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Glissement géostratégique


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La colonne de Friedman dans le New York Times exprime de façon crue ce que je ressens de manière de plus en plus aiguë depuis la fin de l'été. La pente sur laquelle les USA se trouvent, en termes de perte d'influence, de contrôle voire d'autorité (aussi bien morale que trivialement militaire ou économique), semble toujours un peu plus raide. Il y a comme un effet boule de neige (ou meute de Hyène qui se jette sur l'animal le plus mal en point de meute).

Disons que depuis la théorie de l'hyper-puissance ( © Hub. Védrine), qui historiquement se situait juste après la chute des "démocraties populaires", c'est la fête du slip. Des guerres non justifiées ni justifiables, un bourbier diplomatico militaire (la volonté explicitement affichée de redessiner le moyen orient…), des déficits abyssaux etc. Bref

Un vrai début de la fin ou une illusion par manque de recul ?

O.K. I admit it. I enjoy reading other people’s mail as much as the next guy, so going through the WikiLeaks cables has made for some fascinating reading. What’s between the lines in those cables, though, is another matter. It is a rather sobering message. America is leaking power.

Let’s start, though, with what’s in the cables. I think I’ve figured it out: Saudi Arabia and its Arab neighbors want the U.S. to decapitate the Iranian regime and destroy its nuclear facilities so they can celebrate in private this triumph over the hated Persians, while publicly joining with their people in the streets in burning Uncle Sam in effigy, after we carry out such an attack on Iran — which will make the Arab people furious at us. The reason the Arab people will be furious at us, even though many of them don’t like the Persians either, is because they dislike their own unelected leaders even more and protesting against the Americans, who help to keep their leaders in power, is a way of sticking it to both of us.

Are you with me?

While the Saudis are urging us to take out Iran’s nuclear capability, we learn from the cables that private Saudi donors today still constitute the most significant source of funding to Sunni terrorist groups worldwide — not to mention the fundamentalist mosques, charities and schools that spawn the Taliban in Pakistan and Afghanistan. So basically our oil payments are cycled through Saudi Arabia and end up funding the very militants whom our soldiers are fighting. But don’t think we don’t have allies. … The cables tell us about Ahmed Zia Massoud, an Afghan vice president from 2004 to 2009, who now owns a palatial home in Dubai, where, according to one cable, he was caught by customs officials carrying $52 million in unexplained cash. It seems from these cables that the U.S. often has to pay leaders in Pakistan and Afghanistan to be two-faced — otherwise they would just be one-faced and against the U.S. in both public and private.

Are you still with me?

Yes, these are our allies — people whose values we do not and never will share. “O.K.,” our Saudi, Gulf, Afghan and Pakistani allies tell us, “we may not be perfect, but the guys who would replace us would be much worse. The Taliban and Al Qaeda are one-faced. They say what they mean in public and private: They hate America.”

That’s true, but if we are stuck supporting bad regimes because only worse would follow, why can’t we do anything to make them reform? That brings us to the sobering message in so many of these cables: America lacks leverage. America lacks leverage in the Middle East because we are addicted to oil. We are the addicts and they are the pushers, and addicts never tell the truth to their pushers.

When we import $28 billion a month in oil, we can’t say to the Saudis: “We know the guys who would come after you would be much worse, but why do we have to choose between your misrule and corruption and their brutality and intolerance?” We’re just stuck supporting a regime that, sure, fights Al Qaeda at home, but uses our money to fund a religious ideology, schools, mosques and books that ensure that Al Qaeda will always have a rich pool of recruits in Saudi Arabia and abroad. We also lack leverage with the Chinese on North Korea, or with regard to the value of China’s currency, because we’re addicted to their credit.

Geopolitics is all about leverage. We cannot make ourselves safer abroad unless we change our behavior at home. But our politics never connects the two.

Think how different our conversations with Saudi Arabia would be if we were in the process of converting to electric cars powered by nuclear, wind, domestic natural gas and solar power? We could tell them that if we detect one more dollar of Saudi money going to the Taliban then they can protect themselves from Iran.

