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Nick de Cusa

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http://www.zerohedge.com/news/2014-10-06/goodbye-gun-control-1200-machine-3d-printing-guns-has-sold-out-36-hours

 

Adieu contrôle des armes à feu : la machine à 1200 dollars en rupture de stock après 36 heures

 
En Mai 2013, j'avais parlé du travail de Defense Distributed, qui permet aux particulier d'imprimer leurs propres armes à feu en 3D. Dans cet article, il notait :
 
L'impression 3D, tout comme les crypto-monnaies décentralisées, ont l'extraordinaire potentiel nécessaire pour changer le monde dans lequel nous vivons. Ils peuvent le faire de façons presque inconcevables aujourd'hui, puisque nous ne sommes que des débutants dans ce domaine. Plus que toute autre chose, ces technologies peuvent donner à l'individu un pouvoir qu'il n'a jamais possédé, et je pense que c'est dans la plupart des cas une très bonne chose.
 
Alors que les 16 pièces du Liberator, l'arme imprimable en 3D de Defense Distributed, étaient formées de plastique, la fraiseuse contrôlée par ordinateur à 1200$ qu'on appelle le "Ghost Gunner" est capable de modeler les polymères, le bois, et le métal en trois dimensions. 
 
Voici un morceau de l'article qui y est consacré dans Wired : 
 
Les Américains veulent des armes à feu sans numéro de série. Et apparemment, ils veulent aussi les faire chez eux. 
 
Mercredi, l'association libertarienne à but non lucratif de Cody Wilson, Defense Distributed, a rendu public le Ghost Gunner, une fraiseuse contrôlée par ordinateur à 1200$ (environ 950€) qui a pour objectif de donner la possibilité à n'importe qui de fabriquer son propre AR-15 chez lui, sans expertise, sans régulation et sans numéro de série. Depuis, Cody Wilson a vendu plus de 200 de ces machines, dont 175 en moins de vingt-quatre heures. C'est bien plus haut que ce à quoi il s'attendait : Wilson avait prévu de vendre 110 machines en tout avant d'arrêter d'accepter les commandes.
 
Alors que le Ghost Gunner est une fraiseuse "généraliste", capable de graver les polymères, le bois, et le métal en trois dimension, Defense Distributed a surtout insisté sur sa capacité de fabriquer la platine d'un AR-15 (NdT : dont nous avons déjà parlé dans cet article), qui est l'élément contrôlé de cette arme à feu semi-automatique. [...] Wilson affirme qu'il est en pleines négociations avec Ares Armor, un des plus grands fournisseurs des platines 80% et basé à San Diego, pour commencer un partenariat commercial.
 
Les ventes du Ghost Gunner pourraient être beaucoup plus basses, mais à 1200 dollars, chacune d'entre elle aide à financer les activités de Defense Distributed. "Je n'ai jamais été aussi optimiste en ce qui concerne la capacité de Defense Distributed à devenir une partie intégrante du futur, et à aider à créer une démocratisation du second amendement", dit-il. "Il y a un espoir que Defense Distributed puisse devenir une association non négligeable dans le domaine de la protection des libertés. C'est l'ambition, le rêve le plus fou de cette entité, que d'avoir un effet concret comme celui-ci."
 
Les lecteurs de Liberty Blitzkried savent déjà que je suis un supporter convaincu du droit aux armes. Alors que je ne suis personnellement pas fan d'armes à feu, je reconnais le droit d'être armé de mes compatriotes. Alors que bien des gens aiment pousser aveuglément le contrôle des armes à feu, il serait bien plus intelligent de la part des Américains de se pencher sur le contrôle de la guerre, c'est-à-dire d'empêcher notre propre gouvernement d'être à l'origine de la violence de façon constante, agressive et inconstitutionnelle dans le monde entier, et en particulier au Moyen-Orient.
 
Je trouve que le sommet de l'hypocrisie est atteint lorsque les politiques, qui utilisent en permanence le sang et les richesses de notre pays pour bombarder et assassiner des civils dans le monde entier, grimpent sur des estrades pour insister sur l'importance du désarmement de civils pacifiques à cause de quelques fusillades dans des écoles, aussi tragiques soient-elles. Lorsque le gouvernement américain deviendra Suisse, nous pourrons parler du contrôle des armes à feu. Les plus grands criminels, assassins et seigneurs de guerre ici sont au sommet du gouvernement américain et du complexe militaro-industriel, et ils font tout ça avec l'argent de nos impôts. Si vous voulez un monde plus pacifique, commencez plutôt par là.

