Yul Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Bon, j'emploie le mot "décadence", mais il n'est peut-être pas approprié: pour qu'il y ait décadence il faut d'abord qu'il y ait eu grandeur, or on cherche difficilement une grandeur passée, intellectuellement, chez les crapules qui n'ont de cesse de mettre le résultat catastrophique de leurs politiques sur le dos du libéralisme, du capitalisme, des marchés, de l'individualisme etc… Donc ce matin, pour mon malheur, et surtout celui de mes finances, je passe devant la fnac. J'essaie de résister, mais pas moyen, je me dis que ce serait l'occasion d'aller au rayon économie me comporter en consommateur aliéné et acheter quelque bonne lecture autrichienne afin de réduire l'ampleur de mon inculture. Je trouve le dernier Gave dont j'adore le titre ô combien minarchiste, le Capitalisme et Liberté de Friedman, et un manuel d'éco très bien fait et qui m'a semblé assez violemment libéral (notamment le chapitre sur la dette publique), "Juste assez d'économie pour briller en société" d'Edmund Conway. Vu ce que j'ai pu lire, je pense que je vais le recommander aux personnes qui n'y connaissent rien en économie et qui disons, ne sortent pas la machette made in Rwanda quand ils détectent un soupçon d'idée libérale, voire de conception non-erronée de l'économie. Je sais, en France ça fait peu de monde. Comme d'habitude, j'en profite pour faire de la lecture rapide. Et comme d'habitude, mais je n'arrive pas à m'y faire, je suis choqué par l'abondance de la production française (et vraiment franco-française à l'exception d'un Naomi Klein et d'un Stiglitz) de publications anti-libérales, voire et le plus souvent ouvertement anti-capitalistes. Tous ces pauvres arbres abattus, les écolos anti-capitalistes devraient y songer, quand même. Quelques impressions. Bernard Maris, il faut l'enfermer, c'est un fou dangereux. Donc je lis son dernier bouquin "Marx, ô Marx, pourquoi m'as-tu abandonné ?", parce que franchement, vu le personnage, c'est d'une ironie involontaire assez savoureuse. Et il représente les idées d'une génération qui nous ferait des vacances si elle se souciait un peu plus du cancer de la prostate et du colon, c'est important à cet âge-là, et les palpations que l'on pratique lors du dépistage lui donneraient une idée minimale de ce qu'elle nous inflige au quotidien. Donc, il commence son livre par une présentation de la pensée de Marx qui est en fait un éloge extatique, c'est "le meilleur économiste" qui a tout compris du capitalisme. Sérieux. Mais: il s'était trompé sur tout en ce qui concerne son évolution. Insoutenable paradoxe. Maris va-t-il en tirer la conclusion qui s'impose, à savoir que le marxisme c'est de la merde ? Non, évidemment. Et là je n'ai pas trop bien compris. Parce qu'il n'est pas évident à lire. Ce n'est pas très limpide: il n'y a pas vraiment de chapitres, juste des sections numérotées, certaines font trois lignes tandis que d'autres s'étendent sur des pages sans qu'il y ait vraiment de paragraphes. Il y a beaucoup d'ellipses. Je crois qu'il veut dire que Marx s'est trompé en ce que le capitalisme c'est en fait bien pire, ce n'est que comme ça que je m'explique la logorrhée anti-capitaliste du dernier tiers, des pages et des pages en continu sans la moindre aération, bourrées de haine. Ca commence avec les accusations classiques d'égoïsme, d'immoralité, de manipulation perverse. Puis il passe à la démultipliée. En gros il croit que les capitalistes veulent détruire la civilisation, l'espèce humaine, le monde. Pour de vrai. C'est tout juste s'il ne raconte pas que les patrons et les financiers pratiquent des messes noires avec des sacrifices de bébés. Ca m'a donné la forte impression de lire Mein Kampf. //www.amazon.fr/Marx-ô-pourquoi-mas-tu-abandonné/dp/2357660228 J'ai trouvé un peu la même prose dans La grande régression de Jacques Généreux (avec l'argent des autres), une longue pleurnicherie sur la fin de l'Etat-providence et le méchant capitalisme dérégulé. Pas d'argumentation structurée, de l'économie de bistrot, une condamnation morale consistant en un chapelet d'insultes. Comme cette saine lecture m'avait mis en forme, je me suis dit, continuons par ce manuel de la décroissance qui a l'air alléchant (parmi d'autres livres sur le même sujet, toute une étagère). Je n'ai pas été déçu, le 4 ème de couverture avait bien vanté la marchandise en parlant d'un ouvrage militant. Mais alors vraiment goûtu: "La décroissance : Dix questions pour comprendre et