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Et si on faisait un peu de stratégie ?


F. mas

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Pour un article dans une revue spécialisée, j'ai récemment eu à relire quelques écrits d'auteurs libertariens bien connus (notamment M. Rothbard) dans des revues aussi différentes que Freeman, Modern Age ou encore certains documents récemment republiés (mais non édités à l'époque). Une chose m'a frappé : contrairement à la plupart des libéraux français, ceux-ci se sont lancés dans une véritable réflexion stratégique pour répandre et faire connaître le libéralisme sur le sol américain.

Sauf à considérer que le libéralisme triomphera naturellement en France parce que c'est dans le sens de l'histoire, ou qu'inversement, il échouera nécessairement du fait de l'illibéralisme fondamental du pays (deux erreurs symétriques), il me semble que tous ceux qui souhaient voir un jour le programme libéral percer dans ce pays devrait commencer à en avoir une approche stratégique : ainsi l'étude et la formation en économie et en philosophie devrait à mon sens se doubler d'une initiation et d'une discussion permanente sur la tactique et la stratégie (les moyens, les ressources matérielles et morales à disposition pour faire triompher les fins posées). J'imagine ne rien apprendre à ceux qui militent déjà dans des partis et des associations, mais certains lieux communs méritent d'être rappelés quand même. Lier stratégie et libéralisme suppose toutefois une chose, c'est de reconnaître que le libéralisme n'est pas simplement une théorie morale, mais suppose une situation politique pour qu'il se développe favorablement. Voilà. what do you think ?

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Une chose m'a frappé : contrairement à la plupart des libéraux français, ceux-ci se sont lancés dans une véritable réflexion stratégique pour répandre et faire connaître le libéralisme sur le sol américain.

Voila quelque chose qui nous manque terriblement !

"le libéralisme triomphera naturellement en France parce que c'est dans le sens de l'histoire"

Par contre j'ai du mal à concevoir comment on peut aboutir à ce genre de raisonnement…

Posté
Voila quelque chose qui nous manque terriblement !

"le libéralisme triomphera naturellement en France parce que c'est dans le sens de l'histoire"

Par contre j'ai du mal à concevoir comment on peut aboutir à ce genre de raisonnement…

En revanche, pour aboutir à l'erreur opposée, il suffit de lire régulièrement ce forum. :icon_up:

Posté
Pour un article dans une revue spécialisée, j'ai récemment eu à relire quelques écrits d'auteurs libertariens bien connus (notamment M. Rothbard) dans des revues aussi différentes que Freeman, Modern Age ou encore certains documents récemment republiés (mais non édités à l'époque). Une chose m'a frappé : contrairement à la plupart des libéraux français, ceux-ci se sont lancés dans une véritable réflexion stratégique pour répandre et faire connaître le libéralisme sur le sol américain.

Sauf à considérer que le libéralisme triomphera naturellement en France parce que c'est dans le sens de l'histoire, ou qu'inversement, il échouera nécessairement du fait de l'illibéralisme fondamental du pays (deux erreurs symétriques), il me semble que tous ceux qui souhaient voir un jour le programme libéral percer dans ce pays devrait commencer à en avoir une approche stratégique : ainsi l'étude et la formation en économie et en philosophie devrait à mon sens se doubler d'une initiation et d'une discussion permanente sur la tactique et la stratégie (les moyens, les ressources matérielles et morales à disposition pour faire triompher les fins posées). J'imagine ne rien apprendre à ceux qui militent déjà dans des partis et des associations, mais certains lieux communs méritent d'être rappelés quand même. Lier stratégie et libéralisme suppose toutefois une chose, c'est de reconnaître que le libéralisme n'est pas simplement une théorie morale, mais suppose une situation politique pour qu'il se développe favorablement. Voilà. what do you think ?

Je voterai pour toi si tu te présente aux élections.

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+1

j'ajouterais peut être que la tendance est aggravée par les alliances difficiles et le manque de coalition.

il y a quelques mouvements qui bougent mais ils manquent de compétences en com', marketing et psychologie à mon sens (en même temps comme c'est plutôt ma branche, je crois en voir un manque partout!).