 

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3 Reasons the U.S. MILITARY Should NOT Fight Ebola

Amanda Winkler & Nick Gillespie | October 14, 2014

The Dumb Republican Calls for a Travel Ban to Fight Ebola

If anything, it will make matters worse

Shikha Dalmia | October 14, 2014

 

3 raisons pour lesquelles l'armée américaine ne devrait pas combattre Ebola

 

Obama envoie des milliers de troupes américaines en Afrique de l'Ouest pour combattre Ebola. Leur mission : construire des centres de traitement et dispenser une formation médicale aux professionnels de la santé au sien des communautés locales. Mais est-ce une bonne idée d'apporter ce type d'aide ?
Voici trois raisons pour lesquelles la militarisation de l'aide humanitaire est une très mauvaise idée :
 
L'aide humanitaire militarisée détruit les principes humanitaires
L'aide humanitaire doit être neutre, et ne pas dépendre d'objectifs politiques ou militaires. Utiliser l'armée dans une crise humanitaire empêche cela et encourage l'agitation ultérieure. Le nombre d'attaques contre les travailleurs humanitaires a augmenté au cours de la dernière décennie, précisément à cause d'une transgression de la limite entre les objectifs humanitaires, politiques et militaires.
Et l'historique américain en Afrique prouve que ce scepticisme a raison d'être. Ces six dernières années, l'armée américaine a étendu sa présence en Afrique par le biais de missions humanitaires spécifiquement créées pour établir des points d'entrée pour des missions militaires futures. 
Les communautés locales doivent faire face à un véritable chantage : si elles n'acceptent pas la présence de l'armée, elles courent le risque de se priver d'une aide humanitaire dont elles ont besoin. Ceci gâche la confiance nécessaire pour établir une bonne relation entre les communautés et les porteurs d'aide.
 
L'aide militaire est inefficace sur le long terme
L'aide militarisée est généralement financée par des montants énormes qu'on doit dépenser rapidement. Par exemple, le Department of Defense a déjà alloué 1 milliard de dollars au combat contre Ebola. Le besoin de dépenser des montants gargantuesques s'explique par la volonté d'atteindre des objectifs politiques sur le court terme. Ceci se transforme donc en une dépense inefficace : on manque de suivi sur le long-terme ou d'évaluation post-intervention, ce qui signifie que les mêmes erreurs seront répétées à l'infini.
 
L'aide militaire diminue le potentiel de l'aide civile
Bien des politiques qui supportent l'aide militaire affirment que seule l'armée peut gérer une crise humanitaire efficacement. Si c'est vrai - et c'est trop souvent vrai - alors cela met en exergue le manque d'attention dont souffrent les programmes civils, qui ont pourtant plus de chances de réussir sur le long terme. En nous appuyant constamment sur l'armée pour nos efforts humanitaires, on étouffe les efforts faits pour créer des organisations civiles qui pourraient, elles, gérer les projets complexes nécessaires pour régler des crises humanitaires à grande échelle.
Posté

 

3 raisons pour lesquelles l'armée américaine ne devrait pas combattre Ebola

 

Obama envoie des milliers de troupes soldats américains en Afrique de l'Ouest pour combattre Ebola. Leur mission : construire des centres de traitement et dispenser une formation médicale aux professionnels de la santé au sien des communautés locales. Mais est-ce une bonne idée d'apporter ce type d'aide ?
Voici trois raisons pour lesquelles la militarisation de l'aide humanitaire est une très mauvaise idée :
 
L'aide humanitaire militarisée détruit les principes humanitaires
L'aide humanitaire doit être neutre, et ne pas dépendre d'objectifs politiques ou militaires. Utiliser l'armée dans une crise humanitaire empêche cela et encourage l'agitation ultérieure. Le nombre d'attaques contre les travailleurs humanitaires a augmenté au cours de la dernière décennie, précisément à cause d'une transgression de la limite entre les objectifs humanitaires, politiques et militaires.
Et l'historique de la présence américaine en Afrique prouve que ce scepticisme a sa raison d'être. Ces six dernières années, l'armée américaine a étendu sa présence en Afrique par le biais de missions humanitaires spécifiquement créées pour établir des points d'entrée pour des missions militaires futures. 
Les communautés locales doivent faire face à un véritable chantage : si elles n'acceptent pas la présence de l'armée, elles courent le risque de se priver d'une aide humanitaire dont elles ont besoin. Ceci gâche la confiance nécessaire pour établir une bonne relation entre les communautés et les porteurs d'aide.
 
