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Sarkozy, un keynésien raté ?


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http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=30707

Le keynésianisme libéral mais raté de Nicolas Sarkozy Le Deus ex machina sarkozyste n’a finalement pas grand-chose à envier à son jumeau socialiste: en 2007 comme en 1981, la même obstination à relancer la demande de biens de consommation alors que l’offre, tout du moins française, n’est pas capable de répondre…

De François Mitterrand à Nicolas Sarkozy, les relances par la demande… A bien y réfléchir, Nicolas Sarkozy fait finalement exactement la même erreur que les socialistes et notamment François Mitterand en 1981 : son paquet fiscal n’est pas autre chose qu’une relance par la demande, c’est-à-dire la pire des politiques, par les temps qui courent, alors que notre déficit commercial se creuse de mois en mois.

C’est incroyable, cette persévérance à ne pas tenir compte de l’Histoire. Le problème français, aujourd’hui, ce n’est pas la demande, c’est l’offre ! La vérité, c’est que l’appareil productif français est à nouveau incapable de répondre à la demande française, et que faire une relance par la demande, dans de telles conditions, est tout simplement suicidaire.

Des hommes politiques comme Christian Blanc (mais pourquoi se tait-il et s’est-il rallié à la désasteuse politique de Nicolas Sarkozy ?), Jacques Peyrelevade et François Bayrou, surtout, ont pourtant largement averti sur la faiblesse de l’offre française, mais cela n’a pas l’air de troubler l’actuel gouvernement.

C’est à désespérer : nous allons dans le mur en chantant, pour ne pas dire en bêlant. Nicolas Sarkozy devrait pourtant se rappeler du tournant pris par Mauroy à la fin de l’année 1982. Les signaux d’alerte se multiplient, et tous nos clignotants sont au rouge : croissance en berne, creusement du déficit budgétaire, accroissement des déficits commerciaux et, pourtant, rien n’y fait.

Le comble, c’est que Nicolas Sarkozy l’a emporté sur Ségolène Royal à l’élection présidentielle entre autres sur l’idée qu’il devait être plus compétent en économie. Si la situation n’était pas calamiteuse, l’ironie de cette histoire prêterait à sourire. Malheureusement, nous allons tous payer les pots cassés, et personne ne semble s’en apercevoir…

Le paquet fiscal va coûter 14 milliards d’euros par an à la France. Je veux bien admettre qu’une politique soit volontariste en dépit de notre dette, mais dans ce cas, au moins, que de telles sommes soient affectées à notre industrie, ou, à défaut à l’allègement des charges des entreprises (même si cette dernière mesure ne règle pas le problème de fonds de leur absence de compétitivité en raison de leur insuffisance d’investissement dans l’innovation).

L’euro et nos voisins européens ne nous protégeront pas éternellement : tôt ou tard, ils finiront par refuser de régler l’addition. Pour une fois, le rôle de l’euro se fait pervers (mais il faut en accuser l’absence de clairvoyance du gouvernement et du président), car il agit comme un opiacé : sous anesthésie, nous ne réalisons pas le tort qui est porté à notre économie par les décisions irresponsables. Par le passé, notre monnaie se serait effondrée en quelques mois. Aujourd’hui, nous vivons comme des grands seigneurs sur le dos de l’euro, d’où le très fort mécontentement de nos voisins européens qui eux font preuve de tempérance.

Le comble de tout cela, ce sont les aberrantes conclusions rendues par la commission libération de la croissance : tout est centré sur le pouvoir d’achat. La seule chose intéressante vraiment, dans ce galimatias, c’est la proposition d’autoriser les Class Actions, même si cela ne règle évidemment aucun de nos problèmes économiques.

Dans les aberrations, l’idée géniale de laisser la grande distribution vendre à perte. Autoriser le dumping, une pratique abolie pourtant depuis un siècle, et dont on ne connaît que trop bien les conséquences néfastes.

Quant à proposer aux grandes surfaces de réduire leurs marges, on comprend bien que c’est le producteur, en bout de course, qui paiera l’addition. « La piétaille avancera » songeaient nos généraux avant d’envoyer au carnage la jeunesse française sur le front, pendant la Première Guerre mondiale.

Posté

Je n'arrive pas à comprendre pourquoi les producteurs paieraient, en bout de course, l'addition. Il me semble qu'au final, c'est toujours le client qui trinque. Je n'arrive pas à saisir l'équilibre économique de la réforme proposée par la commission Attali sur ce point.

Posté

Je ne vois pas du tout comment on peut faire baisser les marges de la grande distribution.

