il faut reconnaitre à l'ensemble des hommes que l'expérience et la connaissance du monde finissent par accoucher de mesures allant vers une situation (un peu) plus juste. Même celui qui se serait tout accaparé aurait besoin du cerveau, des bras des autres pour vivre et profiter de ses richesses. Par l'échange (et, oui, parfois beaucoup de temps), un peu de transfert se fait. En fait, c'est si nous partions d'un Eden donc parfait, qu'il serait difficile de toujours trouver les actions justes pour s'y maintenir. En revanche, en partant de notre condition initiale médiocre (un primate à peine redressé dont le rejeton ne tiendrait pas 30 minutes livré à lui-même), nous nous sommes forgé une conscience de ce qui pourrait être utile à soi, à sa famille, éventuellement à sa tribu, etc. Il y a quelque temps je me disais : bon, tout n'est pas parfait, mais globalement l'humanité va vers plus de progrès, de connaissances et élève son niveau de vie. Il y a eu des accidents, des régressions, mais nous les avons surmontés. Aujourd'hui, je me dis que ce n'était pas forcément des accidents, mais des expériences (parfois néfastes ou cruelles mais selon mon point de vue) que nous avons invalidé et/ou tiré des conclusions. Au final, le processus est forcément juste, puisqu'on est passé par là pour arriver à une situation meilleure, même si aux yeux de nos contemporains le cheminement semble erratique et parfois régressif. ** baille ** Bon, cette fois, j'y vais…
F. mas Posté 6 mai 2011 Signaler Posté 6 mai 2011 Anthony de Jasay critique ce qu'il appelle le sophisme de Nozick qui consiste à dire que pour que un état soit juste, il faut que la procédure et l'état initial soient justes (c'est-à dire la citation que vous prenez mais en sens inverse). Pour de Jasay, il n'est pas nécessaire que la situation initiale soit juste. Il est même tout à fait possible qu'elle ne soit ni juste ni injuste, car correspondant à un état de fait précédant (historiquement et logiquement) l'institution de la propriété et de la justice. C'est seulement une fois la propriété distribuée entre les hommes (en situation ni juste ni injuste, que de Jasay désigne par un état régis par des conventions du type "premier arrivé, premier servi") que se pose la question de la justice, de l'échange pacifique encadré par le droit, et non l'inverse.
Messages recommandés
Archivé
Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.