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Patrons agressés et sequestrés


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Posté
La violence est bien légitime pour faire respecter l'état de droit non?

La légitimité supposée de son utilisation par l'état réside bien dans sa finalité : le respect de l'état de droit ?

Donc avec une même finalité, mais par d'autres acteurs, cela deviendrait-il immoral ?

L'usage de la violence est juste pour assurer l'état de droit et condamner criminels et délinquants.

"La fin justifie les moyens" signifie que l'on emploie des moyens que l'on sait injuste pour une fin dont on estime qu'elle en vaut la peine.

Posté
L'usage de la violence est juste pour assurer l'état de droit

"La fin justifie les moyens" signifie que l'on emploie des moyens que l'on sait injuste pour une fin dont on estime qu'elle en vaut la peine.

Ce n'est pas une fin mais cette fin (en gras). Donc, on est d'accord, on peut payer des ouvriers pour faire respecter l'état de droit en cas de séquestration ou de grèves empêchant ceux qui veulent travailler de le faire. Ce n'est pas corrompre mais un cdd.

Posté
ça dépend de ce que tu appelles fausser. Car fausser un marché fermé avec diverses barrières et réglementations étatiques peut le dévérouiller.

Simonnot le systématise même : pour lui, la corruption est la revanche du marché sur l'Etat.

Edit : corrigé. :icon_up:

Vous parliez de chantage, pas de uniquement de séquestration, par exemple la grève est-elle, selon vous, une forme de chantage ?

Sans nul doute. Mais tant qu'il n'y a pas d'occupation de l'outil de travail, i.e. de viol de la propriété d'autrui, elle est légitime et fait partie du jeu.

Posté
Bien vu.

Non.

Mais précisément si. Le chantage est condamnable en soi de même que l'usage de la contrainte ou la corruption. De telles actions ne deviennent légitime que quand elles servent évidemment à prévenir un mal plus grand.

Donc l'usage de la contrainte peut être légitime ?

Invité jabial
Posté
Mais précisément si. Le chantage est condamnable en soi de même que l'usage de la contrainte ou la corruption. De telles actions ne deviennent légitime que quand elles servent évidemment à prévenir un mal plus grand.

Non. Si tu définis la légitimité d'une action en fonction de sa fin, ça signifie que la fin justifie les moyens.

Ce qui légitime une action ce n'est pas son but ("prévenir un mal plus grand") mais une action antérieure.

Face à l'agression, la violence devient légitime. C'est le principe de la légitime défense.

Je sais bien que c'est pas populaire sous nos vertes contrées mais la justification rationnelle est là et pas ailleurs.

Invité jabial
Posté
Donc l'usage de la contrainte peut être légitime ?

Si tu appelles contrainte la violation des droits d'autrui (comme… la séquestration), je répondrai que contre un innocent, non. Et j'insiste : le simple fait de porter un T-shirt CGT ne suffit pas à faire de quelqu'un un complice. Une action violente contre de simples manifestants et/ou sympathisants serait un crime en soi. Par contre, toute personne convaincue d'avoir participé à des séquestrations, que ce soit par flagrant délit ou à l'issue d'une enquête dûment menée, est légitimement susceptible de contrainte. De même, la participation à une agression de quelque nature qu'elle soit expose l'auteur de l'agression au risque de la légitime défense et l'en rend entièrement responsable. Un criminel tué au cours de son crime n'est pas une victime de meurtre, c'est un accidenté du travail.

Posté
Si tu appelles contrainte la violation des droits d'autrui (comme… la séquestration), je répondrai que contre un innocent, non. Et j'insiste : le simple fait de porter un T-shirt CGT ne suffit pas à faire de quelqu'un un complice. Une action violente contre de simples manifestants et/ou sympathisants serait un crime en soi.

Par contrainte, j'entends l'appel à la force, quelqu'en soit le motif, exceptée la légitime défense. La légitime défense sociale n'en étant pas une.

Un criminel tué au cours de son crime n'est pas une victime de meurtre, c'est un accidenté du travail.

Tout à fait. Le crime devant se faire à ses risques et périls.

Posté
Au contraire, c'est idiot: une agression économique ça n'existe pas.
Intéressant, je suis convaincu que le raisonnement inverse est effectué dans l’autre "camp".

