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Pourquoi les terroristes sont souvent des ingénieurs


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Non aux traités (qui ne sont rien d'autre qu'un échange de Parole entre Etats, des contrats passés à leur niveau), mais oui à l'ingérence humanitaire ? C'est une logique qui m'échappe. Je comprends bien que pour un anarcap, l'État n'ayant aucune légitimité, il ne peut pas se prévaloir de sa personnalité morale et ne peut donc pas contracter ou engager sa Parole. Mais de cette position, il faut juste en déduire que toute intervention étatique est illégitime, et non les seuls traités.

Je serais sur une position exactement inverse en fait, je crois. Le respect des traités, c'est à dire des Lois que les Etats se sont eux même donnés, est l'un des seuls motifs valables pour faire la guerre. D'ailleurs, en 39', notre faute ne fut pas de déclarer la guerre à l'Allemagne pour respecter nos engagements envers les Polonais. Notre faute fut de trahir l'esprit de cet engagement et de rester l'arme au pied (à part une promenade en Sarre) au lieu d'envahir la Rhénanie. En 40, on a aussi failli en refusant d'honorer notre parole (pas d'armistice séparée).

Autant je suis d'accord sur la première partie, autant je suis sceptique sur la seconde. Prendre une position opposée à une position auto-contradictoire amène à une autre position auto-contradictoire. Je suis d'accord que la France n'a pas respecté l'esprit du traité la liant à la Pologne mais je n'y vois pas quelque chose que l'on peut corriger. Tous les traités d'alliance sont-ils forcément scrupuleusement respectés, à la lettre et dans l'esprit, par tous les états ? Si non, il est illusoire d'imaginer une guerre légitime qui en découlerait, vu que cette hypothèse ne se vérifie pas dans le monde réel.

Posté
Non aux traités (qui ne sont rien d'autre qu'un échange de Parole entre Etats, des contrats passés à leur niveau), mais oui à l'ingérence humanitaire ? C'est une logique qui m'échappe. Je comprends bien que pour un anarcap, l'État n'ayant aucune légitimité, il ne peut pas se prévaloir de sa personnalité morale et ne peut donc pas contracter ou engager sa Parole. Mais de cette position, il faut juste en déduire que toute intervention étatique est illégitime, et non les seuls traités.

Disons que j'essayais d'être pragmatique pour le coup sans trop dériver d'une certaine éthique.

Ça peut paraître contradictoire effectivement, mais quand une armée étatique menace, puis bombarde réduisant les droits des vaincus à néant et en agissant par des actes criminels de grande ampleur, tenter d'arrêter les coupables en appliquant des solutions en parfait accord avec le Droit naturel devient très compliqué tout de même.

Le respect des traités, c'est à dire des Lois que les Etats se sont eux même donnés, est l'un des seuls motifs valables pour faire la guerre.

Valable est égal à légitime pour toi?

Si c'est le cas j'ai du mal à suivre ton raisonnement sur ce fil. D'autre part c'est plutôt contradictoire pour un libéral non quand on sait que ce sont ces fameux traités nous ont précipité vers les plus grands conflits de l'histoire.

Posté
En fait, je réagissais à l'idée que mon non-interventionnisme équivaut à l'esprit de Munich. La capitulation de Munich est fustigée par les interventionnistes de ce forum, non par principe mais parce que le résultat (la progression d'Hitler) ne leur convient pas. C'est un point faible de leur approche. Car les interventionnistes idéalisent l'intervention de l'état qui devient, comme par magie, super-efficace dès qu'elle se déroule en dehors de ses frontières.

C'est la partie de votre réponse qui me semble la plus contestable. Au préalable, s'il s'agit effectivement de comparer l'intervention ou la non intervention par leurs résultats, il faut pouvoir concevoir un résultat qui montrerait que l'une ou l'autre est préférable. C'est en quelque sorte une application du principe de réfutabilité dans un domaine extérieur à la science.

Si l'on oppose un principe ( la non intervention) à une recherche des méthodes pour parvenir aux meilleurs résultats (où elle n'est qu'un moyen), la discussion n'est guère possible.

Lorsqu'on se place sur le plan des résultats pour comparer intervention et non intervention, il est logique de préférer certains résultats aux autres et à partir de là, je vois mal comment on pourrait ne pas considérer la progression d'Hitler comme un mauvais résultat.

