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Laisser tomber les banques


Ray

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Merci beaucoup pour le lien qui m'a bien éclairé.

Du coup, je vous donne le pavé explicatif que j'ai sorti à la personne en face via Facebook.

En espérant ne pas avoir dit trop de bêtise, je suis loin encore de maîtriser les notions financières et d'économie de marché moderne.

Comme suite à notre minidébat Twitter d’hier soir, je te livre, comme annoncé, un résumé de ma pensée concernant les causes de la crise des subprimes et le fait que l’on accuse trop facilement le libéralisme. En préambule, je tiens à signaler que j’abuse légèrement en disant «ma pensée» étant donné qu’elle se fonde essentiellement sur celles de nombreux libéraux issus de courants libertariens et adeptes de l’école autrichienne d’économie. Je précise aussi que la crise des subprimes n’était qu’un sommet d’iceberg et qu’aujourd’hui, nous commençons à voir toute l’ampleur de la partie immergée avec les crises successives que nous connaissons depuis 2008. Il me paraît, dès lors, inutile de démontrer que ces autres crises ne sont pas libérales.

Comme disait Frédéric Bastiat en son temps, en économie politique, il y’a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas.

Ce qu’on voit, c’est que la crise des subprimes est provoquée par les banques qui ont accordé des prêts hypothécaires variables à des personnes non solvables. Ces prêts ont ensuite été assemblés avec des prêts sains pour créer des produits financiers bien notés que les banques ont pu mettre sur les marchés. De là, la majorité des gens estimant que les banques et les finances, c’est le pur fruit du libéralisme, ils l’accusent immédiatement d’être la cause de tout le problème et crient au scandale de la dérégulation financière.

Il y’a cependant un élément erroné dans cette vision. C’est ce qu’on ne voit pas.

De nos jours, les banques ne sont plus vraiment des entreprises libres et obéissant aux mêmes règles que les autres. Elles sont directement, ou indirectement, inféodées à un organisme portant le doux nom de «banque centrale». Dans le cas des subprimes, il s’agit de la Réserve fédérale américaine, la FED. Les taux d’intérêt des hypothèques sont calqués sur le taux d’intérêt de la banque centrale. Pour que le système puisse fonctionner, il est nécessaire que la banque centrale soit strictement indépendante du pouvoir politique. ça l’est généralement sur papier, ça l’est moins dans la réalité. Dans les années 2000, les taux ont été maintenus historiquement bas pour deux raisons:

1. L’éclatement de la bulle internet à la fin des années 90

2. Les attentats du 11 septembre 2001

Le pays était alors menacé de récession et comme le mandat de la FED stipule qu’elle doit obligatoirement contribuer à la croissance économique du pays, elle décide de mener, en collusion avec gouvernement et parlement, une politique de relance économique. Cette politique de relance revenant, grosso modo, à rendre accessible la propriété par le maintien de taux bas et en encourageant les banques à prêter avec des garanties faibles.

Pour les banques trop frileuses, des institutions parapubliques, Freddie Mac et Fannie Mae (FM & FM), leur promettent de racheter les prêts pourris pour les revendre sur les marchés financiers.

Toutes ces promesses sont d’autant plus appuyées par l’Etat qui impose des cibles de clients moins fortunés dans les lots de prêts hypothécaires et limite, par la loi (Community Reinvestment Act), le droit de refuser des prêts.

Dans de telles conditions, et malgré toutes les leçons tirées des crises des deux siècles précédents, tout le monde s’est engouffré dans la brèche jusqu’à ce que … la banque centrale rehausse le taux dû à l’inflation et que badaboum, la bulle éclate.

Si je résume, en plus des banques, nous avons un rôle actif de la FED, des FM & FM, qui sont toutes trois des monstres gargantuesques, créé à l’origine par des fonds publics et des lois spécifiques pour elles. On ajoute les actions du gouvernement et tout ça sent bon l’interventionnisme politique, les magouilles proches du pouvoir et le corporatisme à plein nez. Trois éléments qui sont tout … sauf libéraux.

Alors évidemment, au milieu du bon bain de crédits, plusieurs personnes des secteurs privés et financiers en ont profité pour s’en mettre plein les poches et se retirer dans l’ombre lorsqu’elles ont senti le vent tourner, profitant ainsi de la permissivité d’un système économique globalement capitaliste. Il n’empêche que la source du problème reste une politique délirante de relance d’un pays qui se trouve être le possesseur de la monnaie garante des taux de changes internationaux.

De là, je tire les conclusions suivantes:

- si les banques américaines étaient prises dans le piège de la relance imposé par le gouvernement et la FED, les banques des autres pays, notamment notre chère UBS, sont responsable d’aveuglement et nos propres gouvernements ont été bien trop tendres avec elles. Le libéralisme est un système dans lequel le risque 0 n’existe pas et celui qui prend des risques doit les assumer derrière. Heureusement, pour la Suisse, nous avons évité la mutualisation des pertes puisque UBS a remboursé avec intérêt les prêts de recapitalisation. Reste que je ne sais pas trop ce que la BNS a fait des actifs pourris qu’elle avait rachetés à l’époque …

- la banque centrale non indépendante, c’est le mal. Et si j’avais le courage de développer plus loin, je pourrais dire que la banque centrale et la monnaie purement fiduciaire, c’est le mal.

- le libéralisme place l’humain au centre du processus économique et accepte que l’humain soit loin d’être infaillible. Sauf que, de nos jours, beaucoup de gens ont perdu cette notion et font aveuglement confiance à des acteurs (états, banques, assurances) qui prennent tout autant de risques. Pis encore, les états et la banque centrale ont tendance à déresponsabiliser les banques

- en vertu de la conclusion précédente, si l’absence de régulation sur les marchés financiers a permis de laisser s’étendre la contamination des actifs pourris jusqu’au petit épargnant, rien ne prouve que la mise en place de régulation, quelle qu’elle soit, permette d’éviter des catastrophes. Effectivement, ces règles seront faites par des humains qui ne pourront jamais aborder la complexité de l’économie et des finances dans leur ensemble

Tout ça pour dire qu’accuser le libéralisme ou le capitalisme, c’est un bon moyen, pour un paquet de politiciens et de médias, de gauche comme de droite (genre N. Sarkozy), de désigner un coupable tout fait puisqu’il n’a pas vraiment de visage. C’est d’autant plus ironique que de nombreux libéraux, au début des années 2000, ont prédit, voire tiré la sonnette d’alarme, ce qui est arrivé. Ils n’ont simplement pas été écoutés … voilà où nous en sommes aujourd’hui.

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