L'aide militaire est inefficace sur le long terme
L'aide militarisée est généralement financée par des montants énormes qu'on doit dépenser rapidement. Par exemple, le Department of Defense Département de la Défense a déjà alloué 1 milliard de dollars au combat contre Ebola. Le besoin de dépenser des montants gargantuesques s'explique par la volonté d'atteindre des objectifs politiques sur le court terme. Ceci se transforme donc en une dépense inefficace : on manque de suivi sur le long-terme ou d'évaluation post-intervention, ce qui signifie que les mêmes erreurs seront répétées à l'infini.
 
L'aide militaire diminue le potentiel de l'aide civile
Bien des politiques qui supportent soutiennent l'aide militaire affirment que seule l'armée peut gérer une crise humanitaire efficacement. Si c'est vrai - et c'est trop souvent vrai - alors cela met en exergue lumière le manque d'attention dont souffrent les programmes civils, qui ont pourtant plus de chances de réussir sur le long terme. En nous appuyant constamment sur l'armée pour nos efforts humanitaires, on étouffe les efforts faits pour créer des organisations civiles qui pourraient, elles, gérer les projets complexes nécessaires pour régler des crises humanitaires à grande échelle.

 

 

Quelques propositions de correction.

 

Posté

3 raisons pour lesquelles l'armée américaine ne devrait pas combattre Ebola

 

Obama envoie des milliers de troupes soldats américains en Afrique de l'Ouest pour combattre Ebola. Leur mission : construire des centres de traitement et dispenser une formation médicale aux professionnels de la santé au sien sein des communautés locales. Mais est-ce une bonne idée d'apporter ce type d'aide ?

Voici trois raisons pour lesquelles la militarisation de l'aide humanitaire est une très mauvaise idée :

 

Complément.

Posté

Wow, bonne pioche, le truc le plus intelligent sur le sujet que j'ai pu lire depuis un bon bout. Si personne ne le fait d'ici ce soir je prends.

?

:)

Posté

Besoin d'un coup de main pour la traduction, est-ce que quelqu'un qui a lu le bouquin de Piketty peut m'aider avec cette citation ? 

 

Piketty’s favorite solution is a progressive annual tax on capital, rather than income. He argues that this kind of tax “will make it possible to avoid an endless inegalitarian spiral while preserving competition and incentives for new instances of primitive accumulation.”
Posté

"La solution que privilégie Piketty est un impôt progressif sur le capital plutôt que sur le revenu. Il avance qu'un impôt de cette sorte <<rendra impossible d'éviter une spirale inégalitaire tout en préservant la concurrence et les incitations à recommencer une accumulation primitive du capital".

Enfin à mon avis. J'imagine que, comme moi, tu butes sur ce que vient faire "competition" là-dedans.

Posté

C'était la "primitive accumulation" qui me gênait, en fait. Je ne savais pas si c'était vraiment "une accumulation primitive", ce qui a assez peu de sens imo, ou un terme plus spécifique qu'il mentionnait dans son livre. Merci :D

Posté
Des avis ?
 
De l'importance des inégalités
 
Un traité de 700 pages sur l'économie, traduit du français à l'anglais, n'est pas une lecture de plage particulièrement reposante, même pour quelqu'un de notoirement geek. Mais en juillet, je me suis senti obligé de lire Le Capital au XXIème siècle de Thomas Piketty, après avoir lu plusieurs avis sur l'ouvrage et entendu des amis en discuter.
 
Je suis content de l'avoir fait. Je vous encourage à le lire aussi, ou au moins un bon résumé comme celui-ci de The Economist. Piketty a eu la gentillesse de discuter de son travail avec moi sur Skype le mois dernier. Comme je lui ai dit, je suis d'accord avec ses conclusions les plus importantes, et j'espère que son travail poussera plus de personnes intelligentes à étudier la richesse et les inégalités de revenu, parce que plus on en sait sur leurs causes et leurs remèdes, mieux on s'en sortira. J'ai aussi dit que certains éléments de son analyse me gênaient, comme j'en parlerai ci-dessous.
 