débattre". http://www.amazon.fr/d%C3%A9croissance-que…4686&sr=1-2 Rien que la couverture: Déjà, quand un anti-capitaliste parle de discuter et débattre, on peut soupçonner l'entourloupe. Connaissent-ils le sens de ces mots ? Déjà accoler deux synonymes c'est suspect en soi. Le jeu de mots tient une grande place chez eux, c'est juste énorme, on a en a déjà parlé de ces mots-valises qui abondent dans leur vocabulaire et remplacent souvent l'argumentation, mais visent aussi à déformer la réalité, parfois pour échapper à une culpabilité, comme "faucheur volontaire " (ha bon il y a des faucheurs par hasard ?) ou dénigrer l'ennemi, ou encore passer de l'Air Wick éco-conscient-citoyen-durable par-dessus leurs coûteuses petites merdes. Et là je découvre le mot "objecteur de croissance". Ils ont osé. Mais ce n'est pas tout. Donc, ce bouquin ce veut un argumentaire pratique pour en boucher un coin à ceux qui affirment dans les dîners de l'ambassadeur toujours réussis que les décroissantistes sont malthusiens, et que leurs idées aboutiront au despotisme et à la misère. D'abord, un peu de dénigrement. On affirme que la pensée libérale est fasciste et on sort un type du GRECE. Ensuite, on pose des principes d'alter-économie façon vendeur de voitures d'occasion, en disant à plusieurs reprises avec des clignements d'oeil bien appuyés "ok ça a l'air bizarre et pas crédible, mais en fait c'est tout à fait vrai, d'ailleurs on va vous expliquer dans quelques pages vous en faites pas vous comprendrez"… sauf que les explications ne viennent pas. Ils ont aussi une obsession pour les "pays du Sud" qui me rappelle les discours marxistes des années soixante. Vient le meilleur chapitre, "non la décroissance n'est pas malthusienne", qui explique en long et en large que les ressources sont finies et que même une croissance faible est encore trop forte par rapport à ce que la Terre, l'écosystème tout ça, peut supporter. Pas malthusien, donc. Ils n'ont retenu de Malthus que ses déclarations sur les guerres et les famines, et ça ils n'en veulent pas. Mais ils l'auront quand même. Une petite hallucination au passage sur les potagers que les gens se remettraient à cultiver pour diminuer les dépenses alimentaires en temps de crise (finale, bien sûr) et qu'ils souhaitent bio. Car leur machin est bourré d'écologisme, je crois qu'idéologiquement l'écologie sert en fait de béquille pour le marxisme (qu'on cache un peu comme le cousin trisomique lors des repas de famille, qui vous regarde avec ses gros yeux vitreux en bavant, mais on remarque quand même l'affection et la tendresse à son égard) . Ils ne souhaitent pas désindustrialiser tout de suite à cause de la gestion des déchets, il faudra passer par une étape. Bon, les socialistes ils veulent désindustrialiser ou réindustrialiser, à la fin ?!? Il faudrait qu'ils se mettent d'accord. Mais le coeur de cet ouvrage, c'est la philosophie de comptoir. l'Hôôômme esclave de ses désirs, qui se crée sans cesse des besoins inutiles etc… Même discours que chez Généreux, ou la pensée réduite en sujets de bac philo. Et là, c'est le feu d'artifice lexical. La prose anti-libérale est en général assez pauvre et confuse, mais quand il s'agit de jeter de la poudre aux yeux aux incultes que les enseignants de sa mouvance ont eux-même créés, elles sait y faire. Donc après "objecteur de croissance", j'ai découvert "cosmopolitique". Ca en jette, hein ? J'ai eu une sorte d'explosion des neurones et un survol fébrile des pages suivantes ne m'a pas vraiment éclairé. Je pense que c'est du Deleuze ou du Badiou, parce qu'ils font aussi référence à la "technoscience" (les machins en "techno" c'est typique de Deleuze). Là, si tu lui dis que tu portes atteinte à la cosmopolitique, le libéral ne peut que se taire. Fulguro-poing ! Astéro-hache ! Cosmo-politique en action ! Là je crois qu'ils sont foutus. Ils ne s'en rendent pas compte, mais ils sont bel et bien foutus. ils tiennent le haut du pavé, mais c'est à peu près comme se tenir au bord d'un puits alors qu'un "this is Sparta !" démange le type derrière vous. Si la France connaît le sort des autres social-démocraties, et elle le connaîtra, ils vont péter un plomb et se mettre à assassiner des gens, ou pire, mais en fait ils ont le cancer et ce cancer ils l'ont au cerveau. Leur déchéance intellectuelle leur donne la force du fanatique tout en les empêchant d'appréhender correctement les menaces. Ils peuvent faire mal un moment, mais Darwin est implacable. On verra leur extinction. Enfin probablement de loin, en exil.
