free jazz Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Le problème des sociologues, c'est surtout leur nombre, il y en a beaucoup trop. Je viens de tomber sur cette citation du regretté polémiste Philippe Muray. « On nous invite aussi, dans le nouveau monde-monstre, à ne pas nous crisper sur le biologique. C’est très vilain, c’est très peu céleste, je l’ai déjà dit, de se crisper sur le biologique. [...] Un membre masculin n’est en effet nullement un membre masculin, et une vulve n’est pas une vulve : ce ne sont en réalité que deux préjugés culturels qu’il est de notre devoir de déconstruire au plus vite, plutôt que d’essayer de les mettre vulgairement en contact comme on l’a fait pendant si longtemps. Dans la nouvelle vie dévote, il convient de réciter tous les matins que "la différence des sexes, loin d’être une donnée de la nature, est une formation de l’inconscient portant une vision du monde binaire et hiérarchique, et une façon d’interpréter la relation entre sexes". A ce compte, il est également légitime de considérer que lorsqu’il pleut le soleil brille, et que différencier un châtaignier d’un radiateur relève du recours déguisé au naturalisme. Ne soyons pas dupes non plus de ce qu’à l’aide de nos malheureux sens nous pourrions relever comme dissimilitudes entre le Mont-Blanc et une machine à coudre. » Philippe Muray, Dans la nuit du nouveau monde-monstre
poney Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Le problème des sociologues, c'est surtout leur nombre, il y en a beaucoup trop. Combien ? Quel pourcentage des chercheurs ? Quel pourcentage des universitaires ? Si les sociologues demain se mettent à partager en large majorité ton avis ,seront-ils toujours de trop ?
Malky Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Ce fil devient incompréhensible Densité d'information trop élevée ? désolé
free jazz Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Combien ? Quel pourcentage des chercheurs ? Quel pourcentage des universitaires ? Si les sociologues demain se mettent à partager en large majorité ton avis ,seront-ils toujours de trop ? Il y en a beaucoup trop relativement à leur utilité sociale. Aujourd'hui la socio est davantage une doxa ou une idéologie constructiviste permettant d'acquérir des diplômes en carton. Très peu d'étudiants en sociologie trouveront un poste de chercheur. Les études de genre sont une pseudo science, je suis d'accord avec Malky, mais surtout elles sont un canal permettant de décrocher des timbales à subventions publiques. Les autres étudiants, qui n'auront eu ni poste, ni subventions pour mener des pseudo enquêtes à publier dans les Inrocks ou Libé, iront grossir la liste des aigris avec des velléités révolutionnaires votant pour les partis extrêmes.
poney Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 -Il y en a beaucoup trop relativement à leur utilité sociale. -Aujourd'hui la socio est davantage une doxa ou une idéologie constructiviste. -Très peu d'étudiants en sociologie trouveront un poste de chercheur. -Les études de genre sont une pseudo science, je suis d'accord avec Malky, mais surtout elles sont un canal permettant de décrocher des timbales à subventions publiques. -Les autres étudiants, qui n'auront eu ni poste, ni subventions pour mener des pseudo enquêtes à publier dans les Inrocks ou Libé, iront grossir la liste des aigris avec des velléités révolutionnaires votant pour les partis extrêmes. -Define "utilité sociale" et define combien il en faudrait (en expliquant un peu, en quelques lignes) -C'est effectivement une discipline qui parfois se considère constructiviste mais je ne suis pas persuadé que tu comprends bien ce que ça implique (hint : en réaction au positivisme, entre autre) -Ni plus ni moins qu'ailleurs -Tu causes d'un truc dont tu n'as jamais lu le moindre papier sérieux. Pas un seul. Tu passes ton temps à balancer comme un étendard le site perso d'un gay qui a confondu sa vie perso et sa carrière académique. C'est tout. C'est inutile. Seul les idiots tomberont dans ton panneau. En faisant ça, tu jettes dans l'ombre l'immense majorité des gens qui parlent de genre dans leur boulot sans écrire une tribune pour Libé tous les 3 jours. Soit tu le fais volontairement et c'est con. Soit tu causes de trucs que tu piges qu'à moitié parce que t'as trop lu le Fig ou Atlantico. -Oh, wait. Comme les autres. L'hopital qui se fout de la charité ici Rappelle moi ton parcours une fois qu'on rigole, monsieur le journaliste
Drake Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Le problème des sociologues, c'est surtout leur nombre, il y en a beaucoup trop. +1 La sociologie, c'est une discipline élitiste. Seuls les très bons ont des choses intéressantes à dire. 99% devraient dégager, ce serait un bon début.
