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Les perles de l'art contemporain subventionné


Nirvana

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Je propose de répertorier ici ces drôleries qu'on trouve de temps en temps dans les journaux, à commencer par celle-ci :

Vincent Macaigne laisse un beau cadavre à Avignon

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Laure Calamy dans la pièce de Vincent Macaigne, "Au moins j'aurai laissé un beau cadavre" d'après "Hamlet", de Shakespeare, au Festival d'Avignon, le 8 juillet 2011.

C'est le spectacle que l'on attendait au Festival d'Avignon : celui qui vient tout casser, au risque d'excéder une partie des spectateurs, et d'enthousiasmer les autres. Sous un titre formidable, Au moins j'aurai laissé un beau cadavre, il revisite Hamlet, de William Shakespeare, et se donne au Cloître des carmes, où le public des premiers rangs est protégé par une bâche en plastique des jets d'hémoglobine, de boue et de projectiles en tous genres qui ponctuent les quatre heures d'une représentation trash, foutraque et passionnante, signée Vincent Macaigne, un nouveau venu à Avignon.

A 32 ans, Vincent Macaigne est un des benjamins du Festival. A la ville, c'est un garçon calme, en apparence. Il a grandi à Paris, entre un père français, commercial dans une entreprise, et une mère iranienne, issue d'une famille très politisée. Depuis sa sortie du conservatoire, en 2002, il a signé plusieurs spectacles, dont trois versions d'un Requiem de son cru, inspiré, et une adaptation de L'Idiot, de Dostoïevski. Il a toujours écrit, et fait du théâtre comme bon lui semble : sans se soucier des autres ni chercher à être en réaction.

Ce n'est pas un provocateur-né qui s'attaque à Hamlet. Mais c'est un homme jeune en colère, pour des raisons qu'il garde secrètes et d'autres qu'il exprime. Toutes traversent Au moins j'aurai laissé un beau cadavre, qui s'est construit comme les précédents spectacles de Macaigne : en travaillant sur le plateau avec sa bande d'acteurs amis.

Ce travail ne s'arrête pas quand les représentations commencent. Chaque jour, le spectacle bouge. Chaque soir, Vincent Macaigne est au sommet des gradins, et il interpelle en direct ses acteurs, qui se ne gênent pas pour lui répondre des choses comme : "Tout le monde sait que c'est de la merde, ton texte à la con."

Le public ne s'en rend pas compte. Des phrases de ce genre se ramassent à la pelle dans Au moins j'aurai laissé un beau cadavre, qui commence dans une ambiance assez survoltée, avec un appel au public à venir sur le plateau, jonché de terre et de couronnes mortuaires qui entourent une tombe remplie d'eau. Comme dans le bon vieux théâtre d'intervention des années 1960, le public entre dans le jeu, chante, danse et crie. Puis on lui dit de regagner les gradins.

D'une certaine manière, c'est presque frustrant : qu'est-ce que ça donnerait, Hamlet avec lui ? Ce que le public ne sait pas, c'est que ce début est né d'un défi. Le soir de la première, samedi 9 juillet, Vincent Macaigne avait parié 50 euros avec un acteur qui lui avait dit : "Je les ferai monter sur scène. - Essaye, on verra bien !"

On a vu. Et le public n'a pas mal pris du tout qu'on lui dise de regagner les gradins. Puis le spectacle a commencé avec cette annonce : "Vous allez voir l'histoire d'Hamlet, mon meilleur ami, mort il y a à peine deux mois." Hamlet, chez Vincent Macaigne, c'est "un putain de dépressif", comme le lui dit Claudius, son oncle, qui vient d'épouser sa mère, Gertrude. Il n'a de cesse de se jeter dans l'eau de la tombe de son père, dont le fantôme revient sous la forme d'un furet empaillé. "Faut pas que tu t'empêches de vivre", le supplie Ophélie.

Tous les deux se revoient enfants. Des enfants qui s'aimaient dans un Danemark pourri, où leur apprenait à déverser la haine de soi contre l'autre, l'ennemi norvégien, qui "pique tout".

Il y a des drapeaux français, danois et européen au fond du plateau, à côté de distributeurs de boissons dont Claudius fait grand usage. Le personnage-clé de ce Hamlet, c'est lui. Vincent Macaigne aime l'idée qu'il a peut-être eu de bonnes raisons de tuer son frère, le père d'Hamlet. "Vous ne pouvez pas savoir ce que ça fait", dit Claudius, qui court comme un dératé à la recherche de sa "coupable innocence".

