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Loi naturelle


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Posté
  Cato a dit :
Je peut même te prédire que l'influence américaine s'effondrera un jour.

:icon_up:

  Cato a dit :
Beaucoup disent aussi que le libéralisme c'est du pipo comme tu dis. Cela veut-il dire que le libéralisme est effectivement du pipo?

Aucun libéral n'a jamais osé dire que le libéralisme était une théorie scientifique. Par contre les marxistes.

  Cato a dit :
Il est assez difficile d'exprimer une opinion ici quand même, sans avoir tout le monde sur le dos.

Ça peut être éprouvant, mais pas impossible. Que prétends-tu ? N'avoir qu'un seul interlocuteur ?

Posté
  Lucilio a dit :
Tu permets. Ma liberté d'expression me donne le droit de dire, comme beaucoup d'autres, que la mémétique, comme la psychanalyse ou le marxisme, c'est du pipo.

Voilà. En revanche, les lois de l'imitation de Tarde, c'est déjà plus sérieux.

  Citation
En outre, dire que le caractère distinctif de tout rapport social, de tout fait social, est d'être imitatif, est-ce dire, comme certains lecteurs superficiels ont paru le croire, qu'il n'y ait à mes yeux d'autre rapport social, d'autre fait social, d'autre cause sociale, que l'imitation ? Autant vaudrait dire que toute fonction vivante se réduit à la génération et tout phénomène vivant à l'hérédité, parce que, en tout être vivant, tout est engendré et héréditaire. Les relations sociales sont multiples, aussi nombreuses et aussi diverses que peuvent l'être les objets des besoins et des idées de l'homme et les secours ou les obstacles que chacun de ces besoins et chacune de ces idées prête ou oppose aux tendances et aux opinions d'autrui, pareilles ou différentes. Au milieu de cette complexité infinie, il est à remarquer que ces rapports sociaux si variés (parler et écouter, prier et être prié, commander et obéir, produire et consommer, etc.) se ramènent à deux groupes : les uns tendent à transmettre d'un homme à un autre, par persuasion ou par autorité, de gré ou de force, une croyance ; les autres, un désir. Autrement dit, les uns sont des variétés ou des velléités d'enseignement, les autres sont des variétés ou des velléités de commandement. Et c'est précisément parce que les actes humains imités ont ce caractère dogmatique ou impérieux que l'imitation est un lien social ; car ce qui lie les hommes, c'est le dogme (2) ou le pouvoir. On n'a vu que la moitié de cette vérité, et on l'a mal vue, quand on a dit que la caractéristique des faits sociaux était d'être contraints et forcés. C'est méconnaître ce qu'il y a de spontané dans la plus grande part de la crédulité et de la docilité populaires.

(…)

Il y a deux manières d'imiter, en effet : faire exactement comme son modèle, ou faire exactement le contraire. De là la nécessité de ces divergences que Spencer constate, mais n'explique pas, par sa loi de la différenciation progressive. On ne saurait rien affirmer sans suggérer, dans un milieu social tant soit peu complexe, non seulement l'idée qu'on affirme, mais aussi la négation de cette idée. Voilà pourquoi le surnaturel, en s'affirmant à l'apparition des théologies, suggère le naturalisme qui est sa négation (voir Espinas à ce sujet); voilà pourquoi le spiritualisme, en s'affirmant, donne l'idée du matérialisme; la monarchie, en s'établissant, l'idée de la république, etc.

