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Pour en finir avec la repentance coloniale


Matthieu_LC

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Je considère pour ma part qu'il n'y a pas de repentance, et que le discours qui parle de cesser la repentance est en réalité destiné à valoriser la colonisation.

Une repentance je ne sais pas, mais une culpabilisation, indubitablement. Et cette culpabilisation est mal placée. Le devoir d'histoire n'implique pas de culpabiliser. La culpabilisation génère une réaction affective, donc souvent, en pratique, l'assistanat.

Posté
Un type qui soutient que la richesse de l'Occident repose sur le pillage du tiers-monde.

C'est un marxiste avec un déplacement du prolétariat et de la bourgeoisie à des pays entiers.

Oops, you did it again.

J'ai pas écrit que la richesse de l'Occident repose sur le pillage du tiers-monde; j'ai juste écrit que les Africains n'ont pas eu à se féliciter des attentions un peu trop pressantes des nations européennes.

Une repentance je ne sais pas, mais une culpabilisation, indubitablement. Et cette culpabilisation est mal placée. Le devoir d'histoire n'implique pas de culpabiliser. La culpabilisation génère une réaction affective, donc souvent, en pratique, l'assistanat.

Voilà.

Nous sommes bien d'accord. Mais entre ne pas se sentir coupable et absoudre de tous péchés les négriers et la colonisation, ahem.

Posté
Un type qui soutient que la richesse de l'Occident repose sur le pillage du tiers-monde.

C'est un marxiste avec un déplacement du prolétariat et de la bourgeoisie à des pays entiers.

Non ce n'est pas nécessairement un marxiste. C'est par exemple un salarié d'une grosse boîte, qui ne pige pas comment son travail lui ramène autant d'argent parce que lui-même ne payerait jamais un salaire pour le service qu'il rend. C'est un type qui a peur car il ne comprend pas et ne maîtrise pas sa propre vie économique.

Posté
L'esclavage n'est plus un "point fort" du programme en primaire

Par Chloé Leprince (Rue89) 18H19 01/10/2007

L’Education nationale est-elle frappée de schizophrénie en matière d’enseignement de l’esclavage? En avril, les profs d’histoire-géographie du secondaire recevaient une note pour préparer la journée commémorative de l’esclavage, le 10 mai. Une nouveauté introduite par la loi Taubira, et présentée à l’époque comme un symbole fort. Or, au mois d’avril également, le ministère publiait un arrêté visant à la refonte des programmes scolaires en primaire, qui rétrogradait de facto la place que l’on accorde à l’esclavage dans les manuels.

La traite négrière n’était, initialement, pas le seul point d’histoire concerné: dans son arrêté daté du 4 avril, la direction générale de l’enseignement scolaire a en fait supprimé parmi la liste des points fort estampillés comme tel dans les programmes du cycle III, non seulement l’esclavage, mais aussi la Shoah. Tollé.

Il faut laisser passer l’été pour découvrir la suite de ce feuilleton très discret: en septembre, la commission chargée de remanier les programmes fait marche arrière. L’extermination des juifs pendant la Seconde guerre mondiale fait son retour dans la liste des points forts. Mais pas l’esclavage.

"Simplification hautement symbolique"

Introduite dans les programmes par la loi de 2002, la question est souvent enseignée en niveau CM1. La référence à la période figure toujours dans les programmes d’histoire moderne. Mais plus dans la liste des points forts essentiels de l’enseignement primaire. Une liste officielle qui permet aux enseignants de vérifier le niveau des connaissances qu’ils peuvent exiger de chaque élève. François Durpaire, historien et président de l’Institut des Diasporas noires francophones y voit une "simplification hautement symbolique". Enseignant l’histoire à l’université de Cergy Pontoise, il parle de "cacophonie" et a décidé de médiatiser le problème:

"Au moment où l’on demande aux enseignants de faire toute sa place à l’esclavage à l’école, on l’exclue des grandes questions à faire mémoriser aux élèves. C’est un signe qui est donné. Or il faut veiller à ce qu’on retiendra des programmes au bout du compte."

L’historien François Durpaire entend ne pas céder à une certaine "paranoïa" mais souligne l’importance de ne pas édulcorer l’Histoire telle qu’elle est racontée aux élèves:

Au ministère, on a mis plusieurs jours à s’assurer de quoi il s’agissait, minimisant d’abord la portée de ces listes de points forts. Puis on a fait valoir qu’il ne s’agit que d’un souci de simplification pour abréger les textes officiels. Avant de confirmer que des modifications étaient bien en cours dans les programmes, et notamment cette suppression du terme "esclavage" dans la liste des points forts, même si "le temps des découvertes, qui correspond à la période, est bien maintenu". "Mais c’est une question essentielle, et il faut s’interroger sur la meilleure manière de parler d’un tel sujet. Un document complémentaire doit venir expliciter les façons les plus opportunes d’aborder la question", fait valoir le Bureau des écoles, qui gère les programmes du primaire.

Posté

Un tiers-mondiste (comme le fut un Philippe Servaty, par exemple), c'est quelqu'un qui prend systématiquement parti pour le Tiers monde et explique tous ses problèmes par des raisons exogènes, c-à-d les Occidentaux.

Posté
Un tiers-mondiste (comme le fut un Philippe Servaty, par exemple), c'est quelqu'un qui prend systématiquement parti pour le Tiers monde et explique tous ses problèmes par des raisons exogènes, c-à-d les Occidentaux.

Voilà. Donc tu m'as accusé à tort. A genouXe, infâme crapaud du Geleytsebeek, et implore ma clémence ! :icon_up:

Posté

Je ne vois pas où sont les 90% de justesse dans le discours tier-mondiste.

Sur le pillage des Africains personne ne t'as contredit, ni sur le fait de s'absoudre de toute responsabilité (d'un point de vue historique). Donc ?

Invité jabial
Posté
Oops, you did it again.

J'ai pas écrit que la richesse de l'Occident repose sur le pillage du tiers-monde; j'ai juste écrit que les Africains n'ont pas eu à se féliciter des attentions un peu trop pressantes des nations européennes.

Ce n'est pas moi qui t'ai appelé un tiers-mondiste.

Non ce n'est pas nécessairement un marxiste. C'est par exemple un salarié d'une grosse boîte, qui ne pige pas comment son travail lui ramène autant d'argent parce que lui-même ne payerait jamais un salaire pour le service qu'il rend. C'est un type qui a peur car il ne comprend pas et ne maîtrise pas sa propre vie économique.

C'est la définition typique du bobo socialiste ça.

