Noob Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 Tout à fait la question qui me reste est comment une assurance peut favoriser cette sélection des risques sans pour autant devenir une sorte de big brother du privé. Ou à l'inverse comment s'assurer de l'honnêteté de l'assuré qui peut avoir plusieurs incitations à mentir pour payer le moins possible. Je pose ces questions ouvertement, je ne veux pas favoriser l'idée de taxer le tabac, l'alcool ou que sais-je encore, mais comment faire pour qu'un tel système soit raisonnablement compétitif et relativement respectable de la vie privée.
Loi Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 Tout à fait la question qui me reste est comment une assurance peut favoriser cette sélection des risques sans pour autant devenir une sorte de big brother du privé. Pourquoi deviendrait elle une sorte de big brother du privé? Ou à l'inverse comment s'assurer de l'honnêteté de l'assuré qui peut avoir plusieurs incitations à mentir pour payer le moins possible. On peut supposer que si l'assuré a menti et outrepassé les termes de son contrat, il ne sera sans doute pas... assurer. Tout n'est qu'une question de responsabilité, pesage des risques.
Bézoukhov Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 L'information a un coût. Toute la difficulté de l'assureur, c'est d'avoir l'information la plus précise possible (afin de pouvoir quantifier un risque) avec le moins de frais possibles. Ensuite, si le coût de l'information diminue de manière très importante (globalement sous l'effet du progrès en génétique et de l'augmentation des objets connectés intrusifs), le cas peut être problématique.
xara Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 Tout à fait la question qui me reste est comment une assurance peut favoriser cette sélection des risques sans pour autant devenir une sorte de big brother du privé. Ou à l'inverse comment s'assurer de l'honnêteté de l'assuré qui peut avoir plusieurs incitations à mentir pour payer le moins possible. Je pose ces questions ouvertement, je ne veux pas favoriser l'idée de taxer le tabac, l'alcool ou que sais-je encore, mais comment faire pour qu'un tel système soit raisonnablement compétitif et relativement respectable de la vie privée. Comment sélectionner les risques et discipliner l'assuré c'est le problème inhérent à l'activité d'assurance. Le point est que, en libre concurrence, l'assurance a dans la mesure du possible intérêt à la sélection pertinente des risques et à découvrir les clauses contractuelles permettant de discipliner l'assuré, sans le faire fuir parce qu'elles seraient trop envahissantes, parce que ça lui offre un avantage financier de le faire. S'il n'y a pas moyen de faire autrement dans certaines circonstances que d'être un "Big Brother", alors soit le client potentiel refuse de s'assurer soit il accepte un big brother. Ce sont les exigences de la coopération sociale, comme lorsqu'un employeur potentiel veut fouiller dans votre passé professionnel pour daigner considérer votre candidature. Le point crucial, le facteur qui discipline tout le monde, c'est le fait qu'on ne soit pas obligé de signer sous menace d'extorsion, contrairement à ce qui se passe dans la relation avec l'Etat ou l'assurance obligatoire. 1
Nihiliste frustré Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 L'information a un coût. Toute la difficulté de l'assureur, c'est d'avoir l'information la plus précise possible (afin de pouvoir quantifier un risque) avec le moins de frais possibles. Ensuite, si le coût de l'information diminue de manière très importante (globalement sous l'effet du progrès en génétique et de l'augmentation des objets connectés intrusifs), le cas peut être problématique. Par exemple, l'assureur peut inciter son client à être honnête. Je pense au fait de proposer deux contrats : un avec fortes mensualités mais faibles franchises, adapté aux profils à risque, et un autre avec faibles mensualités mais fortes franchises pour des profils plus sûrs. Après en tant que fumeur, si en échange de l'info, et pourquoi pas d'un peu de pognon, mon assurance me payait un scanner tous les 10 ans (ou me conseillait un bon dealer), ça pourrait être intéressant pour les deux parties, bon vieux win-win libéral quoi. La version jeune con est quand même plus cool, non ? (même si je rejoins bien sûr xara)
Noob Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 Comment sélectionner les risques et discipliner l'assuré c'est le problème inhérent à l'activité d'assurance. Le point est que, en libre concurrence, l'assurance a dans la mesure du possible intérêt à la sélection pertinente des risques et à découvrir les clauses contractuelles permettant de discipliner l'assuré, sans le faire fuir parce qu'elles seraient trop envahissantes, parce que ça lui offre un avantage financier de le faire. S'il n'y a pas moyen de faire autrement dans certaines circonstances que d'être un "Big Brother", alors soit le client potentiel refuse de s'assurer soit il accepte un big brother. Ce sont les exigences de la coopération sociale, comme lorsqu'un employeur potentiel veut fouiller dans votre passé professionnel pour daigner considérer votre candidature. Le point crucial, le facteur qui discipline tout le monde, c'est le fait qu'on ne soit pas obligé de signer sous menace d'extorsion, contrairement à ce qui se passe dans la relation avec l'Etat ou l'assurance obligatoire. Bien sûr, à savoir si c'est suffisant pour un système d'assurance santé. Je dis ça dans le sens que sans libéralisation de l'offre, on risque pas de faire de vrai progrès, on risque plutôt de finir dans une situation proche de celles des US, non ?
Tramp Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 C'est considéré comme un des meilleurs système de santé au monde.
xara Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 Bien sûr, à savoir si c'est suffisant pour un système d'assurance santé. Je dis ça dans le sens que sans libéralisation de l'offre, on risque pas de faire de vrai progrès, on risque plutôt de finir dans une situation proche de celles des US, non ? Ca veut dire quoi "suffisant"? Quel est le standard de comparaison? Je parlais de libre concurrence. Il n'y pas pas libre concurrence pour les assurances que je sache aux US. Bien sûr si par ailleurs il n'y pas libre concurrence pour les fournisseurs de soin, les prix des soins seront plus élevés qu'ils ne pourraient l'être. Et bien sûr, aux US il n'y a pas de libre concurrence pour la fourniture des soins.
Nick de Cusa Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 ... Au passage, on peut ici mettre en perspective le "gauchisme culturel" d'un certain libéralisme adolescent (je-suis-libéral-parce-que-j'aime-pas-l'autorité-fumer-des-joints-c'est-cool-yeah-non-aux-discriminations) qui sous prétexte que des comportements n'impliquent pas en eux mêmes une agression finit par promouvoir de l'alternatif "cool" mais risqué et à pointer du doigt les vieux cons aux valeurs plus "autoritaires" mais moins accidentogènes. Car non seulement notre teen-libertarian finit par défendre au nom de la liberté un mode de vie plutôt qu'un autre alors que dans un moment de sobriété il reconnait conceptuellement que son point de vue libéral est stricto sensu neutre vis-à-vis de divers choix de vie non agressifs en eux mêmes, mais en plus il applaudit comme un benêt à ce qui est au moins en partie le sous-produit de l'interventionnisme anti-discrimination-des-risques (les moeurs étant "libérées" en socialisant les coûts des comportements à risque). Et par dessus le marché il encourage ces pratiques qui, dans le contexte institutionnel actuel, vont in fine exiger de tirer plus sur la ficelle de la redistribution que ce ne serait le cas autrement. Bref il devient l'idiot utile du système dont il se veut un opposant. Bien joué. Clap clap clap. (Tu es un peu jeune pour virer réac, par rapport à moi par exemple, cependant).