Tout est là : Au moins j'aurai laissé un beau cadavre ne cesse de parcourir le champ d'une idée : comment se tarit l'innocence, que ce soit celle de Claudius, d'Hamlet ou d'Ophélie. Eh bien, elle se tarit dans le sang et les larmes, qui prennent dans le spectacle la forme exacerbée de la provocation. Au fond, Vincent Macaigne ne réécrit pas Hamlet. Il dialogue avec la pièce, lui fait sortir ce qu'elle a dans les tripes, de son point de vue, aujourd'hui. C'est souvent très drôle, surtout dans la première partie, qui fait éclater de rire le public. Dans la seconde, une mélancolie profonde prend le dessus, sur le mode : "Il ne faut pas en vouloir à quelqu'un qui est né, et qui a raté." Ecrite en néons placés tout au sommet du décor, une phrase le dit autrement : "Il n'y aura pas de miracles, ici", en pointant une flèche sur le plateau.

Mais de la vie, oui, il y en a. Et beaucoup même, jusqu'à l'outrance. Ça castagne dans tous les sens, à grands jets de fumigènes, d'insultes, de gags à la noix de coco. Bref, c'est un "grand bordel", pas toujours maîtrisé, parfois longuet, et troué de moments incandescents, comme la scène où des comédiens jouent devant la cour une comédie racontant l'histoire du meurtre du père d'Hamlet. Mais à la fin, un grand silence se fait : le public, sonné, part dans la nuit d'Avignon, en se disant qu'au moins, là, il a vécu quelque chose.

http://www.lemonde.fr/ete/article/2011/07/13/vincent-macaigne-laisse-un-beau-cadavre-a-avignon_1548296_1383719.html

Si vous en connaissez d'autres, n'hésitez pas.

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Je propose de répertorier ici ces drôleries qu'on trouve de temps en temps dans les journaux, à commencer par celle-ci :

http://www.lemonde.fr/ete/article/2011/07/13/vincent-macaigne-laisse-un-beau-cadavre-a-avignon_1548296_1383719.html

Si vous en connaissez d'autres, n'hésitez pas.

Que ce soit financé par l'État, ça me gêne. Mais quand je lis cet article, bigre j'ai très envie de voir cette pièce.

Le théâtre n'a que peu de choses à défendre par rapport au cinéma, et parmi elles il y a le coté vivant du truc, et l’interaction avec le public. Dans cette mesure, ce metteur en scène est complètement dans l'exercice de son art.

AMHA.

PS. Et puis rien que cette image, ça donne envie:

1548168_3_827a_laure-calamy-dans-la-piece-de-vincent-macaigne.jpg

Mais là ça doit être mon coté psychopathe qui ressort ;)

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Je propose de répertorier ici ces drôleries qu'on trouve de temps en temps dans les journaux, à commencer par celle-ci :

http://www.lemonde.f…96_1383719.html

Si vous en connaissez d'autres, n'hésitez pas.

content que nos impôts soient utilisés pour des trucs indispensables ! ces gens là seront certainement très surpris quand les robinets vont se fermer :devil:

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content que nos impôts soient utilisés pour des trucs indispensables ! ces gens là seront certainement très surpris quand les robinets vont se fermer :devil:

Je doute fortement que le festival d'avignon arrête d'être subventionné.

Même si on interdisait les subventions publiques, suis sûr qu'il y aurait des subventions privés pour reprendre.

Je me trompe peut-être, mais le festival d'avignon c'est devenu une marque reconnue pour la ville et le tourisme en profite.

A partir de là, je suis sur que cela continuera et je m'en fait pas pour ces "artistes".

(Bien sûr, je préfèrerais de loin que ce soit que ceux qui en profitent que financent cela)

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Je doute fortement que le festival d'avignon arrête d'être subventionné.

Même si on interdisait les subventions publiques, suis sûr qu'il y aurait des subventions privés pour reprendre.

Je me trompe peut-être, mais le festival d'avignon c'est devenu une marque reconnue pour la ville et le tourisme en profite.

A partir de là, je suis sur que cela continuera et je m'en fait pas pour ces "artistes".

(Bien sûr, je préfèrerais de loin que ce soit que ceux qui en profitent que financent cela)

Lorsque la crise survient vraiment, les gens pensent d'abord à bouffer et pas faire le guignol sur les planches.

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Lorsque la crise survient vraiment, les gens pensent d'abord à bouffer et pas faire le guignol sur les planches.

Il reste toujours quelques riches pour faire du mécénat et quelques troupes pour jouer pour rien (avec quelques lancers de pièces). Maintenant certes beaucoup iront voir ailleurs, mais ce n'est pas plus mal pour le théâtre et l'art en général si seuls les meilleurs restent.

Historiquement les gens de théatre sont des crèves la faim, réprouvés et de mauvaise vie. Ça n'a pas empêché Sheakespeare ou Molière de créer des chefs d’œuvres que les artistes subventionnés sont pour la plupart incapables de rattraper.