poney Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 +1 La sociologie, c'est une discipline élitiste. Seuls les très bons ont des choses intéressantes à dire. 99% devraient dégager, ce serait un bon début. Tu as lu 100% des gens concernés pour dire ça ? Non. As-tu seulement lu un livre de 10 auteurs différents ? I doubt it. Merci d'avoir essayé. Sinon, je l'ai déjà dit 100x sur ce forum. Les libéraux passent leur temps d'étude entre l'info et la finance ou le droit. Aucun de vous ne s'est jamais dit qu'il irait faire de la socio. S'il y a très peu de sociologue qui partagent nos points de vue, les premiers responsables sont les libéraux.
free jazz Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 -Oh, wait. Comme les autres. L'hopital qui se fout de la charité ici Rappelle moi ton parcours une fois qu'on rigole, monsieur le journaliste Ben moi j'ai fait science pipo, mais je sais que c'est du pipeau intégral justement. Je suis le premier à critiquer l'escroquerie intellectuelle et l'embrigadement de cette école, même si je prends la science politique comme une discipline sérieuse, mais elle n'y est pas enseignée dans des conditions assez rigoureuses et pluralistes. Je ne prétends pas y avoir acquis un savoir qui permettrait de révolutionner la science, l'éducation et les rapports sociaux, nier la biologie avec une idéologie culturaliste si énorme qu'elle rappelle la démarche de Lyssenko, ni reformarter les programmes scolaires en vue de rééduquer les enfants. Bref, j'ai une distance critique par rapport à ma formation, ce qui ne semble pas être ton cas. Pour rappel, si l'on veut rester dans le sérieux épistémologique, c'est à toi de prouver qu'il existe des études de genre sérieuses. Or tu n'as pas encore été en mesure d'apporter le début d'un élément d'étude rigoureuse qui leur conférerait un peu de consistance scientifique.
Philiber Té Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Ben moi j'ai fait science pipo, mais je sais que c'est du pipot intégral justement. Je suis le premier à critiquer l'escroquerie intellectuelle et l'embrigadement de cette école, même si je prends la science politique comme une discipline sérieuse, mais elle n'y est pas enseignée dans des conditions assez rigoureuses et pluralistes. Je ne prétends pas y avoir acquis un savoir qui permettrait de révolutionner la science, l'éducation et les rapports sociaux, nier la biologie avec une idéologie culturaliste si énorme qu'elle rappelle la démarche de Lyssenko, ni reformarter les programmes scolaires en vue de rééduquer les enfants. Bref, j'ai une distance critique par rapport à ma formation, ce qui ne semble pas être ton cas. Pour rappel, si l'on veut rester dans le sérieux épistémologique, c'est à toi de prouver qu'il existe des études de genres sérieuses. Or tu n'as pas encore été en mesure d'apporter le début d'un élément d'étude rigoureuse qui leur conférerait un peu de consistance scientifique. Poney va-t-il vous balancer le nom d'une revue de sociologie et vous laissez vous démerder avec ça ? :-°
Drake Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Tu as lu 100% des gens concernés pour dire ça ? Non. As-tu seulement lu un livre de 10 auteurs différents ? I doubt it.
Tremendo Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Densité d'information trop élevée ? désolé Je m'aperçois que je préfère lire de la sociopipo que des langages mathématiques. C'est grave docteur? Sinon, je l'ai déjà dit 100x sur ce forum. Les libéraux passent leur temps d'étude entre l'info et la finance ou le droit. Aucun de vous ne s'est jamais dit qu'il irait faire de la socio. S'il y a très peu de sociologue qui partagent nos points de vue, les premiers responsables sont les libéraux.Fail, il y a de toutes les professions chez les libéraux, excepté les sociologues, c'est étrange non?
