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Nadine Morano rêve d'un « CSA » pour surveiller le Net


pankkake

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Posté
L'une des stratégies utilisée pour critiquer les notions d'état de droit ou d'ordre spontané - et justifier ainsi une intervention publique omniprésente - consiste à faire appel à des violences imaginaires, les violences "symboliques", présentées à l'extrême comme plus redoutables que les violences physiques.

Cela rejoint ce que disait Watzlawick sur le syndrome d'utopie, idée que je reprends dans l'article que je suis en train de rédiger sur ce sujet :

« tous les aspects du syndrome d’utopie ont ceci en commun ; les prémisses sur lesquelles le syndrome se fonde sont considérées comme plus réelles que la réalité. Nous voulons dire par là que, lorsqu’un individu (ou un groupe, une société) s’efforce d’ordonner son univers en accord avec sa prémisse et que son effort échoue, il ne va pas normalement réexaminer sa prémisse pour savoir si elle ne recèle pas d’élément absurde ou irréel, mais nous l’avons vu, accuser l’extérieur (par exemple, la société), ou sa propre incapacité.
Posté
(…)

L'une des stratégies utilisée pour critiquer les notions d'état de droit ou d'ordre spontané - et justifier ainsi une intervention publique omniprésente - consiste à faire appel à des violences imaginaires, les violences "symboliques", présentées à l'extrême comme plus redoutables que les violences physiques.

(…)

Oui, c'est aussi parce que le monde est globalement moins violent aujourd'hui qu'hier, il faut donc se rabattre sur quelque chose. Et la psychologie, c'est l'idéal, nos connaissances sont encore "molles" et incertaines, cela laisse de la place pour parler au nom de l'esprit humain sans crainte d'être contredit.

Cela rejoint ce que disait Watzlawick sur le syndrome d'utopie, idée que je reprends dans l'article que je suis en train de rédiger sur ce sujet :

Il y a de bonnes choses aussi chez le philosophe Clément Rosset, dont on vient d'éditer A l'école du réel (Minuit), rassemblement de ses textes depuis 30 ans sur le réel, sur le problème fondamental de toute une partie de la pensée avec le réel (c'est-à-dire le besoin d'inventer et de parler depuis un "double" du réel, avec l'idée que la vérité est ailleurs et qu'il manque qqch à la réalité).

Posté
J'ai du mal à comprendre… C'est une mesure populiste? Les "gens" apprécient donc d'être fliqué et en redemandent?

Si tu leur présentais les choses directement comme ça, je parie que la plupart te répondraient que non.

Mais bien amené, on peut admettre que beaucoup sont encore et toujours prêts à troquer un peu de liberté contre (une impression de) plus de sécurité.

Posté
Intéressant, cette analyse du paternalisme (Fredo). C'est surtout cela qui motive ma curiosité :

Que certains utilisent un statut victimaire comme mécanisme de défense, plus ou moins rationalisé, pour ne pas répondre de leurs échecs ou de leurs fautes est finalement assez compréhensible.

Pourquoi et comment des tiers utilisent-ils cela ? C'est-à-dire, au lieu d'objectiver la situation de la "victime" (y compris dans le but de l'aider à moins souffrir et à s'en sortir), prennent sa défense plus ou moins inconditionnelle comme victime. Je vois plusieurs motivations possibles, mais assez différentes :

- projection (ils sont eux-mêmes en situation victimaire et paranoïde, ils prennent des cas semblables comme la démonstration du bien-fondé de leur condition)

- empathie sincère, mais excessive (toute souffrance d'autrui les fait souffrir, ils ne veulent ou ne peuvent pas creuser au-delà, ils cherchent le discours le plus simple pour que la souffrance s'explique et cesse)

- altruisme intéressé au premier degré, la réputation (prendre la défense de la victime sans jamais l'accabler, en soulignant la responsabilité d'un système ou l'effet du hasard, montre combien ils sont généreux, désintéressés)

- altruisme intéressé au second degré, la domination (prendre la défense de la victime et souligner la nécessité de sa protection leur permet de vendre un système de domination, qu'il s'agisse d'un Etat, d'une Eglise, d'une association etc.)