Posté
Je considère pour ma part qu'il n'y a pas de repentance, et que le discours qui parle de cesser la repentance est en réalité destiné à valoriser la colonisation.

Sinon, j'attends toujours que l'on me donne des exemples précis de la manière dont cette "repentance" semble se faire ? Discours politiques, tribunes médiatiques, journaux, magazines, livres…du concret.

Il y eut un moment fameux fin août début septembre 2001 mais éclipsé par certains attentats

Durban 2001

extrait :

Les dirigeants africains ont abordé à Durban la délicate question de l'esclavage, avec la volonté de se démarquer des demandes de réparations financières exigées par les organisations non gouvernementales africaines. La plupart d'entre eux ont demandé qu'esclavage et colonisation soient reconnus comme des crimes contre l'humanité, mais ont souhaité que leurs "conséquences" soient traitées par un accroissement de l'aide au développement ou l'annulation de la dette.

Face au radicalisme politique de la société civile, un consensus sur la question de la traite négrière s'est dessiné autour du président sud-africain Thabo Mbeki, promoteur d'une "Nouvelle initiative africaine" avec ses homologues algérien (!) Abdelaziz Bouteflika, nigérian Olusegun Obasanjo et sénégalais Abdoulaye Wade. Le président sud-africain plaide pour un "engagement mesurable" des pays riches afin "d'éradiquer l'héritage de l'esclavage".

"Tout le monde s'accorde pour dire que la traite négrière odieuse de trois siècles est un crime contre l'humanité", a déclaré Abdoulaye Wade, précisant cependant que les chefs d'Etat africains préfèrent la "repentance" aux "excuses" réclamées par certains. "S'excuser en 2001 de crimes commis il y a trois siècles et plusieurs générations n'a pas de sens. Ce dont on a besoin c'est que soit satisfait le devoir de mémoire de l'humanité, pour reconnaître qu'un grand tort a été fait à une partie de cette humanité", a-t-il dit.

Les chefs d'Etat africains appellent les pays développés à reconnaître que l'Afrique "a été blessée, ses ressources humaines et naturelles pillées et que cela explique pour une part sa situation actuelle", a souligné le président sénégalais. S'agissant de la réparation, objet de vives controverses, il a expliqué qu'on est passé du concept global de la "réparation" à celui de l'étude cas par cas, les pays africains n'étant pas dans la même situation que les communautés noires de la diaspora, dont certaines ont besoin d'être mises dans de meilleures conditions.

L'histoire on le voit n'a rien à faire ici : la seule traite dont aurait souffert l'Afrique serait celle des pays riches (ce qui doit inclure je présume la Suisse et autres nations esclavagistes) et ceux-ci réclame le président algérien (Alger ayant été comme chacun sait un haut lieu de lutte contre l'esclavage) doivent payer.

Ceci bien sûr n'exonère en rien le rôle d'un certain nombre d'occidentaux dans la traite autrefois. Mais on voit bien qu'il s'agit ici d'extorquer de l'argent en instrumentalisant la traite (il me semble que l'on a évoqué sur d'autres fils l'instrumentalisation de la Shoah par le gouvernement israélien).

Posté
Il y eut un moment fameux fin août début septembre 2001 mais éclipsé par certains attentats

Durban 2001

extrait :

L'histoire on le voit n'a rien à faire ici : la seule traite dont aurait souffert l'Afrique serait celle des pays riches (ce qui doit inclure je présume la Suisse et autres nations esclavagistes) et ceux-ci réclame le président algérien (Alger ayant été comme chacun sait un haut lieu de lutte contre l'esclavage) doivent payer.

Ceci bien sûr n'exonère en rien le rôle d'un certain nombre d'occidentaux dans la traite autrefois. Mais on voit bien qu'il s'agit ici d'extorquer de l'argent en instrumentalisant la traite (il me semble que l'on a évoqué sur d'autres fils l'instrumentalisation de la Shoah par le gouvernement israélien).

L'intrumentalisation est parfois tout aussi symbolique que financière. Sur un forum afro-centriste, j'ai lu un participant affirmer qu'il ne souhaitait pas de réparation parce qu'elle permettrait aux bourreaux de se sentir quitte.

Le statut de victime et la culpabilisation de l'occident sont plus confortables. Plus généralement ces gens là estiment que les crimes que sont la traite et la colonisation trouvent leur explication dans les fondements civilisationnels de l'occident.

Posté

La repentance n'est pas une vue de l'esprit mais la loi Taubira:

La Loi du 21 mai 2001, sur l'esclavage, dispose :

« Article 1er - La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du xve siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité.

C'est peut être (?) le rôle du Parlement français de dénoncer l'esclavage comme crime contre l'humanité mais pourquoi mentionner uniquement l'esclavage et la traite imputable aux européens ? C'est de la cupabilisation transmise par héritage.

Sans remonter à l'antiquité, l'esclavage et la traite intra-africaine et arabo-africaine sont tout aussi condamnables.

De même, pour les razzias barbaresques depuis Alger, Tripoli ou Tunis, qui pendant des siècles ont touché l'Espagne, la France ou l'Italie entrainant parfois l'abandon des régions cotières au profit de villages fortifiés. Des barbares sont mêmes allés jusqu'en Islande et en Angleterre pour trouver des captifs ! Un universitaire américain (« Esclaves chrétiens, Maîtres musulmans » de Robert C. Davis) évoque plus d'un million de victimes, et plus d'européens razziés au XVI ème siècle que d'africains déportés. D'intéressants éléments sur : http://www.passion-histoire.net/phpBB_Fr/v…asc&start=0

Ou chez les Ottomans, le corps des janissaires (ils sont 100 000 au XIXème) était exclusivement composé de "chrétiens" razziés dans l'enfance et immédiatement incorporés. Le terme même d'esclave vient des nombreux slaves asservis par les turcs.

L'esclavage était la norme et ce sont bien des européens, anglais puis français qui l'ont progressivement aboli. Pour mémoire, la Mauritanie a officiellement aboli l'esclavage en 1980 !

Posté

Merci à Dardanus de s'être donné la peine de chercher des arguments dans le sens de cette repentance.

Il se trouve que ce discours est prononcé par un dirigeant africain qui appelle à une repentance, et instrumentalise l'histoire. Il ne s'agit donc pas d'une repentance mais d'une demande de repentance.

Quel echo, quel effet a eu ce discours sur un plan médiatique, politique, ou encore sur les consciences ? Quasiment aucun.