Nous dirons donc, avec plus de largeur maintenant, qu'une société est un groupe de gens qui présentent entre eux beaucoup de similitudes produites par imitation ou par contre-imitation. Car les hommes se contre-imitent beaucoup, surtout quand ils n'ont ni la modestie d'imiter purement et simplement, ni la force d'inventer; et, en se contre-imitant, c'est-à-dire en faisant, en disant tout l'opposé de ce qu'ils voient faire ou dire, aussi bien qu'en faisant ou disant précisément ce qu'on fait ou ce qu'on dit autour d'eux, ils vont s'assimilant de plus en plus. Après la conformité aux usages en fait d'enterrement, de mariages, de cérémonies, de visites, de politesses, il n'y a rien de plus imitatif que de lutter contre son propre penchant à suivre ce courant et d'affecter de le remonter. Au moyen âge déjà, la messe noire est née d'une contre-imitation de la messe catholique. Dans son ouvrage sur l'expression des émotions, Darwin accorde avec raison une grande place au besoin de contre-expression.

Quand un dogme est proclamé, quand un programme politique est affiché, les hommes se classent en deux catégories inégales : ceux qui s'enflamment pour, et ceux qui s'enflamment contre. Il n'y a pas de manifestation qui n'aille recrutant des manifestants et qui ne provoque la formation d'un groupe de contre-manifestants. Toute affirmation forte, en même temps qu'elle entraîne les esprits moyens et moutonniers, suscite quelque part, dans un cerveau né rebelle, ce qui ne veut pas dire né inventif, une négation diamétralement contraire et de force à peu près égale. Cela rappelle les courants d'induction en physique. - Mais les uns comme les autres ont le même contenu d'idées et de desseins, ils sont associés quoique adversaires ou parce que adversaires. Distinguons bien entre la propagation imitative des questions et celle des solutions. Que telle solution se propage ici et telle autre ailleurs, cela n'empêche pas le problème de s'être propagé ici comme ailleurs. N'est-il pas clair qu'à chaque époque, parmi les peuples en relations fréquentes, surtout à notre époque, parce que jamais les relations internationales n'ont été plus multiples, l'ordre du jour des débats sociaux et des débats politiques est partout le même ? Et cette similitude n'est-elle pas due à un courant d'imitation explicable lui-même par des besoins et des idées répandues par contagions imitatives antérieures? N'est-ce pas pour cette cause que les questions ouvrières en ce moment sont agitées dans toute l'Europe ? - À propos d'une idée quelconque mise en avant par la presse, chaque jour, je le répète, le public se partage en deux camps : ceux qui « sont de cet avis » et ceux qui « ne sont pas de cet avis ». Mais ceux-ci, pas plus que ceux-là, n'admettent qu'on puisse se préoccuper, en ce moment, d'autre chose que de la question qui leur est ainsi posée et imposée. Seule, quelques sauvages esprits, étrangers, sous leur cloche à plongeur, au tumulte de l'océan social où ils sont plongés, ruminent çà et là des problèmes bizarres, absolument dépourvus d'actualité. Et ce sont les inventeurs de demain.

http://classiques.uqac.ca/classiques/tarde…_imitation.html

D'autre part je reste assez circonspect sur la métaphore organiciste de la société, qui est un grand classique de la philosophie libérale, depuis les stoïciens à Spencer en passant par Hobbes ou Mandeville.

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  Lucilio a dit :
La mémétique ? Mouarf ! Ce truc s'apparente bien plus à une pensée religieuse qu'à autre chose. Une manière de créationnisme évolutionniste en quelque sorte.

Je suis méméticien moi meme et je m'étonnes de lire un tel point de vue que je n'avait encore jamais rencontré.

  Lucilio a dit :
(ainsi, la mémétique est parfaitement incapable de prévoir l'évolution de nos sociétés, de nos cultures, de nos connaissances, etc.)

Étrangement elle me permet de le faire tous les jours avec une efficacité plus que redoutable.Sur quoi se base ton point de vue?

  Lucilio a dit :
Non. La science génétique peut prévoir que si l'on bidule tel gène de telle petit pois, il en sortira un petit pois à la peau lisse ou plutôt ridée. Elle prévoit que 100% des enfants qui ont des parents aux yeux bleus auront des yeux bleus. Elle prévoit que tel manipulation d'un gène sur telle plante la rendra plus résistante à tel type de maladie. Etc. Voilà pourquoi la génétique est scientifique. La mémétique est incapable de prédire un truc vérifiable, ergo ce n'est pas de la science. C'est du même pipo que le marxisme ou la psychanalyse.