Noob Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 Ca veut dire quoi "suffisant"? Quel est le standard de comparaison?Est-ce que la libre concurrence et un marché libre des assurances peut permettre à tout un chacun d'avoir un bon accès aux soins ? On peut modestement se poser la question, est-ce qu'on a pu le vérifier empiriquement ? A-ton des exemples de marché des soins libres qui sont un modèle vers lequel on pourrait se diriger. Je parlais de libre concurrence. Il n'y pas pas libre concurrence pour les assurances que je sache aux US. Bien sûr si par ailleurs il n'y pas libre concurrence pour les fournisseurs de soin, les prix des soins seront plus élevés qu'ils ne pourraient l'être. Et bien sûr, aux US il n'y a pas de libre concurrence pour la fourniture des soins.C'est très intéressant ça, tu as des infos détaillées à ce sujet, car malgré la réalité, on en parle souvent comme si c'était le cas. Et je suis souvent assez dépourvu d'arguments après avoir dit que ce n'était pas aussi simple. Je sais qu'il existe l'association des médecins américains qui selon Friedman a eu une influence néfaste à ce sujet, mais sans plus de détails.
xara Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 Est-ce que la libre concurrence et un marché libre des assurances peut permettre à tout un chacun d'avoir un bon accès aux soins ? On peut modestement se poser la question, est-ce qu'on a pu le vérifier empiriquement ? A-ton des exemples de marché des soins libres qui sont un modèle vers lequel on pourrait se diriger. Mais la question demeure sous une autre variante: c'est quoi un "bon accès au soins"? Et la question ne serait-elle pas plutôt de comparer les accès aux soin rendus possibles par un système ou un autre? Typiquement dans l'argu classique anti-libéral, on pointe du doigt que quelque chose ne serait pas idéal dans le marché libre (par rapport à un idéal pas toujours défini et dont on a laissé de côté la question de savoir s'il était accessible, test minimum de sa pertinence) et DONC que l'Etat devrait intervenir, sous entendu que l'Etat peut faire tout ce qu'on veut sans coût et y a intérêt. Autrement dit sans rien prouver on compare une image supposément réaliste du marché libre à une vision totalement idéalisée et carrément magique de l'Etat. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant de trouver que la solution à n'importe quel problème est dans l'Etat. Sur la question de la preuve, tu as tranché le problème, dans la plus pure tradition positiviste moderne, avec la recherche de la vérification empirique. On trouvera difficilement quelque chose de concluant ainsi dans la mesure où on peut toujours dire que tel ou tel résultat est dû à une variable incontrôlée par exemple. Il faut rappeler que tout le monde ne pense pas qu'on puisse établir quelque chose ainsi lorsqu'on fait du raisonnement économique, qu'on peut s'y prendre autrement > cf. Say/Mises/Rothbard, etc. C'est très intéressant ça, tu as des infos détaillées à ce sujet, car malgré la réalité, on en parle souvent comme si c'était le cas. Et je suis souvent assez dépourvu d'arguments après avoir dit que ce n'était pas aussi simple. Je sais qu'il existe l'association des médecins américains qui selon Friedman a eu une influence néfaste à ce sujet, mais sans plus de détails. Je n'ai jamais étudié la question particulièrement mais tu peux commencer par le texte que j'ai mis en lien dans ma première intervention du jour qui évoque les institutions US.
Bisounours Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 Le plus juste, selon moi, afin d'éviter ce risque de flicage de l'assurance privée serait que le choix du tarif et des prises en charge ne pourrait se faire que par l'assuré, a charge pr lui de choisir son pack en fonction du risque, de son budget. Pas d'exclusion possible de la part de l'assureur afin d'éviter aux malchanceux ou autres de se trouver dans la merde. La santé étant a mon sens un domaine où chacun doit pouvoir bénéficier du soin. Je cause pas des falbalas, hein...
PJE Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 Je me vois bien souscrire une assurance très cher mais qui s'active que pour tous frais lourds. Je suis prêt à avoir une franchise très élevée (entre 5000 et 10 000 euros à l'année) et ne pas être couvert pour certains risques que je réglerais moi-même (optique, dentaire, ect...). Je voudrais juste une assurance pour les gros accidents mais pas pour la bobologie.
PJE Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 http://www.lefigaro.fr/social/2013/10/23/09010-20131023ARTFIG00323-ces-maladies-qui-coutent-le-plus-cher-a-la-secu.php
Noob Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 Mais la question demeure sous une autre variante: c'est quoi un "bon accès au soins"? Et la question ne serait-elle pas plutôt de comparer les accès aux soin rendus possibles par un système ou un autre? Typiquement dans l'argu classique anti-libéral, on pointe du doigt que quelque chose ne serait pas idéal dans le marché libre (par rapport à un idéal pas toujours défini et dont on a laissé de côté la question de savoir s'il était accessible, test minimum de sa pertinence) et DONC que l'Etat devrait intervenir, sous entendu que l'Etat peut faire tout ce qu'on veut sans coût et y a intérêt. Autrement dit sans rien prouver on compare une image supposément réaliste du marché libre à une vision totalement idéalisée et carrément magique de l'Etat. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant de trouver que la solution à n'importe quel problème est dans l'Etat. Bien sûr, si on veut plus de concurrence et la fin d'un monopole, ce n'est pas par pur dogmatisme libéral, mais plutôt parce que l'on souhaite une amélioration du niveau globale de soins dans la population et donc la question de la comparaison est beaucoup plus pertinente. Mais si on compare il faut aussi déterminer ce qui est bien et ce qui ne l'est pas, on ne peut pas échapper à la définition d'au moins quelques objectifs précis à atteindre. Un bon accès aux soins ne veut rien dire en tant que tel certes, mais dans notre discussion on peut le regarder comme l'objectif commun des libéraux à ce sujet. On ne propose quand même pas plus de concurrence par pur dogmatisme pro-marché libre, mais plutôt par la sincère conviction que cela apportera des solutions pouvant bénéficier au plus grand nombre. Sur la question de la preuve, tu as tranché le problème, dans la plus pure tradition positiviste moderne, avec la recherche de la vérification empirique. On trouvera difficilement quelque chose de concluant ainsi dans la mesure où on peut toujours dire que tel ou tel résultat est dû à une variable incontrôlée par exemple. Il faut rappeler que tout le monde ne pense pas qu'on puisse établir quelque chose ainsi lorsqu'on fait du raisonnement économique, qu'on peut s'y prendre autrement > cf. Say/Mises/Rothbard, etc. Positiviste, postiviste toi même d'abord, nanmého molo avec les insultes stp . Blague à part je demande seulement si on peut vraiment le vérifier empiriquement. Je dois admettre que je connais mal Mises (je le lis pour la première fois en ce moment) et je ne connais absolument pas Rothbard, toutefois sans jouer au positiviste acharné il me semble que sans pouvoir affirmer grand chose la méthode empirique permet au moins d'infirmer des hypothèses farfelues. Je n'ai jamais étudié la question particulièrement mais tu peux commencer par le texte que j'ai mis en lien dans ma première intervention du jour qui évoque les institutions US. Ok je vais aller voir, merci. Le plus juste, selon moi, afin d'éviter ce risque de flicage de l'assurance privée serait que le choix du tarif et des prises en charge ne pourrait se faire que par l'assuré, a charge pr lui de choisir son pack en fonction du risque, de son budget. Pas d'exclusion possible de la part de l'assureur afin d'éviter aux malchanceux ou autres de se trouver dans la merde. La santé étant a mon sens un domaine où chacun doit pouvoir bénéficier du soin. Je cause pas des falbalas, hein... C'est grosso modo ce qu'on a en Suisse. Chacun à l'obligation de s'assurer et chacun peut choisir une franchise ainsi qu'une complémentaire. C'est un peu délicat car au final les prix sont pas mal administrés par la confédération et le bateau prend gentiment l'eau de toute part. Les primes augmentent très régulièrement sans pour autant que l'on sache si cela correspond vraiment à une augmentation de la qualité des soins. Mais à côté de ça pour éviter que les coûts ne flambent (i.e que les gens n'aillent trop souvent chez leur médecin) on a des quotas pour empêcher les nouveaux médecins de s'installer. Pour éviter une explosion des coûts, on gère une pré-pénurie.