poney Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Ben moi j'ai fait science pipo, mais je sais que c'est du pipeau intégral justement. Je suis le premier à critiquer l'escroquerie intellectuelle et l'embrigadement de cette école, même si je prends la science politique comme une discipline sérieuse, mais elle n'y est pas enseignée dans des conditions assez rigoureuses et pluralistes. Je ne prétends pas y avoir acquis un savoir qui permettrait de révolutionner la science, l'éducation et les rapports sociaux, nier la biologie avec une idéologie culturaliste si énorme qu'elle rappelle la démarche de Lyssenko, ni reformarter les programmes scolaires en vue de rééduquer les enfants. Bref, j'ai une distance critique par rapport à ma formation, ce qui ne semble pas être ton cas. Pour rappel, si l'on veut rester dans le sérieux épistémologique, c'est à toi de prouver qu'il existe des études de genres sérieuses. Or tu n'as pas encore été en mesure d'apporter le début d'un élément d'étude rigoureuse qui leur conférerait un peu de consistance scientifique. Cette phrase en gras est épique, entre troll, ad hominem, homme de paille et soupe intellectuelle totale. Tu te dépasses vraiment ! Dommage que tu n'es pas capable de garder une distance critique vis-a-vis des gogos russophiles et altercomprenant de la sociologie qui peuplent le Salon Beige et autres joyeuses sauteries du genre. J'ai déjà balancé des liens de gens ayant écrit des trucs intelligents il y a plusieurs mois. Rien qu'en milieu francophone, ça représente des centaines de types entre sociologues, anthropologues, philosophes, historiens, psy et j'en oublie. Tu peux considérer que c'est des milliards de page de pipeau après avoir lu la prose de Iacoub dans Libé, un résumé boiteux sur laviedesidées.fr et trois cartes blanches dans Le Monde mais tu te fourvoies. En attendant, tu enfiles les perles "négation de la biologie" depuis des mois aussi sans avoir jamais été capable non plus de citer un auteur sérieux genrophile qui dit explicitement ça, si ce n'est les gens qui pensent comme toi et qui répètent à l'envi cette idée (et qui ne sont pas plus foutu que toi de trouver quelqu'un ayant dit ça).
Malky Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Ben moi j'ai fait science pipo, mais je sais que c'est du pipeau intégral justement. Je suis le premier à critiquer l'escroquerie intellectuelle et l'embrigadement de cette école, même si je prends la science politique comme une discipline sérieuse, mais elle n'y est pas enseignée dans des conditions assez rigoureuses et pluralistes. Hummmm et à science pipo on apprend pas que le premier moyen pour discréditer une théorie c'est de lui faire dire ce qu'elle ne dit pas ?
Tramp Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 -Define "utilité sociale" et define combien il en faudrait (en expliquant un peu, en quelques lignes) Des gens sont prêts à payer volontairement pour tes services etc.
DiabloSwing Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Bon on dissémine le mot-valise libre-égenrisme sur les autres forums ou blogs ? Histoire que liborg puisse s'énorgueillir d'avoir donné naissance à un terme.
free jazz Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Cette phrase en gras est épique, entre troll, ad hominem, homme de paille et soupe intellectuelle totale. Tu te dépasses vraiment ! Dommage que tu n'es pas capable de garder une distance critique vis-a-vis des gogos russophiles et altercomprenant de la sociologie qui peuplent le Salon Beige et autres joyeuses sauteries du genre. J'ai déjà balancé des liens de gens ayant écrit des trucs intelligents il y a plusieurs mois. Rien qu'en milieu francophone, ça représente des centaines de types entre sociologues, anthropologues, philosophes, historiens, psy et j'en oublie. Tu peux considérer que c'est des milliards de page de pipeau après avoir lu la prose de Iacoub dans Libé, un résumé boiteux sur laviedesidées.fr et trois cartes blanches dans Le Monde mais tu te fourvoies. En attendant, tu enfiles les perles "négation de la biologie" depuis des mois aussi sans avoir jamais été capable non plus de citer un auteur sérieux genrophile qui dit explicitement ça, si ce n'est les gens qui pensent comme toi et qui répètent à l'envi cette idée (et qui ne sont pas plus foutu que toi de trouver quelqu'un ayant dit ça). Si tu parles d'Irène Théry, la pertinence ne m'a pas frappé. C'est dommage que tu occultes complètement le biais idéologique, culturaliste et constructiviste de la sociologie actuelle. Tu invoques souvent Raymond Boudon, qui est une exception archi minoritaire dans le milieu, où dominent les marxistes, les structuralistes et les bourdieusiens. Le problème, c'est que la sociologie draine toute la merde et les insuffisances du système actuel d'éducation de masse. Comme dit Drake, la sociologie devrait être une discipline élitiste et rigoureuse, mais 99% des sociologues produisent au mieux du vent, au pire, sont des acteurs servant à justifier les politiques socialistes. Il faudrait qu'on prenne un peu de recul, et qu'on liste les études universitaires qui sont qualifiées aux Etats-Unis d'études de genre, et voir dans quelle mesure elles servent ou non à des usages normatifs. Enfin je ne lis jamais le Salon Beige, ni aucun blog russophile ou de la droitosphère.