Mais dudiou c'est incroyablement mal documenté tout ca!

Posté
  hamtaro a dit :
Je suis méméticien…

Merde ! Décroissant et méméticien. Putain, tu cumules, toi !

  hamtaro a dit :
Étrangement elle me permet de le faire tous les jours avec une efficacité plus que redoutable.

Ben non, t'es décroissant. :icon_up:

Posté
  Lucilio a dit :
Merde ! Décroissant et méméticien. Putain, tu cumules, toi !

Et spécialiste du classement MABITE (© RH), c'est-à-dire, grosso modo, de l'astrologie pour geek (© Lucilio).

Sinon le terme méméticien fait très secte gérontophile. :icon_up:

Posté
  hamtaro a dit :
Je suis méméticien moi meme et je m'étonnes de lire un tel point de vue que je n'avait encore jamais rencontré.

Une 'tite lecture profitable :

Posté
  neuneu2k a dit :
Et oui, il y a des scientistes qui n’ont même pas de notions épistémologiques de base, ne pas être d’accord avec Popper c’est une chose, ne pas l’avoir lu (ou au moins la quatrième de couv :doigt: ), pour qui que ce soit prétends a une culture scientifique, c’est carrément hallucinant…

Et d'autres qui n'ont même pas lu Kuhn, lol.

  free jazz a dit :
Sinon le terme méméticien fait très secte gérontophile. :icon_up:

huhu

Posté
  Lucilio a dit :
Merde ! Décroissant et méméticien. Putain, tu cumules, toi !

Ben non, t'es décroissant. :icon_up:

C'est vrai Hamtaro ? T'es décroissant ? Comme Albert Jacquard ? Je le crois pas !

Posté
  Apollon a dit :
Et d'autres qui n'ont même pas lu Kuhn, lol.

Il n'y a d'incompatibilité majeure entre Kuhn et Popper que si l'on a une interpretation particulierement caricaturale de Popper… ou l'interpretation caricaturale mais malheureusment classique de Kuhn par un certain milieu non scientifique :icon_up:

Posté
  Cato a dit :
Pour répondre objectivement

Non. Au mieux, on peut répondre honnêtement.

  Cato a dit :
"nous ne sommes que des pièces de remplacement

Non.

  Cato a dit :
d'un être

Terme flou.

  Cato a dit :
beaucoup plus important que nous"

Terme flou.

  Cato a dit :
signifie que nous sommes les composants d'un système (le groupe auquel nous appartenons).

Cela ne me semble pas du tout équivalent.

  Cato a dit :
Un composant est par définition remplaçable à partir du moment où le système les reproduit (reproduction).

La généralisation me semble un peu hâtive. C'est peut-être vrai quand les "pièces" sont dépourvues de conscience.

  Cato a dit :
La science économique (est-ce toujours une science?) peut-elle prédire l'avenir économique ?

Oui. Elle est capable de prévoir les conséquences des évènements qui viennent perturber (dans tous les sens du terme) le système économique.

  Cato a dit :
Je peut même te prédire que l'influence américaine s'effondrera un jour.

Et moi, que l'humanité disparaitra. Un jour.

  neuneu2k a dit :
ou l'interpretation caricaturale mais malheureusment classique de Kuhn par un certain milieu non scientifique :icon_up:

[HS] Interprétation qui consiste à dire quoi ? [/HS]

Posté
  Rincevent a dit :
[HS] Interprétation qui consiste à dire quoi ? [/HS]

Pour faire simple (ce qui n'est pas l'habitude des pomo…), le fait que les scientifiques soient biaisés et aveugles a la réalité de l'autre coté du changement de paradigme ferait de la science une simple croyance sociale, négligeant que:

1) cette croyance est basée sur une élimination (au sens poppérien) passée d'un certain nombre d'erreurs, les préjugés sont des préjugés, mais leur objet a bien subi la méthode scientifique a un moment.

