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Cortalus

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Tout ce qui a été posté par Cortalus

  1. J'hésiterai entre ma Breitling Navitimer et ma Longines Lindberg. Je pense que je garderai la Navitimer. Par contre, si c'est la fin du monde et qu'on passe en mode survivalisme, je prends ma Seiko Spork.
  2. Je vais me faire une habitude de fournir la traduction française des citations de la Source vive par Lancelot. Signalez-moi si j'en rate une.
  3. Je me permets de poster la traduction française. C'est un des passages qui m'a le plus marqué dans la Source vive. — Explique-moi simplement pourquoi tu te sens si malheureuse. — Je ne sais pas. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Tenez, par exemple, c’est moi qui ai organisé ce cours de soins à donner avant la naissance à la Fondation Clifford. C’est moi qui en ai eu l’idée, j’ai rassemblé l’argent, trouvé le professeur. Ce cours est extrêmement suivi. Je me dis à moi-même que je devrais en être heureuse. Mais je ne le suis pas. Cela ne me fait absolument rien. Le soir, dans mon lit, je me dis : « C’est toi qui as fait adopter le bébé de Marie Gonzalès par une gentille famille, tu devrais en être heureuse. » Mais je ne le suis pas, je n’éprouve absolument rien. Lorsque je suis honnête envers moi-même, je suis obligée de m’avouer que la seule émotion véritable que j’ai ressentie depuis des années est une terrible fatigue. Pas une fatigue physique. Non, simplement une grande fatigue. Comme si plus rien en moi ne pouvait ressentir quelque chose. Elle retira ses lunettes, comme si la double barrière des verres de son oncle et des siens l’empêchait de communiquer avec lui. Elle se remit à parler d’une voix plus basse, prononçant les mots avec de plus en plus d’effort. — Mais ce n’est pas tout. Il m’arrive quelque chose de pire. Quelque chose d’horrible. Je commence à haïr les gens, oncle Ellsworth. Je deviens cruelle, mesquine, médiocre, comme je ne l’avais jamais été auparavant. J’exige des gens de la reconnaissance. Je… je demande de la gratitude. Cela me plaît que les pauvres gens me flattent et me fassent des courbettes, et plus ils sont serviles, plus ils me plaisent. Une fois… une fois j’ai dit à une pauvre femme qu’elle ne savait pas apprécier ce que des gens comme nous faisaient pour des femmes comme elle. J’ai eu tellement honte, après, que j’ai pleuré pendant des heures. Je commence à ne plus pouvoir supporter que les gens ne soient pas de mon avis. J’ai le sentiment qu’ils n’ont pas à penser par eux-mêmes, que je sais mieux qu’eux ce qu’il leur faut, qu’ils doivent se soumettre à mon autorité. J’ai connu une jeune fille qui se tourmentait parce qu’elle s’était attachée à un beau garçon qui avait une mauvaise réputation. Je l’ai torturée pendant des semaines, cherchant à la persuader qu’il ne serait pour elle qu’une source de chagrin et qu’il lui fallait absolument rompre. Ils se sont mariés et il n’y a pas de couple plus heureux dans tout le district. Croyez-vous que j’en sois heureuse ? Non, j’en suis furieuse et je suis à peine polie avec cette jeune femme quand je la revois. Et cette jeune fille qui cherchait si désespérément du travail. Sa situation chez elle était vraiment terrible et je lui promis de lui trouver quelque chose. Avant que j’aie pu lui procurer un emploi, elle se trouva elle-même une place excellente. Cela ne me fut pas agréable. Il ne me plaisait pas de penser que quelqu’un s’était sorti d’un mauvais pas sans mon aide. Hier, je parlais avec un jeune garçon qui voudrait continuer ses études et je m’efforçais de le décourager, lui conseillant de trouver plutôt du travail immédiatement. Je me sentais irritée et j’ai brusquement réalisé que c’était parce que j’aurais tant voulu moi-même aller au collège – vous vous souvenez, vous vous y êtes opposé – que je ne voulais pas que ce gosse y aille… Oncle Ellsworth, ne comprenez-vous pas ? C’est maintenant que je deviens égoïste. Et