Il y a de la communication mais rarement pertinente et efficace.

C'est compréhensible, dur dur de se trouver des personnes compétentes dans les domaines utiles au mouvement, des fonds, des adhérent ET éviter les déchirures…

Aujourd'hui je crois que le seul modèle qui pourrait fonctionner serait structurellement pyramidal tant au niveau de l'organisation du pouvoir qu'au niveaux des informations diffusées. Impossible d'arriver à l'objectif fixé si on prend en compte les avis et croyances de chacun au sujet du libéralisme. L'utilisation du cerveau que fait l'humain étant ce qu'il est, le système des illuminatis reste le plus efficace parmi tous et de loin (pour diffuser une idée, pas pour se développer sur le long terme, mais le premier peut être une étape (un peu paradoxale cela dit, mais sinon le libéral n'agirait pas) …)

Sans ministre de la propagande ou collectif de la propagande un minimum qualifié et sans vergogne, autant faire une croix sur la diffusion du mouvement…

Pour dominer il faut menacer la dominance des dominants actuels, pour cela il faut grossir, pour grossir il faut convertir des dominés insatisfaits et mieux les dominer que les précédents, sinon leur faire croire qu'ils dominent eux mêmes

aïe ce doit être dur à admettre comme point de vue pour un idéaliste :icon_up:

pourtant je crois fermement que c'est un de ceux qui constitue l'appareillage paradigmatique des possesseurs de pouvoir.

Sans cette croyance, à mon sens, la notion de "pouvoir" est dissoute… avec toutes les conséquences qui s'en suivent selon à quelle échelle cela se passe

Posté
il y a quelques mouvements qui bougent mais ils manquent de compétences en com', marketing et psychologie à mon sens (en même temps comme c'est plutôt ma branche, je crois en voir un manque partout!).

Il y a de la communication mais rarement pertinente et efficace.

+100. Sinon, je ne suis pas certain d'avoir compris le reste de ton message.

Posté
Sinon, je ne suis pas certain d'avoir compris le reste de ton message.

Je crois qu'Eva n'a pas complètement digéré Laborit.

Posté

Il faudrait largement faire changer les mentalités, et lutter contre cette sorte de diabolisation presque systématique du libéralisme, avec de nombreux stéréotypes, préjugés et amalgames totalement scandaleux et désuets.

Posté
Je crois qu'Eva n'a pas complètement digéré Laborit.

Ou que c'est en cours de digestion, mais ça, je le savais. :icon_up: Reste que je suis tout sauf certain de comprendre l'essence de son propos.

Une chose reste : la logique ne suffit pas (désolé jabial). Un peu de psychologie appliquée, d'art rhétorique, d'éclat médiatisable seraient les bienvenus.

Il faudrait largement faire changer les mentalités, et lutter contre cette sorte de diabolisation presque systématique du libéralisme, avec de nombreux stéréotypes, préjugés et amalgames totalement scandaleux et désuets.

Ca, c'est une des directions vers lesquelles tendre. Et donc, on fait comment ? Ca, c'est l'objet du fil.

Posté
Il faudrait largement faire changer les mentalités, et lutter contre cette sorte de diabolisation presque systématique du libéralisme, avec de nombreux stéréotypes, préjugés et amalgames totalement scandaleux et désuets.

+1

IMO, avant de pouvoir espérer tirer quoi que ce soit d'une semence libérale, il faudrait déjà labourer la diabolisation ambiante. J'ai renoncé à convertir, j'essaie déjà de dédiaboliser. Mais à l'échelle individuelle ça revient à récurer les écuries d'Augias.

En l'état actuel des choses je pense que le fait d'avoir l'air "underground" ne nuit pas au libéralisme. Plus ça ressemblera à un gros truc organisé cité dans les médias, avec stratégie de com' aux oignons et figures de proue encostardées à prendre pour cible et à reprendre sur des conneries, plus les gens nous verront comme une conjuration à la solde de grands patrons cornus. Le petit parti jeune un peu à l'arrach' à la AL, ça me paraît tactiquement assez adapté à court terme dans cette optique.