2) les changements de paradigme existent, et ils expliquent l'ancien comme le nouveau, donc le changement de réalité perçue à bien une direction, et cette direction pointe en gros vers la vérité.

Vérité qui n'a pour le coup rien de subjectif, même si sa projection dans le paradigme courant est nécessairement incomplète et fausse.

Donc, oui, il existe une science juive, ou une science de la bourgeoisie, mais ca ne l'empêche pas d'être objectivement mesurable comme supérieure respectivement au mysticisme nazi et au lyssenkisme .

Et oui, bien sur que ma présentation de la position postmoderne est caricaturale, mais malheureusement c'est une caricature commune…

Posté

Lucilio nous rabâche à longueur de post que le droit de propriété est un droit naturel inattaquable et après il vient faire le professeur en nous faisant croire qu'il connait tout sur tout et que la mémétique n'est pas une science donc du pipo ! Primo, la mémétque est bien une science (Dawkins n'est pas un scientifique? Il est éthologiste). Et secundo, la loi naturel comme tu l'entends c'est qui qui l'a pondu? Un scientifique? Ne me dis quand même pas que le droit de propriété n'est pas validé scientifiquement? C'est du pipo alors?

Posté
  Cato a dit :
Lucilio nous rabâche à longueur de post que le droit de propriété est un droit naturel inattaquable…

Ah oui ? Et où ?

  Cato a dit :
…la mémétque est bien une science (Dawkins n'est pas un scientifique? Il est éthologiste).

Un scientifique peut parfaitement pondre une théorie qui n'a rien de scientifique. Lyssenko, tu connais ?

  Cato a dit :
…la loi naturel comme tu l'entends c'est qui qui l'a pondu?

Personne. Comme personne n'a pondu la loi de la gravité.

Posté
  Cato a dit :
Primo, la mémétque est bien une science (Dawkins n'est pas un scientifique? Il est éthologiste).

Argument d'autorité, non ?

Posté
  Cato a dit :
Lucilio nous rabâche à longueur de post que le droit de propriété est un droit naturel inattaquable et après il vient faire le professeur en nous faisant croire qu'il connait tout sur tout et que la mémétique n'est pas une science donc du pipo ! Primo, la mémétque est bien une science (Dawkins n'est pas un scientifique? Il est éthologiste). Et secundo, la loi naturel comme tu l'entends c'est qui qui l'a pondu? Un scientifique? Ne me dis quand même pas que le droit de propriété n'est pas validé scientifiquement? C'est du pipo alors?

La mémétique deviendrait peut-être une science si elle parvenait à se doter d'une méthode réellement rigoureuse. Les neurosciences sont une piste, mais le boulot à abattre est énorme.

Posté
  Lucilio a dit :
Personne. Comme personne n'a pondu la loi de la gravité.

Le droit de propriété est quelque chose que tu respectes ou non. C'est un concept. La loi de la gravité est quelque chose que tu subi, même si tu es "contre". Tu penses que la mémétique n'a pas de fondement? Pas plus que le droit de propriété. Tu ne peux pas faire la sélection qui t'arrange pour te conforter dans ton opinion.

Posté
  neuneu2k a dit :

Je connaissais cette théorie (:icon_up:) mais j'ignorais qu'elle provenait de la mauvaise compréhension des thèses de Kuhn.

Posté
  Cato a dit :
Le droit de propriété est quelque chose que tu respectes ou non. C'est un concept. La loi de la gravité est quelque chose que tu subi, même si tu es "contre". Tu penses que la mémétique n'a pas de fondement? Pas plus que le droit de propriété. Tu ne peux pas faire la sélection qui t'arrange pour te conforter dans ton opinion.