Think how different our conversations with China would be if we had had a different savings rate the past 30 years and China was not holding $900 billion in U.S. Treasury securities — but was still dependent on the U.S. economy and technology. We would not be begging them to revalue their currency, and maybe our request that China prevent North Korea from shipping ballistic missile parts to Iran via Beijing airport (also in the cables) wouldn’t be rebuffed so brusquely.

And think how much more leverage our sanctions would have on Iran if oil were $20 a barrel and not $80 — and Iran’s mullah-dictators were bankrupt?

Fifty years ago, the world was shaped in a certain way, to promote certain values, because America had the leverage to shape it that way. We have been steadily losing that leverage because of our twin addictions to Middle East oil and Chinese credit — and the WikiLeaks show just what crow we have to eat because of that. I know, some problems — like how we deal with a failing state like Pakistan that also has nukes — are innately hard, and ending our oil and credit addictions alone will not solve them. But it sure would give us more leverage to do so — and more insulation from the sheer madness of the Middle East if we can’t.

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Je suis d'accord avec ton constat mais je crois quand même qu'il ne faut pas exagérer l'importance de cet événement, ne pas sous-estimer la puissance américaine et ne pas surestimer la pente de leur déclin. Certes les Etats-Unis ne sont plus la seule super-puissance politique internationale, comme ils le furent pendant 20 ans, leur gouvernement a sombré dans un marasme socialiste que nous ne connaissons que trop bien en Europe et la crise financière n'a pas encore fini de laminer leur économie mais il ne faut pas vendre la peau du grizzly pour autant. Ce que confirme Wikileaks, c'est que leur influence diplomatique est devenue très faible, selon moi sous l'effet de l'absence de principes clairs et unanimement acceptés et de l'inefficacité qui accompagne le grossissement de leur complexe militaro-politique. Mais tout cela tient surtout à de mauvais choix politiques donc nous ne sommes pas à l'abri d'un Reagan-bis qui redonnera du souffle à l'Oncle Sam (même si je suis par ailleurs très critique sur la pédiode Reagan I). De plus, selon moi la chine est un colosse aux pieds d'argile, essentiellement par son système politique sclérosé. Enfin, Friedman est le roi du lieu-commun.

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Ce que confirme Wikileaks, c'est que leur influence diplomatique est devenue très faible

Qu'est-ce qui te fait dire ça? Les fuites ne concernent que les échanges triviaux, les vrais secrets d'Etat et les grandes oreilles du réseau Echelon sont autrement plus protégés que les communications diplomatiques courantes, auxquelles beaucoup de personnel avait accès. Pour le déclin économique je suis d'accord, mais c'est un autre sujet.

Je trouve au contraire que les fuites dont on a connaissance montrent plutôt le réalisme de la diplomatie américaine et son omniprésence, qui ne se fait pas d'illusions sur les uns et les autres. Réalisme à évaluer par contraste avec la diplomatie humanitaire des bonnes intentions et des grands discours européens. Un des éléments qui m'a amusé par exemple, c'est l'activisme américain dans les banlieues françaises dites sensibles et son investissement pour y prévenir la tentation de l'islam radical.

D'autre part, je suis moins convaincu que toi qu'un monde multipolaire dominé par la Chine, l'Inde et débarrassé de l'hégémonie américaine sera nécessairement plus stable et sans impérialisme.

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Qu'est-ce qui te fait dire ça? Les fuites ne concernent que les échanges triviaux, les vrais secrets d'Etat et les grandes oreilles du réseau Echelon sont autrement plus protégés que les communications diplomatiques courantes, auxquelles beaucoup de personnel avait accès. Pour le déclin économique je suis d'accord, mais c'est un autre sujet.

Si tu mesures la diplomatie au nombre de personnes, à la quantité de paperasse qu'elles brassent et aux ragots qu'elles colportent, les Etats-Unis sont indéniablement très influents mais le Quai d'Orsay aussi. Cependant, généralement on mesure l'influence de la diplomatie aux résultats obtenus, c'est-à-dire en guerres évitées, en concessions des adversaires et en progrès de ses propres intérêts et là, je constate quie la diplomatie américaine est en net recul.

