Gio

Comme dit le proverbe : Les avis c'est comme les trous du cul, on en change pas.

Moi celle que j'aime de Jospin : http://www.youtube.com/watch?v=JiMg_3gujGU

Tu as déjà vu un asperger comprendre le second degré ?!

Tu te trompes lourdement si tu crois à ce que tu dis. Non ça n'a rien à voir, crois moi je sais de quoi je parle et je crois que tu n'as pas du tout compris l'état dans lequel je suis après les cours. Ce n'est pas une dépression ou une "insatisfaction" qui serait lié à un regard global sur ma vie ou ma situation. Pas du tout. C'est de l'épuisement physique et mental directement lié à des faits particuliers identifiables accumulés, qui génèrent une tension nerveuse et attaquent le moral d'une toute autre manière.

Je t'arrête car tu dis une connerie. Ce qui me rend fou actuellement dans mon métier n'a strictement aucun rapport avec mon passé. Ce qui me rend fou actuellement est entièrement lié à ce qui se passe actuellement, cette année, dans mon métier.

J'ai déjà "percé sur Internet". Il y a environ 10 ans. J'ai d'autres problèmes quant à ma production personnelle, mais qui ne regardent que moi. Et puis honnêtement je ne cherche pas de conseils à ce propos.

J'ai pas d'intégrité vu que je l'ai fait le machin et j'ai été payé grassement. Mais j'ai un projet secret qui va venir contrebalancer cela.

Pire : j'ai déjà été approché par eux (éditeurs de BD pour être précis) et j'ai décliné. Mais c'était il y a longtemps. J'ai aussi déjà publié des petites choses ici et là, mais bon. Je te rassure, je ne suis plus très productif, surtout depuis que je suis prof. Comme (presque) tous mes collègues prof d'AP d'ailleurs. Et par ailleurs, comme je suis TZR, je n'ai pas beaucoup d'heures de cours dans la semaine actuellement car j'ai peu de remplacements. (Même si je fais autre chose dans un autre collège pour remplir mon quota d'heures...) Donc j'ai le temps de récupérer. Mais une seule journée peut suffire à te lessiver.

J'ai pas mal d'amis illustrateurs. Dire qu'il y a des débouchés...

Non mais maintenant quand je vois comment les élèves s'en foutent royalement, je comprends ce type de prof... je veux dire, au bout d'un moment c'est du sysiphisme ou du masochisme. Ce que tu dis, ils s'en foutent, ils écoutent pas, les documents, ils les lisent pas, ils les perdent ou ils les foutent à la poubelle (non quand même pas, ils les laissent par terre ou sur leur table et laissent le soin à d'autres de mettre ça à la poubelle à leur place). Ce que tu montres, ça les intéresse pas. D'une semaine à l'autre ils ont tout oubliés de ce qu'il s'est passé, de ce qu'on a vu... tu donnes un sujet, ils font le minimum qu'il est possible de faire avec les règles, quitte à les interpréter littéralement jusqu'à l'absurde(*), ils n'amènent jamais leur matériel, ils anéantissent celui que tu leur confie, à la maison ils ne font rien, ou alors c'est les parents qui font tout à leur place, bref, au bout d'un moment tu comprends que tu t'investis pour absolument rien...que tu perds ton temps et que cela n'a strictement aucun sens. (*) : Exemple classique, si tu leur demande de dessiner un personnage, s'il n'y a pas d'interdit, ils te font tous un bonhomme bâton. Tu leur demandes autre chose ils protestent et râlent comme si tu leur demandais l'impossible.

En AP on fait souvent des travaux de groupe normalement. Je l'ai fait beaucoup l'an dernier, mais cette année avec les classes que j'ai, je sais pas si je vais le faire. (A part avec ma classe de 3e exceptionnelle.) Car ça engendre beaucoup plus de bordel, donc j'ai peur.