Malky Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 (accessoirement, Aron, Baechler et une bonne partie de l'académie des sciences morales et politiques ne sont pas très bourdieusiens)
Hayek's plosive Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 PopcornTime Et puis Aaron est encore frais. Il vient de se désaltérer, il faut dire.
Malky Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Et puis Aron est encore frais. Au moins autant que Bourdieu
F. mas Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Les sciences sociales sont issues de la philo. Y a juste un jour un philosophe qui au lieu de disserter au sujet de la société depuis le siège confortable de son petit chateau ou de sa maison bourgeoise s'est bougé le cul pour voir "en vrai" comment ça fonctionnait.
Corned beef Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Sur le site du département d'études de genre d'Harvard... Fall 2014-2015 WOMGEN 1247: Studies of Women, Gender, and Sexuality 1247 I Will Survive: Women's Political Resistance Through Popular Song Michael Bronski This course will examine how women, through popular music, have articulated clear political analysis to their oppression that has reached large audiences and become foundational to American culture. We will begin with African-American blues in the early 20th century and moving through jazz, torch singing, folk, girl groups, disco, and contemporary song. Along their music readings we will include biographical, historical, and critical texts that will place these women in their artistic and political contexts. Performers studied will include, among others, Bessie Smith, the Boswell Sisters, Billie Holiday, Marian Anderson, Peggy Lee, Joan Baez, Gloria Gaynor, and Amy Winehouse. Fall 2014-2015 WOMGEN 1463: Studies of Women, Gender, and Sexuality 1463 Reading Hollywood: Feminist Film Theory Mari Ruti This course examines the construction of desire, pleasure, and fantasy in Hollywood film. Drawing on current debates in feminist film theory - as well as on related fields such as queer theory, critical race theory, and psychoanalysis - the course focuses on theories of the gaze, fetishization, racialization, heteronormativity, and the subversive potential of mainstream film. Et tout cela est privé. Des gens dépensent 50 000 $ par an pour apprendre ça...
Tramp Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Performers studied will include, among others, Bessie Smith, the Boswell Sisters, Billie Holiday, Marian Anderson, Peggy Lee, Joan Baez, Gloria Gaynor, and Amy Winehouse. Ils ont oublié Twisted Sisters.