Je suis entièrement d'accord avec Piketty sur les points suivants :
  • Des inégalités importantes sont un problème : elles gâchent les incentives économiques, poussent les démocraties à favoriser l'intérêt des puissances financières, et elles ne respectent pas l'idée que tous les hommes naissent égaux.
  • Le capitalisme ne tend pas de lui-même vers plus d'égalité - c'est-à-dire que les concentrations de richesse peuvent avoir un effet exponentiel si on ne les contrôle pas.
  • Les gouvernements peuvent jouer un rôle constructif dans l'évitement de ces amassements de richesses, si et quand elles décident d'agir.
Je préciserai dans un souci de clarté que quand je dis que les inégalités sont un problème, je ne sous-entends pas que le monde empire. Au contraire, grâce à l'émergence des classes moyennes dans des pays comme la Chine, le Mexique, la Colombie, le Brésil et la Thaïlande, le monde en général devient plus égalitaire, et cette tendance mondiale positive devrait continuer.
 
Mais les écarts extrêmes ne devraient pas être ignorés, ou pire encore, pris pour un signe que nous avons une économie performante et une société épanouie. Oui, des inégalités découlent nécessairement du capitalisme. Comme le dit Piketty, elles sont inhérentes au système. La question est plutôt de se demander quel niveau d'inégalité est acceptable, et quand l'inégalité commence à faire plus de mal que de bien. Voici ce dont nous devrions discuter, et je suis enchanté que Piketty ait participé au débat avec autant de bonne volonté.
 
Cependant, le livre de Piketty a des lacunes importantes, que j'espère voir traitées par lui-même et d'autres économistes dans les années à venir.
 
Malgré toutes ses données sur les tendances historiques, il ne donne pas une vue globale de la création et de la dépréciation des richesses. Au centre de son livre, une équation simple : r > g, avec r le retour sur les capitaux investis et g le taux de croissance de l'économie. L'idée globale est que quand les retours sur les capitaux dépassent les retours sur la main-d'oeuvre, l'écart des richesses augmentera entre les gens qui ont beaucoup de capital et ceux qui dépendent de leur travail. L'équation est si fondamentale pour Piketty qu'il la qualifie de "force fondamentale de la divergence" qui "résume la logique générale de [ses] conclusions".
 
D'autres économistes ont assemblé des bases de données historiques immenses, qui font douter de la valeur de r > g dans la compréhension de l'évolution des inégalités. Je ne suis pas un expert. Ce que je sais, par contre, c'est que le r > g de Piketty ne différencie pas les différents types de capitaux et d'utilités sociales de façon adéquate.
 
Imaginez trois personnes riches. Un homme investit son capital dans le développement de son entreprise. Ensuite, une femme donne la plupart de son capital à des associations humanitaires. Une troisième personne consomme surtout, dépensant beaucoup d'argent dans un yacht ou un avion. La richesse de ces trois personnes contribue à augmenter les inégalités, mais j'aurais tendance à penser que les deux premiers apportent plus à la société que le troisième. J'aurais aimé que Piketty fasse cette distinction, qui a des implications importantes dont je parlerai un peu plus loin.
 
Plus important encore, j'estime que l'analyse de Piketty ne prend pas en compte des forces puissantes qui empêchent l'accumulation des richesses d'une génération à une autre. Je supporte entièrement l'idée que nous ne voulons pas d'une société aristocrate dans laquelle les familles déjà aisées s'enrichissent simplement en se reposant sur leurs lauriers et en récupérant ce que Piketty appelle leur rente, c'est-à-dire, ce qu'ils gagnent en laissant d'autres personnes utiliser leur argent, leurs terres et leurs autres biens. Je ne pense cependant pas que l'Amérique suive ce modèle.
 
Jetez un coup d'oeil à la liste Forbes des 400 Américains les plus riches. La moitié environ des personnes sur cette liste sont des entrepreneurs dont les entreprises ont très bien performé, grâce à beaucoup de travail et de chance. Contrairement à l'hypothèse rentière de Piketty, je ne vois personne dont les ancêtres ont acheté une grande étendue de terres en 1780 puis accumulé les rentes. Aux États-Unis, ce vieil argent a disparu depuis longtemps en raison de l'instabilité financière, de l'inflation, des taxes, de la philanthropie et de la consommation.
 