Yul Posté 24 novembre 2010 Auteur Signaler Posté 24 novembre 2010 Et il est mort à la fin ? j'ai été trop long ? bah, vire le sujet.
José Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Je rigole. Mais pourquoi tu ne tiendrais pas plutôt un blog - c'est le format de beaucoup de tes interventions.
Yul Posté 24 novembre 2010 Auteur Signaler Posté 24 novembre 2010 Je rigole.Mais pourquoi tu ne tiendrais pas plutôt un blog - c'est le format de beaucoup de tes interventions. heu oui tu as sans doute raison. Ca éviterait ce genre de posts. Mais je ne pourrais pas le tenir avec la régularité qu'il faudrait.
Astha Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Je rigole.Mais pourquoi tu ne tiendrais pas plutôt un blog - c'est le format de beaucoup de tes interventions. Il faudrait un " Je raconte my life" spécial Yul. Bernard Maris, il faut l'enfermer, c'est un fou dangereux. Non, son business plan c'est de casser du sucre sur l'économie de marché: Vie entrepreneuriale [modifier]Bernard Maris est directeur adjoint de la rédaction de Charlie Hebdo et actionnaire de l'hebdomadaire à hauteur de 11%. Il a reçu à ce titre 110 000 euros de dividendes pour l'exercice 2006[2]. http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Maris
Fedaykin Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Moi j'aime bien en tout cas, et ça m'a bien fait rire.
José Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Sinon, pour revenir au fil, je dirais, Yul, que tu souffres de plouquitude franchouille aigüe. Aller dans une librairie française pour y feuilleter des livres français, c'est vraiment ne vouloir rien apprendre du monde. Donc, oui, les auteurs anti-libéraux francophones sont pitoyables. Mais, quand tu consultes la littérature anti-libérale anglo-saxonne (pas Stiglitz ou Naomi Klein, hein), c'est du costaud, du lourd, du sérieux. Et c'est eux qui comptent dans le monde et il faut surtout pas les sous-estimer.
Jiplasse Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Après la crise financière et le "sauvetage" des banques (symbole du capitalisme chez le grand public) avec de l'argent public on peut pas s'attendre à ce que les gens aiment le capitalisme. C'est aux banques (avec un angle d'attaque libéral bien sur) qu'il faut s'attaquer si on veut faire passer l'idée que le libéralisme n'est pas foncièrement nocif. Ca sert à rien d'en vanter les mérites alors qu'un géant derrière en porte le drapeau et fait tout pour s'attirer la haine de tout le monde. Mais sinon …tu as vraiment lu du début à la fin tout ces bouquins ?
pilgrim Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Tu peux me citer des noms d'auteurs anti-libéraux contemporains d'importance ? Ceux que je connais me font plus penser à des bouffons qu'à des intellectuels de haut niveau.
Brock Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 en fait j'aime bien ce genre d'histoires, je trouve que ca manque sur liborg
pilgrim Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Idem ça fait du bien de voir que je ne suis pas le seul à badtriper.
Apollon Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Pas mal mais remarque qu'on ne peut pas reprocher à quelqu'un d'être injurieux en l'étant soi-même.
neuneu2k Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Pas mal mais remarque qu'on ne peut pas reprocher à quelqu'un d'être injurieux en l'étant soi-même. <–<
Drake Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Tu peux me citer des noms d'auteurs anti-libéraux contemporains d'importance ? Ceux que je connais me font plus penser à des bouffons qu'à des intellectuels de haut niveau. Même demande. Je suis intéressé moi aussi par le fait de connaître les auteurs ultra anti-libéraux qui comptent.