Ça donnerai quelque chose du genre :

"J'ajoute que la séquestration n'est pas nécessairement nuisible, elle peut s'apparenter aussi à une forme de légitime défense contre des agressions économiques."

Vous venez de découvrir que les raisonnements des anti-libéraux sont parfois idiots ? Bravo, par contre essayez de ne pas lire les contributions en diagonales la prochaine fois :icon_up:

Posté

Ca ne répond pas à la remarque. Une "agression économique", je me répète, n'est pas comparable à un acte de violence caractérisé. Ton inversion de raisonnement est foireuse. Nous, nous disons que dans certains cas la corruption afin de contrecarrer les plans des syndicats est légitime. Tout en restant derrière la ligne jaune.

Posté
Ca ne répond pas à la remarque. Une "agression économique", je me répète, n'est pas comparable à un acte de violence caractérisé. Ton inversion de raisonnement est foireuse. Nous, nous disons que dans certains cas la corruption afin de contrecarrer les plans des syndicats est légitime. Tout en restant derrière la ligne jaune.

C'est amusant d'employer cette expression, en se référant aux méthodes du syndicalisme jaune :

Les jaunes, briseurs de grève !

"Il ne vient pas à la manif, c’est un jaune !" L’expression est fréquemment employée, souvent comme une boutade, dans le mouvement social, et entre nous.

Les jaunes. Une expression qui demeure, fruit de l’héritage des luttes et des conflits sociaux des siècles précédents. Les briseurs de grèves, ceux qui empêchent la mobilisation en travaillant pour le patronat, les traîtres qui réduisent l’impact du mouvement social.

D’où vient cette expression, et quelle est son histoire ? Qui sont les jaunes aujourd'hui ?(…)

Le premier syndicat jaune est fondé en novembre 1899 à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) par un petit groupe de mineurs qui refusent de participer aux mouvements de grève. Sans rentrer dans le détail de toute l’histoire du syndicalisme jaune en France, que vous trouverez en détail sur Wikipedia, le mouvement a connu un certain succès, même s’il n’existe plus aujourd’hui en tant que tel, certains syndicats comme la CFTC, la CFE-CGC, et la CFDT sont les héritiers de ce mouvement. Pour autant, le terme de jaune a conservé un sens très péjoratif dans le mouvement social. Dans l’imaginaire collectif, le jaune reste le traître, le briseur de grève, et l’idéologie que les jaunes portaient à l’époque a été oubliée. Ils ont finalement changé de visage : le jaune n’est plus le syndicaliste, plus porté sur la négociation, mais présent avec ses camarades dans les manifestations. Aujourd’hui, la figure du jaune, c’est celle de cadres volontaires chargés par leur direction d’assurer le fonctionnement de l’entreprise ou du service malgré les grévistes, par le recours à du personnel extérieur, par exemple. Ou bien sans doute aussi ces travailleurs que l’on voit à longueur de journaux télévisés, complètement incapables d’imaginer le sens d’une mobilisation collective, et qui se plaignent qu’il n’y ait pas de transports en communs, faisant leur les arguties du MEDEF, et ne voyant que leur intérêt et leur confort personnel.

Les vrais jaunes, aujourd’hui, ceux qui empêchent la mobilisation ou réduisent l’impact du mouvement social, ce sont sûrement ceux là.

(badurl) http://www.alahune.fr/index.php?post/2009/03/19/Les-jaunes (badurl)

:icon_up:

Posté
Ce n'est pas une fin mais cette fin (en gras). Donc, on est d'accord, on peut payer des ouvriers pour faire respecter l'état de droit en cas de séquestration ou de grèves empêchant ceux qui veulent travailler de le faire. Ce n'est pas corrompre mais un cdd.

Le moyen est en l'espèce légitime en tant que tel. Il est de la nature de la police d'utiliser la contrainte pour arrêter les criminels. Dès lors il n'y a nul besoin de légitimation par la fin.

Il en irait autrement si par exemple la police utilisait la force pour rendre justice et non simplement présenter les criminels devant la justice, parce qu'elle estime que la justice n'est pas à même de condamner un criminel à sa juste peine.