- aveuglement idéologique / doctrinal (au nom de certaines croyances, ils sont obsédés par la critique d'un système en place et chaque victime est plus ou moins consciemment instrumentalisée comme un exemple de cette injustice / déséquilibre).

Y en a-t-il d'autres ?

Mon hypothèse : altruisme intéressé au second degré. Mais il ne s'agit pas seulement de dominer, il faut encore incarner l'image du mal à combattre.

De même que le film hollywoodien nous peindra un méchant suffisamment mauvais pour qu'on puisse le voir se faire tabasser avec jouissance, la bonne cause nous autorise à chasser en groupe, à condamner, à exclure, à faire violence.

Posté
Intéressant, cette analyse du paternalisme (Fredo). C'est surtout cela qui motive ma curiosité :

Que certains utilisent un statut victimaire comme mécanisme de défense, plus ou moins rationalisé, pour ne pas répondre de leurs échecs ou de leurs fautes est finalement assez compréhensible.

Pourquoi et comment des tiers utilisent-ils cela ? C'est-à-dire, au lieu d'objectiver la situation de la "victime" (y compris dans le but de l'aider à moins souffrir et à s'en sortir), prennent sa défense plus ou moins inconditionnelle comme victime. Je vois plusieurs motivations possibles, mais assez différentes :

- projection (ils sont eux-mêmes en situation victimaire et paranoïde, ils prennent des cas semblables comme la démonstration du bien-fondé de leur condition)

- empathie sincère, mais excessive (toute souffrance d'autrui les fait souffrir, ils ne veulent ou ne peuvent pas creuser au-delà, ils cherchent le discours le plus simple pour que la souffrance s'explique et cesse)

- altruisme intéressé au premier degré, la réputation (prendre la défense de la victime sans jamais l'accabler, en soulignant la responsabilité d'un système ou l'effet du hasard, montre combien ils sont généreux, désintéressés)

- altruisme intéressé au second degré, la domination (prendre la défense de la victime et souligner la nécessité de sa protection leur permet de vendre un système de domination, qu'il s'agisse d'un Etat, d'une Eglise, d'une association etc.)

- aveuglement idéologique / doctrinal (au nom de certaines croyances, ils sont obsédés par la critique d'un système en place et chaque victime est plus ou moins consciemment instrumentalisée comme un exemple de cette injustice / déséquilibre).

Y en a-t-il d'autres ?

Il me semble que j'ai vu ça en stage de PNL : le jeu psychologique très fréquent à 3 : le bourreau, la victime et le sauveur.

Fredo pourrait peut-etre nous en dire plus.

Posté
Il me semble que j'ai vu ça en stage de PNL : le jeu psychologique très fréquent à 3 : le bourreau, la victime et le sauveur.

Avec de la chance la victime est une salope à gros nichons et ça fait un sacré porno.

Posté
On en rigole avec mes cousines.

Moi pas du tout parce qu'elle ne perd pas une occasion, 30 ans plus tard, de raconter l'épisode avec force détails pendant les repas de famille :doigt::icon_up:

  • 2 months later...
Posté
Il me semble que j'ai vu ça en stage de PNL : le jeu psychologique très fréquent à 3 : le bourreau, la victime et le sauveur.

Fredo pourrait peut-etre nous en dire plus.

Je me demande si ça vient pas de l'analyse transactionnelle. Peu importe, le schéma est bien connu. Ce genre de scénario de vie est d'autant plus insidieux qu'il est initié par la "victime". Il est important de l'identifier surtout si l'on est en position d'intervenant afin de ne pas se laisser embarquer dans le jeu avec le rôle de sauveur. Hélas les politiques sont souvent séduits par l'idée d'être en position de sauveur.

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