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La technique


Punu

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J'ai récemment lu : "La technique a tendance à commander le changement des mentalités et à repousser les limites de la morale."

Qu'en pensez-vous ?

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On le constate souvent, notamment ici. Avec l'introduction de la technique du forum, il est maintenant possible à des gens normaux de se tabasser sur des sujets qu'ils n'auraient jamais abordé IRL, et à tenir certaines positions morales qui, en plein repas de famille, vaudrait pour son auteur une plâtrée de haricots verts au travers de la figure…

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J'ai récemment lu : "La technique a tendance à commander le changement des mentalités et à repousser les limites de la morale."

Peut-être qu'on peut voir un lien… L'individualisme mène au progrès, entre autre technique. Et il mène simultanément, selon Michéa, à un recul de la morale. Je ne sais pas si c'est ce que tu cherches.

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Je pense qu'il voulait aussi dire (merci Gadrel d'infirmer ou confirmer) que la technique modifie aussi ce qu'on qualifie de moral ou pas, en modifiant les comportements.

De façon générale, la technique modifiant le champ des possibles, elle modifie les comportements et les jugements moraux. Il y a 500 ans par exemple, toutes les questions attenantes aux limites de la vie étaient beaucoup plus facile à trancher.

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D'une certaine façon, la technique repousse les limites de l'individu. En effet, grâce à la technique, l'homme se voit capable d'accomplir davantage de possibilités, voyager plus loin, plus vite, expérimenter davantage de choses… La technique ressemble à une extension des sens, elle permet la "création" d'un homme moderne, capable d'expérimenter et d'accomplir davantage de choses.

Face à cette extension de son périmètre d'action, il est vrai que l'homme a tendance à croire que tout est possible, que tout lui est possible. De créature qu'il était selon les religions, les traditions et les mythes, l'homme devient créateur, ou plutôt démiurge. En tant que tel, il s'adjuge tous les pouvoirs dont celui de dire par lui même ce qui est bon ou mauvais, il fait la morale, il fait sa morale, de la même manière qu'il croit faire le monde.

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J'ai récemment lu : "La technique a tendance à commander le changement des mentalités et à repousser les limites de la morale."

Qu'en pensez-vous ?

Que je me posais la question récemment et que je suis peut-être intéressé par l'ouvrage dont sort cette phrase. :icon_up:

ref ?

D'une certaine façon, la technique repousse les limites de l'individu. En effet, grâce à la technique, l'homme se voit capable d'accomplir davantage de possibilités, voyager plus loin, plus vite, expérimenter davantage de choses… La technique ressemble à une extension des sens, elle permet la "création" d'un homme moderne, capable d'expérimenter et d'accomplir davantage de choses.

Je ne crois pas que l'extension du possible soit la clé de cette question épineuse.

Il me semble préférable d'aller voir du coté des intentions qui ont guidée l'apparition ou la diffusion de la technique. Un objet technique est toujours conçu dans le cadre d'un projet.

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J'ai récemment lu : "La technique a tendance à commander le changement des mentalités et à repousser les limites de la morale."

Deuxième fois que mon détecteur à platitudes vient de tilter aujourd'hui. Ce matin c'était la version greenspanéenne de l'argent ne fait pas le bonheur.

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Deuxième fois que mon détecteur à platitudes vient de tilter aujourd'hui. Ce matin c'était la version greenspanéenne de l'argent ne fait pas le bonheur.

Merci ! Et je passe pour quoi, moi qui me suit fait chier à pondre une réponse un peu développée !

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Deuxième fois que mon détecteur à platitudes vient de tilter aujourd'hui. Ce matin c'était la version greenspanéenne de l'argent ne fait pas le bonheur.

Je crois qu'il va falloir faire un entretien parce que t'as beaucoup de faux positifs les dernières semaines. :icon_up::doigt:

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Merci ! Et je passe pour quoi, moi qui me suit fait chier à pondre une réponse un peu développée !