Non. Si tu définis la légitimité d'une action en fonction de sa fin, ça signifie que la fin justifie les moyens.

Ce qui légitime une action ce n'est pas son but ("prévenir un mal plus grand") mais une action antérieure.

Face à l'agression, la violence devient légitime. C'est le principe de la légitime défense.

Je sais bien que c'est pas populaire sous nos vertes contrées mais la justification rationnelle est là et pas ailleurs.

Bref la légitimité vient de l'origine et non de l'objectif. Ama ni l'un ni l'autre, la légitimité est dans l'ordre des choses.

C'est amusant d'employer cette expression, en se référant aux méthodes du syndicalisme jaune :

(badurl) http://www.alahune.fr/index.php?post/2009/03/19/Les-jaunes (badurl)

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Il est remarquable de voir comment ce genre d'article prétendument informatif sert avant tout à régler des comptes et stigmatiser. Ils ne peuvent pas s'empêcher. Chasser le naturiste, il revient au bungalow.

Posté
Vous venez de découvrir que les raisonnements des anti-libéraux sont parfois idiots ? Bravo, par contre essayez de ne pas lire les contributions en diagonales la prochaine fois :icon_up:

Non, je parlais de vos raisonnements. Prenez le temps de lire.

Posté
Non, je parlais de vos raisonnements. Prenez le temps de lire.

Le Sage ne faisait qu'imaginer ce que pouvait être le "raisonnement" des séquestreurs de patron. Il faut vraiment arrêter de lire les fils en diagonale, Rocou. :icon_up:

Invité Arn0
Posté
Si tu appelles contrainte la violation des droits d'autrui (comme… la séquestration), je répondrai que contre un innocent, non. Et j'insiste : le simple fait de porter un T-shirt CGT ne suffit pas à faire de quelqu'un un complice. Une action violente contre de simples manifestants et/ou sympathisants serait un crime en soi. Par contre, toute personne convaincue d'avoir participé à des séquestrations, que ce soit par flagrant délit ou à l'issue d'une enquête dûment menée, est légitimement susceptible de contrainte. De même, la participation à une agression de quelque nature qu'elle soit expose l'auteur de l'agression au risque de la légitime défense et l'en rend entièrement responsable. Un criminel tué au cours de son crime n'est pas une victime de meurtre, c'est un accidenté du travail.

Il n'y a légitime défense que si il y a nécessité et proportionnalité ce qui ne serait probablement pas le cas si il devait y avoir mort d'homme dans le cas des séquestrations de patrons par des salariés. (Au passage une séquestration avec libération volontaire avant sept jour est un délit en droit français non un crime).

Quant à l'intervention du SWAT (ou du GIGN en France) dont tu parlais plus tôt c'est complètement absurde : toute intervention de ce genre est risqué*, c'est toujours un dernier recours (même dans une prise d'otage terroriste où on essaye toujours d'abord de négocier au moins pour gagner du temps).

Ici il suffirait que le gouvernement fasse son travail et qu'il demande aux procureurs de poursuivre les responsables parfaitement identifiés. Sarkozy joue encore une fois les gros bras sans prendre ses responsabilités. Je signale que le ministère public à toute latitude pour poursuivre les infractions qui sont portés à sa connaissance et ce même sans dépôt de plainte : c'est lui qui est garant de l'ordre public, pas les victimes.

*l'actualité récente le prouve malheureusement.

Posté
Le Sage ne faisait qu'imaginer ce que pouvait être le "raisonnement" des séquestreurs de patron. Il faut vraiment arrêter de lire les fils en diagonale, Rocou. :icon_up:

J'ai parfaitement compris l'intervention de Le Sage, merci :doigt:

Et pour ma part, je démontrais que ce "raisonnement" était malhonnête et par conséquent sans intérêt, les "séquestreurs de patrons" imaginent n'importe quoi pour justifier leurs actes qui sont, sans équivoque, des agressions.

Posté
Non, je parlais de vos raisonnements. Prenez le temps de lire.
Et pour ma part, je démontrais que ce "raisonnement" était malhonnête et par conséquent sans intérêt, les "séquestreurs de patrons" imaginent n'importe quoi pour justifier leurs actes qui sont, sans équivoque, des agressions.
Posté

Oui, enfin cher Le Sage, vous vous faites un peu trop souvent l'avocat du diable pour que l'on puisse imaginer que vous partagiez quelque peu le raisonnement en question…

Posté

Si vous me lisiez avec attention vous ne préjugeriez pas de mes opinions.

