Johnnieboy Posté 5 février 2010 Signaler Posté 5 février 2010 oui, mais à titre personnel tout dépend également de l'âge. J'ai hâte par exemple d'avoir la quarantaine et de relire les livres Nietzsche, car avec une expérience solide, ses livres doivent dégager une saveur considérable. What ?
jabial Posté 5 février 2010 Signaler Posté 5 février 2010 Beau lchevique (et l'auteur et l'interprète) :
Esperluette Posté 12 février 2010 Signaler Posté 12 février 2010 Nous avons beau nous moquer des miracles tant que nous sommes en bonne santé, en pleine force et en pleine prospérité, en fait, dès que la vie se grippe, dès que quelque chose l'écrase et qu'il ne reste plus que le miracle pour nous sauver - eh bien ce miracle unique, exceptionnel, nous y croyons ! […] Qui d'entre nous, depuis l'enfance, n'a frissonné au contact du Mystérieux ? Au contact de cette paroi impénétrable mais flexible, au travers de laquelle, à chaque instant, peut apparaître l'épaule ou la hanche d'un visiteur inconnu ? Et alors dans notre vie quotidienne, publique, rationnelle, où il n'y a pas de place pour le mystérieux, cette présence tout à coup, jaillit pour nous : c'est moi, ne m'oublie pas ! Soljenitsine, le Pavillon des Cancéreux, ch. XI
Nono Posté 12 février 2010 Signaler Posté 12 février 2010 Beau lchevique (et l'auteur et l'interprète) : +1 Tous les poèmes d'Aragon chantés par Ferrat sont merveilleux. La preuve que la langue française est une belle langue et la prose un art sympathique. Celui-ci mérite d'être cité :
Ventura Posté 7 août 2011 Signaler Posté 7 août 2011 Un des plus beaux texte que j'aie jamais lu, qu'on pourrait rebaptiser 'Critique de l'Ordre Bourgeois Pur' ( ) L'imagination humaine peut concevoir, sans trop de peine, des républiques ou autres États communautaires, dignes de quelque gloire, s'ils sont dirigés par des hommes sacrés, par de certains aristocrates. Mais ce n'est pas particulièrement par des institutions politiques que se manifestera la ruine universelle, ou le progrès universel; car peu m'importe le nom. Ce sera par l'avilissement des cœurs. Ai-je besoin de dire que le peu qui restera de politique se débattra péniblement dans les étreintes de l'animalité générale, et que les gouvernants seront forcés, pour se maintenir et pour créer un fantôme d'ordre, de recourir â des moyens qui feraient frissonner notre humanité actuelle, pourtant si endurcie? — Alors, le fils fuira la famille, non pas à dix-huit ans, mais à douze, émancipé par sa précocité gloutonne ; il la fuira, non pas pour chercher des aventures héroïques, non pas pour délivrer une beauté prisonnière dans une tour, non pas pour immortaliser un galetas par de sublimes pensées, mais pour fonder un commerce, pour s'enrichir, et pour faire concurrence à son infâme papa, fondateur et actionnaire d'un journal qui répandra les lumières et qui ferait considérer le Siècle d'alors comme un suppôt de la superstition. — Alors, les errantes, les déclassées, celles qui ont eu quelques amants et qu'on appelle parfois des Anges, en raison et en remerciement de l'étourderie qui brille, lumière de hasard, dans leur existence logique comme le mal, — alors celles-là, dis-je, ne seront plus qu'impitoyable sagesse, sagesse qui condamnera tout, fors l'argent, tout, même les erreurs des sens! Alors, ce qui ressemblera à la vertu, que dis-je, tout ce qui ne sera pas l'ardeur vers Plutus sera réputé un immense ridicule. La justice, si, à cette époque fortunée, il peut encore exister une justice, fera interdire les citoyens qui ne sauront pas faire fortune. Ton épouse, ô Bourgeois! ta chaste moitié, dont la légitimité fait pour toi la poésie, introduisant désormais dans la légalité une infamie irréprochable, gardienne vigilante et amoureuse de ton coffre-fort, ne sera plus que l'idéal parfait de la femme entretenue. Ta fille, avec une nubilité enfantine, rêvera, dans son berceau, qu'elle se vend un million, et toi-même, ô Bourgeois, — moins poète encore que tu n'es aujourd'hui, — tu n'y trouveras rien à redire; tu ne regretteras rien. Car il y a des choses, dans l'homme, qui se fortifient et prospèrent à mesure que d'autres se délicatisent et s'amoindrissent; et, grâce au progrès de ces temps, il ne te restera de tes entrailles que des viscères! — Ces temps sont peut-être bien proches; qui sait même s'ils ne sont pas venus, et si l'épaississement de notre nature n'est pas le seul obstacle qui nous empêche d'apprécier le milieu dans lequel nous respirons? Si vous êtes sages, la prochaine fois je vous gratifierai d'un épilogue de roman de Houellebecq