Cugieran Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 C'est grosso modo ce qu'on a en Suisse. Chacun à l'obligation de s'assurer et chacun peut choisir une franchise ainsi qu'une complémentaire. C'est un peu délicat car au final les prix sont pas mal administrés par la confédération et le bateau prend gentiment l'eau de toute part. Les primes augmentent très régulièrement sans pour autant que l'on sache si cela correspond vraiment à une augmentation de la qualité des soins. Mais à côté de ça pour éviter que les coûts ne flambent (i.e que les gens n'aillent trop souvent chez leur médecin) on a des quotas pour empêcher les nouveaux médecins de s'installer. Pour éviter une explosion des coûts, on gère une pré-pénurie. Hé ben t'as du recevoir ton papier avec tes nouvelles primes. Ouch, + 90CHF par mois à deux... (CSS kt VD) 1 franchise à 300 et l'autre à 1000 (franchise du con que je passe ä 2500 l'an prochain). Honnêtement, je crois que je connais pas beaucoup de monde qui campe au médecin ici mais même si le système est infiniment moins pernicieux qu'en France, il reste quand même assez perfectible. On sent la patte de l'état un peu partout là dedans et ça me fait penser que la récente votation refusée va rapidement devenir réalité, transformant la CH en France. Tôt ou tard, ça nous pend au nez.
Noob Posté 31 octobre 2014 Signaler Posté 31 octobre 2014 Oui ne serait-ce qu'en autorisant des franchises plus élevées.
Tremendo Posté 1 novembre 2014 Signaler Posté 1 novembre 2014 Je me vois bien souscrire une assurance très cher mais qui s'active que pour tous frais lourds. Je suis prêt à avoir une franchise très élevée (entre 5000 et 10 000 euros à l'année) et ne pas être couvert pour certains risques que je réglerais moi-même (optique, dentaire, ect...). Je voudrais juste une assurance pour les gros accidents mais pas pour la bobologie.+1
NoName Posté 1 novembre 2014 Signaler Posté 1 novembre 2014 Y avait des américains qui avaient essayé de monter une assurance comme ça je crois ou tu payais pas énorme et qui ne prenait rien en charge en dessous de la jambe cassé mais remboursait bien pour les gros frais Y avait eu un article sur cp dessus je crois.
Nihiliste frustré Posté 1 novembre 2014 Signaler Posté 1 novembre 2014 On ne propose quand même pas plus de concurrence par pur dogmatisme pro-marché libre, mais plutôt par la sincère conviction que cela apportera des solutions pouvant bénéficier au plus grand nombre.Il reste possible qu'en l'occurrence, le plus grand nombre ait décidé de se soigner avec le porte-monnaie de ses arrières-petits-enfants. J'ignore ce qu'il en sera vraiment mais une diminution de la qualité moyenne des soins reste envisageable, à court terme. Si on veut être empirique, on doit distinguer causes et conséquences sur le long terme, ce qui, dans un système aussi complexe qu'une société humaine, ne donnera jamais que des conjectures. A plus long terme, la liberté est toujours le meilleure choix et si les pauvres peuvent aujourd'hui prendre l'avion ou consommer plus d'énergie qu'un seigneur d'antan, il est rationnel de penser qu'ils puissent bénéficier de soins corrects (si tant est qu'ils veuillent bien y mettre le prix, ni l'avion ni l'électricité ne sont gratuits). Mais le concept "soins corrects" ne voudra jamais rien dire sans vérité des prix (on ignore ce qu'on sacrifie pour nos soins actuels, peut-être même sacrifions-nous notre santé de demain pour celle d'aujourd'hui).
Noob Posté 1 novembre 2014 Signaler Posté 1 novembre 2014 Bien sûr, toutefois je rajouterais que sans libéralisation de l'offre, on risque pas d'y voir une amélioration.
Fadior Posté 2 novembre 2014 Signaler Posté 2 novembre 2014 Comment voyez-vous la transition d'un système de retraite répartition vers capitalisation ? dans l'hypothèse d'une TVA unique sur la consommation les recettes - même boostées - auront bien du mal à subvenir aux besoins en terme de justice, sécurité, armée, et des pensions (~350Md / an rien que pour ces dernières)
Neuron Posté 2 novembre 2014 Signaler Posté 2 novembre 2014 Réponse, ici : http://www.liberaux.org/index.php/topic/51879-retraites-organiser-le-passage-de-la-répartition-à-la-capitalisation/
Fadior Posté 2 novembre 2014 Signaler Posté 2 novembre 2014 Merci à toi, entre temps je suis tombé sur cet excellente étude de V. Bénard. Dans un premier temps il préconise de faire évoluer le système par pensions définies vers un systèmes de cotisations définies, pour assainir les caisses et rendre insubmersible le système actuel. La transition vers la cap se fera ensuite progressivement et prendra 25-40 ans min si un gouv décide un jour de se sortir les doigts du cul. http://www.objectifliberte.fr/retraites/
Neuron Posté 2 novembre 2014 Signaler Posté 2 novembre 2014 Il rejoint tout à fait ce que je propose. Sa présentation de la bascule chilienne est très intéressante. Maintenant, le système français est de toute façon condamné. Et ce quelque soit le taux démographique ou de croissance économique. Il me semble qu'il y a un levier sur lequel on peut jouer en France : la sécurité sociale. Si j'ai bien compris, passer au privé provoquerait une baisse de 30% des cotisations pour un remboursement de 100%. Donc, en récupérant une partie de cette hausse de revenu, on peut financer une partie du surcoût.