Bah non le droit de propriété tu peux être pour ou contre, mais si tu es contre sois certain que tu vas le subir :icon_up:

Posté
  Apollon a dit :
Bah non le droit de propriété tu peux être pour ou contre, mais si tu es contre sois certain que tu vas le subir :icon_up:

Heureusement que tu es là pour me faire rire :doigt:

Posté

En tous cas les gars, je vous trouve bien désagréables entre vous. En admettant que vous ayez raison, vous vous esclaffez qu'une personne puisse être dans l'erreur et défendre sa thèse avec conviction.

"Cet individu est ridicule n'est ce pas ?! Comment peut il ne pas savoir ce qui caractérise un fait scientifique ?

Oh ! Regardez le se débattre dans son ignorance en s'accrochant à ses sophismes !

Il est tellement convaincu qu'il en est pathétique !"

Celui qui se moque de l'ignorance ou de l'erreur d'autrui fait preuve d'une grande bêtise.

Posté
  librekom a dit :
Celui qui se moque de l'ignorance ou de l'erreur d'autrui fait preuve d'une grande bêtise.

Au contraire c'est faire preuve d'un grand désintéressement et de magnanimité. Il faut se faire violence pour dire les choses difficiles qui conduiront à la nécessaire remise en question des systèmes faux. Il faut être prêt à se faire détester, à entrer dans la confrontation, à rejeter les autocongratulations réciproques. En espérant que les autres feront pareil.

Ne pas oser dire à autrui qu'il pense des sornettes n'est-ce pas là le plus grand mépris ? Je suis quelqu'un de très respectueux.

Posté

Cela, c'est à autrui d'en juger, et c'est très irrespectueux d'en faire seulement affaire personnelle.

Quant à Librekom, il faut lui dire qu'on ne peut à la fois présenter la science comme ultime raison, justification, à sa liberté de faire ce qui lui plaît, et en même temps lui dénier le droit de dire que l'ignorance est la mère de toutes les oppressions à sa liberté. Un beau jour, il faut choisir de grandir.

Posté
  librekom a dit :
Tout ce que vous dites là n'implique absolument pas la moquerie.

Tu n'as pas dû bien lire : on ne se moque nullement de Cato, on dit juste que la mémétique, c'est de la franche rigolade, que Dawkins est bien gentil, mais que sa théorie c'est beaucoup de gros nimportenawak. C'est tout. On peut encore, non ?

Posté
  free jazz a dit :
Voilà. En revanche, les lois de l'imitation de Tarde, c'est déjà plus sérieux.

Des « lois » qui admettent des exceptions qui rentrent difficilement dans le cadre et sans règle précise (« il n’existe que deux sortes de lien social : les imitateurs et les contre-imitateurs. Ho, les inventeurs aussi, mais ça, c’est une exception, ça compte pas »), permet-moi de ne pas trouver ça très sérieux.

(après, je n’ai pris la peine de lire que ton texte, peut être que l’original est plus sérieux)

  Citation
5°. Le droit naturel

Le droit naturel est pour Tarde un droit conventionnel, contractuel, une construction à laquelle l'on donne une portée universelle.

Ce dit droit naturel n'a rien a voir avec la nature, dont la notion, pour lui, reste très ambiguë, et l'"état de nature" de Jean-Jacques Rousseau n'est pour lui qu'une utopie, une construction idéologique, destinée à justifier le pouvoir d'un groupe social.

Intervention de Lucilio dans 3, 2, 1…

Posté
  Sloonz a dit :
Des « lois » qui admettent des exceptions qui rentrent difficilement dans le cadre et sans règle précise (« il n’existe que deux sortes de lien social : les imitateurs et les contre-imitateurs. Ho, les inventeurs aussi, mais ça, c’est une exception, ça compte pas »), permet-moi de ne pas trouver ça très sérieux.

