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Apprentissage Du Langage


Punu

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Quand linguistique rime avec statistiques…

Depuis quelques années, les chercheurs en psycholinguistique accumulent les expériences en faveur d’un nouveau modèle d’apprentissage du langage : un modèle statistique, venant s’opposer à la conception innéiste en vigueur depuis Noam Chomsky.

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Depuis un demi-siècle, l’étude scientifique du langage est dominée par l’idée, introduite par Noam Chomsky et défendue aujourd’hui par Steven Pinker, que nos capacités linguistiques découlent pour l’essentiel d’un système de règles grammaticales innées, issu de notre évolution biologique récente. Autrement dit, nous apprendrions naturellement notre langue maternelle, quelle qu’elle soit, grâce à un précâblage cérébral contenant a priori des schémas linguistiques opératoires. Pourtant, une telle perspective est aujourd’hui de plus en plus contestée.

C’est en particulier l’objet d’un article publié dans Pour la science par P. Perruchet et R. Peereman, respectivement directeur et chargé de recherches au CNRS en psycholinguistique. Leur hypothèse est que l’enfant apprend à parler en se conformant à des procédures statistiques en grande partie inconscientes. Une telle approche est validée par une série d’expériences et d’observations. Ainsi, lorsqu’on demande à un enfant francophone d’écrire le son /vo/ à la fin d’un mot fictif, il a généralement tendance à orthographier veau, dans la mesure où c’est l’orthographe qui est statistiquement la plus probable en français. De même, des expériences révèlent que les nourrissons, pour découper correctement le flux continu des paroles en mots signifiants, recourent à un traitement statistique du langage. Autre exemple encore : si l’on demande à des locuteurs anglais de mettre un verbe inventé au passé, tel frink (proche phonologiquement à la fois de blink, verbe régulier, et de drink, irrégulier), on a la surprise de constater que les sujets sont sensibles au contexte sémantique : si le sens renvoie plutôt à blink, les cobayes utilisent la forme régulière du passé, mais si le contexte renvoie davantage à drink, ils utilisent la forme irrégulière. Or, si la théorie du précâblage linguistique inné était la bonne, les locuteurs devraient être indifférents au contexte sémantique.

Par souci de synthèse, on a tenté de concilier les deux approches – linguistique et innéiste. Pourtant, elles ne sont pas expérimentalement équivalentes. En effet, si on n’a toujours pas compris comment des gènes pourraient coder dans l’ADN des règles grammaticales innées, en revanche, on sait très bien modéliser l’apprentissage du langage sur des bases statistiques. Depuis les années 1980, des réseaux de neurones montrent que, à partir d’un grand nombre d’unités élémentaires à deux états (actif/inactif) interconnectés, il est possible d’obtenir des phrases signifiantes au terme d’une série de connections dynamiques procédant par essais et erreurs. Il n’est aucunement besoin de programmer des règles fixes s’appliquant a priori ; seules suffisent des combinaisons algorithmiques au départ aléatoires et statistiquement sélectionnées. Le modèle statistique est donc plus qu’une approche complémentaire, c’est une véritable théorie alternative.

Les deux auteurs concluent : « Soulignons que l’approche statistique n’exclut pas l’idée même de propriétés innées, mais celle de propriétés innées spécifiquement dédiées au langage. (…) Il est beaucoup plus facile d’imaginer une histoire évolutive de l’homme où apparaissent des mécanismes généraux  d’apprentissage qu’une évolution faisant apparaître des règles particulières au langage. (…) En d’autres termes, c’est le langage qui s’adapte aux mécanismes d’apprentissage en place, et non l’inverse. »

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Pierre Perruchet et Ronald Peereman, « Apprendre sa langue maternelle, une questions de statistiques ? », Pour la science, n° 327, janvier 2005, p. 82-87.

  • 5 weeks later...
Posté

Toujours à propos de Chomsky. Il semblerait qu'il déconne autant en linguistique qu'en politique.

Langage et mathématiques : deux modules indépendants

Noam Chomsky pensait que la capacité linguistique, notamment la syntaxe, est une condition de capacités mentales plus complexes, notamment mathématiques. Il semble que cette hypothèse n'est pas fondée. L'équipe de Rosemary Varley a étudié trois patients dont les lésions à l'hémisphère gauche interdisaient toute aptitude à la syntaxe. Ces malades sont néanmoins capables de procéder à des opérations mathématiques (soustraction, division, multiplication), ce qui tend à prouver l'existence de module linguistique et mathématique indépendants.