Et cela me paraît paradoxal de demander une telle chose tout en interdisant la vente dite à perte! (que la grande distribution pourrait utiliser sur des produits d'appel pour attirer le chaland en espérant lui vendre d'autres produits)

:icon_up:

Posté

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-…6-973013,0.html

Comme le relève l'économiste Philippe Askenazy, dont les travaux ont largement inspiré la commission Attali, les marges commerciales des grandes surfaces se sont envolées non pas depuis le passage à l'euro, mais dès 1996, après le vote des lois Galland et Raffarin. Dans un rapport très critique, le Conseil de la concurrence déplore que les quatre premiers groupes de distribution alimentaire détiennent 66 % du marché, une concentration supérieure aux autres pays européens (à l'exception du Royaume-Uni). Et comme les distributeurs ne peuvent pas se passer des produits de Danone, Nestlé ou Procter & Gamble, "industriels et fournisseurs se sont entendus pour partager la rente", résument Olivier Mevel et Yvan Leray, universitaires, dans une étude sur le commerce.
La suppression des lois Royer, Raffarin et Galland est-elle pour autant la solution ? Pour le Conseil de la concurrence (dont le président, Bruno Lasserre, est membre de la commission Attali) et pour Philippe Askenazy, la réponse est positive. A l'heure où les prix des matières premières agricoles augmentent, cette libéralisation ne peut qu'avoir un effet positif. Pour leurs contradicteurs, ce retour au statu quo ante posera les mêmes problèmes que ceux connus au début des années 1970. La distribution laminera ses fournisseurs les moins puissants, qui licencieront ou délocaliseront leur production. [N'importe quoi]

Créera-t-elle des emplois ? Rien n'est moins sûr, affirment-ils. Non seulement les grandes surfaces vont accroître la déstabilisation du petit commerce, mais leurs profits vont leur permettre d'investir encore davantage dans l'informatique et d'accélérer le remplacement des caissières par des bornes électroniques. Bref, ce que nous propose Attali, c'est une américanisation, une "wal-martisation" de la société française, une évolution en contradiction avec les préconisations du Grenelle de l'environnement. :icon_up:

Comme si elle se méfiait de sa propre audace, la commission Attali a prévu un garde-fou : la réactivation d'un fonds public de 600 millions d'euros destiné à aider le petit commerce, mais dont l'utilisation se perd dans les méandres administratifs. Dans une autre série de mesures, la commission devrait proposer de libéraliser l'ouverture dominicale du commerce de détail. Une disposition qui, si elle se généralisait, bouleverserait également l'économie du secteur.

Invité Arn0
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Econoclaste parle de cet article :

Jusque là, nous n'avons que des choses assez ordinaires : des journalistes et des conjoncturistes qui commentent du bruit statistique, en somme, la "up and down economics" dans sa version trimestrielle (la version quotidienne étant assurée par les commentateurs boursiers, avec leurs célèbres "Pinault Printemps baisse, MAIS Vallourec monte"). C'est avec l'article consacré à "la boîte de pandore d'Attali" que l'on touche le fond. Cet article résume un style bien caractéristique d'un certain journalisme : une prétendue objectivité consistant à ne guère se préoccuper de faits, mais à simplement présenter "les pour" et "les contre", tout en choisissant soigneusement style, titre, et construction de l'article, pour que la subjectivité du journaliste ne fasse aucun doute.

L'objet dans la "boîte de pandore"? la proposition de supprimer les réglementations anticoncurrentielles du secteur de la distribution, récupérée par la commission Attali chez Askenazy. Rappelons donc que la boîte de Pandore est, selon la mythologie, la boîte contenant tous les maux de la terre, plus l'espérance, qui y reste coincée. Voilà une façon d'entrée fort objective de présenter les choses. Au cas où le lecteur n'a pas compris, l'article met les points sur les i : le premier paragraphe explique que la distribution crée déjà beaucoup d'emplois (quel besoin, alors, de vouloir en créer plus?) et au second paragraphe, la proposition est qualifiée de l'adjectif infâmant (dans le contexte national) de "libérale", qui devrait permettre à l'étranger (allemand, anglais, et américain qui plus est!) de venir vendre des produits à nos filles et nos compagnes.

