Mégille Posté il y a 12 heures Signaler Posté il y a 12 heures On devrait, je crois, en compter 4, plutôt que 2 ou 3. Ou 5, en comptant le capital, mais on a raison de souvent l'en exclure, puisqu'il reste une combinaison des précédents. Les autrichiens ont aussi raison d'en exclure l'entreprenariat, mais pas pour les bonnes raisons. Les quatre facteurs sont : la nature, le travail, et il faut y ajouter l'idée et la décision. (la correspondance aux quatre causes d'Aristote n'est pas accidentelle) Considérer l'idée comme un facteur en son propre droit permet de comprendre la différence de productivité gigantesque entre le travail d'un paysan dans une société non-industrialisée (et ce, même s'il travaille énormément et dans une nature très féconde) et celle d'un ouvrier-technicien moderne. On a tendance, je crois, à considérer l'idée comme une simple qualité du travail, à la façon de Marx qui considère le travail d'un ouvrier non-qualifié comme une fraction du travail d'un ingénieur -malgré que même un très grand nombre d'ouvriers ne fassent pas un travail d'ingénieur (autrement, on aurait sans doute des chemins de fer au lieu des menhirs et des dolmens). Et en effet, qu'un effort laborieux puisse être plus ou moins utile est tout à fait analogue à ce qu'un bout de matériau naturel puisse lui aussi l'être. Mais pour la nature aussi bien que pour le travail, c'est l'idée qui accorde cette valeur supplémentaire. Sans l'idée de ce qu'on pourrait en faire, le pétrole n'a pas beaucoup plus de valeur que le sable du désert au dessus de lui. Mais surtout, l'idée est essentiellement différente travail, quel que soit la définition qu'on ait de lui. On le pense tantôt comme la transformation volontaire de la nature, tantôt comme l'occupation du temps humain, tantôt comme l'effort fourni, mais non seulement il est tout à fait possible de faire tout ça sans avoir la moindre nouvelle idée (et c'est la condition générale de l'humanité jusqu'à la révolution industrielle), mais il est aussi possible, quoi que rare, d'avoir une nouvelle idée sans particulièrement avoir à y consacrer temps et effort. Partant de là, on peut concevoir l'idée comme le résultat possible du travail sur la nature, et le travail, comme l'effort pour donner à la nature la forme d'une idée. A ceci, il faut encore ajouter la décision de réaliser une certaine idée plutôt que d'autres. Bien qu'en elle-même immatérielle comme l'idée, elle en est qualitativement différente, puisqu'il s'agit d'un acte de la volonté là ou la saisie de l'idée est un acte de l'entendement, et qu'elle réside dans l'acceptation de l'incertitude concernant les résultats de la tentative de la réalisation de l'idée, c'est à dire, dans l'imperfection de la saisie de l'idée. C'est en partie ce qu'on désigne par entreprenariat quand on le considère comme un facteur, mais il y a deux raisons de plutôt parler de la décision elle-même. D'abord, parce que l'activité générale de l'entrepreneur ne consiste généralement pas en la seule décision, mais en une combinaison de décision, d'idée et de travail. Ensuite, parce que l'entrepreneur n'est le fournisseur de décision que dans une économie de marché. Or, les économies planifiées produisant aussi de la richesse -peu importe qu'elles en produisent moins, ou en détruisent plus au passage- tous les facteurs nécessaires doivent aussi y être. La décision en l'occurrence est simplement accaparée au planificateur, et c'est précisément parce que ce facteur est moins bien mobilisé que le produit est inférieur, même lorsque chacun des trois autres facteurs est là. L'omission des facteurs immatériels, l'idée et la décision, par les économistes du XIXème, est sans doute due à leur zeitgeist matérialiste. Mais les intégrer à la théorie est nécessaire, puisque c'est eux, bien plus que les deux premiers, qui expliquent les fortunes actuelles, au niveau micro aussi bien que macro. C'est par eux qu'on peut répondre aux sophismes voulant qu'un ouvrier, travaillant plus que son patron (le cas n'est pas systématique, mais il existe), devraient gagner plus que lui, ou que l'Afrique, au sous-sol plus riche que l'Europe, devrait être plus prospère. Et c'est généralement de cette façon qu'on répond, mais on ne les identifie comme facteur de la production qu'implicitement, et on a tort de s'y limiter.
Daumantas Posté il y a 9 heures Signaler Posté il y a 9 heures Pour la décision c'est intéressant, pour l'idée je ne vois pas bien la distinction que tu sembles faire avec le facteur technologique déjà pris en compte depuis quelques décennies (modèle de Solow etc.)
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