Quand à se faire l’avocat du diable j’ai toujours estimé que c’était le meilleur moyen de juger la pertinence d’arguments contradictoires, je suis perçu comme un infâme libéral capitaliste dévoreur d’enfants sur d’autres forums :icon_up: .

PS : Le diable se cache dans les détails.

Posté
Bien vu.

Je n'ai vu que du relativisme compassionnel, somme toute assez banal.

Le Sage a tenté de faire du sentimentalisme en s'apitoyant sur le sort des ouvriers, en mettant une équivalence entre la violence perçue par les salariés menacés de licienciement et la violence "perçue" des séquestrations.

Examinons les faits :

Car les séquestrations se passent mal. Ainsi à Grenoble, chez Caterpillar, où le groupe américain doit supprimer 600 emplois. Mardi dernier, quatre cadres ont été retenus par des salariés pendant vingt-quatre heures. Après l'annonce le 17 février d'un plan de suppression de 733 emplois, le climat social se tend dans l'usine grenobloise qui doit subir ses premières coupes claires depuis quarante-huit ans. Des agents de maîtrise sont menacés. Ils reçoivent des jets de cerclage métallique. Certaines de leurs voitures sont dégradées. Deux pneus sont crevés. Des salariés qui travaillent sur les lignes de production sont harcelés au téléphone pour qu'ils cessent le travail. Le mardi 31 mars, la tension est à son comble. L'intersyndicale est débordée. Vers 10 heures du matin, le directeur des ressources humaines, le responsable des relations sociales et un directeur chargé de coordonner le plan de restructuration se réfugient dans le bureau de directeur général de Caterpillar France. Les quatre hommes ferment la porte. Mais des salariés en colère se sont procuré un passe. Ils entrent et les séquestrent. Ils multiplient les vexations. Ils leur proposent des repas. Mais ce ne sont que des plats vitrines du restaurant d'entreprise. Les quatre séquestrés font commander des pizzas par les agents de la sécurité.

Tête de mort

La nuit est difficile. Coups de pied dans les portes. Musique révolutionnaire. Rap. Les membres du commando qui sont appuyés par des militants n'appartenant pas à Caterpillar, les privent de téléphone fixe et de portable. Les intimidations se poursuivent. Les salariés se procurent les numéros abrégés des portables. Ils appellent les épouses. Une femme cadre américaine reçoit des menaces par téléphone. Une feuille avec des adresses personnelles est glissée sous la porte. L'une d'elles est entourée d'une tête de mort. «On les a bien préparés. Ils peuvent aller négocier», lâche un des membres du commando. Les quatre dirigeants sont libérés le mercredi à midi.

Les quatre hommes, encadrés par des policiers en civil et des syndicalistes, partent sous les crachats et les huées. L'un d'entre eux reçoit un coup dans les genoux. Une Audi les emmène à la direction départementale du travail. Car les négociations ont immédiatement repris en début d'après-midi avec les syndicats, comme s'il n'y avait jamais eu de séquestration.

(badurl) http://www.lefigaro.fr/politique/2009/04/09/01002-20090409ARTFIG00293-le-malaise-des-cadres-de-scapa-sequestres-dans-l-ain-.php (badurl)

L'analogie entre la violence perçue et la violence effective est-elle valable?

Mais précisément si. Le chantage est condamnable en soi de même que l'usage de la contrainte ou la corruption. De telles actions ne deviennent légitime que quand elles servent évidemment à prévenir un mal plus grand.

Mais justement la corruption de syndicaliste est un moyen d'éviter un mal plus grand, c'est un moyen traditionnel de prévenir les conflits et de contourner les privilèges exorbitants des syndicats, il en va de l'intérêt général de l'entreprise, donc des salariés.

Soutenir le bien-fondé de la corruption contre des syndicats violents conduits à l'affaiblissement de l'état de droit et non à son renforcement. Il y a bien plus à perdre qu'à gagner.