Même d'ailleurs si vous placiez la question uniquement sur le terrain des principes, je ne crois pas que cela empêcherait de considérer que certains résultats sont préférables à d'autres. On peut défendre le droit de se droguer et considérer que si le nombre de drogués devait être décuplé à la suite d'une réforme permettant d'appliquer ce principe, ce serait un mauvais résultat.

C'est pourquoi, je ne comprends pas votre refus d'admettre que la progression d'Hitler puisse être considérée comme un mauvais résultat.

Au fait, il me semble que votre attitude se traduisant par une forme de neutralité entre la progression et la non progression de Hitler est ce que l'on entend désigner en partie par esprit Munichois. Elle est l'une des deux formes de cet esprit. L'une est idéologique et prend sa source dans un pacifisme ou un non-interventionnisme intransigeant comme le vôtre, l'autre est simplement une forme de lâcheté. Cela ne me parait donc pas illégitime de qualifier votre attitude de munichoise même si je n'adopterai pas la nuance d'injure qui est normalement attribuée à ce terme. Edit : pour que ce soit clair, vous êtes pour moi un munichois du premier type, pas du deuxième. Il pouvait rester un doute dans la manière dont j'ai formulé les choses.

J'ai l'impression que vous rejetez le terme tout en approuvant la chose. En pratique, vous auriez fait ce qu'ont décidé les "munichois" et qui est précisément fustigé par ce terme : vous auriez décidé de ne pas intervenir militairement contre l'Allemagne à ce moment-là. D'ailleurs dans le passage de votre réponse que je cite plus haut vous rejetez l'accusation d'être munichois dans la première phrase et la deuxième phrase est une défense de l'esprit munichois (ou une critique de la critique de cet esprit).

Si la perspective d'être traité de munichois ne vous convient pas, notez que vous pourrez vous venger en me traitant d'interventionniste, ce que je suis concernant cette question : cette simple perspective me file des boutons. :icon_up:

Enfin, la nécessité de défendre les pays agressés me parait exister en dehors de l'existence des traités d'alliance car le laisser-faire dans ce domaine conduirait à être attaqué par un ennemi en position de force.

Pas précisément. Je reconnais bien volontiers qu'il y a des dangers extérieurs simplement je ne les observe pas en Iran ou bien ils me paraissent négligeables par rapport aux dangers d'une intervention inconsidérée.

Très bien. Je ne vous reproche pas d'avoir une certaine position sur l'Iran ( je suis personnellement très embarrassé par cette question) mais c'est l'impression de l'accumulation des positions allant systématiquement dans un sens qui me gênait.

Récemment ? Si non, la guerre de 1870 me paraît un bon exemple. Plus récemment, la crise des missiles de Cuba ou les attentats libyens me viennent à l'esprit. Il y a en certainement d'autres.

J'en prends note et j'espère avoir la confirmation que l'impression que je mentionnais plus haut était fausse. :doigt:

Posté
Non aux traités (qui ne sont rien d'autre qu'un échange de Parole entre Etats, des contrats passés à leur niveau), mais oui à l'ingérence humanitaire ? C'est une logique qui m'échappe. Je comprends bien que pour un anarcap, l'État n'ayant aucune légitimité, il ne peut pas se prévaloir de sa personnalité morale et ne peut donc pas contracter ou engager sa Parole. Mais de cette position, il faut juste en déduire que toute intervention étatique est illégitime, et non les seuls traités.

Juste par curiosité, pourquoi écris-tu "Parole" avec une majuscule ?

Je serais sur une position exactement inverse en fait, je crois. Le respect des traités, c'est à dire des Lois que les Etats se sont eux même donnés, est l'un des seuls motifs valables pour faire la guerre. D'ailleurs, en 39', notre faute ne fut pas de déclarer la guerre à l'Allemagne pour respecter nos engagements envers les Polonais. Notre faute fut de trahir l'esprit de cet engagement et de rester l'arme au pied (à part une promenade en Sarre) au lieu d'envahir la Rhénanie. En 40, on a aussi failli en refusant d'honorer notre parole (pas d'armistice séparée).

Je ne dis pas autre chose, et je suis un peu soulagé de me voir moins seul, au moins sur ces quelques positions.