d’une manière cent fois plus horrible que les patrons qui pressurent ces pauvres gens en économisant quelques sous sur leur salaire ! Il demanda d’un air calme : — Est-ce là tout ? Elle ferma les yeux un instant, les rouvrit et dit, les yeux baissés : — Oui… sauf que je ne suis pas la seule à être ainsi. Beaucoup de gens sont comme moi et, en particulier, la plupart des femmes avec lesquelles je travaille… Je ne comprends pas pourquoi elles sont devenues telles… Je ne comprends pas ce qui m’est arrivé à moi… Autrefois, je me sentais si heureuse lorsque j’aidais quelqu’un. Je me souviens qu’une fois, j’avais déjeuné avec Peter ce jour-là, sur le chemin du retour je vis un vieil homme qui jouait de l’orgue de barbarie et je lui donnai cinq dollars, ce qui était tout ce que j’avais dans mon sac. Je les avais économisés pour m’acheter un flacon de « Nuit de Noël ». J’avais terriblement envie de ce parfum, et pourtant, chaque fois que je repensais à ce vieil homme je me sentais heureuse… Je voyais souvent Peter en ce temps-là… Et en rentrant chez moi, j’avais envie d’embrasser les gosses les plus déguenillés de notre quartier… Et maintenant, il me semble que je hais les pauvres… Comme mes collègues d’ailleurs… Mais les pauvres ne nous détestent pas autant qu’ils le pourraient. Ils se contentent de nous mépriser… N’est-ce pas étrange ? Ce sont les maîtres généralement qui méprisent les esclaves et les esclaves qui haïssent les maîtres. Je ne sais plus très bien à qui ces titres s’appliquent. Peut-être cet exemple est-il juste, peut-être pas. Je ne sais plus… Elle releva la tête, dans un dernier sursaut de révolte. — Comprenez-vous maintenant qu’il y a là quelque chose que je ne puis comprendre ? Pourquoi, après avoir cherché honnêtement à faire ce que je croyais être le bien, suis-je devenue mauvaise ? C’est donc que je suis mauvaise de nature et incapable de faire le bien. Il me semble qu’il n’y a pas d’autre explication. Et cependant comment est-il possible qu’un être soit parfaitement sincère dans sa recherche du bien et qu’il n’y trouve aucune joie ? Suis-je donc à ce point corrompue ? Mais le fait est là, j’ai renoncé à tout, je n’éprouve plus un désir égoïste, je n’ai plus rien à moi et je suis horriblement malheureuse. Comme le sont les femmes qui me ressemblent. Et je ne connais pas un seul être ayant renoncé à son bonheur personnel qui soit heureux sur cette terre… excepté vous. Elle baissa la tête et ne la releva pas. Elle semblait indifférente même à la réponse qu’elle demandait. — Katie, dit-il doucement d’un ton de reproche, Katie, ma chérie ! Elle ne répondit pas. — Tiens-tu réellement à ce que je te réponde ? (Elle fit signe que oui.) Parce que, vois-tu, tu as répondu toi-même à tes propres questions. (Elle leva sur lui son regard las.) De quoi m’as-tu parlé ? De quoi t’es-tu plainte ? Du fait que tu es malheureuse. Tu ne m’as parlé que de Katie Halsey et de rien d’autre. Je n’ai de ma vie entendu un exposé plus personnel que le tien. Elle ferma à demi les yeux, comme un élève qui écoute attentivement une leçon difficile. — Ne vois-tu pas à quel point tu t’es montrée égoïste ? Tu choisis une noble carrière non pour le bien que tu pourras exercer, mais pour le bonheur personnel que tu espères en retirer. — Mais j’ai réellement le désir d’aider les autres. — Parce qu’en faisant cela tu pensais que tu te sentirais bonne et vertueuse. — Mais… oui. Est-ce mal de chercher à bien faire ? — Oui, si c’est là ton but principal. Ne vois-tu pas combien ton mobile est égoïste. Au diable les gens, pourvu que je sois vertueuse. — Mais comment peut-on être quelqu’un si l’on ne se respecte pas soi-même ? — Et pourquoi faut-il absolument que tu sois quelqu’un ? Elle écarta les mains dans un geste d’étonnement désespéré. — Si ton premier souci est de savoir ce que tu es, ce que tu penses, ce que tu ressens, ce que tu as ou ce que tu n’as pas, tu n’es rien d’autre que la pire des égoïstes. — Mais je ne peux pas sortir de mon