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Libéralisme, justice & iusnaturalisme


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Posté

Bonsoir à tous et à toutes,

Dans quelques jours c'est la rentrée en Spé pour moi, et je m'interroge sur l'opportunité d'engager la lecture d'ouvrages libéraux sur le thème de la Justice, thème retenu pour le programme de Français-Philo cette année (aux concours, donc.)

En effet, les œuvres aux programme sont les Pensées de Pascal, l'Orestie d'Eschyle et Les Raisins de la Colère de Steinbeck, rien de fondamentalement libéral même si Pascal évoque par certains aspects les travers du droit positif (même s'il fait lui-même la promotion d'un certain droit positif avec sa justice divine), et que le livre de Steinbeck invite à réfléchir sur la propriété, la libre-expression, la libre circulation, le contractualisme et voire même sur l'action du gouvernement en plein New Deal.

Je souhaiterais donc pouvoir disposer d'un minimum d'arguments pour étayer une éventuelle défense du droit naturel et de la justice libérale (surtout pour les oraux et les colles de français en fait.)

J'aimerais savoir si certains d'entre-vous pouvaient me conseiller sur la lecture d'un ouvrage d'un auteur libéral traitant des questions de la justice et/ou du droit naturel, si possible pas trop volumineux (je viens de débuter la lecture du Gouvernement Omnipotent de Mises que je vais devoir sans doute remettre à plus tard, et surtout la rentrée chargée et la prépondérance des matières scientifiques vont réduire le temps que je vais pouvoir accorder à ces lectures annexes…)

Après une recherche succincte, j'ai pensé à Droit, législation et liberté de Hayek ou au Manifeste libertarien de Rothbard, mais je voudrais savoir de quoi il en retourne avant de me lancer.

Posté

Pour Rothbard, le suppose que le manifeste libertarien dont tu parles est For a new Liberty, mais pas de traces de jusnaturalisme dans ce livre. En revanche il y a bien sûr Ethics of Liberty, où la première partie est consacrée au DN, c'est un rapide résumé (une trentaine de pages si je me souviens bien) de la théorie du DN moderne, en particulier de Locke, mais sont aussi cités Grotius, Pufendorf, etc.

(je linke la version américaine pour plusieurs raisons : d'abord il y a une préface intéressante signée HHH, ensuite la version française emploie de façon un peu aléatoire "droit naturel" et "loi naturelle" dans la partie qui nous intéresse, ce qui peut s'avérer problématique, et enfin les prix des livres aux Belles Lettres sont un peu abusés donc bon…)

Sinon, il y a bien évidemment Droit, Législation et Liberté de Hayek (vision évolutionniste, rien à voir avec Rothbard).

Il y a également Patrick Simon :

Pour les auteurs non-libéraux mais intéressants pour un libéral, et en guise de contrepoint aux théories du DN moderne :

Mais la justice telle qu'envisagée aux concours est je crois un sujet bien plus vaste que le droit, et Pascal c'est très (très) bien aussi. ;)

Posté

Il y a aussi le second traité du gouvernement, de John Locke, et le troisième tome du traité de la nature humaine, de David Hume (plus spécifiquement sur la question de justice). Droit, Législation et liberté, c'est quand même un gros morceau (je rappelle qu'il y a trois tomes) : je conseille surtout les deux premiers volumes sur le sujet.

Posté

OK, merci beaucoup, je crois donc que je vais me lancer dans The Ethics of Liberty, 30 pages d'un essai en anglais, ce n'est pas la mer à boire et il y a la version complète en ligne sur le Mises Institute. Ça me fera sans doute une bonne base, et je pourrai jeter un coup d’œil aux autres bouquins aux prochaines vacances.

Posté

Le bouquin de Locke est volumineux ou pas? Parce que sa philosophie m'a l'air de très bien s'accorder avec la vision de Steinbeck, ça pourrait être un complément très pertinent.

Posté

Merci, ça devrait le faire.

À propos, pour ceux qui ont lu l’œuvre de Steinbeck, que peuvent avoir à dire les différentes philosophies libérales pour légitimer ou au contraire réprouver l'expropriation dont sont victimes les métayers au début du livre?

Même si on ne connaît pas l'expression du contrat d'emprunt qu'ils ont passé avec la banque (car c'est cela l'élément déclencheur), et sans invoquer les précédents économiques et politiques qui ont précipité la Grande Dépression et l'atmosphère délétère dans laquelle se déroule l'intrigue, que penser de cet évènement? Peut-on vraiment jauger objectivement de la valeur de l'exploitation familiale transmise de génération en génération? La banque a pourtant bien la légitimité de réclamer son dû, même s'il n'est pas forcément garanti. Mais cette expropriation est-elle en elle même légitime?

J'ai des embryons d'idées sur ces sujets, mais ça reste des points qui me chagrinent vraiment…

Posté

Je n'ai pas lu le livre, mais j'ai vu le film qui en a été tiré.

À propos des banques, je dois dire que lors de toutes les crises économiques, et notamment durant la crise des années 30, un très grand nombres de banques ont fait faillite. Les banquiers sont des gens sérieux qui n'agissent pas à la légère.

Les banques agissent effectivement sans pitié pour récupérer ce qu'elles peuvent sur les biens de leurs débiteurs impécunieux car elles n'ont pas le choix : si elles ne le faisaient pas, ce serait pour elles la faillite immédiate.

Tu t'interroges sur la légitimité de l'intervention de la banque. Sache qu'il ne peut pas y avoir une quelconque légitimité à privilégier un débiteur face à son créancier. Si l'on donne aux débiteurs le droit de ne pas payer leurs dettes, alors on légitime le vol et l'escroquerie. Et cela ne peut conduire qu'au chaos.

Le film que j'ai vu est particulièremet odieux car il montre les capitalistes, les banquiers et les employeurs comme des gens très méchants, des esclavagistes et des bandits. Et il montre également le gouvernement comme un sauveur.

En réalité, durant la crise des années 30, il y a eu effectivement beaucoup de banditisme, mais le banditisme était en réalité commis essentiellemet par le gouvernement.

À ce sujet, je t'invite à lire le texte que voici

Posté

Merci pour le lien. En effet, ce roman n'étant qu'une fiction, bien qu'incontestablement basée sur des faits historiques, j'étais assez dubitatif sur la rigueur historique de certains détails, en fait surtout par le capitalisme érigé en "monstre froid" d'après les propos même du livre face à un gouvernement fédéral salvateur. Cependant l'ouvrage ne laisse pas indifférent et n'est paradoxalement en aucun cas une ode à l'étatisme, Steinbeck semblant renier la pertinence de toute action politique; pour construire un monde juste, il juge obligatoire la solidarité, mais ne paraît pas pour autant justifier une intervention de l'état. Il y a de plus une ambivalence entre l'autorité des États fédérés et celle du gouvernement fédéral dans le livre.

C'est aussi ça qui me perturbe car j'ai du mal à bien cerner le positionnement de Steinbeck.

D'autant plus qu'il dénonce également la corruption de la police, l'interdiction des syndicats et l'abus des employeurs refusant de fournir des contrats aux travailleurs agricoles pour pouvoir réduire leurs salaire quand ça leur chante. En fait, pour moi c'était surtout ces points là le problème, mais je voulais avoir des avis sur l'expropriation.

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