On peut voir une dynamique de déplétion des richesses dans l'histoire des industries populaires. Dans la première partie du vingtième siècle, Henry Ford et quelques autres entrepreneurs s'en sortaient très bien dans l'industrie automobile. Ils étaient propriétaires d'une grande part des actions des entreprises automobiles qui arrivaient à capitaliser sur les économies d'échelle et une rentabilité très élevée. Ces entrepreneurs qui réussissaient sont l'exception. Bien plus de personnes, incluant bien des rentiers qui avaient investi leurs richesses dans l'industrie auto, ont vu leurs investissements disparaître entre 1910 et 1940, quand l'industrie américaine est passée de 224 à 21 constructeurs. Plutôt qu'un transfert de richesses vers les rentiers et d'autres investisseurs passifs, on voit donc souvent le contraire. J'ai remarqué le même phénomène au travail, que ce soit dans la technologie ou d'autres domaines.
 
Piketty a raison en affirmant qu'il y a des forces qui peuvent mener vers une croissance exponentielle des richesses, incluant le fait que les enfants des personnes les plus riches ont souvent accès à des réseaux qui les aideront à trouver des stages, des emplois, etc. Cependant, d'autres forces mènent à la déplétion de ces richesses, et le Capital ne leur donne pas assez de poids.
 
Je suis également déçu que Piketty se soit clairement conentré sur les revenus et la richesse en négligeant complètement la consommation. Les données de consommation représentent les biens et services achetés, incluant la nourriture, l'habillement, le logement, l'éducation ou la santé, et peuvent ajouter beaucoup à notre compréhension du mode de vie de chacun. En particulier dans les sociétés riches, le point de vue du revenu ne donne pas assez d'informations sur ce qu'il faut améliorer.
 
Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles les données de revenu, en particulier, peuvent prêter à l'erreur. Par exemple, un étudiant en médecine sans revenus et avec un important prêt pour financer ses études serait dans une situation très difficile selon les statistiques, alors que son salaire sera peut-être très élevé quelques années plus tard. Un exemple plus extrême : quelques personnes extrêmement riches apparaîtront comme pauvres si elles ne reçoivent plus de dividendes ou de revenus.
 
Je ne dis pas que nous devrions ignorer la richesse et le revenu. Mais les données de consommation pourraient être bien plus importantes pour comprendre le bien-être humain. Elles montrent une situation différente - et généralement plus positive - de ce que Piketty décrit. Dans l'idéal, j'aimerais voir des études qui s'appuient à la fois sur la richesse, le revenu et la consommation.
 
Même si on ne peut pas avoir un paysage parfait aujourd'hui, on en sait déjà bien assez sur les défis qu'il faut relever.
 
La solution favorite de Piketty est une taxe annuelle progressive sur le capital plutôt que sur le revenu. Il affirme que ce genre de taxe "rendra impossible d'éviter une spirale inégalitaire tout en préservant la concurrence et les incitations à recommencer une accumulation primitive du capital".
 
Je suis d'accord avec le fait que l'imposition ne devrait pas se faire sur le travail accompli. Il est complètement illogique que le travail soit autant taxé aux États-Unis, surtout comparé au capital. Cette situation sera encore plus absurde dans les années à venir, alors que les robots et d'autres mécanismes automatiques pourront effectuer de plus en plus de tâches que les employés humains font aujourd'hui.
 
Mais plutôt que de déplacer les impôts vers le capital, comme Piketty aimerait, j'aimerais que ce soit la consommation qui soit soumise à une taxe progressive. Prenons l'exemple des trois personnes dont j'ai parlé plus tôt : une qui investit dans des entreprises, une qui donne à des causes humanitaires, une qui vit très confortablement. Il n'y a rien de mal à être la troisième personne, mais j'estime qu'elle devrait payer plus d'impôts que les deux autres. Comme le soulignait Piketty lorsque nous discutions, il est difficile de mesurer la consommation : par exemple, les donations politiques devraient-elles compter ? D'un autre côté, presque tous les systèmes d'impôts, incluant l'impôt sur le capital, rencontre des difficultés similaires.
 