D'autre part, je suis moins convaincu que toi qu'un monde multipolaire dominé par la Chine, l'Inde et débarrassé de l'hégémonie américaine sera nécessairement plus stable et sans impérialisme.

Je ne me souviens pas avoir jamais écrit ce que tu me reproches (au contraire, j'ai une très piètre opinion de la Chine en tant que super-puissance) cependant je pense qu'il y a une différence majeure entre la période actuelle et la guerre froide : l'URSS et les Etats-Unis ne dépendaient pas l'un de l'autre et avaient des relations beaucoup plus antagonistes que la Chine et les Etats-Unis.

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D'autre part, je suis moins convaincu que toi qu'un monde multipolaire dominé par la Chine, l'Inde et débarrassé de l'hégémonie américaine sera nécessairement plus stable et sans impérialisme.

De fait, la multipolarité est intrinsèquement instable, et favorise la concurrence des impérialismes.

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De fait, la multipolarité est intrinsèquement instable, et favorise la concurrence des impérialismes.

C'est plutôt l'unipolarité qui est intrinsèquement instable.

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C'est plutôt l'unipolarité qui est intrinsèquement instable.

Des siècles de pax romana, suivis d'une désagrégation pas exagérément violente. Vingt ans d'entre-deux-guerres, conclus par une des plus immenses boucheries de l'histoire de l'humanité. Tu peux comparer.

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Des siècles de pax romana, suivis d'une désagrégation pas exagérément violente. Vingt ans d'entre-deux-guerres, conclus par une des plus immenses boucheries de l'histoire de l'humanité. Tu peux comparer.

Un siècle et demi d'équilibre européen entre nations concurrentes et 25 ans de boucherie révolutionnaire quand la France tente d'imposer sa suprématie. Un nouveau siècle de paix relative et de guerres limitées entre nations concurrentes puis 30 ans de crises et de boucheries quand une Allemagne militariste cherche à imposer sa domination.

Chacun ses exemples.

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Je ne vois pas ce qui vous permet de généraliser aussi abusivement dans une direction ou dans l'autre. En vérité, l'histoire est faite de cas particuliers.

Disons que l'instabilité n'est pas spécialement assise dans le caractère multi ou unipolaire du système. Néanmoins je pense que ces systèmes ne sont a priori pas également stables et s'il faut trancher je dirais que le moins stable est l'unipolaire.

Evidement d'autres critères entrent en jeu, plus décisifs, tel que le caractère homogène ou hétérogène du système.

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De fait, la multipolarité est intrinsèquement instable, et favorise la concurrence des impérialismes.

Et c'est pas bien la concurrence ? Elle est bonne, celle-là ! :icon_up:

Ah ! vive l'impérialisme, l'autocratie et le monopole, à bas la séparation des pouvoirs, le pluralisme et la concurrence ! J'adore.

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Et c'est pas bien la concurrence ? Elle est bonne, celle-là ! :icon_up:

Ah ! vive l'impérialisme, l'autocratie et le monopole, à bas la séparation des pouvoirs, le pluralisme et la concurrence ! J'adore.

L'Empire romain est devenu l'unique hyperpuissance en son temps par absence de concurrents, de même pour les USA ces 20 dernières années. Pour autant, je crois que dans les 2 cas nous n'avons pas eu à souffrir.

On ne peut pas comparer concurrence dans le commerce et concurrence dans le domaine militaire. Si des Etats coexistent et se font concurrence dans le commerce et l'économie, c'est tout à fait bénéfique pour tout le monde, c'est d'ailleurs ce qu'il s'est passé au 19ème siècle, mais si comme au tournant du 20ème siècle cette concurrence devient militaire sur fond de nationalisme, alors je préfère qu'il y ait monopole, tout le monde s'écrase, il n'y a plus de guerre le monde est plus stable, et si le vainqueur s'appelle les Etats-Unis alors tant mieux.

En revanche, les monopoles finissent toujours dans l'auto-destruction.