(après, je n’ai pris la peine de lire que ton texte, peut être que l’original est plus sérieux)

Tu aurais dû. Tarde infère des règles concernant l'imitation, testables sur des phénomènes précis, concernant la criminologie, ou le corporatisme considéré comme une forme de criminalité collective. D'autre part il ne s'agit pas d'exceptions, il propose deux moteurs principaux des comportements individuels : l'imitation & l'invention, comme Schumpeter distingue dans le capitalisme les suiveurs et les innovateurs, on retrouve aussi ce schéma dans la sociologie de Pareto. A l'intérieur de l'imitation il distingue l'adaptation et l'opposition (contre-imitation).

  Citation
Intervention de Lucilio dans 3, 2, 1…

Sans vouloir répondre à sa place, Lucilio ne dit pas autre chose lorsqu'il explique que le droit naturel, sans l'éclairage universaliste de la Loi naturelle qui lui donne une fin et une hiérarchie des normes permettant la justice, laquelle prescrit de rechercher la paix civile condition de la civilisation, demeure un droit contractualiste dérivé d'une fiction solipsiste - où chacun ne contracte qu'en vue de sa propre conservation. C'est aussi la définition du droit naturel classique - cf texte de Hobbes posté en intro:

  Citation
De cette loi de nature par laquelle nous sommes obligés de transmettre à autrui des droits qui, s'ils sont conservés, empêchent [1] la paix du genre humain, il s'ensuit une troisième, qui est celle-ci : que les hommes exécutent les conventions qu'ils ont faites; sans quoi, les conventions sont [faites] en vain et ne sont que des paroles vides; et le droit de tous les hommes sur toutes choses demeurant, nous sommes toujours dans l'état de guerre.

Et c'est en cette loi de nature que consiste la source et l'origine de la JUSTICE. Car là où aucune convention n'a précédé, aucun droit n'a été transmis, et tout homme a droit sur toute chose et, par conséquent, aucune action ne peut être injuste. Mais quand une convention est faite, alors la rompre est injuste, et la définition de l'INJUSTICE n'est rien d'autre que la non-exécution de convention [2]. Et tout ce qui n'est pas injuste est juste.

Posté
  free jazz a dit :
…Lucilio ne dit pas autre chose lorsqu'il explique que le droit naturel, sans l'éclairage universaliste de la Loi naturelle qui lui donne une fin et une hiérarchie des normes permettant la justice, laquelle prescrit de rechercher la paix civile condition de la civilisation, demeure un droit contractualiste dérivé d'une fiction solipsiste - où chacun ne contracte qu'en vue de sa propre conservation.

Oui, enfin, bon, dans ce cas je dis simplement qu'il ne s'agit pas de Droit naturel, mais d'un prurit d'axiomatose. :icon_up:

Sinon, je crois n'être pas trop d'accord avec Tarde sur sa vision du Droit naturel. À moins qu'il n'appelle Droit naturel ce qui ne l'est pas. Auquel cas je suis d'accord avec lui quand il se trompe. :doigt:

Posté
  Lucilio a dit :
Sinon, je crois n'être pas trop d'accord avec Tarde sur sa vision du Droit naturel. À moins qu'il n'appelle Droit naturel ce qui ne l'est pas. Auquel cas je suis d'accord avec lui quand il se trompe. :icon_up:

Clairement, en tant que sociologue évolutionniste du droit, il vise ici la version moderniste du droit naturel, qui s'appuie sur une construction idéologique dérivée d'un hypothétique état de nature, faisant abstraction des règles sociales immanentes, de l'autorité traditionnelle et familliale, méthode qui conduit aux constructions du contrat social dans sa forme rousseauiste ou libérale.