(=S=) Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Je suis intéressé moi aussi par le fait de connaître les auteurs ultra anti-libéraux qui comptent. Allez Lucilio, fais pas ta star, dis, dis, dis ! Noam Chomsky et Michael Moore ? [Ou plus sobrement : +1]
Drake Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Allez Lucilio, fais pas ta star, dis, dis, dis ! Noam Chomsky et Michael Moore ? [Ou plus sobrement : +1] Lucilio a dit "du costaud, du lourd, /bon ok pour Michael Moore/ du sérieux"
Rincevent Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Tu peux me citer des noms d'auteurs anti-libéraux contemporains d'importance ? Ceux que je connais me font plus penser à des bouffons qu'à des intellectuels de haut niveau. Même demande. Je suis intéressé moi aussi par le fait de connaître les auteurs ultra anti-libéraux qui comptent. Les liberals d'un côté, les communautariens de l'autre. Donc d'un côté Rawls, Dworkin, peut-être Sen… De l'autre, Etzioni, Taylor, Walzer…
Yul Posté 24 novembre 2010 Auteur Signaler Posté 24 novembre 2010 Sinon, pour revenir au fil, je dirais, Yul, que tu souffres de plouquitude franchouille aigüe. Aller dans une librairie française pour y feuilleter des livres français, c'est vraiment ne vouloir rien apprendre du monde.Donc, oui, les auteurs anti-libéraux francophones sont pitoyables. Mais, quand tu consultes la littérature anti-libérale anglo-saxonne (pas Stiglitz ou Naomi Klein, hein), c'est du costaud, du lourd, du sérieux. Et c'est eux qui comptent dans le monde et il faut surtout pas les sous-estimer. alors, en plus que de la plouquerie, je plaide le masochisme. Je savais que je me ferais du mal. Cela dit, je cherche à comprendre comment ils fonctionnent, cognitivement en quelque sorte, au-delà du coté racoleur ou propagandiste. La Grande régression, je l'ai juste survolé. Les deux autres je les ai lus en lecture rapide. Ca m'a pris une heure. Bon, c'est léger-léger, en gros caractères et pas beaucoup de pages. Et puis, c'est baroque comme pensée, certes, et foisonnant dans l'expression; mais au fond, très pauvre. Ca ne nécessite pas une attention soutenue, ils se répètent beaucoup et délayent la sauce à coup d'envolées maladroitement lyriques qui ne font progresser en rien la démonstration; ils baignent dans le registre émotionnel et s'imaginent asséner des évidences qui se suffisent à elle-même, alors que bien souvent il s'agit juste d'insinuations paranoïaques. Le drame, c'est d'ailleurs quand ils changent leur habitude dans un sursaut d'honnêteté (parce que je suis certain qu'ils se croient honnêtes et s'efforcent de l'être, enfin certains) pour construire un raisonnement sur une page ou deux: ils ne savent pas faire, alors c'est maladroit, lourdingue, mal étayé et je passe sur le name-dropping, les sources douteuses et autres mythes pris pour argent comptant. Parfois c'est très proche de ces opuscules du XVIIème siècle où un inconnu raconte dans un fatras incroyable, avec des citations de Virgile ou de Pline l'Ancien, des passages versifiés et des gravures, l'histoire de villageois qui auraient aperçu un serpent ailé par une nuit d'orage. Enfin, il n'y a pas de censure dans les librairies en France. Il y en a une dans certains media, comme la fois où Mitterrand -au pied de la statue duquel tous nos rebelles anti-sarkozystes se sont prosternés, et dont la vie privée aux frais du contribuable fut respectée avec un souci de la déontologie confinant au sacré- a téléphoné à je ne sais plus quelle baltringue de la 2 pour virer Pascal Salin d'un plateau télé. Mais dans les librairies, non. Je pense qu'il y a deux raisons à cela. D'abord, les grandes chaînes comme la fnac s'en foutent, elles distribuent tout ce qui sort ou presque, c'est juste que les anti-libéraux français sont incroyablement prolifiques et ce d'autant plus que les maisons d'édition savent que ça va se vendre (et je ne crois pas à un milieu de l'édition entièrement anti-libéral: les mêmes maisons peuvent aussi publier des libéraux ou des pamphlets dénonçant telle ou telle catastrophe étatique, même s'il y a de petites maisons spécialisées dans l'alter-publication). Mais on trouve aussi des libéraux, voire des économistes autrichiens, dans des librairies foncièrement à gauche. Par exemple, Ombre Blanche, à Toulouse. Cette librairie est la propriété