Il est donc clair que la repentance si elle existe est un élément tout à fait mineur de la politique française qui ne mérite certainement pas d'être qualifiée de façon excessive.

La France a reconnu ses fautes, c'est tout à son honneur.

Les autres pays sont libres de le faire pour les leurs, et le fait qu'ils ne le fassent pas, n'exonère ni ne minimise celles de la France.

Posté
Moi je ne cache pas mon scepticisme. Au final, le colonialisme était mal. Un mal qui certes était agrémenté de quelques aspects positifs, mais un mal quand même. Et je n'aime pas trop les tentatives de réhabilitation de ce genre.

Sans vouloir réhabiliter, je ne me sens pas responsables de ce qui a été fait pdt cette période.

Or, le politiquement correct aujourd'hui s'est de s'excuser en permanence de crimes que l'on ne commet pas.

Posté
Quel echo, quel effet a eu ce discours sur un plan médiatique, politique, ou encore sur les consciences ? Quasiment aucun.

Il est donc clair que la repentance si elle existe est un élément tout à fait mineur de la politique française qui ne mérite certainement pas d'être qualifiée de façon excessive.

Tu ne lis pas assez ATTAC :icon_up:

Posté
Sans vouloir réhabiliter, je ne me sens pas responsables de ce qui a été fait pdt cette période.

Or, le politiquement correct aujourd'hui s'est de s'excuser en permanence de crimes que l'on ne commet pas.

+1.

Posté

Ne renversons pas le sens des mots, lorsqu'on prétend mettre fin à une "repentance coloniale" soi-disant omniprésente (et qui n'existe réellement que dans des cénacles minuscules) on a autre chose derrière la tête.

Posté
Il y eut un moment fameux fin août début septembre 2001 mais éclipsé par certains attentats

Durban 2001

extrait :

L'histoire on le voit n'a rien à faire ici : la seule traite dont aurait souffert l'Afrique serait celle des pays riches (ce qui doit inclure je présume la Suisse et autres nations esclavagistes) et ceux-ci réclame le président algérien (Alger ayant été comme chacun sait un haut lieu de lutte contre l'esclavage) doivent payer.

Ceci bien sûr n'exonère en rien le rôle d'un certain nombre d'occidentaux dans la traite autrefois. Mais on voit bien qu'il s'agit ici d'extorquer de l'argent en instrumentalisant la traite (il me semble que l'on a évoqué sur d'autres fils l'instrumentalisation de la Shoah par le gouvernement israélien).

La différence essentielle est qu'ici on en est resté à de vaines paroles et qu'elles ont toutes les chances de le rester. D'ailleurs, l'héritage le plus nocif de la colonisation ce sont les structures étatiques dont, précisément, vit tout ce beau monde.

Et d'accord avec toi pour être soufflé par l'hypocrisie de Bouteflika.

En ce qui concerne l'instrumentalisation de la Shoah, il me semble qu'elle est avant tout politique.

Je sais qu'il y a débat au sujet des réparations, mais je ne m'y suis jamais réellement intéressé.

Posté
Je sais qu'il y a débat au sujet des réparations, mais je ne m'y suis jamais réellement intéressé.

Voilà un bon début : http://en.wikipedia.org/wiki/40_acres_and_a_mule

Les chiffres que j'ai entendu renvendiquer de la part d'organisations noires, c'est des coups de 800 trillions de dollars. :icon_up:

Pas à verser cash par les organismes gouvernementaux, mais à garantir, sur une longue période un ensemble de bourses, prestations sociales, etc…

Bref, de la dinguerie absolue.

L'argumentation, c'est de dire que toutes les personnes capturées par les japonais, les allemands, etc… pendant la WWII ont eu des compensations, souvent par des procès, donc pourquoi pas eux?

Posté
Ne renversons pas le sens des mots, lorsqu'on prétend mettre fin à une "repentance coloniale" soi-disant omniprésente (et qui n'existe réellement que dans des cénacles minuscules) on a autre chose derrière la tête.

C'est vrai. Il n'y a pas vraiment de tendance à la repentance chez les français. Certains faits relatifs à la colonisation devraient être mieux connus ( je pense notamment à l'ampleur du travail forcé).

Maintenant, quelles conclusions tirer d'une meilleure connaissance de l'histoire ? Géneralement, on est fier ou honteux de ce que l'on a fait soi-même et admiratif ou méprisant devant ce que font les autres. Alors, comment considérer ce qu'ont fait nos ancètres ? Les gens qui revendiquent le droit d'être fier de ce qu'ont fait leurs lointains ascendants ne devraient-ils pas en contrepartie être honteux des crimes qu'ils ont commis ?

Il n' y a pas de repentance mais une demande de repentance trés forte de la part des "dieudonnistes". Et cette demande ne pourra jamais être satisfaite comme le montrent les chiffres cités par Chitah.

Posté
D'ailleurs, l'héritage le plus nocif de la colonisation ce sont les structures étatiques dont, précisément, vit tout ce beau monde.

Je ne suis pas vraiment d'accord avec ça.

Il y a dans la colonisation des conséquences positives ( vaccination ) ou négatives ( massacres, travail forcé ) à court terme comme à long terme. Vous évoquez-là les conséquences à long terme. Ce sont les changements structurels (d'organisation politique ) ou culturels. Il n'est pas possible pour évaluer ces changements de comparer à un idéal ce qu'ils ont donné après, il faut faire également référence aux structures antérieures qu'ils on fait disparaitre.

Je vais donner un exemple pour mieux me faire comprendre. Considérons par exemple l'intervention des alliés contre l'allemagne nazi et son impact depuis lors sur la situation de l'allemagne.

Si l'on présente les choses du point de vue d'un idéal anarcap on pourra dire que l'allemagne est une social-démocratie et que la forme de cette social-démocratie est une conséquence de l'intervention alliée contre l'allemagne. Comme la social-démocratie est une mauvaise chose d'un point de vue anarcap, on pourrait dire que l'intervention des alliés a eu des conséquences négatives.

Mais on peut adopter une autre méthode et considérer ce qui serait advenu si l'intervention n'avait pas eu lieu. Dans ce cas, on sera obligé de reconnaître que l'intervention alliée a empeché la perpétuation du régime nazi qui aurait été pire d'un point de vue anarcap. Donc on peut admettre que l'intervention alliée a eu dans l'ensemeble des conséquences postives d'un point de vue anarcap ( sans être forcément légitime d'ailleurs).

Il reste donc à savoir si les structures politiques africaines actuelles aussi imparfaites soient-elles sont ou non préférables aux structures politiques et coutumes anciennes, c'est à dire anté-coloniale.