M. Dead Posté 7 août 2011 Signaler Posté 7 août 2011 Ne vous fiez pas au catastrophisme réactionnaire de cet instantané. La plume y est belle et acerbe. Les derniers jours du mondeC'est quand, chaque matin, tu te lèves en pensant que cela va forcément être encore pire que la veille. Une grande fuite en avant. Pas encore une chute, mais cette frénésie compulsive de ceux qui sentent confusément que le temps leur est compté. Une forme de catastrophisme ambiant en toile de fond de la banalité du quotidien. Tout se casse la gueule, mais ce matin, encore, j'aurais le droit à ma tasse de café. Que je me jette à la gueule en galopant comme le hamster dans sa roue, ou que je prends le temps de savourer, posément, consciemment, avec l'infinie volupté que l'on accorde qu'aux moments les plus rares. J'ai grandi dans un autre monde. Un monde d'espoir où chaque matin se levait sur la marche triomphante du progrès, sur la foi que nous construisions tous des lendemains qui chantent, sur la tranquille conviction que nous vivions déjà mieux que nos parents et que nous œuvrions à encore améliorer la situation pour la génération suivante, celle de nos futurs enfants, pas encore conçus, à peine pensés, mais déjà emportés dans l'inexorable et sublime saga de l'espèce. C'était dans l'ordre des choses. Les aînés bétonnaient les fondations de notre civilisation, puis nous hissaient sur leurs épaules pour que nous puissions voir plus loin, penser plus haut, donnant notre part au grand œuvre collectif, avant de nous-mêmes servir de marchepied à nos enfants. Le passage du flambeau. Le cycle de la vie. L'épopée humaine. Le dépassement de soi dans la projection continue vers un monde meilleur. Forcément meilleur. Et puis, on ne sait pas trop ce qui s'est passé. À moment donné, c'est un peu comme si quelques-uns avaient fini par penser qu'ils étaient le summum de l'évolution humaine, qu'il n'y avait plus rien à ajouter, plus rien à inventer, plus rien à construire, plus de relais à passer. Les gars ont marché sur la gueule de leurs parents et ont commencé à distribuer de grands coups de pompes dans tous les sens pour empêcher leurs gosses de prendre leur place sur la grande pyramide des âges. Un peu comme si le pacte tacite entre les générations qui se succèdent avait brusquement été rompu, comme si, brusquement, les bâtisseurs étaient morts, dévorés de l'intérieur par une bande de charognards. Une génération entière de jouisseurs égoïstes et assez monstrueux qui ce seraient dit : après moi, la fin du monde !. Depuis, c'est juste un grand bond en arrière continu et inexorable. Bien sûr, une civilisation s'écroule rarement en deux jours, dans un grand craquement sinistre. Non, non. Ça se casse la gueule tout doucement, comme une grande bâtisse vide laissée à l'abandon. Des gosses commencent à péter les vitres, pour le fun, en jetant des pierres, il y a des squatteurs, des rats, des bestiaux, des courts-circuits, des fuites d'eau, des morceaux de caillasses que les éléments arrachent au corps du bâtiment, petit à petit, des accidents, des orages, le temps qui passent et qui abîme tout. Je ne sais vraiment pas à quel moment on a réellement abandonné l'idée de progrès de société. Jusque là, il y avait des chiffres, en amélioration constante : plus d'éducation, plus de santé, plus de prospérité, plus de confort, de culture, de loisirs, de meilleures habitations, des moyens de transport plus performants… c'était le règne de Monsieur Plus. C'était comme un élan formidable qui nous portait tous vers l'avant. Et puis, à moment donné, ça n'a plus été possible. Plus de moyens, plus d'argent. Nous étions de plus en plus riches, mais si comme si nous étions arrivés à un palier indépassable : la fin des possibles, du progrès qui ne vaut que s'il est partagé par tous, des lendemains qui chantent. Et nous nous sommes résignés. Ben voilà, le bal est fini, les gars, maintenant, il faut payer les violons. Sauf que les danseurs se sont tirés avec la caisse et que ce sont les larbins qui doivent régler l'addition. Et nous nous sommes résignés ! Fatalitas ! Moins de tout. Moins de santé, moins de salaires, moins de retraites, moins d'éducation, moins de chauffage, moins de transport, moins de loisirs, moins de bouffe, moins de logements, moins de tout. Et de moins en moins, comme une spirale infernale, un