d'un communiste qui maltraite ses employés, lesquels ont une allure de dépressifs souffrant de malnutrition et malades du foie. Hé bien, à Ombre Blanche j'ai trouvé un bouquin plus réédité d'Aron au milieu des philosophes (les marxistes bien représentés alors que tout le monde commence à les oublier), ainsi que du Bastiat et du Hayek. De vrais perles. Bon, les économistes sérieux sont en haut difficiles à attraper un peu comme des magazines de cul, mais il y sont. Et je sais que cette librairie pratique une sélection. Ce qui protège la diffusion des livres libéraux, ou tout simplement sérieux sur des thèmes de société ou d'économie, c'est selon moi la profonde inculture des anti-libéraux, au moins en économie. Une censure pour être efficace doit reconnaître qui elle doit censurer. Et ils ne savent pas. Quelques auteurs anti-libéraux issus du marxisme (c'est-à-dire déjà assez vieux) doivent connaître des noms et même avoir eu des lectures par accident à cette époque où l'on dispensait une formation académique avant qu'ils ne la fusillent, certains clowns keynésiens à Bercy ou dans les facs, et que l'honnêteté n'étrangle pas, ont forcément une culture, que j'imagine d'ailleurs très facilement bien supérieure à la mienne, pareil pour la rédaction d'Alternatives économiques. Mais le gros des bataillons, c'est nihil. A beaucoup, on ne peut pas leur en vouloir, ils ont d'autres préoccupations même s'il serait utile qu'ils se renseignent avant d'aller manifester connement; quant aux gauchistes et aux gaullistes dégénérés, ça ne les intéresse pas, les machins rationnels et barbants qui obligent à se concentrer sur un sujet dont au fond, ils savent déjà tout ce qu'il y a à savoir. La littérature anti-libérale, malgré ses nombreuses maladresses, leur est tout à fait adaptée. J'imagine que ça doit être un peu comme lire SAS ou la collection Harlequin. S'il n'y a pas un titre comme "vive la mondialisation capitaliste" ça doit leur passer complètement à côté. C'est pour cela que les temps à venir sont dangereux: le jour où ils se réveilleront de leur petit somme confortable, et ça risque de se produire avec l'effondrement des social-démocraties occidentales, il faudra commencer à faire gaffe.
Brock Posté 24 novembre 2010 Signaler Posté 24 novembre 2010 Cela dit, je cherche à comprendre comment ils fonctionnent, cognitivement en quelque sorte, ils recherchent la guerison: la spiritualité moderne réclame beaucoup de créativité pour rester positive, specialement en fRance ou l'optimisme est confondu avec la simplicité d'esprit et l'inexperience; donc si on en reste a la culture générale, nous sommes tous malades ou menacés d'une certaine facon: la culture apporte le réconfort dans les livres, et les gens de gauche recherchent une certaine forme de celle-ci, representée par les livres dont tu nous parles. Au dela du gloubiboulga, ces livres fournissent une forme de spiritualité ( l'égalité festive et citoyenne) qui est vue comme menacée et rare par ses consommateurs (les gens de gauche sont l'exception, la qualité, ils prennent le temps de penser, etc.. ) .C'est d'ailleurs d'autant plus rigolo que comme tu dis, les rayons de la Fnac en sont chargés: il y a une tres forte demande. Je ne pense pas que cette demande soit la consequence d'une betise ou d'une mechancete ou quoi que ce soit de diabolique chez les gens: c'est juste l'empreinte du fait que ce sont les discours neo-hippies qui rapportent le plus en fRance a l'heure actuelle. edit: cela traduit aussi de maniere frappante la pression morale telle qu'elle existe dans le pays: les clients sont les gens qui veulent exposer leur connaissance de l'alterpensee, ceux qui veulent comprendre de quoi on leur parle en permanence, ceux qui veulent prouver qu'ils sont aussi de bonnes personnes, ceux qui veulent contester (toi), les ecrivains qui surfent sur la vague, les editeurs qui se lechent les babines, etc. Tiens je vais dans un grand magasin de livres ce soir, je vais regarder ce qui se fait comme 'culture sipirtuelle pour les masses' par ici en ce moment
