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Salin & Madelin


vincponcet

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Tous les deux le même jour, le vendredi 19/02/2010, et sur le même sujet, le livre à paraitre de Salin sur la crise.

http://www.latribune.fr/opinions/20100218t…lectiviste.html

Pascal Salin : "un monde endetté est un monde collectiviste"

L'économiste Pascal Salin réfute l'idée d'une faillite de la pensée libérale car, selon lui, "le libéralisme n'a, en fait, jamais été appliqué".

Pascal Salin, économiste

La crise a clairement mis en accusation les défenseurs du libéralisme. Peut-on parler d'une faillite de la pensée libérale comme celle du communisme lors de la chute du mur de Berlin ?

La crise et la chute du mur ont ceci en commun d'être le résultat d'une cristallisation soudaine d'une situation incohérente. Mais à la grande différence du communisme, le libéralisme n'a jamais été appliqué. La pensée libérale, qui a effectivement connu un certain succès à partir des années 1980, a finalement toujours été contrariée par les contraintes de la politique et la volonté toujours affirmée des Etats à contrôler l'économie. Peut-on en effet parler de libéralisme dans un pays où les dépenses publiques représentent la moitié de la richesse nationale ? L'origine de cette crise n'est pas à rechercher dans les lois du marché mais plutôt dans l'interventionnisme étatique croissant qui empêche le marché de fonctionner correctement.

De ce point de vue, la situation de la France est exemplaire. Alors qu'aux XVIIIéme et XIXème siècles, les grands penseurs libéraux étaient français, on assiste ensuite à un changement, avec l'alliance entre le positivisme et le politique qui s'est imposée notamment par la formation d'élites sorties des grandes écoles. Dès lors, on applique à la compréhension de la société et des individus une méthode inspirée des sciences physiques et naturelles et l'on forme des "ingénieurs sociaux" pour décider à la place des individus. Cela débouche sur un scientisme qui permet au pouvoir étatique d'accroître ses pouvoirs sur les individus, ce qu'il a fait continuellement dans le passé.

Le libéralisme, qui fait primer l'individu sur le collectif, ne serait-il pas une utopie ?

C'est une utopie réaliste, pas un angélisme. Evidemment, le système libéral parfait ne peut exister car il doit sans cesse faire face au conflit majeur, dans toute société, entre l'exercice de la liberté et l'exercice de la contrainte. Mais la pensée libérale, en particulier celle issue de l'école "autrichienne" (Mises, Hayek, Rothbard, etc.), est fondée sur une méthodologie et un raisonnement cohérents qui correspondent à la réalité du comportement humain. Elle est donc réaliste. Il n'y a de responsabilité qu'individuelle, car seuls les individus agissent. Même si une demande d'intervention de l'Etat existera toujours, le principe de responsabilité doit primer sur le principe de protection, ce qui passe d'ailleurs par l'éducation. Ce qui pose aussi un problème dans une société où l'éducation est un monopole de l'Etat.

Selon vous, la crise s'explique avant tout par la politique monétaire expansionniste de la Réserve Fédérale.

Cette crise a été soudaine mais… tellement prévisible. Les économistes de l'Ecole autrichienne du cycle ont parfaitement décrit les mécanismes et les conséquences d'une telle politique de manipulation des taux d'intérêt. Le contrôle des prix est toujours destructeur. C'est en particulier vrai du contrôle du taux d'intérêt qui a le rôle essentiel d'être le prix du temps ! Il n'y a d'ailleurs jamais eu autant d'inflation et d'instabilité monétaire que depuis l'époque où les Etats ont pris le contrôle de la création monétaire. Or, la création de monnaie ne fait que créer une illusion de richesse, très commode à court terme, mais qui provoque plus tard des bulles spéculatives. Toutes les dispositions institutionnelles visant à la stabilité des monnaies ne sont que des chiffons de papier pour les autorités monétaires. La seule solution pour retrouver une certaine stabilité et éviter ces manipulations serait d'ôter aux Etats tout pouvoir monétaire et de le rendre à des acteurs privés et responsables, liés par des engagements contractuels. Malheureusement, ce n'est pas cette direction que l'on emprunte.

Pour vous, les banques centrales forment une sorte de cartel ?

J'ai toujours été frappé par la volonté des Etats de lutter contre les cartels privés alors qu'ils se constituent eux-mêmes en cartels pour conforter et étendre leur pouvoir. Ainsi, les banques centrales et les pouvoirs publics essaient de se constituer en cartels qui imposent leurs décisions à tous les acteurs privés. La cartellisation des pouvoirs étatiques se dissimule derrière le masque de la coopération internationale, comme l'ont montré les G8 ou G20.