Fadior Posté 2 novembre 2014 Signaler Posté 2 novembre 2014 Les cotisations pèsent grosso modo 25-30% du revenu complet pour le privé. A ce niveau, il estime que ça permettera demain de partir à minimum 70 ans pour ceux qui sont entrés récemment, à condition de kitter le système par "cotisations définies" assez rapidement. Si on veut gérer cette transition sans faire trop grincer des dents il faudrait continuer à prélever ces cotisations sur le salaire complet, je ne vois pas trop d'altenative, si ce n'est indexer le taux de prélevement sur l'age, ce qui me semble être la meilleur solution. Un salarié de 50 ans par exemple cotiserait 50% de son salaire au système par répartition quand le petit jeune ne donnerait que 15%. Après tout, ce serait une façon de faire payer le salarié de 50 ans qui a vauter socialiste toute sa vie. Ou UMP, mais ça change rien.
PJE Posté 9 novembre 2014 Signaler Posté 9 novembre 2014 Les agriculteurs corses savent comment faire sauter le monopole de la sécurité sociale. Problème de recouvrement des cotisations sociales en CorseUn rapport de la Cour des comptes sur les comptes de la Sécurité sociale pointe du doigt le problème de recouvrement des cotisations sociales des agriculteurs corses. Le rapport de la Cour des comptes de septembre 2014 sur les comptes de la Sécurité sociale pointe du doigt le problème de recouvrement des cotisations sociales des agriculteurs corses. D’après le canard enchainé, la Cour des comptes ménage la chèvre et le chou pour dénoncer les problèmes de recouvrement des cotisations sociales en Corse: « Le recouvrement des cotisations sociales en Corse est caractérisé par de faibles paiements spontanés et des taux de reste à recouvrer élevés, aboutissant à un lourd stock de créances. [...] La restauration de la crédibilité du recouvrement en Corse passe, en particulier, par une normalisation du traitement de la dette sociale agricole », peut-on lire dans ce rapport de la Cour des comptes. « L’insuffisance des paiements à échéance trouve notamment sa source dans le retard mis par les assujettis à déclarer leurs revenus », poursuit le rapport. En mars 2013, 60% des agriculteurs employeurs n’avaient toujours pas transmis à la Mutualité sociale agricole la déclaration trimestrielle des salaires qui leur avait été pourtant adressée à la bonne date. La Cour des comptes conclut que le recouvrement des cotisations sociales en Corse s’avère « très fortement perturbé [...] L’importance des créances (…) représente plus d’un an de cotisations à la MSA [ Mutualité sociale agricole] et un peu plus de neuf mois pour le RSI ». La Cour des comptes rappelle que les locaux de l’ Urssaf avaient été victimes d’un attentat à la voiture piégée en novembre 1999 et que les agents de l’Urssaf « évoluent dans un environnement qui leur impose de redoubler d’efforts et, parfois, de prudence »… Enfin, le rapport de la Cour des comptes cite l’exemple de prestations indûment versées et non recouvrées: « Sur les 8 plus importants dossiers de retraites indûment versées, qui représentent depuis 2008 un reste à recouvrer de 299 264 euros, 5 concernant des personnes plus que centenaires. » source: le canard enchainé http://www.observatoiredessubventions.com/2014/probleme-de-recouvrement-des-cotisations-sociales-en-corse/
PJE Posté 1 décembre 2014 Signaler Posté 1 décembre 2014 Retraites complémentaires : une nouvelle piste de réforme à l'étude pour les pensions de réversion Face à la menace d'épuisement des réserves de l'Agirc-Arrco, les partenaires sociaux, qui gèrent ces régimes de retraite complémentaire, sont attendus au tournant. Parmi les mesures à l'étude : hausse de cotisations, malus sur les pensions de ceux qui partent avant 65 ou 67 ans, gel des retraites, etc. Mais aussi une nouvelle idée du patronat... A la mort de votre conjoint, vous pouvez toucher une part de ses pensions, à certaines conditions : c'est la réversion. A l'Agirc et l'Arrco, les complémentaires des salariés du privé, elle est accordée sans condition de ressources, au taux de 60 %. Ce qui signifie que vous pouvez percevoir 60 % de la complémentaire de votre conjoint, quels que soient vos revenus. Des modalités plutôt favorables, que les partenaires sociaux, qui gèrent ensemble ces régimes, sont régulièrement tentés de modifier, histoire de faire des économies. Mais le sujet est sensible : la réversion concerne surtout les femmes et constitue un filet de sécurité pour de nombreuses veuves modestes. L'idée de baisser le taux de réversion, pour l'aligner par exemple sur celui du régime général (54 %) ou des fonctionnaires (50 %), a déjà été rejetée plusieurs fois. Alors le Medef émet une nouvelle proposition : baisser le taux, certes, mais en continuant à permettre aux assurés de garantir à leur conjoint une réversion de 60 % s'ils acceptent un malus sur leur propre pension complémentaire. A savoir : L'Agirc et l'Arrco sont pilotées par les syndicats et le patronat, via des négociations paritaires. Les dernières ont eu lieu de novembre 2012 à mars 2013. Retenez que les non-cadres cotisent à l'Arrco, alors que les cadres cotisent à la fois à l'Agirc et l'Arrco et touchent donc à la retraite des pensions des deux régimes. Une réversion à la carte, en quelque sorteEn clair : vous auriez le choix, à votre départ à la retraite, entre toucher une pension complémentaire quelque peu réduite ou toucher votre complémentaire normale. Dans le premier cas, votre conjoint(e) aurait droit, à votre décès, à 60 % de votre complémentaire. Dans le second cas, il ou elle en percevrait une part plus réduite - peut-être, par exemple, 54 ou 50 %. Le dispositif rappelle celui qui est en vigueur dans un autre régime complémentaire : celui des notaires. A la Caisse de retraite des notaires, le taux normal de réversion est en effet de 60 % mais peut passer à 100 % si le notaire accepte de toucher une pension minorée. L'abattement appliqué sur sa retraite complémentaire dépend de l'écart d'âge entre lui et son conjoint : le malus est par exemple de 8,30 % si son conjoint a maximum 3 ans de moins que lui, et de 16,80 % s'il a au moins 26 ans de moins que lui. Le dispositif proposé rappelle aussi les options "réversion" des produits d'épargne retraite permettant de se constituer une rente viagère - Préfon, Madelin, Perp, etc. L'idée est toutefois déjà très critiquée par certains syndicats. "C'est de l'habillage, on réduit les droits en disant qu'on laisse un choix", estime Gérard Rodriguez, conseiller confédéral CGT en charge des retraites. "Pas question de toucher à la réversion tant qu'il y aura des