corps. — Non, mais tu peux sortir de ton âme étroite. — Vous voulez dire qu’il faut que je désire être malheureuse ? — Non. Tu dois cesser de désirer quoi que ce soit. Tu dois oublier à quel point Miss Catherine Halsey est importante. Car, en réalité, vois-tu, elle ne l’est pas. Les hommes n’ont d’importance que par leurs rapports avec les autres hommes, leur utilité, les services qu’ils rendent. Tant que tu n’auras pas compris cela, tu ne peux espérer te sentir autrement que malheureuse. Pourquoi faire une tragédie cosmique du fait que tu as éprouvé des sentiments cruels envers un autre être ? Eh quoi ? Ce n’est qu’une souffrance parmi bien d’autres. On ne passe pas de l’état de vie animale à la vie spirituelle sans une certaine transition. Et cette transition est parfois pénible. Une femme très belle a souvent été une ridicule adolescente. Toute évolution exige une destruction et, comme l’on dit, on ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs. Il te faut accepter de souffrir, d’être cruelle, injuste, si tous ces sentiments contribuent à tuer en toi la plus rebelle des racines, l’égoïsme. Et seulement lorsqu’il sera mort en toi, lorsque plus rien ne te sera rien, lorsque tu auras oublié ton identité et oublié jusqu’à ton nom, seulement alors tu éprouveras le bonheur dont je t’ai souvent parlé et seulement alors les portes du domaine spirituel s’ouvriront toutes grandes devant toi. — Mais oncle Ellsworth, murmura-t-elle, lorsque les portes s’ouvriront, qui donc entrera ? Il se mit à rire de bon cœur et il y avait dans ce rire une certaine admiration. — Ma chère enfant, dit-il, je ne te croyais pas capable de m’étonner. Puis il redevint sérieux. — C’était une bonne plaisanterie, Katie, mais tu sais, je l’espère, que ce n’était qu’une plaisanterie ? — Oui, dit-elle d’un air incertain, du moins je le suppose. Cependant… — Nous ne pouvons être assez précis quand nous parlons par abstraction. Bien entendu, c’est toi qui entreras. Et loin de perdre ton identité, tu en auras acquis une bien plus large, une identité qui, à travers les individus, rejoindra l’humanité tout entière. — Mais comment ? Et de quelle manière ? Et je ferai partie de quoi ? — Tu vois comme il est difficile de discuter de tels sujets alors que notre langage est celui même de l’individualisme avec tous ses concepts et ses superstitions. La « personnalité » n’est qu’une illusion. Mais tu ne peux construire une nouvelle demeure avec de vieilles briques. Et tu ne peux espérer me comprendre complètement étant donné tes conceptions actuelles. Nous sommes tous empoisonnés par les exigences de notre moi. Nous ne pouvons comprendre ce que sera le bien et le mal dans une société où le moi ne comptera plus et nous ne savons pas ce que nous ressentirons alors, mais la première chose à faire est de détruire le moi. Et pour cela il ne faut pas compter sur notre intelligence. Il ne faut pas penser, il faut croire. Croire, Katie, même si notre esprit se révolte. Ne pense pas, crois seulement. N’écoute pas ton raisonnement, écoute ton cœur. Ne pense pas. Sens. Et crois. Parfaitement immobile, elle s’était ressaisie, mais avait l’air de quelqu’un qui aurait passé sous un tank. Elle murmura d’un ton docile : — Oui, oncle Ellsworth… Je… je n’avais pas envisagé les choses sous ce jour-là… Je veux dire que j’avais toujours pensé qu’il fallait… Mais vous avez raison, si raison est le mot qui convient, s’il existe un mot pour exprimer ce que je veux dire… Oui, je veux essayer de croire… J’essaierai de comprendre… Non, non, pas de comprendre. De sentir, de croire, veux-je dire… Mais je suis si faible… Et je me sens toujours si peu de chose lorsque je parle avec vous… Je suppose que j’avais tout de même raison, en un sens, je ne suis vraiment bonne à rien… mais cela n’a pas d’importance… non, pas d’importance…
  4. En tant qu'addendum à Antifragile, SITG est intéressant et stimulant. Mais en tant qu'ouvrage indépendant, il est décevant par rapport à ses prédécesseurs.