maelström maudit qui aspire nos plus belles espérances, réduit à néant l'œuvre patiente de nos ancêtres. Et nous nous sommes résignés ! Le spectre de la famine traîne ses hideux haillons jusqu'au cœur des nations les plus riches, les plus avancées. L'eau devient une ressource rare et précieuse. La colère des peuples gronde, mais bientôt éclipsée par les grondements inaudibles et terribles du feu nucléaire qui joue aux dés avec le génome de nos enfants. La chronique du monde qui finit traverse les lucarnes aveugles de nos derniers jouets high-tech et peint nos visages hagards et vides de la lueur livide de leurs écrans plats. Nous regardons les hommes tomber avec une fascination morbide et malsaine avant de noyer notre vacuité dans la course au dernier leurre technologique, celui qui ne sert pas vraiment à quelque chose, qui n'améliore pas grand-chose, mais qui nous donne l'illusion, un bref instant, d'être encore dans la course vers un futur triomphant. Nous n'y croyons plus, mais nous faisons encore semblant. Peut-être n'avons-nous pas encore avalé assez de couleuvres. Peut-être n'avons-nous pas encore pris la mesure de l'ampleur des dégâts. Peut-être sommes-nous juste trop lâches. Ou peut-être préférons-nous juste nous enivrer de festivités féroces et absurdes, de bacchanales impudiques et d'orgies indécentes, parce que nous sommes résignés et que nous voulons juste encore un tour de danse pendant les derniers jours du monde. Agnès Maillard pour Le Monolecte : http://blog.monolecte.fr/post/2011/04/12/Les-derniers-jours-du-monde
Ventura Posté 7 août 2011 Signaler Posté 7 août 2011 Désolé, mais c'est pas très bien écrit ( ) … mais on comprend bien où l'auteur veut en venir.
Fenster Posté 7 août 2011 Signaler Posté 7 août 2011 "For me, I estimate their works and themSo rightly, that at times I almost dream I too have spent a life the sages' way. And tread once more familiar paths. Perchance I perished in an arrogant self-reliance Ages ago; and in that act, a prayer For one more chance went up so earnest, so Instinct with better light led in by death, That life was blotted out--not so completely But scattered wrecks enough of it remain, Dim memories, as now, when once more seems The goal in sight again. All which, indeed, Is foolish, and only means--the flesh I wear, The earth I tread, are not more clear to me Than my belief, explained to you or no." Robert Browning, Paracelsus
M. Dead Posté 7 août 2011 Signaler Posté 7 août 2011 Désolé, mais c'est pas très bien écrit ( ) … mais on comprend bien où l'auteur veut en venir. C'est sûr que par rapport à Baudelaire. ( )
Domi Posté 8 août 2011 Signaler Posté 8 août 2011 J'espère que je ne serai pas le seul à être littéralement en extase devant cette interprétation du "crapaud" de Victor Hugo par Marie Marquet. Malheureusement, l'enregistrement (image et son est de piètre qualité et on ne comprend pas tout. Pour les passages plus difficiles on pourra se référer au texte du poème. En tout cas, ces défauts n'ont pas diminué mon émotion lorsque je vis cet enregistrement la première fois. [dailymotion]xk4z8_victor-hugo-le-crapaud_news[/dailymotion]
Domi Posté 23 août 2011 Signaler Posté 23 août 2011 Deux poèmes de Baudelaire mis en musique par Léo ferré en 1967 : La servante au grand coeur : WVSPDyS1GW0 et Recueillement : http://www.wat.tv/video/baudelaire-leo-ferre-recueillement-y3jy_2fgqp_.html
L.F. Posté 23 août 2011 Signaler Posté 23 août 2011 Ah, chouette, la remontée annuelle du fil prétentieux. Alors moi je paie avec Elle est si minuscule. Elle est si minuscule… La vie qui passe au cœur des hommes et qui s’enfuit, Comme sur l’onde amère où l’écume s’estompe, Le vieux marin trop ivre face au ciel à minuit, Secoue sa nouille au vent en gerbant sur ses pompes. Et je relance d'une cloche fêlée, dont la construction est, comment dire, sans faille ? II est amer et doux, pendant les nuits d'hiver, D'écouter, près du feu qui palpite et qui fume, Les souvenirs lointains lentement s'élever Au bruit des carillons qui chantent dans la brume. Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante, Jette fidèlement son cri religieux, Ainsi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente! Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits, II arrive souvent que sa voix affaiblie Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts. Mais, franchement, tout ça ne vaut pas le réquisitoire de Desproges contre Gérard Vié.