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Et c'est pas bien la concurrence ? Elle est bonne, celle-là ! :icon_up:

Ah ! vive l'impérialisme, l'autocratie et le monopole, à bas la séparation des pouvoirs, le pluralisme et la concurrence ! J'adore.

Flash info : les états ne se comportent pas comme des individus.

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Et c'est pas bien la concurrence ? Elle est bonne, celle-là ! :icon_up:

Ah ! vive l'impérialisme, l'autocratie et le monopole, à bas la séparation des pouvoirs, le pluralisme et la concurrence ! J'adore.

La concurrence, quelque soit le méfait, aboutit à une production supérieure en quantité et en qualité. Ainsi, comme dans d'autres domaines, la concurrence du crime aboutit à davantage de victimes et de méfaits, ce qui est définitivement une mauvaise chose. Si l'Etat a émergé, ce n'est pas pour rien.

Posté
Flash info : les états ne se comportent pas comme des individus.

Ah bon ? L'Etat est une substance transcendante aux individus, maintenant ? De mieux en mieux.

Si des Etats coexistent et se font concurrence dans le commerce et l'économie, c'est tout à fait bénéfique pour tout le monde, c'est d'ailleurs ce qu'il s'est passé au 19ème siècle, mais si comme au tournant du 20ème siècle cette concurrence devient militaire sur fond de nationalisme, alors je préfère qu'il y ait monopole, tout le monde s'écrase, il n'y a plus de guerre le monde est plus stable, et si le vainqueur s'appelle les Etats-Unis alors tant mieux

Et si le vainqueur ne s'appelle pas les Etats-Unis ?

Non, chers amis, permettez-moi de rappeler quelques définitions : L'Empire, ce n'est pas franchement une association d'entités libres, fondée sur le volontariat. L'Empire romain s'est instauré par la conquête miliaire, par la force. Faut-il donc comprendre que vous réclamiez ici de vous-mêmes votre soumission personnelle à un Etat impéraliste, à la condition qu'il fume des Marlboro ?

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Non, chers amis, permettez-moi de rappeler quelques définitions : L'Empire, ce n'est pas franchement une association d'entités libres, fondée sur le volontariat. L'Empire romain s'est instauré par la conquête miliaire, par la force. Faut-il donc comprendre que vous réclamiez ici de vous-mêmes votre soumission personnelle à un Etat impéraliste, à la condition qu'il fume des Marlboro ?

Absolument. Merci de rappeler que le monde unipolaire dont parlent nos amis s'appelle aussi l'empire.

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Ah bon ? L'état est une substance transcendante aux individus, maintenant ? De mieux en mieux.

Ah, d'accord, très bien, en fait les états agissent de manière tout à fait comparable à celle des êtres humains, mais j'avoue avoir du mal à comprendre, dans ce cas, à quoi cela est dû si ce n'est à une "substance transcendante" aux individus qui le composent. :icon_up:

Invité jabial
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Vous connaissez la règle des puissances de 10 ?

Allons donc. La voici.

Un secret ne peut pas avoir une importance mondiale s'il n'est pas connu par au moins de quelques personnes, de l'ordre de 10, disons de 5 à 15.

Et s'il n'est connu que par ce petit nombre de personnes, alors c'est un secret de rang 1.

Un secret de rang 2 est connu de 100 personnes.

Rang 3, 1 000.

Rang 4, 10 000.

Rang 5, 100 000.

AU rang 10, tout le monde est au courant.

Il existe une loi qui dit que tout secret se propage avec une vitesse qui augmente avec le carré de son rang.

Un secret de rang 1 va mettre 12 ans pour arriver au rang 2, 3 ans pour arriver au rang 3, 4 mois pour arriver au rang 4, 1 semaine pour arriver au rang 5, et quelques jours plus tard tout le monde est au courant.

Au rang 5, on a la classe HiFi des pays qui comptent. Au rang 9, toute personne qui a les moyens d'acheter un journal. Wikileaks fait passer des secrets de rang 5 au rang 9. Franchement pas la fin du monde. Le jour où des secrets de rang 2 ou 3 sortent au niveau 7 ou plus, c'est une toute autre affaire.

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