Comme je le disais dans un autre fil, ceux qui souffriront le plus d'une crise seront moins les artistes que tous les autres parasites du spectacle (employés de mairie chargés à la culture, fonctionnaires d’entretien des théâtres et organisateurs régionaux, festivaliers, etc). Les artistes sont pour beaucoup déjà préparés à changer de boulot et l'ont déjà fait plusieurs fois.

Sinon, en ce qui concerne cette pièce, c'est peut être une daube mais faudrait quand même la voir avant de l'affirmer. C'est pas parce qu'on voit un mec à poil et du sang partout que c'est forcément à chier (ça en a seulement l'air…)

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Sinon, en ce qui concerne cette pièce, c'est peut être une daube mais faudrait quand même la voir avant de l'affirmer. C'est pas parce qu'on voit un mec à poil et du sang partout que c'est forcément à chier (ça en a seulement l'air…)

J'ai appris assez vite à noter la chose suivante : lorsque le "spectacle" inclut un moment où des acteurs sont à poil, très généralement, c'est de la merde. C'est devenu une constante de l'art sursubventionné comptant pour rien : dès que les zartistes le peuvent, ils se foutent à poil pour mieux s'exprimer et montrer leur zboub ou leur foufoune parce que c'est de l'art tu comprends.

Evidemment, ça ne veut pas dire que tous les trucs avec du nu sont nuls, mais les coïncidences se répètent extraordinairement, disons.

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Même si on interdisait les subventions publiques, suis sûr qu'il y aurait des subventions privés pour reprendre.

Et ce serait une excellente chose.

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Comme je le disais dans un autre fil, ceux qui souffriront le plus d'une crise seront moins les artistes que tous les autres parasites du spectacle (employés de mairie chargés à la culture, fonctionnaires d’entretien des théâtres et organisateurs régionaux, festivaliers, etc). Les artistes sont pour beaucoup déjà préparés à changer de boulot et l'ont déjà fait plusieurs fois.

Absolument.

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Prenez garde à ne pas critiquer ces quelques "modeleurs de vide" de "l'art contemporain", ils sont particulièrement intolérants, bien que leur travail soit tout à fait médiocre.

Ils doivent aimer ne penser à rien tout en croyant réfléchir.

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Prenez garde à ne pas critiquer ces "modeleurs de vide", ils sont particulièrement intolérants, bien que leur travail soit tout à fait inutile.

Ils doivent aimer ne penser à rien tout en croyant réfléchir.

1: Un travail inutile est un travail pour lequel personne ne veut payer or les gens sont encore foutus de raquer deux fois pour leur place de théâtre. Première fois via les impôts, deuxième fois dans le billet.

2: J'ai une connaissance poussée de ce milieu et ta description me parait on ne peut moins charitable. Laisses moi deviner, ta belle mère est directrice de casting?

3: Tu ne viens pas vraiment de dire que Hamlet c'est du vide? Rassures moi. :mrgreen:

4: Si tu ne parles que de la presse critique théâtrale franchouille, toutes mes excuses. Dans ce cas tout est vrai.

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Comme je le disais dans un autre fil, ceux qui souffriront le plus d'une crise seront moins les artistes que tous les autres parasites du spectacle (employés de mairie chargés à la culture, fonctionnaires d’entretien des théâtres et organisateurs régionaux, festivaliers, etc). Les artistes sont pour beaucoup déjà préparés à changer de boulot et l'ont déjà fait plusieurs fois.

+1 ;

Un truc très amusant, c'est les intermittents du spectacle. En pratique, il y a deux catégories d'intermittents :

- les accessoiristes, je veux dire par là, tous ceux qui ont un métier techniques (décors, caméra, son, costumes). Eux en vivent très bien ;

- les artistes, eux en sont souvent réduit à payer les metteurs en scènes pour avoir leurs heures qui leur donnent droit aux assedics.

Sur le festival d’Avignon, si le In est subventionné, ce n'est pas le cas du off. Et beaucoup de troupes louent - très cher - des "salles" de la taille parfois d'un grand garage pour montrer leur pièce

De façon générale, il ne faut pas jeter l'art avec les subventions.

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1: Un travail inutile est un travail pour lequel personne ne veut payer or les gens sont encore foutus de raquer deux fois pour leur place de théâtre. Première fois via les impôts, deuxième fois dans le billet.

2: J'ai une connaissance poussée de ce milieu et ta description me parait on ne peut moins charitable. Laisses moi deviner, ta belle mère est directrice de casting?

3: Tu ne viens pas vraiment de dire que Hamlet c'est du vide? Rassures moi. :mrgreen:

4: Si tu ne parles que de la presse critique théâtrale franchouille, toutes mes excuses. Dans ce cas tout est vrai.