Domi Posté 27 décembre 2011 Signaler Posté 27 décembre 2011 [dailymotion]video/xcmk3v_christine-sevres-robert-le-diable_music[/dailymotion] [dailymotion]video/x3msa3_ferrat-aragon-j-arrive-ou-je-suis-e_music[/dailymotion]
justt Posté 29 décembre 2011 Signaler Posté 29 décembre 2011 Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! Un arbre, par-dessus le toit, Berce sa palme. La cloche, dans le ciel qu'on voit, Doucement tinte. Un oiseau sur l'arbre qu'on voit Chante sa plainte. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Vient de la ville. --Qu'as-tu fait, ô toi que voilà Pleurant sans cesse, Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ? Paul VERLAINE, Sagesse (1881)
F. mas Posté 29 décembre 2011 Signaler Posté 29 décembre 2011 Johnnyboy va pouvoir me traiter de romantique honteux :
Domi Posté 30 décembre 2011 Signaler Posté 30 décembre 2011 C'est un complot ? Une conjuration ? Une cabale contre le beau ? Ce n'est pas le concours du film le plus bavard, bon sang ! Nous sommes ici pour nous élever l'esprit. Pour consoler les amateurs de poésie du guet-apens que chitah lui a tendu et des coups de poignard que Lucilio lui a portés deux minutes cinquante de pure émotion poétique sont nécessaires : BTbxKR3dukE Sinon, beau numéro d'acteur de De Vitto mais la scène me parait assez caractéristique d'un goût du cinéma américain pour l'affrontement verbal comme pour la violence physique, que j'apprécie très modérément.
José Posté 30 décembre 2011 Signaler Posté 30 décembre 2011 Mieleni minun tekevi, aivoni ajattelevi lähteäni laulamahan, saa'ani sanelemahan, sukuvirttä suoltamahan, lajivirttä laulamahan. Sanat suussani sulavat, puhe'et putoelevat, kielelleni kerkiävät, hampahilleni hajoovat. Veli kulta, veikkoseni, kaunis kasvinkumppalini! Lähe nyt kanssa laulamahan, saa kera sanelemahan yhtehen yhyttyämme, kahta'alta käytyämme! Harvoin yhtehen yhymme, saamme toinen toisihimme näillä raukoilla rajoilla, poloisilla Pohjan mailla. Lyökämme käsi kätehen, sormet sormien lomahan, lauloaksemme hyviä, parahia pannaksemme, kuulla noien kultaisien, tietä mielitehtoisien, nuorisossa nousevassa, kansassa kasuavassa: noita saamia sanoja, virsiä virittämiä vyöltä vanhan Väinämöisen, alta ahjon Ilmarisen, päästä kalvan Kaukomielen, Joukahaisen jousen tiestä, Pohjan peltojen periltä, Kalevalan kankahilta. Niit' ennen isoni lauloi kirvesvartta vuollessansa; niitä äitini opetti väätessänsä värttinätä, minun lasna lattialla eessä polven pyöriessä, maitopartana pahaisna, piimäsuuna pikkaraisna. Sampo ei puuttunut sanoja eikä Louhi luottehia: vanheni sanoihin sampo, katoi Louhi luottehisin, virsihin Vipunen kuoli, Lemminkäinen leikkilöihin. Viel' on muitaki sanoja, ongelmoita oppimia: tieohesta tempomia, kanervoista katkomia, risukoista riipomia, vesoista vetelemiä, päästä heinän hieromia, raitiolta ratkomia, paimenessa käyessäni, lasna karjanlaitumilla, metisillä mättähillä, kultaisilla kunnahilla, mustan Muurikin jälessä, Kimmon kirjavan keralla. Vilu mulle virttä virkkoi, sae saatteli runoja. Virttä toista tuulet toivat, meren aaltoset ajoivat. Linnut liitteli sanoja, puien latvat lausehia. Ne minä kerälle käärin, sovittelin sommelolle. Kerän pistin kelkkahani, sommelon rekoseheni; ve'in