inégalités salariales entre hommes et femmes", s'insurge de son côté Pascale Coton, secrétaire générale de la CFTC. Des négociations pour éviter l'épuisement des réservesLes partenaires sociaux se prononceront sur cette proposition (et sur bien d'autres) dans le cadre de discussions qui doivent s'étaler jusqu'à juin. Le lancement de ce nouveau cycle de négociations était initialement prévu ce vendredi 28 novembre, il a d'abord été reporté à début janvier, puis à mi-février 2015, comme l'a révélé lundi Toutsurlaretraite.com. Raison invoquée : les services techniques de l'Agirc et de l'Arrco ont besoin de temps pour chiffrer les économies à espérer des différentes propositions mises sur la table, et permettre aux négociateurs de décider en toute connaissance de cause. La tâche est ardue, notamment parce qu'il faut, pour chaque mesure, anticiper la réaction des assurés. Exemple : pour chiffrer le gain attendu par cette mesure sur la réversion, il faut avoir une idée du nombre d'assurés qui choisiraient de minorer leur propre retraite et du nombre d'assurés qui préfèreraient voir leur taux de réversion diminuer... Des questions propres à l'agenda interne des organisations syndicales et patronales sont aussi suspectées d'avoir pesé dans le report des négociations (le patronat a prévu une semaine d'actions début décembre et Force ouvrière tient son Congrès début février). Rappelons que ces négociations sont rendues nécessaires par la situation financière préoccupante des régimes complémentaires des salariés du privé. A force d'accumuler les déficits et de puiser chaque année dans leurs bas de laine pour compenser, ils risquent d'épuiser leurs réserves. Et donc, à terme, de ne plus pouvoir verser l'intégralité des pensions dues. Si rien n'est fait, l'épuisement des réserves pourrait intervenir en 2017 ou 2018 à l'Agirc et dans une dizaine d'années à l'Arrco. Les autres pistes de réformesParmi les autres propositions qui seront discutées : un abattement sur les complémentaires de ceux qui partent à la retraite avant 65 ou 67 ans, quelque soit leur nombre de trimestres - malus qui pourrait être temporaire (s'annulant aux 65 ou 67 ans du retraité) ou définitif. Mais aussi de nouvelles hausses des cotisations, le report au 1er octobre de la revalorisation annuelle des complémentaires, un gel des pensions en 2016, une fusion entre l'Agirc et l'Arrco, etc. Quant aux pensions de réversion, outre la baisse du taux, elles pourraient être touchées par d'autres modifications de leurs modalités : l'âge minimum pour les toucher sans minoration pourrait passer à 60 ans à l'Arrco , comme c'est déjà le cas à l'Agirc (contre 55 ans aujourd'hui), et elles pourraient être proratisées en fonction de la durée du mariage même si l'assuré ne s'est marié qu'une fois. http://votreargent.lexpress.fr/retraite/retraites-complementaires-une-nouvelle-piste-de-reforme-a-l-etude-pour-les-pensions-de-reversion_1626988.html
PJE Posté 7 décembre 2014 Signaler Posté 7 décembre 2014 Sur les retraites, je ne partage pas son avis mais dans l'interview, il défend des choses intéressantes. Pour ne rien changer, il faut tout changerPourquoi la réforme de notre système de protection sociale passionne le micro économiste que vous êtes ? C’est le sujet le plus important et le plus intéressant d’un point de vue intellectuel. D’abord, parce que les Français sont très attachés à ce contrat social implicite qui consiste à dire depuis l’après guerre, que tout le monde est en droit d’avoir une retraite et d’être soigné à peu près de la même façon. Et c’est ce qui fonde les valeurs de notre société. Sauf que pour conserver ce contrat social et les valeurs qui vont avec, il faut changer tout le système. Il y a cette phrase dans « Le Guépard » de Visconti qui dit que pour ne rien changer, il faut tout changer… On en est là. Tout simplement parce que depuis 1945, tout l’environnement a changé. Et si vous ne changez pas le système et bien, si vous êtes marxiste, vous aboutissez à la révolution ; si vous êtes évolutionniste, vous disparaissez ; et si vous êtes schumpetérien, comme moi, vous êtes détruit ! Voilà en gros ce que nous disent les sciences sociales sur les systèmes qui ne s’adaptent pas. Est-ce que vous êtes nombreux à penser comme cela ? En fait, je pense qu’il y a peu de macro-économistes qui réfléchissent sur ce sujet. En France, ma corporation s’intéresse essentiellement aux sujets de fiscalité – et c’est justifié -, aux questions de politique monétaire, de système financier et bancaire… Mais en général, ceux qui se penchent sur le sujet en concluent qu’il faut changer un certain nombre de choses. Il y a quelqu’un que j’aime beaucoup, qui n’est pas économiste mais démographe, c’est Hervé Le Bras. Par définition, il est entré dans ce sujet par une autre voie que moi, mais même si nous n’avions pas le même panorama au départ, ni les mêmes outils, au bout du compte, on dit des choses qui ne sont pas très éloignées. Nous sommes des scientifiques et finalement, nous avons des diagnostiques semblables et des positions communes. Notamment : on est plus nombreux à peser plus sur un système moins bien financé… Il n’y a pas que cela à mon avis. En effet, l’environnement démographique a beaucoup changé et ce n’est pas la peine de faire un dessin. L’environnement économique a beaucoup changé, pas la peine de faire un dessin. L’environnement technologique a énormément changé et c’est là qu’il faut peut-être faire un dessin… Parce qu’on n’est qu’au début de cette évolution, qu’elle est assez mal connue et que la réforme de la santé est très complexe, contrairement à celle des retraites qui est très simple. Vraiment ? Le sujet des retraites, il se règle sur un fichier Excel. Il suffit de faire varier la durée de cotisation, c’est purement paramétrique. Oui enfin, sur le papier c’est toujours plus simple. Et pour la santé, vous avez des idées ? Pour la santé, il y a deux niveaux de difficultés. D’abord la conception de la réforme elle-même, qui est extrêmement ardue car complexe. Et ensuite, sa mise en application. On est au début d’une révolution technologique dans le domaine de la santé et si on souhaite en bénéficier pleinement, il faut révolutionner les organisations, notamment nos systèmes sociaux. Il faut aussi faire une révolution de l’hôpital, de la médecine de ville… Parce que sinon, je vois très bien ce qui va se passer : aujourd’hui on a l’un des meilleurs systèmes de santé au monde, ce n’est pas le meilleur, mais il est plutôt bien classé. Mais dans 10 ans, on peut avoir perdu 20, 30 ou 40 places. Pourquoi ? Parce que d’ici