Non pas le jusnaturalisme développé du point de vue éthique par les stoïciens, Aristote, l'école de Salamanque, passé chez Grotius, Bodin, Püfendorf, etc. D'ailleurs dans son ouvrage Les transformations du droit. Étude sociologique. (1891) , il distingue bien le droit naturel chez les romains et les droits de l'homme chez les modernes - selon lui un hybride filtré par les idées utopiques des Lumières :

  Citation
En Angleterre, au XVIIIe siècle. En France, sous Louis XIV, quand Domat écrit

son « Droit civil dans son ordre naturel », comparé par M. Viollet, à l'un de

ces froids et symétriques monuments de la même époque ou aux tragédies de

Racine. Chez les Anglais, le Droit naturel, ou ce qu'on peut appeler ainsi, a eu

pour expression la jurisprudence de la Chancellerie, qui, d'après Sumner-

Maine 1, « porta le nom d'équité». Elle repose sur des principes relativement

nouveaux « qui tendent à supplanter la vieille jurisprudence du pays en vertu

d'une supériorité morale intrinsèque », à peu près comme la jurisprudence

prétorienne à Rome.

Mais les éléments de cette « équité » sont très complexes: droit canonique

(rien de moins naturel pourtant, en un certain sens, que l'esprit chrétien), droit

romain, et, à partir du XVIIIe siècle, « systèmes mêlés de jurisprudence et de

morale empruntés aux publicistes des Pays-Bas ». Les sources du jus naturale

conçu par les préteurs et les grands jurisconsultes de Rome sont-elles moins

mélangées ? Non. Il y a d'abord le jus gentium, le droit supposé commun à

toute les nations étrangères, avec lesquelles Rome, en s'étendant, fut forcée

d'entrer en relations. À chaque extension de ces rapports internationaux,

correspond une modification ou une complication de l'idée qu'on se faisait de

ce Droit, sorte de terrain sédimentaire formé au pied de l'abrupte Droit quiritaire

par une suite de strates superposées, d'alluvions juridiques, dues aux flux

successifs de l'imitation étrangère. Mais il y a aussi, et surtout, la philosophie

et la morale stoïciennes dont tous les grands jurisconsultes romains de

l'époque où fleurit la théorie du Droit naturel étaient imprégnés. (…)

Tel doit être l'art du législateur civilisé :

découper des règles égales mais souples, qui se plient aisément à la taille des

individus. Il y parvient d'autant mieux qu'il conforme davantage ses prescriptions

aux besoins naturels, ou devenus tels, des justiciables ; et je veux bien

qu'on applique le nom de Droit naturel, en le détournant un peu de son sens

antique et stoïcien, à un certain idéal vague de législation qui serait, par

hypothèse -, hypothèse réalisable ou non - la perfection de cette conformité. (…)

Mais, au fond, et malgré tout, leur dualité est si réelle, elle est fondée sur une

distinction si profonde, que les développements posthumes du Droit romain,

durant l'ère moderne, ont fait éclater leur dissemblance et produit leur

divergence. (…)

Mais il faut convenir que l'expression de Droit naturel se prêtait à cette

équivoque, car l'idée de nature est ambiguë. Ce qui est naturel, est-ce le

rapport extérieur des organismes - concurrence et sélection « naturelles » -, ou

n'est-ce pas plutôt le rapport intérieur, harmonie, hiérarchie, finalité des

organes d'un même corps ? Ne confondons pas l'association vitale avec la

bataille vitale. Il faut opter. Malheureusement, on n'a pas opté, on a tout brouillé.

De là cet hybride qui porte le nom de Droit naturel et qui, par ses

inconscientes inconséquences, encore plus que par sa grandeur, était si bien

fait pour plaire à l'éclectisme français, soi-disant spiritualiste, de la première

moitié de ce siècle. Le caractère tout à fait remarquable de ce Droit qui lui est

si cher, est de n'en avoir aucun, d'être quelque chose d'absolument insipide et

décoloré, dépourvu du moindre atome d'originalité, c'est-à-dire de ce qu'il y a

précisément de plus naturel à l'homme et aux choses humaines.