Yul Posté 24 novembre 2010 Auteur Signaler Posté 24 novembre 2010 ils recherchent la guerison: la spiritualité moderne réclame beaucoup de créativité pour rester positive, specialement en fRance ou l'optimisme est confondu avec la simplicité d'esprit et l'inexperience; donc si on en reste a la culture générale, nous sommes tous malades ou menacés d'une certaine facon: la culture apporte le réconfort dans les livres, et les gens de gauche recherchent une certaine forme de celle-ci, representée par les livres dont tu nous parles. il y a certes une forme de réconfort idéologique dans la ré-affirmation de certitudes, ce qui est humain et que tout le monde a l'occasion d'éprouver de temps à autre, mais la violence, et vraiment la haine, tout à fait palpables quand l'auteur se met à accuser et à dénoncer, et il le fait bien volontiers, me suggèrent plutôt la désignation d'un bouc-émissaire. Ce qui est humain aussi, note, et toujours très festif. Au dela du gloubiboulga, ces livres fournissent une forme de spiritualité ( l'égalité festive et citoyenne) qui est vue comme menacée et rare par ses consommateurs (les gens de gauche sont l'exception, la qualité, ils prennent le temps de penser, etc.. ) oui ! c'est tout à fait vrai. Combien de fois je l'ai entendu ou lu. Et ils croient tout autant débattre et dialoguer qu'ils prennent le temps d'une réflexion en profondeur, pondérée et sereine. .C'est d'ailleurs d'autant plus rigolo que comme tu dis, les rayons de la Fnac en sont chargés: il y a une tres forte demande. ce n'est pas la cohérence qui les préoccupe, il y a des choses plus importantes. Ils doivent s'imaginer, quand ils voient l'abondance de bouquins, qu'en fait ces derniers croupissent dans l'indifférence, et que si le libraire les a mis là c'est dans un effort de résistance désespéré. L'idée que sur les tables d'une librairie, haut lieu de la culture, on mette des choses avant tout destinées à se vendre ne doit pas les effleurer (même si par ailleurs dans le privé ce sont parfois des entrepreneurs redoutables). Je ne pense pas que cette demande soit la consequence d'une betise ou d'une mechancete ou quoi que ce soit de diabolique chez les gens: c'est juste l'empreinte du fait que ce sont les discours neo-hippies qui rapportent le plus en fRance a l'heure actuelle. oui et non. C'est flou. Même si la social-démocratie festive tire vers Huxley, elle a quand même quelques côtés orwelliens, notamment dans la capacité à tenir en même temps deux raisonnements qui s'excluent mutuellement. Des fois j'ai l'impression avec des personnes tout à fait aimables et par ailleurs pleines de bonnes intentions et serviables, qu'il suffirait de pas grand'chose pour qu'elles se jettent sur un ennemi de classe afin de le finir à la machette (bon, disons au couteau de cuisine, on est pas des sauvages de la brousse. Et puis un cocktail molotov dans une banque avec une femme enceinte qui crie désespérément à l'aide et qui se fait traiter de sale capitaliste en retour, ça illumine la soirée). C'est fou comme les gens sont à bloc dans le pays des 35h et de la solidarité. edit: cela traduit aussi de maniere frappante la pression morale telle qu'elle existe dans le pays: les clients sont les gens qui veulent exposer leur connaissance de l'alterpensee, ceux qui veulent comprendre de quoi on leur parle en permanence, ceux qui veulent prouver qu'ils sont aussi de bonnes personnes, ceux qui veulent contester (toi), les ecrivains qui surfent sur la vague, les editeurs qui se lechent les babines, etc. Je ne les lis pas que dans le but de contester. Et pas simplement par curiosité, même si c'est évidemment le cas. Je veux savoir à quoi m'attendre. Et la pression morale est effectivement celle des grandes profondeurs. Mais ce puissant conformisme est une caractéristique de la société française depuis une époque bien antérieure à la révolution. Au fond, dans notre pays, les révolutionnaires et les contestataires ne font que remplacer un conformisme étouffant par un autre. Les soixante-huitards se plaignaient de la pesanteur moralisatrice et austère de l'ère gaullienne, et ils nous l'ont recollée à la puissance mille. Encore, si ce n'était que ça. Mais en plus ils prétendent transformer notre vie en fête, à coup de happenings sinistres, et ça c'est juste inhumain. Tiens je vais dans un grand magasin de livres ce soir, je vais regarder ce qui se fait comme 'culture sipirtuelle pour les masses' par ici en ce moment Tu vas te faire du mal. Prends une boîte de kleenex pour la petite larme. bah ! achetons du Label Rouge ! oui en effet. très rouge même.