Tout comme Piketty, je mets également beaucoup d'espoir dans la taxe de succession. Laisser les héritiers consommer ou redistribuer du capital de façon disproportionnée seulement parce qu'ils sont nés dans la bonne famille est une façon d'allouer les ressources qui n'est ni intelligente, ni juste. Comme se plaît à le répéter Warren Buffett, c'est comme "choisir l'équipe olympique de natation pour 2020 en prenant les fils aînés des médaillés de 2000". J'estime qu'on devrait maintenir les impôts de succession et investir les recettes dans l'éducation et la recherche, le meilleur moyen de renforcer notre pays dans le futur.
 
La philanthropie peut aussi être une solution privilégiée. Il est dommage que Piketty lui accorde aussi peu de place. Il y a un peu plus d'un siècle, Andrew Carnegie était le seul à encourager ses proches aisés à donner d'importantes parts de leur fortune. Aujourd'hui, un nombre croissant de très riches choisit de le faire. La philanthropie bien fait ne crée pas seulement directement des bénéfices concrets pour la société, elle réduit de plus la richesse familiale. Melinda et moi sommes convaincus que la richesse "de dynastie" est mauvaise pour la société comme pour les enfants. Nous voulons que nos enfants se créent eux-même une place dans le monde. Ils auront toutes sortes d'avantages, mais ce sera à eux de construire leur vie et leur carrière.
 
Le débat au sujet de la richesse et des inégalités a déchaîné les passions de tous les côtés. Je n'ai pas de solution magique à proposer. Je sais par contre que, même avec ses défauts, le travail de Piketty apporte une nouvelle réflexion. Et maintenant, je suis impatient de découvrir de la recherche qui étudiera mieux encore ce sujet important.

 

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Des avis ?
 
De l'importance des inégalités
 
Un traité de 700 pages sur l'économie, traduit du français à l'anglais, n'est pas une lecture de plage particulièrement reposante, même pour quelqu'un de notoirement geek. Mais en juillet, je me suis senti obligé de lire Le Capital au XXIème siècle de Thomas Piketty, après avoir lu plusieurs avis sur l'ouvrage et entendu des amis en discuter.
 
Je suis content de l'avoir fait. Je vous encourage à le lire aussi, ou au moins un bon résumé comme celui-ci de The Economist. Piketty a eu la gentillesse de discuter de son travail avec moi sur Skype le mois dernier. Comme je lui ai dit, je suis d'accord avec ses conclusions les plus importantes, et j'espère que son travail poussera plus de personnes intelligentes à étudier la richesse et les inégalités de revenu, parce que plus on en sait saura sur leurs causes et leurs remèdes, mieux on s'en sortira. J'ai aussi dit que certains éléments de son analyse me gênaient, comme j'en parlerai je le développerai ci-dessous.
 
Je suis entièrement d'accord avec Piketty sur les points suivants :
  • Des inégalités importantes sont un problème : elles gâchent les incentives économiques, poussent les démocraties à favoriser l'intérêt des puissances financières, et elles ne respectent pas l'idée que tous les hommes naissent égaux.
  • Le capitalisme ne tend pas de lui-même vers plus d'égalité - c'est-à-dire que les concentrations de richesse peuvent avoir un effet exponentiel si on ne les contrôle pas.
  • Les gouvernements peuvent jouer un rôle constructif dans l'évitement de ces amassements pour éviter ces accumulations de richesses, si et quand elles décident d'agir.
Je préciserai dans un souci de clarté que quand je dis que les inégalités sont un problème, je ne sous-entends pas que le monde empire. Au contraire, grâce à l'émergence des classes moyennes dans des pays comme la Chine, le Mexique, la Colombie, le Brésil et la Thaïlande, le monde en général devient plus égalitaire, et cette tendance mondiale positive devrait continuer.
 
Mais les écarts extrêmes ne devraient pas être ignorés, ou pire encore, pris pour un signe que nous avons une économie performante et une société épanouie. Oui, des inégalités découlent nécessairement du capitalisme. Comme le dit Piketty, elles sont inhérentes au système. La question est plutôt de se demander quel niveau d'inégalité est acceptable, et quand l'inégalité commence à faire plus de mal que de bien. Voici ce dont nous devrions discuter, et je suis enchanté que Piketty ait participé au débat avec autant de bonne volonté.
 
Cependant, le livre de Piketty a des lacunes importantes, que j'espère voir traitées par lui-même et d'autres économistes dans les années à venir.
 