Propos rectifiés

  • 2 weeks later...
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Festival d'Avignon : des catholiques abjurent la pièce "Le visage du fils de Dieu"

Après "Piss Christ", la Fraternité sacerdotale Saint Pie X s'en prend à la pièce de Roméo Castellucci.

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C'est hier le jour de la dernière représentation de Sur le concept du visage du fils de Dieu (qui en compte six) que la Fraternité sacerdotale Saint Pie X s'est "réveillée" en diffusant un communiqué qualifiant cette pièce de "blasphématoire".

Cette communauté catholique proche de Monseigneur Lefèvre n'en est pas à son premier coup d'éclat sur Avignon. En avril dernier, elle avait créé la polémique sur l'oeuvre d'Andres Serrano, Piss Christ. Là aussi, les apôtres de l'abbé Régis de Cacqueray, supérieur du district de France de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, s'étaient outrés un mois avant la fin de l'exposition qui se tenait à la Collection Lambert.

L'objet de la colère de l'abbé de Cacqueray: "une bande d'enfants lançant des grenades sur un grand portrait de Jésus Christ". Et l'abbé renchérit: "Ce grand visage est lacéré par des effets techniques qui font dégouliner de ces déchirures une couleur évoquant plus les matières fécales que le sang". Pour autant, l'abbé de Cacqueray ne semble pas avoir vu la pièce qu'il intitule "Opéra-Théâtre" alors que c'est le lieu où elle était joué et il se réfère au propos d'un journaliste pour voir dans le travail de l'artiste "une provocation blasphématrice".

"Par le fallacieux argument de la liberté artistique, on veut tout simplement banaliser l'insulte faite à Notre Seigneur", ajoute l'abbé.

"Un regard bienveillant"

Un avis loin d'être partagé par la très grande majorité des critiques plutôt élogieuses à l'égard du travail de l'artiste. Le débat qui s'est tenu hier sur le thème "Foi et Culture" et auquel participait le metteur en scène de la pièce, Roméo Castellucci, n'a pas non plus soulevé cette polémique. "C'était un débat merveilleux d'attention au visage du Christ. Je n'ai rien vu de blasphématoire dans cette pièce qui porte un regard bienveillant sur une belle image du Christ", affirme le père Chave, organisateur du débat.

Quant la scène des enfants jetant des jouets en forme de grenades sur l'image du Christ, l'artiste s'explique : "Lorsque les grenades heurtent le tableau, elles imitent dans un premier temps le bruit d'une explosion qui, au fur et à mesure, se transforme progressivement en une musique religieuse de l'an mille. Ce geste et sa signification peuvent être mis en relation avec la tradition évangélique des gestes de la Passion. Il n'est pas dans mon intention de désacraliser le visage de Jésus, bien au contraire: pour moi, il s'agit d'une forme de prière qui se fait à travers l'innocence d'un geste d'enfant… Ces gestes d'une apparente violence sont à interpréter comme une prière de Dieu, de l'Homme, une prière du rapport asymétrique entre l'Homme et Dieu".

Pour Roméo Castellucci, point de blasphème: "Les signes religieux présents dans Sur le concept du visage du fils de Dieu cachent des considérations plus profondes, relatives à la condition de l'Homme, l'Homme qui porte le Christ. Pas de polémique, pas de blasphème, pas de raccourci de pensée ni de caricature idiote : ce que je fais requiert une lecture patiente, du temps et de la réflexion. Ce que je fais est un appel à l'intelligence et à la sensibilité de chacun des spectateurs".

http://www.laprovence.com/article/a-la-une/festival-davignon-des-catholiques-abjurent-la-piece-le-visage-du-fils-de-dieu

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Pour le coup Castellucci je connais. Ses pièces sont d'une grande profondeur de sens et multiplient les grilles de lectures. Étant un grand admirateur de son esthétique, je le place certainement dans les "perles" de l'art subventionné, mais dans le bon sens.

C'est vrai qu'il a parfois tendance à jouer sur une certaine crudité quand il traite certains sujets comme la vieillesse, la mort, la maladie, la sexualité, la violence, en faisant fréquemment intervenir des références religieuses, ce qui peut donner lieu à des superpositions d'images assez gênantes, voire parfois insoutenables.

Cela dit je n'ai jamais perçu d'intention blasphématoire contrairement à d'autres travaux nettement plus "softs" et en même temps brutalement irrévérencieux.

Enfin moi je recommande ses spectacles. Je ne m'y suis jamais emmerdé.

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Ils ont voulu faire un remake de the descent avec de l'argent public ?

thedescent_00.jpg

Pas assez de messages pour que l'image s'affiche^^…

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