Posté

L'Ethiopie peut se vanter de n'avoir jamais été colonisée. On peut donc l'utiliser à des fins comparatives. C'est loin d'être concluant.

Posté

L'Ethiopie jamais colonisée, bof.

Ensuite, les nations européennes qui ont un parcours comparable ne manquent pas.

Je connais un peu les structures tribales de l'Est du Congo et je vous assure qu'elles sont nettement plus recommandables à tous points de vue que l'état congolais. Il ne faut pas croire que la chefferie était la caricature qu'en a fait Mobutu pour asseoir son pouvoir.

Mais bon, il est vrai qu'on ne saura jamais.

Posté
La repentance n'est pas une vue de l'esprit mais la loi Taubira:

La Loi du 21 mai 2001, sur l'esclavage, dispose :

« Article 1er - La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du xve siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité.

C'est peut être (?) le rôle du Parlement français de dénoncer l'esclavage comme crime contre l'humanité mais pourquoi mentionner uniquement l'esclavage et la traite imputable aux européens ? C'est de la cupabilisation transmise par héritage.

Sans remonter à l'antiquité, l'esclavage et la traite intra-africaine et arabo-africaine sont tout aussi condamnables.

De même, pour les razzias barbaresques depuis Alger, Tripoli ou Tunis, qui pendant des siècles ont touché l'Espagne, la France ou l'Italie entrainant parfois l'abandon des régions cotières au profit de villages fortifiés. Des barbares sont mêmes allés jusqu'en Islande et en Angleterre pour trouver des captifs ! Un universitaire américain (« Esclaves chrétiens, Maîtres musulmans » de Robert C. Davis) évoque plus d'un million de victimes, et plus d'européens razziés au XVI ème siècle que d'africains déportés. D'intéressants éléments sur : http://www.passion-histoire.net/phpBB_Fr/v…asc&start=0

Ou chez les Ottomans, le corps des janissaires (ils sont 100 000 au XIXème) était exclusivement composé de "chrétiens" razziés dans l'enfance et immédiatement incorporés. Le terme même d'esclave vient des nombreux slaves asservis par les turcs.

L'esclavage était la norme et ce sont bien des européens, anglais puis français qui l'ont progressivement aboli. Pour mémoire, la Mauritanie a officiellement aboli l'esclavage en 1980 !

Comme le soulignait la juriste François Chandernagor, le plus savoureux de cette loi Taubira est qu'elle invoquait les "descendants des esclaves" comme population apte à entamer les actions de recours autorisées par loi.

Outre qu'il est marrant de définir une personne comme "descendante d'esclave", elle soulignait de plus qu'un descendant d'immigré nigérien ou sénégalais avait pas mal de chance d'être plutôt un descendant d'esclavagiste (sans parler des enfants métis…).

L'Ethiopie peut se vanter de n'avoir jamais été colonisée. On peut donc l'utiliser à des fins comparatives. C'est loin d'être concluant.

C'est clair, les fascistes italiens faisaient du tourisme humanitaire en Ethiopie à partir de 1935.

Posté
C'est clair, les fascistes italiens faisaient du tourisme humanitaire en Ethiopie à partir de 1935.

Colonisation ou occupation?

Posté
Les italiens parlaient de colonisation eux-mêmes.

Ce que contestent vivement les Ethiopiens, pour ce que j'en sais.

Je suis toujours assez surpris par cette histoire de "comparer avec l'Ethiopie" pour voir ce qu'aurait donné l'Afrique sans influence coloniale. Déjà, indépendamment de la façon dont on considère la période italienne, l'Ethiopie a indéniablement été influencée par le colonialisme (ne serait-ce qu'à travers ses voisins colonisés). Ensuite, je ne vois pas pourquoi l'ensemble de l'Afrique aurait dû évoluer de manière uniforme.

Posté

Pour se faire une idée de l'afrique précoloniale, vous trouverez sur ce site une importante documentation avec des récits d'époque :

http://gallica.bnf.fr/VoyagesEnAfrique/Geo/GeoPeupl.htm

Il y a évidemment à prendre et à laisser. Les récits de voyageurs me paraissent souvent plus objectifs que les ouvrages théoriques sur l'afrique.

J'en ai lu - seulement en partie pour le premier - deux :

Le premier en deux parties :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k85243n

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k852440.

Un récit assez détaillé sur des peuples situés au sud de l'actuel soudan ( bongo, azande ) ou au nord-est de la république du congo ( mangbetu).

Le second est un récit de missionnaires partis de Zanzibar pour explorer la tanzanie :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k103746t

Le premier ouvrage est plus complet sur un plan scientifique puisqu'il tente de décrire les sociétés rencontrées et ne livre pas seulement une expérience de voyageur.

On peut y trouver des arguments contre les sociétés africaines, même s'il s'agit d'une lecture complétement partiale.

1er ouvrage :

Sur le cannibalisme des mangbetus :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k852440/f54.table

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k852440/f88.table

2ème ouvrage :

Sur le cannibalisme :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k103746t/f153.table

Sur les autres coutumes :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k103746t/f162.table

Sur la traite orientale :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k103746t/f171.table

Ces sources me paraissent dignes de foi car on y présente également les qualités des peuples rencontrés.

J'ajoute que selon Petre-grenouilleau qui citait lui-même une autre source dont je ne me souviens plus, l'afrique occidentale française devait compter 7 millions d'esclaves en 1900. Cela est à comparer à la population de la région à l'époque. Comme la population de l'afrique devait compter à peu près cent millions d'habitants, on arriverait à la louche et en tenant compte de la superficie à 30-35 millions pour l'AOF, ce qui fait une forte proportion d'esclaves.

Ces moeurs, - qui n'étaient pas présentes partout et dont j'ai extrait les plus spectaculaires - ,si elles sont avérées sont à mettre en balance dans un bilan de la colonisation.