  5. Tout ça à l'air tentant. Pour suivre, il faut avoir vu tous les derniers Marvel ?
  6. Homeland, il y a des hauts et des bas... Mais sur sept saisons, je ne connais pas beaucoup de séries qui maintiennent un tel niveau de qualité global. A part ça, le deuxième épisode de la nouvelle saison de Westworld n'a pas vraiment altéré le sentiment pour le moins mitigé que m'avait laissé le premier.
  7. En tant que professionnel des habitations à loyer modéré, dans un secteur comprenant de multiples quartiers dits "prioritaires", mon opinion est la suivante : marre de ces conneries.
  8. Il me semble que ce truc est quand même assez contesté. Notamment parce qu'on ne constate pas de corrélation entre les biais implicites qu'il révélerait et des comportements observables effectivement biaisés. Bref, ça ne sert à rien à part culpabiliser les gens. Mais je ne me rappelle plus du tout où j'ai lu ça...
  9. J'ai fini la Source vive de Ayn Rand. Excellent. Quelqu'un a vu le film qui en a été tiré ? Cela vaut le coup ?
  10. Je confirme. Presque 1 h 15 d'épisode pour pas grand'chose. La storyline de Bernard est la seule qui m'a vraiment accroché.
  11. J'ai fini Girl's Last Tour. C'est quand même dur... Très très dur...
  12. L'adaptation télé de Terreur de Dan Simmons est franchement pas mal du tout. J'aime bien cette saison de Homeland. Mais franchement, j'ai rarement vu une série où les scénaristes sont aussi sadiques avec leur personnage principal.
  13. Voici les résumés de deux études citées par Kahneman dans Système 1 / Système 2 au sujet des biais cognitifs et des facteurs externes non pertinents qui affectent lourdement les sentences prononcées par les juges : Birte Englich, Thomas Mussweiler & Fritz Strack, « Playing Dice with Criminal Sentences : The Influence of Irrelevant Anchors on Experts' Judicial Decision Making », Personality and Social Psychology Bulletin 32, 2006, p. 188-200 : Danziger, Levav & Avnaim-Pesso, « Extraneous Factors in Judicial Decisions », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, février 2011 : La littérature scientifique sur le sujet est assez vaste. Pour un petit article de synthèse, accessible online, je suggère Eyal Peer & Eyal Gamliel, « Heuristics and Biases in Judicial Decisions », Court Review, Vol. 49, no. 2 (2013).
  14. C'est un des sujets sur lesquels a travaillé Kahneman, notamment en étudiant les audiences de libération conditionnelle en Israël : la sévérité des juges est davantage corrélée avec le temps passé depuis la dernière collation qu'avec les caractéristiques de l'espèce.
  15. Il y a un passage de Kahneman dans Système 1 / Système 2 sur cette problématique. Il concluait que des algorithmes produiraient des peines plus équitables pour les condamnés avec une hiérarchie plus compréhensible par le citoyen. Mais en France on a le dogme de l'individualisation des peines.
  16. On a beaucoup hésité sur la correctionnalisation. L'avocat ne nous a pas caché que s'il y avait condamnation, elle serait certainement plus lourde aux assises. Mais qu'il y avait compte tenu du dossier un risque pas négligeable d'acquittement par un jury, alors que la condamnation était certaine en correctionnel. Mais si on nous avait dit clairement quelle était le barème du TC, on aurait probablement pris une autre décision. L'impossibilité d'obtenir une information sur le barème des peines réellement prononcées empêche en la matière toute décision informée. Et c'est l'ensemble de la profession (juges, parquet, avocats) qui fait bloc pour empêcher l'accès du public à ce genre de renseignements. Au nom du "chaque cas est particulier", on refuse aux parties civiles comme aux inculpés une information qui pourrait éclairer leurs choix dans la procédure.