Et il est où ton Etat de droit lorsque les pillages, la rapine, la menace, le banditisme et le désordre sont tolérés, et même récompensés, quand l'Etat n'assure plus la sécurité des biens et des personnes, préférant réserver le harcèlement policier contre les honnêtes gens.

On ne voit pas ce que pourrait faire le gouvernement pour témoigner plus de bienveillance à l'égard des émeutiers et de la canaille, cela parce que les apprentis-sorciers aux commandes espèrent ainsi monnayer la paix sociale et en retirer des avantages clientélistes lors des élections. Quand les sondages et la démagogie gouvernent, les politiciens s'assoient joyeusement sur ton Etat de droit.

Posté
Bon. En qu'en avez-vous retiré ?

A la lecture de Smith, Locke et Mill d’une part, de Bastiat, Friedman et Hayek d’autre part, il me semblait évident qu’ils n’adhéraient pas au même projet de société.

La lecture de ce forum m’a non seulement confirmé dans cette conviction mais cela a aussi été un salutaire antidote contre le courant de pensée simpliste et excessif qui était devenu à la mode, notamment dans les années 80, et qui est, malheureusement, aussi désigné par l’appellation « libéralisme ».

J’en ai retiré comme observation qu’il y a plus de différence entre les participants de ce forum qu’il n’y a de différence entre les participants de celui-ci et les participants de forums se revendiquant comme opposé au libéralisme (ou plutôt ce qu’ils croient être le libéralisme).

Ps : Honnêtement je préférai garder mes conclusions pour plus tard, j’ai plus d’intuitions que de certitudes sur de nombreux sujets et donc des doutes, je vous livre donc simplement quelques réflexions.

Posté
Il faut se rendre à l'évidence, le patronat a renoncé à la lutte des classes, les dirigeants battent leur coulpe: là se situe la signification dramatique de cette vague de prises d'otages.
Je n'ai vu que du relativisme compassionnel, somme toute assez banal.

Relativisme compassionnel ou simplement la non adhésion à votre idée de "lutte des classes" ?

Je n’oppose tout simplement pas l’intérêt des salariés à l’intérêt des dirigeants d’entreprises.

Posté
Relativisme compassionnel ou simplement la non adhésion à votre idée de "lutte des classes" ?

Je n’oppose tout simplement pas l’intérêt des salariés à l’intérêt des dirigeants d’entreprises.

La lutte des classes, la vraie, est entre les producteurs et les spoliateurs, entre les salariés (les patrons en sont) et les syndicats.

En luttant contre l'oppression des syndicats, les patrons luttent pour l'ensemble des salariés, c'est ce que vous ne comprenez pas.

Dans ces questions de grèves, beaucoup de gens ne veulent voir que les intérêts des patrons d'une part et celui des ouvriers de l'autre. Il y a en outre un conflit entre les intérêts des ouvriers syndiqués, qui ne forment généralement qu'une petite minorité de privilégiés, et les intérêts des ouvriers non syndiqués, qui constituent la grande masse de la population. Il serait comique, s'il n'était profondément triste, de voir de bons bourgeois, tout confits de sentimentalité et qui n'ont à la bouche que « le bien des petits et des humbles », prendre régulièrement le parti de la minorité privilégiée contre ces petits et ces humbles.

Après une grève, on ne manque pas d'imposer la condition qu'il n'y ait aucun renvoi d'ouvrier. Ce serait excellent si la réalité correspondait à cette prescription ; mais elle y est exactement contraire ; c'est-à-dire que par cette condition on impose précisément le renvoi de toute une catégorie de malheureux qui avaient pris la place délaissée par les grévistes. Un industriel de Florence, M. Benini, a eu le courage de résister et de se refuser à commettre cette flagrante injustice, dont auraient eu à souffrir précisément « les petits et les humbles » ; et naturellement il en a été blâmé par de bons philanthropes.