  • 1 month later...
Posté

Il y a un excellent bouquin de l'économiste liberal Peter Bauer sur ce sujet: Mirage Egalitaire et Tiers Monde (Presses Universitaires de France, collection Libre Echange, 1988)

Il y remet en cause l'orthodoxie dominante en économie du développement, notamment les fantaisies tiers-mondistes, comme le dogme d'une exploitation capitaliste du sud par le nord. Ainsi, le sentiment de culpabilité cultivé par la pensée officielle, accusant les occidentaux d'être coupables de la pauvreté des PVD par la mise en place d'un pseudo impérialisme économique, ne repose que sur une idéologie fragile, ne résistant pas à l'examen des faits. Selon la thèse qu'il développe, les gens du tiers monde sont capables de créer de la richesse, bien que leurs gouvernements suivent souvent des politiques économiquement destructrices qui peuvent les empêcher de progresser, avec la complicité des politiques interventionnistes. Bauer met en évidence que les contacts avec les occidentaux ont été pour eux globalement positifs, indépendamment des questions morales. Loin d'être des victimes du commerce, ils souffrent au contraire d'un manque d'échanges avec les occidentaux. Ils doivent donc être considérés avec respect, au lieu de la compassion habituelle qui accompagne la logique de l'assistanat, doublée d'une infantilisation malfaisante.

Le chapitre 3 du livre, "Qui a causé la pauvreté?", est disponible sur le site de Lemennicier. En voici des extraits:

Mirage égalitaire et Tiers-Monde de Peter Bauer

Source : http://lemennicier.bwm-mediasoft.com/artic…52&limba=fr

"Le fait que soient acceptées ces déclamations rabâcheuses sur la responsabilité de l'Occident pour la pauvreté du Tiers Monde reflète et renforce le sentiment de culpabilité des Occidentaux.

Ainsi l'Occident en est-il venu à s'humilier devant des pays aux ressources négligeables et dénués de puissance réelle. Et pourtant il est démontrable que ces allégations sont non fondées. On les accepte sans résistance parce que le public occidental a fort peu de connaissance de première main sur le Tiers Monde, et parce que la mauvaise conscience est largement ressentie. Jamais l'Occident n'a eu meilleur dossier, et jamais il ne l'a cru aussi mauvais.

(…)

Ce sont là évidemment des images fantaisistes. Les famines se produisent dans le Tiers Monde dans les contrées fortement isolées de l'Occident. Bien loin de condamner des gens à mourir de faim dans le Tiers Monde, ce sont les relations avec l'Occident qui ont été à l'origine du considérable allongement de l'espérance de vie dans ce Tiers Monde, dont les mêmes critiques déplorent si souvent « l'explosion » démographique.

L'on n'exporte pas de fonds en provenance des parties les plus pauvres de l'Afrique. Ce qu'il peut y avoir de transferts à partir des zones les plus prospères du continent (sommes généralement des plus modestes dans le cas de l'Afrique noire, à laquelle se réfère Potekhine) sont une fraction des revenus produits par des ressources antérieurement fournies. Dans les régions les plus arriérées, il n'y a ni étrangers, ni capitaux étrangers. Il est exactement contraire à la vérité de dire que s'il y a peu de capital en Afrique, c'est parce que la majeure partie du revenu national est « exportée… sans aucune contrepartie » . En Afrique comme ailleurs dans le Tiers Monde, les régions les plus prospères sont celles qui ont le plus de relations commerciales avec l'Occident.

Bien loin que l'Occident ait causé la pauvreté du Tiers Monde, le contact avec lui a été le principal moteur du progrès matériel réalisé là-bas. Les sociétés et les régions du Tiers Monde les plus avancées sont celles avec lesquelles l'Occident a noué les rapports les plus nombreux, diversifiés et étendus : les régions productrices de denrées pour l'exportation et les entrepôts portuaires de l'Asie du Sud-Est, d'Afrique occidentale et d'Amérique latine ; les régions minières d'Afrique et du Moyen-Orient ; et les villes et escales de tous les points de l'Asie, de l'Afrique, des Antilles et de l'Amérique latine. Le niveau de développement matériel s'abaisse ordinairement dans la mesure où l'on s'éloigne des foyers de l'influence occidentale. Les populations les plus pauvres et arriérées n'ont que peu ou point de contacts extérieurs ; comme en témoignent les aborigènes, les pygmées, les gens du désert.

Tous ces faits ne sont ni nouveaux ni surprenants, étant donné que la contagion du progrès matériel, allant des régions les plus avancées vers celles qui le sont le moins, est un phénomène banal en Histoire. Au Moyen Age, par exemple, les régions les plus développées de l'Europe centrale, orientale et scandinave étaient celles ayant le plus de contacts avec les zones les plus avancées de l'époque, la France, les Pays-Bas et l'Italie. L'Occident était matériellement beaucoup plus développé que les pays du Tiers Monde actuel, lorsqu'il établit des contacts économiques étendus et variés avec ces derniers, au cours des XIX et XX siècles. C'est par la voie ainsi ouverte que les ressources matérielles et humaines, les talents, les capitaux et les idées nouvelles - y compris l'idée même de progrès matériel (et, incidemment, de la culpabilité occidentale) - se sont communiqués de l'Occident au Tiers Monde.

A l'époque contemporaine, le rôle des contacts avec l'extérieur dans la promotion de l'évolution économique du Tiers Monde a été bien plus considérable que dans l'histoire plus ancienne de l'Europe. Pour commencer, et comme on vient de le dire, l'idée même de progrès matériel au sens d'une maîtrise de l'homme de plus en plus assurée, continue et contagieuse, sur l'environnement est un concept occidental. Les gens du Tiers Monde ne pensaient pas en ces termes-là avant l'avènement de l'homme occidental. Des savants d'opinions philosophiques et politiques aussi différentes que, par exemple, J. B. Bury et Christopher Dawson ont depuis longtemps reconnu l'origine occidentale de l'idée de progrès matériel. L'impulsion donnée par l'Occident à l'évolution économique du Tiers Monde a été aussi admise par des auteurs qui reconnaissent qu'il y a eu progrès tout en mettant en garde contre les effets perturbants, voire corrosifs, du choc produit par un contact soudain avec des sociétés beaucoup plus évoluées .

D'importantes parties de l'Afrique occidentale ont été elles aussi transformées pendant la même période, en gros, par les contacts avec l'Occident. Avant 1890 il n'y avait de production de cacao ni en Gold Coast ni en Nigeria, on y produisait très peu de coton et d'arachide, on exportait un peu d'huile de palme et de noix palmiste. Pendant les années 50, tous ces produits étaient devenus l'objet d'un commerce mondial. Ils étaient produits par des Africains, sur des terres possédées par des Africains. Mais tout cela n'a été rendu possible que parce qu'à l'origine les Européens établirent la sécurité publique et introduisirent des méthodes modernes de transport et de communication. Pendant cette période, les importations de capitaux et de biens de consommation de masse destinés aux Africains passèrent de montants insignifiants à d'énormes volumes. Ces changements se reflétèrent dans les revenus fiscaux, les taux d'instruction élémentaire, les effectifs scolaires, la santé publique, l'espérance de vie, la mortalité infantile et bien d'autres indices.