kelkalla kotihin, rekosella riihen luoksi; panin aitan parven päähän vaskisehen vakkasehen. Viikon on virteni vilussa, kauan kaihossa sijaisnut. Veänkö vilusta virret, lapan laulut pakkasesta, tuon tupahan vakkaseni, rasian rahin nenähän, alle kuulun kurkihirren, alle kaunihin katoksen, aukaisen sanaisen arkun, virsilippahan viritän, kerittelen pään kerältä, suorin solmun sommelolta? Niin laulan hyvänki virren, kaunihinki kalkuttelen ruoalta rukihiselta, oluelta ohraiselta. Kun ei tuotane olutta, tarittane taarivettä, laulan suulta laihemmalta, vetoselta vierettelen tämän iltamme iloksi, päivän kuulun kunniaksi, vaiko huomenen huviksi, uuen aamun alkeheksi. Noin kuulin saneltavaksi, tiesin virttä tehtäväksi: yksin meillä yöt tulevat, yksin päivät valkeavat; yksin syntyi Väinämöinen, ilmestyi ikirunoja kapehesta kantajasta, Ilmattaresta emosta. Olipa impi, ilman tyttö, kave luonnotar korea. Piti viikoista pyhyyttä, iän kaiken impeyttä ilman pitkillä pihoilla, tasaisilla tanterilla. Ikävystyi aikojansa, ouostui elämätänsä, aina yksin ollessansa, impenä eläessänsä ilman pitkillä pihoilla, avaroilla autioilla. Jop' on astuiksen alemma, laskeusi lainehille, meren selvälle selälle, ulapalle aukealle. Tuli suuri tuulen puuska, iästä vihainen ilma; meren kuohuille kohotti, lainehille laikahutti. Tuuli neittä tuuitteli, aalto impeä ajeli ympäri selän sinisen, lakkipäien lainehien: tuuli tuuli kohtuiseksi, meri paksuksi panevi. Kantoi kohtua kovoa, vatsantäyttä vaikeata vuotta seitsemän satoa, yheksän yrön ikeä; eikä synny syntyminen, luovu luomatoin sikiö. Vieri impi veen emona. Uipi iät, uipi lännet, uipi luotehet, etelät, uipi kaikki ilman rannat tuskissa tulisen synnyn, vatsanvaivoissa kovissa; eikä synny syntyminen, luovu luomatoin sikiö. Itkeä hyryttelevi; sanan virkkoi, noin nimesi: "Voi poloinen, päiviäni, lapsi kurja, kulkuani! Jo olen joutunut johonki: iäkseni ilman alle, tuulen tuuiteltavaksi, aaltojen ajeltavaksi näillä väljillä vesillä, lake'illa lainehilla! "Parempi olisi ollut ilman impenä eleä, kuin on nyt tätä nykyä vierähellä veen emona: vilu tääll' on ollakseni, vaiva värjätelläkseni, aalloissa asuakseni, veessä vierielläkseni. "Oi Ukko, ylijumala, ilman kaiken kannattaja! Tule tänne tarvittaissa, käy tänne kutsuttaessa! Päästä piika pintehestä, vaimo vatsanvääntehestä! Käy pian, välehen jou'u, välehemmin tarvitahan!" Kului aikoa vähäisen, pirahteli pikkaraisen. Tuli sotka, suora lintu; lenteä lekuttelevi etsien pesän sijoa, asuinmaata arvaellen. Lenti iät, lenti lännet, lenti luotehet, etelät. Ei löyä tiloa tuota, paikkoa pahintakana, kuhun laatisi pesänsä, ottaisi olosijansa. Liitelevi, laatelevi; arvelee, ajattelevi: "Teenkö tuulehen tupani, aalloillen asuinsijani? Tuuli kaatavi tupasen, aalto vie asuinsijani." Niin silloin ve'en emonen, veen emonen, ilman impi, nosti polvea merestä, lapaluuta lainehesta sotkalle pesän sijaksi, asuinmaaksi armahaksi. Tuo sotka, sorea lintu, liiteleikse, laateleikse. Keksi polven veen emosen sinerväisellä selällä; luuli heinämättähäksi, tuoreheksi turpeheksi. Lentelevi, liitelevi, päähän polven laskeuvi. Siihen laativi pesänsä, muni kultaiset munansa: kuusi kultaista munoa, rautamunan seitsemännen. Alkoi hautoa munia, päätä polven lämmitellä. Hautoi