là, on aura fait des bonds extraordinaires dans la chirurgie, dans l’imagerie, dans les traitements. Mais si on ne change pas notre organisation, on ne disposera pas des fonds pour se les offrir. Donc, quelqu’un qui aura un cancer du poumon aura une espérance de vie de 18 mois en France et de 15 ans aux Pays Bas. Voilà, le sujet est là. Quand vous dites qu’il faut réformer les organisations et les systèmes sociaux, vous parlez de quoi exactement ? Je parle de retraite et de santé. Je parle de toutes les branches de la Protection Sociale : retraite, santé, famille, chômage. Même si c’est sur les retraites et la santé qu’il faut régler le plus de problèmes et opérer le plus de changements. Notamment dans la prise en charge financière, entre la part de l’assurance maladie et celle des complémentaires. Il faut revoir comment tout ça s’articule… Justement, pour faire des économies, tout le monde s’accorde à dire qu’on doit passer d’une médecine curative à une médecine préventive, qu’il faut plus d’ambulatoire et de maintien à domicile… C’est aussi pour cela qu’il va falloir repenser cette répartition entre ce qui relève de la solidarité et ce qui relève de l’assurance ? Aujourd’hui, les assureurs sont essentiellement des payeurs. Mais à partir du moment où les complémentaires vont prendre de plus en plus de choses à leur charge, il va falloir qu’elles aient un pouvoir de régulation sur les dépenses. C’est ce que Malakoff Médéric a initié avec le « réseau Kalivia » pour l’optique. Les partenariats de ce genre entre les offreurs de soin et les payeurs vont se multiplier et vous verrez, demain, on aura des réseaux entre des complémentaires santé et des groupements de médecins, voire des hôpitaux. On va vers une intégration du système de soin et du financement. Et si je me projette à 15 ou 20 ans, je n’exclue pas, par exemple, que Malakoff Médéric rachète des hôpitaux pour les gérer lui-même. Ou même, crée des hôpitaux et pourquoi pas avec Google ou Apple ? Je pousse un peu loin, mais on va forcément dans cette direction. Notamment parce qu’on entre dans l’ère de la santé digitalisée, celle du « big data », qui aura besoin d’organisations dans lesquelles l’information circule parfaitement entre les structures et au sein même des structures. C’est la fin de notre système de protection sociale actuel, en silos, avec l’assurance maladie, la médecine de ville, les biologistes… Tout ça doit communiquer ! Enfin, si on veut une santé de qualité pour tous. Maintenant, si on veut que les progrès thérapeutiques ne profitent qu’aux autres, ne changeons rien… Vous faites partie de ceux qui pensent que le paiement à l’acte des médecins doit aussi être repensé. Pourquoi, comment ? Je prends toujours le même exemple. J’ai une fille de 8 ans, je souhaite la payer à l’acte pour qu’elle fasse son lit : 1 euros à chaque fois qu’elle le fait. Résultat : elle fait son lit 4 ou 5 fois par jour. C’est le défaut du paiement à l’acte, il est incitatif. Si je la salarie 10 euros par mois, très vite elle ne fait plus son lit… D’un côté on a système qui pousse à la surproduction et de l’autre, à la sous-production. Il faut inventer des systèmes mixtes. On a commencé à l’expérimenter en France avec le « paiement contractuel sur objectif » sur un nombre de vaccinations, sur des actes de prévention, le suivi de patients en affection de longue durée (ALD)… C’est encore ultra minoritaire, mais c’est vers cela qu’il faut tendre pour sortir du tout à l’acte. On peut s’inspirer aussi du système hospitalier qui est une sorte de paiement à l’acte, mais avec des tarifs variables en fonction des actes. C’est quand même dingue que rien de tout cela n’existe dans le domaine de la médecine générale. Pour la consultation d’un patient en chimiothérapie, le médecin perçoit exactement la même rémunération que pour une laryngite. Et pourtant, la valeur ajoutée de son travail n’est évidemment pas la même. Ce système est absurde et il faut en sortir. En payant les médecins à l’acte, et en les payant peu, vous les incitez à surproduire des actes médicaux à faible valeur ajoutée. On se retrouve avec un système de médecine de ville un peu à la soviétique, avec des filles d’attente de plus en plus importantes. Je veux me faire vacciner contre la grippe, j’ai appelé lundi, mon rendez-vous est mercredi prochain. Ce n’est pas grave, mais intellectuellement, cela me fascine de savoir que le temps d’attente pour avoir un rendez-vous chez mon généraliste en plein hiver est de 10 jours. Vous pensez que cette idée est attractive pour les médecins ? En tout cas, ce qui est certain, c’est que c’est mieux que le paiement à l’acte. Et que ce sera attractif à partir du moment où les actes de prévention et de suivi des patients en ALD seront bien payés. C’est ce qu’on appelle l’efficience en économie, il faut savoir bien rémunérer les actes à forte valeur ajoutée. C’est la même chose quand on demande aux pharmaciens de faire des actes médicaux, il faut qu’ils soient rémunérés, et bien, pour cela. A ce propos, le président de l’Union des Pharmaciens d’Officine, Gilles Bonnefond, a déclaré qu’il est contre l’idée de déléguer la vaccination aux pharmaciens… Et bien moi je suis pour ! Et si les pharmaciens pensent comme ça, on est mal. Surtout que le seul truc qui peut les sauver, c’est qu’ils fassent des actes médicaux, ce n’est certainement pas en vendant des boîtes ! Vous avez pris position aussi sur la redéfinition du parcours de soin. Selon vous, l’hôpital doit devenir l’ultime recours. Oui. La première étape doit être la pharmacie qui doit bien sûr pouvoir prescrire des médicaments et même procéder à un premier examen médical. Ensuite, il y a un recours possible au médecin généraliste et in fine, l’hôpital. C’est comme cela en Suisse et au Canada. Je pense même qu’il faut rajouter un échelon : la médecine à distance. Les Suisses font ça très bien. J’ai une allergie ou un peu de fièvre, j’appelle d’abord mon service de médecine à distance qui fonctionne 24/24. Cela permettrait d’éviter bien des consultations inutiles chez le médecin. On va rentrer dans la période des gastro-entérites, typiquement sauf pour un nourrisson de 3 mois et une personne de 92 ans, ce premier filtre suffirait. Vous voyez bien qu’on a tout un changement d’organisation à faire. Et le plus formidable, c’est que dans le domaine de la santé, on peut faire des gains de productivité extraordinaires. En langage de tous les jours, cela veut dire qu’avec le même montant, on fera beaucoup mieux pour les patients. C’est assez facile de visualiser ce que vous décrivez, mais