Bien que le fil se soit déjà endormi, j'aimerais faire l'éloge de Demandred. Pendant trois jours, il ne s'est pas fatigué d'enseigner sa compagne, et il a réussi à maintenir un niveau élevé, et par rapport à la science économique, et par rapport à l'art de raisonner. C'est une expérience plutôt enrichissante, et j'ai énormement appris. À propos, combien de messages doit-on écrire pour être banni?
Néanmoins, il me semble qu'on accentue trop le point de vue économique. Il faut que la science économique fasse bon usage de la sociologie. Pourrais-je ajouter un modèle socioloqique? Le sociologue Heiner Ganssmann, dans son livre Politische Oekonomie des Sozialstaats, soutient que la société est fondée sur trois piliers: le marché, l'état et des associations (cercles réciproques). En fait, on trouve cette idée déjà chez Karl Polanyi. En cas que votre connaissance de la langue allemande soit peu sûr, vous pouvez aussi consulter Économie et sociologie de Cusin et Benamouzig. Ensemble ces piliers font un triangle, et chaque société est réprésentée par un point à l'intérieur du triangle. Chacun des piliers a sa propre function: le marché échange, l'état redistribue, et l'association fait des dons. L'association et le marché se forment plus ou moins spontanément. Malheureusement, il manque encore de la stabilité, et c'est pourquoi on a besoin de l'état. Cependant, l'état peut dégénérer en une autocratie, et l'association peut transformer en une plutocratie (ou en une oligarchie). D'autre part, le marché préfère la démocratie.
Maintenant, on est à même de localiser les trois courants politiques, qui tous s'appliquent à deux piliers. C'est-à-dire, la social-démocratie, le conservatisme et le libéralisme préfèrent respectivement la combinaison (état, marché), (état, associations), et (marché, associations). Donc les diverses formes du libéralisme se situent le long du lien marché - associations.
Bien entendu, la société moderne est toujours un mélange des trois courants. Par exemple, le sociologue Mark Granovetter dit que le marché est encastré dans le tissu de la société (voyez de nouveau Cusin et Benamouzig). De même, le communautarisme prône le capital social, qui est intimement lié aux associations. La Banque Mondiale a intégré le capital social dans sa politique, en remplacement du Washington Consensus.