päivän, hautoi toisen, hautoi kohta kolmannenki. Jopa tuosta veen emonen, veen emonen, ilman impi, tuntevi tulistuvaksi, hipiänsä hiiltyväksi; luuli polvensa palavan, kaikki suonensa sulavan. Vavahutti polveansa, järkytti jäseniänsä: munat vierähti vetehen, meren aaltohon ajaikse; karskahti munat muruiksi, katkieli kappaleiksi. Ei munat mutahan joua, siepalehet veen sekahan. Muuttuivat murut hyviksi, kappalehet kaunoisiksi: munasen alainen puoli alaiseksi maaemäksi, munasen yläinen puoli yläiseksi taivahaksi; yläpuoli ruskeaista päivöseksi paistamahan, yläpuoli valkeaista, se kuuksi kumottamahan; mi munassa kirjavaista, ne tähiksi taivahalle, mi munassa mustukaista, nepä ilman pilvilöiksi. Ajat eellehen menevät, vuoet tuota tuonnemmaksi uuen päivän paistaessa, uuen kuun kumottaessa. Aina uipi veen emonen, veen emonen, ilman impi, noilla vienoilla vesillä, utuisilla lainehilla, eessänsä vesi vetelä, takanansa taivas selvä. Jo vuonna yheksäntenä, kymmenentenä kesänä nosti päätänsä merestä, kohottavi kokkoansa. Alkoi luoa luomiansa, saautella saamiansa selvällä meren selällä, ulapalla aukealla. Kussa kättä käännähytti, siihen niemet siivoeli; kussa pohjasi jalalla, kalahauat kaivaeli; kussa ilman kuplistihe, siihen syöverit syventi. Kylin maahan kääntelihe: siihen sai sileät rannat; jaloin maahan kääntelihe: siihen loi lohiapajat; pä'in päätyi maata vasten: siihen laitteli lahelmat. Ui siitä ulomma maasta, seisattelihe selälle: luopi luotoja merehen, kasvatti salakaria laivan laskemasijaksi, merimiesten pään menoksi. Jo oli saaret siivottuna, luotu luotoset merehen, ilman pielet pistettynä, maat ja manteret sanottu, kirjattu kivihin kirjat, veetty viivat kallioihin. Viel' ei synny Väinämöinen, ilmau ikirunoja. Vaka vanha Väinämöinen kulki äitinsä kohussa kolmekymmentä keseä, yhen verran talviaki, noilla vienoilla vesillä, utuisilla lainehilla. Arvelee, ajattelevi, miten olla, kuin eleä pimeässä piilossansa, asunnossa ahtahassa, kuss' ei konsa kuuta nähnyt eikä päiveä havainnut. Sanovi sanalla tuolla, lausui tuolla lausehella: "Kuu, keritä, päivyt, päästä, otava, yhä opeta miestä ouoilta ovilta, veräjiltä vierahilta, näiltä pieniltä pesiltä, asunnoilta ahtahilta! Saata maalle matkamiestä, ilmoillen inehmon lasta, kuuta taivon katsomahan, päiveä ihoamahan, otavaista oppimahan, tähtiä tähyämähän!" Kun ei kuu kerittänynnä eikä päivyt päästänynnä, ouosteli aikojansa, tuskastui elämätänsä: liikahutti linnan portin sormella nimettömällä, lukon luisen luikahutti vasemmalla varpahalla; tuli kynsin kynnykseltä, polvin porstuan ovelta. Siitä suistui suin merehen, käsin kääntyi lainehesen; jääpi mies meren varahan, uros aaltojen sekahan. Virui siellä viisi vuotta, sekä viisi jotta kuusi, vuotta seitsemän, kaheksan. Seisottui selälle viimein, niemelle nimettömälle, manterelle puuttomalle. Polvin maasta ponnistihe, käsivarsin käännältihe. Nousi kuuta katsomahan, päiveä ihoamahan, otavaista oppimahan, tähtiä tähyämähän. Se oli synty Väinämöisen, rotu rohkean runojan kapehesta kantajasta, Ilmattaresta emosta