Invité jabial
Posté

Le libéralisme est suffisamment révolutionnaire pour ne pas pouvoir réellement se développer sans une contre-culture lui servant de support.

Schnappi was right.

Pas sur la nature de cette contre-culture, mais sur le principe.

Posté
Un peu de psychologie appliquée, d'art rhétorique, d'éclat médiatisable seraient les bienvenus.

et un peu moins d'internet surtout. beaucoup beaucoup moins même.

Posté
C'est compréhensible, dur dur de se trouver des personnes compétentes dans les domaines utiles au mouvement

+1 : l'action d'influence est multitâches et doit surtout être envisagée avec professionnalisme : la levée de fonds, la relation avec les élus, les media, ou les autres groupes de pression, l'influence internet, etc., sont autant de jobs différents qui demandent une certaine spécialisation… Peu à peu, on pourra remarquer que l'apparition d'instituts en France s'accompagne de la création de nouveaux métiers (et donc de carrières dans un nouveau secteur). Comme aux Etats-Unis depuis 50 ans.

Aujourd'hui je crois que le seul modèle qui pourrait fonctionner serait structurellement pyramidal tant au niveau de l'organisation du pouvoir qu'au niveaux des informations diffusées.

Moins d'accord: il faut vraiment différencier l'action partisane de l'action de la société civile : Pour ce qui est des partis, Eva a sans doute raison (et encore, cela peut se tempérer). Pour ce qui est de la société civile, même s'il est nécessaire d'unifier les structures qui se ressemblent pour mutualiser les efforts, notamment en logistique (levée de fonds, matériel, etc.) il est préférable de garder une certaine diversité. Chaque organisation a son identité propre. Aussi, il est nécessaire de différencier les Instituts des groupes grassroots (militants). Pour en revenir aux Etats-Unis, le Mises Institute n'a rien à voir avec le CATO, et encore moins avec la National taxpayers union ou la NRA. Sans doute est-il nécessaire de faire feu de tout bois pour s'adapter à l'hétérogéneité de la demande : l'orthodoxie anarcap' est plus que nécessaire (le Mises Institute joue ce rôle parfaitement), tandis que les libéraux classiques se dirigeront plutôt vers le CATO. Ceux plus conservateurs se satisferont de l'Heritage foundation…

j'ajouterais peut être que la tendance est aggravée par les alliances difficiles et le manque de coalition

+1

La diversité (le terme de pluralisme est sans doute plus approprié) ne doit évidemment pas jouer contre l'esprit de coalition. C'est sans doute le plus grand problème en France. Mais c'est principalement dû à des querelles de personnes, donc on peut espérer que ce problème reste générationnel.

Posté
et un peu moins d'internet surtout. beaucoup beaucoup moins même.

Exactement. :icon_up:

Posté
La toute première chose à faire serait de cesser de déprécier l'action politique.

Notre méfiance n'est pas infondée. Dans presque tous les cas, l'action politique a pour résultat une extension des prérogatives de l'industrie politique, ce qui est le contraire de ce que nous souhaitons.

L'idée d'ajouter encore à l'action politique dans le but de la faire reculer tend à produire des succès aussi prolongés que la production de plasma dans le Joint European Thorus.

Posté

Une chose me paraît assez nécessaire sur le plan du discours : nous nous adressons à un public français formaté depuis plusieurs décennies (et même plus encore) par des pratiques politiques et sociales interventionnistes, socialistes ou semi-socialistes. Or il me semble que dans la multitude de représentations attachées à l'identité française, il y a la langue (elle même véhicule d'une histoire commune) et la culture de l'Etat (l'idée que l'unité du pays s'est faite autour de l'Etat central), qui maintenant assimilée au respect non critique de toute action publique provenant de l'Etat.

La langue entraîne des contraintes lexicales et historiques : les Français seront plus attentifs si on leur parle de leur propre histoire et de thèmes dont ils croient pouvoir se réclamer ("la révolution française", "les droits de l'homme") plutôt que de l'histoire de leurs voisins ou de cultures qui leur apparaissent d'importation ("boston tea party" "libertarisme"). C'est humain, c'est pareil pour toutes les communautés politiques (un exemple : le terme "socialiste" en France ne suscite aucune émotion particulière, sauf bien entendu pour la fraction de la population la mieux informée cad nous :icon_up: tandis qu'il est spontanément négatif dans la vie publique américaine).