JackieV Posté 25 novembre 2010 Signaler Posté 25 novembre 2010 Tiens je vais dans un grand magasin de livres ce soir, je vais regarder ce qui se fait comme 'culture sipirtuelle pour les masses' par ici en ce moment Je suis allé dans une grande librairie de la rue Sainte-Catherine il y a quelques semaines, pas un gramme de libéralisme. Sinon j'ai toujours trouvé la FNAC très fréquentable, personnellement. Mais rien ne vaut les bouquinistes. Enfin, il n'y a pas de censure dans les librairies en France. Il y en a une dans certains media, comme la fois où Mitterrand -au pied de la statue duquel tous nos rebelles anti-sarkozystes se sont prosternés, et dont la vie privée aux frais du contribuable fut respectée avec un souci de la déontologie confinant au sacré- a téléphoné à je ne sais plus quelle baltringue de la 2 pour virer Pascal Salin d'un plateau télé. Mais dans les librairies, non. T'es sérieux? Qui? Quand?
free jazz Posté 25 novembre 2010 Signaler Posté 25 novembre 2010 Au passage Orwell, en tant que contempteur des grandes utopies, peut être considéré comme un écrivain anti-libéral. Pour ma part je reconnais que ma formation doit beaucoup à des critiques du libéralisme (conservatrices ou progressistes), de Platon à Léo Strauss en passant par Machiavel, Hobbes ou Michel Foucault. De ce point de vue, on peut comparer avec la nullité des critiques actuelles avachies sur le cadavre de la social-démocratie et les superstitions new age de l'altermondialisme. Mais peut-on dire que les intellectuels libéraux sont plus vivaces? Il me semble que vu leur faible audience, il y a aussi un recul de ce côté.
free jazz Posté 25 novembre 2010 Signaler Posté 25 novembre 2010 Allez Lucilio, fais pas ta star, dis, dis, dis ! Noam Chomsky et Michael Moore ? Chomsky est un libertarien de gauche, apprécié aussi par certains libertariens de droite pour ses thèses anti-gouvernement et anti-sionistes.
José Posté 25 novembre 2010 Signaler Posté 25 novembre 2010 Allez Lucilio, fais pas ta star, dis, dis, dis ! Noam Chomsky et Michael Moore ? T'es con toi. Non, des mecs comme Robert Gilpin, Robert Reich, etc.
Yul Posté 25 novembre 2010 Auteur Signaler Posté 25 novembre 2010 T'es sérieux? Qui? Quand? je ne sais plus si je l'ai lu dans le Québecquois libre sous la plume de Pascal Salin lui-même ou cité dans un bouquin d'Eric Brunet. Mais ça m'avait choqué (sans vraiment me surprendre) et je m'en suis souvenu. Là j'ai fait une petite recherche sur le Québecquois libre et je ne l'ai pas retrouvé, donc il y a des chances que ce soit dans le bouquin. Eric Brunet m'a paru une bonne source sur le terrorisme intellectuel exercé par la gauche et les coups bas que ne se refuse pas le camp de la vertu. Si tu es patient je regarderai dans le bouquin dès que j'aurai rassemblé mes molécules et repris une forme humaine.
F. mas Posté 25 novembre 2010 Signaler Posté 25 novembre 2010 Parmi les philosophes antilib sérieux : Gerald Allan Cohen, un marxiste analytique difficile à balayer d'un revers de la main.
neuneu2k Posté 25 novembre 2010 Signaler Posté 25 novembre 2010 Parmi les philosophes antilib sérieux : Gerald Allan Cohen, un marxiste analytique difficile à balayer d'un revers de la main. Oui, les marxistes analytiques sont bons, sans parler de l'ignoble Ken MacLeod qui heureusement se tiens a la fiction pour développer sa thèse extrêmement effrayante (pour faire simple sa question qui fâche est « et si Mises ET Marx avaient raison tous les deux ? »)
pilgrim Posté 25 novembre 2010 Signaler Posté 25 novembre 2010 Chomsky est un libertarien de gauche, apprécié aussi par certains libertariens de droite pour ses thèses anti-gouvernement et anti-sionistes. Chomsky se définit lui-même comme anarcho-syndicaliste.
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