Domi Posté 30 décembre 2011 Signaler Posté 30 décembre 2011 Quand Lucilio fâché… Le Kalevala, d'Elias Lönnrot : C'est un travail exceptionnel qu'a entrepris Elias Lönnrot lorsqu'il s'est mis en tête dans le courant du XIXème siècle de sauver de l'oubli le patrimoine culturel et littéraire du peuple Finnois. Et le Kalevala et ses 22 795 vers en est l'aboutissement ! Véritable mémoire d'un peuple, cette œuvre monumentale a été recueillie auprès des obscurs conteurs et des bardes du temps jadis, entre lacs et forêts de Finlande. On y retrouve une épopée poétique sans aucun équivalent au monde : âpre et rugueuse parfois, belle et sauvage souvent, dépaysante et étrange à coup sûr pour le peuple occidental moderne que nous sommes. Et pour mieux profiter des mots anciens, tout droit sortis des longues veillées du pasé, il faut dire ces vers, les chanter ! Etant donné que la traduction française de Gabriel Rebourcet est véritablement splendide, parvenant à une richesse de vocabulaire et une musicalité rendant largement justice à la beauté du finnois, il serait bien dommage de s'en priver ! http://laurent.femen…vres/mythes.php Voici qu'un désir me saisit, L'idée m'est venue à l'espritDe commencer à réciter,De moduler des mots sacrés,D'entonner le champ de famille,Les vieux récits de notre race ;Les mots se fondent dans ma bouche,Les paroles lentement tombent,Elles s'envolent de ma langue,Se dissipent entre mes dents. Frère aimé, compagnon chéri,Beau camarade de jeunesse,Viens vite chanter avec moi,Approche-toi pour réciter,Puisque nous voici réunisProvenant de lieus différents;Rarement nous nous rencontrons,Nous nous retrouvons avec peineDans notre triste territoire,Dans nos pauvres terres du nord.Approche ta main de ma main,Glisse tes doigts entre mes doigtsPour entonner nos plus beaux chants,Pour réciter nos meilleurs contes;Nos amis prêteront l'oreille,Nos compagnons écouteront,Dans la jeunesse qui grandit,Parmi la race adolescente,Les chants reçus de nos ancêtres,Les mots tirés du ceinturonDu ferme et vieux VäinämöinenDe la forge d'Ilmarinen,Du glaive de Kaukomieli,Au fond des champs de Pohjola,Dans les landes de Kalevala.
Domi Posté 20 juillet 2012 Signaler Posté 20 juillet 2012 Un petit coucou à tous, La voix un peu stridente de Luchini n'est pas a priori de celles que j'aimerai entendre sur un poème. Et pourtant il se débrouille trés bien sur Le voyage de Baudelaire : [dailymotion]/x489cw_par-coeur-luchini-part-1-5_news?search_algo=2[/dailymotion] Faut-il rester avec Luchini ou Baudelaire ? Voici un texte de Baudelaire que je dédie à Lucilio : [dailymotion]video/xju1nh_enivrez-vous-de-baudelaire-grace-a-serge-reggiani-magistral-sommelier_webcam#[/dailymotion] Enfin Luchini interprète ici une fable de La Fontaine. zwWtyrSKci8
teabag Posté 20 juillet 2012 Signaler Posté 20 juillet 2012 Il fumait quoi Beaudelaire ? Luchini est vraiment très bon. J'ai vu son spectacle sur les textes de Murray et c'était franchement super. Pour conter Lafontaine il est très fort aussi, y'en a pas deux comme lui. Merci pour ces vid.
Bisounours Posté 20 juillet 2012 Signaler Posté 20 juillet 2012 C'est une chanson de Jean-Louis Murat qui s'intitule La Chanson de Dolorès. Il est pour moi l'un des rares artistes valables en France, et bien sûr, n'a pas beaucoup de succès. Son oeuvre peut être écoutée sur deezer avec un compte. Je vous le conseille vivement. Oh oui, j'ai quasiment tous ses disques !