Posté
Autant je suis d'accord sur la première partie, autant je suis sceptique sur la seconde. Prendre une position opposée à une position auto-contradictoire amène à une autre position auto-contradictoire. Je suis d'accord que la France n'a pas respecté l'esprit du traité la liant à la Pologne mais je n'y vois pas quelque chose que l'on peut corriger. Tous les traités d'alliance sont-ils forcément scrupuleusement respectés, à la lettre et dans l'esprit, par tous les états ? Si non, il est illusoire d'imaginer une guerre légitime qui en découlerait, vu que cette hypothèse ne se vérifie pas dans le monde réel.

J'ai du mal m'exprimer car je ne vois pas trop ce qui est contradictoire dans ma position. Il ne s'agit pas de dire que toute guerre engagée par un Etat en raison d'un engagement qu'il aurait contracté précédemment est légitime. Il s'agit simplement de dire qu'honorer un engagement donné précédemment peut être une raison légitime pour faire la guerre. Après, la légitimité et la pertinence de la guerre ainsi engagée n'a bien sur rien d'automatique : elle est fonction de plusieurs variables, dont les principales sont la légitimité et la pertinence de l'engagement initial. Passer un accord de défense avec la Pologne et la Tchécoslovaquie face à la menace allemande dans l'entre-deux guerre, ça me semble légitime. Passer un accord qu'on appellera "pacte Mototov-Ribbentrop" visant au partage de l'Europe de l'Est, ça l'est moins.

Si c'est le cas j'ai du mal à suivre ton raisonnement sur ce fil. D'autre part c'est plutôt contradictoire pour un libéral non quand on sait que ce sont ces fameux traités nous ont précipité vers les plus grands conflits de l'histoire.

Le pacte d'acier est un mauvais traité, supprimons les traités.

La traite des Noirs a été un crime contre l'humanité, supprimons le commerce international.

Conduire une voiture bourré est dangereux, interdisons la vente de Kir.

Rambo III est un mauvais film, supprimons les films.

Etc….

Juste par curiosité, pourquoi écris-tu "Parole" avec une majuscule ?

Pour la même raison que j'ai mis une majuscule à loi un paragraphe plus bas : j'idolâtre l'Etat. Non, en fait, c'est juste que je suis pris en flagrant délit de non-relisure. :icon_up:

Posté
C'est la partie de votre réponse qui me semble la plus contestable. Au préalable, s'il s'agit effectivement de comparer l'intervention ou la non intervention par leurs résultats, il faut pouvoir concevoir un résultat qui montrerait que l'une ou l'autre est préférable. C'est en quelque sorte une application du principe de réfutabilité dans un domaine extérieur à la science. […]

Je ne suis pas d'accord avec votre approche car j'y vois un problème : vous raisonnez sur un faux choix, que j'exprimerais par "à Munich, fallait-il honorer ou pas notre traité vis-à-vis de la Tchécoslovaquie ?". C'est le "achetez-vous la cravate verte ou rouge ?" du vendeur de cravates, laissant volontairement de côté le troisième choix de ne pas acheter de cravate du tout. Ce faux choix est précisément le piège que tendent les interventionnistes, qui ne proposent que l'intervention ou le déshonneur.

Sans doute me suis-je mal exprimé mais je considère effectivement la progression d'Hitler comme un mauvais résultat et le choix de Daladier et de Chamberlain à Munich comme éminemment criticable. Ce que je n'accepte pas, c'est de comparer les non-interventionnistes à Daladier et Chamberlain. Le troisième choix que je propose est de ne pas s'empêtrer dans des alliances pouvant amener à intervenir à l'étranger pour défendre un autre état. Autrement dit, si j'avais été Daladier ou Chamberlain, en arrivant au pouvoir j'aurais commencé par dénoncer les traités internationaux nous faisant courir ce risque et je ne me serais pas rendu à Munich du tout.

Si vous voulez un exemple de l'attitude que je préconise, prenez la Suisse.

Dans cette perspective, évidemment la guerre avec l'Allemagne aurait eu lieu de toute façon (notez cependant que les deux autres options conduisaient strictement au même résultat, à quelques mois de différence). Mais au moins aurais-je eu la satisfaction de ne pas déroger à mes principes.

Remarquez aussi que la Suisse n'a pas été en guerre depuis des siècles. La Suisse n'a pas non plus le bonheur d'être considérée comme l'un des vainqueurs de la seconde guerre mondiale, mais, au vu du prix de ce trophée, je m'en passerais bien volontiers.