Si tu peux le faire, pour des cas extrêmes, une fois de temps en temps. Mais de toute façon ce qu'il faut comprendre c'est que le problème c'est pas seulement les élèves récalcitrants. C'est aussi la classe dans un ensemble, où chacun ne fait pas forcément grand chose, pas forcément en continu, et où aucun ne mérite une sanction énorme, mais multiplié par 30 c'est quand même le chaos. C'est presque ça le plus dur. Gérer la classe dans son ensemble plus tel ou tel individu. Car là tu peux cibler personne, tu ne peux pas percevoir d'où vient le bordel, il vient de partout et de nul part... tu assistes à ce phénomène étrange où tu entends un bruit généralisé, et quand tu regardes les élèves, tu n'en vois aucun parler. Car à la seconde où tu poses le regard sur eux, ils s'arrêtent. Tout ceux qui ne sont pas dans ton champs de vision continuent. Et dès que tu poses le regard sur eux, le même phénomène se reproduit. Idem quand tu vas parler à un élève individuellement, c'est la porte ouverte pour tous les autres... Le seul moment où tu peux avoir vraiment le silence, c'est quand tu t'arrêtes de bouger, de parler et que tu regardes tout le monde en même temps. Mais là tu fais pas cours. Sans parler des élèves qui font leurs coups en douces, sans que tu les vois.

Je fais des projets persos à côté... Dire qu'il y a pleins de débouchés... Je n'aime pas trop en parler, mais bon : Dans l'idéal j'aimerais vivre de mes productions, mais comme chacun le sait ce n'est pas évident. Je fais ça à côté, en secret. Sinon professeur dans l'enseignement supérieur (je ne pense pas à la fac mais plutôt les écoles d'arts comme les beaux-arts) ça ce serait vraiment un idéal professionnel. J'ai failli tenter à la fin de l'année scolaire dernière, mais j'avais vu l'opportunité trop tard. Mais de toute façon, là encore les places sont très rares, souvent réservés par le copinage, et il faut déjà avoir eu une activité d'artiste et souvent avoir déjà enseigné dans le supérieur...

Avant de commencer je croyais qu'on pouvait faire ça. Mais non. C'est très gentil, mais sans vouloir être encore désobligeant, je ne t'ai pas attendu si tu vois ce que je veux dire. Mais merci quand même.

Je l'al lu avant même de commencer le métier de prof. Totalement useless. C'était peut-être valable avec les élèves du primaire d'il y a cinquante ans. Non mais en théorie je sais très bien que je devrais pas. En théorie. J'ai déjà "boudé" des classes... Dix fois plus de bordel.

Pourquoi pas, ceci dit ça risque de ressembler à ce qu'on m'a déjà dit. Le problème c'est qu'il n'y a pas vraiment de solution universelle en la matière, je le crains, car cela dépend beaucoup du prof, du public, du contexte... Ce n'est pas une question de programme. Cette année le programme je le respecte pas tellement, j'essaye cette fois de leur apprendre vraiment des trucs. C'est compliqué parce que : 1° Tu as pleins de parents qui sont absents, s'en foutent, se rendent pas compte, croient que tu as une dent contre leur gosse, que tu es particulièrement sévère, ne font rien, leurs enfants sont les rois et les dominent, etc. Pour beaucoup, ils sont bien contents que tu gardes leur gosse. 2° Les élèves mentent à leurs parents. Le mensonge permanent c'est vraiment un truc que j'ai découvert dans ce métier. Les élèves sont des acteurs parfois excellents, ils mentent très bien contre l'évidence, et nient jusqu'au bout. 3° Pour beaucoup d'élève, tu ne vas pas convoquer les parents car tu n'as tout simplement pas repéré l'élève...c'est l'une des principale difficulté de la résolution du bordel, c'est de repérer les individus qui en sont à l'origine. La plupart du temps ce n'est personne en particulier, c'est un peu tout le monde. (Multiplié par trente...) Or tu ne vas pas convoquer les parents de toute la classe, on penserais que c'est toi qui a un problème, et personne ne se sentirais responsable de toute façon. Idem quand tu pénalises toute la classe, personne ne se sent responsable.