  17. Personnellement, j'ai vécu la procédure du dépôt de plainte jusqu'au procès dans une affaire de viol où j'étais partie civile. La phase de dépôt de plainte et d'instruction n'a pas été facile. Même bien attentionnés, les enquêteurs n'étaient pas bien dégourdis et il y a eu des bourdes, sans conséquence pour la suite de l'instruction mais pénibles pour nous. Evidemment, il y a bien sûr eu les saloperies racontées sur notre compte par les proches du violeur, qui l'ont toujours soutenu. Saloperies sur lesquelles le juge d'instruction a dû enquêter, évidemment. Cependant, ce n'est pas le traitement de la plainte qui m'a choqué, ni la longueur de la procédure judiciaire (trois ans seulement : c'était un dossier simple), mais la réponse pénale, tout bonnement incompréhensible. C'était un cas de correctionnalisation, donc le maximum encouru était de dix ans de prison ferme. Le violeur a été condamné à quatre ans dont deux ans de sursis, soit un résiduel de prison ferme de deux ans. Or, à deux ans ou moins, il n'y a pas d'incarcération : c'est aménagement de peine automatique. Pour un viol sur mineur de trois ans par personne ayant autorité, le condamné est donc reparti libre. Notre avocat nous a expliqué que les juges (en tout cas dans ce tribunal correctionnel, je ne sais pas comment cela se passe ailleurs) n'envoyaient jamais en prison quelqu'un dont c'était la première condamnation, sauf s'il avait fait de la préventive. Or, la demande de détention préventive avait été refusée à l'époque (car le violeur avait avoué et fait part de ses regrets, avant de tout rétracter une fois rentré dans ses pénates). Compte tenu de la pratique de ce tribunal, la possibilité d'une condamnation à de la prison ferme réelle avait donc été fermée par le juge des libertés et de la détention, trois ans avant le procès. Pour l'anecdote, le procès avait lieu un lundi. Le lundi, c'est le jour où l'on programme les audiences correctionnelles dont on sait à l'avance qu'elles ne donneront pas lieu à un mandat de dépôt, nous a expliqué l'avocat. "Comme ça, les gendarmes n'ont pas besoin de venir." Par rapport à la justice française, mes attentes étaient au plus bas, mais je peux vous assurer que je suis tombé de haut. Bref, tout ça pour dire que même si la phase de dépôt de plainte et d'instruction a été assez traumatisante, ce n'était en fait rien à côté du soufflet que l'on s'est pris au moment du verdict. Chaque fois que ma fille me demande si son bourreau est bien derrière les barreaux, car elle a toujours peur qu'il revienne lui faire mal, chaque fois que je dois lui mentir, je revis ce moment de sidération absolue. Il y a des parents qui stressent quand vient le moment d'expliquer à leurs enfants comment on fait les bébés, ou de leur révéler que le père Noël n'existe pas. Moi, je me prépare au jour où je devrais avouer à ma fille que je lui ai menti pendant des années, que son violeur, condamné par la justice française, n'a en fait jamais mis les pieds en prison, qu'il n'a jamais cessé de vivre à cinq minutes de chez nous, où il accueille régulièrement ses petites filles. Si les militants "féministes" s'intéressaient réellement au vécu des victimes de viol, ils commenceraient par demander une réforme de la justice et du système pénal, pas des formations à la con qui ne changeront rien sauf pour les associations qui empochent les euros. Qu'on commence par mettre les violeurs condamnés en prison. En tout cas, si jamais vous ou l'un de vos proches avez le malheur d'être victimes d'un viol, n'oubliez pas : pour vous c'est une tragédie, pour la justice, c'est un lundi.
  18. Euh, comment dire, l'allocation des ressources n'est pas une problématique secondaire. On appelle aussi ça "économie" dans les milieux académiques.
