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Le sophisme à Méluche


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  Fredo a dit :
Là je rejoins aussi Sun Tsé qui considérait que la décision ou non d'engager l'armée ne devait pas revenir au Prince, ne serait-ce que par les influences dont il pouvait faire l'objet à la cour : déléguer la défense au général et aux professionnels.

Lors de ma lecture de l'Art de la Guerre, j'avais pas mal réfléchi en lisant cette phrase, mais je la trouve profondément insatisfaisante ; les généraux sont aussi des êtres humains faillibles, corruptibles au sens le plus large du terme, qui ont eux aussi leurs intérêts personnels, et passer de la "démo"cratie à la technocratie ne sert pas à grand chose, sauf à déplacer la patate chaude. Les généraux s'occupent de stratégie, les politiciens de politique. La première dépend forcément de la seconde, est toujours un outil de la seconde comme l'exprime implicitement la formule de Clausewitz. Encore une aporie des sciences politiques. :icon_up:

Sinon, +1 au reste du message ; et distinguer théorie et pratique est bel et bien fallacieux : c'est le stratagème 33 de Schopenhauer.

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Tiens, à propos du rejet des idées intellectuelles au profit d'un pseudo-pragmatisme, Salin y consacre quelques bonnes pages dans son dernier ouvrage Français n'ayez pas peur du libéralisme.

Examinant l'action politique des vingt dernières années, il défend la thèse selon laquelle l'échec du libéralisme en France provient justement du rejet des idées intellectuelles. L'argumentation est la suivante : le déficit de libéralisme en France s'explique par les occasions manquées de la droite à réformer le pays quand elle était aux affaires. La droite, n'ayant aucune base théorique solide, s'est toujours contentée de réagir de façon "pragmatique" aux idées de la gauche. Autrement dit, n'ayant aucun corpus idéologique à défendre, elle s'est résignée à courir derrière les idées (sociale-démocrate) de gauche.

  Citation
Le problème français, c'est sa droite. Il lui manque à la fois le minimum de fondations intellectuelles qui lui permettrait de comprendre les problèmes de l'époque et l'instinct philosophique minimum qui lui permettrait de réagir dans la bonne direction. La droite française est conservatrice, nationaliste, étatiste. Elle n'est en aucune mesure attachée à la liberté individuelle et elle ne comprend pas qu'une société paisible et prospère repose sur la coopération sociale volontaire que des hommes libres mettent nécessairement en place. A chaque problème, la gauche a une solution qui implique plus de règlements et plus d'impôts - en particulier sur ceux qui sont censés être les plus riches - et dans le climat français elle invoque facilement l'alibi de la justice sociale et de la suppression des "abus". Mais la droite est incapable d'inventer des solutions radicalement différentes, elle est toujours d'accord avec ces propositions dirigistes ; elle fait de la "sous-surenchère", c'est-à-dire qu'elle se contente d'atténuer les propositions de la gauche au lieu d'en prendre le contrepied. La droite française ignore l'idée de Liberté.

[…]

Le véritable problème français est un problème intellectuel, car non seulement toute la nomenklatura est nourrie d'idées fausses, mais en outre elle peut facilement convaincre une opinion publique à laquelle on n'a jamais fourni d'autres idées. Il y a peu d'espoir de redonner la liberté aux Français - et donc de retrouver la prospérité et de combattre le chômage - si l'on ne met pas fin à la domination de l'ENA et si l'on n'introduit pas plus de concurrence dans les universités et les écoles, permettant ainsi de briser le consensus idéologique qui est à la racine des maux français.

Pour le moment, malheureusement, les responsables politiques de la droite française n'ont pas compris l'importance cruciale de la révolution intellectuelle dont la France a besoin. Ils aiment bien se dire "pragmatiques", sans réaliser que le pragmatisme n'est rien d'autre que le refus de penser.