La culture de l'Etat est plus difficile à aborder, car toute contestation des prérogatives étatiques revient de près ou de loin à contester l'unité politique du pays. Il me semble toutefois qu'on peut d'abord démontrer que l'Etat français n'a pas toujours eu la même étendue, et surtout que l'attitude servile des Français n'est aussi qu'une attitude récente voire contemporaine. Pour se faire,il est possible de réinvestir le style de discours populiste, qui semble à l'heure actuelle le style politique devenu le plus audible en France et en Europe (ce n'est pas un hasard, si ségolène, nicolas et françois s'en sont emparés assez récemment). Qui dit style populiste ne veut pas dire démagogique : c'est une technique plus qu'un contenu, qui consiste à prendre à témoin la population dans le registre de la morale ou du bon sens contre la dépravation réelle ou supposée de ses élites. Il existe un populiste de droite comme de gauche, comme il peut exister un populisme libéral ou antilibéral.

Il m'apparaît donc que pour convaincre nos concitoyens d'opter pour le libéralisme, il nous faut reconstruire un récit national respectant ces contraintes historiques, lexicales et stylistiques, tout en les amenant sur nos thèmes : en d'autres termes, il nous faut faire du storytelling pour créer un libéralisme politique proprement français. Cela passe par une étude attentive et sérieuse de la théorie du libéralisme français (merci le centre d'études du libéralisme francophone, Nemo, Leter and co !) mais aussi par la recréation d' un imaginaire "libertarien" populaire national, qui ne se résume pas à la transposition plus ou moins maladroite de celui américain. Je suis toujours un peu consterné quand je vois les sites internet de nos partis libéraux français. Malgré des efforts louables (j'insiste parce qu'ils ont toute de même du mérite), ils véhiculent tous une image de cadres sup travaillant à l'international, dans des grosses boîtes, ou d'étudiants erasmus assez peu concernés avec les réalités spécifiquement françaises : A qui s'adresse exactement ce genre de mouvement ? Qui peut se retrouver dans ces images sinon des étudiants erasmus, quelques sciences pipos, et des sup de co (c'est-à-dire une frange marginale voire très marginale de la population de ce pays, qui par ailleurs n'est pas spécialement intéressée par l'avenir de ce pays, puisque elle possède le "privilège" de pouvoir en partir ? Après tout, moi qui suis bistrotier à Lignières dans le Berry, pourquoi je ferais confiance à un connard qui n'a qu'une ambition, se tailler à perpét à la première occasion pour se faire plus de tunes ?) ?

Je remarque cela, encore une fois, en comparant nos problèmes à la stratégie adoptée par certains libertariens, voire certains organes libertariens us (Ludwig von Mises et Cato) : eux, avec beaucoup plus de facilité certes, se sont fondus dans l'histoire nationale, tout en restant assez critique vis-à-vis de l'institution de la république américaine : pour aller vite, être libertariens, ça fait roots, ce qui n'était peut-être pas le cas juste après la seconde guerre mondiale : cependant faire roots ne veut pas dire forcément être roots. Ce qui peut être un but tactique, c'est de rendre le libéralisme roots dans ce pays, et cela même si ça n'est pas totalement conforme à la réalité. Et je pense qu'on a largement la matière.

Pour cela, il serait intéressant de se pencher vers les pratiques du libéralisme en France, c'est-à-dire les révoltes antifiscalistes, la défense des intérêts des pme pmi, les associations de contribuables et de consommateurs, mais en les politisant, c'est à dire en essayant de les convaincre que leur combat suppose une conception morale et politique complète. Je note par ailleurs que c'est de ce côté là que se trouve le blé qui manque tant aux instituts et fondations libérales françaises.