Par elles-mêmes, les statistiques peuvent difficilement faire jauger la portée considérable de la transformation opérée pendant cette période en Afrique occidentale et ailleurs dans le Tiers Monde. A l'ouest de l'Afrique, par exemple, le commerce des esclaves et l'esclavage même étaient encore très répandus à la fin du XIX siècle. Ils avaient à peu près disparu à la fin de la première guerre mondiale. Plusieurs des grandes maladies épidémiques et endémiques connues au siècle dernier comme les fléaux de l'Afrique occidentale avaient été vaincues au moment de la seconde guerre. Les contacts avec l'extérieur avaient entraîné des changements d'ampleur comparable dans de nombreuses régions d'Amérique latine.

Le rôle des contacts occidentaux dans le progrès matériel de l'Afrique noire mérite qu'on y prête attention à d'autres points de vue encore. Jusqu'à une époque aussi tardive que la moitié du XIX siècle, l'Afrique noire n'eut même pas les plus simples ingrédients de la vie sociale et économique moderne. Ce furent les Occidentaux qui les apportèrent depuis une centaine d'années. Cela est vrai pour des aspects aussi fondamentaux que la sécurité publique, le droit et l'ordre ; l'Afrique noire n'avait pas inventé la roue, et avant l'arrivée des Occidentaux les transports y étaient presque totalement effectués par des porteurs ; il n'y avait pas de transport mécanique, de routes, de chemins de fer, de ports faits de main d'homme ; pas d'application de la science et de la technologie à l'activité économique ; pas de villes avec d'importants bâtiments, de l'eau propre et des égouts ; pas de service public de santé, d'hôpitaux, de lutte contre les maladies endémiques et épidémiques ; pas de formation scolaire. Tous ces éléments de progrès furent le fruit de contacts commerciaux pacifiques. Ces contacts facilitèrent aussi l'élimination de la traite des esclaves à travers l'Atlantique, la suppression virtuelle de celle qui allait d'Afrique au Moyen-Orient, et même la disparition de l'esclavage à l'intérieur de l'Afrique.

Bien que les contacts commerciaux pacifiques n'aient aucun rapport avec la traite des Noirs en Atlantique, il n'est pas possible dans le climat contemporain de ne pas l'évoquer dans une analyse des responsabilités de l'Occident dans la pauvreté du Tiers Monde.

Pour horrible et destructeur qu'ait été le commerce des esclaves africains, l'on ne peut l'invoquer légitimement comme une cause de l'état arriéré de l'Afrique, et encore moins de la pauvreté du Tiers Monde. L'Asie en fut totalement épargnée. Les régions les plus primitives de l'Afrique, telles que l'intérieur du centre et du sud du continent n'étaient guère affectées par lui.

Le commerce des esclaves entre l'Afrique et le Moyen-Orient a précédé de plusieurs siècles la traite atlantique, et a duré beaucoup plus tard. L'esclavage était endémique dans presque toute l'Afrique bien avant l'apparition de la traite des Noirs vers le Nouveau Monde, et ce sont les Occidentaux qui l'ont finalement réprimé. Arabes et Africains ne semblent pas se sentir coupables à propos de l'esclavage et du trafic des esclaves ; mais les Européens et les Américains ont souvent du remords à ce sujet, et l'on veille à ce qu'ils en aient. Pourtant, c'est à leurs efforts qu'est dû le fait que ces pratiques aient été en grande partie éliminées. Le complexe de culpabilité est une prérogative des Occidentaux.

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Fréquemment, l'affirmation de la responsabilité occidentale dans l'état de pauvreté du Tiers Monde est implicitement fondée sur l'idée que la prospérité des personnes, des groupes et des sociétés jouissant d'un niveau de vie plus élevé, est obtenue au détriment des moins favorisés. Cette idée fausse était déjà sous-jacente dans la thèse, combattue au premier chapitre, qui prétend que les revenus des gens aisés sont soustraits aux autres.

L'attrait de telles idées fausses n'est que trop courant. Elles sont particulièrement utiles aux politiciens qui ont promis une prospérité qu'ils ne peuvent fournir. Mais elles sont avantageuses aussi à d'autres groupes influents de l'endroit, qui tireront profit des mesures politiques prises dans le sens de ces idées, notamment de l'expropriation des entreprises étrangères ou de la discrimination infligée aux minorités.

Dans les récentes décennies, certaines influences aisément identifiables ont renforcé le préjugé qui impute la prospérité de certains groupes au fait que d'autres auraient été exploités. L'impact de l'idéologie marxiste-léniniste est l'une de ces influences ; elle affirme que tout intérêt sur du capital privé implique une exploitation, et considère comme improductives toutes les industries de services. En conséquence, les revenus du capital étranger, des résidents étrangers ou des minorités ethniques pratiquant des activités de services sont la preuve d'une exploitation sous une forme ou une autre. De plus, la littérature néo-marxiste a étendu le concept de prolétariat aux peuples du Tiers Monde, où la plupart des individus sont en fait de petits exploitants agricoles ; dans cette littérature, d'ailleurs, un prolétariat est exploité par définition, et il est pauvre parce qu'il est exploité .

L'idée de la responsabilité de l'Occident dans la pauvreté du Tiers Monde a aussi été renforcée par la croyance en une égalité universelle originelle des capacités et motivations économiques des peuples. Cette croyance est étroitement liée à l'idéologie égalitaire et à la politique correspondante, qui ont connu une vogue puissante dans les récentes décennies. Si les facultés et les motivations sont les mêmes partout, et que pourtant certaines sociétés soient plus riches que d'autres, cela donne à penser que les premières ont exploité le reste Comme le grand public, en Occident, a peu de contact direct avec le Tiers Monde, il est souvent facile de répandre l'idée que le comportement de l'Occident et ses politiques ont causé la pauvreté dans le Tiers Monde.

De même, la pratique récente du langage qui désigne les pauvres comme des déshérités ou des sous-privilégiés contribue à ancrer l'idée que les riches doivent leur prospérité à l'exploitation des pauvres. Pourtant, comment les revenus des habitants de la Suisse, par exemple, ou des Etats-Unis, pourraient-ils avoir été prélevés sur les aborigènes de Papouasie, ou les peuplades des déserts, ou les pygmées d'Afrique ? En vérité, qui donc aurait dépouillé ces groupes, et de quoi ?