Malgré toutes ses données sur les tendances historiques, il ne donne pas une vue globale de la création et de la dépréciation des richesses. Au centre de son livre, une équation simple : r > g, avec r le retour sur les capitaux investis et g le taux de croissance de l'économie. L'idée globale est que quand les retours sur les capitaux dépassent les retours sur la main-d'oeuvre, l'écart des richesses augmentera entre les gens qui ont beaucoup de capital et ceux qui dépendent de leur travail. L'équation est si fondamentale pour Piketty qu'il la qualifie de "force fondamentale de la divergence" qui "résume la logique générale de [ses] conclusions".
 
D'autres économistes ont assemblé des bases de données historiques immenses, qui font douter de la valeur de r > g dans la compréhension de l'évolution des inégalités. Je ne suis pas un expert. Ce que je sais, par contre, c'est que le r > g de Piketty ne différencie pas les différents types de capitaux et d'utilités sociales de façon adéquate.
 
Imaginez trois personnes riches. Un homme investit son capital dans le développement de son entreprise. Ensuite, une femme donne la plupart de son capital à des associations humanitaires. Une troisième personne consomme surtout, dépensant beaucoup d'argent dans un yacht ou un avion. La richesse de ces trois personnes contribue à augmenter les inégalités, mais j'aurais tendance à penser que les deux premiers apportent plus à la société que le troisième. J'aurais aimé que Piketty fasse cette distinction, qui a des implications importantes dont je parlerai un peu plus loin.
 
Plus important encore, j'estime que l'analyse de Piketty ne prend pas en compte des forces puissantes qui empêchent l'accumulation des richesses d'une génération à une autre. Je supporte J'approuve entièrement l'idée que nous ne voulons pas d'une société aristocratique dans laquelle les familles déjà aisées s'enrichissent simplement en se reposant sur leurs lauriers et en récupérant ce que Piketty appelle leur rente, c'est-à-dire, ce qu'ils gagnent en laissant d'autres personnes utiliser leur argent, leurs terres et leurs autres biens. Je ne crois pas pourtant que l'Amérique suive ce modèle.
 
Jetez un coup d'oeil à la liste Forbes des 400 Américains les plus riches. La moitié environ des personnes sur cette liste sont des entrepreneurs dont les entreprises ont très bien performés réussis, grâce à beaucoup de travail et de chance. Contrairement à l'hypothèse rentière de Piketty, je ne vois personne dont les ancêtres ont acheté une grande étendue de terres en 1780 puis accumulé les rentes. Aux États-Unis, ce vieil argent a disparu depuis longtemps en raison de l'instabilité financière, de l'inflation, des taxes, de la philanthropie et de la consommation.
 
On peut voir une dynamique de déplétion diminution des richesses dans l'histoire des industries populaires. Dans la première partie du vingtième siècle, Henry Ford et quelques autres entrepreneurs s'en sortaient très bien dans l'industrie automobile. Ils étaient propriétaires d'une grande partie des actions des entreprises automobiles qui arrivaient à capitaliser sur les économies d'échelle et une rentabilité très élevée. Ces entrepreneurs qui réussissaient sont l'exception. Bien plus Un plus grand nombre de personnes, incluant bien des rentiers qui avaient investi leurs richesses capitaux dans l'industrie auto la construction automobile, ont vu leurs investissements disparaître entre 1910 et 1940, quand le nombre de constructeurs américains est passé de 224 à 21. Plutôt qu'un transfert de richesses vers les rentiers et d'autres investisseurs passifs, on voit donc souvent le contraire. J'ai remarqué le même phénomène au travail, que ce soit dans la technologie ou d'autres domaines.
 
Piketty a raison en affirmant qu'il y a des forces qui peuvent mener vers une croissance exponentielle des richesses, incluant le fait que les enfants des personnes les plus riches ont souvent accès à des réseaux qui les aideront à trouver des stages, des emplois, etc. Cependant, d'autres forces mènent à la déplétion diminution de ces richesses, et le Capital ne leur donne pas assez de poids.
 
Je suis également déçu que Piketty se soit clairement concentré sur les revenus et la richesse en négligeant complètement la consommation. Les données de consommation représentent les biens et services achetés, incluant la nourriture, l'habillement, le logement, l'éducation ou la santé, et peuvent ajouter beaucoup à notre compréhension du mode de vie de chacun. En particulier dans les sociétés riches développées, l'approche par le revenu ne donne pas assez d'informations sur ce qu'il faut améliorer.
 
Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles les données de revenu, en particulier, peuvent prêter à l'erreur. Par exemple, un étudiant en médecine sans revenus et avec un important prêt pour financer ses études serait dans une situation très difficile selon les statistiques, alors que son salaire sera peut-être très élevé quelques années plus tard. Un exemple plus extrême : quelques personnes extrêmement riches apparaîtront comme pauvres si elles ne reçoivent plus de dividendes ou de revenus.
 
Je ne dis pas que nous devrions ignorer la richesse et le revenu. Mais les données de consommation pourraient être bien plus importantes pour comprendre le bien-être humain. Elles montrent une situation différente - et généralement plus positive - de ce que Piketty décrit. Dans l'idéal, j'aimerais voir des études qui s'appuient à la fois sur la richesse, le revenu et la consommation.
 
Même si on ne peut pas avoir un paysage parfait aujourd'hui, on en sait déjà bien assez sur les défis qu'il faut relever.
 
La solution favorite de Piketty est une taxe annuelle progressive sur le capital plutôt que sur le revenu. Il affirme que ce genre de taxe "rendra impossible d'éviter une spirale inégalitaire tout en préservant la concurrence et les incitations à recommencer une accumulation primitive du capital".
 
Je suis d'accord avec le fait que l'imposition ne devrait pas se faire sur le travail accompli. Il est complètement illogique que le travail soit autant taxé aux États-Unis, surtout comparé au capital. Cette situation sera encore plus absurde dans les années à venir, alors que les robots et d'autres mécanismes automatiques pourront effectuer de plus en plus de tâches que les employés humains font aujourd'hui.
 
Mais plutôt que de déplacer les impôts vers le capital, comme le souhaite Piketty aimerait, j'aimerais que ce soit la consommation qui soit soumise à une taxe progressive. Prenons l'exemple des trois personnes dont j'ai parlé plus tôt : une qui investit dans des entreprises, une qui donne à des causes humanitaires, une qui vit très confortablement. Il n'y a rien de mal à être la troisième personne, mais j'estime qu'elle devrait payer plus d'impôts que les deux autres. Comme le soulignait Piketty lorsque nous discutions, il est difficile de mesurer la consommation : par exemple, les donations politiques devraient-elles compter ? D'un autre côté, presque tous les systèmes d'impôts, incluant l'impôt sur le capital, rencontre des difficultés similaires.
 
Tout comme Piketty, je mets également beaucoup d'espoir dans la taxe de succession. Laisser les héritiers consommer ou redistribuer du capital de façon disproportionnée seulement parce qu'ils sont nés dans la bonne famille est une façon d'allouer les ressources qui n'est ni intelligente, ni juste. Comme se plaît à le répéter Warren Buffett, c'est comme "choisir l'équipe olympique de natation pour 2020 en prenant les fils aînés des médaillés de 2000". J'estime qu'on devrait maintenir les impôts de succession et investir les recettes dans l'éducation et la recherche, le meilleur moyen de renforcer notre pays dans le futur.
 
La philanthropie peut aussi être une solution privilégiée. Il est dommage que Piketty lui accorde aussi peu de place. Il y a un peu plus d'un siècle, Andrew Carnegie était le seul à encourager ses proches aisés à donner d'importantes parts de leur fortune. Aujourd'hui, un nombre croissant de très riches choisit de le faire. La philanthropie bien faite ne crée pas seulement directement des bénéfices concrets pour la société, elle réduit de plus la richesse familiale. Melinda et moi sommes convaincus que la richesse "de dynastie" est mauvaise pour la société comme pour les enfants. Nous voulons que nos enfants se créent eux-même une place dans le monde. Ils auront toutes sortes d'avantages, mais ce sera à eux de construire leur vie et leur carrière.
 
Le débat au sujet de la richesse et des inégalités a déchaîné les passions de tous les côtés. Je n'ai pas de solution magique à proposer. Je sais par contre que, même avec ses défauts, le travail de Piketty apporte une nouvelle réflexion. Et maintenant, je suis impatient de découvrir de la recherche d'autre travaux qui étudieraient mieux encore ce sujet important.

 

 

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