Quoi qu'il en soit, est-ce à dire que le monde romain, même à

l'époque classique, se soit jamais engoué d'un Droit sans saveur et sans

marque propre ? Nullement. Le banal, le non original, n'avait pas cessé de lui

répugner, comme à toute nation vivace encore ; et c'est à titre de Droit

universel et romain à la fois - comme on a dit plus tard « l'Église catholique et

romaine », et certes, « catholicité » n'a jamais signifié banalité - c'est à ce titre

uniquement que le Droit naturel a été cultivé avec amour par les jurisconsultes

et les magistrats de Rome. On ne dira pas, je pense, que le corpus juris, leur

oeuvre séculaire, est un monument sans style. C'est l'oeuvre d'un génie énergiquement

autoritaire, hiérarchique, organisateur, qui aspire et qui excelle à

universaliser ses particularités distinctives. On ne la sent pas moins dans les systèmes des

grands écrivains, Contrat social ou Arithmétique morale de Bentham, qui ont

cru dogmatiser le Droit rationnel, autre expression du Droit naturel.

Je viens de comparer Bentham à Rousseau ; je ne voudrais pas qu'on se

méprît sur la portée de ce rapprochement. Évidemment, le Droit naturel tel

que le concevait le grand Génevois, comme le retour à un état de nature

imaginaire, à un chimérique âge d'or, est une erreur pure et simple. Mais il

faut y voir aussi la visée inconsciente d'un idéal de législation future fondée

sur la préoccupation exclusive du bien public, sur une sorte de benthamisme

anticipé, comme dit Sumner-Maine. (…)

Le Droit naturel comporte-t-il un titre relatif aux privilèges et hypothèques

? Impossible de répondre. Impossible de dire si ce sera un progrès pour

la législation du XXe ou XXle siècle d'effacer des Codes le privilège et

l'hypothèque. Qui peut prédire quel sera le régime de la propriété dans un

siècle ou deux, et s'il sera tel qu'il permettra encore la saisie immobilière ? Ne

savons-nous pas que, chez beaucoup de peuples, les immeubles ont été ou sont

encore insaisissables ? Autre question. Le testament fait-il ou non partie du

Droit naturel ? Est-il naturel qu'un homme se survive en quelque sorte par la

libre disposition de ses biens pour une époque qui suivra sa mort ? Est-ce la

liberté absolue ou la liberté restreinte - et dans quelles proportions ? - du droit

de tester, qui est le régime testamentaire le plus naturel ? - Je vois bien que le

régime matrimonial de la communauté d'acquêts est plus juste que le régime

dotal ; mais plus naturel, non. Car ce qui est naturel, encore une fois, c'est

l'abus de la force. - Je constate aussi que le progrès de la civilisation fait

prédominer de plus en plus les contrats écrits sur les contrats verbaux. Mais il

est trop clair que, si cela nous semble naturel, c'est à cause de l'invention très

artificielle et de la diffusion contagieuse de l'art d'écrire… Inutile d'insister.

Si bien que vos analyses sont finalement assez proches.

Posté
  free jazz a dit :
Clairement, en tant que sociologue évolutionniste du droit, il vise ici la version moderniste du droit naturel, qui s'appuie sur une construction idéologique dérivée d'un hypothétique état de nature, faisant abstraction des règles sociales immanentes, de l'autorité traditionnelle et familliale, méthode qui conduit aux constructions du contrat social dans sa forme rousseauiste ou libérale.

En fait, il semble bien se rapprocher peu ou prou la thèse de Villey dont j'en pense - comme tu t'en doutes - le plus grand bien.

Posté
  Lucilio a dit :
En fait, il semble bien se rapprocher peu ou prou la thèse de Villey dont j'en pense - comme tu t'en doutes - le plus grand bien.

+1

C'est aussi le livre que je te conseillais lundi pour ses développements sur la dialectique des fruits des droits naturels, du droit de se conserver à la guerre contre tous jusqu'à l'Etat totalitaire. ça te plaira et ce n'est pas très long.

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