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Transition forestière


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Rien de bien neuf, mais bien résumé.

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/07/06/pourquoi-la-deforestation-au-bresil-va-t-elle-s-arreter_1730405_3232.html

Pourquoi la déforestation au Brésil va-t-elle s'arrêter

Au lendemain de la conférence RIO+20, le développement durable peine toujours à s'imposer comme une nécessité pour les années à venir. Nombre de chefs d'Etats, Barack Obama en tête, ne se sont même pas déplacés. Le sommet affiche un triste bilan, avec au final un "accord" qui semble dérisoire au regard des enjeux engagés. Tout un symbole dans le pays où la déforestation demeure le fléau que l'on ne cesse de ressasser. La disparition, chaque jour un peu plus, de la forêt amazonienne, entraîne le recul de la biodiversité, la dégradation des sols et participe au changement climatique. Pourtant, nous pouvons être assez optimiste quant à la disparition de ce problème dans le pays, la théorie de la transition forestière nous aide à comprendre pourquoi…

Au Brésil, l'expansion agricole entraîne la conversion des forêts en espaces cultivables. Le géant sud-américain fait partie des premiers exportateurs mondiaux de viandes bovines, le besoin d'espaces pour l'élevage fait monter la pression sur les forêts et implique de la déforestation. Par ailleurs, une législation favorable à l'utilisation des sols à des fins productives a durant des années incité les propriétaires à convertir leurs terres en espaces cultivables, replaçant ainsi la question de la qualité des institutions au centre du problème de la déforestation. Enfin, se pose également le problème de l'exploitation illégale de bois dans le pays.

En dépit de ce constat, la théorie de la transition forestière peut nous laisser penser que cela va s'arrêter. Cette théorie (Mather, 1992) se base sur le changement observé dans le taux de déforestation, de positif à négatif, dans les pays développés tels que la France au XVIIIe siècle. L'idée est qu'à mesure du développement d'un pays, les réserves de forêts évoluent de manière prévisible. D'abord, il y a une large phase de déforestation. Puis, dans un second temps, arrive une phase de stagnation, que l'on assimile au point de retournement dans le taux de déforestation. Enfin, une phase de reforestation intervient dans un troisième temps. Deux sentiers principaux de transition forestière se dégagent (Rudel & al, 2005). Le premier est celui du développement économique. Au départ, le pays est fortement couvert par les forêts, dès lors pour se développer et nourrir sa population croissante, les terres sont converties en espaces cultivables: c'est l'expansion agricole.

Une fois un certain seuil de développement atteint, l'économie a collectée assez de capital pour intensifier son agriculture et tourner son système productif vers l'industrie. La pression sur les forêts restantes diminue, la déforestation s'arrête. Le second sentier de transition forestière est celui de la rareté. Avant le développement, la valeur marginale associée à l'agriculture (qui peut procurer à la fois revenus et nourriture pour la population) est élevée, à l'inverse de la valeur marginale associée à la forêt, présente en abondance. A mesure que l'expansion agricole prend place, la valeur marginale associée à l'agriculture diminue, pendant que celle de la forêt augmente du fait de sa rareté progressive. La déforestation s'arrête alors au moment où les deux valeurs marginales s'égalisent : c'est le point de retournement. Ce point correspond à une prise de conscience des bénéfices fournis par la forêt, tels que la biodiversité, la séquestration du CO2 etc. Cette prise de conscience peut se traduire ensuite par des politiques de préservation comme au Costa Rica ou même de replantation comme en Chine.

En somme, la déforestation ne saurait être infinie dans le temps, et notamment au Brésil. D'ailleurs, le pays montre plusieurs signes positifs en concordance avec la théorie. Le sentier du développement économique semble plus que jamais engagé puisque le pays s'est hissé au 6e rang des puissances mondiales, juste derrière la France. Quant à la valeur accordée aux forêts, Dilma Rousseff confirmait ce changement en marche dans les mentalités en s'opposant récemment à plusieurs articles du nouveau code forestier brésilien qui souhaitait encourager (encore) la déforestation à des fins économiques. Enfin, il faut mentionner l'existence de politiques de replantation à certains endroits du pays.

Le propos n'est pas de dire qu'il ne faut rien faire et que tout va bien au Brésil. La déforestation en Amérique du Sud, comme ailleurs dans le monde, est un des défis à relever dans la problématique de gestion des ressources qui s'impose à nous. Cependant, la théorie de la transition forestière, en exposant les enjeux sous-jacents à la déforestation structurelle dans les pays en développement, suggère que le Brésil ne sera probablement pas toujours montré du doigt pour le traitement qu'il réserve à sa forêt. A présent, dans un contexte mondial d'explosion démographique, la question qui se pose est de savoir quand le pays va-t-il opérer sa transition, et quels moyens va-t-il se donner pour le faire à la fois rapidement et en conservant le plus de forêts possible ?

Julien Wolfersberger, chaire Economie du Climat-INRA

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