Posté
Pour la même raison que j'ai mis une majuscule à loi un paragraphe plus bas : j'idolâtre l'Etat. Non, en fait, c'est juste que je suis pris en flagrant délit de non-relisure. :icon_up:

:doigt: Ceci dit, c'est moins choquant pour Loi que pour Parole (tant qu'on ne parle pas religion, en tout cas).

A part ça, une partie des intellectuels libertariens outre-Atlantique (pas ceux du LvMI, naturellement) tentent de concevoir une théorie libertarienne de la guerre juste. Je pense notamment à quelques idées émises par l'intéressant Aeon J. Skoble.

Posté

Scm, je comprend un peu mieux votre position. Je ne suis pas trop partisan des traités d'alliance qui peuvent vous contraindre à intervenir pour de mauvaises raisons. En revanche, je pense qu'il faut intervenir hors de tout traité d'alliance face à un état qui attaque des tiers. Donc il n'y a pas vraiment de faux choix dans mon approche.

Le cas de la Suisse est un peu particulier. Peut-être qu'elle n'a pas été attaquée car elle représentait un intérêt stratégique faible au moment où l'Allemagne avait d'autres chats à fouetter. L'intérêt de la suisse et des Etats-unis me parait d'ailleurs assez différent dans ce cas. Si j'étais suisse, je serai favorable à une attitude neutre mais pas si j'étais américain.

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J'ai du mal m'exprimer car je ne vois pas trop ce qui est contradictoire dans ma position. Il ne s'agit pas de dire que toute guerre engagée par un Etat en raison d'un engagement qu'il aurait contracté précédemment est légitime. Il s'agit simplement de dire qu'honorer un engagement donné précédemment peut être une raison légitime pour faire la guerre. Après, la légitimité et la pertinence de la guerre ainsi engagée n'a bien sur rien d'automatique : elle est fonction de plusieurs variables, dont les principales sont la légitimité et la pertinence de l'engagement initial. Passer un accord de défense avec la Pologne et la Tchécoslovaquie face à la menace allemande dans l'entre-deux guerre, ça me semble légitime. Passer un accord qu'on appellera "pacte Mototov-Ribbentrop" visant au partage de l'Europe de l'Est, ça l'est moins.

D'accord mais ta position est essentiellement théorique. Car en pratique rarement un état honorera l'esprit d'un traité d'alliance si cela le conduit à subir un coût très important juste pour défendre un autre état. Ni la France ni la Grande-Bretagne n'étaient prêtes à attaquer Hitler pour défendre la Tchécoslovaquie ou la Pologne donc il est légitime de penser que ces traités ont été parfaitement inutiles en pratique, surtout si on se place du point de vue des victimes tchécoslovaques et polonaises.

En ce qui me concerne, j'ai la position libérale classique, consistant à ne pas s'allier militairement avec d'autres états et à ne faire la guerre que pour défendre ses citoyens et son propre territoire.

Posté
Scm, je comprend un peu mieux votre position. Je ne suis pas trop partisan des traités d'alliance qui peuvent vous contraindre à intervenir pour de mauvaises raisons. En revanche, je pense qu'il faut intervenir hors de tout traité d'alliance face à un état qui attaque des tiers. Donc il n'y a pas vraiment de faux choix dans mon approche.

Il faudrait définir un critère d'arrêt plus précis. Faut-il aussi intervenir pour empêcher un état d'opprimer sa propre population ? Et jusqu'où faut-il aller pour défendre des tiers ? Doit-on défendre tout le monde ? Ou seulement ceux qui le souhaitent ? Et dans quels pays ? Si on vise trop large, il faudra opprimer sa propre population (conscription, impôts) pour faire le gendarme et courir le risque d'être attaqué soi-même par un autre état justicier. Bref, ça ne me paraît pas une option souhaitable.

Le cas de la Suisse est un peu particulier. Peut-être qu'elle n'a pas été attaquée car elle représentait un intérêt stratégique faible au moment où l'Allemagne avait d'autres chats à fouetter. L'intérêt de la suisse et des Etats-unis me parait d'ailleurs assez différent dans ce cas. Si j'étais suisse, je serai favorable à une attitude neutre mais pas si j'étais américain.