Que je suis d'accord avec ton analyse et je rajouterai, comme le suggère Schnappi, qu'il y a aussi l'aspect "objet technique comme expression d'un projet". Ces objets permettent une plus grande action sur l'environnement, et en retour tendent à développer "l'intelligence"/les connaissances, qui engendrent des objets et techniques plus élaborés etc. Peut-être y a-t-il eu une boucle à rétroaction positive au cours de l'évolution humaine.

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J'ai tendance à considérer la philosophie comme le parent pauvre de la pensée humaine, qui tente à grand peine de suivre en haletant les changements du monde, en particulier technologiques et scientifiques, pour fournir à posteriori des systèmes d'interprétation de la nouvelle situation. Systèmes la plupart du temps obsolète parcequ'ingénieurs et scientifiques ont entretemps continué de bosser.

Cet effort d'interprétation est certes nécessaire mais en même temps toujours un peu pathétique. Et toujours rendu dégoulinant de pathétique par la prestidigiation des littérateurs, qui consacrent une bonne part de leurs efforts à prétendre que ce sont eux qui sont à l'origine des changements, alors même qu'ils n'en sont que les chroniqueurs.

Comme ce sont eux qui tiennent le micro (la plume dans les siècles passés), ils arrivent à en convaincre les masses. Et à s'autoconvaincre pour s'en s'autocongratuler.

Je suis convaincu que l'illusion selon laquelle le monde littéraire et artistique sont un domaine plus haut de l'activité humaine, par rapport à la science et la technologie, que cette illusion est une source majeure de la merde où nous nous trouvons sur le plan politique.

Zéro doute pour moi donc que "La technique a tendance à commander le changement des mentalités et à repousser les limites de la morale".

Il suffit de penser au plus grand changement technologique de l'histoire, le passage de la chasse - cueillette à l'agriculture. Il est facile de voir que ça a du causé des changements majeurs des mentalités et de la morale.

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J'ai tendance à considérer la philosophie comme le parent pauvre de la pensée humaine, qui tente à grand peine de suivre en haletant les changements du monde, en particulier technologiques et scientifiques, pour fournir à posteriori des systèmes d'interprétation de la nouvelle situation.

Gadrel a dit exactement la même chose il y a quelques années (enfin presque) : le champ d'étude de la philo ne fait que diminuer depuis quelques décennies.

C'est vrai, non?

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Nick, je suis d'accord avec toi si tu limites la philosophie aux travaux des philosophes.

En pratique, il est impossible d'avancer de façon significative dans une discipline sans faire de la philosophie et les vraies avancées philosophiques sont à chercher dans les travaux des grands chercheurs en physique, biologie, économie, etc…

Les écrits d'un Edelman et d'un Damasio ne sont pas juste des chroniques de l'avancée du monde.

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Là par contre je crois qu'on nage en plein scientisme.

Ce n'est pas parce que les sciences humaines ont été colonisées par la gauche et qu'on nage donc aujourd'hui dans l'obscurantisme le plus abject qu'en soi la philo est dépassée ou marginalisée.

Si on s'intéresse à l'impact qu'ont eu les sciences exactes en philo, globalement on a plutôt eu à s'en plaindre qu'à s'en féliciter.

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Là par contre je crois qu'on nage en plein scientisme.

Ce n'est pas parce que les sciences humaines ont été colonisées par la gauche et qu'on nage donc aujourd'hui dans l'obscurantisme le plus abject qu'en soi la philo est dépassée ou marginalisée.

Si on s'intéresse à l'impact qu'ont eu les sciences exactes en philo, globalement on a plutôt eu à s'en plaindre qu'à s'en féliciter.

Je n'ai pas trop dit si l'influence de tel groupe est un bien par rapport à celle de tel autre groupe.

Ce qui est clairement un mal, par contre, c'est le mensonge des littérateurs, permis par le fait qu'il n'y a qu'eux qui se font entendre, au sujet de leur place réelle.

Schnappi a raison d'atténuer mon propos en soulignant l'existence de scientifiques qui se font aussi chroniqueurs.