Quels peuvent être les remèdes à la crise ?

La priorité serait de reconstituer, par une réforme fiscale radicale, une épargne volontaire et abondante qui permette de financer les fonds propres des entreprises. Toutes nos économies souffrent d'un déficit chronique de fonds propres. Il faut redonner le goût du risque, dans un environnement fiscal et réglementaire sécurisant, aux épargnants et aux entrepreneurs et promouvoir enfin un capitalisme responsable sur ses propres deniers. Nous glissons malheureusement de plus en plus vers des économies de dette (souvent d'origine monétaire), qui semblent attrayantes à court terme, mais qui sont profondément déresponsabilisantes. Finalement, un monde endetté est un monde fondamentalement collectiviste, puisque la discipline de la responsabilité - impliquée par l'existence de fonds propres - disparaît.

Propos recueillis par Eric Benhamou et Robert Jules

http://www.latribune.fr/page.php?Id=477873

Le retour des libéraux

Il fallait oser ! A l'heure où l'Etat apparaît comme le sauveur de l'économie, Pascal Salin, en fidèle disciple de l'école autrichienne du cycle, propose un regard iconoclaste sur les origines de la crise et plaide en faveur d'un vrai capitalisme fondé sur la responsabilité des acteurs.

Au moment où l’on célèbre le retour de l’Etat, il faut beaucoup d’audace à Pascal Salin pour proposer un retour au capitalisme. Car le capitalisme n’est pas à l’origine de la crise financière et économique. Ce sont les mauvaises politiques publiques et il serait tragique d’en attendre des solutions alors qu’il conviendrait de faire enfin une vraie confiance aux marchés. Pascal Salin montre bien comment les causes principales de la crise proviennent de l’intervention étatique et de la faillite des autorités publiques.

La crise des "subprimes" n’est pas la faillite de l’économie de marché, mais celle de l’économie administrée du logement par les autorités publiques américaines. Et ce sont les règles comptables (le calcul de la valeur "mark to market") qui, combinées avec les ratios de fonds propres obligatoires pour les banques, vont provoquer la contagion et l’effondrement de la confiance. Mais l’auteur, en excellent disciple de l’économie autrichienne (Ludwig Von Mises et son élève, Friedrich Hayek), nous invite à l’analyse des racines plus profondes de la crise financière, à savoir la politique monétaire américaine qui, en passant en quelques années ses taux de 8% à 3%, puis de 3% à 6%, de 6% à 1%, de 1% à 5,25% avant de tomber finalement à 0%, a constitué un formidable facteur de distorsion économique et de falsification du prix de l’argent.

Il est assurément dommageable que l’on se soit tourné vers Keynes pour tenter de comprendre et de soigner la crise alors que la "théorie autrichienne du cycle économiqu", hélas trop méconnue, est comme le montre Pascal Salin "la seule théorie capable d’expliquer la crise financière et donc d’en prévoir l’arrivée". Les remèdes keynésiens - augmenter les dépenses publiques, faire de la création monétaire, distribuer du pouvoir d’achat - ne peuvent, pour l’auteur, qu’aggraver la maladie et différer la guérison. Mieux vaudrait laisser les marchés rétablir l’équilibre par la faillite des banques irresponsables, la sanction de leurs actionnaires et laisser faire une purge déflationniste ajustant les prix et les salaires à la quantité de monnaie réellement disponible.

Si cette vision est théoriquement séduisante, elle se heurte cependant au fait que les périodes d’ajustements déflationnistes (qui supposent des réductions des salaires, des indemnités et des pensions) sont politiquement explosives et dangereuses pour les démocraties. Alors que l’on parle de "refondation", Pascal Salin nous propose de rompre avec un pseudo-capitalisme et des réglementations tatillonnes qui étouffent la régulation par la responsabilité. "Revenir au capitalisme", c’est retrouver les exigences d’un capitalisme régulé par le principe de responsabilité. Ce livre, assurément iconoclaste, n’est pourtant pas utopique. Car, qu’on le veuille ou non, il existe des lois de l’économie que l’on ne peut impunément renier.

"Revenir au capitalisme pour éviter les crises", de Pascal Salin. Editions Odile Jacob (256 pages, 25 euros).

Alain Madelin, ancien ministre des Finances

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