Bien que cousue d'or, la Suisse n'a pas été attaquée parce qu'elle était armée jusqu'aux dents, ce qui est un luxe qu'on ne peut pas se payer quand on gaspille ses ressources à intervenir à l'étranger. Et les Etats-Unis aussi ont déclaré leur neutralité au début de la guerre entre la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne. Ils ne sont entrés dans le conlit qu'une fois que le Japon et l'Allemagne leur ont déclaré la guerre.

A l'inverse, les états agresseurs comme l'Allemagne et le Japon ont fini par perdre. C'est aussi pourquoi la seconde guerre mondiale me paraît un bien mauvais exemple pour juger de l'intérêt de l'interventionnisme.

Posté
D'accord mais ta position est essentiellement théorique. Car en pratique rarement un état honorera l'esprit d'un traité d'alliance si cela le conduit à subir un coût très important juste pour défendre un autre état. Ni la France ni la Grande-Bretagne n'étaient prêtes à attaquer Hitler pour défendre la Tchécoslovaquie ou la Pologne donc il est légitime de penser que ces traités ont été parfaitement inutiles en pratique, surtout si on se place du point de vue des victimes tchécoslovaques et polonaises.

Oui, mais c'est un autre probème : celui des engagements contractés par des Etats qui n'ont pas l'intention de tenir leur parole.

En ce qui me concerne, j'ai la position libérale classique, consistant à ne pas s'allier militairement avec d'autres états et à ne faire la guerre que pour défendre ses citoyens et son propre territoire.

C'est la solution qui est moralement la plus défendable, mais on rencontre quelques difficultés quand on passe à la pratique. Il ne faut pas se leurrer, si la Suisse ne connait plus la guerre depuis le XIXe, c'est parce que sa position géographique (des montagnes) a rendu possible sa politique de neutralité (qui a aussi exigé un important effort de défense pour être crédible). La Belgique a tenté la même politique de neutralité, et vu sa position géographique, à l'embouchure de l'Escaut, en plaine et en sandwich entre la France et l'Allemagne, ce fut un fiasco. Aurait-elle pris acte du fait que sa situation l'obligeait à se placer sous la protection de l'une des deux puissances de la région que son sort eu été nécessairement plus brillant.

C'est d'ailleurs ça le problème : il arrive que des pays soient manifestement trop faibles pour se défendre contre des menaces (réelles ou supposés). Le Pacte de Varsovie était trop puissant pour que la RFA puisse espérer le vaincre par ses seules forces en cas d'aggression. Il lui fallait donc convaincre les USA que la route des T-55 vers Washington passait par Fulda, et que la défense des USA et de la RFA étaient indivisible.

De même, du point de vue des pays forts, il arrive que la conquête d'un pays tiers par une autre puissance mette gravement en danger les intérêts vitaux du pays. C'était le cas des USA vis à vis de l'Europe occidentale pendant la guerre froide. Dans ce cas, entre l'autisme et l'interventionisme aventurier, il faut bien trouver un juste milieu, qui peut passer par des accords de défense.

Posté
Oui, mais c'est un autre probème : celui des engagements contractés par des Etats qui n'ont pas l'intention de tenir leur parole.

Connais-tu des états qui ont toujours tenu leur parole ? Par définition, les traités entre états sont voués à ne pas être respectés puisque, à la différence d'un contrat entre personnes, on ne peut pas les faire respecter par la force. Et les démocraties, avec leur alternance politique, sont sans doute les états les plus à même de ne pas tenir leur parole.

C'est la solution qui est moralement la plus défendable, mais on rencontre quelques difficultés quand on passe à la pratique.

C'est pareil pour toute position morale. Il est difficile de résister à la tentation de la faiblesse.

[…] De même, du point de vue des pays forts, il arrive que la conquête d'un pays tiers par une autre puissance mette gravement en danger les intérêts vitaux du pays. C'était le cas des USA vis à vis de l'Europe occidentale pendant la guerre froide. Dans ce cas, entre l'autisme et l'interventionisme aventurier, il faut bien trouver un juste milieu, qui peut passer par des accords de défense.

Disons que les accords de défense sont un pis-aller dans l'impossibilité de faire autrement mais il faut être conscient de leurs limites et de leurs défauts. Les états trop faibles pour se faire respecter sans alliance ont vocation à disparaître, de toute façon.