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Math skills evolved independent of language

    19 February 2005

    From New Scientist Print Edition. Subscribe and get 4 free issues.

NOAM CHOMSKY'S theory that the evolution of language provided the portal to all higher thought has taken another knock. A study of people with language difficulties suggests that mathematical skill evolved independently.

A team led by Rosemary Varley at the University of Sheffield, UK, studied three people with extensive damage to the brain's left hemisphere, including language areas. Two could not speak at all, and the third only in fragmentary sentences. All were competent calculators, though, able to solve simple subtraction, division and multiplication problems (Proceedings of the National Academy of Sciences, DOI: 10.1073/pnas.0407470102).

The patients could not spot syntax-based changes in meaning, for instance, in reversible sentences such as "the boy chased the girl" and "the girl chased the boy". But they had no trouble with a mathematical equivalent such as 7 - 2 and 2 - 7.

Most experts believe that understanding syntax is essential for processing mathematical statements. "We've blown that one to pieces, I think," says Varley.

Psychologist Brian Butterworth at University College London points to evidence that infants do maths long before they can speak. "The syntax of numbers is very different from the syntax of language," he says.

Posté

Ce n'est pas parce qu'il y a débat que le gars "déconne".

Darwin a écrit des trucs dont on a découvert ensuite qu'ils étaient faux, il n'a pas "déconné" pour autant.

Posté

Excuse-moi, mais ce n'est vraiment pas comparable. Darwin ne s'est pas trompé (enfin, dans l'état actuel des connaissances) sur la base même de ses théories. Je me demande d'ailleurs à quelles erreurs tu penses… peut-être le fait qu'il n'avait pas compris que les gènes étaient l'agent sélectif ? Personne ne le savait à l'époque, à part Mendel.

Posté

A propos, savais-tu que Mendel a truqué ses chiffres ?

Ceci étant, ca m'étonne de te voir jeter Chomsky ainsi. Sa théorie, c'est le cablage fin du cerveau déterminé par les gènes et indépendant de la socialisation de l'acteur. Exactement ce que tu défends sur pas mal d'autres sujet.

Posté
A propos, savais-tu que Mendel a truqué ses chiffres ?

Je l'ignorais, mais c'est étonnant car Mendel ne cherchait pas la renommée, la publication, etc. S'il y a des erreurs, je crois qu'elles sont involontaires.

Posté

Je trouve juste ça un peu prétentieux. Bien sûr c'est le souhait de tout chercheur honnête. Mais je doute qu'un seul scientifique ait réussi cet exploit.

Posté
Je l'ignorais, mais c'est étonnant car Mendel ne cherchait pas la renommée, la publication, etc. S'il y a des erreurs, je crois qu'elles sont involontaires.

Non, non, ca ne peut pas être involontaire. Il donne des résultats quatre quarts trop parfait. Il a modifié ses données expérimentales pour faire disparaitre les effets de crossing-over entre les gènes qu'il ne pouvait évidemment pas expliquer à l'époque.

Posté
Non, non, ca ne peut pas être involontaire. Il donne des résultats quatre quarts trop parfait. Il a modifié ses données expérimentales pour faire disparaitre les effets de crossing-over entre les gènes qu'il ne pouvait évidemment pas expliquer à l'époque.

ah oui je me rappelle de ce truc… cours de bio de 5ème ou 6ème… je repense à mon prof… il s'arrêtait parfois au milieu d'une phrase, laissait quelques secondes de blanc, puis disait d'une voix calme: "Vous ne m'écoutez pas."

une fois l'un d'entre nous a emprunté les questions de l'interro suivant, a fait des copies et a remis l'original dans la malette du prof. on a tous cartonné à l'interro d'après mais on lui a tout avoué dans un fou-rire général si je me souviens bien.

hum.

Posté
Hum, c'est au programme de Terminale Scientifique, en France, le crossing-over…  :icon_up: Alors, 5éme-6éme…

chuis belge.

5ème = 1ère

6ème (aussi appelé rétho) = terminale

faut pas mélanger les torchons et les serviettes.

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