C'est ce que je cherche depuis un an et demi. Ahlala, si seulement c'était aussi simple ! J'ai fait du théâtre jadis et on apprenait à utiliser le ventre pour faire porter sa voix sans utiliser la gorge. Mais en cours face à des élèves tu peux pas, car ça demande un état corporel et mental que tu ne peux pas avoir. La maman de ce matin elle m'a dit que je faisais peur aux élèves, il paraît. Malheureusement on ne dirait pas. Quand j'étais au collège et qu'on avait peur d'un prof, c'était pas la foire. Ce qui m'a attiré c'est la sécurité de l'emploi et le tremplin pour faire autre chose en attendant. Je continue par défaut pour l'instant, le jour où je trouve autre chose dans mon domaine, je changerais probablement. Et puis je pensais malgré tout qu'il y avait quand même moyen de faire quelque chose avec les élèves en faisant différemment des autres profs d'AP de collège. Mais malgré ce sombre tableau, il peut y avoir des lueurs : cette année j'ai la chance d'avoir une classe de troisième (que je vois une heure par semaine) qui est exceptionnelle en terme de comportement et de travail. Avec pleins d'élèves talentueux et tout. Un vrai miracle. Ce genre de choses me permet de tenir et de donner quand même un peu de sens à ce que je fais. Concernant le salaire en revanche, je ne me plains pas. (1700€ par mois) Je crois c'est plutôt mes collègues du primaire qui ne sont pas très bien payés.

Évidemment que j'en parle régulièrement aux collègue, je travaille avec eux, que crois-tu ? (D'autant que maintenant dans le secondaire le mot d'ordre de l'Éat c'est le transdisciplinaire.) Certains me préconisent des astuces, mais elles ne marchent pas. Un autre avait raison je crois en me disant qu'il n'y a pas de conseil à donner car ce qui va marcher avec un prof ne marche pas avec l'autre.

C'est parce que je croyais les gens qui disaient que prof était un métier facile. Tu me prend vraiment pour un con c'est hallucinant. Oui je savais que c'était comme ça, non je ne le découvre pas. Et ?

Le suicide ?

Non mais toi tu sais tout, c'est différent.

Oui et non, car dans ma situation, prendre la voiture ne changerait rien, mais ça dépend des remplacements que j'aurais peut-être.

Je suis prof en collège. Je crie pas une seule fois par cours. Je crie pendant une demi heure sur une heure de cours. (C'est une approximation...) Enfin là je parle seulement des classes "normales".

Oh c'est un ensemble, ce serait trop long à raconter. Mais c'est généralement la classe de sixième, en fin de journée le vendredi, qui m'achève. A la fin d'une journée de cours (voir durant l'après-midi) j'ai mal à la gorge, je n'ai plus de voix à force de crier toute la journée, et depuis un mois j'ai une contracture musculaire au niveau de la colonne vertébrale à cause de la tension nerveuse, qui m'empêche de bien dormir... Ce serait plus facile de faire cours à des chimpanzés. Enfin "faire cours", c'est un grand mot. Faire le flic plutôt... Et je me lève à 5h du matin pour ça. Tu te fais chier à préparer des cours et à faire des corrections pendant des heures, pour rien du tout, car les élèves ne sont pas intéressés, ne te lisent pas, jette tes documents à la poubelle, préfèrent lancer des gommes, faire des bruits de pets, se frapper, bavarder ou se foutre de ta gueule...du sysiphisme dans toute sa pureté. Et en plus les gens croient que c'est un parcours de santé. Faut être motivé. Mais je crois que le pire c'est psychologiquement, de ne pas connaître de solution et d'avoir le sentiment qu'il n'y en a aucune. Car si j'avais le sentiment qu'il y a une solution, que les choses pourraient s'améliorer, moralement ce serait quand même moins dur. Le physique à la limite c'est rien quand tu as le sentiment que ce que tu fais a du sens, de servir à quelque chose...