très difficile d’imaginer comment convaincre tout le monde, les institutions, les personnels de santé et les Français ? Réformer la France, ce n’est pas si simple… Cela ne m’a pas échappé ! Et c’est vrai dans tous les domaines. Ma réponse est double : soit cela se fera par la crise : l’assurance maladie aura fait faillite comme cela s’est passé en Grèce ou dans d’autres pays… Soit il y aura une prise de conscience de la population. Et je pense que c’est par là qu’il faut aller. C’est tout mon combat : faire de la pédagogie auprès de la population, passer par le bas pour faire bouger le système. Il faut embarquer l’opinion publique avec nous. Concernant les personnels médicaux, certains sont mûrs, notamment là où ça dysfonctionne le plus. Par exemple, dans l’hôpital public, quand vous voyez de jeunes médecins de 30 ans, payés 2 000 euros nets par mois, dans des conditions de travail limites, eux ils sont mûrs pour la réforme, croyez-moi ! Surtout ceux qui voyagent un peu et qui voient comment les choses évoluent en Suisse ou aux Etats-Unis. Quand vous prenez le classement des 30 hôpitaux les plus modernes dans le monde, la moitié est aux Etats-Unis et le reste en Angleterre, en Inde et en Chine. Oui mais ce sont des hôpitaux privés, pas accessibles à tous. C’est vrai. Mais en France, même les cliniques privées commencent à être dans une situation difficile parce que nous sommes dans une sorte de folie égalitaire. Et comme la situation se dégrade à l’hôpital public, l’Etat baisse ses dotations pour le secteur privé. Sauf que dans tout un tas de domaines, comme la robotisation, la génétique, l’imagerie, on a des investissements très importants à faire et il va bien falloir trouver des capitaux. Vous parliez de mobiliser l’opinion publique. Mais n’y a-t-il pas aussi un travail de pédagogie à faire ? Comment les Français peuvent se sentir plus responsables quand personne ne sait ce que coûte une hospitalisation par exemple ? Evidemment. Demandez à n’importe qui combien coûte un accouchement, personne ne le sait. Pas même moi. Donc oui, il faut aller vers la vérité des prix et des coûts. C’est pour cela que je suis violemment opposé au tiers payant. On peut avoir des systèmes très généreux, mais il faut que les gens paient et soient ensuite remboursés, même sur un temps très court. Il faut cette régulation qui respecte les principes de l’assurance : les biens et les services ne doivent pas être considérés comme gratuits. Ils sont remboursés, c’est différent. Cela veut dire aussi qu’il faut réintroduire une certaine dose de proportionnalité entre la cotisation et le risque. Je parle des complémentaires Santé, pas de l’Assurance Maladie qui à mon avis, va devoir se recentrer sur la solidarité. Et ce sont les nouvelles technologies qui vont nous le permettre : quelqu’un qui fait du sport, ou qui ne fume pas, doit cotiser moins qu’un fumeur sédentaire. En tout cas j’y suis favorable. Et si je veux être un peu plus choquant, ou politiquement incorrect, je dirais même qu’un obèse doit cotiser plus. Selon vous, jusqu’où doit-on aller dans la répartition entre ce qui relève de l’assurance privée et ce qui relève de la solidarité via l’Assurance Maladie ? Dans les pays scandinaves par exemple, vous avez un rhume, vous achetez votre paracétamol parce que vous auriez dû mettre un pull… Oui, on doit aller vers ça. L’enjeu c’est quoi ? Dans 10 ou 15 ans, nous devrons faire face à un nombre incroyable de cancers chroniques. Et cela va coûter très cher. Moi, je considère que cela relève de la solidarité : c’est l’assurance maladie qui doit le prendre en charge, quel qu’en ce soit le prix. Mais si on veut pouvoir faire cela, il va falloir dégager de l’argent ailleurs, donc sur des pathologies bénignes qui seront prises en charge par les individus et leurs complémentaires Santé. Il y a deux façons d’opérer le partage entre assurance maladie et assurance privée. Soit vous dites : l’assurance maladie s’occupe des pauvres, je caricature, et l’assurance privée s’occupe des riches. J’y suis complètement opposé parce que cela veut dire que vous donnez les plus mauvais risques à l’assurance maladie. Soit vous dites : l’assurance maladie s’occupe de ce qui est très cher et l’assurance privée de ce qui l’est moins. C’est ce qu’essaient de faire les Pays-Bas par exemple et je crois que c’est la voie à suivre. Et ensuite, l’assurance privée module les cotisations. Cela veut dire que quelqu’un comme moi, qui se fait vacciner tous les ans contre la grippe, doit cotiser un peu moins parce que c’est une attitude responsable. C’est à ce prix qu’on va pouvoir conserver un système efficace et équitable. Et le fameux Dossier Médical Partagé (DMP) dans tout cela ? On y arrive, mais à mon avis, ce n’est pas cette espèce de Gosplan d’Etat initié il y a 10 ans qui va se faire, mais plutôt chacun avec ses objets personnels connectés. Moi, j’ai déjà un début de DMP, j’ai une appli dans mon téléphone avec mon poids, mon activité physique, mon rythme cardiaque. Vous voyez, hier, j’étais un peu stressé, j’étais à 70… Voilà, c’est un début de DMP. Les institutions de prévoyance ont intérêt à passer des accords avec les sociétés qui créent ces applis, les médecins partenaires devront les avoir, tout le monde en fait. C’est le tout début, mais on sait déjà que l’Etat a été court-circuité. C’est dommage que cela ne se fasse pas au niveau de l’Etat, mais c’est comme ça. Surtout que le DMP présente bien des avantages. Il permettrait à l’Etat de mieux contrôler les dépenses de santé, en surveillant le parcours de soin et les éventuels abus. Et il permettrait de mieux soigner les patients, d’avoir une vue d’ensemble sur leurs prescriptions dont on sait d’ailleurs, qu’elles ne sont pas toujours suivies… Oui c’est fou ! On vient d’apprendre que plus d’un Français sur deux atteint d’une maladie chronique ne prend pas, ou prend mal, son traitement (étude IMS Health) ! Cela représente une dépense évitable de 9 milliards d’euros sur les 22 milliards de dépense annuelle en médicaments. Il y a un autre sujet qui s’impose, c’est de faire de l’entreprise un territoire de santé. Quelle est votre lecture de cela ? L’entreprise, c’est le lieu de vie des gens, ils y passent beaucoup de temps. Et par conséquent, ils attendent beaucoup de leur entreprise qui elle-même leur en demande beaucoup. Dans ce contexte, l’entreprise doit devenir de plus en plus un lieu de santé, elle doit offrir un certain nombre de « services » à ses salariés. L’offre de santé, c’est par exemple une campagne de vaccination ou des actes de prévention, comme ce qu’a