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Schnappi a raison d'atténuer mon propos en soulignant l'existence de scientifiques qui se font aussi chroniqueurs.

Damn, j'ai du mal m'exprimer.

Ils ne sont justement pas juste de chroniqueur, mais ils posent les vrais jalons des recherches à venir et donc guident l'avancée de la technique.

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Gadrel a dit exactement la même chose il y a quelques années (enfin presque) : le champ d'étude de la philo ne fait que diminuer depuis quelques décennies.

C'est vrai, non?

Je ne sais s'il a dit ça, mais ça ne rejoint pas tout à fait mon propos ici. Je pense au contraire que la place de la philo va augmenter face à ce qui se prépare. J'aimerais juste qu'elle reste à sa place.

Pourquoi les littérateurs m'escagassent: parcequ'ils maximisent leurs NPV personnelles dès qu'ils arrivent à faire croire que tout est affaire d'interprétation, le substrat du réel n'ayant que peu d'importance. Ils ont gagné ce combat et ils gagnent donc les suivants les doigts dans le nez. Ils peuvent affirmer qu'on va augmenter la richesse en forçant les employeurs à augmenter les salaires: au moment d'aborder ces faits graves il n'y a déjà plus de discussion, ils ont gagné le combat en amont en convaincant la masse acritique que ce sont eux, les litérateurs, qui ont le pouvoir de créer la réalité.

Damn, j'ai du mal m'exprimer.

Ils ne sont justement pas juste de chroniqueur, mais ils posent les vrais jalons des recherches à venir et donc guident l'avancée de la technique.

Ah? Tu cites ces deux là parceque tu constates que leur activité de vulgarisateur a une influence sur la direction que prend la recherche? C'est très intriguant comme possibilité ce que tu m'écris là.

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Je ne sais s'il a dit ça, mais ça ne rejoint pas tout à fait mon propos ici. Je pense au contraire que la place de la philo va augmenter face à ce qui se prépare. J'aimerais juste qu'elle reste à sa place.

Pourquoi les littérateurs m'escagassent: parcequ'ils maximisent leurs NPV personnelles dès qu'ils arrivent à faire croire que tout est affaire d'interprétation, le substrat du réel n'ayant que peu d'importance. Ils ont gagné ce combat et ils gagnent donc les suivants les doigts dans le nez. Ils peuvent affirmer qu'on va augmenter la richesse en forçant les employeurs à augmenter les salaires: au moment d'aborder ces faits graves il n'y a déjà plus de discussion, ils ont gagné le combat en amont en convaincant la masse acritique que ce sont eux, les litérateurs, qui ont le pouvoir de créer la réalité.

Sauf que ça c'est une perversion et que ça ne change pas le truc fondamental, qui est que les sciences exactes et la technique ont elles aussi un domaine d'activité hors duquel elles n'ont pas grand chose à dire.

Je tiens quand même à rappeler que les deux totalitarismes du 20ème siècle ont trouvé leur assise dans des théories scientifiques.

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Ah? Tu cites ces deux là parceque tu constates que leur activité de vulgarisateur a une influence sur la direction que prend la recherche? C'est très intriguant comme possibilité ce que tu m'écris là.

Ce n'est pas de la vulgarisation comme un article de "science et vie".

ce sont des castars dans leur domaine qui, un moment, font le point sur les acquis de leur recherche et les situent dans une perspective plus large, donc philosophique. Les idées qu'ils y développent participent également du climat général de leurs équipes de recherche et, par ailleurs, sont lus par les étudiants actuels. C'est rarissime de trouver qqch sans avoir une idée de ce qu'on recherche. Quand les chercheurs de ce niveau dissertent de philosophie, ce qu'ils font, c'est dresser les projets de recherche des années à venir. Donc, ce sont des jalons importants.

Et si tu n'aimes pas mes exemple, je citerai aussi Hayek qui est presque plus important en philo qu'en économie.