L'Occident est maintenant accusé de manipuler le commerce international au détriment du Tiers Monde. Ce procès est un thème dominant dans les appels à un Nouvel Ordre économique international. En particulier, l'Occident se voit reprocher d'imposer au Tiers Monde des « termes de l'échange » défavorables et en détérioration continuelle. Parmi d'autres effets nuisibles, l'on impute à cette pression supposée un déclin de la part du Tiers Monde dans le commerce mondial total, et en même temps le volume considérable de la dette extérieure du Tiers Monde. Autant d'allégations sans portée ni fondement, et qui souvent sont le contraire de la vérité' .

Les régions les plus pauvres du Tiers Monde n'ont pas du tout de commerce extérieur. Leur situation montre que les causes de l'extrême sous-développement sont internes, et qu'au contraire les contacts commerciaux avec l'étranger sont avantageux. Même si les termes de l'échange pouvaient être dits défavorables en fonction de tel ou tel critère, tout ce qu'on peut en déduire est que les gens profitent moins sensiblement du commerce extérieur qu'ils n'en profiteraient avec des termes d'échange plus favorables. Les gens ont avantage à voir s'élargir les possibilités que présente le commerce extérieur. A côté de cette conclusion fondamentale et ultime, il existe bien d'autres objections à opposer à l'idée que les termes de l'échange sont, d'une manière ou d'une autre, structurellement défavorables au Tiers Monde, et que les contacts commerciaux externes lui sont nuisibles.

Les dettes extérieures du Tiers Monde ne sont ni le résultat ni le reflet d'une exploitation. Elles représentent des ressources qui lui ont été fournies. En réalité, une part considérable de l'endettement cou-rant des gouvernements du Tiers Monde consiste en prêts de faveur consentis au titre de divers accords d'assistance, fréquemment accompagnés de dons purs et simples. Avec la hausse mondiale des prix, y compris ceux des exportations du Tiers Monde, même la charge de ces prêts de faveur s'est trouvée grandement allégée. Les difficultés que les bénéficiaires éprouvent à assurer le service de ces dettes ne découlent ni d'une exploitation ni de termes de l'échange défavorables. Elles résultent du gaspillage des capitaux fournis, ou de politiques monétaires et fiscales malavisées. Les perpétuels déficits des balances de paiement de ces pays, à leur tour, ne signifient pas qu'ils sont exploités ou appauvris par l'Occident. Ces déficits sont inévitables si le gouvernement d'un pays - qu'il soit riche ou pauvre, en expansion ou en stagnation - vit au-dessus de ses moyens et pratique une politique inflationniste tout en prétendant maintenir un taux de change surévalué. Des difficultés persistantes à propos de la balance des paiements signifient que des ressources extérieures continuent à être prêtées au pays pendant tout ce temps-là.

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Au final, il est anormal, et même pervers, de suggérer que les relations commerciales extérieures aient été nuisibles au développement ou au niveau de vie des peuples du Tiers Monde. Elles servent de canaux au flux de ressources humaines et financières, ainsi qu'aux nouvelles idées, méthodes et cultures commercialisables. Elles profitent aux gens en leur ouvrant des sources larges et diversifiées d'importations et de marchés pour les exportations. En raison de la forte expansion du commerce mondial dans les décennies récentes, et du développement de la technologie en Occident, les avantages matériels des contacts avec l'étranger sont plus marquants que jamais auparavant. Faire croire que ces relations sont nuisibles, est non seulement sans fondement mais en outre dommageable. Notamment, cette idée a souvent servi de justification, spécieuse mais plausible, aux restrictions officielles du volume et de la diversité de ces relations.

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Les réalités fondamentales de l'effet des contacts extérieurs ont été masquées par la pratique, partout présente dans les discussions publiques et la littérature sur le développement, de confondre les gouvernements et élites avec la population dans son ensemble . Beaucoup de gouvernements du Tiers Monde et de leurs partisans locaux bénéficient certes souvent des contrôles politiques sur l'activité économique, et en particulier des restrictions imposées au commerce extérieur. De telles mesures permettent aux gouvernants d'exercer un pouvoir plus strict sur les administrés, et d'en tirer profit politiquement et matériellement. D'autres groupes locaux habiles et influents profitent également aux points de vue politique et financier, du fait qu'ils organisent ou administrent les contrôles économiques. Ces réalités se dissimulent derrière des allégations, d'après lesquelles les Occidentaux auraient imposé aux pays du Tiers Monde l'achat de leurs importations. En fait, ce contre quoi protestent les dirigeants, c'est le désir de leurs sujets de se servir des biens ainsi importés.

Lorsqu'il est prétendu que le commerce extérieur, et en particulier les importations occidentales, sont nuisibles aux populations du Tiers Monde, de telles allégations dénotent une condescendance vaniteuse à peine déguisée envers des gens ordinaires qui vivent là, si ce n'est car-rément du mépris. Bien évidemment, les gens désirent ces biens d'importation ; sinon ces articles ne se vendraient pas. De même, les gens sont disposés à produire pour l'exportation afin de payer ces marchandises étrangères. Dire que ces processus sont dommageables, c'est soutenir que les préférences des gens ne les guident pas pour organiser leur existence.

L'effort pour jeter le discrédit sur les contacts avec l'extérieur est relativement récent. Avant la seconde guerre mondiale, le rôle de ces contacts comme instruments de progrès des méthodes économiques était largement admis dans les discussions théoriques et politiques. Leur importance pour fournir à la fois des marchés nouveaux et des stimulants matériels, de même que pour faire évoluer le comportement des individus, fut un thème saillant des économistes classiques, y compris des auteurs aussi différents dans leurs façons de voir, qu'Adam Smith, John Stuart Mill et Marx.

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Une version rénovée de l'effet international de démonstration prétend que l'empressement des gens du Tiers Monde à accepter les produits occidentaux est une forme de dépendance culturelle provoquée par les entreprises de l'Occident. L'idée implicite dans cette version est que les gens du Tiers Monde ne sont pas capables de décider par eux-mêmes de la façon dont ils dépensent leurs revenus. On les considère comme des enfants, ou même de simples marionnettes que les étrangers manipulent à leur gré. En réalité, les marchandises occidentales ont été au contraire admises sélectivement, et non pas indifféremment, dans le Tiers Monde par des millions de personnes auxquelles elles ont procuré massivement des services. .

Selon le Pr. René Dumont, agronome français largement connu et expert auprès des organismes internationaux : « En surconsommant de la viande, qui avait gaspillé les céréales qui auraient pu les sauver, nous avons mangé les petits enfants du Sahel, d'Ethiopie et du Bangladesh » .