Malky Posté 17 septembre 2014 Signaler Posté 17 septembre 2014 Sur le site du département d'études de genre d'Harvard... Et tout cela est privé. Des gens dépensent 50 000 $ par an pour apprendre ça... Ça me fait penser à la vieille boutade de matheux qui dit qu'en mesurant une cabine téléphonique dans tous les sens, il y a toujours un moyen de trouver pi avec autant de décimales qu'on veut. D'ailleurs (très long et le tl;dr n'a pas d'utilité) L’histoire se déroule à la fin du dix-neuvième siècle, dans la belle et allemande ville de Cologne. La Cathédrale est enfin achevée : les gargouilles vomissent l’eau, les vitraux colorent la lumière de Dieu et le Christ surveille d’un œil concupiscent la jeune nef. Jeune, c’est là un bien grand mot car plus de six cents ans séparent la première pierre de la dernière pointe. Des générations innombrables d’ouvriers sont mortes en transportant ces ciments, en ciselant ces tabernacles, en briquant les allées ; mais enfin, les fils des fils des fils des premiers architectes se reposèrent dans ce lieu de culte. Malheureusement, en ces temps-là, la ville de Cologne croulait sous les dettes. La guerre approchait et déjà l’effort épuisait toutes les ressources des habitants et de l’Église elle-même ; merveilleux temps où la sainteté pouvait mener la bataille sans citer le nom de son Dieu. Mais cela ne faisait guère les affaires des manœuvres : et on les prévint, une fois le dernier coup de truelle donné, que personne ne les paierait pour ce dernier mois de labeur. Bien entendu, ces paysans débonnaires ne se laissèrent pas faire ; et ils décidèrent, d’un commun accord, d’occuper l’église et d’empêcher quiconque de venir prier, les messes d’être célébrées, les baptêmes d’être arrosés. La situation devint rapidement critique. Le pape lui-même, ce devait être Léon XIII à l’époque, s’inquiéta et ordonna que l’on mit fin à cette querelle de luthériens. On dépêcha un évêque, qui tenta par la parole de raisonner les ouvriers. L’on ne pouvait envoyer la milice, les soudards, les lansquenets : ils n’avaient pas le droit de pénétrer en armes dans ce lieu saint. Les hommes de l’art restaient inflexibles, et exigeaient que leur travail soit récompensé. L’évêque eut alors une idée qu’il qualifia lui-même, dans ses mémoires, de géniale : puisque ces hommes désiraient rester dans ce lieu saint, ils devaient s’en montrer dignes. Ainsi arriva-t-il à les convaincre d’organiser un duel de connaissance liturgique : leur plus humble croyant face au plus assidu des prêtres. Puisque l’Église ne semblait fléchir qu’à cette seule condition, ils acceptèrent mais imposèrent une règle unique : que le duel soit muet et ne se déroule que par gestes. Il devait comprendre, lui dirent-ils, qu’ils ne devaient perdre à cause de leur franc-parler ou de leur difficulté à argumenter. Le grand rouge, pris au dépourvu, accepta à son tour. Le surlendemain, les préparatifs furent terminés. Tout le peuple de Cologne vint voir le duel liturgique entre les pères de l’Église et le vulgaire. On amena femmes, enfants, nièces, chiens, chats, cousins ; nombre d’entre eux apportèrent même des paniers-repas, du vin, du pain, du saucisson et du fromage pour ne pas être obligé de quitter la nef où la confrontation allait avoir lieu. Quelques seaux circulèrent également parmi le public, mais pour un usage bien plus intime. Les champions furent élus : l’évêque fit venir de Nantes le père Luc, un homme déjà canonisé qui, du haut de ses quatre-vingts ans, n’avait jamais lu un autre livre que la Bible. Il connaissait chaque verset sur le bout des doigts, avait contemplé en une nuit de passion le visage de Notre Seigneur. Sa barbe blanche inspirait le respect et on pouvait voir, dans ses grands yeux bleus, un mystère que l’on ne pouvait saisir qu’à peine, comprendre qu’à moitié. Les ouvriers choisirent Mathieu, le plus jeune d’entre eux, un blondinet de seize ans à peine. Ils croyaient à un miracle. Les deux opposants se placèrent face à face, à une dizaine de dalles de distance. L’évêque, caressant ses fines moustaches noires, édicta les règles. Le duel serait muet, et tous les arguments seraient mimés. En revanche, l’on avait droit à la monstration, aux objets, à tout ce qui était possible d’imaginer sans qu’il ne faille prononcer un son audible et compréhensible par l’oreille humaine. Un florin déciderait de qui entamerait les hostilités. Le premier ainsi mimerait, et le second devrait lui répondre et ainsi de suite jusqu’à ce que l’un