Voici, à Naples, un établissement industriel qui est assiégé de demandes de gens qui voudraient bien pouvoir gagner honnêtement leur vie, en travaillant ; on les éconduit, car le personnel est au complet. Un beau jour on les appelle ; les places qu'ils convoitaient tant ont été délaissées, on les leur donne. Enfin ! voilà un sourire de bonheur qui a brillé à travers la sombre misère de bien des familles ! Enfin, pour la première fois peut-être de leur vie, les enfants iront se coucher ayant mangé à leur faim. Mais ce bonheur ne dure pas ; la direction de l'établissement fait savoir au père de famille qu'il est renvoyé. - « Mon Dieu ! dit le pauvre homme, quelle faute ai-je commise ? Je travaillais pourtant de tout mon courage, pour ne pas être renvoyé. - Mon ami, c'est vrai, nous n'avons rien à vous reprocher ; mais le préfet est venu au nom du gouvernement, nous demander, nous imposer de reprendre les ouvriers qui avaient délaissé les places que vous et vos camarades vous occupez. Vous n'êtes pas sans savoir que le premier devoir de tout gouvernement est de protéger les travailleurs. De bonnes âmes, très compatissantes aux malheurs des pauvres gens, insistent fort pour que nous vous renvoyions sans le moindre délai. Vous comprenez que nous ne pouvons pas nous mettre tout ce monde à dos ; il faut partir. S'il y a une nouvelle grève on vous rappellera. Vous ne pouvez travailler et manger que selon le bon plaisir de nos grévistes. » Le bonhomme s'en va, sans comprendre comment, lui, qui est incontestablement un travailleur, se trouve être protégé par les gens qui lui font perdre son ouvrage, sans qu'il y ait de sa faute.

Posté
En luttant contre l'oppression des syndicats, les patrons luttent pour l'ensemble des salariés, c'est ce que vous ne comprenez pas.

Mais oui bien sur, c’est sans doute pour cette raison que la libre création des syndicats a été défendu au XIX e siècle par des parlementaires libéraux.

Ne pas adhérer à une idée ne signifie pas qu'on ne la comprend pas.

Posté
c'est de qui ?

Le grand Pareto, dans un article intitulé "Le droit de grève" que je vous recommande.

On le trouve dans un recueil de ses articles, disponible dans la Bibliothèque des classiques :

http://classiques.uqac.ca/classiques/paret…ideologies.html

Mais oui bien sur, c’est sans doute pour cette raison que la libre création des syndicats a été défendu au XIX e siècle par des parlementaires libéraux.

Justement les libéraux démocrates, champions de la compromission, ont fait des tas de conneries liberticides au cours de l'histoire (c'est bien ce qu'on leur reproche, penchez-vous un peu sur l'histoire du parti libéral belge par exemple). A commencer par cette loi Waldeck-Rousseau de 1884 sur la création des syndicats faite pour calmer les socialistes, croyaient-ils en creusant leur tombe, dont nous payons encore le tribut actuellement.

Reconnaître la liberté d'association, abolir le délit de coalition suffisait amplement, sans avoir à institutionnaliser par des privilèges des factions vivant du racket.

Posté

Le problème c’est l’impossibilité de licencier un syndicaliste, pas le syndicat.

Il y a une grande différence entre lutter contre le monopole de représentativité détenu par certains syndicats et lutter contre les syndicats.

Une grève c'est la possibilité qu'ont les salariés d'une entreprise de cesser collectivement de travailler pour affronter la direction. Il s'agit généralement d'obtenir des améliorations de leurs conditions salariales. La grève peut aussi servir à soutenir un salarié particulier contre un comportement de la direction jugé discriminatoire ou injuste. La grève est donc un arrêt de travail collectif résultant d'une libre association.

Tout cela est parfaitement compatible avec l'éthique libérale. Toute loi qui chercherait à empêcher cette libre association serait contraire au principe de liberté. Les libéraux se sont donc opposé au XIXe siècle au trop grand pouvoir des entrepreneurs et de l'Etat qui pouvaient obtenir la condamnation pénale de toutes les formes d'associations, donc des grévistes. La loi Le Chapelier du 14 juin 1791, sous le prétexte d'abolir les corporations d'artisans et d'entrepreneurs, avait aussi aboli toutes les formes d'associations d'ouvriers, donc les grèves. D'inspiration Jacobine, cette loi n'admettait aucun intermédiaire entre l'individu et l'Etat. C'est un député libéral, Emile Ollivier qui fut le rapporteur de la loi du 25 mai 1864 qui allait abroger le délit de coalition créé par Le Chapelier.

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