Posté
Connais-tu des états qui ont toujours tenu leur parole ? Par définition, les traités entre états sont voués à ne pas être respectés puisque, à la différence d'un contrat entre personnes, on ne peut pas les faire respecter par la force. Et les démocraties, avec leur alternance politique, sont sans doute les états les plus à même de ne pas tenir leur parole.

Certes, mais les personnes non plus ne tiennent pas toujours leur parole, ça ne nous empêche pas de continuer à contracter. Par ailleurs, la menace de la fessée est loin d'être la première raison qui pousse les personnes et les Etats à tenir leur parole : quand quelqu'un (Etat ou personne) engage sa parole, il engage sa crédibilité. Un Etat décrédibilisé, c'est un Etat durablement affaibli : regardez la Grèce.

Posté
:icon_up: Ceci dit, c'est moins choquant pour Loi que pour Parole (tant qu'on ne parle pas religion, en tout cas).

A part ça, une partie des intellectuels libertariens outre-Atlantique (pas ceux du LvMI, naturellement) tentent de concevoir une théorie libertarienne de la guerre juste. Je pense notamment à quelques idées émises par l'intéressant Aeon J. Skoble.

Intéressant. J'ai lu cet article :

http://www.reasonpapers.com/pdf/28/rp_28_4.pdf

qui m'a semblé vouloir concilier une vision libérale de la guerre avec l'existence des états. En as-tu lu d'autres ?

Posté
Le pacte d'acier est un mauvais traité, supprimons les traités.

La traite des Noirs a été un crime contre l'humanité, supprimons le commerce international.

Conduire une voiture bourré est dangereux, interdisons la vente de Kir.

Rambo III est un mauvais film, supprimons les films.

Etc….

Intéressant dis-moi!

Quel rapport avec la choucroute?

Rambo 3 et l'alcool au volant ont fait 20 millions de morts en 14-18 et 60 millions en 39-45 ?

Je te rappelle un peu le cheminement du truc au passage: des Serbes bosniaques assassinent l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône austro-hongrois. Les exigences de vengeance de l'Autriche-Hongrie (fortement encouragée par l'Allemagne) à l'encontre de la Serbie menèrent à l'activation d'une série d'alliances qui obligèrent plusieurs puissances européennes à s'engager sur la voie de la guerre. D'abord l'Autriche-Hongrie veut botter les fesses aux serbes alliés au grand frère russe. Les russes déclarent la guerre à l'Autriche et à l'Allemagne alliée de l'Autriche. La France et la Grande-Bretagne, alliée à la Russie mais non consultées, suivent et déclarent la guerre à leur tour aux empires centraux. L'allemagne signe un accord avec l'empire ottoman qui entre en guerre, seule l'Italie se réserve le droit d'entrer en guerre.

Ok, il y avait tout un contexte qui mena à cette guerre, certains diront qu'elle était inévitable patati patata!

Pour la seconde guerre mondiale, l'alliance de l'axe (allemagne, Japon, Italie) , avec la collaboration active de l'URSS jusqu'en 41.

Bref , que des alliances, que des traités qui obligent souvent les alliés à suivre leurs compagnons et permettent de généraliser des conflits à grande échelle. La même chose faillit être rééditée durant la guerre froide et la même chose (à une échelle moins meurtrière certe) oblige tous les pays occidentaux membres de l'OTAN à suivre et financer l'effort de guerre mené par les Etats-Unis en Irak et en Afghanistan. Je ne vois donc pas ce que tu vois de positif dans ces traités internationaux, qui sont l'expression même de l'étatisme poussé à son paroxysme.

Posté
Intéressant. J'ai lu cet article :

http://www.reasonpapers.com/pdf/28/rp_28_4.pdf

qui m'a semblé vouloir concilier une vision libérale de la guerre avec l'existence des états. En as-tu lu d'autres ?

C'est notamment à ce papier que je pensais. Je n'en ai pas lu d'autres, mais c'est une des lectures qui m'ont le plus intéressé ces derniers temps (remarque, entre un panorama de la vie intellectuelle française au 18ème siècle, et une introduction à la philosophie analytique qui passe en revue des dizaines de sujets en les effleurant à peine, ce que je lis en ce moment est sans doute moins intéressant que d'habitude).

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