des deux adversaires avoue sa défaite. Le sort, ou la malice de l’évêque, fit que le père Luc eut la main. Le combat commença. Le public retenait son souffle. Le père Luc, flattant sa barbe, contemplait, un sourire aux lèvres, son adversaire. Avançant un pied, il leva un bras et dessina un grand cercle dans les airs. L’audience esquissa un applaudissement ; mais Mathieu, qui n’avait jamais quitté le père des yeux, haussa les épaules et frappa le sol du pied à trois reprises. Le Père Luc sembla surpris. Un sourcil broussailleux se leva circonspect, et une langue passa sur ses lèvres décharnées. Après avoir réfléchi quelques instants, il se raidit, droit comme un piquet et leva trois doigts en direction de Mathieu. Ce dernier, sans même prendre le temps de réfléchir, n’en leva qu’un seul. Le prêtre souffla comme si la phtisie s’était emparée de son corps. Des perles de sueur commencèrent à apparaître sur son visage ridé, ses grands yeux bleus cherchaient du réconfort autour de lui : mais il semblait être le seul à comprendre ce qui se déroulait ici. Il tourna sur lui-même comme une girouette d’Alsace, regarda à gauche, à droite, et soudain s’arrêta sur un cabaretier et sa femme qui découpaient la cuisse d’un porcelet. Fondant sur eux comme un vautour sur une charogne, il les poussa violemment et saisit à leurs pieds une bouteille de vin et du pain blanc. L’air vainqueur, il revint à sa position d’alors et trancha le pain, qu’il avala d’une goulée en l’arrosant de pinard. Il toisa, le filet rouge bavant sur sa barbe blanche, l’adolescent. Mais ce dernier, comme auparavant, haussa les épaules ; et plongeant la main dans la besace qu’il tenait accrochée autour de son épaule, en ressortit une pomme rouge qu’il croqua à pleines dents. Le curé tomba à genoux et se mit à pleurer comme un enfant pleure quand il est loin de sa mère. Il criait, et ses cris résonnèrent dans la Cathédrale. J’ai perdu, cria-t-il, j’ai perdu ! Ce jeune homme connaît mieux les Saintes Écritures que moi ! J’ai été orgueilleux... qu’ils reçoivent leur dû ! La foule était en délire. Tandis que le peuple de Cologne, peuple fier mais aimant, portait Mathieu en triomphe, que les ouvriers se congratulaient en riant fort, les hommes d’Église, et l’évêque lui-même, réconfortaient le Père Luc qui à présent se tordait de douleur sur le sol de la Cathédrale. Le représentant papal demanda, et il parla au nom de tous, ce qui s’était passé lors de ce duel car personne n’avait saisi ce dont il était question. Le père Luc, ses grands yeux bleus rougis, parla alors. Tout d’abord, disait-il, j’ai fait un grand cercle avec mon bras, comme pour dire que tout ce qui était sur Terre, y compris la Cathédrale, appartenait à Dieu et qu’ils ne pouvaient donc usurper son bien. Mais l’ouvrier frappa le sol pour dire que Dieu ne possédait pas les enfers et que donc son omniprésence devait être remise en question. Puis, j’ai brandi trois doigts pour rappeler la Sainte Trinité, que Dieu était Père, Fils et Saint-Esprit et que l’on ne saurait comprendre ses plans divins. Mais Mathieu brandit un doigt pour me dire que Dieu était un et indivisible, et qu’il était vain de vouloir le ramener à nos bêtes conceptions humaines et mathématiques, qu’il était au-delà de toute compréhension. Enfin, j’ai trouvé parmi le public de quoi rompre le pain et boire le vin, pour rappeler la Cène, le dernier repas du Christ ; que le Seigneur s’était sacrifié pour notre liberté et qu’il ne pouvait nier son Pardon. Mais alors croqua-t-il la Pomme de la Tentation, la Pomme du jardin d’Eden, rappelant la faiblesse inhérente à notre condition. Je suis désolé, dit-il à l’évêque, je suis désolé, Saint Père ; mais cet adolescent a vraiment été touché par le doigt de Dieu. De l’autre côté de la nef, Mathieu finissait de mâchouiller sa pomme tandis que la foule le pressait de questions. Le contremaître, fier de son choix, lui demandait d’expliquer comment il s’en était sorti. Bah, soupira Mathieu, rien de plus simple. Tout d’abord, le cureton a fait un grand geste pour dire qu’on devait dégager ; alors j’ai tapé du pied pour dire que non, on resterait là jusqu’à ce que l’on soit payé. Ensuite, il m’a montré trois doigts, pour dire qu’on avait trois heures pour partir de là ; mais moi, je lui en ai montré un pour lui dire qu’il aurait un seul coup de pied au cul s’il insistait. À la fin, il en a eu marre et il s’est mis à manger ; alors j’ai fait pareil.
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