fait Malakoff Médéric avec Vigisanté, le projet expérimental de dépistage de l’hypertension sur le lieu de travail. Ce sont d’excellentes idées. Mais attention, on doit être dans l’intérêt bien compris, c’est de l’économie : il s’agit d’avoir des salariés en meilleure santé qui coûtent moins cher à l’assureur et sont moins malades, donc moins absents de l’entreprise. Dans ce schéma, où l’on va faire de la prévention en entreprise, comment redéfinir le rôle de la médecine du travail ? La médecine du travail a un rôle primordial à jouer dans le domaine des maladies professionnelles un peu spécialisées. Ici, chez Asterès, on fait du conseil économique, on n’a pas besoin de médecine du travail. On paie pour, mais les besoins de santé de l’équipe ne sont en rien liés à la nature de leur travail. Ils sont liés à leur âge, leurs antécédents, leur mode de vie… Ma femme est vitrailliste, elle est au contact du plomb toute la journée, et cela nécessiterait un suivi très spécialisé. Or aujourd’hui, la médecine du travail n’est pas dimensionnée pour faire cela et pourtant, ce n’est pas le rôle de l’assureur non plus… Là, je pense qu’on pourrait opérer un recentrage opportun de la médecine du travail sur les vrais risques professionnels. Les innovations technologiques qui nous attendent vont faire progresser la qualité des soins et augmenter les dépenses, mais elles vont aussi challenger nos valeurs culturelles et morales. On sort du champ économique, mais tout est lié n’est-ce pas ? Oui, tout est lié et les questions éthiques me passionnent. Dans le domaine de la médecine, on peut réaliser beaucoup d’interventions de confort ou d’augmentation de nos capacités. On peut déjà faire corriger sa myopie mais demain, on pourra se faire opérer pour avoir 12/10e, ou pour entendre mieux. C’est ce qu’on appelle le « transhumanisme ». La question de fond qui se pose, c’est une question purement éthique : à quoi servent les soins ? A se réparer ou à s’augmenter ? Et qu’est-ce que le système de protection sociale doit financer là-dedans ? C’est pour cela que je dis toujours que les deux professions dont on va avoir le plus besoin ces prochaines années ce sont les économistes – pour gérer les questions de coûts, comment on fixe les prix, comment on organise tout ça -, et les philosophes pour savoir ce qui est moral ou pas, bien ou mal, ce qui doit relever de la solidarité et ce qui doit peser sur la responsabilité individuelle. Ces débats, on va devoir les trancher collectivement, parce qu’on ne peut pas les éviter. Pour résumer, pour sauver notre système de protection sociale, quelles seraient vos réformes prioritaires ? Je commencerais par les retraites avec une règle toute simple : 44 / 64 / 2024. 44 ans de cotisations, âge de la retraite 64 ans et on prolonge cela jusqu’en 2024. Problème réglé. Ensuite, l’assurance chômage : il faut rendre les allocations dégressives dès la première année, quitte à réévaluer un peu leur montant les premiers mois, jusqu’à 65% du brut… En 3, séparer ce qui relève de l’assurance et de la solidarité. La solidarité doit être financée par l’impôt et la CSG, si on la conserve. Le reste, par les complémentaires Santé. C’est pour cela qu’il faut généraliser les réseaux de soin organisés par les complémentaires Santé. Aujourd’hui, les professionnels de santé sont contre, mais il faut leur faire comprendre que celui qui paie à un droit de regard sur l’offre, c’est comme ça dans tous les marchés. Quelqu’un qui a son diplôme de médecin peut ouvrir son cabinet, mais à partir du moment où ce sont les assureurs qui paient, il est normal qu’ils aient un droit de regard sur les prix pratiqués. Ensuite, il y a la question de la rémunération des offreurs de soin. Il faut sortir du tout paiement à l’acte pour les médecins. Il faut les rémunérer de façon différenciée en fonction des actes pratiqués et mettre en place des systèmes de primes. Il faut aussi diversifier la rémunération des pharmaciens et les rémunérer pour des actes médicaux, il en va de leur survie. Il faut faire un choc de simplification dans la médecine à distance. Malakoff Médéric devra par exemple être capable de mettre en place, comme cela se fait en Suisse, une plateforme de médecine à distance. Je cotise pour ma santé, j’attends de mon assureur qu’il ait recruté des médecins disponibles 24/24. Tout le monde va en tirer les bénéfices. C’est le principe du « gate keeper », le tout premier filtre qu’il faut instaurer au tout début du parcours de soin. Il faut bien sûr, réformer l’hôpital. On peut diviser le nombre de lits actuels d’un tiers. Et dans 5 à 10 ans, on pourra à nouveau diviser le nombre de lits par deux. Le plus délicat, ce n’est pas le nombre de lits, c’est la réaffectation du personnel médical. Les infirmiers et les infirmières devront faire du soin à domicile, cela relève de l’emploi à domicile. Or aujourd’hui, ils appartiennent à la fonction publique hospitalière. Il va donc falloir opérer une mutation. Mais je crois que c’est tout à fait vendable pour des gens qui sont aujourd’hui objectivement sous-payés et ne travaillent pas forcément dans de bonnes conditions. J’en connais plein des infirmiers qui seraient d’accord de visiter 3 ou 4 personnes par jour et de se faire payer par ces patients qui eux-mêmes seraient remboursés par leurs mutuelles… Ils gagneraient mieux leur vie, ils auraient plus d’autonomie, je le vois comme une évolution positive. Parce qu’il faut bien se rendre compte que le premier lieu de soin dans 15 ans, ce sera le domicile. Je ne parle pas d’accoucher chez soi, mais de l’ambulatoire. Par exemple en oncologie, toutes les nouvelles chimiothérapies sont sous forme de cachets. On va pouvoir les prendre chez soi. Il faut que la CNIL accompagne tout cela et se mette à vivre avec son temps pour permettre à la révolution numérique de s’opérer dans la santé. Et enfin, il y a tout un ensemble de petites mesures annexes, comme généraliser la vente à la pilule et non à la boîte, qui permettront de boucler un système cohérent et d’achever une démarche de régulation des dépenses. Et c’est tout cela qui permettra de dégager des moyens pour investir dans l’imagerie, dans les IRM, dans la recherche et la génétique, les traitements de pointes et les thérapies ciblées. http://www.lehubsante.com/dixit/nicolas-bouzou.html
Nick de Cusa Posté 11 décembre 2014 Signaler Posté 11 décembre 2014 Ça vaut quand même son pesant de cacahuètes. Épisode 34. http://www.contrepoints.org/2014/12/11/190830-je-quitte-la-secu-episode-34-le-rsi-prend-cher
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