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Des affirmations aussi ridicules pourraient être multipliées plusieurs fois. Le fait qu'elles aient été formulées par des universitaires éminents et par des journalistes de la presse dite de qualité en dit long sur le panorama intellectuel de notre temps.

L'Occident n'a pas provoqué les famines du Tiers Monde. Elles se sont produites dans des régions sous-évoluées n'ayant pratiquement pas de commerce extérieur. L'absence d'échanges avec les étrangers est d'ailleurs un trait fréquent du sous-développement de ces régions.

Parfois elle traduit la volonté politique de dirigeants qui sont hostiles aux négociants, en particulier aux marchands non indigènes, voire hostiles à la propriété privée. Il est intéressant de noter que l'on a éprouvé beaucoup de difficultés à faire parvenir le ravitaillement de secours à certaines régions du Sahel, du fait du manque de bonnes voies de communication et de la mauvaise volonté ou de l'apathie des officiels. Si l'on tentait de secourir en permanence la population de ces territoires arriérés, à coups de dons gouvernementaux de l'Occident, tout effort d'y développer une agriculture viable se trouverait inhibé.

Au rebours des diverses allégations et accusations rapportées dans la présente section, le niveau plus élevé de consommation en Occident n'est pas obtenu en dépouillant les autres pays de ce qu'ils ont produit. La consommation occidentale est plus que payée par la production occidentale. Cette production finance non seulement la consommation intérieure mais en outre les capitaux nécessaires à l'investissement à l'intérieur, à l'extérieur, ainsi qu'à l'aide fournie aux pays étrangers. Par conséquent, l'écart entre la production de l'Occident et la production du Tiers Monde est encore plus grand que l'écart entre leurs consommations respectives.

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L'Occident a réellement contribué à la pauvreté du Tiers Monde, et cela de deux façons. Mais radicalement différentes de ce qui est couramment affirmé.

La façon dont a été pratiquée l'aide officielle occidentale, fournie aux gouvernements du Tiers Monde, a également servi à politiser la vie dans le Tiers Monde, de même encore que certains arguments employés pour légitimer cette aide et que les critères selon lesquels elle fut distribuée . Toutes ces interventions officielles ont abouti à gaspiller des ressources, à restreindre la mobilité économique et sociale spontanées, ainsi que les contacts avec les étrangers. Elles ont provoqué en outre d'ardentes querelles politiques et sociales. Ces conséquences, à leur tour, ont engendré de la pauvreté et même des détresses à grande échelle.

Nombre de gouvernements indépendants du Tiers Monde auraient probablement entrepris de toute façon de politiser largement leur économie, parce que cela augmente considérablement le pouvoir des gens en place. Mais il n'est pas vraisemblable qu'ils fussent allés aussi loin qu'ils l'ont fait dans ces dernières années, ou qu'ils eussent réussi dans leurs aventures, sans l'influence et l'assistance occidentales. Cependant, cela ne rend pas soutenable la position des prédicateurs de la culpabilité de l'Occident. Les gens qui ont critiqué avec le plus de bruit et de succès tant la domination coloniale que les contacts entre l'Occident et le Tiers Monde ont tout aussi emphatiquement préconisé pour ce dernier un dirigisme économique extensif et d'autres formes de politisation de l'existence. Ils ont d'ailleurs reproché aux anciens gouverneurs coloniaux et aux conseillers occidentaux de n'avoir pas introduit ce système plus tôt et plus vigoureusement.

Deuxièmement, les contacts de l'Occident avec le Tiers Monde ont contribué au déclin très prononcé de la mortalité, qui est à la base du rapide accroissement récent de la population là-bas. Par conséquent, ces contacts avec l'Occident ont permis à bien plus de pauvres gens de survivre ; ce qui fait apparaître pour l'observateur une multitude croissante de déshérités. Mais, comme je l'explique dans le chapitre 3, c'est le signe d'une situation améliorée de la population, et non pas le résultat d'une spoliation.

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Un curieux mélange de remords et de condescendance se discerne encore dans la tolérance, et même l'appui, accordés aux politiques inhumaines de maints gouvernements du Tiers Monde. Les brutalités des gouvernants sont souvent excusées sous le prétexte qu'ils ne font que suivre les exemples donnés par l'Occident. Par exemple, lorsque des gouvernements africains ou asiatiques persécutent massivement des minorités ethniques, leurs sympathisants occidentaux les excusent comme ne faisant rien de plus que des variantes locales de discriminations ethniques de la part d'Européens. De même, les déclarations les plus offensantes et injustifiées des porte-parole du Tiers Monde ne doivent pas être prises au sérieux, parce qu'il ne s'agit que de paroles venant du Tiers Monde ; et cette licence s'est étendue à leurs avocats en Occident. Dans ce schéma général des affaires mondiales, ni les gouvernants du Tiers Monde ni leurs peuples n'ont de pensée ni de volonté propre : on les regarde comme des créatures façonnées par l'Occident ou, au mieux, irrémédiablement captives de leur environnement. D'ailleurs, comme des enfants, ils ne sont pas totalement responsables de ce qu'ils font. En tout cas, nous devons les soutenir, afin de faire pénitence pour des torts que nos ancêtres supposés ont eus envers leurs supposés ancêtres à eux. Et l'assistance économique est encore nécessaire pour aider à grandir ces peuples-enfants.

L'insistance sur l'aide que l'Occident doit fournir aux pays qui n'en font pas partie est devenu récemment un thème majeur de la littérature culpabilisante. Mais qu'elle soit ou non liée à des relations de patronage (elle l'est d'habitude), l'idée de culpabilité occidentale n'est pas seulement sans fondement, elle constitue elle-même un fondement singulièrement inapproprié pour pratiquer l'assistance. Elle conduit à ne pas réfléchir sur les effets de l'aide dans les pays qui la reçoivent, ni sur la conduite de leurs gouvernements. Elle décourage même un examen superficiel des résultats vraisemblables - politiques, sociaux et économiques - des aumônes de l'Occident. L'on pense avant tout à enlever des ressources à l'Occident, mais pas aux conséquences de ses dons.

Un sentiment de culpabilité n'a rien à voir avec un sens de responsabilité ou un sentiment de compassion. Les propagateurs de mauvaise conscience ne se préoccupent que de leurs états d'âme et de celui de leurs concitoyens, mais non des résultats des opérations politiques inspirées par ces sentiments. Ces politiques nuisent à l'Occident. Elles nuisent encore plus gravement aux gens ordinaires dans le Tiers Monde.

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