Posté
Aujourd'hui je crois que le seul modèle qui pourrait fonctionner serait structurellement pyramidal tant au niveau de l'organisation du pouvoir qu'au niveaux des informations diffusées. Impossible d'arriver à l'objectif fixé si on prend en compte les avis et croyances de chacun au sujet du libéralisme. L'utilisation du cerveau que fait l'humain étant ce qu'il est, le système des illuminatis reste le plus efficace parmi tous et de loin (pour diffuser une idée, pas pour se développer sur le long terme, mais le premier peut être une étape (un peu paradoxale cela dit, mais sinon le libéral n'agirait pas) …)

Sans ministre de la propagande ou collectif de la propagande un minimum qualifié et sans vergogne, autant faire une croix sur la diffusion du mouvement…

Pour dominer il faut menacer la dominance des dominants actuels, pour cela il faut grossir, pour grossir il faut convertir des dominés insatisfaits et mieux les dominer que les précédents, sinon leur faire croire qu'ils dominent eux mêmes

Pas compris : en quoi "le système des illuminatis" peut-il contribuer à diffuser le libéralisme? Concrètement.

De la propagande oui. Mais en quoi nécessite-t-elle un ministre et une organisation pyramidale?

Posté
Il existe un populiste de droite comme de gauche, comme il peut exister un populisme libéral ou antilibéral.

Il m'apparaît donc que pour convaincre nos concitoyens d'opter pour le libéralisme, il nous faut reconstruire un récit national respectant ces contraintes historiques, lexicales et stylistiques, tout en les amenant sur nos thèmes : en d'autres termes, il nous faut faire du storytelling pour créer un libéralisme politique proprement français. Cela passe par une étude attentive et sérieuse de la théorie du libéralisme français (merci le centre d'études du libéralisme francophone, Nemo, Leter and co !) mais aussi par la recréation d' un imaginaire "libertarien" populaire national, qui ne se résume pas à la transposition plus ou moins maladroite de celui américain. Je suis toujours un peu consterné quand je vois les sites internet de nos partis libéraux français.

J'ai déjà soutenu cette thèse à de multiples reprises, sans être entendu. Elle continue à mon sens d'être la seule réaliste actuellement : la constitution d'un populisme libéral, comme le fut en Italie la Ligue du Nord à un certain moment, orienté essentiellement contre le fiscalisme, la bureaucratie, la corruption et l'insécurité.

Je remarque cela, encore une fois, en comparant nos problèmes à la stratégie adoptée par certains libertariens, voire certains organes libertariens us (Ludwig von Mises et Cato) : eux, avec beaucoup plus de facilité certes, se sont fondus dans l'histoire nationale, tout en restant assez critique vis-à-vis de l'institution de la république américaine : pour aller vite, être libertariens, ça fait roots, ce qui n'était peut-être pas le cas juste après la seconde guerre mondiale : cependant faire roots ne veut pas dire forcément être roots. Ce qui peut être un but tactique, c'est de rendre le libéralisme roots dans ce pays, et cela même si ça n'est pas totalement conforme à la réalité. Et je pense qu'on a largement la matière.

Pour cela, il serait intéressant de se pencher vers les pratiques du libéralisme en France, c'est-à-dire les révoltes antifiscalistes, la défense des intérêts des pme pmi, les associations de contribuables et de consommateurs, mais en les politisant, c'est à dire en essayant de les convaincre que leur combat suppose une conception morale et politique complète. Je note par ailleurs que c'est de ce côté là que se trouve le blé qui manque tant aux instituts et fondations libérales françaises.

Ce point est très juste: si les libertariens locaux s'enferrent dans une position idéaliste et sectaire, ce n'est pas seulement à cause de leur mentalité obsidionale propice aux concours d'indignation puérils et à la haine de soi. Mais aussi à cause d'une dérive vers l'abstraction, symptome d'un manque de réalisme. D'où un universalisme vulgaire, mal digéré, la fascination pour un modèle révolutionnaire hypothétique, avec ses corollaires mondialistes et internationalistes, ainsi qu'une idéologie sans-papiériste dont on peine à voir en quoi elle se distingue d'un certain collectivisme. Autant d'obstacles qui font du libéralisme version idéologique un repoussoir pour le peuple, condamné à l'impuissance.