  19. Je suis en train de regarder suite à ta recommandation, et cela vaut en effet le coup d'oeil.
  20. L'idée que la peur n'est pas "rationnelle" me semble discutable. Tout dépend de ce que l'on entend par rationalité. Il y a une discussion intéressante sur ce sujet dans le dernier Taleb, Skin in the game (Jouer sa peau en français). Du point de vue évolutionniste, il me semble avoir lu quelque part (chez Kahneman peut-être ?) que les individus dont la stratégie prioritaire est de minimiser leur exposition aux risques ont une meilleure probabilité de transmettre leurs gènes que les individus dont la stratégie prioritaire est de maximiser leur exposition aux opportunités. La peur est-elle irrationnelle avec ce prisme ? Si un individu se comporte de manière prudente, il réagira certainement à des faux positifs (des menaces non réelles) mais il évitera peut-être des dangers qu'un individu moins craintif n'aurait pas vu venir. À l'échelle de son comportement d'ensemble (et non pas de chaque manifestation de peur prise individuellement) est-il irrationnel à cause de ces faux positifs ? Pour en revenir au sujet de l'immigration, l'arrivée d'étrangers dans une communauté augmente la volatilité et diminue la prévisibilité, comme le pointait @Rincevent. C'est une source indubitable de stress pour n'importe quel organisme vivant. Dans mon rôle de manager, quand je mène un projet d'entreprise impliquant des évolutions pour le personnel, la doctrine en vigueur est que je dois traiter mes collaborateurs avec respect, prendre le temps de les écouter, manifester de la considération pour leurs émotions et intégrer dans la mesure du raisonnable leurs suggestions pour faciliter la conduite du changement. Mais en tant que citoyen "responsable", si je me conforme aux injonctions des classes jacassantes, je dois signaler ma "vertu" (c'est-à-dire mon adhésion au système de valeur de la monoculture médiatique) en condamnant avec virulence des compatriotes qui manifestent finalement les mêmes symptomes que mon assistant-comptable qui se demande comment son poste va évoluer avec le nouveau logiciel d'enregistrement des factures. Et pourtant, du point de vue des responsabilités, je suis bien plus en droit d'imposer le changement en tant que cadre dirigeant dans mon entreprise que je ne le suis en tant que particule quelconque du corps électoral dans le contexte d'un débat sur des choix de politiques publiques. Je trouve ce décalage très révélateur des hypocrisies de notre temps. Franchement, même si le baratin sur le change management est parfois soûlant, je pense qu'il est plus en prise avec la réalité humaine que les injonctions à ne pas avoir peur de certaines figures publiques qui mourraient certainement d'angoisse si jamais on leur imposait, par exemple, de mettre leurs enfants à l'école que fréquentent les rejetons des sans-dents. Il me semble donc contre-productif de nier ou de vilipender la peur. Elle existe, elle est naturelle, elle n'est pas forcément irrationnelle, et j'ajouterais qu'elle n'est pas non plus totalement indésirable. On ne peut échapper à une telle émotion qu'en mourrant ou en étant confit dans une stase qui ne vaut guère mieux, au bout du compte. Comme le dirait Taleb, un peu de stress est en fait positif : à l'image d'un muscle bien sollicité après une séance de muscu, qui va se renforcer pourvu qu'il y ait l'apport alimentaire nécessaire, une communauté va s'enrichir des éléments nouveaux et de leurs interactions avec les éléments anciens, après une phase nécessairement coûteuse d'intégration. Parallèlement, l'absence de stress est dommageable : le muscle qui n'est jamais sollicité finit par s'affaiblir et l'organisme tout entier perd de sa capacité à réagir ou à résister aux aléas futurs. Mais il y a une dose de stress au-delà de laquelle la rétroaction positive n'a plus lieu : l'organisme est tellement fatigué que le muscle ne grossit plus, s'affaiblit, voire se déchire d'un coup si l'effort est trop violent. Il va falloir alors prendre du temps de repos pour le réparer, et le remettre ensuite doucement au travail pour retrouver la force perdue. Il en est de même pour une communauté : la quantité et les qualités de l'immigration font qu'elle sera plus ou moins facilement intégrable et se révélera positive ou négative à long terme. Bien sûr, ce raisonnement ne tient pas du point de vue des SJW, pour qui la destruction de la communauté, au sens des pratiques sociales et des institutions héritées des aïeux, est un objectif en soi. Personnellement, je pense que ce déconstructivisme est du même ordre que le constructivisme dénoncé par Hayek. Quelle dose de stress est optimale en termes d'immigration ? Mon intuition est que c'est comme pour la formation d'un prix de marché : on ne peut pas la connaître a priori. Et si les gouvernements subventionnent ou pénalisent selon leur bon vouloir certaines catégories de phénomènes migratoires, on aura de la pénurie, de la saturation, mais certainement pas une tendance vers l'équilibre.
  21. Tu emploies le terme "complexe" dans son sens courant, ou scientifique (comme dans la théorie des phénomènes complexes) ? C'est pour savoir à quel genre de choc épistémique je dois la chute de mes deux bras.
  22. Je trouve au contraire que c'est un excellent casting. C'est le personnage lui-même qui a des problèmes d'adaptation sociale, ce que les dialogues, les situations et le jeu de l'acteur rendent très bien à mon avis.
  23. Pour 2017, je retiens Mindhunter comme nouveauté qui vaut le coup...
  24. Logarithmes népériens ?
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