L'article se poursuit en faisant le rappel des effets de la litanie des lois françaises qui ont visé à protéger le petit commerce contre la grande distribution, un bilan que malgré ses efforts, le journaliste ne parvient pas à rendre positif : elles n'ont pas empêché le commerce de détail de péricliter, et ont favorisé les groupes de grande distribution existants au détriment de la concurrence, poussant les prix à la hausse. Face à un tel bilan, on se demande comment parvenir à trouver le moyen de défendre ces lois, critiquées par le conseil de la concurrence et par Askenazy (critique qui accessoirement, fait l'objet d'un rare consensus chez les économistes, à gauche comme à droite). On apprend donc qu'il n'est pas certain que supprimer ces obstacles à la concurrence "crée des emplois" (déjà, c'est mal parti). Les raisons avancées sont assez extraordinaires. Selon "les contradicteurs" (qui sont-ils? sur quoi basent-ils leurs critiques? on l'ignore) les grandes surfaces vont grâce à leurs profits "investir dans l'informatique et accélérer le remplacement des caissières par des bornes électroniques. Bref, ce que nous propose Attali, c'est une américanisation, une "wal-martisation" de la société française, une évolution en contradiction avec les préconisations du Grenelle de l'environnement".

Phrase grandiose. "Américanisation, wal-martisation de la société, en contradiction avec les préconisations du Grenelle de l'environnement" : à part "qui fait monter le front national", il ne manque rien dans ce petit bréviaire de la satanisation contemporaine. Il faudrait déjà rappeler à l'auteur que la première chose qui saute aux yeux du français qui pénètre dans un hypermarché américain, ce n'est pas l'automatisation et l'absence de personnel, mais le fait que d'une part les magasins sont ouverts 24h/24, et qu'il n'y a pas un, mais deux employés à chaque caisse, dont un qui remplit les sacs des clients à leur place. Il faudrait surtout se demander pourquoi une mise en concurrence visant à réduire les profits des distributeurs va permettre à ceux-ci "d'utiliser leurs profits pour investir dans l'informatique et le remplacement des caissières par des bornes électroniques". On se demande même, à ce stade de contradiction, s'il faut relever l'argument luddite selon lequel les machines crèent du chômage.

Et on se demande ce qui est le plus "contraire aux préconisations du Grenelle de l'environnement" : accroître la concurrence dans la distribution, ou consacrer des ressources rares et utiles de la société - papier et encre - pour imprimer ce mélange de commentaire de bruit, et d'étalage de préjugés bobos.

http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/in…episode-cxvivii
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Très bon article par ailleurs!

Jusque là, nous n'avons que des choses assez ordinaires : des journalistes et des conjoncturistes qui commentent du bruit statistique, en somme, la "up and down economics" dans sa version trimestrielle (la version quotidienne étant assurée par les commentateurs boursiers, avec leurs célèbres "Pinault Printemps baisse, MAIS Vallourec monte"). C'est avec l'article consacré à "la boîte de pandore d'Attali" que l'on touche le fond. Cet article résume un style bien caractéristique d'un certain journalisme : une prétendue objectivité consistant à ne guère se préoccuper de faits, mais à simplement présenter "les pour" et "les contre", tout en choisissant soigneusement style, titre, et construction de l'article, pour que la subjectivité du journaliste ne fasse aucun doute.

L'objet dans la "boîte de pandore"? la proposition de supprimer les réglementations anticoncurrentielles du secteur de la distribution, récupérée par la commission Attali chez Askenazy. Rappelons donc que la boîte de Pandore est, selon la mythologie, la boîte contenant tous les maux de la terre, plus l'espérance, qui y reste coincée. Voilà une façon d'entrée fort objective de présenter les choses. Au cas où le lecteur n'a pas compris, l'article met les points sur les i : le premier paragraphe explique que la distribution crée déjà beaucoup d'emplois (quel besoin, alors, de vouloir en créer plus?) et au second paragraphe, la proposition est qualifiée de l'adjectif infâmant (dans le contexte national) de "libérale", qui devrait permettre à l'étranger (allemand, anglais, et américain qui plus est!) de venir vendre des produits à nos filles et nos compagnes.

L'article se poursuit en faisant le rappel des effets de la litanie des lois françaises qui ont visé à protéger le petit commerce contre la grande distribution, un bilan que malgré ses efforts, le journaliste ne parvient pas à rendre positif : elles n'ont pas empêché le commerce de détail de péricliter, et ont favorisé les groupes de grande distribution existants au détriment de la concurrence, poussant les prix à la hausse. Face à un tel bilan, on se demande comment parvenir à trouver le moyen de défendre ces lois, critiquées par le conseil de la concurrence et par Askenazy (critique qui accessoirement, fait l'objet d'un rare consensus chez les économistes, à gauche comme à droite). On apprend donc qu'il n'est pas certain que supprimer ces obstacles à la concurrence "crée des emplois" (déjà, c'est mal parti). Les raisons avancées sont assez extraordinaires. Selon "les contradicteurs" (qui sont-ils? sur quoi basent-ils leurs critiques? on l'ignore) les grandes surfaces vont grâce à leurs profits "investir dans l'informatique et accélérer le remplacement des caissières par des bornes électroniques. Bref, ce que nous propose Attali, c'est une américanisation, une "wal-martisation" de la société française, une évolution en contradiction avec les préconisations du Grenelle de l'environnement".