Fenster Posté 20 juillet 2012 Signaler Posté 20 juillet 2012 J'ai tant rêvé de toi J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivantEt de baiser sur cette bouche la naissanceDe la voix qui m'est chère?J'ai tant rêvé de toi que mes bras habituésEn étreignant ton ombreA se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pasAu contour de ton corps, peut-être.Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hanteEt me gouverne depuis des jours et des années,Je deviendrais une ombre sans doute.O balances sentimentales.J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus tempsSans doute que je m'éveille.Je dors debout, le corps exposéA toutes les apparences de la vieEt de l'amour et toi, la seulequi compte aujourd'hui pour moi,Je pourrais moins toucher ton frontEt tes lèvres que les premières lèvreset le premier front venu.J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,Couché avec ton fantômeQu'il ne me reste plus peut-être,Et pourtant, qu'a être fantômeParmi les fantômes et plus ombreCent fois que l'ombre qui se promèneEt se promènera allègrementSur le cadran solaire de ta vie.
teabag Posté 20 juillet 2012 Signaler Posté 20 juillet 2012 Encore plus léger lwDsnxJ15dI (c'est la musique du film dont j'ai oublié le nom)
poney Posté 20 juillet 2012 Signaler Posté 20 juillet 2012 Il fumait quoi Beaudelaire ? Luchini est vraiment très bon. J'ai vu son spectacle sur les textes de Murray et c'était franchement super. Pour conter Lafontaine il est très fort aussi, y'en a pas deux comme lui. Merci pour ces vid. J'vais dire un truc super bobo-tendance, mais super assumé : Lucchini, c'est un type génial, et Beaudelaire aussi. Bah, sinon, l'un de mes poèmes favori, c'est de Vian : Je voudrais pas crever Avant d'avoir connu Les chiens noirs du Mexique Qui dorment sans rêver Les singes à cul nu Dévoreurs de tropiques Les araignées d'argent Au nid truffé de bulles Je voudrais pas crever Sans savoir si la lune Sous son faux air de thune A un coté pointu Si le soleil est froid Si les quatre saisons Ne sont vraiment que quatre Sans avoir essayé De porter une robe Sur les grands boulevards Sans avoir regardé Dans un regard d'égout Sans avoir mis mon zobe Dans des coinstots bizarres Je voudrais pas finir Sans connaître la lèpre Ou les sept maladies Qu'on attrape là-bas Le bon ni le mauvais Ne me feraient de peine Si si si je savais Que j'en aurai l'étrenne Et il y a z aussi Tout ce que je connais Tout ce que j'apprécie Que je sais qui me plaît Le fond vert de la mer Où valsent les brins d'algues Sur le sable ondulé L'herbe grillée de juin La terre qui craquelle L'odeur des conifères Et les baisers de celle Que ceci que cela La belle que voilà Mon Ourson, l'Ursula Je voudrais pas crever Avant d'avoir usé Sa bouche avec ma bouche Son corps avec mes mains Le reste avec mes yeux J'en dis pas plus faut bien Rester révérencieux Je voudrais pas mourir Sans qu'on ait inventé Les roses éternelles La journée de deux heures La mer à la montagne La montagne à la mer La fin de la douleur Les journaux en couleur Tous les enfants contents Et tant de trucs encore Qui dorment dans les crânes Des géniaux ingénieurs Des jardiniers joviaux Des soucieux socialistes Des urbains urbanistes Et des pensifs penseurs Tant de choses à voir A voir et à z-entendre Tant de temps à attendre A chercher dans le noir Et moi je vois la fin Qui grouille et qui s'amène Avec sa gueule moche Et qui m'ouvre ses bras De grenouille bancroche Je voudrais pas crever Non monsieur non madame Avant d'avoir tâté Le goût qui me tourmente Le goût qu'est le plus fort Je voudrais pas crever Avant d'avoir goûté La saveur de la mort…
José Posté 20 juillet 2012 Signaler Posté 20 juillet 2012 COPAS DE LICOR Esta noche yo me quiero emborrachar olvidarme de sus ojos olvidarme de sus labios de esos besos que me queman y me arrastran al abismo del dolor Traiga amigo mas licor para beber no me importa lo que digan si es mi pena o mi alegria siempre ha sido solo mia y hoy me amarga recordar Me juraba eternamente (me juraba de su amor) de un amor que era mentira (la mentira le crei) yo la amaba ciegamente y besando me engaño. Traiga amigo mas licor para beber no me importa lo que digan si es mi pena o mi alegria siempre ha sido solo mia y hoy me amarga recordar. Traiga amigo mas licor para beber no me importa lo que digan si es mi pena o mi alegria siempre ha sido solo mia y hoy me amarga recordar Me juraba eternamente (me juraba de su amor) de un amor que era mentira (la mentira le crei) yo la amaba ciegamente y besando me engaño. Traiga amigo mas licor para beber no me importa lo que digan si es mi pena o mi alegria siempre ha sido solo mia y hoy me amarga recordar.
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