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Ce n'est pas de la vulgarisation comme un article de "science et vie".

ce sont des castars dans leur domaine qui, un moment, font le point sur les acquis de leur recherche et les situent dans une perspective plus large, donc philosophique. Les idées qu'ils y développent participent également du climat général de leurs équipes de recherche et, par ailleurs, sont lus par les étudiants actuels. C'est rarissime de trouver qqch sans avoir une idée de ce qu'on recherche. Quand les chercheurs de ce niveau dissertent de philosophie, ce qu'ils font, c'est dresser les projets de recherche des années à venir. Donc, ce sont des jalons importants.

Et si tu n'aimes pas mes exemple, je citerai aussi Hayek qui est presque plus important en philo qu'en économie.

Je n'ai rien contre tes exemples. Enfin, j'ai lu un peu de Damasio, et pas de Edelman.

EDIT: précision. La vulgarisation est pour moi une mission noble et en aucun cas un terme péjoratif. Certainement les exemples que tu donnes. (Comme dans tous les domaines, il y a la bonne et la mauvaise, mais c'est une autre question).

Posté

Je n'ai lu ni l'un ni l'autre et j'aimerais comprendre pourquoi tu appelles "philosophie" ce qui me semble, d'après ta description et les articles wikipedia consacrés à nos deux bonshommes, être tout autre chose, c'est-à-dire une réflexion, semble-t-il visionnaire, sur des sujets étroitement liés à leur spécialité scientifique.

Il me semble qu'il y a là une confusion entre le domaine de la science, la neurologie en l'occurrence, et celui de la philosophie, entre la description de ce qui est et une vision, notamment, de ce qui devrait être.

Et si tu n'aimes pas mes exemple, je citerai aussi Hayek qui est presque plus important en philo qu'en économie.

Presque ? Indubitablement dirais-je.

Posté
Je parle de philosophie parce qu'on ne peut pas disserter très longtemps sur la neuropsychologie sans aborder les grands thèmes comme celui de la nature humaine.

Et encore ?

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Ce que Nick semble un peu perdre de vue est que pas mal de scientifiques ont tendance à croire que toute réflexion morale ou métaphysique ne peut plus être proférée que par eux, de sorte qu'il devient très difficile de jeter un regard critique sur leur travail et la vision du monde qui le sous-tend. C'est évidemment une manière d'etouffer toute résistance au scientisme (qui n'est pas la science, mais son négatif) en vigueur depuis un bon siècle et demi. Résultat : on a d'un côté les positivistes et de l'autre, les philosophes postmodernes… Mais ces gens ne sont pas très différents, quoi que leurs disputes laissent accroire. Ce sont les deux faces d'une même médaille. D'ailleurs, est-ce un hasard si les deux parties fustigent aussi joyeusement la citadelle de la raison établie depuis 2000 ans ?

Posté
Gadrel a dit exactement la même chose il y a quelques années (enfin presque) : le champ d'étude de la philo ne fait que diminuer depuis quelques décennies.

C'est vrai, non?

Ca ne se mesure pas en décennies, mais en siècles. Se sont émancipées de la philosophie les mathématiques, les sciences physiques, la médecine, la biologie, l'économie, la psychologie, la logique, la linguistique, … Ne restent plus, en somme, que métaphysique, épistémologie, éthique, et philosophie de la philosophie.

Je tiens quand même à rappeler que les deux totalitarismes du 20ème siècle ont trouvé leur assise dans des théories scientifiques.

Des théories d'apparence scientifique, qui se sont très rapidement révélé être des religions séculières.

Edit : merci à Ronnie.

Posté
Des théories d'apparence scientifique, qui se sont très rapidement révélé être des religions séculières.

Ca c'est ce qu'on enseigne à l'école de la république.

En réalité cela correspondait bien à l'état de la science d'une certaine époque et les totalitarismes n'ont aucune caractéristique religieuse, même s'ils jouent sans doute, comme toute idéologie politique, notamment sur l'instinct religieux.

Rendez à César etc.

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