Phrase grandiose. "Américanisation, wal-martisation de la société, en contradiction avec les préconisations du Grenelle de l'environnement" : à part "qui fait monter le front national", il ne manque rien dans ce petit bréviaire de la satanisation contemporaine. Il faudrait déjà rappeler à l'auteur que la première chose qui saute aux yeux du français qui pénètre dans un hypermarché américain, ce n'est pas l'automatisation et l'absence de personnel, mais le fait que d'une part les magasins sont ouverts 24h/24, et qu'il n'y a pas un, mais deux employés à chaque caisse, dont un qui remplit les sacs des clients à leur place. Il faudrait surtout se demander pourquoi une mise en concurrence visant à réduire les profits des distributeurs va permettre à ceux-ci "d'utiliser leurs profits pour investir dans l'informatique et le remplacement des caissières par des bornes électroniques". On se demande même, à ce stade de contradiction, s'il faut relever l'argument luddite selon lequel les machines crèent du chômage.

Et on se demande ce qui est le plus "contraire aux préconisations du Grenelle de l'environnement" : accroître la concurrence dans la distribution, ou consacrer des ressources rares et utiles de la société - papier et encre - pour imprimer ce mélange de commentaire de bruit, et d'étalage de préjugés bobos.

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Je crois savoir de qui vient ce texte signé "L’Hérétique", militant UDF-MoDem passionné par la politique, l’économie et les lettres et disciple de Montesquieu pour la politique et de Schumpeter pour l’économie. Si c'est bien lui, je suis surpris de son entrée au Modem…

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Je n'arrive pas à comprendre pourquoi les producteurs paieraient, en bout de course, l'addition. Il me semble qu'au final, c'est toujours le client qui trinque. Je n'arrive pas à saisir l'équilibre économique de la réforme proposée par la commission Attali sur ce point.

Moi non plus. Je trouve cet article mal troussé.

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Après mûre réflexion, je crois que si par exemple un loi instituant une marge maximale de tant (ou des négociations, etc…) pour la grande distribution, ce sont tous les stakeholders qui en, pâtiraient, sans que l'on sache qui morflera le plus : clients, fournisseurs, salariés, actionnaires.

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Après mûre réflexion, je crois que si par exemple un loi instituant une marge maximale de tant (ou des négociations, etc…) pour la grande distribution, ce sont tous les stakeholders qui en, pâtiraient, sans que l'on sache qui morflera le plus : clients, fournisseurs, salariés, actionnaires.

En réalité, si c'est une marge maximale, les actionnaires des distributeurs ne souffriraient pas. En effet, une telle loi qui ne s'accompagnerait pas de contraintes sur les négociations entre distributeurs et producteurs réduirait le nombre des distributeurs (effet pénurie de l'offre), obligerait les producteurs à baisser leurs prix (effet excès de l'offre) et doperait les profits des distributeurs qui parviennent à rester sur le marché.

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En réalité, si c'est une marge maximale, les actionnaires des distributeurs ne souffriraient pas. En effet, une telle loi qui ne s'accompagnerait pas de contraintes sur les négociations entre distributeurs et producteurs réduirait le nombre des distributeurs (effet pénurie de l'offre), obligerait les producteurs à baisser leurs prix (effet excès de l'offre) et doperait les profits des distributeurs qui parviennent à rester sur le marché.

J'ai oublié de préciser, lorsque j'écris ceci "clients, fournisseurs, salariés, actionnaires." c'est à peu près l'ordre de morflitude. Les actionnaires ont un choix supplémentaire par rapport aux trois autres acteurs, ils peuvent toujours sortir du secteur et investir ailleurs.

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Je crois savoir de qui vient ce texte signé "L’Hérétique", militant UDF-MoDem passionné par la politique, l’économie et les lettres et disciple de Montesquieu pour la politique et de Schumpeter pour l’économie. Si c'est bien lui, je suis surpris de son entrée au Modem…

Il était où, avant ?

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