Posté

Woah. Chapeau pour ce rappel/analyse F.mas, c'est plein de bon sens. Ca recoupe ce que répete souvent Jabial, d'ailleurs. En gros, le succes du libéralisme en France passera par le populisme.

Un bon vulgarisateur de la pensée libérale serait le top. C'est en ce sens que Madelin n'a pas rempli son rôle, a mon avis. Par exemple, Bastiat est facilement utilisable et compréhensible par n'importe qui.

Posté
Dommage que nous ne puissions changer les programmes scolaires…

Je rappelle que notre but n'est pas de les remplacer, mais de les supprimer (ou de les remplacer par un Strict Minimum Indispensable à Connaitre, plus neutre). Trop de wanabee libéraux se sont brulés les ailes une fois arrivés au pouvoir, fasciné par celui-ci. Accéder au pouvoir pour y renoncer demande de l'abnégation.

Posté

Il m'apparaît donc que pour convaincre nos concitoyens d'opter pour le libéralisme, il nous faut reconstruire un récit national respectant ces contraintes historiques, lexicales et stylistiques, tout en les amenant sur nos thèmes : en d'autres termes, il nous faut faire du storytelling pour créer un libéralisme politique proprement français.

Pour cela, il serait intéressant de se pencher vers les pratiques du libéralisme en France, c'est-à-dire les révoltes antifiscalistes, la défense des intérêts des pme pmi, les associations de contribuables et de consommateurs, mais en les politisant, c'est à dire en essayant de les convaincre que leur combat suppose une conception morale et politique complète. Je note par ailleurs que c'est de ce côté là que se trouve le blé qui manque tant aux instituts et fondations libérales françaises.

Oui (sur le reste du post aussi mais je ne voulais pas encombrer le fil).

M'est avis qu'il existe un angle d'approche pour en convaincre l'un ou l'autre, ou les deux, parti(s) libéral(ux), et qu'ils ne se conçoivent pas comme en position de refuser toute aide productive et utile.

Je plaide coupable sur les connards sup de co expatriés, mais bon, c'est nous qui avons adhéré. Je suis bien d'accord que notre style naturel n'est pas de nature à porter le message très loin. Et qu'il aussi urgent que nécessaire de le porter au coiffeur, au buraliste, au petit patron, etc.

Posté
Pour un article dans une revue spécialisée, j'ai récemment eu à relire quelques écrits d'auteurs libertariens bien connus (notamment M. Rothbard) dans des revues aussi différentes que Freeman, Modern Age ou encore certains documents récemment republiés (mais non édités à l'époque). Une chose m'a frappé : contrairement à la plupart des libéraux français, ceux-ci se sont lancés dans une véritable réflexion stratégique pour répandre et faire connaître le libéralisme sur le sol américain.

Sauf à considérer que le libéralisme triomphera naturellement en France parce que c'est dans le sens de l'histoire, ou qu'inversement, il échouera nécessairement du fait de l'illibéralisme fondamental du pays (deux erreurs symétriques), il me semble que tous ceux qui souhaient voir un jour le programme libéral percer dans ce pays devrait commencer à en avoir une approche stratégique : ainsi l'étude et la formation en économie et en philosophie devrait à mon sens se doubler d'une initiation et d'une discussion permanente sur la tactique et la stratégie (les moyens, les ressources matérielles et morales à disposition pour faire triompher les fins posées). J'imagine ne rien apprendre à ceux qui militent déjà dans des partis et des associations, mais certains lieux communs méritent d'être rappelés quand même. Lier stratégie et libéralisme suppose toutefois une chose, c'est de reconnaître que le libéralisme n'est pas simplement une théorie morale, mais suppose une situation politique pour qu'il se développe favorablement. Voilà. what do you think ?

I think you're absolutely right - as usual!

Posté
(un exemple : le terme "socialiste" en France ne suscite aucune émotion particulière, tandis qu'il est spontanément négatif dans la vie publique américaine).

C'est vrai; quoique de moins en moins, malheureusement, notamment chez les jeunes. Le Socialisme ne me semble plus être le tabou (outre-Atlantique) qu'il était il y a encore dix ans.

C'est d'ailleurs franchement inquiétant pour l'avenir du pays.

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