Après avoir expliqué comment Mart Laar a conduit les réformes libérales de l'Estonie après avoir lu un seul ouvrage d'économie (Free to Chose de Milton Friedmann), Salin écrit :

  Citation
De cette expérience d'un homme d'action qui a admirablement réussi, on peut tirer quelques enseignements fondamentaux, que nous livrons aux hommes politiques français. Ceux-ci se disent pragmatiques et le revendiquent. Ils sont, disent-ils, proches de la pratique et ils rejettent les théories qu'ils considèrent comme utopiques car éloignées de la réalité ; ils se méfient de ce qu'ils appellent les idéologies. Cette opposition, si fréquemment et malheureusement faite, entre la pratique et la théorie, n'est en réalité que le reflet de graves confusions. Toute la dignité de l'être humain vient de ce qu'il n'y a pas d'action humaine sans pensée préalable, et c'est pourquoi il n'y a rien de plus pratique que la théorie. La différence que nous devons faire n'est pas entre la pratique et la théorie, mais entre la bonne théorie et la mauvaise. Mieux vaut lire un seul bon livre fournissant les principes théoriques de la pensée et de l'action - comme l'a fait Mart Laar - qu'accumuler la lecture de milliers de pages d'articles, de rapports, de discours.

[…]

Les hommes politiques français - entourés de leurs nuées d'énarques qui les gavent de rapports dans lesquels on prétend calculer à l'unité près le nombre d'emplois créés à partir de quelques dispositions règlementaires fumeuses - ne sont pour leur part que des pragmatiques sans principes, c'est-à-dire des producteurs d'idées fausses et, surtout, des décideurs nuisibles. On s'étonnera ensuite que leurs décisions aient abouti à des "effets pervers". Mais ces effets ne sont pas le résultat inattendu de bonnes décisions, ils sont le résultat inéluctable de décisions fondées sur un pragmatisme sans principes.

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  Gadsden a dit :
Mélenchon : "Sachez que l’index des publications scientifiques sur lequel s’appuie le classement des universités, dans lequel la France est si mal placée, est géré par une entreprise privée nord américaine. C’est moi qui vous l’apprends, et vous pourrez le vérifier !

Dans ces conditions, comment expliquez vous qu’étant à ce point en bas de l’échelle, la France figure parmi les trois premiers pays au monde pour le nombre de scientifiques pour cent mile habitants, et ce devant le Japon, l’Allemagne et les Etats-Unis ? "

Pour la Science du mois dernier consacrait une tribune à ce douloureux sujet et l'auteur ne prenait pas de gants pour fustiger les vrais responsables de cet état de fait, à savoir la centralisation et l'archaïsme de l'administration universitaire. Mélanchon devrait le lire; ça le changera du Monde Diplo et d'Alternatives Eco.

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Pour la Science, il me semble que c'est la vf de "scientific american". Pour Méluche, c'est une déclaration de guerre !

(au passage, je préfère de loi PLS à La Recherche, p. ex ; c'est bizarre, non ?)

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Ca me fait penser que Mélanchon est passé à Soir 3 lundi dernier (encore un qui m'a pourri les vacances) Il y expliquait entre autres que la "droitisation" des partis de gauche européens - entendez par là la conversion au principe de réalité et l'abandon des vieilles lunes - conduisait partout à un désastre électoral.

J'ai attendu que Marie Drucker lui oppose l'exemple des travaillistes britons - au pouvoir depuis dix ans - ou même le SPD allemand qui est toujours au pouvoir (même si c'est au sein d'une coalition) Le seul parti de gauche européen à avoir subi plusieurs désastres électoraux au cours de ces dernières années est le PS. Etonnant, non?

Inutile de vous dire que j'attends toujours.

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  Taranne a dit :
Ca me fait penser que Mélanchon est passé à Soir 3 lundi dernier (encore un qui m'a pourri les vacances)

Mais pourkwâ tu regardes la télé ?!

  Taranne a dit :
Il y expliquait entre autres que la "droitisation" des partis de gauche européens - entendez par là la conversion au principe de réalité et l'abandon des vieilles lunes - conduisait partout à un désastre électoral.

Ce qui est une bonne nouvelle.

  Taranne a dit :
J'ai attendu que Marie Drucker lui oppose l'exemple des travaillistes britons - au pouvoir depuis dix ans - ou même le SPD allemand qui est toujours au pouvoir (même si c'est au sein d'une coalition) Le seul parti de gauche européen à avoir subi plusieurs désastres électoraux au cours de ces dernières années est le PS. Etonnant, non?

Inutile de vous dire que j'attends toujours.

La culture politique générale des hommes/femmes-tronc est un simple vernis, ne l'oublions pas.

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  h16 a dit :
La culture politique générale des hommes/femmes-tronc est un simple vernis, ne l'oublions pas.

J'imagine plutôt que son François d'amour a dit à la Petite Marie qu'il fallait ménager le bonhomme; une machine à faire perdre le PS comme ça on n'en trouve pas tous les jours.

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